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17 novembre 2024

Natalia Routkevitch


16/11/2024 – Nous autres mortels avons tendance à maugréer lorsque notre enveloppe corporelle commence à se dégrader de plus en plus visiblement, et lorsque nous recevons quotidiennement des signes nous rappelant que la frontière entre les deux parties de notre existence est bel et bien franchie, et que, désormais, nous descendrons la pente, plus ou moins rapidement et péniblement, mais inexorablement.
Mais, plutôt que de rouspéter, ne devrions-nous pas être reconnaissants envers notre corps, qui nous envoie ces alertes, qui nous fait prendre conscience de la grande fragilité de l'existant, qui nous incite à la prudence et à la modération…
« Ô âge de l'automne, tu m'es plus précieux que la jeunesse et l'été… » disait notre Essenine adoré, qui n’avait alors que vingt-trois ans mais était déjà consumé par une vie tumultueuse et n'avait plus longtemps à vivre.
« Maintenant, j’accepte bien des choses
Sans contrainte et sans regret. »
Rappeler très clairement nos limites et nous inciter à l'humilité et à la résignation – voilà les bienfaits de l'âge d'automne. On visait haut, on pensait pouvoir aller loin, très loin, et puis, un jour, on est ramené à la simple réalité qu’énonce la Reine Rouge à Alice dans "De l’autre côté du miroir" :
« Ici, vois-tu, on est obligé de courir tant qu’on peut pour rester au même endroit. Si l'on veut aller ailleurs, il faut courir au moins deux fois plus vite que ça ! »
Or, courir deux fois plus vite n'est pas donné à tout le monde. Loin de là…
L’avantage de l’âge d’automne, c’est que l’on apprend à apprécier simplement le fait de pouvoir rester debout. La félicité ne réside plus dans des horizons lointains promettant mille extases, mais dans la capacité de demeurer à flot et de maîtriser – enfin presque – l'art de reléguer au fond de nos pensées les détresses, le vide, et les débris.