Kuzmanovic Georges
- 13/3/2025 - L'Assemblée nationale a donc voté une résolution (et non une loi) pour saisir les avoirs russes afin de financer l'effort de guerre de l'Ukraine. On parle de 210 milliards d'euros.
C'est d'une stupidité sans limites et un danger pour la France et la zone euro.
1. C'est illégal au regard du droit international.
On pourrait dire "passons", nous n'en sommes plus à ça près...
2. Cela rompt la confiance de tous les pays qui détiennent des réserves en euros, achètent de la dette souveraine (française en l'occurrence) ou investissent en France : ils ne peuvent plus faire confiance à la France ni à l'Europe. Demain, ils pourraient être menacés à leur tour et donc déplaceront leurs fonds et leurs investissements là où ils ne risquent pas de se les faire confisquer.
J’alerte sur ce point spécifique : ce serait une catastrophe colossale, dont on n'explique pas assez les conséquences aux Français et que nombre de nos politiciens ne semblent pas comprendre.
3. En 2021, avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, les investissements directs de l'UE en Russie étaient estimés à environ 311 milliards d'euros, selon la Banque centrale européenne.
Depuis 2008, près de 75 % des investissements directs étrangers (IDE) en Russie provenaient de l'UE, principalement d'Allemagne et de France (qui était le premier employeur privé étranger).
Cela signifie que la Russie peut saisir des biens européens, et en l’occurrence français, pour compenser les pertes qu'elle pourrait subir.
Ajoutons à cela un fait que nos dirigeants évitent d’ébruiter : l'UE a payé plus en gaz et en pétrole russes depuis l'embargo qu'elle n'a financé l'Ukraine – une absurdité sans nom...
4. La saisie de ces milliards ne change rien au problème de fond : le manque de production industrielle militaire maintenant dans l'UE. Lancer des liasses de billets contre des casques ne sert à rien.
Par ailleurs, il a été clairement posé à l'Assemblée nationale que cela ne peut pas servir à l'achat d'armes pour l'Ukraine au regard du droit international, mais seulement à sa reconstruction.
Oui mais voilà... Le dégel des avoirs russes et leur restitution (avec les intérêts) font partie des clauses de paix exigées par la Russie, laquelle... est en train de gagner cette guerre.
La plus grande partie des destructions se trouve dans les villes, villages, usines et terres désormais contrôlés par la Russie. Dès lors, si les avoirs russes sont saisis, seront-ils renvoyés à la Russie pour reconstruire les zones détruites qu'elle aura conquises ? Ironiquement, le Kremlin a déclaré qu'il serait d'accord avec cela.
Cela en dit long sur le fantasme géopolitique dans lequel baignent Bruxelles et la plupart des dirigeants européens, persuadés que la Russie va restituer à l’Ukraine les territoires qu’elle occupe.
C’est l’incapacité de voir quel camp gagne la guerre et d’adopter une attitude pragmatique en conséquence.
5. Toute cette agitation stérile des pays de l'UE ne fait que compromettre les chances d’un arrêt des combats.
Les Russes, en effet, n’accepteront aucun terme américain s’ils ne sont pas certains d’un alignement total des pays de l’UE sur Washington.
Enfin, n’étant plus souverains en rien, ce vote ne sert pas à grand-chose puisque, in fine... la saisie ou non des avoirs russes dépendra des juges belges.
Zéro souveraineté et pouvoir des juges sur le politique : voilà ce qu’est, entre autres, l’UE.
Précision, la résolution a été adoptée par une courte majorité de de 288 voix pour et 54 contre (LFI et député communistes ont voté contre), le RN s'est abstenu.