Radu Portocala
31/10/2024 – Depuis une dizaine d’années, c’est-à-dire depuis que les États-Unis préparent et poussent l’Ukraine à l’affrontement, l’Occident a adopté l’obligation de haïr la Russie comme une de ses plus précieuses lois morales. Il nous faut la voir comme une puissance démoniaque et nos relations avec elle tiennent en quelque sorte de l’exorcisme.
Tous les maux du monde sont, donc, le fait de la Russie. Elle travaille à ruiner notre économie et à pulvériser notre bel équilibre politique. Elle manipule par la plus perverse désinformation nos opinions publiques. Avant chaque élection importante dans un de nos pays, nous sommes avertis que les manœuvres russes risquent d’en fausser le résultat. Et si ce résultat n’est pas au goût de nos forces de progrès, nous apprenons sur-le-champ que c’est la Russie qui a organisé une fraude massive.
Nous récitons sans cesse des incantations et nous agitons frénétiquement nos encensoirs, mais le démon ne se laisse pas chasser – et, à force de proclamer que la Russie contrôle tout chez nous, nous finissons par nous avouer ridiculement faibles, vaincus en permanence.
Il est un fait, cependant, qui peut étonner : du temps de l’Union soviétique, dont on savait les menées hostiles, celui qui se risquait à prévenir que Moscou, par le biais du KGB, nous désinformait et cherchait à nous influencer était traité de paranoïaque et on le suspectait de vouloir à tout prix fuir la coexistence pacifique. « Ne poussez par trop loin le bouchon de l’anti-communisme ! » s’exclamaient les imbéciles prudents. Aujourd’hui, l’imbécillité prudente a changé de camp. Et, croyant s’enrichir, elle est aussi devenue grotesque.