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22 janvier 2025

René Chiche

La nouvelle version du programme d'éducation à la sexualité ne faisant plus référence à l'identité de genre, et d'autres modifications apportées au texte initial le faisant évoluer dans le bon sens, cette remarque n'a plus lieu d'être. Je salue sans arrière-pensées le travail des rédacteurs (DGESCO aussi bien qu'inspection générale) qui ont fait preuve de la rigueur et du bon sens que nous attendions. Il restera des points à améliorer, mais le principal est obtenu. Dont acte.

- 22/1/2025 - Remarque sur la présence de l'identité de genre dans le programme d'éducation à la sexualité.
Que le programme d'éducation à la sexualité transmette aux enfants des connaissances et des informations utiles à leur développement est une chose, qu'il fasse croire à des garçons et des filles qu'ils ne sont peut-être pas des garçons ou des filles et que cela dépend de leur "ressenti" ou de leur opinion en est une autre.
Et pourquoi ne pas enseigner à l'école que la terre est peut-être plate pendant qu'on y est ?
Il est hors de question d'inculquer aux jeunes gens, qui plus est dès la cinquième, la différence entre le sexe, l'orientation sexuelle et la pseudo identité de genre, concept absolument sans valeur dès qu'il est sorti du contexte des recherches de psychologie clinique où il peut avoir un sens et qu'il est présenté comme une vérité sacro-sainte qu'on n'a pas le droit de critiquer sous prétexte de passer pour un réac-facho-d'extrême-droite-trumpiste.
Je le dis avec force, clarté et sans craindre les jérémiades et autres indignations feintes à bâbord que je ne manquerai pas de susciter : il n'est pas nécessaire, pour être tolérant, de devenir délirant.
L'identité de genre (qui va de pair avec la réduction du sexe de naissance à une simple "assignation" identitaire [sic] au nom d'une prétendue identité réelle qui résiderait contradictoirement dans le seul fait de se prendre pour autre chose que ce que l'on est, ce qu'on appelle en bon langage un fantasme) n'a aucune raison de figurer dans un programme scolaire en tant que "notion" à enseigner, et n'y peut trouver place, à la limite, qu'en classe de Terminale, où l'on peut présenter cette conception comme une conception parmi d'autres, c'est-à-dire sans en éluder les limites épistémiques et les enjeux sociétaux ainsi que leur amalgame.
Le programme d'éducation à la sexualité sera prochainement examiné par le conseil supérieur de l'éducation où je veillerai, au nom d'Action & Démocratie/CFE-CGC, le syndicat qui fait le pari de l'intelligence, à faire prévaloir la rigueur et le bon sens sur ces questions contre ceux qui instrumentalisent ce sujet à des fins idéologiques et politiques ou contre ceux qui n'osent rien dire parce qu'ils ont peur des premiers.

20 janvier 2025

René Chiche

Je n'ai pas l'intention de quitter X où, contrairement à Facebook, j'ai le sentiment d'être lu par "le public" et non pas seulement mes "amis" (pour le meilleur et pour le pire soit dit en passant), mais, par curiosité, je suis tout de même allé sur le machin bleu dont on parle tant depuis que certains députés ont fait bruyamment savoir qu'ils y migraient en se prenant pour des demandeurs d'asile démocratique.
Ma première impression est que, sous couvert de promouvoir civilité et bonnes manières, ce réseau est pris d'assaut par des gens qui bannissent la contradiction et la discussion au profit de l'entre-soi et de l'autocélébration.
Ainsi, paradoxalement, une certaine manière de défendre la démocratie et la tolérance engendre le refus des opinions considérées comme divergentes et une vraie intolérance.
Nihil novi sub sole.
Le réseau X a sans doute bien des défauts, et je dirais même par nature, comme tous les réseaux en réalité asociaux tant les échanges par écran et clavier interposés sont peu propices au dialogue véritable qui est la forme la plus élevée de l'activité humaine.
Néanmoins, en comparaison avec le réseau Bluesky, il reste un espace où, à côté de la vulgarité, de la grossièreté et des passions tristes qui s'y donnent libre cours, règne une saine diversité qui fait cruellement défaut sur le truc bleu.
Je suis cependant prêt à réviser cette opinion si l'expérience l'infirme.

17 janvier 2025

René Chiche

- 16/1/2025 - Je sors du Conseil supérieur de l'éducation. Un projet de décret instituant une mention très bien avec félicitations du jury pour les élèves ayant obtenu 720 points sur 800 au diplôme du brevet des collèges était présenté par le ministère.
J'ai été le seul à défendre cette reconnaissance des élèves méritants avec ferveur et détermination.
Le seul !
Les représentants de tous les syndicats de l'éducation hormis Action & Démocratie/CFE-CGC et le Snalc ont voté contre en considérant que cette mesure participait du "tri social" et de la très odieuse "sélection" !
Voilà où l'on en est !
Bientôt, ces mêmes syndicats vont réclamer la suppression des mentions au baccalauréat, puis celle des notes, puis celle des classes préparatoires, ces affreux machines élitistes, puis celle des mathématiques car c'est trop difficile pour certains élèves qu'il ne faut pas discriminer ; ces mêmes syndicats réclamant toujours plus d'éducation à la sexualité, aux médias, à la transition écologique et à je ne sais quoi.
Voilà où l'on en est !
C'est une catastrophe.

27 octobre 2024

René Chiche

26/10/2024 - Il ne se passe plus un jour sans qu’on apprenne qu’un élève ici ou là ait giflé, frappé ou menacé l’un de ses professeurs. Une source bien informée m’a confié récemment que le nombre annuel de signalements (« faits établissement » dans le jargon de l’éducation nationale) dépassait les... trois millions. Chut ! Pas de vagues ! D’ailleurs à quoi bon feindre de s’indigner ? La société ne fait que récolter ce qu’elle a semé. Quand on s’est réjoui de transformer l’école en un « lieu de vie » dans lequel la transmission du savoir était devenue improbable, pour ne pas dire impossible, et quand on s’est employé à priver les élèves et leur famille de tout repère en leur présentant « la réussite » comme un dû, il ne faut pas s’étonner que le reste suive.
Jadis, dans l’emploi du temps d’un collégien ou d’un lycéen, il y avait les mathématiques, le français, l’histoire et la géographie, la physique, la chimie, telle ou telle langue vivante, la musique, le latin, le grec, la philosophie, chacune de ces disciplines (terme qu’il faut entendre en tous ses sens pour le comprendre parfaitement) étant dotée d’un horaire conséquent tant il va de soi que c’est une condition essentielle pour tout apprentissage.
Aujourd’hui, cet emploi du temps a non seulement été réduit comme peau de chagrin mais une grande partie des heures d’enseignement disciplinaire a été remplacée par des heures de rien au cours desquelles on prétend éduquer aux médias, aux valeurs de la République, à la vie affective et sexuelle, aux gestes pour préserver la planète et sauver les anémones de mer, à la lutte contre les stéréotypes de genre, de taille, de race et j’en passe, sans oublier les inénarrables heures de vie de classe, d’accompagnement personnalisé, d’aide à l’orientation. Oui, des heures de rien qui occupent sans instruire et n'élèvent que le niveau de la désinstruction nationale !
En moins d’un demi-siècle en effet, les gouvernements qui se sont succédés, de droite aussi bien que de gauche (bien que la gauche se soit particulièrement illustrée en la matière), sont parvenus à faire presque table rase de ce qui instruit tout en mettant « la réussite des élèves » au début de chacune de leur phrase. La seule chose qu’ils ont vraiment réussie, c’est d’avoir mis la plus belle institution de la République dans le plus déplorable état, ce qui ne les empêchera pas de proclamer leur admiration pour les professeurs devant le cercueil d’un Samuel Paty, d’un Dominique Bernard et de quelques autres. Ceux qui étaient à la tête de l’éducation nationale ont laissé l’institution se déliter, quand ils n’y ont pas œuvré eux-mêmes avec ardeur. Les leçons ont été remplacées par des activités, les estrades ont été mises à la déchetterie du coin, les tables dans les classes ont été disposées en « ilots » pour ne pas exposer les jeunes gens à une autorité supposée traumatisante, mais sans autre effet en réalité que celui de favoriser un bavardage permanent qui est presque partout devenu la norme, les chefs d’établissement, chefs de service et jusqu’aux recteurs ont cessé d’être des pairs (primus inter pares) pour devenir des « managers », et les professeurs qui osent encore enseigner leur discipline sans faire d’histoires se voient reprocher leur manque d’esprit d’équipe et sont mal notés par leur hiérarchie tandis que sont promus ceux qui savent se vendre à grand renfort de projets d’une vacuité à faire pleurer. Il en résulte que ceux qui sont passionnés par leur discipline trouvent de moins en moins leur place dans l’institution qui était pourtant faite pour eux - d’où soit dit en passant la baisse effrayante du nombre de candidats de valeur aux concours de recrutement de l’éducation nationale, et la baisse du niveau du recrutement qui en résulte mécaniquement, avec des conséquences forcément catastrophiques pour la nation tout entière à terme.
Si l’on veut reconstruire l’école, et il le faut, commençons par revaloriser sans attendre ce qui est parfois qualifié de « plus beau métier du monde » avec une totale hypocrisie. L’école ne repose que sur la qualité de son corps enseignant : recrutez d’excellents maîtres et fichez-leur la paix, le reste suivra ! On est bien capable de se battre pour sauver des espèces en voie de disparition dont personne n’a jamais entendu parler : va-t-on laisser les professeurs disparaître sans mot dire et accepter qu’ils soient remplacés par des animateurs ou de simples assistants de l’intelligence artificielle, comme on en prend le chemin ? Hait-on à ce point la jeunesse pour ne pas lui donner les meilleurs professeurs, et ce quoi qu’il en coûte ?

29 septembre 2024

René Chiche

28/9/2024 - Le Conseil d'État vient de rejeter la requête déposée par SUD Éducation (et d'autres associations, parmi lesquelles La voix lycéenne et Le poing levé [sic]...) pour faire annuler la circulaire interdisant le port de l'abaya prise par Gabriel Attal en 2023.
Dans sa décision, le Conseil d’État rappelle que « les signalements d’atteinte à la laïcité dans les établissements d’enseignement publics adressés au ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse ont connu une forte augmentation au cours de l’année scolaire 2022-2023, 4 710 signalements ayant été recensés, contre respectivement 2 167 et 2 226 les deux années scolaires précédentes. Parmi ces 4 710 signalements, 1 984 étaient relatifs au port, dans les établissements d’enseignement publics, de signes ou tenues méconnaissant les dispositions de l’article L. 141-5-1 du code de l’éducation, citées au point 2, contre 617 l’année scolaire précédente et 148 lors de l’année scolaire 2020-2021. »
La circulaire interdisant l’abaya avait été le grand sujet de la rentrée 2023, y compris au Conseil supérieur de l’éducation. Je me souviens de la séance du 12 octobre dernier en présence de Gabriel Attal où toutes les organisations étaient montées au créneau contre le ministre à ce sujet pendant leurs déclarations préalables, sauf nous à Action & Démocratie. SUD Éducation (qui dit à peu près n'importe quoi sur à peu près tout) n'était pourtant pas alors le plus véhément. Le plus véhément sur le sujet était le représentant de l'UNSA. Quand vint le tour pour le ministre de répondre aux différentes déclarations, il interpela le représentant de l'UNSA pour lui demander de préciser de quel « sujet à caractère médiatique » il s'était emparé selon lui pour ne pas aborder « les vrais sujets ». Le représentant de l'UNSA lui répondit : ben, l'abaya.... Gabriel Attal se mit alors à sourire puis, se tournant l'air goguenard vers le représentant du SNPDEN (qui fait également partie de l’UNSA), lui lança : « mais, c'est bien vous-même, n'est-ce pas, qui m'avez supplié de prendre cette circulaire ? ».
C'est effectivement le SNPDEN, syndicat majoritaire chez les chefs d'établissement, qui avait réclamé quelques mois auparavant du ministère une clarification et avait exigé un texte leur permettant d'intervenir dans un cadre réglementaire...
L'UNSA n'avait cependant pas totalement tort. Ce type de sujet qui fait la Une des médias et qui a mis Gabriel Attal sur orbite dès qu’il est arrivé à l’éducation nationale, même s'il est aussi un vrai sujet, est cependant bien commode pour faire oublier les autres. Je considère pour ma part que la question des tenues vestimentaires et celle des signes d’appartenance religieuse, qui sont deux choses distinctes d’ailleurs, sont effectivement de vrais sujets quoique sans rapport avec la laïcité, qui est ici invoquée, une fois de plus et même par le Conseil d’État, totalement à tort. En aucune façon en effet le port, même ostentatoire, d’un signe d’appartenance ou de croyance religieuse ne constitue une atteinte à la laïcité, laquelle est un principe visant à protéger la liberté de penser, comme je l’ai déjà abondamment expliqué dans un commentaire de Spinoza. Il faut appeler un chat un chat et dire les choses de façon précise : le port de certaines tenues telles que l’abaya, qui en soi ne porte pas atteinte au principe de laïcité, est surtout une manifestation de nature politique et un aspect de ce que l’on appelle l’entrisme islamique, et c’est ce mouvement politique, qui se dissimule sous les habits de la religion, qui conteste en effet le principe de la laïcité et le combat parce qu’il prétend fixer, au nom de la religion, une limite à la liberté de penser et soustraire à l’examen des dogmes présentées comme des vérités indiscutables, ce qui montre au passage que toute mouvance, qu’elle soit religieuse ou politique, qui prétend limiter la liberté de penser, d’examiner, de douter, de discuter et de chercher la vérité est ennemie de la laïcité.
C’est donc bien en tant que manifestations politiques déplacées que les tenues telles que l’abaya doivent être proscrites des établissements d’enseignement, et non parce qu’elles constitueraient en elles-mêmes une atteinte à la laïcité, ce qui n’a aucun sens. Aucune tenue religieuse en général n’est, en soi, une contestation de la laïcité. D’autant plus qu’à l’école, l’application du principe de laïcité concerne l’enseignement et non les convictions personnelles. C’est l’enseignement qui est laïc. De même, la République est laïque non au sens où elle serait athée ou en guerre contre la religion, mais au sens où elle garantit à chacun la liberté en matière de pensées et de croyances.
Le Conseil d’État a donc tort d’évoquer la laïcité dans sa décision, mais il ne fait que rappeler la loi, et c’est en réalité le législateur lui-même qui manque de rigueur et de courage en la matière, en s’abritant à tort derrière la notion de laïcité qu’il contribue ainsi à dévoyer au lieu d’assumer le fait que c’est au nom de la paix civile et de la sécurité qu’il faut préserver les établissements scolaires et la formation intellectuelle des jeunes gens de l’entrisme et du prosélytisme islamique comme naguère catholique.
Que des syndicats d’enseignants comme ceux que j’ai cités et quelques autres mènent une croisade contre tous ceux qui rappellent ces évidences, et se mobilisent pour défendre le port de l’abaya par des élèves dans les établissements scolaires, cela est en revanche navrant et très inquiétant. Si les éducateurs n’ont eux-mêmes plus de repères, on est mal…

25 août 2024

René Chiche

La liberté d'expression se porte de plus en plus mal dans les démocraties modernes. Sous prétexte de lutter contre l'usage mal intentionné des réseaux, les pouvoirs trouvent tout à fait normal de contrôler ces derniers, de les censurer voire de les interdire. Imagine-t-on qu'on interdise l'imprimerie pour empêcher la publication de Mein Kampf ou semblable délire ?
On en est là hélas !
Chacun d'entre nous est désormais comptable de l'état de la liberté dans notre société, et cela implique d'être jaloux de la liberté d'autrui avant la sienne, quand bien même ce serait notre adversaire ou notre ennemi.
Les instruments juridiques pour neutraliser les gens dangereux sont largement suffisants.
Ne laissons pas les pouvoirs en faire davantage en ce sens.
Et surtout, restons éveillés et vigilants.

1 juillet 2024

Quel mépris pour ses propres électeurs !

René Chiche

En apprenant que l'alliance électorale de gauche abusivement dénommée front populaire se désiste au profit de l'ancien Premier ministre et appelle à faire élire Elisabeth Borne pour conjurer je ne sais quel péril fasciste tout droit sorti de son imagination malade, je me mets à la place de tous ceux qui ont lutté, fait grève, donné plusieurs journées de salaire et manifesté à la demande de ces gens contre la réforme des retraites : comment peut-on les traiter ainsi comme du bétail assigné à résidence électorale et supposé obéir à une consigne aussi insensée ? Comment peut-on à ce point les prendre pour des idiots incapables de percevoir leur intérêt ?
Je comprends la colère de ceux que les chroniqueurs appellent non sans dédain "les classes populaires", et je comprends surtout leur volonté, qu'ils ont exprimée avec clarté et sans faiblesse, de mettre dehors toute cette classe politique qui se moque aussi ouvertement d'eux.
Cela vaut aussi pour les syndicats qui se permettent de lancer des appels à "faire barrage" en ordonnant sous peine d'excommunication à leurs adhérents de voter pour ceux qui leur ont infligé une réforme des retraites contre laquelle ils leur demandaient de se mettre en grève hier.
Ces gens sont d'une inconséquence et d'une médiocrité notoires qui doivent recevoir dans les urnes le châtiment qu'elles méritent ! Ce serait du moins logique et juste.

7 décembre 2023

René Chiche

Je vous invite à lire attentivement et à partager largement les propositions du syndicat Action & Démocratie / CFE-CGC pour reconstruire l'école et créer, selon l'expression de Gabriel Attal, un #ChocDesSavoirs.
Il s'agit d'un texte essentiel pour refaire de l'école une fierté française et républicaine.
Des propositions originales, profondes, pragmatiques et aux effets puissante ↴

17 novembre 2023

[Éducation nationale]

René Chiche

Je n'ai pas critiqué l'action du ministre Gabriel Attal jusqu'à présent, parce qu'elle va dans le bon sens. En revanche, je tombe des nues en découvrant le caractère totalement superficiel et improvisé de la mission dite "exigence des savoirs".
Cette mission "éclair" lancée le 5 octobre, sans que la moindre lettre de mission n'ait encore été publiée à ce jour, doit rendre ses conclusions fin novembre tout en procédant d'ici-là, parait-il, à des auditions des organisations concernées ainsi qu'à une consultation des 860 000 enseignants.
Nul ne peut croire qu'un simple questionnaire conçu à la hâte puisse tenir lieu de consultation de ces derniers, si tant est qu'il y ait lieu de les consulter individuellement, ce dont je ne suis pas du tout convaincu. Et nul ne peut croire non plus que des questions "à choix multiples" fermées puissent servir à autre chose qu'à valider des décisions déjà arrêtées et à éluder une fois de plus les vrais sujets. Certes, le questionnaire est conçu pour être renseigné en moins de cinq minutes, ce qui peut expliquer que les intéressés soient nombreux à le renseigner au point que le ministre se flatte le 8 novembre devant les sénateurs d'avoir déjà obtenu 100 000 réponses.
Mais je prie mesdames et messieurs les sénateurs de bien vouloir prendre cette annonce avec des pincettes : on peut remplir le questionnaire autant de fois que l'on veut et il peut être rempli par n'importe qui, ma voisine aussi bien, puisqu'il n'y a aucune étape d'identification. Ce chiffre de 100 000 réponses est donc totalement invérifiable !
Ce n'est pas sérieux.
Je n'avais aucun a priori sur cette mission au moment où elle a été lancée bien que les délais me paraissaient déjà totalement incompatibles avec son objet : une "mission éclair" pour faire face au mal du siècle ? De qui se moque-t-on ? Le "choc des savoirs" (expression dépourvue de sens autant que d'élégance) risque bien de ne produire qu'un pshitt ou un prout !
La désinstruction est un sujet grave, aux aspects multiples. Le niveau de certains bacheliers est proche de l'illettrisme, les lacunes de tous ordres sont immenses et conduisent à devoir proposer ou imposer de la "remédiation" dès l'entrée dans l'enseignement supérieur ; l'exposition prématurée aux écrans cause par ailleurs des dégâts considérables sur les capacités cognitives de toute une génération pendant que des élus locaux irresponsables continuent d'amputer le budget de réfection des routes pour pouvoir se vanter d'équiper les enfants en tablettes ; les programmes scolaires rédigés par la DGESCO sont devenus des pavés illisibles dignes de figurer dans une comédie de Molière et c'est pourtant aux mêmes que l'on confie le soin de chercher les moyens permettant d'améliorer le niveau scolaire ; les heures de rien continuent à envahir le temps scolaire au détriment des heures d'enseignement disciplinaire.
Les remèdes sont en réalité très simples, mais ce n'est certainement pas aux inventeurs du "référentiel bondissant", des "programmes spiralaires" et des lieux de "bienvivance" qu'il faut confier la tâche de dire comment reconstruire l'école.
Recrutez d'excellents maîtres et fichez-leur la paix, d'abord ! Donnez aux élèves des conditions d'étude dignes dans des lieux qui ressemblent à des écoles et non à des parcs d'activité ou des antichambres de Pôle emploi ! Rendez à chacun sa place dans l'institution et rappelez à l'administration qu'elle est au service des enseignants et non l'inverse ! Videz les programmes de cette grotesque logorrhée sur les "compétences" afin qu'ils se bornent à énoncer clairement les connaissances qui doivent être acquises chaque année ! Interdisez les smartphones et les tablettes en classe !
A-t-on besoin d'une "mission" pour ça ? Non ! Il suffit d'une volonté politique et que le ministre fasse preuve d'un peu d'autorité pour ne pas se laisser dicter sa conduite en ce domaine par son administration ou par des syndicats majoritaires qui s'accommodent de la désinstruction autant qu'ils y prennent part.

30 septembre 2023

René Chiche

Ainsi, Gabriel Attal veut introduire des cours d'empathie dès la maternelle.
Je n'ai rien contre, si du moins cela ne se fait pas une fois de plus au détriment de la transmission des connaissances, laquelle, lorsqu'elle est convenablement pratiquée, n'exerce pas seulement l'intelligence mais cultive également la forme humaine de l'affectivité, ce que le nom même d'Humanités suffisait jadis à indiquer.
Attendons d'en savoir plus avant de se mettre à jaser au quart de tour.
Ce qu'en revanche je puis d'ores et déjà dire à ce sujet, c'est que les premiers à qui il faudrait donner des cours d'empathie, ce sont les recteurs.
Et les DRH.
Et les secrétaires généraux d'académie.
Et les inspecteurs.
Enfin la plupart d'entre eux.
Nota : je suis volontaire.

17 septembre 2023

Les points sur les i...

René Chiche

Il y a dans l'Éducation nationale des gens qui sont en dessous de tout, et il faut le dire.
L'affaire du l'adolescent qui s'est suicidé après avoir été harcelé et dont les parents ont reçu un courrier ignoble de la part du rectorat de Versailles est un cas d'école.
Beaucoup mettent en cause l'ex-rectrice mais les choses ne sont pas aussi simples, ce n'est évidemment pas elle qui a écrit ce courrier. Le problème est plus profond, et pour cette raison plus grave.
Quand vous avez des représentants syndicaux (sauf nous, à Action & Démocratie/CFE-CGC), qui réclament "plus de formation" [sic] après tel et tel drame (attentat, décapitation d'un collègue, harcèlement), vous vous dites que ces gens-là font partie du problème, voire qu'ils sont le problème.
On agite le mot "harcèlement", comme s'il s'agissait de quelque chose de nouveau. Non, il y a seulement des méchants qui pourrissent la vie de braves gens. Mais il y a aussi des spectateurs qui ne font rien parce qu'ils ont peur, n'ont pas de consignes ou sont insensibles à la souffrance.
Je le dis avec tristesse et gravité : les enseignants, CPE, chefs d'établissement qui refusent d'écouter les victimes ou prétendent qu'elles exagèrent sont les vrais responsables du "harcèlement".
J'ai dû retirer mon fils du collège pour de telles raisons : persécuté par des gamins méchants, mais avec la complicité d'adultes, notamment un CPE tordu. Mon fils avait passé une journée avec la jambe cassée en se plaignant et les adultes "responsables" de l'établissement, surveillants et CPE en tête, l'accusaient de faire du cinéma, lui disant que ce n'était pas si grave. Jusqu'à ce qu'on apprenne aux urgences qu'il avait bien une fracture ! Bien entendu, il n'a plus remis les pieds dans ce collège et s'en est ensuite porté très bien.
Depuis, je pense aux milliers, aux dizaines de milliers, aux centaines de milliers de jeunes gens dans des situations semblables ou analogues.
Il faut en finir.
La personne du rectorat de Versailles qui a écrit cette lettre ignoble, même si elle doit évidemment être sanctionnée, ne doit pas pour autant servir de bouc émissaire et permettre que les responsabilités de tous, y compris de tel enseignant, tel chef d'établissement et jusqu'à tel chef de service, tel recteur, ne soient pas recherchées.
Il est grand temps que tous ceux qui collaborent à l'état lamentable dans lequel se trouve désormais l'éducation nationale se relèvent enfin et demandent pardon.
Ceux qui mentent aux élèves sur leur niveau ; ceux qui regardent ailleurs quand certains se font persécuter ; ceux qui font de la merde en profitant de la démagogie et du laxisme ambiant au lieu d'instruire leurs élèves ; ceux qui ont osé mettre des heures de colle à des élèves qui ne portaient pas bien le masque au lieu de se comporter en adulte raisonnable et responsable. Tous.
J'attends aussi du ministre une réaction à la hauteur. Ses mots sont justes, voyons maintenant ses actes.

24 août 2023

René Chiche

22/8/2017 - Il ne m’a pas échappé que le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer affiche une entente cordiale et une collaboration efficace avec son homologue de la culture, ce qui est une excellente chose à tout point de vue. Aussi voudrais-je en profiter pour les interpeller conjointement et leur soumettre une proposition qui, sans être onéreuse d’un point de vue budgétaire, serait néanmoins susceptible de produire des effets très positifs dans le quotidien de l’école, et à plus long terme dans celui de la nation. On a trop souvent l’impression, quand on entre dans un établissement scolaire, de mettre le pied dans l’antichambre de Pôle emploi, tant les bâtiments, à l’exception de rares écoles implantées dans des monuments classés ou dignes de figurer à l’inventaire des monuments historiques, sont en général sans âme et n’inspirent aucun sentiment particulier, alors que la disposition des affects et la préparation de l’imagination sont si indispensables à l’activité intellectuelle. Il faudrait que, dès qu’on pénètre dans un établissement scolaire, on sache immédiatement qu’on se trouve dans un lieu de culture et même, à vrai dire, de haute culture. Le moyen en est fort simple : il suffirait d’orner les couloirs et les salles de classes de belles reproductions d’œuvres, de citations bien choisies et à la typographie soignée, afin que partout où le regard se pose, ce dernier y trouve quelque chose à admirer. Ainsi, même dans la mémoire de l’élève le plus distrait cessant d’écouter le maître viendrait s’inscrire une de ces formules que des générations d’admirateurs ont conservées tant parce qu’elles ont enrichi la langue commune en donnant aux mots usuels une nouvelle profondeur que parce qu’elles sont elles-mêmes un trésor de nouvelles pensées. Les salles de classes également devraient être toutes baptisées, à l’instar des célèbres amphi Descartes et salle Cavaillès de la Sorbonne, du nom d’un de ces grands hommes et femmes dont le legs nous nourrit à chaque instant, qu’on le veuille ou non et qu’on le sache ou non, comme le philosophe Comte, en inventant la sociologie, l’a si justement remarqué, en identifiant la société au Grand-Etre c'est-à-dire à l’Humanité. Suivre un cours de mathématique en salle Euclide ou Fermat et un cours d’histoire en salle Michelet ou Thucydide, c’est tout de même autre chose qu’aller en 118 ou en 203 ! Laisser négligemment ses yeux errer sur le système géocentrique de Ptolémée en cours de physique, c’est tout de même mieux que plonger un regard vide sur les dalles froides et préfabriquées de murs et de plafonds qui sont communs aux écoles, aux hôpitaux et aux services administratifs des préfectures de province ! Et s’il faut des mécènes pour en équiper tous les établissements de France et de Navarre, gageons que Vinci ou Bouygues se précipiteront, quitte à vouloir apposer leur logo au bas des panneaux, lesquels seront éclipsés par les merveilles qui y occuperont malgré eux la plus belle place ! Faire des écoles d’ostentatoires établissements de culture, ce serait, Madame et Monsieur les Ministres, en faire les premiers remparts contre la folie fanatique qui se revendique de ce que bon lui semble et prospère comme le chiendent dans les esprits qu'on laisse en jachère !

21 juillet 2023

René Chiche

La jeunesse des quartiers populaires mérite mieux que la convergence des idioties. Elle mérite mieux que les éléments de langage de la fausse gauche assaisonnés aux points médians. Elle mérite mieux que Médiapart et Libération. Elle mérite mieux que la sollicitude méprisante des Plenel et de Lagasnerie.
Elle mérite le latin, le grec, la géométrie, la philosophie, Montesquieu et Verdi.
Elle mérite ce que toute jeunesse mérite.
Elle mérite le meilleur.
Point final.

25 mai 2023

René Chiche

Mesdames, messieurs,
Chers amis de la liberté et de la vérité,
Chers donateurs,
Un immense merci à vous !
Je vous prie de me pardonner tout d’abord si je ne prends pas le soin d’adresser à chacun un message personnel : je n’en ai tout simplement pas le temps, mon téléphone sonne sans arrêt et j’ai mille choses à faire en ce moment, mais j’espère bien pouvoir remercier chacun de vous pour son geste. Chaque don effectué sur cette cagnotte me touche en effet, et surtout m’oblige, au sens où l’on dit que noblesse oblige.
J’ai dû créer cette cagnotte à la hâte parce que le dépôt d’un recours au tribunal administratif ne peut attendre et que je me trouve en même temps privé de salaire, mais je tiens à le dire et le répéter : l’argent récolté par ce biais ne servira qu’aux frais de justice, Leetchi s’en portant également garant puisqu’il ne débloquera les fonds que sur production de justificatifs demandés à mes avocats. N’oubliez pas cependant que, tant au ministère de l’éducation nationale qu’à ceux qui l’ont poussé à déclencher cette procédure, non seulement tout cela ne coûte rien mais qu’ils le font avec l’argent du contribuable, c’est-à-dire avec le vôtre !
C’est pourquoi autant si ce n’est plus que le montant des dons, c’est le nombre de donateurs qui importe et montrera aux ennemis de la liberté qu’ils ont déjà perdu. Je suis convaincu que la liberté d’expression sortira renforcée de ce combat, que tout professeur sera conforté par le juge non seulement dans son droit mais aussi dans son devoir de dire et d’écrire ce qu’il pense, et qu’il sera confirmé au représentant syndical que je suis de pouvoir dire sans entrave des vérités qui dérangent, en ne respectant à cet effet que les limites établies par la loi et non les fantaisies édictées par des gens qui ne supportent pas d’être contredits et ne sont que de passage.
Voilà pourquoi je vous invite encore une fois à communiquer le lien vers cette cagnotte à une, deux, trois personnes en leur indiquant que l’affaire René Chiche est en réalité l’affaire de tous.
Mon comité de soutien et moi-même vous tiendrons régulièrement informés, et je laisse mes avocats quant à eux procéder sous leur responsabilité à la publication des documents émanant de l’administration, lesquels contiennent notamment les propos qui me sont reprochés, chacun pouvant de la sorte se rendre compte de la situation de la liberté d’expression dans notre pays où, bientôt trois cents ans après Voltaire, l’on cherche encore à museler quelqu’un qui n’a pas la langue dans sa poche mais sait au contraire en faire usage !
Avec toute ma gratitude, RC


[Tout ce qui concerne cette affaire sera développé, étayé et communiqué au public via un site internet en cours de construction. J'y mettrai à disposition du public la prose de l'administration en son intégralité afin que chacun puisse vérifier qu'on ne me poursuit que pour mon expression parfois virulente sur Twitter, qualifiée d'outrancière comme si cela était une faute. Je n'ai pas l'intention de laisser des voyous en col blanc se servir des institutions de la République pour tuer la critique, répandre la peur, instaurer la censure et continuer leurs méfaits, notamment en criminalisant toute opposition véritable et en privant de la sorte la démocratie d'un débat public digne de ce nom. Je n'ai pas non plus l'intention de laisser tranquilles ceux qui ont initié cette procédure d'un autre âge, ceux qui y ont collaboré, ceux qui y ont participé à un degré ou un autre, ceux qui ont laissé faire, ceux qui ont applaudi : tous seront mis en face de ce qu'ils sont, et certains en face de leur responsabilité pénale, y compris des personnalités publiques ou des représentants syndicaux.]

16 mai 2023

René Chiche

J’ai été exclu de mes fonctions pour une durée de trois mois par un arrêté du ministre de l'éducation nationale en date du 11 avril 2023 considérant que certains propos que j'avais tenus sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision étaient contraire à « l’exigence d’exemplarité incombant plus particulièrement aux personnels enseignants » et « portaient atteinte à l'image et la réputation du service public de l’éducation nationale ». Ces reproches sont stupéfiants et nullement fondés.
J'ai donc décidé de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour faire annuler cet arrêté. J'ai confié au cabinet de Maître Jérémie ASSOUS le soin de défendre mes intérêts contre le ministère de l'éducation nationale, ainsi que par voie de conséquence celui de défendre la liberté d'expression contre un pouvoir exécutif qui a tendance à outrepasser ses prérogatives en ce domaine comme en tant d’autres. Au-delà de ma situation personnelle, cette démarche intéressera tout professeur, tout personnel de l'éducation nationale et plus largement tout agent public : elle permettra en effet au juge de dire si un agent de la fonction publique, et dans le cas d'espèce un professeur, peut encore en France exprimer ses opinions sans être inquiété.
Ce n'est pas tout. Le 7 mai 2023, au cours de l'émission Dimanche en politique diffusée sur la chaîne du service public France 3, alors qu’il était interrogé sur « l’affaire des professeurs de philosophie suspendus pour leurs tweets », le ministre Pap NDIAYE a qualifié mes propos d' « outranciers et de complotistes (sic) » tout en citant, de façon incomplète d'ailleurs, un tweet qui fait cependant l'objet d'une procédure judiciaire suite à la plainte que la députée Aurore BERGÉ a portée en cette qualité contre moi. La proximité affichée entre ces deux personnalités met en question la nature exacte des poursuites engagées contre moi et un possible détournement de la procédure disciplinaire pour des motifs politiques. Il se trouve que les conditions dans lesquelles cette procédure a été engagée sont obscures, pour ne pas dire suspectes. Je souhaite que toute la lumière soit faite à ce sujet. J'ai donc décidé de porter plainte également auprès du procureur de la République pour les multiples infractions pénales qui sont susceptibles d’avoir été commises lors de cette affaire, et j'ai donné mandat à Maître Ludovic HERINGUEZ pour ce faire.
Ces procédures ont un coût que je ne suis pas en état de supporter, et ce indépendamment de la privation de salaire pendant trois mois.
J’ai reçu d’innombrables messages de soutien sur les réseaux sociaux, par courriel, par courrier, par téléphone. Je remercie toutes les personnes qui me les ont adressés, qu’elles soient d’accord ou non avec les opinions que j’ai exprimées. Je leur demande de bien vouloir participer à la cagnotte que j’ai ouverte sur leetchi afin de me permettre de faire face aux frais de justice. Cette cagnotte n’a absolument pas pour but de compenser ma perte de salaire, car je compte bien gagner au tribunal ! Il s’agit uniquement des frais de justice et je rendrai compte sur ce site de l’utilisation de l’argent collecté en publiant toutes les factures d’avocat tandis que l’éventuel surplus sera reversé pour soutenir quelque action servant un intérêt public analogue à celui qui est ici en cause.
Tel est le premier objet du site internet renechiche.fr bricolé à la hâte et dont je confierai la construction et l'amélioration à un connaisseur. Ce site est également destiné à permettre à mes avocats de communiquer et de rendre publics sous leur responsabilité tous les documents qu’ils jugeront utiles de faire connaître. Ce site me permettra enfin de rectifier certaines inexactitudes lues dans la presse au sujet de cette affaire et de m’exprimer directement sur un certain nombre de sujets tels que le devoir de réserve, invoqué ici à tort, la liberté d’expression, qui est une conséquence de la liberté de penser, ou bien encore la place du professeur de philosophie dans la Cité ou l'instrumentalisation de la Shoah et tout autre sujet à propos desquels je désire livrer des réflexions utiles et contribuer à relever le niveau du débat public, actuellement au plus bas.
René CHICHE, 14 mai 2023

30 avril 2023

« Je ne me tairai pas »

René Chiche

Je suis exclu de fonctions pendant trois mois, et bien entendu sans traitement, pour me punir de mes propos publics en qualité de professeur de philosophie et de représentant syndical sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision.
Mes premières pensées vont à mes élèves. À deux mois de l'épreuve de philosophie du baccalauréat, le ministre de l'éducation nationale prive ces derniers de leur professeur qui, depuis le 16 septembre 2022, faisait l'objet d'une procédure disciplinaire pour des "propos inappropriés tenus sur Twitter envers des personnalités publiques, sur la politique sanitaire du gouvernement et sur la guerre de la Russie contre l'Ukraine". L'éducation nationale leur annoncera que je suis "absent pour raison administrative". Ce n'est pas tout à fait exact. On me fait un procès politique et on cherche à museler un syndicat qui dérange.
On n’est certes pas en dictature, mais c’est bien imité.
Néanmoins, je ne me tairai pas.


Denis Collin

En quelques jours, deux professeurs de philosophie suspendus pour délit d'opinion. Après Franklin Niamsy, c'est au tour de René Chiche. Dans les deux cas, on leur reproche d'être publiquement intervenus sur des sujets politiques. Et c'est tout. Mais la macronie se dirige à grande vitesse vers la pure et simple dictature. Les droits les plus élémentaires sont bafoués.
Après la sanglante répression des Gilets jaunes, on voit nettement que la crise sanitaire n'était qu'un test pour voir si on pouvait décréter l'état de dictature permanente en France. Maintenant, on passe aux choses sérieuses. Les manifestations contre Macron sont interdites, les propos critiquant sa politique sont censurés. Jusqu'où ira-t-on ?
Liberté, Liberté chérie,
Combats avec tes défenseurs !
PS : ceux qui ont appelé à voter Macron "contre le-z-heures sombres", doivent maintenant se cacher de honte ! Les heures sombres arrivent et conformément aux prédictions de Pasolini, le fascisme s'appelle maintenant antifascisme.

4 avril 2023

René Chiche

Mon travail consiste à intéresser des jeunes gens à Platon et Descartes.
J'exerce le métier de professeur de philosophie dans un pays où le chef de l'État s'exprime dans Pif Gadget et où un membre du gouvernement fait la Une de Playboy.
Je ne me suis jamais senti plus utile.

22 mars 2023

Les "représentants" du peuple

René Chiche

La foule n'a pas de légitimité, aurait affirmé Emmanuel Macron en ajoutant que le peuple, qui n'est pas la foule, s'exprime à travers ses élus.
Il a raison sur le premier point : la foule, la multitude, n'a aucune légitimité en tant que telle. La minorité présidentielle n'en a pas davantage, soit dit en passant. La foule est une quantité relative, le peuple une entité singulière.
Mais ceux qui disent que le peuple s'exprime à travers ses élus disent n'importe quoi. Le peuple n'a besoin de personne pour s'exprimer et ne délègue à personne ce pouvoir car il ne le peut pas. Le peuple s'exprime toujours directement, librement et très clairement, même quand il se tait. Les élus ne représentent pas le peuple : ce n'est qu'un abus de langage. Comment d'ailleurs le pourraient-ils ? Comment Aurore Bergé, Louis Boyard, Eric Ciotti ou Marine Le Pen pourraient-ils prétendre être les représentants du peuple ? Ils représentent dans le meilleur des cas leurs électeurs, voire une petite partie d'entre eux seulement.
Le peuple est là, partout, toujours et en même temps nulle part. Le peuple s'exprime cependant à l'occasion des élections, oui, cela est exact et les élections sont un beau rituel, mais il faut l'entendre correctement. Lors des élections, le peuple est consulté et l'ensemble des résultats constitue son expression. Y compris l'abstention. C'est là le point le plus important : le peuple exprime toujours sa volonté de la manière la plus limpide qui soit sans qu'il soit besoin de l'interpréter comme le prêtre devant le borborygme de la pythie. Le peuple s'exprime clairement même quand il ne va pas voter. Il s'agit ensuite de tenir compte ou pas de son expression, en fonction de son degré d'intelligence et d'honnêteté notamment. Mais de grâce, cessez de nous faire croire que vous êtes les représentants du peuple, mesdames et messieurs les élus ! Comme disait si bien Rousseau, vous n'en êtes dans le meilleur des cas que les commissaires.

17 février 2023

Le philosophe René Chiche persécuté par des membres du parti au pouvoir

René Chiche

J'apprends que Madame Aurore Bergé a effectivement déposé plainte contre moi avec constitution de partie civile pour un tweet du 27 décembre 2021 qui met les mots idoines sur un projet de loi destiné à "emmerder les non-vaccinés" (selon les mots du président de la République) en leur interdisant l'accès à certains lieux et services comme au bon vieux temps.
Madame Bergé, que je n'avais pourtant pas citée dans le fameux tweet, a estimé que j'avais commis par icelui le délit de diffamation publique envers un député. Je vais donc être mis en examen et devoir faire un cours de grammaire, de logique, de droit et de philosophie dans un tribunal, ce qui est en soi révélateur. Je ne vais cependant pas me dérober et suis ravi d'avoir l'occasion d'aller au fond, tant au sujet du délire juridico-sanitaire qui s'est alors donné libre cours qu'au sujet de l'instrumentalisation de la Shoah de la part de ceux qui m'imputent avec légèreté précisément ce qu'ils font.
Cela étant dit, je ne peux m'empêcher de considérer cette plainte comme une nouvelle preuve de l'acharnement dont je fais l'objet de la part des membres du parti au pouvoir. J'ai été publiquement traité de cinglé par Nicolas Bays, l'ex-conjoint d'Aurore Bergé, alors qu'il était chef de cabinet du ministre de l'éducation, emploi que je n'ose qualifier de fictif soit dit en passant, et je n'ai pas porté plainte alors qu'il y avait matière à le faire. L'éducation nationale a engagé dans des conditions plus que douteuses une procédure disciplinaire à mon encontre en me reprochant des tweets sur Macron, sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine, sur la politique sanitaire, etc. au nom du "devoir de réserve" et je n'ai pas encore répondu sur le terrain pénal alors qu'il y a matière. Je subis régulièrement des flots d'injures et des mises en cause de mes qualités et compétences, et je n'ai pas encore porté plainte alors qu'il y a surabondance de matière.
Je commence à en avoir assez.