Jean Mizrahi
- 17/12/2024 - Depuis quelques jours, tous les politiciens y vont de leurs "nous sommes solidaires", etc. Le passage obligé de la main sur le cœur en quelques mots sur "X", et des déclarations grandiloquentes ou larmoyantes. Mais personne pour évoquer la question de fond : pourquoi des centaines ou même peut-être des milliers de morts pour un seul cyclone ?
Les images parlent d'elles-mêmes : un amas de bidonvilles déchiquetés, témoin de la pauvreté, du laisser aller, de la négligence à l'égard de cette île. Et regardons les choses en face, Mayotte n'est pas seule victime de la négligence métropolitaine : des émeutes en Nouvelle Calédonie qui ont dévasté l'île, un bazar généralisé dans les Antilles, et maintenant Mayotte en mille morceaux.
Tout cela ne fait qu'illustrer la même réalité : une classe politique concentrée sur ses petites combinaisons parisiennes (tout particulièrement en ce moment), qui font un voyage de temps à autres hors de la Métropole pour serrer des mains et prendre des bains de foule, mais qui n'entreprennent rien pour sortir ces territoires de leurs problèmes et de leur sous-développement. Pas de projets, pas d'idées, pas d'ambitions, quels que soient les partis. À l'extrême gauche, on en profite pour souffler sur les braises, ailleurs on vaque à ses occupations. Je vous le garantis, Mayotte sera vite oubliée, comme a été oublié le problème migratoire de cette île et ses "plans Wuambushu", avec 50% d'étrangers qui squattent, essentiellement des Comoriens voisins.
La France a cette chance incroyable, mais aussi cette responsabilité unique, d'avoir des territoires tout autour du monde. Le déclassement économique de notre pays après des années de gabegie par des Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron et autres Barnier ou Bayrou ont conduit notre pays à négliger ses territoires lointains. Notre avantage stratégique devient une faiblesse. Nous devrions avoir honte de voir ainsi filer ce patrimoine humain, culturel, géographique, stratégique. J'ai chaque jour un peu plus honte de la décadence de notre pays.
À force d'enchaîner les déficits, de claquer "un pognon de dingue" comme dit l'ahuri en chef qui aura été le premier à dépenser sans compter, de nous endetter, nous sommes passés à côté de l'essentiel : rester debout et dignes, rester libres, et maintenir nos territoires unis.
Nous n'avons plus le choix : il faut désormais casser cette mécanique infernale et nous mettre au travail. Fini les 35 heures, fini la retraite à 60 ou 62 ans, fini les cadeaux aux uns et aux autres, fini l'hypertaxation, nous devons revenir à une réalité plus pragmatique et plus dure, celle de l'effort quotidien et de la fin de la facilité. Sans quoi, d'autres puissances se partageront nos dépouilles et se paieront sur notre patrimoine. Et nous aurons perdu notre liberté, par faiblesse.