Radu Portocala
8/11/2024 – Emmanuel Macron s’est adressé au Sommet de la Communauté politique européenne – un « machin » qui s’étend jusqu’au Caucase et qui, peut-être, englobera demain la moitié du monde, rappelant le fait banal que plus ces organismes sont grands, moins ils sont efficaces. D’ailleurs, cette Communauté n’a jamais eu aucune utilité à part celle de fournir des prétextes pour déblatérer stérilement.
Je laisse de côté la longueur du discours et l’inutile répétition de nombre d’affirmations. Je laisse de côté la manie d’Emmanuel Macron d’appeler ses homologues par leur prénom et de les tutoyer – ce qui rappelle fâcheusement le protocole auquel se soumettaient les discussions entre les dirigeants des partis communistes d’inspiration soviétique. Je laisse de côté la pléthore de « je » (27 fois) et de « moi » (11 fois). Je laisse enfin de côté les contorsions syntactiques qui glissent parfois vers le charabia.
Je retiens, en revanche, ce passage : « La paix, Volodymyr vient de le dire, c'est aider l'Ukraine à résister face à la guerre d'agression russe. Il peut y avoir des différences de sensibilité autour de cette table. Mais moi, j'ai une conviction profonde, notre intérêt est le même. Notre intérêt, c'est que la Russie ne gagne pas cette guerre et quel que soit, encore une fois, ce que pensent les uns et les autres ici ou les peuples. »
Ainsi, il faut continuer – selon le principe orwelien « la paix, c’est la guerre » – d’aider l’Ukraine, même si les États-Unis de Donald Trump arrêtent de se ruiner dans cette affaire. Il faut que l’Europe se ruine à leur place. Il faut, par tous les moyens, titiller la Russie.
Il est de notre intérêt, proclame le président-géostrège, que la Russie ne gagne pas une guerre qu’elle a déjà pratiquement gagnée. Mais ne sait-il vraiment pas ce qu’il se passe sur le front ? Ne voit-il pas qu’il est de l’intérêt de la Russie que l’Europe s’épuise stupidement en alimentant un combat perdu ?
Enfin ce grammaticalement incorrect et politiquement inacceptable « quel que soit (!) ce que pensent les uns et les autres ici ou les peuples. » C’est ma volonté, dit-il en fait, d’enfreindre la Russie, et l’opinion des peuples importe peu. Dans la bouche d’un homme qui répète à satiété le mot « démocratie », c’est là un propos de dictateur, résumé d’une brève carrière politique faite de caprices autoritaires.