Translate

21 février 2025

Grâce à Macron, la France est en marche arrière dans un monde qui court

H16

- 21/2/2025 - Alors que les États-Unis prennent décidément le chemin de réformes fondamentales et ajoutent indubitablement de l’incertitude à un monde en constante mutation, la France, elle, décide avec fermeté de conserver un cap précis vers exactement les mêmes recettes qui lui ont permis d’arriver avec brio à sa place actuelle.

C’est ainsi, après une dissolution, des jeux olympiques, moult débats et un renversement de gouvernement que le budget pour cette année a finalement été voté sous les vivats d’une foule en délire : youpi, les prochaines dépenses de l’État sont maintenant sécurisées et la vie peut reprendre son cours tranquille.


D’ailleurs, les bonnes nouvelles se bousculent déjà au portillon de la République : on apprend par voie de presse que le déficit commercial français sera nettement moins lourd que prévu ! Pas de doute, l’économie se redresse et l’avenir s’annonce radieux : avec autour de 81 milliards d’euros de déficit commercial, la France fait donc mieux qu'en 2023, notamment grâce au secteur énergétique qui nous tabasse moins que prévu.

Et puis ce différentiel s’explique évidemment par les investissements étrangers importants (certainement, la balance des paiements est positive, n’est-ce pas ?), ou une monnaie – l’euro dans notre cas – solide et attractive pour le reste du monde ce qui permet de produire et financer le déficit commercial comme le font les Américains avec leur dollar, bien sûr, ou, mieux encore, parce que des dépenses importantes dans les infrastructures et les technologies de demain sont actuellement lancées avec pertinence par un gouvernement et un chef de l’État décidément au taquet, non ?

Non ?

En tout cas, les choses sont déjà prises en main par Emmanuel Macron qui ne s’en laissera pas compter : malgré ce budget voté dans la liesse, malgré les bonnes nouvelles qui s’empilent de toute part, il reste à résoudre l’enquiquinante question des déficits budgétaires trop élevés dans le cadre européen. Avec cette année un déficit prévu au double de ce que le pacte de stabilité prévoit, la France pourrait se retrouver bêtement sanctionnée par les autorités européennes alors que sa situation économique est évidemment florissante.

Macron propose donc de supprimer cette règle caduque : l’Europe, sur l’autoroute du succès, n’a pas à s’embarrasser des glissières de sécurité et doit donc s’en affranchir et accélérer. Youpi.


Hum, quelle délicieuse odeur de réussite et de victoire !

Cette tempête de bonnes nouvelles est probablement ce qui motive les fines équipes de Bercy à aller traquer les impôts aussi loin et aussi tôt que possible à tous les étages de la société française. C’est donc sans surprise qu’on découvre qu’elles réclament actuellement certains impôts… en avance des revenus de 2025. Voilà qui est malin et qui constitue une progression logique dans la collecte des impôts en France : jusqu’à l’instauration du prélèvement à la source en 2019, les Français payaient – assez logiquement – les impôts sur les revenus perçus l’année passée. Depuis, ils payent hardiment les impôts des revenus de l’année en cours. Avec ces nouveaux impôts en avance, ils vont aussi payer ceux de l’année prochaine.

Si, de loin, vous trouvez que cela ressemble à une fuite en avant voire à de la cavalerie, c’est essentiellement parce que vous avez l’esprit mal tourné.

Et comme les questions économiques semblent clairement résolues, le chef de l’État peut se lancer dans d’autres projets.

Lesquels ? Eh bien justement, demandons aux Français : ceux-ci voudraient bien qu’on évoque (en vrac) l’immigration, l’insécurité, la fiscalité, le pouvoir d’achat voire la géopolitique internationale.


C’est donc le moment où jamais de ne surtout pas aborder ces sujets et de leur demander s’ils sont d’accord pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans ou s’il faut étendre la mesure à tout le monde, s’ils voudraient que l’euthanasie soit autorisée avec décontraction ou dans un cadre un peu formel (soyons ouverts au débat), ou toute autre question sur la durée de travail hebdomadaire qu’on pourrait ramener à 40 heures ou garder à 39 heures (payées 35, cela va de soi), voire d’autres sujets du même acabit.

C’est important, ce genre de questions : cela permet d’engluer de cimenter le corps social français, et surtout, cela permet d’occuper durablement les commentateurs, chroniqueurs et autres experts de plateau pendant des semaines.

Là encore, Macron marque ici son originalité. Là où un référendum est normalement convoqué lorsqu’une question politique, économique ou sociale particulièrement prégnante s’impose au peuple, le passage par les urnes constitue une étape essentielle d’une démocratie en bonne santé.

Ici, le président a courageusement choisi de faire exactement l’inverse en écartant les questions justement les plus importantes, pour décider d’un référendum ex nihilo pour n’établir sa ou ses questions que par la suite et dans les prochaines semaines, tranquilou-bilou.


À l’évidence, s’il y a bien un dirigeant qui a compris le message lancé la semaine dernière par la première puissance mondiale, c’est bien Macron : dans un monde qui court, le président français a choisi de faire marcher la France et les Français, dans une direction globalement opposée, et avec cet aplomb qui sied aux cuistres ou à ces personnages qui se savent perdus mais tentent le tout pour le tout, comme des parieurs compulsifs que la chance a quitté depuis longtemps et dont l’issue, fatale, est déjà scellée.

Peut-être doit-on d’ailleurs voir cette fuite en avant ridicule qui frise le loufoque dans la nomination de Ferrand au Conseil constitutionnel, ce dernier représentant pour l’actuel locataire de l’Élysée le seul espoir, aussi improbable que baroque, de modifier la constitution afin de lui permettre un invraisemblable troisième mandat qui repousserait un peu sa fin de règne (et l’immunité attachée).

De ces éléments, une chose surnage, de plus en plus évidente.

Avec un tel guignol toxique au pouvoir, ce pays est foutu.


https://h16free.com/2025/02/21/80173-grace-a-macron-la-france-est-en-marche-dans-un-monde-qui-court