Nicolas Maxime
- 2/1/2025 - Depuis le 1er janvier, les bénéficiaires du RSA doivent désormais effectuer 15 heures d'activité pour percevoir 607,75 euros par mois. En cas de non-respect de cette obligation, le versement de l'allocation est suspendu.
Quarante années de néolibéralisme auront provoqué une atomisation de la société faisant suite à l'effondrement des valeurs communes et des grandes idéologies collectives – gaullisme, communisme, christianisme. Dans ce cadre, les précaires sont devenus des boucs émissaires, des "assistés" constituant une charge pour la société.
Sur les réseaux sociaux et dans les médias, les néolibéraux se réjouissent de manière perverse de voir les précaires, enfin, contraints de "se bouger" et de contribuer à la société, sans tenir compte du fait que de nombreuses personnes en grande précarité seront probablement incapables de réaliser ces heures d'intérêt général.
L’offensive contre les bénéficiaires du RSA n’est qu’un prélude à une stratégie plus large visant à légitimer les attaques du Capital contre le bien commun, incarné par la Sécurité sociale et les services publics. Sous le prétexte de lutter contre l’assistanat, cette mesure contribue à alimenter une rhétorique culpabilisante qui oppose les travailleurs "méritants" à des prétendus "assistés".
La Sécurité sociale et les services publics, qui font partie du patrimoine français, incarnent une "identité sociale" qui dépasse les clivages partisans. Ces institutions, fruits d’une histoire de luttes, ont tissé un lien unique entre les citoyens, créant une forme d’attachement culturel à un modèle fondé sur l’entraide et la solidarité.
En ciblant les populations les plus précaires, les néolibéraux justifient le démantèlement des institutions qui incarnent la protection sociale, en les présentant comme des poids financiers insoutenables pour la collectivité.
L’objectif final de cette stratégie est de substituer à un modèle basé sur la solidarité universelle un système où l’accès aux droits fondamentaux dépend de conditions toujours plus restrictives et de logiques marchandes. Ainsi, derrière l’attaque contre les bénéficiaires du RSA, c’est tout un projet de destruction des conquêtes sociales qui se dessine, au profit des intérêts privés et du Capital, au détriment de la solidarité et des travailleurs.
Prisonniers de notre impuissance collective et de l’absence d’alternatives crédibles, nous sommes condamnés à choisir entre Macron et Le Pen, deux faces d’un même système. Pendant ce temps, en polarisant les débats sur des boucs émissaires comme les bénéficiaires du RSA, que l’on réduit à des "parasites", nous entretenons l’illusion de sauver un modèle à bout de souffle. Pourtant, le Capital, lui, a déjà désigné d’autres cibles à sacrifier. Cette diversion nous empêche de voir l’essentiel. Nous devons comprendre que la véritable menace vient d’un système économique, en voie de radicalisation, qui détruit méthodiquement les acquis sociaux, privatise les biens communs et impose une logique marchande à toutes les sphères de la vie.