Gabriel Nerciat
- 28/2/2025 - Quand je vois toutes ces bonnes âmes qui rigolent ou se félicitent de la fermeture de deux chaînes de télévision privées qui ne leur plaisent pas (et qui d'ailleurs ne me plaisent pas vraiment à moi non plus : je n'ai jamais pu arriver à voir en entier une émission de TPMP), je me demande comment je réagirais si demain Libé déposait le bilan ou si Le Monde était condamné à disparaître à la suite d'une décision de justice (oui, je sais, c'est de la science-fiction, mais peu importe).
Très franchement, je crois que je n'en éprouverais aucune forme de satisfaction particulière ou de joie mauvaise.
Et pas seulement parce que l'audience des deux quotidiens progressistes, à l'inverse des chaînes du groupe Vivendi, n'a cessé de diminuer depuis maintenant des lustres, rendant leur influence idéologique quasiment nulle sur les profondeurs du pays. Mais le retour en grande pompe de la censure d'Etat dissimulée derrière la robe des juges devrait quand même en émouvoir plus d'un.
Non seulement l'attitude d'un Patrick Cohen, d'un Daniel Schneidermann ou d'un Laurent Joffrin, qui sablent publiquement le champagne pour fêter la mise au chômage de trois ou quatre cents de leurs confrères, est aussi vile qu'abjecte.
Si j'étais un journaliste ou un écrivain de gauche de quelque renom, je serais le premier à vouloir aller sur C-News ou chez Hanouna. C'est plus courageux de défendre la Palestine face à Goldnadel ou Elisabeth Lévy, ou de plaider la cause du marxisme face à Mathieu Bock-Côté ou Pascal Praud, que de le faire chez les fonctionnaires islamo-gauchistes qui entourent Laure Adler le soir sur France Télévision, comme il serait bien plus méritoire de revendiquer un certain élitisme intellectuel sur le plateau de Baba que dans le salon faisandé de François Bunel où l'on ricane des bouquins de Christophe Guilluy et des films de Jean Becker.
En plus, que fêtent-elles vraiment, ces âmes veules de bas clergé ?
Hanouna a annoncé qu'il allait reprendre une émission en septembre sur W9, pour le compte du groupe M6, ce qui fait que seules les autres émissions de la chaîne qui va mourir ce soir, pour le coup assez inoffensives, auront été au final sacrifiées (pour rien).
Certains me disent que c'est uniquement pour faire baisser le cours des actions du groupe Canal et par là même "punir" Vincent Bolloré.
La vache !
Non seulement il n'y a plus que des petits bourgeois frustrés et/ou fonctionnarisés pour voter à gauche, mais en plus ils aiment boursicoter.
C'est à vous dégoûter de tout.
Ce soir, comme il n'y a rien à la télé, j'irai lire un vieux bouquin d'Anatole France dans la collection Nelson.
L'Orme du Mail, tiens : à l'époque, au moins, c'étaient les curés qu'on taxait d'être des censeurs hypocrites ; pas leurs adversaires libres-penseurs.