Paulina Dalmayer
- 7/1/2025 - Voilà que l’année commence en fanfare : les celleux du monde entier, entendez les non-genré(e)s, les bi-genré(e)s, les triple-genré(e)s, les genré(e)s fluctuants, migrants, indécis, nébuleux et ondoyants, dont chacun sait qu’il y en a des millions et des millions à travers le monde, ont enfin connu leur moment de gloire et de reconnaissance planétaire.
« Emilia Perez » de Jacques Audiard vient d’être sacré « le meilleur drame musical » et le « meilleur film étranger » de l’année aux Golden Globes. De quoi faire jubiler Rachida Dati, qui en qualité de ministre de la Culture a exprimé son « immense fierté » du fait de cet exploit majeur de la créativité française.
Il y a en effet de quoi être fier : si vous l’ignorez encore, le film raconte la transition de genre du chef d’un cartel de narcotrafiquants sud-américain, ceci en chansons et numéros de claquettes à couper le souffle. Une fois devenue femme, la Perez déborde d’amour, de compréhension, de sensibilité à l’injustice, faisant de surcroît montre d’un instinct maternel à toute épreuve.
Comme l’œuvre est puissante, on imagine une imminente révolution à Juàrez, où tous les types à la tête des gangs les plus sanguinaires vont jeter leurs mitrailleuses aux orties, pressés de se faire pousser des seins, puis à se vouer à la puériculture et autres doux services à la personne.
L’actrice qui porte le titre, naturellement transgenre (pardonnez cette lapalissade, quoi de plus naturel que d’être transgenre !), l’actrice principale donc du chef-d’œuvre couronné l’a exprimé à sa manière en arborant lors de la cérémonie une robe de couleur jaune, la couleur bouddhiste, désireuse d’appuyer ainsi son message d’espoir : « La lumière l’emporte toujours sur l’obscurité ! »
On serait déçu si dès ce semestre SciencePo Paris ne proposait pas le cursus « Transition de genre dans la doctrine bouddhiste », ce qui aurait pour effet immédiat de retaper la réputation de la France à l’international, voire la faire revenir en Afrique où on n’attend que des lumières des gender studies. C’est même ce qui stopperait net la fuite de cerveaux du Continent noir vers l’Europe fasciste, en proie aux agissements séditieux d’Elon Musk.
Surtout, espérons que les recommandations de la Haute Autorité de santé, visant à fonder un véritable service public de transition de genre ne resteront pas lettre morte : si chacun d’entre nous pouvait changer de sexe aux frais de l’État, on serait débarrassé de 90% des cancers causés par des inhibitions et des refoulements d’un autre âge.
Vive le progrès !
Image : Weegee, "Transvestit bei razzia", 1939