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11 décembre 2024

À PROPOS DE L'APOLOGIE DU TERRORISME

Gabriel Nerciat

- 9/12/2024 - C'est assez drôle, finalement, la versatilité des convictions morales qui servent à justifier les postures des uns et des autres pour tenter d'occuper une place avantageuse au sein du débat public.
Il y a de cela à peine quinze jours, tout le gratin de la droite chiraquienne mêlé aux pingouins de l'extrême-centre macronien (plus quelques RN, d'ailleurs), l'opportuniste recalé Bruno Retailleau au premier rang, se récriaient vertueusement d'indignation dans les médias et au Parlement parce que les députés LFI avaient déposé un projet de loi visant à abolir le délit d'apologie du terrorisme adopté en 2015 à l'initiative de Manuel Valls après les attentats du Bataclan.
Or, que ne voit-on pas depuis ce week-end ?
Une bonne partie des éditorialistes de la presse écrite et télévisuelle, sans compter un certain nombre de politiques d'habitude plutôt enclins aux tonitruantes professions de foi anti-islamiques, qui ne cessent de faire l'apologie – certes précautionneusement lardée de quelques doutes purement formels ou rhétoriques – de l'ancien "émir" syrien d'Al Qaïda, aujourd'hui en passe d'arriver au pouvoir à Damas.
Alors, quoi, c'est du lard ou du cochon, cette loi contre l'apologie du terrorisme ?
Parce que si d'aventure, c'est vraiment sérieux, alors tous les Ménard, Cohn-Bendit, Bruckner, Fourest, Joffrin, BHL, Encel, Basbous, Colosimo, Kepel, Moïsi, Vitkine, Tenzer, Goldnadel, Lasserre, Obadia, Pranchère et autres De Lara, sans même parler du gros François Hollande ou du navrant Yannick Jadot, doivent alors en répondre devant les juges séance tenante si le Parquet de Paris, par ailleurs tellement zélé dans son entreprise de refonte électorale de la démocratie française quand il est question des financements du parti de Marine Le Pen, fait correctement son travail.
Parce que, bon, si rien ne se passe, Mélenchon (qui, lui aussi, bien sûr, se félicite de la bonne fortune d'Al-Joulani) a pour le coup raison : cette loi scélérate, dès lors qu'elle devient à géométrie variable, on peut bien une fois pour toutes l'abolir.