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4 octobre 2024

Vincent Verschoore

4/10/2024 - La bombe démographique a fait long feu, et la réalité actuelle est que la totalité de la planète, hors Afrique, est en dessous du seuil de renouvellement de sa population (qui se situe à 2,1 enfants par femme en moyenne).
L'Afrique passera sous ce seuil vers 2090. L'Europe est à 1,5, l'Asie du SE à 1,4, l'Asie centrale résiste mais passera sous le seuil d'ici dix ans. La Chine est à 1,6, l'Inde à 2, en baisse.
Le facteur N°1 impactant la le taux de renouvellement est le choix des femmes de procréer, ou pas. Le reste, comme les politiques natalistes, le niveau de vie ou l'éducation, n'ont qu'un effet marginal. Même dans les pays musulmans, où la femme maternante est valorisée, la tendance est fortement baissière. Le taux de l'Afrique du Nord, de 3 aujourd'hui, passera sous le seuil de renouvellement vers 2070.
L'enfant concurrence le désir de carrière et de liberté de la femme moderne, où qu'elle soit sur Terre, dès lors que ce choix existe. Le fait est que, en Occident comme en Asie, avoir un ou deux enfants coûte très cher : logement, garde, éducation et "aide au démarrage" impliquent un sacrifice conséquent pour les parents.
A quoi s'ajoute le phénomène d'hypergamie féminine, qui fait qu'en Chine, par exemple, il existe de l'ordre de 30 millions d'hommes célibataires en âge de se marier, mais majoritairement ruraux et peu éduqués, et presque autant de femmes dans le même cas, mais majoritairement urbaines et plus éduquées, en concurrence pour un plus petit nombre d'hommes urbains et aisés. Résultat, un taux de mariages qui s'effondre, entrainant un effondrement de la natalité.
L'immigration choisie par les pays riches est un moyen de compenser, un temps, leur dépopulation en pillant les pays plus pauvres de leurs meilleurs éléments. Ce qui alimente une immigration parallèle non choisie, un double flux dont les USA sont un exemple parfait.
Reste l'évolution technologique pour compenser le déficit productif des sociétés vieillissantes, par ailleurs hautement consommatrices de biens et services. C'est sans doute pourquoi la société semble accepter sans broncher le déferlement de l'IA et de la robotique au sein de la sphère non industrielle : il faudra bien que quelqu'un, ou quelque chose, fasse les courses, la cuisine, le jardin, répare le toit, s'occupe des malades et des vieux, conduise la voiture, et choisisse pour nous nos programmes télé et pour qui il faut voter.
La dépopulation, impliquant le vieillissement rapide de la population actuelle (avec un jeune pour trois vieux d'ici quelques décennies), dessine un monde très différent. Les jeunes refuseront, je l'espère, une démocratie gériatrique qui ferait des jeunes les esclaves des vieux, comme on commence déjà à le voir (par exemple avec la glorification de la guerre, voulue par les vieux mais faite par les jeunes).
Entre le catastrophisme climato-démographique ramenant l'humanité à une sorte de Moyen-Age dystopique, et l'irénisme techniciste voyant dans l'IA et la robotique les clés d'une nouvelle civilisation florissante s'accommodant parfaitement d'une population improductive et clairsemée, existe sans doute un avenir réaliste, mais bien malin celui ou celle qui pourrait aujourd'hui en faire la description.