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12 mars 2025

Régis de Castelnau

Rubrique : shame on you

« Camarade Sergueï Viktorovitch Lavrov, nous avons un appel du secrétaire d’État américain Marco Rubio.
– Je vais le prendre, passez-le-moi.
– Bonjour Monsieur le ministre, je vous appelle après la négociation que nous avons menée à Djeddah avec la délégation ukrainienne. Nous nous sommes mis d’accord avec eux pour faire à la Russie la proposition suivante : vous acceptez un cessez-le-feu, une trêve quoi, sur l’ensemble de la ligne de front pour un mois. Nous reprenons toutes les livraisons militaires à l’Ukraine et rétablissons leur accès aux systèmes électroniques satellitaires, d’ISR et de ciblage de leurs frappes. Et dans un mois, on commence les vraies négociations sur un traité de paix.
– Si je comprends bien, cher Monsieur Rubio, alors que nous sommes en train d’écraser l’armée ukrainienne, vous nous proposez de lui donner un répit pour qu’elle puisse souffler, se rééquiper, se réorganiser et être, avec votre soutien, à nouveau d’attaque dans un mois. Vous ne prenez aucun engagement aujourd’hui sur le contenu des négociations et en particulier sur les propositions régulièrement rappelées par Vladimir Poutine. Donc cette proposition de trêve n’engage ni les États-Unis, ni l’Ukraine sur la suite du conflit. Vous connaissez Monsieur le secrétaire d’État, mon souhait de toujours respecter les usages en gardant aux rapports diplomatiques la courtoisie nécessaire. Mais là, je vais me permettre une familiarité en vous demandant si vous n’êtes pas en train de vous foutre de ma gueule ?
–  Ah oui mais non, pas du tout ! C’est bien une proposition de paix que nous formulons. Il ne s’agit pas dans notre esprit de permettre à l’Ukraine de récupérer pour éventuellement reprendre les hostilités. J’ai l’impression que vous n’avez pas confiance. En tout cas, désormais dans le processus de paix que nous avons initié, « la balle est dans votre camp ».
– « La balle est dans votre camp », pour une offre de cessez-le-feu c’est amusant. Permettez-moi cependant de vous rappeler que dans notre arsenal nous avons autre chose que des balles. Malheureusement je regrette, mais votre proposition n’en est pas une. Tout d’abord le fait que tous les excités bellicistes européens qui nous déclarent la guerre à longueur de communiqué, d’émissions et des colonnes, la reprennent mot pour mot, vous en conviendrez, n’est pas très bon signe. Ensuite, vous parlez de confiance. Bizarrement, Monsieur le secrétaire d’État, nous ne vous en faisons aucune. (...).