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29 janvier 2025

Jean Mizrahi

- 29/1/2025 - Luc Ferry a toujours été un mystère pour moi : mauvais ministre de l'Éducation nationale, piètre penseur, émetteur de poncifs, etc. Il est pourtant invité régulièrement sur les plateaux TV ou les radios. Peut-être par amour des poncifs...
Il est médiocre, mais il vient de passer un cap et se vautrer dans une totale ignominie en affirmant que les Asperger, comme Elon Musk, seraient fous à lier. Sa formule est plus précisément : "bon, lui il est Asperger au dernier degré, c'est un fou, il faut quand même le dire il a été diagnostiqué Asperger donc c'est un barjot complet (...)".
Cela mérite donc plusieurs remarques :
1. Luc Ferry est un ignorant. Il ne sait pas ce que signifie être Asperger qui n'a rien à voir avec une quelconque "folie" au sens d'un individu qui "perd la raison", c'est-à-dire la capacité de voir le monde de façon à peu près objective, et de conserver le contrôle de son esprit et de lui-même.
2. Luc Ferry prétend être "philosophe". On pourrait lui demander de rédiger une dissertation sur ce que signifie être "normal" dans une société humaine, et sur les raisons qui conduisent souvent les groupes majoritaires dans ces sociétés, à en mettre d'autres à l'écart en les montrant du doigt parce qu'ils ne s'inscrivent pas dans une "normalité" supposée.
3. Elon Musk a certainement beaucoup de défauts, et je ne connais pas beaucoup d'individus qui n'en ont pas : Luc Ferry nous en fait d'ailleurs une démonstration éclatante. On aimerait que tous les "barjots" que nous avons en France (et là je dois dire que nous en avons un certain nombre, à commencer par Luc Ferry) soient capables de bâtir des entreprises comme Tesla ou SpaceX... La France serait bien plus riche.
4. Être Asperger est difficile, c'est un mode de relation aux autres que beaucoup ne comprennent pas, comme les Asperger eux-mêmes ont du mal à comprendre le fonctionnement "des autres". La très large majorité des Asperger s'intègre dans la société moyennant un effort important qui se traduit souvent par une grande tension intérieure, car ils doivent "faire semblant" d'être comme tout le monde alors que leur fonctionnement relationnel est différent. C'est vivre dans un stress que la plupart arrivent à gérer en contrepartie de gros efforts. Je le sais parce que je le suis et que plusieurs de mes enfants le sont. Ce n'est pas facile, mais nous faisons le plus souvent l'effort que "les autres" ne sont pas prêts à faire. Bon, c'est vrai, le couvercle de la marmite se soulève de temps en temps et on peut s'énerver, mais rien de grave ou dangereux.
5. On pourrait par ailleurs faire une longue liste des Asperger qui ont marqué l'Histoire : Mozart, Beethoven, Newton, Einstein et j'en passe. Oui ils étaient "différents" et ont probablement pu paraitre "bizarre" aux yeux de leurs contemporains au point d'être montrés du doigt, mais cela ne nous empêche pas collectivement de les admirer aujourd'hui pour leurs apports à l'humanité.
Donc pour résumer : Luc Ferry est un gros con. Parole d'Asperger.

13 janvier 2025

Jean Mizrahi

- 13/1/2025 - Si vous n'avez pas compris que la plupart de ceux qui se disent "de droite" sont en réalité un centre-gauche petit-bourgeois, il suffit d'écouter Valérie Pecresse, prête à museler la libre parole pour coller à la roue de la gauche. Les mêmes qui ont endetté l'État et gonflé les prélèvements obligatoires, gouvernement après gouvernement depuis Giscard.
La censure, cette vieille lubie de politiciens qui veulent que les citoyens restent des enfants immatures.
Dehors !

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12 janvier 2025

Jean Mizrahi

- 10/1/2025 - J'ai vu de près la censure exercée par les réseaux sociaux à l'occasion de la "crise sanitaire" en 2020-2021. À l'époque, je dépouillais méticuleusement les statistiques, qui étaient assez nombreuses, et qui permettaient de tirer assez tôt des conclusions simples : que seuls les vieux et les très malades pouvaient en mourir, que les jeunes n'avaient rien à craindre, etc. Dire cela ne conduisait pas à censure, mais en tirer les conclusions, oui. Comme par exemple dire que vacciner un enfant contre ce virus était un non-sens compte tenu des effets secondaires ⇨ censure. Cela a conduit les dirigeants de la France à mettre en place sans beaucoup de contestation un "pass sanitaire" qui était une honte à la fois sur un plan moral et sur un plan scientifique, car rien ne le justifiait. Et je ne parle pas de la multiplicité incroyable des décisions autoritaires plus stupides les unes que les autres (des cafés debout mais pas assis, le métro mais pas le train, la messe à l'église mais pas les concerts à l'église, le masque dans telle rue mais pas dans la rue d'à côté, etc. il y en a tant qu'on se demande comment ils ont pu inventer autant d'imbécilités). Une véritable démocratie aurait écouté (et entendu) les voix divergentes, alors qu'elles ont été clouées au pilori et interdites de parole, avant tout sur les médias traditionnels, mais également sur les réseaux sociaux œuvrant de concert avec les États pour faire taire les mal-pensants.
La prise de conscience aux États Unis est particulière à ce pays pour lequel la liberté d'expression est en tête de la Constitution. Laisser les individus libres de dire ce qu'ils pensent fait partie de l'exercice sain de toute démocratie (même si je ne pense pas que les États Unis soient une véritable démocratie, mais c'est un autre sujet).
On voit ces jours-ci des politiciens du centre à la gauche réclamer ici qu'on censure les réseaux sociaux. J'y suis formellement opposé. Qu'on attrape et qu'on condamne ceux qui appellent à la haine, oui, mais si quelqu'un veut dire que la terre est plate, l'enjeu n'est pas de lui interdire de le clamer, mais d'apporter des arguments solides pour opposer quelque chose de solide. La censure est une paresse : celle d'élites confortablement installées qui ne veulent pas qu'on remette leurs décisions en cause. Censurer les réseaux sociaux, c'est une porte ouverte à une censure plus large. Nous devons tous nous y opposer, quelles que soient nos opinions politiques. Tant que vous pourrez vous exprimer, rien ne sera perdu.

27 décembre 2024

Jean Mizrahi

- 26/12/2024 - Je suis d'accord avec cette journaliste, mais il lui manque une analyse de la raison de cette évolution et c'est là qu'est le problème.
Les Français en ont "ras-le-bol" de cette classe politique qui profite d'une Constitution finalement mal fichue pour faire joujou à la politique. Surtout des hauts fonctionnaires qui ont un filet de protection grâce à la grande mamelle publique. La seule chose qui intéresse nos "politichiens", c'est leur élection, leur réélection, les rémunérations supplémentaires qu'ils peuvent attraper ici ou là, les postes prestigieux : ministres bien sûr, mais surtout président, le graal de ces gens "qui ne pensent qu'à ça".
Avec ces gens, le destin de la France part à la poubelle, et cela se voit dans les chiffres : des déficits (financiers, commerciaux) abyssaux, un endettement qui explose, des services publics qui partent à la dérive, un retard technologique effrayant.

Ce sont DES FOSSOYEURS

Il faut changer tout ça, et le seul moyen est de changer de système politique, car les mêmes causes produisent les mêmes effets. La tare primordiale de notre système politique est la prédominance des partis eu détriment du peuple. De Gaulle avait bien tenté de court-circuiter les partis avec le référendum, mais depuis 2005, quand les Français ont "mal voté", plus aucun président ne s'est avisé de consulter le peuple. Comme si le peuple était sale, bête et méchant. Les Suisses ont une autre approche et décident collectivement tous les mois ou presque. Résultat : un peuple qui se sent concerné par le destin commun. Peut-être décideront-ils bêtement à certaines occasions mais ce sera LEUR décision.
En France, ce ne sont qu'insultes et provocations, et cela n'a qu'une cause : du côté des politiciens, un spectacle de foire conçu pour manipuler les médias, et du côté du peuple, une frustration grandissante, le sentiment de voir les trains passer sans pouvoir les prendre.
De temps en temps, il est bon de rebattre les cartes, et il est devenu temps de le faire en France. Il faut CASSER ce système pervers qui promeut des hypocrites et des démagogues, et il faut (re)donner au peuple un poids dans les décisions, qu'elles plaisent ou pas à l'élite du pays. In fine, ma conviction est qu'en consultant fréquemment le peuple, on le rend adulte et responsable. C'est parce qu'on l'ignore qu'il peut le cas échéant se comporter en enfant gâté.
Qu'ils dégagent.

25 décembre 2024

Chronique d'une mort annoncée

Jean Mizrahi

- 24/12/2024 - Cela n'a rien à voir avec Gabriel Garcia Marquez, mais il s'agit bien d'une mort annoncée. L'analyse de la formation de ce nouveau gouvernement laisse un goût amer de fatalité face à un échec annoncé, pour plusieurs raisons cruciales :
D'abord, aucun des ministres choisis ne semble posséder les compétences requises pour entreprendre une transformation radicale de l'État, une nécessité vitale pour "dégraisser le mammouth" bureaucratique et revitaliser l'action publique. Ces individus ont déjà prouvé leur incapacité à réformer efficacement leurs propres ministères. Le nouveau ministre de l'Économie, de gauche, semble particulièrement mal placé pour comprendre l'urgence de réduire drastiquement les dépenses publiques, une mesure pourtant essentielle dans la situation actuelle.
Ensuite, ces politiciens ne voient nullement l'intérêt de consulter le peuple à la manière des Suisses : ils se considèrent bien au-delà de la plèbe, qu'ils assimilent à un troupeau d'enfants irresponsables.
Enfin, ce gouvernement est condamné à fonctionner sous une menace constante, avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. La fragmentation de l'Assemblée nationale, qui ressemble à ce qu'on obtiendrait avec un scrutin proportionnel, impose des alliances précaires entre partis, chacun cherchant à préserver ses positions pour des élections futures qui pourraient ne pas adopter ce mode de scrutin. Cette situation handicape sévèrement la capacité du gouvernement à agir de manière décisive.
Pour que Macron puisse stabiliser sa position, la mise en place rapide d'un scrutin proportionnel adapté, qui autonomise les petits partis et réduit leur dépendance envers les grandes formations, est cruciale. Sans cela, il est fort probable qu'une pression politique intense se manifeste dès la rentrée parlementaire. Le Rassemblement National et la gauche, dans une tentative, pourraient utiliser une nouvelle motion de censure pour pousser Macron vers la démission. Malgré la conviction de Macron en son inamovibilité, une crise politique profonde pourrait rapidement le mettre dans une situation insoutenable.
Les récentes déclarations de Marine Le Pen et les objectifs du Nouveau Front Populaire reflètent cette stratégie d'offensive. Les socialistes, de leur côté, ne semblent pas encore comprendre qu'ils sont pris dans une impasse politique.
Nous revenons à une ère de combinaisons politiques et d'inaction, semblable à la IVème République, tout cela alors que la France flirte dangereusement avec un défaut de paiement (je sais, peu de gens y croient, mais l'Histoire est remplie de pays qui se croyaient infaillibles... avant de chuter). La perspective est sombre, promettant des turbulences politiques et économiques imminentes.

17 décembre 2024

Mayotte

Jean Mizrahi

- 17/12/2024 - Depuis quelques jours, tous les politiciens y vont de leurs "nous sommes solidaires", etc. Le passage obligé de la main sur le cœur en quelques mots sur "X", et des déclarations grandiloquentes ou larmoyantes. Mais personne pour évoquer la question de fond : pourquoi des centaines ou même peut-être des milliers de morts pour un seul cyclone ?

Les images parlent d'elles-mêmes : un amas de bidonvilles déchiquetés, témoin de la pauvreté, du laisser aller, de la négligence à l'égard de cette île. Et regardons les choses en face, Mayotte n'est pas seule victime de la négligence métropolitaine : des émeutes en Nouvelle Calédonie qui ont dévasté l'île, un bazar généralisé dans les Antilles, et maintenant Mayotte en mille morceaux.

Tout cela ne fait qu'illustrer la même réalité : une classe politique concentrée sur ses petites combinaisons parisiennes (tout particulièrement en ce moment), qui font un voyage de temps à autres hors de la Métropole pour serrer des mains et prendre des bains de foule, mais qui n'entreprennent rien pour sortir ces territoires de leurs problèmes et de leur sous-développement. Pas de projets, pas d'idées, pas d'ambitions, quels que soient les partis. À l'extrême gauche, on en profite pour souffler sur les braises, ailleurs on vaque à ses occupations. Je vous le garantis, Mayotte sera vite oubliée, comme a été oublié le problème migratoire de cette île et ses "plans Wuambushu", avec 50% d'étrangers qui squattent, essentiellement des Comoriens voisins.

La France a cette chance incroyable, mais aussi cette responsabilité unique, d'avoir des territoires tout autour du monde. Le déclassement économique de notre pays après des années de gabegie par des Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande, Macron et autres Barnier ou Bayrou ont conduit notre pays à négliger ses territoires lointains. Notre avantage stratégique devient une faiblesse. Nous devrions avoir honte de voir ainsi filer ce patrimoine humain, culturel, géographique, stratégique. J'ai chaque jour un peu plus honte de la décadence de notre pays.

À force d'enchaîner les déficits, de claquer "un pognon de dingue" comme dit l'ahuri en chef qui aura été le premier à dépenser sans compter, de nous endetter, nous sommes passés à côté de l'essentiel : rester debout et dignes, rester libres, et maintenir nos territoires unis.

Nous n'avons plus le choix : il faut désormais casser cette mécanique infernale et nous mettre au travail. Fini les 35 heures, fini la retraite à 60 ou 62 ans, fini les cadeaux aux uns et aux autres, fini l'hypertaxation, nous devons revenir à une réalité plus pragmatique et plus dure, celle de l'effort quotidien et de la fin de la facilité. Sans quoi, d'autres puissances se partageront nos dépouilles et se paieront sur notre patrimoine. Et nous aurons perdu notre liberté, par faiblesse.

14 octobre 2024

La crise de la dette est à l'horizon

Jean Mizrahi

12/10/2024 - Dans toutes les discussions sur la dette de l'État de notre pays, ce que beaucoup de gens – dont les politiciens – ont du mal à comprendre, c'est que, dans les dix prochaines années, la charge des intérêts de la dette publique va croître de manière inexorable : l'effort qui devra être fait sera croissant, sauf à mettre un grand coup de collier à très court terme et pendant plusieurs années pour desserrer la pression. L’État finance actuellement ses dépenses avec des instruments financiers dont la durée est de dix ans, ce qui signifie que chaque année, un dixième (pour faire simple) de la dette doit être refinancé. Environ 10% d'une dette, pour l'essentiel contractée à des taux très bas à une époque où les banques centrales ont adopté des politiques monétaires trop accommodantes, doivent désormais être refinancés à des taux plus élevés, avoisinant actuellement les 3%, et susceptibles d’augmenter encore si une crise de confiance survenait.
Sur une décennie, cet effet cumulatif devrait aisément conduire à un doublement de la charge de la dette, la portant à des niveaux de plus de 100 milliards d’euros par an, si les taux se maintiennent à 3%, voire plus en cas de tensions économiques ou géopolitiques.
Ce type de scénario s’est déjà produit à de très nombreuses reprises dans l’histoire avec des conséquences dramatiques. L’Espagne de Philippe II au XVIe siècle est un exemple typique. Philippe II a emprunté massivement pour financer ses guerres impériales, mais cette dette colossale a conduit à plusieurs banqueroutes successives, notamment en 1557, 1575 et 1596, malgré les richesses colossales venues des Amériques. L'accumulation de dettes était telle que le royaume a fini par perdre sa puissance économique et son hégémonie mondiale. Autre exemple : celui de la France sous Louis XVI, au 18ème siècle. Le poids croissant de la dette, en grande partie héritée de ses prédécesseurs, a asphyxié les finances du royaume. Incapable de réformer son système fiscal ou de réduire ses dépenses, la monarchie s’est retrouvée piégée dans une spirale d’endettement qui a précipité la crise financière de 1788 et a contribué à l’effondrement de l'Ancien Régime, ouvrant la voie à la Révolution française et à la guillotine. Plus récemment, des événements tels que la crise de la dette en Amérique latine dans les années 1980 ou la crise de la dette grecque et consécutivement de la zone euro en 2010-2012 rappellent que la dépendance excessive à une dette extérieure, combinée à des chocs externes, peut conduire à des crises de solvabilité massives.
Voilà très exactement ce qui nous menace : des difficultés financières insurmontables, et alors, de façon probable dans un pays qui n'a plus confiance dans ses élites, un ressentiment généralisé de la population conduisant à des crises sociales et politiques majeures, voire de la violence (heureusement tempérée par l'important vieillissement de la population par rapport aux siècles passés).
Beaucoup de nos politiciens devraient écouter Jacques De Larosière, un serviteur de l'État dans les matières financières qui, à 94 ans, a plus de bon sens que beaucoup de bavards de notre classe politique. Je pense qu'il se trompe sur la dépense sociale dont il sous-estime les effets négatifs, mais au moins tient-il le discours que les "responsables" politiques devraient tenir.

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4 octobre 2024

Jean Mizrahi

75% des créations d'emploi sont le fait de l'État... Voilà le signe que la France va très très mal, et que nous avançons à marche forcée vers la faillite, gentiment renommée "défaut de paiement".

21 septembre 2024

Jean Mizrahi

21/9/2024 - Le gouvernement veut interdire les couteaux de poche. Moi qui aime souvent me trimballer avec mon Opinel... Je suis pour l'interdiction des armes à feu, qui sont une incitation directe au meurtre et entretiennent une culture de la violence, mais cette décision sur les couteaux de poche est stupide. C'est le bras qui est à condamner, pas l'Opinel. Et donc c'est à la source qu'il faut agir : les êtres humains doivent être éduqués, en particulier quand ils viennent d'arriver en provenance de pays violents. Et sanctionner sévèrement les écarts.
Pourquoi ne pas interdire aussi les choux-fleurs tant qu'on y est...

10 septembre 2024

Jean Mizrahi

9/9/2024 - Emmaüs annonce aujourd'hui vouloir effacer son nom de son organisation. Je trouve cette méthode détestable. En dépit de tous ses défauts, l'abbé Pierre a joué un rôle essentiel dans la prise de conscience de la grande pauvreté dans notre pays. Personne n'est parfait, il aura eu ses très mauvais côtés, mais il aura aussi démontré un courage estimable. On ne peut pas effacer ainsi le rôle joué par cet homme qui par certains aspects reste un exemple. Le manichéisme qui caractérise notre société est dangereux car il interdit toute nuance, c'est la meilleure recette pour arriver au totalitarisme. Il ne faut pas dissimuler les problèmes, mais ne pas oblitérer non plus les mérites.

25 août 2024

Jean Mizrahi

25/8/2024 - L'arrestation hier soir de Pavel Durov, fondateur de Telegram, est un nouvel exemple d'une volonté politique forcenée de censurer la libre parole. Les autorités françaises ne s'honorent pas pour se plier ainsi aux oukazes européens. Ce à quoi nous avons assisté pendant l'épisode Covid avec une censure frénétique de tout ce qui divergeait du discours bureaucratique était déjà indigne de pays prétendant être des démocraties. Un pas de plus est franchi. J'ai honte pour mon pays.

15 août 2024

La fonction ne crée pas l'organe

Jean Mizrahi

14/8/2024 - Je lis régulièrement les déclarations de Madame Lucie Castets, qui "se voit déjà en haut de l'affiche". Madame Castets est encore, au moins formellement, la responsable financière de la mairie de Paris. Elle est une sorte de directrice financière de la Ville, son métier consiste à veiller au bon équilibre des finances de l'entité qui l'emploie. À ce titre, sa préoccupation première, prioritaire, devrait être l'équilibre des comptes de la Ville, mais on en est loin sans que cela semble la préoccuper. Elle veut être Premier Ministre, et pourtant nous assistons à un festival de propositions démagogiques qui viendraient plomber un peu plus les déficits publics si elle devenait Premier Ministre.
Lucie Castets, Bruno le Maire, deux énarques biberonnés à la mamelle publique depuis qu'ils sont sortis du système scolaire, et qui ont exactement les mêmes défauts : une incapacité à comprendre l'essence de leur métier de "directeur financier", l'une de sa ville, l'autre de l'État. Il est urgent de sortir de ce type de recrutement pour avoir de véritables professionnels qui gardent un œil jaloux sur l'orthodoxie budgétaire.
Je sais ce que coûte un mauvais directeur financier : j'ai fait l'erreur dans le passé dans mes affaires de m'appuyer sur de mauvais profils pour cette fonction, cela m'a coûté très très cher. L'État ne doit pas commettre de telles erreurs.
Il est étonnant que la gauche qui prétend changer le monde continue de s'appuyer sur des énarques pour penser atteindre un semblant de légitimité, en particulier dans le domaine financier. Ces gens n'y connaissent rigoureusement rien, et continuent de croire, comme François Hollande en son temps, que l'argent public "ne coûte rien". Tout cela montre que notre classe politique n'a rien compris aux enjeux du pays, et qu'il est temps de renouveler nos élites.

24 juillet 2024

RN et NFP, même combat démagogique

Jean Mizrahi

24/7/2024 - Le RN et le NFP sont en phase pour promouvoir l'abrogation de la loi de 2023 sur les retraites, et seraient donc prêts à voter une proposition de loi dans ce sens. Ce serait un retour à la prise de retraite plus jeune, alors que le COR (Conseil d'Orientation des Retraites) alerte sur un prochain déséquilibre des régimes de retraite dans le cadre législatif actuel.
Je ne sais pas comment ces gens font pour ignorer à ce point la réalité démographique et économique. La population française vieillit de façon très régulière depuis plusieurs décennies, et je ne vois pas comment les choses vont s'arranger avec un effondrement récent de la natalité qui devient particulièrement préoccupant. Notre société hédoniste ne veut plus avoir à s'occuper d'enfants, et voudrait simultanément travailler moins en restant de plus en plus longtemps en période de "non-travail". Les Français doivent se réveiller, sans quoi ils vont plonger dans un affreux cauchemar.
Ceux qui me lisent savent que je ne suis pas du tout un partisan d'Emmanuel Macron, mais ce que je reproche à cet homme n'est pas d'avoir poussé dans le sens d'un allongement de la durée du travail, c'est plutôt la méthode autoritaire et technocratique qui consiste à ignorer le peuple pour lui forcer la main. Tout le problème est lié à nos modèles de gouvernance, qui sont dépassés. Il devient indispensable d'associer les citoyens aux décisions prises, surtout quand elles sont douloureuses. On n'arrivera à rien en restant dans un régime politique soumis à des partis et à des élites endogames dont la seule aptitude est de s'installer dans des postures. On a pu croire que les "conventions citoyennes" (pour l'instant deux seulement) étaient un pas dans la bonne direction, mais il n'en est rien. Les processus de décision restent les mêmes, laissant le peuple à l'écart, contrairement à ce qui se passe chez nos voisins suisses. La France est confrontée à de grandes difficultés qui ne vont pas en s'allégeant : dette, déficits publics et commerciaux, paupérisation d'une fraction croissante de la population ("smicardisation"), etc. On ne pourra sortir de l'ornière qu'avec un peuple conscient et actif dans le processus de décision.
Il faut repenser la gouvernance du pays.

30 octobre 2023

Jean Mizrahi

Intéressante interview d'un citoyen musulman britannique qui fut radicalisé à un moment, et de ce fait fervent supporter du Hamas palestinien. Il serait bon, quelles que soient les aspects horribles de tout conflit militaire, et celui-ci en est désormais devenu un, que beaucoup de ceux qui raisonnent avec une vision binaire écoutent ce qu'il a à dire.
À la question du présentateur lui demandant ce qu'il pense de l'action actuelle de l'armée israélienne à Gaza, sa réponse ne laisse planer aucun doute. C'est à partir de la minute 8'47, je traduis la réponse : "Vous voyez, à un niveau émotionnel, je veux que le combat s'arrête, parce que voir la souffrance humaine m'affecte. (...) Mais à un niveau rationnel, Israël n'a pas d'autre choix que de répondre à cette attaque. S'ils ne répondent pas, le Hamas continuera de pousser et fera quelque chose de pire la prochaine fois. En fait, vous avez de nombreuses options diaboliques, et essentiellement, il faut choisir la moins pire des options. Et la moins diabolique des options, c'est de répondre au Hamas. Et il y aura des dommages parmi les civils, mais sur le long terme, on sauvera plus de vies."
Il existe quelques musulmans courageux et qui parlent comme beaucoup devraient parler. Il est dommage qu'ils soient si peu nombreux et que les autres se contentent de répéter le catéchisme ambiant.

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16 mars 2023

Glissement intellectuel

Jean Mizrahi

Il est intéressant de parler de géopolitique en France, parce que cela révèle toute la dérive intellectuelle de notre pays, et plus largement des pays européens. La guerre en Ukraine est exemplaire de cette dérive, car s’y cristallisent tous les beaux sentiments engendrés par les campagnes médiatiques – on ne parlera pas de propagande – sur le sujet.

Les relations internationales ne sont pas une affaire de morale ni de sentiments, uniquement de rapports de force. Les guerres peuvent certes être attisées par des sentiments, mais, in fine, c’est la force qui décide, froidement. Celui qui est faible et veut s’attaquer au fort est un fou, Thucydide l’a clairement exprimé dans sa relation du dialogue entre les Athéniens et les Méliens. C’est en quoi Zelensky est un fou. Les plus grands chefs d’État ou stratèges ont tout autant été clairs sur la question : « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », disait le général de Gaulle, paraphrasant ainsi Henry John Temple, Lord Parmerston, qui fut Premier Ministre du Royaume Uni au 19ème siècle : « We have no eternal allies, and we have no perpetual enemies. Our interests are eternal and perpetual, and those interests it is our duty to follow ». Dans les relations internationales, il n’y a pas de sentiments, il n’y a qu’un réalisme froid et calculateur.

Dans l’affaire ukrainienne, il est passionnant de relever les réactions aux tentatives de prendre du recul : ne pas adhérer religieusement à la doxa d’un soutien aveugle, passionné, larmoyant à l'Ukraine, c’est invariablement, pour beaucoup en Europe, être un suppôt de Poutine. Je m’amuse fréquemment à titiller les uns et les autres quand je vois leur exaltation, je suis systématiquement classifié en suppôt du diable poutinien. Il y a une passion qui s’est déclenchée à détester le dirigeant russe, comme si les décisions d’un pays de 150 millions d’âmes étaient prises par un seul homme dans sa salle de bain le matin en se rasant. Chacun se satisfait d’un manichéisme qui évite de penser et de se remettre en question. On le voit surtout avec des personnes avec un haut niveau d’instruction : la morale et les sentiments ont pris le pas sur la réflexion et la critique. Ils sont à l’image des Enthoven et BHL, ces combattants d’opérette qui déclament leur passion pour la guerre depuis le Café de Flore ou les Deux Magots. Pour tous les excités qui s’affichent avec des couleurs bleue et jaune, soit on est pour, soit on est contre, il n’y a pas d’autre position envisageable. Le conformisme règne sans partage. C’est aussi ce que l’on voit dans les grands médias, et il faut aller sur des médias plus pointus, spécialisés en géopolitique par exemple, pour découvrir des analyses plus nuancées, contradictoires, relevant les faits historiques qui ne vont pas dans le sens du discours dominant. Car les relations internationales sont compliquées. Les manipulations américaines en Ukraine depuis 2014 sont incontestables, mais ne sont pas dicibles. Les manipulations russes dans le Dombass sont tout autant incontestables. Les manœuvres américaines pour attraire l’Ukraine à l’OTAN sont incontestables, l’agression russe aussi. La complaisance ukrainienne pour les nazis ukrainiens est évidente, les bombardements du Dombass pendant 8 ans aussi, l’utilisation de pauvres bougres pour servir de chair à canon des deux côtés aussi. Il n’y a pas de bons et de méchants, il y a juste un positionnement de puissances qui se joue sur le sol d’un pays martyrisé et manipulé.

Tout cela illustre la décadence intellectuelle de l’Occident. Nos pays ne réfléchissent plus en fonction de leurs intérêts égoïstes, mais selon des prétendus principes moraux, qui sont le plus souvent à géométrie variable : on le voit avec les grands silences sur l’Arménie ou le Yémen. Nos peuples sont acculturés et manipulés par des élites qui font la course au plus moralisateur, sans réaliser qu’elles sont en train de nous conduire au désastre. Il est temps de revenir aux racines du bon raisonnement géopolitique : quels sont nos intérêts, et rien que nos intérêts. C’est égoïste, cela ne semble pas généreux, mais c’est une question de survie. Rappelons ces mots du spécialiste américain d’origine allemande Hans Morgenthau : « le but de la politique est la domination : notre ennemi, tout comme nous, utilise sa moralité pour resserrer l'ouverture de sa conscience et ignorer son appétit de pouvoir ». Arrêtons avec cette bonne conscience idiote, et ne regardons qu’une seule chose : quels sont nos intérêts à long terme. Suivre aveuglement l'une des parties au conflit, vraiment ?

23 janvier 2023

Travailler plus ou s'appauvrir

Jean Mizrahi

Quelques chiffres pour tous ceux qui me reprochent mes thèses sur le travail et sa durée (avec en question sous-jacente, celle des retraites) :

- en 1981, quand la gauche a fait passer la retraite à 60 ans, les moins de 20 ans représentaient 1,77 fois les plus de 60 ans. Aujourd'hui, ils ne représentent plus que 0,88 fois. Le rapport a été divisé par deux en quarante ans. Imaginez l'impact dans quelques décennies. Mais ce qui a changé en plus de cela, c'est que depuis 2010, la natalité est en baisse de 10% environ. Les choses vont donc s'aggraver.

- aux mêmes dates, les plus de 90 ans, c'est à dire ceux qui entrent dans la dépendance (avec les coûts que cela implique) représentaient 156.000 personnes, soit 0,3% de la population. Aujourd'hui ils sont 885.000 et représentent 1,4% de la population. La tendance ne va faire que continuer dans la même direction. Qui va payer pour ça ?

Ne rêvez pas, la belle époque des retraites à 60 ou même 62 ans avec 35 heures hebdomadaires est derrière nous, il va falloir travailler beaucoup plus ou bien choisir de s'appauvrir très fortement, comme certains le suggèrent en parlant de décroissance.

9 janvier 2023

Conflit ukrainien

Jean Mizrahi

Il se joue en Ukraine bien autre chose que l'Ukraine elle-même. Une dangereuse partie d'échec entre les États-Unis et la Russie initiée par les premiers pour tenter d'annihiler les capacités de l'armée russe. Le problème pour Biden est que les États-Unis sont désormais en première ligne car les Européens, qui n'ont pas investi suffisamment dans leur défense, ne disposent pas des équipements qui sont nécessaires aux Ukrainiens pour affronter l'armée russe. Et cela commence à se voir. Or, au même moment, les Républicains viennent de prendre le Congrès, dans le désordre qui plus est. Les "neocons" américains poussent désormais pour une accélération du conflit et donc un engagement encore plus important des États-Unis, car ce qui est en jeu est la crédibilité américaine. Que la Russie vienne à gagner, et le monde verra que les États-Unis ne sont plus capables de piloter des conflits, il y a un risque (pour les Américains) de bascule encore plus rapide de l'influence internationale. On touche donc à un aspect existentiel tant du côté russe que du côté américain, et il n'y a donc que des risques majeurs à poursuivre dans cette voie, et ce à un moment où la Russie déploie des armes nucléaires sur d'autres théâtres. Le monde est dans une situation de risque maximal, c'est probablement pour cela que la Bourse ne cesse de monter, tant l'aveuglement est général. Je continue de penser que l'intérêt de tous est d'organiser une conférence pour la paix, et c'est ce que les Européens devraient imposer aux parties, car nous sommes aux premières loges. Mais l'aliénation européenne aux intérêts américains est désormais patente, l'initiative ne viendra pas de là. Elle ne viendra pas non plus de Chine, qui a tout intérêt à voir les États-Unis s'enliser et la Russie s'affaiblir. Il faut craindre que les États-Unis aient entrainé l'Occident vers sa perte.

1 janvier 2023

12 prévisions pour 2023

Jean Mizrahi

L’année dernière, j’avais émis 10 prévisions, dont deux fantaisistes. Trois des plus sérieuses se sont à peu près réalisées : la fin de la crise psychiatrique covidienne, la montée de l’inflation et l’effondrement des valeurs spéculatives notamment les cryptomonnaies, et l’émergence de l’Afrique comme nouveau terrain de dispute entre les États-Unis et la Chine. J’ai été trop précoce dans mes autres prévisions dont je pense qu’elle surviendront, et je fais amende honorable sur le fait de ne pas avoir vu venir la crise ukrainienne, mais je n’étais pas le seul…
À l'image de l’année dernière, cette fois 12 prévisions pour 2023, et pas de prévisions fantaisistes :

1. De très nombreux pays vont être traversés par des troubles sociaux. Première région touchée : l’Europe qui doit faire face à des matières premières plus chères et une inflation difficile à maîtriser. Les populations engourdies par le crise sanitaire vont se réveiller brutalement avec les difficultés économiques. Le manque d’armature idéologique conduira à des mouvements désordonnés qui pourraient être plus ou moins violents. La Turquie sera fortement déstabilisée par sa dette et la crise de sa monnaie, ce qui pourrait mettre Erdogan en difficulté pour les élections de juin, seule son habileté et ses techniques dictatoriales pouvant lui garantir un maintien au pouvoir.

2. L’armée russe pourrait entreprendre une action d’ampleur en janvier-février 2023 en profitant de l’hiver et de l’effondrement des infrastructures ukrainiennes suite aux bombardements opérés en 2022. Une conférence pour la paix en Ukraine se tiendra dans le courant de l’année parce que les États-Unis lâcheront leur « allié » ukrainien pour se concentrer sur la région Asie-Pacifique, et la Russie obtiendra ce qu’elle cherchait : la neutralisation de l’Ukraine, la protection des populations russophones, et le maintien d’une présence, d’une façon ou d’une autre, le long de la mer d’Azov afin de protéger la Crimée et les accès à la Caspienne. Zelensky pourrait être victime d’un attentat de la part de l’extrême-droite ukrainienne, à moins d’être exfiltré par les USA.

3. La situation en Ukraine étant « réglée », les tensions vont se déplacer vers la mer de Chine et Taiwan, et plus généralement l’Asie où les États-Unis ne veulent pas que la Chine établisse sa domination, qui signerait la fin de la super-domination américaine. Les États-Unis tenteront différentes provocations mais la Chine restera prudente car sa force militaire n’est pas encore suffisante pour l’emporter dans la région, il lui faut en particulier plus de porte-avions pour rééquilibrer ses moyens et beaucoup sont encore en construction. L’action de la Chine se portera ailleurs, sur le terrain économique et financier.

4. L’Occident fera face à une récession dure accompagnée d’une crise financière causée par un excès d’endettement et la hausse des taux d’intérêt. Le graphique joint donne une idée de l'ampleur de la crise qui est devant nous, chaque période de hausse de taux d'intérêt s'accompagnant presque toujours d'une crise financière qui vient "purger" les égarements financiers résultant de moments trop euphoriques dus à l'argent facile. Les marchés qui ont commencé à flancher en 2022 avec la forte baisse des valeurs spéculatives (secteur de la tech, cryptos), connaîtront une chute prolongée en 2023. L’immobilier ne sera pas en reste avec la remontée des taux longs dont on rappelle qu’il ont pris près de 3,5% en France en un peu plus d’un an, ce qui est très important. Une chute des prix de l’immobilier de 20 à 30% est tout à fait envisageable pour 2023. L’immobilier s’effondrera aux États-Unis où les taux sont également devenus élevés et où les ménages pourraient se retrouver en difficulté pour payer leurs mortgages.

5. Les liens entre pays excédés par les méthodes américaines vont se renforcer, et les BRICS accueilleront de nouveaux membres. Les travaux pour déterminer une monnaie alternative au dollar progresseront sans que des résultats tangibles soient achevés dans l’année, du moins en termes de poids dans les échanges commerciaux. Il se pourrait que l’or joue un rôle dans la mise en place de cette nouvelle monnaie. Le doute commencera à s’installer sur le dollar qui pourrait connaître une grave crise de confiance, mettant en péril tout l’équilibre économique et financier des États-Unis, qui repose sur un endettement auprès du reste du monde. Les pays alliés des USA, qui détiennent beaucoup (trop) de dollars pourraient réviser leurs position afin de ne pas totalement se ruiner, ils seront en tout état de cause face à un dilemme.

6. La France sera confrontée à sa première crise de la dette publique, en raison de besoins de refinancement trop importants en 2023. Les tensions sur les marchés des capitaux pourraient alors contraindre le gouvernement français à réviser en profondeur sa politique économique et se voir forcé de revenir à une politique d’équilibre budgétaire - fini l’argent magique. La crise économique n’en sera que renforcée et la crise sociale aussi.

7. Les technologies d’intelligence artificielle, bien que décriées par certains, feront une entrée généralisée dans beaucoup de secteurs de l’économie, initiant une nouvelle révolution industrielle dont il n’est cependant pas certain qu’elle se traduise par de la croissance économique, la raréfaction - et le renchérissement associé - des matières premières, surtout les hydrocarbures, limitant toute possibilité de croissance significative de la production. Cette évolution contribuera donc à accentuer les crises sociales.

8. On pourrait assister aux premiers conflits entre nations pour sécuriser l’accès à certaines matières premières. Les nations les plus faibles pourraient se voir privées d’approvisionnement car la rareté ne pénalisera pas les plus forts. C’est à ce moment que le monde va réaliser à quel point la Chine est devenue puissante, avec une Inde qui commence également à émerger comme nouvelle puissance potentielle. L’Europe risque de regarder les trains passer car elle ne fait plus rêver les pays producteurs.

9. La multipolarité va se renforcer, avec la croissance des nations émergentes et le déclin des pays développés criblés de dettes et affectés par le vieillissement de leur population. La situation internationale continuera donc de se déstabiliser un peu plus, ce qui ouvre la porte à de nouveaux conflits armés.

10. La zone Euro sera sous pression avec la possibilité d’une explosion de la monnaie unique, dont on verra en tout état de cause les prémisses dès 2023 du fait de la crise financière. Les élites françaises seront désarmées face aux bouleversements qui s’annoncent, ce qui finalement ne nous changera pas beaucoup. Macron regrettera de s’être représenté pour un second mandat, car il ne sera pas de taille à affronter le tsunami.

11. Le monde continuera de beaucoup parler d’environnement, on continuera de promouvoir beaucoup de projets stupides et dispendieux pour faire plus vert, et on émettra encore plus de gaz à effet de serre, ce qui est bien malheureux.

12. Je publierai un manifeste politique cette année.

Bonne année quand même !

8 décembre 2022

Jean Mizrahi

Le magazine "Challenge" est un magazine assez secondaire, mais ses positions sont intéressantes en ce qu'il fait partie du groupe Le Monde - Nouvel Obs et parce qu'il témoigne d'un glissement de la pensée "centriste" vers l'invective et la mise à l'index. On notera en premier lieu les guillemets qui entourent le mot "penseurs", et qui mettent donc en doute les capacités de penser des deux intellectuels cités. Mais surtout, on ne peut être qu'ébahi par la qualification "d'extrême droite" accolées à Houellebecq et Onfray. Désormais, toute pensée critique de la doxa, ou du narratif gouvernemental, est classifiée aux extrêmes. Ne pas penser droit, c'est être "d'extrême droite", "d'extrême gauche", "antivax", "poutiniste" et je ne sais quoi encore. J'en fais régulièrement les frais et j'ai eu droit à peu près à tous les qualificatifs possibles. L'insulte revient à la mode et la surprise est que ce soient ceux qui se prétendent être au "centre", donc théoriquement modérés, qui usent le plus de ces pratiques. On n'a donc pas fini d'entendre voler les insultes, car les difficultés économiques étant appelées à enfler dans les semaines qui viennent, il sera pour le gouvernement et ses chiens de garde nécessaire d'ostraciser toute vision critique. Les petits-bourgeois seront au premier rang pour aboyer.


3 décembre 2022

Écologie et transports : l’interdiction des vols courts, ou les absurdités opérationnelles de la politique "écologique" française

Jean Mizrahi

Le gouvernement (Clément Beaune, encore un illustre énarque) est tout fier d’annoncer que la Commission Européenne lui a donné l’autorisation d’interdire les vols courts lorsqu’il y a une alternative ferroviaire sur des trajets de moins de 2h30 en train. Dans le principe, l’idée paraît plutôt de bon sens : pourquoi prendre un moyen de transport très polluant quand il en existe de nettement moins pour des trajets dont la durée totale ne sera pas si différente quand on tient compte des déplacements vers l’aéroport (ou la gare). Dans une perspective de moyen à long terme, j’applaudirais absolument la démarche.
Oui mais voilà, comme le rappelle le dicton attribué à Nietzsche, « le diable se cache dans les détails ». Le principe est beau, mais qu’en est-il de sa mise en oeuvre ? Je soupçonne déjà le gouvernement de procéder avec cette affaire comme il l’a fait dans le domaine de l’énergie : il fallait, pour des raisons politiques et non économiques, réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité, le jeune Emmanuel Macron, assisté de sa ministre Elisabeth Borne, décida donc de fermer la centrale de Fessenheim et d’annoncer la fermeture future de plusieurs autres centrales dans les années qui allaient suivre. « Moi, monarque, ai décidé, j’ai donc nécessairement raison, que l’intendance suive ». On sait ce qu’il en est aujourd’hui, avec des coupures de courant prévues pour l’hiver qui vient. La parole magique n’a pas eu raison du réel, qui nous revient en pleine figure.
En matière de transports de personnes, il en est exactement de même : on veut réduire les émissions de CO2 en restreignant les vols courts, soit, l’idée est en soi séduisante. Mais qu’en est-il des détails ?
1. Le prix. Le gouvernement a omis d’expliquer aux Français pourquoi, dans de nombreux cas, un déplacement en avion coûte moins cher qu’en train. C’est une réalité, car depuis la fin des restrictions Covid, la SNCF s’en donne à coeur joie, avec des tarifs exorbitants, j’ai pu m’en rendre compte, moi qui fais Marseille-Paris au moins deux fois par mois. De mon côté je suis resté fidèle au train, pas seulement pour des raisons écologiques, mais aussi parce que je trouve cela plus pratique, cela ne regarde cependant que moi. Mais plus fondamentalement, comment le gouvernement peut-il prétendre avoir une politique des transports quand le train coûte plus cher que l’avion ? Cette discussion renvoie aussi à la discussion actuelle sur les augmentations de prix dans les divers métros, notamment à Paris (mais aussi ailleurs) : comment les autorités locales et nationales peuvent-elle prétendre avoir une vision écologique des transports, en rendant les transports en commun presque aussi coûteux que les véhicules personnels ? Je fais personnellement Marseille-Cavaillon deux fois par semaine, et j’ai testé le train comme la voiture : résultat, le train coûte à peine moins cher que la voiture (y compris en tenant compte de l’amortissement de la voiture) pour une durée deux fois plus longue. À deux personnes, le déplacement ne se discuterait pas : la voiture serait plus économique en temps et en euros. Tout cela ne traduit qu’une chose : une absence de politique. On veut que les gens arrêtent d'utiliser leur véhicule personnel : les tarifs des transports collectifs doivent en tenir compte, "quoi qu'il en coûte". On veut de l'écologie ou on n'en veut pas, je préfère financer des trains que des associations bidon ou un Conseil Économique et Social qui ne sert pas à grand-chose.
2. Les quantités. Les déplacements courts ont souvent des motivations professionnelles. Or il suffit de prendre la voie ferrée pour se rendre compte que beaucoup de trains sont complets. Souvent, je dois jongler avec mes heures de rendez-vous pour rentrer sur Marseille, et il m’est arrivé de rester bloqué à Paris une nuit de plus parce que tous les trains étaient complets. Si on supprime des vols, la SNCF mettra-t-elle plus de trains à la disposition des voyageurs ? Mon petit doigt me dit que nos énarques n’ont pas réfléchi au problème. Et il se passera ce qui s’est passé avec l’électricité : on rationnera les déplacements : « désolé, il n’y a plus de place, vous restez chez vous (ou au bureau) ». Comment dire... ne va-t-on pas voir plus de monde prendre sa voiture pour des trajets courts ? C’est de l’écologie ?
3. Le monopole et ses travers. La SNCF est vérolée par la CGT, Sud, et autres syndicats ultra-politisés. En supprimant la concurrence, l’État se prépare à donner une arme redoutable à ces syndicats mafieux, qui prendront le pays en otage et feront monter un peu plus les prix en rendant la SNCF moins efficiente. Là également, je doute que les conséquences de ces belles décisions – sur le papier – aient été réfléchies jusqu’au bout.
Voilà ce qu’il en est des politiques pseudo-écologiques depuis quelques années : des actions décidées arbitrairement et dans la précipitation, sans préparation, et sans déminage préalable des problèmes potentiels. Nos politiques ne savent plus que générer des « black-outs ». Au royaume des imbéciles, les énarques sont rois.