Gabriel Nerciat
- 18/2/2025 - Pendant que le sort du monde se joue dans les grands hôtels de Riyad entre les émissaires de Poutine et de Trump, les nains délaissés du Vieux Continent ont décidé de prendre le thé ensemble chez la marquise de Pompadour, pour discuter en langue anglaise des avanies du temps et de leurs malheurs communs.
Parce qu'ils ne sont pas contents du tout, les gnomes, sachez-le.
Le président des Etats-Unis vient de les congédier de façon encore plus rapide et brutale qu'il n'a fait avec les hauts fonctionnaires libéraux des grandes bureaucraties fédérales de son pays.
"Nous ne sommes quand même pas des domestiques ni des laquais !", a protesté le Premier ministre de Suède, dont personne n'arrive jamais à se rappeler du nom.
Si j'étais Madame Brigitte Macron, qui a connu son jeune époux alors qu'elle lui donnait des cours de théâtre, je suggérerais de monter dans le salon Murat une adaptation théâtrale des Bonnes de Jean Genet, où le Banquier Président serait travesti en Claire Papin et Starmer en Solange. Ursula von der Leyen quant à elle jouerait Madame travestie en Trump, qui aurait rendez-vous avec Poutine à la fin de la pièce. Ce serait bien ; Le Masque et la Plume adorerait, surtout si Thomas Jolly assure la mise en scène.
Mais finalement, non. Les caves veulent bien se rebiffer contre le Maître qui les a humiliés, mais ils ne savent pas comment faire. Il faut dire qu'ils n'ont pas l'habitude.
Dire que Poutine est méchant, ils l'ont déjà répété à maintes reprises. Mais s'il y a un autre méchant là où ils avaient la certitude de voir un gentil, ils en perdent tous leurs moyens.
Macron, comme toujours, a eu une idée géniale, qui a enthousiasmé le pâle Keir Starmer, si dur à dérider : envoyer quelques milliers de soldats de l'OTAN en Ukraine, afin de garantir le respect d'un futur accord de cessez-le-feu pour lequel ils ne seront pas consultés.
Des soldats français et britanniques dans le rôle de Casques bleus vaguement tolérés par les Américains : voilà qui est bien de nature à poser la future indépendance stratégique de l'Europe-Puissance !
Même Tusk, l'apprenti-dictateur polonais, leur a signifié que ce n'était pas sérieux.
D'autant que des soldats qui entendent se faire respecter ont pour mission de combattre un ennemi clairement identifié, et pas de se laisser éventuellement entraîner dans une guerre extérieure dont ils ne sont pas capables de maîtriser les acteurs (on dirait que les Polonais connaissent bien le genre de roueries crapuleuses dont les nationalistes ukrainiens sont capables).
Le chancelier allemand bientôt sur le départ et Madame Meloni ont bissé. Le Premier ministre espagnol a ajouté : "Faire la guerre, ce n'est pas bien ; c'est pire que de tuer un taureau. Si Franco était mortel, alors Poutine le sera aussi. Il suffit d'attendre".
Là-dessus, Nemo, le chien des Macron, a mordu l'un des mollets de Madame von der Leyen, qui réclamait plus de budget européen pour la Défense afin d'acheter des avions de combat aux Américains (l'indépendance de l'Europe, hein, toujours, le grand aggiornamento de la puissance paneuropéenne).
"Ce chien est un sale souverainiste !", a-t-elle hurlé.
- Je vais le punir, a dit Macron, mais Brigitte s'est interposée en lançant à Ursula : "Vieille s.lope saxonne, tu peux insulter mon mari mais sûrement pas mon chien !".
On raconte qu'il y a eu des crêpages de chignon.
Le Banquier Président ne savait plus trop quoi faire. Il a demandé à Bruno-Roger Petit de lui apporter une boisson gazeuse.
"Il y a trop de bulles ; ça va se boire difficilement", a-t-il affirmé en guise de conclusion, quand Nemo toutefois a cessé d'aboyer.
Ensuite on a raconté quelques blagues belges qui n'entendaient pas être drôles, et puis la réunion s'est terminée, dans une ambiance un peu triste.
Pour que la journée ne soit pas totalement perdue, Macron s'est précipité devant les caméras pour embrasser Giorgia Meloni, en la suppliant de bien vouloir présenter ses amitiés à Donald Trump.
Même si elle le méprise, la dirigeante italienne s'est laissée faire.
Les femmes de la péninsule ne sont pas trop farouches ; c'est toujours ça de pris.
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