H16
- 22/11/2024 - Bon, cela ne fait plus de doute à présent : la France manque soudain d’argent, le pognon de dingue semble s’être épuisé. Tout le monde, à chaque étage du mille-feuilles administratif, se charge donc de faire des économies ou, plus exactement, de donner toutes les apparences d’en faire. Cependant, avec une constance qui frise la compulsion obsessionnelle, force est de constater que nos édiles et les dirigeants du pays en général semblent ne trouver que les pires idées pour – trop rarement – couper dans les dépenses.
Dernièrement, nous avons eu quelques exemples de ces lumineuses coupes budgétaires que les uns ou les autres se sont chargées de faire.
Ainsi la ministre de la Santé, confrontée elle aussi au nécessaire besoin de trouver des sources d’économies, a pris son courage à deux mains pour
diminuer de 5% le remboursement des médicaments et des honoraires de médecins. Il est vrai que simplifier les processus de gestion de la Sécurité sociale, alléger les démarches des usagers, diminuer les frais internes des services, réduire les paperasseries administratives
emmerdifiantes pour les praticiens et les assujettis, voire – horreur des horreurs – virer les fraudeurs à commencer par
les millions de cartes vitales surnuméraires, tout ça aurait été sensiblement plus compliqué, tout comme se remettre en question, et surtout beaucoup moins visible de tous les administrés…
Ainsi la maire de Strasbourg, Jeanne Barsegh, n’a pas hésité à menacer de fermer les crèches municipales et le périscolaire dans l’hypothèse affreuse où 9 millions d’euros de dotations seraient retirées à Strasbourg. Dans le même temps et avec une décontraction que seuls les hypocrites peuvent se permettre, elle ne s’interdira pas de financer
une indispensable étude sur l’occupation de la cour de récréation en fonction des sexes des gamins qui y jouent…
Bref, à tout le moins, on pourrait se scandaliser : quoi, dans toutes les dépenses qui existent, dans toutes les gabegies ignobles que l’État empile, ces élus n’ont trouvé que celles-là pour faire des économies ? Ne serait-ce pas un peu du floutage d’Hegel moquage de visage ?
Eh bien à vrai dire, pas tout à fait et ceci n’a en réalité rien d’inhabituel.
C’est même parfaitement logique lorsqu’on y réfléchit deux minutes : c’est ce qu’on appelle le « Washington Monument Syndrome » et même si vous n’en connaissiez probablement pas l’existence ou le nom jusqu’à présent, sachez pourtant qu’il est pratiqué avec succès et sans le moindre scrupule par tous les politiciens et une grosse partie des gauchistes dès qu’il s’agit de couper dans des budgets.
Et lorsque poussés par la conjoncture ou une horde de contribuables excédés par les taxes incessantes, les politiciens doivent
enfin réduire le budget de leurs administrations, les premières victimes de ces réductions sont donc systématiquement les hôpitaux (infirmières, sages-femmes, brancardiers), les enseignants, les musées (et de préférence les plus visibles – Aux États-Unis, cela revient à fermer le Washington Monument par exemple,
d’où le nom), ou les pompiers (comme l’exemple typique ci-dessus).
En France, concrètement, cela revient à diminuer les salaires des enseignants, couper dans les budgets hospitaliers ou arrêter telle ou telle subvention d’une association sociale très visible et reconnue utile par tous. Bref, il s’agit essentiellement de créer un emmerdement maximal pour l’usager, et le plus visible possible pour la population. On envisagera jamais de couper dans les centaines de postes de pousse-cerfa, dans les trouzaines de préposés aux agrafeuses, dans les associations lucratives sans but et autres fromages de la République qui casent les copains-coquins. Jamais.
Pourtant, il y en a, comme en témoigne cet
intéressant passage de Sud-Radio sur lequel intervient Patrice Huiban qui détaille quelques uns de ces fromages aux noms à rallonges, coûts babylonesques et responsabilités microscopiques :
Comme le mentionne l’intervenant, la France se trimballe 30% d’administratifs en plus dans le milieu hospitalier par rapport à l’Allemagne sans que le service rendu soit meilleur, au contraire. La liste est effarante de ces agences, opérateur de l’État, ici chargées de la « santé au travail », sujet certes vaste mais qui ne devrait pas voir se cumuler l’Agence nationale d’Amélioration des Conditions de Travail, l’Institut National de Recherche, de Sécurité, de Prévention des Accidents du Travail et Maladies Professionnelles, le Conseil National d’Orientation des Conditions de Travail, le Comité National de Prévention de Santé au Travail, en plus de la Sécurité sociale et de ses déclinaisons dédiées à la santé au travail, l’ANSES et les Services de Prévention et de Santé au Travail Inter-Entreprises.
Et avec l’habitude, dès qu’on propose de couper dans les budgets, Kevin Legauchiste, Jean Députain ou Georges Sénatorium montent immédiatement aux créneaux pour hurler « On va devoir virer des infirmières (= fermer le Washington Monument) »… Ces cris sont faciles à entendre, surtout actuellement, dans les journaux de la presse traditionnelle ou sur les réseaux sociaux (X contient des pelletées de tristes gauchistes toujours prêts à sacrifier du pompier ou de l’enseignant à chaque fois qu’on fait mine de toucher à un budget d’Agence Nationale d’Étude des Spandrelles Bitumeuses En Milieu Aérobie).
Et bien sûr, cette méthode fonctionne très bien : l’opinion publique, saisie d’effroi devant les conséquences de la coupe budgétaire, renonce alors à toute action drastique. Pensez donc ! On ne peut pas se passer d’infirmières, de crêches ou de pompiers ! Ce serait un scandale ! Eh oui, les gens sont très naïfs et tombent dans ce panneau à chaque fois que c’est possible. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les politiciens l’utilisent, il marche si bien !
Dès lors, le budget peut continuer à enfler tranquillement et les services de se dégrader sous le poids du nombre croissant de personnel inutile douillettement caché derrière le nombre décroissant de personnel utile placé en face et en direct du public, bien visible lui.
Et après cinquante années de ce traitement, de musée « sauvé » en fromage conservé, d’agence nationale agrandie en budgets jamais rabotés, petit-à-petit au début, puis de plus en plus vite à la fin, la France est maintenant en faillite.