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30 décembre 2024

C'était les Gilets Jaunes

Kuzmanovic Georges
29/12/2024

C'était il y a 6 ans, à Bordeaux, le dernier Acte de 2018.
Que de (beaux) souvenirs...
Tous les copains d'alors ne sont plus.
Certains sont fatigués ou cassés par le système.
D'autres, complètement désabusés, n'y croient plus.
Mais beaucoup ont en eux la flamme toujours vive.
C'était beau ! C'était populaire ! C'était fort politiquement !
Souvenez-vous !
L'oligarchie et la macronie avaient alors tremblé – certes un peu, mais significativement.
Le peuple sortait de son lit.
Formidable, puissant, inventif, drôle, tout en étant politique, intelligent – gaulois réfractaire en somme.
Et le peuple voulait reprendre le contrôle !
Le peuple voulait le RIC, c'est-à-dire le retour à la souveraineté populaire, dévoyée depuis plus de 30 ans, travestie, vendue à des intérêts supranationaux.
Comme en 2005, le peuple comprenait l'enjeu.
Et ce n'était pas un peuple délinquant, mais un peuple travailleur, citoyen, ancré dans le quotidien ; ce n'était même pas principalement un peuple militant.
Ce n'était ni spécialement de gauche, ni spécialement de droite.
Ce n'était organisé ni par Mélenchon, ni par Le Pen, ni même par Poutine.
On dit qu'au Département d'État et à la CIA on se serait demandé quelle était cette "révolution de couleur" non orchestrée par Washington.
C'était juste le peuple. Joyeux, volontaire.
C'était l'expression de la démocratie la plus pure, la plus authentique.
Et le pouvoir a eu peur.
Macron a tellement cru qu'ils venaient le chercher qu'il en avait même préparé un hélicoptère d'extraction de l'Élysée.
Et l'Union européenne a eu peur, et les banques ont eu peur.
C'est normal, ces pouvoirs-là n'aiment pas le peuple et ne veulent pas de la démocratie.
Ils ont aussi eu peur de la contagion française – ça c'est déjà vu dans l'histoire.
Alors, ils ont réprimé.
Des milliers d'arrestations gratuites, des comparutions immédiates, des sanctions de prison ferme souvent contre des citoyens qui n'avaient même pas de casier judiciaire – étonnamment, la justice n'a pas été laxiste à ce moment-là.
Bien sûr aussi des centaines de blessés graves avec des blessures de type "de guerre" (les énucléations et les membres arrachés, c'étaient les quelques arbres dramatiques qui cachaient la forêt des dommages subis par des centaines de manifestants).
Alors ils ont singé le dialogue, avec le narcisse de l'Elysée en tête, qui a organisé des centaines de faux débats pour noyer le poisson.
Ils ont même mis en place des "cahiers de doléances" – comme en 1789 quand même – mais pour rien. Ah si, gagner du temps, noyer le poisson.
Ces cahiers de doléances sont très instructifs et... nourrissent les souris des sous-préfectures. Le pouvoir s'est assis dessus.
Et puis le temps, la maîtrise des médias leur a permis de réécrire l'histoire de ce mouvement, de tenter de faire oublier qu'il a été soutenu à ses débuts par les trois quarts des Français, de tenter d'en faire un mouvement de gros beaufs bouffons, de "fascistes".
Mais voilà, ceux qui en furent savent ce que fut ce mouvement ; ils savent aussi que demain le volcan peut exploser encore.
« On est là ! On est là !
Même si Macron le veut pas, nous on est là !
Pour l'honneur des travailleurs
Et pour un monde meilleur,
Même si Macron le veut pas, nous on est là ! »