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5 mars 2025

UN MARDI GRAS À PERPÉTUITÉ

Gabriel Nerciat

- 5/3/2025 - Toujours aussi faux, prétentieux et sournois, notre Président.
La prochaine fois, il devrait faire carrément ses allocutions foireuses en anglais puisque, visiblement, c'est à Donald Trump qu'il voulait s'adresser et pas aux Français dont il se moque éperdument (mais il est vrai que ce n'est pas une nouveauté).
Trump veut faire la paix ? Lui veut continuer la guerre (avec l'argent des contribuables de l'UE et le sang des Ukrainiens).
Trump aimerait se réconcilier avec Poutine ? Lui nous annonce une guerre de Cent Ans contre la Russie, nouvelle URSS qui s'apprête à gober la Pologne et l'Allemagne sauf si l'on crée une armée européenne.
Trump veut se débarrasser de Zelensky ou le tenir en muselière ? Lui n'envisage pas un avenir européen sans la promotion du pétomane sanglant en costume de Ninja.
Trump ne veut pas vraiment d'une présence militaire française et britannique en Ukraine, car il sait que ce serait aux yeux de Moscou un motif pour refuser toute négociation de paix ? Macron, lui, nous l'annonce déjà triomphalement, alors même qu'aucun traité n'est encore signé et que Trump n'entend pas lui demander son avis pour élaborer le contenu de l'accord ou négocier quoi que ce soit.
Trump ne veut pas garantir quelque forme de sécurité collective que ce soit vis-à-vis de Kiev ? Macron croit encore qu'il va réussir à le faire changer d'avis en partageant un chewing-gum.
Trump veut défendre la liberté d'expression et la souveraineté des peuples historiques ? Macron applaudit au coup d'État que l'UE a laissé perpétrer en Roumanie et à la censure institutionnalisée des réseaux sociaux et des chaînes de télévision privées.
Etc, etc.
Les Français peuvent-ils encore se laisser convaincre par ce type qui a tout échoué, menti sur l'état des comptes publics du pays, que l'Algérie humilie ostensiblement tous les jours sans qu'il fasse mine de s'en émouvoir outre mesure et qui, faute de mieux, compte désormais sur la diabolisation de la Russie ou de Poutine pour rester encore deux ans à l'Elysée ?
À la limite, ce n'est même plus une question pertinente à poser.
Demain, à Bruxelles, Giorgia Meloni, Viktor Orban, Robert Fico et même son ami Donald Tusk vont l'envoyer dans les cordes, en lui faisant comprendre, comme l'a déjà fait en partie Keir Starmer à Londres, que la dissuasion nucléaire française ne les intéresse pas et qu'il est hors de question d'envoyer des troupes en Ukraine.
Mais pendant 24 heures, il se sera fait plaisir, et aura sûrement ravi tous les imbéciles de droite ou de gauche qui se donnent des frissons depuis deux semaines en se disant que nous sommes en 1938, à la veille des accords de Munich et de l'invasion de la Tchécoslovaquie par les armées d'Hitler.
Après tout, à un jour près, on était encore dans mardi gras. Le carnaval est de rigueur à l'Elysée, tous les jours que Dieu fait depuis 2017.
Comment lui a-t-il dit, Trump, dans le Bureau ovale ?
"Ce gars est un petit malin".
Pas si malin que ça, en fait.
Ses tours commencent à lasser. Il est vraiment temps qu'il parte.

4 mars 2025

UNE GUERRE SUR DEUX FRONTS

Gabriel Nerciat

- 4/3/2025 - Raphaël Glucksmann dit BHL le Jeune, nouveau Byron de ce début de millénaire, a demandé aux courageux bourgeois bohèmes qui ont voté pour lui aux dernières élections européennes de constituer séance tenante des Brigades internationales du VIIe arrondissement de Paris pour aller combattre dans le Donbass aux côtés des Ukrainiens abandonnés par l'ignoble et illibérale Amérique de Trump.
Lors du meeting qu'il a organisé devant l'esplanade des Invalides, face à deux cents personnes, les membres de son fan club lui ont répondu qu'ils étaient d'accord mais n'accepteraient de monter au front qu'avec des chars à batterie électrique.
Mais pas des chars Tesla, ont-ils précisé avec véhémence.
Il faut combattre jusqu'au bout le nouvel Hitler slave, mais aussi le réchauffement climatique. Pas l'un sans l'autre, ont-ils conclu avant de regagner leurs foyers ; l'un avec l'autre.
Taciturne, Raphaël est rentré chez lui à pied. Son ami Christophe Dechavanne n'était pas en mesure de le ramener en voiture.

3 mars 2025

LES RUSES DE LA VIE

Gabriel Nerciat

C'est bête et mal foutu, la vie, n'est-ce pas ?
On est amoureux d'une fille quand elle ne veut pas de vous, et puis quand elle commence à vous trouver quelque attrait, c'est vous soudain qui êtes lassé de la convoiter.
Le frère cadet de ma grand-mère, lui, me racontait que, jeune homme à la fin de la guerre de 14, il détestait viscéralement le cinéma muet.
Et puis, un jour, à Marseille, un ami l'a emmené voir Les Lumières de la ville, qui l'a tellement bouleversé qu'il a vu le film trois ou quatre fois d'affilée, mais c'était trop tard. Le cinématographe était devenu parlant, et on ne diffusait plus en salles les vieux films de Charlot (eh oui, jeune internaute, sache qu'au début des années 1930, Youtube et les DVD n'existaient pas encore ; tu te rends compte de l'état de barbarie ?).
Nos amis européistes, c'est un peu la même chose.
Pendant des décennies, ils nous disaient : "La construction européenne, c'est la paix. Vous, les souverainistes, vous n'aimez que la guerre et voir le sang couler. Même Mitterrand le dit."
Maintenant, ils nous disent : "Notre devoir est de combattre la Russie. Vous, les souverainistes, vous êtes des lâches et des sales pacifistes. Vous ne voulez pas aller faire la guerre à Poutine pour sauver notre soeur l'Ukraine. Même Macron le dit."
Pendant des décennies, ils ont adulé les Etats-Unis - souvent sans rien connaître du pays à part les images d'Epinal sur Martin Luther King, le débarquement de Normandie, les joueurs de jazz de la Nouvelle-Orléans et l'assassinat d'Abraham Lincoln travesti en champion international de l'antiracisme et de l'égalité universelle entre les hommes.
Ils nous disaient : "Vous êtes des anti-américains primaires, des gens haineux, des complices de Staline. Si les Ricains étaient pas là, on serait tous en Germanie et vous seriez trop contents."
Maintenant ils nous disent : "Vous êtes vendus à Trump et à l'Oncle Sam. L'Amérique, c'est le Klu Klux Klan, la musique country pourrie, la ploutocratie mafieuse, les westerns fascistes de John Wayne et le génocide des Indiens. Un pays pour vous, en fait. Pourquoi vous n'y allez pas ?"
La vie est mal foutue, mais c'est ainsi.
C'est elle souvent qui nous trahit, bien plus que nous ne trahissons ce que nous attendions d'elle.
Peu importe. Quand la petite fleuriste parvient à voir Charlot, elle n'est pas déçue, bien que ce soit un vagabond.
Comme elle, les européistes ont recouvré la vue, mais le roi adulé qu'ils découvrent maintenant en pleine lumière leur a mis d'emblée, souverainement, son poing dans la gueule.
Ils n'ont pas fini de maudire le soleil sous les feux duquel ils aimaient tant se prélasser. 3/3/2025

28 février 2025

LA CENSURE EN CHANTANT

Gabriel Nerciat

- 28/2/2025 - Quand je vois toutes ces bonnes âmes qui rigolent ou se félicitent de la fermeture de deux chaînes de télévision privées qui ne leur plaisent pas (et qui d'ailleurs ne me plaisent pas vraiment à moi non plus : je n'ai jamais pu arriver à voir en entier une émission de TPMP), je me demande comment je réagirais si demain Libé déposait le bilan ou si Le Monde était condamné à disparaître à la suite d'une décision de justice (oui, je sais, c'est de la science-fiction, mais peu importe).
Très franchement, je crois que je n'en éprouverais aucune forme de satisfaction particulière ou de joie mauvaise.
Et pas seulement parce que l'audience des deux quotidiens progressistes, à l'inverse des chaînes du groupe Vivendi, n'a cessé de diminuer depuis maintenant des lustres, rendant leur influence idéologique quasiment nulle sur les profondeurs du pays. Mais le retour en grande pompe de la censure d'Etat dissimulée derrière la robe des juges devrait quand même en émouvoir plus d'un.
Non seulement l'attitude d'un Patrick Cohen, d'un Daniel Schneidermann ou d'un Laurent Joffrin, qui sablent publiquement le champagne pour fêter la mise au chômage de trois ou quatre cents de leurs confrères, est aussi vile qu'abjecte.
Si j'étais un journaliste ou un écrivain de gauche de quelque renom, je serais le premier à vouloir aller sur C-News ou chez Hanouna. C'est plus courageux de défendre la Palestine face à Goldnadel ou Elisabeth Lévy, ou de plaider la cause du marxisme face à Mathieu Bock-Côté ou Pascal Praud, que de le faire chez les fonctionnaires islamo-gauchistes qui entourent Laure Adler le soir sur France Télévision, comme il serait bien plus méritoire de revendiquer un certain élitisme intellectuel sur le plateau de Baba que dans le salon faisandé de François Bunel où l'on ricane des bouquins de Christophe Guilluy et des films de Jean Becker.
En plus, que fêtent-elles vraiment, ces âmes veules de bas clergé ?
Hanouna a annoncé qu'il allait reprendre une émission en septembre sur W9, pour le compte du groupe M6, ce qui fait que seules les autres émissions de la chaîne qui va mourir ce soir, pour le coup assez inoffensives, auront été au final sacrifiées (pour rien).
Certains me disent que c'est uniquement pour faire baisser le cours des actions du groupe Canal et par là même "punir" Vincent Bolloré.
La vache !
Non seulement il n'y a plus que des petits bourgeois frustrés et/ou fonctionnarisés pour voter à gauche, mais en plus ils aiment boursicoter.
C'est à vous dégoûter de tout.
Ce soir, comme il n'y a rien à la télé, j'irai lire un vieux bouquin d'Anatole France dans la collection Nelson.
L'Orme du Mail, tiens : à l'époque, au moins, c'étaient les curés qu'on taxait d'être des censeurs hypocrites ; pas leurs adversaires libres-penseurs.

25 février 2025

L'EAU ET LA SOURCE

Gabriel Nerciat

Je comprends son indignation.
Elle aussi avait le droit d'être employée par l'USAID. Quand on vieillit, que la chirurgie vous rend disgracieuse et qu'on a de plus en plus de mal à décrocher des rôles, ce n'est pas rien que de pouvoir empocher deux ou trois millions de dollars (un peu plus que Van Damme, mais moins que Sean Penn) pour aller à Kiev faire la bise à Zelensky, ou bien soutenir les révolutions de couleur dans le Caucase.
Concilier la défense de la civilisation libérale globalisée avec le sens de son confort matériel et moral, c'est ça le vrai luxe que les plèbes vindicatives et jalouses ne pourront jamais s'offrir.
Pauvre Manon, elle est devenue plus désespérée qu'Ugolin.
"Ma petite est comme l'eau, elle est comme l'eau vive... Jamais, jamais vous ne la rattraperez", chantait son génie de père.
Mais Trump connaît la chanson ; ne pouvant rattraper l'eau, il a préféré tarir la source. 25/2/2025

"Nous sommes en danger", Emmanuelle Béart inquiète, ce président qui lui "glace le sang"

24 février 2025

ALLEMAGNE, TOUJOURS L'ANNEE ZÉRO

Gabriel Nerciat

- 24/2/2025 - Depuis ce matin, tous les moutons de Panurge de l'antifascisme et du progressisme mondain bêlent ensemble : "Horreur ! Le Signe de la Bête est revenu en Allemagne ! On s'y attendait, mais malgré tout ça fait quelque chose !".
Les délicats ajoutent même : "En plus, cette fois ce n'est plus un caporal autrichien déclassé qui ressemble à Charlot. C'est une femme riche, diplômée, cosmopolite, lesbienne, copine de Musk et amoureuse d'une Sri-lankaise. Ce que le Diable est rusé."
J'ai aussi entendu sur une radio branchée un cuistre préciser : "Tous les poèmes de Celan ne servent plus à rien. Il va falloir tout recommencer". Vraiment ?
J'ai envie de leur dire : le Diable est bien fatigué, et ne court décidément plus très vite.
L'Allemagne, en réalité, quarante ans après les élections municipales de Dreux, pour la première fois depuis son unification ressemble vaguement à un pays européen. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres ; et puis le fameux capitalisme germanique qui faisait l'admiration des ordo-libéraux est en train de s'effondrer à cause des sanctions de l'UE contre le gaz russe et du protectionnisme américain.
C'est d'ailleurs pourquoi le nouveau Chancelier "conservateur" s'est empressé de préciser qu'il entendait bien gouverner avec la gauche social-démocrate, qui vient d'être essorée et qu'il prétendait pourtant combattre.
Toujours la même histoire ; on dirait Chirac – ou Retailleau – qui finit par inviter Cohn-Bendit à dîner.
Et puis quoi ? Maintenant que ce sont les Antifascistes qui veulent aller faire la guerre en Russie pour imiter les morts oubliés de l'ancien Reich, plus rien n'est vraiment comme avant.
À droite, la nuit des petits couteaux n'est pas près de commencer. Et la race déchue des Seigneurs, frappée de sénescence, fatiguée des massacres qu'elle hésite à oublier, même si elle veut donner le change semble surtout décidée, comme nous, à prendre congé.

22 février 2025

LA FAUTE DE BARDELLA

Gabriel Nerciat

- 22/2/2025 - Au début, Jordan Bardella me semblait un garçon plutôt doué et sympathique.
Originaire d'un milieu populaire, ayant grandi dans la banlieue rouge de Seine-Saint-Denis en phase de colonisation allogène et islamique accélérée, d'une éloquence plutôt habile, assez brillant dans sa faculté à utiliser les médias de masse et relativement indifférent aux diktats de la bienpensance progressiste (il n'hésitait pas à reprendre souvent le concept discutable mais emblématique de Renaud Camus), je trouvais qu'il n'avait pas volé sa rapide promotion au sein des cadres dirigeants du RN.
J'ai commencé à déchanter, il y a un peu plus de deux ans, quand je l'ai vu faire applaudir debout l'apprenti-dictateur Zelensky au Parlement-croupion de Strasbourg, tout en tenant sur l'Ukraine des propos totalement incohérents ou insensés (d'ailleurs vite recadrés par Marine Le Pen) ou jouer discrètement copain-copain avec les pires propagandistes du Likoud en France.
Jusqu'aux dernières élections législatives, malgré tout, mon impression demeurait encore plutôt favorable : hormis quelques maladresses, il avait réussi à totaliser de très bons scores, notamment aux élections européennes, sans rien céder à ses adversaires sarkozistes ou chiraquiens.
Mais là, c'est la faute de trop.
Non seulement il a été ridicule, mais en plus Steve Bannon l'a recadré publiquement, devant des millions de personnes, pour une bonne décennie.
De deux choses l'une : soit il estimait qu'il n'avait rien à faire dans ce congrès d'ultra-conservateurs américains plutôt libertariens sur le plan économique et traditionalistes dans leur approche du fait religieux, et dans ce cas il n'avait aucune raison de se rendre à Washington (même pour concurrencer l'intrigante et ambitieuse maîtresse d'Eric Zemmour) ; soit il désirait vraiment en être et dans ce cas il fallait assumer de franchir le Rubicon jusqu'au bout sans jouer les vierges effarouchées à la première polémique bidon.
Surtout quand on incrimine, de façon maintenant bien balisée dans la presse assermentée des deux rives de l'Atlantique, de prétendus saluts nazis qui n'en sont pas.
Comme Bannon l'a très bien dit, Bardella s'est montré à la fois lâche, peureux, discourtois, inconsistant et incapable de s'imposer un jour comme un leader souverainiste digne de ce nom (il ne peut même pas reporter la faute sur sa patronne, qui est en vacances dans l'océan indien et n'était pas en mesure de lui dicter quelque consigne que ce soit).
De plus, il donne pour rien un point aux pires de ses ennemis qui sont aussi ceux de Trump (la joie mauvaise de Maurice Szafran, le laquais en titre de BHL, qui lui accordait hier sur BFM-TV un brevet d'antifascisme homologué) et surtout, ce qui est plus grave, semble ne toujours pas comprendre que ce genre de mesquines capitulations symboliques ne lui apportera aucun surcroît de considération ou de légitimité auprès du système médiatique ou des milieux progressistes en général, comme l'a démontré le pseudo "Front républicain" du deuxième tour des législatives l'ayant empêché d'accéder à Matignon.
Le pire serait qu'il revienne à Paris tout fier de lui, en expliquant qu'il a agi comme Jean Moulin refusant de serrer la main à Doriot.
Le plus prudent à mon sens serait qu'il rase les murs et se fasse oublier quelque temps.
Même s'il est encore jeune et aura le temps de s'endurcir ou de s'amender, le voile est tombé, en montrant à tous qu'il ne sera pas le nouveau champion du national-populisme français avant très longtemps.
Ma foi, tant pis pour lui. Il y a des pièges dans lesquels il faut savoir ne pas tomber.

20 février 2025

UN MÉTIER PRESQUE COMME UN AUTRE

Gabriel Nerciat

- 20/2/2025 - Notre Banquier Président, sans majorité ni légitimité mais toujours vaillant, a réuni ce matin les représentants parlementaires des principaux partis politiques du pays pour leur expliquer à quel point l'heure est grave.
Pensez donc : le dictateur en disgrâce de Kiev l'a averti, grâce à un traducteur danois rémunéré par George Soros, que Poutine, appuyé par des fascistes américains originaires du Texas et affiliés au Klu Klux Klan, s'apprêtait à envahir la Pologne, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie et sans doute la France.
À nouveau, donc, c'est le retour des heures les plus sombres de notre histoire, le moment où le crépuscule enfante des monstres, etc., etc. (tout le monde connaît la chanson).
Après cette brillante philippique, notre chef d'État, infoutu de se faire respecter par le président de l'Algérie ou celui des Comores, va s'envoler vers Washington pour rappeler à Trump qu'il faut se montrer d'une dureté d'airain face à Poutine, permettre à Kiev de mener la guerre contre Moscou jusqu'au dernier Ukrainien valide, et que toute autre attitude relèverait d'une sympathie inavouée pour l'ancien Führer allemand.
Au besoin, il est prêt à envoyer 4 à 5000 soldats français sur place, pour faire la cuisine pendant que les soldats ukrainiens iront au casse-pipe le ventre plein.
Beaucoup de gens, moi le premier, accusent souvent Emmanuel Macron d'être stupide, lâche, inconséquent, narcissique ou versatile.
Mais finalement je crois qu'on se trompe.
Cet homme est très cohérent : il a été désigné pour anéantir tout ce qui pourrait encore représenter l'idée ou la trace d'une souveraineté et d'une dignité françaises, afin que par ses destructions et ses amputations répétées l'Union européenne en tant qu'empire bureaucratique supranational souverain soit.
Un peu comme Landru, Charles Ponzi ou Lolo Ferrari, il fait simplement le métier qu'il a choisi.
Plutôt bien, hélas, il faut l'admettre ; reconnaissons cela. Ceux qui l'ont élu et réélu avaient un instinct sûr.

18 février 2025

LES CAVES SE REBIFFENT

Gabriel Nerciat

- 18/2/2025 - Pendant que le sort du monde se joue dans les grands hôtels de Riyad entre les émissaires de Poutine et de Trump, les nains délaissés du Vieux Continent ont décidé de prendre le thé ensemble chez la marquise de Pompadour, pour discuter en langue anglaise des avanies du temps et de leurs malheurs communs.
Parce qu'ils ne sont pas contents du tout, les gnomes, sachez-le.
Le président des Etats-Unis vient de les congédier de façon encore plus rapide et brutale qu'il n'a fait avec les hauts fonctionnaires libéraux des grandes bureaucraties fédérales de son pays.
"Nous ne sommes quand même pas des domestiques ni des laquais !", a protesté le Premier ministre de Suède, dont personne n'arrive jamais à se rappeler du nom.
Si j'étais Madame Brigitte Macron, qui a connu son jeune époux alors qu'elle lui donnait des cours de théâtre, je suggérerais de monter dans le salon Murat une adaptation théâtrale des Bonnes de Jean Genet, où le Banquier Président serait travesti en Claire Papin et Starmer en Solange. Ursula von der Leyen quant à elle jouerait Madame travestie en Trump, qui aurait rendez-vous avec Poutine à la fin de la pièce. Ce serait bien ; Le Masque et la Plume adorerait, surtout si Thomas Jolly assure la mise en scène.
Mais finalement, non. Les caves veulent bien se rebiffer contre le Maître qui les a humiliés, mais ils ne savent pas comment faire. Il faut dire qu'ils n'ont pas l'habitude.
Dire que Poutine est méchant, ils l'ont déjà répété à maintes reprises. Mais s'il y a un autre méchant là où ils avaient la certitude de voir un gentil, ils en perdent tous leurs moyens.
Macron, comme toujours, a eu une idée géniale, qui a enthousiasmé le pâle Keir Starmer, si dur à dérider : envoyer quelques milliers de soldats de l'OTAN en Ukraine, afin de garantir le respect d'un futur accord de cessez-le-feu pour lequel ils ne seront pas consultés.
Des soldats français et britanniques dans le rôle de Casques bleus vaguement tolérés par les Américains : voilà qui est bien de nature à poser la future indépendance stratégique de l'Europe-Puissance !
Même Tusk, l'apprenti-dictateur polonais, leur a signifié que ce n'était pas sérieux.
D'autant que des soldats qui entendent se faire respecter ont pour mission de combattre un ennemi clairement identifié, et pas de se laisser éventuellement entraîner dans une guerre extérieure dont ils ne sont pas capables de maîtriser les acteurs (on dirait que les Polonais connaissent bien le genre de roueries crapuleuses dont les nationalistes ukrainiens sont capables).
Le chancelier allemand bientôt sur le départ et Madame Meloni ont bissé. Le Premier ministre espagnol a ajouté : "Faire la guerre, ce n'est pas bien ; c'est pire que de tuer un taureau. Si Franco était mortel, alors Poutine le sera aussi. Il suffit d'attendre".
Là-dessus, Nemo, le chien des Macron, a mordu l'un des mollets de Madame von der Leyen, qui réclamait plus de budget européen pour la Défense afin d'acheter des avions de combat aux Américains (l'indépendance de l'Europe, hein, toujours, le grand aggiornamento de la puissance paneuropéenne).
"Ce chien est un sale souverainiste !", a-t-elle hurlé.
- Je vais le punir, a dit Macron, mais Brigitte s'est interposée en lançant à Ursula : "Vieille s.lope saxonne, tu peux insulter mon mari mais sûrement pas mon chien !".
On raconte qu'il y a eu des crêpages de chignon.
Le Banquier Président ne savait plus trop quoi faire. Il a demandé à Bruno-Roger Petit de lui apporter une boisson gazeuse.
"Il y a trop de bulles ; ça va se boire difficilement", a-t-il affirmé en guise de conclusion, quand Nemo toutefois a cessé d'aboyer.
Ensuite on a raconté quelques blagues belges qui n'entendaient pas être drôles, et puis la réunion s'est terminée, dans une ambiance un peu triste.
Pour que la journée ne soit pas totalement perdue, Macron s'est précipité devant les caméras pour embrasser Giorgia Meloni, en la suppliant de bien vouloir présenter ses amitiés à Donald Trump.
Même si elle le méprise, la dirigeante italienne s'est laissée faire.
Les femmes de la péninsule ne sont pas trop farouches ; c'est toujours ça de pris.

16 février 2025

GUIGNOL'S BAND 2025

Gabriel Nerciat

- 16/2/2025 - Décidément, depuis l'investiture de Trump, ça n'arrête pas. Tous les jours, on a droit à une perle.
Cette fois, c'est le chef-escroc en déroute de l'entité ukrainienne qui vient tout naturellement proposer de créer une armée intégrée européenne indépendante des Etats-Unis et dirigée par... lui !
Rien que ça, ma bonne dame !
La CED de Jean Monnet et de Ike de sinistre mémoire, ressuscitée d'un coup d'un seul par le pétomane mafieux de Kiev – lequel, confronté aux rebuffades de Trump, ne sait plus trop où trouver armes, dollars et munitions avant que son armée s'effondre.
Engagez-vous, rengagez-vous, les amis. Les corps francs et la division Charlemagne, c'était vraiment le bon temps. D'ailleurs, même le viril Renaud Camus a envie d'y aller.
À côté du drapeau marial de l'UE qui a déjà éclipsé le drapeau tricolore, nous aurons désormais le fanion jaune et bleu de l'entité kiévienne, sous la bannière duquel nous enverrons nos cadets se faire trouer la peau dans la boue enneigée du Donbass pour l'amour du lithium, des terres rares, du charbon et des droits LGBTQ.
Depuis ce matin, BHL, Guetta, Tenzer, Cohn-Bendit, Françoise Thom et les autres évidemment trouvent ça génial. Quand elles y pensent, Madame Van Rentherghem et son amie Ursula défaillent de bonheur. On devine leurs poitrines palpitantes dès que Zelensky ouvre la bouche, et tend la main.
Le Banquier-Président, dit-on, va revêtir sa plus belle panoplie de boy-scout pour en parler demain, à l'Elysée, à ses homologues du Conseil européen. Ce sera grandiose.
En fait, j'ai vraiment l'impression d'être en colonie de vacances. Il ne manque plus que le calamiteux Pierre Perret pour venir nous jouer à la guitare des marches militaires.
À propos, Le Déserteur de Boris Vian a-t-il été traduit dans l'idiome ukrainien ? Il semblerait que oui.

15 février 2025

LE PORTRAIT DE L'EUROPE EXPOSÉ À MUNICH

Gabriel Nerciat

- 15/2/2025 - Ce n'est pas trop dans ma manière de donner dans le genre lyrique, mais je crois, après avoir écouté attentivement le discours du vice-président J.D. Vance à la conférence de Munich, que nous sommes en train de vivre en Occident un moment historique tout à fait remarquable et d'une rare intensité, comparable à ce que furent, dans mes jeunes années, l'effondrement du mur de Berlin et la fin de l'empire soviétique.
En mieux, car de la part des élites européennes il n'y a pas la fausse euphorie suscitée par les fausses victoires inattendues du passé (je me souviendrai toujours de ce moment de rare sincérité où Glucksmann père, ce Torquemada antisoviétique et ex-maoïste de pacotille, s'abandonna à avouer à Christine Ockrent qu'il n'avait jamais eu aussi peur qu'au moment où il vit le drapeau de l'URSS sur la place Rouge tomber et disparaître pour toujours), mais une angoisse et une peur existentielles qu'elles ne cherchent même pas à tenter de dissimuler.
Pour la première fois depuis 35 ans, tous les Européens peuvent voir ce que l'Europe est devenue aux yeux du reste du monde – car ce sont leurs maîtres, les dirigeants américains qui viennent le leur dire en face, crûment, sans respecter aucune forme de politesse civile ou de ménagement.
Vance hier à Munich nous a dit sans détour ce que désormais nous sommes : de serviles domestiques apeurés et vantards, qui exhortent l'Amérique à mener en Europe des guerres inutiles qu'ils ne sont pas capables d'entreprendre eux-mêmes, des cafards hypocrites qui parlent de démocratie et à qui les seules idées de la liberté réelle ou de la souveraineté du peuple flanquent une frousse plus laxative que celle éprouvée par tous les dictateurs du monde, des âmes mesquines et faibles qui organisent par nihilisme et par cupidité toutes les révolutions anthropologiques nécessaires à leur propre disparition et colonisation progressives tout en continuant à donner des leçons d'universalisme au monde entier comme à l'époque de Victor Hugo et de Jules Ferry.
Le message est dur, mais très clair et malheureusement tout à fait justifié.
On peut le traduire ainsi : "Même comme esclaves consentants, vous nous êtes devenus insupportables et inutiles. Vous pouvez toujours nous mépriser, nous ne jugeons même pas opportun de vous rendre la pareille. Désormais débrouillez-vous tout seuls, et allez donc mourir en Ukraine si vraiment ça vous chante (mais vous en êtes tout à fait incapables, et Poutine le sait très bien)."
Mon plus grand plaisir, depuis une semaine, est de voir à la télé ou d'entendre à la radio la réaction des cocus euro-atlantistes à la fois indignés, affolés et hystériques. Adieu les charmes du beau sexe ou la lecture des oeuvres de Julien Gracq ; je ne rate plus une soirée de LCI ni une matinale de France Inter tellement cette joie sans cesse renouvelée est devenue intense.
BHL, Tenzer, Colosimo, Glucksmann fils, Heisbourg, la fielleuse Samantha de Bendern, Enthoven, Fourest, Couturier, Lasserre, Merchet, Semo, Tertrais, Vitkine, tous les gendarmes de Saint-Tropez de l'OTAN (Goya, Richoux et la fine équipe des clowns galonnés), plus le pauvre Darius Rochebin qui tous les soirs se livre à un exorcisme de vaudou pour essayer de ressusciter les mânes de Churchill en direct avant de laisser de guerre lasse l'activiste bandériste Alla Poedie s'abandonner à son énième crise d'hystérie délirante, j'avoue que je ne m'en lasse pas.
Leur grand truc, ce n'est plus seulement Munich mais Yalta (pourtant, il y avait bien Churchill à Yalta, non ?).
Sur le thème : Trump et Poutine sont en train de s'entendre pour découper l'Ukraine et asservir l'Europe dans notre dos, sans même faire semblant de nous consulter.
Ah les braves gnous ! Comme ils aiment bien pleurer en troupeau !
Comment leur faire comprendre que c'est exactement le contraire ? Trump et Poutine se désintéressent de l'Europe, parce qu'elle n'est plus rien sur la carte du monde et que des peuples sans mémoire, sans courage et sans volonté autre que normative ne sont d'aucune utilité ni d'aucun agrément aux yeux des nations qui sont restées l'exact contraire ou du moins veulent le rester.
C'est à la fois comique et triste à en pleurer : les cabris voudraient soudain se transformer en aigles à dix têtes ("L'Europe ! L'Europe ! L'Europe ! Il faut qu'elle advienne maintenant !", clament-ils à longueur d'antenne) et, constatant qu'ils resteront toujours des cabris, se mettent à hurler en se précipitant affolés dans la direction de la ville et de ses rutilants restaurants chinois.
Sauf Zelensky, il est vrai.
Lui, veut faire croire qu'il est encore un vrai truand à l'ancienne, et qu'il peut se montrer méchant si on ne lui cède pas.
Mais il n'a plus de pistolet ni de fusil-mitrailleur. Il ne sait pas qui pourra le protéger de tous ses anciens complices qui vont venir bientôt lui demander des comptes, y compris sur l'origine de son nom.
Trump a bien raison de lui signifier qu'il ne suffira pas de le sacrifier sur l'autel de la grande réconciliation avec Moscou en convoquant les élections qu'il a annulées il y a un an.
Il faudra d'abord piller ses cavernes d'Ali Baba, là où ses amis et lui-même ont entassé depuis trois ans la bonne dizaine de milliards de dollars que Musk n'a pas retrouvée dans les papiers de l'administration fédérale, loin des villes exsangues où le pétomane sous influence envoyait mourir pour rien des jeunes hommes par centaines de milliers.
La comédie est donc en train de se terminer, ainsi que la tragédie qu'elle avait à coeur de dissimuler.
Et mon Dieu, comme je suis heureux de pouvoir enfin assister à ce baisser de rideau, qui va faire s'effondrer tous les villages Potemkine de l'Europe ! C'est encore plus beau que l'entrée de Bonaparte à Milan, au début de La Chartreuse de Parme.

14 février 2025

NOMINATIONS PRÉSIDENTIELLES

Gabriel Nerciat

- 14/2/2025 - Je sais bien que je n'ai plus beaucoup d'électeurs macroniens de sensibilité libérale dans mes contacts, mais quand même est-ce que l'un d'entre eux pourrait avoir l'amabilité de répondre à la question suivante.
Quelle différence y a-t-il entre la nomination à la tête du Conseil constitutionnel d'un notable socialiste véreux sans aucune expérience juridique ni légitimité politique réelle et celle à la tête d'un département d'État dévolu à l'efficacité gouvernementale d'un entrepreneur surdoué et multi-milliardaire devenu l'homme le plus riche du monde ?
Pourquoi la seconde nomination devrait-elle poser problème et pas la première ?
On va voir qui s'y colle.

9 février 2025

UN GEORGE DANDIN ISRAÉLIEN

Gabriel Nerciat

- 9/2/2025 - Ce qui est énorme, dans la proposition de Trump sur l'occupation de Gaza par l'armée américaine comme préalable à une seconde Nakba palestinienne en direction de l'Egypte et de la Jordanie, c'est moins son caractère évidemment et volontairement grotesque que le fait de voir pas mal de gens, a priori considérés comme intelligents ou rationnels, la prendre vraiment au sérieux.
Avec des arguments du reste assez ahurissants, dont ils ne semblent pas se rendre compte qu'ils achèvent de discréditer le projet sioniste en même temps qu'eux-mêmes.
Du genre : Atatürk a bien expulsé plus d'un million et demi de Grecs de Smyrne et d'Anatolie sans que cela pose trop de problème (sic). Pourquoi ne pas faire la même chose aujourd'hui (ou plutôt à nouveau) avec les Arabes palestiniens ?
Est-il vraiment nécessaire de leur rappeler qu'en 1922 Atatürk avait infligé une défaite militaire cuisante à l'armée grecque, ainsi qu'aux troupes britanniques et françaises présentes dans la région, et que l'expulsion des Grecs de Turquie fut accompagnée d'une expulsion réciproque des populations musulmanes de Grèce en direction de la Turquie ?
On ne sache pas ni que le Hamas ait été détruit par Tsahal (c'est même tout le contraire, comme Netanyahou lui-même a été obligé de le reconnaître) ni que le rapatriement des colons juifs de Cisjordanie ou de Jérusalem Est vers Israël fasse partie du programme des réjouissances.
Ce qui est confondant, en fait, avec la plupart des partisans d'Israël, ce n'est pas tellement leur parti pris (tout le monde en a ; moi aussi), mais surtout le peu de cas qu'il font du sens commun.
Même quelqu'un d'assez peu subtil ou informé verrait tout de suite, a fortiori s'il regarde les images de la conférence de presse sur la Toile, que Trump se fout gaillardement de la gueule de Bibi, lequel paraît d'autant plus estomaqué, au fur et à mesure que parle Trump, qu'il n'était visiblement pas du tout au courant de la sortie baroque du président.
Car en bon ruffian qui est aussi un assez piètre tacticien, Netanyahou lui a tout de suite compris que Trump le roulait dans la farine.
Ne serait-ce que parce que sa proposition burlesque à la fois achève de désolidariser les alliés arabes de l'Amérique de l'État juif, et surtout empêche de facto une improbable future occupation militaire de Gaza par Israël.
Bien sûr, une fois retourné à Tel-Aviv, le mauvais bougre, qui avait cru pouvoir revenir en vainqueur en dépit des échanges de prisonniers auxquels il avait déjà dû consentir, a essayé de rattraper le coup, mais c'était trop tard.
Israël n'est plus qu'un protectorat inutile de la puissance américaine en déclin, à peine moins encombrant que la Pologne ou les pays baltes, et au Levant comme ailleurs quand George Dandin a compris qu'il est devenu le prisonnier du mauvais mariage que par présomption il avait cru pouvoir exploiter, il n'a plus que l'expression de sa colère ou de sa confusion pour tenter de se consoler.

6 février 2025

LE SORTILEGE DE LA DAME PIPI EN VESTE VERTE

Gabriel Nerciat

- 6/2/2025 - Au début, cela m'a paru très étrange, et j'ai d'abord pensé à une illusion saugrenue perversement entretenue par le hasard.
Mais aujourd'hui, je suis bien obligé de constater que c'est réel.
Depuis quelques semaines, dès que je vois Marine Tondelier quelque part ou que j'entends le son de sa voix à la radio, j'ai automatiquement envie de pisser.
Je ne sais pas pourquoi, mais la scansion exaspérante de ses phrases ainsi que l'intonation aigrelette qui sourd de ses cordes vocales agissent avec la rapidité de la foudre sur ma vessie.
L'autre jour, en allant faire des courses non loin de chez moi, je suis tombé sur elle dans une émission de France Inter, et j'ai dû filer au tabac du coin avec la vélocité d'un nouveau Mimoun pour éviter d'uriner dans ma culotte avant de devoir commander au comptoir un café serré (qui m'a donné encore plus envie de pisser).
Hier, rebelote : elle était l'invitée d'une émission de débat sur BFM-TV, et pendant la bonne demi-heure durant laquelle elle pérorait de façon inconsidérée face au machinal Maxime Switek, j'ai dû aller au moins trois ou quatre fois me soulager aux toilettes.
Dès qu'elle est partie pour céder la place, je crois, à Laure Lavalette, députée RN de Toulon, c'était fini. J'ai beau eu me désaltérer jusqu'à plus soif, je n'ai plus pissé une seule fois avant que le sommeil vienne me cueillir.
Heureusement, d'ailleurs, que pendant la nuit je n'ai pas rêvé d'elle ; je n'ose imaginer ce qui se serait produit.
Je viens de lire à l'instant, sur un fil FB, qu'un professeur de philosophie aimait à prétendre que philosopher, c'était rendre raison.
Ma foi, je ne suis pas vraiment philosophe, même si j'ai fait jadis à la Sorbonne trois ans d'études de philosophie, mais je n'arrive pas à rendre raison de cette causalité baroque.
Pourquoi donc cette élue écologiste parfaitement inepte est-elle capable d'interférer à distance avec les sécrétions intimes de mon corps ?
Franchement, j'aimerais bien le savoir.
Est-ce que cette insupportable et funeste dame pipi, pour qui je n'ai jamais voté et qui est entrée dans ma vie avec les récentes mésaventures du NFP, va darder sur moi éternellement ce sortilège des plus handicapants ?
Je l'ignore.
En attendant, il faut laisser tomber les eaux, comme disait un personnage féminin de Montherlant.
Réchauffement climatique ou pas, c'est encore ce que la nature (la mienne ou celle que l'on voit à l'œuvre dans le monde) fait de mieux.

4 février 2025

UNE HYPOTHÈSE ICONOCLASTE

Gabriel Nerciat

- 4/2/2025 - Les débuts pétaradants mais aussi tonitruants et quelque peu brouillons ou contradictoires de la seconde présidence Trump ne laissent pas de fasciner, tout en entretenant chez le spectateur impartial une certaine perplexité.
Comme je l'ai déjà écrit, il est beaucoup trop tôt pour savoir avec précision ce que Trump va faire sur pas mal de sujets décisifs, mais au vu de ce qu'il a dit ou mis en oeuvre ces derniers jours (taxes protectionnistes contre la Chine et l'UE ; bras de fer gagnants initiés avec Trudeau, Netanyahou, la présidente du Mexique ou le chef d'État colombien ; menaces de plus en plus agressives à l'encontre de l'Ukraine de Zelensky qu'il envisage de piller comme une vulgaire colonie à pressurer et à vendre), une hypothèse me semble digne d'être émise, dans la continuité du précédent statut que j'ai publié ici sur le même sujet en faisant référence à la doctrine Monroe et à l'admiration que l'ancien homme d'affaires new-yorkais a toujours manifestée à l'endroit du président McKinley.
Peut-être sommes-nous arrivés au seuil d'un moment décisif dans l'histoire de la mondialisation, où une partie des dirigeants du monde occidental – chefs d'État nationaux-populistes ou ploutocrates milliardaires texans et européens – ne jugent plus pertinent de maintenir le libre-échange des marchandises à un niveau global (non plus que le système de sécurité collective jusqu'alors associé à l'idéologie multilatérale) car le prix à payer pour la souveraineté des nations, le maintien des équilibres sociaux et la légitimité des régimes politiques parlementaires hérités du XIXe siècle devient chaque année de plus en plus exorbitant.
Il est temps surtout de se souvenir que la libre circulation des capitaux ne répond pas aux mêmes règles que la libre circulation des marchandises, des hommes et des services.
Autrement dit, une nation avec un fort potentiel technologique et élitaire peut très bien décider de taxer ses importations pour contraindre un nombre croissant d'entreprises à venir produire sur son sol, afin de maintenir le niveau de vie de sa classe moyenne et redresser son commerce extérieur, tout en continuant à permettre l'investissement massif de capitaux étrangers (notamment chinois ou européens) dans son économie nationale.
Contrairement à ce qu'une vulgate néo-libérale mais aussi vieille Nouvelle Gauche rocardienne a longtemps prétendu en se réclamant des concepts approximatifs de Karl Popper, les enjeux économiques ne se réduisent pas à une alternative binaire entre partisans de la société ouverte et apôtres de la société fermée.
Et les frontières ne sont pas faites pour les chiens ou pour les oiseaux – mais bien pour les hommes.
Les foucades protectionnistes de Trump, la guerre de Poutine en Ukraine et les audaces mesurées de la nouvelle puissance chinoise, en dépit des apparences, annoncent peut-être ce retour aux grands équilibres mondiaux, semblables à l'organisation du système solaire à quoi Joseph de Maistre comparait le concert classique des nations à la veille du Congrès de Vienne.
La planète ne peut pas durablement marcher d'un même pas, et l'empire américain est trop fatigué aujourd'hui pour continuer à imposer sa tutelle inefficace de Dublin à Okinawa en passant par Varsovie, Le Caire et Taïwan (le vice-président J.D. Vance a rappelé pertinemment la semaine dernière que les États-Unis n'avaient pas gagné une seule guerre depuis cinquante ans).
En revanche, les investissements croisés de capitaux eux n'ont aucune raison de cesser : les nouvelles puissances financières de l'Asie et du Golfe ont tout intérêt à investir à la bourse de New-York et les ploutocrates de la tech ou de l'ingénierie spatiale n'ont aucune raison de bouder leurs apports en capitaux (c'est peut-être aussi ce que signifiait la mise en garde du ploutocrate français Bernard Arnault à François Bayrou, qui a tant ému le marigot socialiste ces derniers jours).
L'alliance de Trump et de Musk – cette synarchie ploutocratique et populiste, qui est en train de voler le pouvoir aux oligarchies bureaucratiques de l'État profond – annonce peut-être à la fois la troisième mort de Marx et la seconde défaite du libéralisme classique (la première a eu lieu entre 1914 et 1929).
Bref, gauchistes syndiqués et droitards orléanistes ou européistes cocufiés en même temps.
Ah oui, que Dieu bénisse l'Amérique, vraiment !
P-S : Cette fois, on ne viendra pas me dire que je suis anti-américain...

2 février 2025

UNE BIZARRE SAUCE BÉARNAISE USAGÉE

Gabriel Nerciat

- 2/2/2025 - Ne comprends plus grand chose à l'actualité politique, si tant est qu'elle soit compréhensible.
Pourquoi donc Bayrou entreprend-il, comme Barnier avant lui, de soumettre le vote du budget à l'adoption de l'article 49.3 ?
C'est la meilleure façon de se planter, sauf s'il a vraiment conclu un accord en béton armé avec le PS (ce qui ne semble pas être le cas).
Dans un vote simple, les députés RN et PS pourraient peut-être s'abstenir, en invoquant la nécessité de boucler le budget (ou tout autre argument imitant le réflexe de la prudence).
Mais avec un 49.3, l'abstention n'est pas de mise. Les députés doivent voter pour ou contre la motion de censure qui en découle automatiquement.
Si le RN vote contre, surtout après s'être abstenu lors du premier vote, il devient le soutien officiel d'un gouvernement auquel il ne participe pas, et perd son statut de premier parti d'opposition parlementaire sans rien gagner de concret en échange (à part des débats interminables et stériles sur la submersion).
Tous les plumitifs appointés qui parlent de besoin de stabilité machin chose et autres billevesées ne peuvent faire oublier ces principes de base qui valent pour presque tous les régimes parlementaires.
Non seulement la classe politico-médiatique est devenue aussi pathétique que ce notable démocrate-chrétien béarnais hors d'âge toujours prêt à offrir ses services à une gauche européiste agonisante, mais de plus elle ne semble même pas comprendre qu'avec l'élection de Trump et les taxes protectionnistes qu'il va bientôt imposer à l'Europe (et donc aussi à la France percluse de dettes et paralysée par un chef d'État irresponsable), les vieilles ficelles d'arrière-boutique des années 1990 ne peuvent plus rafistoler grand chose.
À moins bien sûr qu'un détail ne m'échappe.
Mais j'aimerais bien savoir lequel.

29 janvier 2025

CONSIDÉRATIONS SULFUREUSES AUTOUR D'UN BIDE

Gabriel Nerciat

 - 28/1/2025 - Henry de Montherlant, dans ses carnets de 1926, notait que le dixième anniversaire de Verdun avait fait un bide (son premier succès littéraire était consacré à la mémoire des morts de l'ossuaire de Douaumont, et il en était aussi peiné que peu surpris).
Aujourd'hui, en 2025, c'est Auschwitz qui fait un bide.
Si l'on compare avec les commémorations qui eurent lieu en 2005, du vivant de Simone Veil et d'Elie Wiesel, dont j'ai gardé un souvenir aussi exact qu'affligé, c'est vraiment le jour et la nuit (sans mauvais jeu de mots).
Cela n'intéresse plus personne, et même les derniers témoignages des ultimes rescapés de l'Holocauste sont accueillis au mieux avec une indifférence polie. Les pontes de l'audiovisuel les diffusent d'ailleurs en fin de soirée, vers 23 heures, sur des chaînes d'État que personne ne regarde, même au cœur de la nuit.
On se croirait revenu au documentaire de Bertrand Blier de 1963, où les jeunes boomers des Trente Glorieuses affirmaient crânement devant sa caméra : "Hitler, connais pas !".
Nous, évidemment, on connaît : François Mitterrand après 1983 a fait en sorte que son fantôme devienne obsédant, mais les fantômes c'est comme tout. Quand ils hantent un lieu trop longtemps, ils finissent par faire partie des meubles, et on cesse de penser à eux ou d'en avoir vraiment peur.
Les droitards en accusent Mélenchon et l'extrême-gauche, de façon aussi piteuse et pavlovienne que les gauchistes accusaient Jean-Marie Le Pen de ressusciter le nazisme il y a trente ans. Mais il est évident que la vraie raison n'est pas là.
Simplement, les passions idéologiques du siècle précédent ne ressemblent pas à celles qui affolent ou bousculent le monde d'aujourd'hui. Le génocide hitlérien, c'est comme la peste bubonique ou l'élimination des Templiers : cela appartient plus à la section des horreurs du musée Grévin qu'à notre conscience du présent ou nos craintes du futur.
Même ceux qui ont voulu, cyniquement ou sincèrement, comparer les meurtres du 7 octobre aux camps de la mort en ont été pour leurs frais. Un type qui parle d'islamo-fascisme ou de nazislamisme se ridiculise dans la minute, même sur C-News.
D'ailleurs, les belles âmes progressistes qui feraient mine de s'en lamenter n'ont finalement que ce qu'elles méritent. Il y a de cela quelques mois, j'ai entendu une fille de 20 ans, beaucoup moins insolente que celles qu'on voit dans le documentaire de Blier, lancer à un journaliste de trois décennies son aîné : "Le monde dans trente ans va devenir une fournaise, et vous me parlez des massacres d'il y a un siècle ? En quoi est-ce que ça doit nous intéresser ?".
Eh oui, ma pauvre Elvire : on ne peut pas mobiliser deux apocalypses en même temps pour continuer à faire son beurre idéologique. Le Mal absolu ne souffre pas la concurrence ou le dédoublement, et tend nécessairement au monopole.
Mais à toute chose malheur est bon, comme on dit.
Tant que la Shoah - le concept inventé par Claude Lanzmann, bien plus que la réalité historique qu'il décrit - hantait l'essentiel des consciences européennes, une sorte d'anesthésie collective et mentale recouvrait le corps des nations de l'ouest du continent.
Tout ce qui évoquait la moindre dimension identitaire propre aux nations européennes, la plus petite évocation organique ou charnelle des peuples sédentarisés du Vieux Continent, se voyait relégué dans le vestibule funèbre qui mène aux chambres à gaz.
Je me trompe peut-être, mais il me semble que ce temps est fini, ou est en train d'agoniser. Et c'est heureux.
Car à la fin d'une anesthésie, il n'y a que deux solutions : on se réveille et on vit, ou bien alors on meurt. Pour de bon.

26 janvier 2025

MONROE ET MCKINLEY, LE RETOUR

Gabriel Nerciat

- 25/1/2025 - Assez étrange, de lire dans la presse française les commentaires divers et variés sur la victoire de Trump et sa cérémonie d'investiture.
À croire que tout le monde, même certains de ses partisans, font des efforts considérables pour ne pas entendre ce qu'il dit et ne pas voir ce qu'il fait (ou, à tout le moins, ce qu'il envisage de faire).
La première chose qui devrait marquer, et sidérer tout le monde, est qu'il ne parle absolument pas à ses alliés, sinon pour les menacer sans vraiment juger utile de prendre des gants (Danemark-Groenland, Canada-Trudeau, Allemagne-déficit commercial, etc.).
Mais pas un mot sur l'Ukraine ou sur Taïwan, les deux vassaux les plus cruciaux et les plus exposés du moment, dont on a appris le lendemain des cérémonies du Capitole que leurs dotations annuelles respectives étaient suspendues pour trois mois.
Sur Israël, c'est presque pire : il ne parle que des otages qu'il veut voir libérer (aux conditions du Hamas, j'en ai déjà parlé et n'y reviens pas), tout en précisant de façon tonitruante que ses otages à lui, ceux qui le préoccupent vraiment, ce sont les anciens insurgés du Capitole – qu'il a graciés. Même Jean-Marie Le Pen n'aurait peut-être pas osé la comparaison ; et d'ailleurs on sentait, le soir de la cérémonie, que certains invités réguliers de C-News et de BFM-TV avaient un peu de mal à déglutir.
Quant à ses ennemis, ou ceux qui sont supposés l'être, de Poutine aux ayatollahs iraniens en passant par Xi et Kim, ils sont à peine mentionnés, mais, quand c'est le cas, de façon plutôt courtoise.
Ainsi Trump nous a-t-il appris officiellement (mais négligemment), entre deux signatures dans le bureau ovale, que la Corée du Nord de son ami Kim était bel et bien devenue une puissance nucléaire.
Ah fichtre ! Le bon Bruno Tertrais et son compère François Heisbourg ont dû aller prendre un bain très chaud ce soir-là, dont vraisemblablement ils ne sont toujours pas sortis.
L'Europe, elle, n'est même pas citée, non plus que la Turquie, le Japon ou les monarchies wahhabites du Golfe (la gueule du gendre en disgrâce Jared Kushner était aussi rigolote à voir que les gloussements de dinde et les dents blanches monumentales de son affligeante épouse).
Bref, le message selon moi est assez clair, et conforme finalement à ce que Trump a toujours dit : les États-Unis à ses yeux ne doivent défendre que leurs seuls intérêts nationaux qui sont d'abord panaméricains et régionaux (c'est le grand retour de la doctrine Monroe, qu'avaient répudiée Teddy Roosevelt puis son cousin Franklin après l'assassinat de William McKinley, le président américain protectionniste et hispanophobe dont j'avais lu quelque part en 2017 qu'il était le préféré de Trump), ne pas se préoccuper des systèmes d'alliance nuisibles ou ruineux hérités du XXe siècle qui pourraient les parasiter ou les contredire, et surtout ne pas chercher à se poser comme les garants institutionnels d'une quelconque idéologie à prétention messianique ou universaliste qui, loin de garantir la paix, ne fait qu'attiser et additionner les guerres punitives et les défaites honteuses (c'est ce que signifie le terme "isolationnisme", que beaucoup de Français ont du mal à comprendre car ils le confondent avec une sorte de neutralité provinciale à la suisse, sans savoir qu'il s'oppose, dans l'histoire de l'Amérique, à l'impérialisme idéaliste et/ou cynique d'un Wilson ou d'un Bush fils).
Or, en Europe, on fait comme si tout cela n'existait pas.
Notre bedeau béarnais et notre Banquier Président en pré-retraite amusent la galerie en faisant la leçon à Elon Musk et en appelant comme toujours à "plus d'Europe" pour sauver les derniers meubles en ruine de la démocratie globale et du système onusien multilatéral cher à Grand-Papa.
Mais l'Europe, comme les autres esclaves volontaires de l'Oncle Sam, ne comprend pas qu'elle n'a désormais plus le choix qu'entre se prendre enfin en main en élaborant sa propre doctrine Monroe (ce que l'UE supranationale et libre-échangiste fera tout pour empêcher) ou bien se vendre par appartements, faute de mieux, au parti communiste chinois devenu le premier client de l'Allemagne (ce que les lavettes dépitées et hystériques de l'euro-atlantisme néo-con accusent sans rire la Russie de faire).
Trump n'est qu'un pitre mégalomane, disent ses détracteurs.
Peut-être, du moins l'avenir le dira ; mais c'est chez nous que, cette fois, pour de bon, la comédie est en train de tourner court.

22 janvier 2025

Gabriel Nerciat

UNE DESTINÉE MANIFESTE

Je suis l'Oint du Seigneur, et ma paix vous sera plus dure, beaucoup plus cruelle que les guerres sanglantes et perdues de vos anciens maîtres.
Amen.

6 janvier 2025

PAS D'ANNIVERSAIRE POUR CHARLIE

Gabriel Nerciat

- 6/1/2025 - La seule façon digne, je crois, et en tout cas signifiante, de "fêter" le dixième anniversaire des attentats de Charlie Hebdo eût été, pour le gouvernement français, d'obtenir d'Alger la libération de Boualem Sansal, ou d'initier publiquement l'épreuve de force diplomatique susceptible de l'obtenir.
L'auteur de 2084 étant aujourd'hui persécuté, menacé de mort et détesté de tout ce que les universités et les rédactions occidentales comptent d'islamo-gauchistes à peu près pour les mêmes raisons qui ont mené Charb, Cabu, Bernard Maris et leurs collègues à l'exécution sommaire du triste mois de janvier 2015.
Mais on sait très bien que cela n'arrivera pas.
D'abord parce que trop d'intérêts économiques et diplomatiques sont en jeu, et ensuite parce que personne, dans les classes dirigeantes ou en mesure d'influencer l'opinion, n'a vraiment envie de déclencher une guerre idéologique ou de religion avec les millions de musulmans, en France et dans toutes les nations mahométanes du globe, qui peuvent se sentir personnellement outragés par des écrits ou des dessins irrévérencieux envers le Prophète arabe médiéval qui initia la doctrine et la lettre de la tradition religieuse islamique.
Surtout à l'heure où les ministres des Affaires étrangères français et allemand s'empressent d'aller baiser les babouches du nouveau pouvoir islamiste établi à Damas (au nom de la démocratie et du rejet de la tyrannie, bien sûr).
Dix ans plus tard, nous savons que Charlie a été vaincu au moins autant par la force idéologique inhérente à la mondialisation (j'ai expliqué ici plusieurs fois les raisons pour lesquelles l'unification commerciale, financière, culturelle et juridique du monde ne peut pas se faire sans ou contre l'islam) que par la violence criminogène des fanatiques salafistes de l'EI.
Donc, les amis, que vous soyez laïcards, francs-maçons irréguliers, islamophobes, paléo-jacobins ou sionistes, pas la peine aujourd'hui ou demain de venir nous jouer de la trompette. Vous avez perdu la partie, définitivement, et vous n'y pouvez plus rien.
Même Mélenchon, qui prononça l'oraison funèbre de son ami Charb le jour de ses obsèques, est passé du côté des Frères musulmans, et l'affreux Robert Ménard, qui demande désormais pardon pour avoir affiché les caricatures de Charlie au centre de sa bonne ville de Béziers, en ont marre, du droit au blasphème et des provocations enfantines des anciens bouffeurs de curé anarchistes maintenus dans le formol post-68.
Pareillement ni la tapageuse Rachida Dati, rue de Valois, ni l'illustre maison de Molière, place du Palais-Royal, n'entreprendront de monter pour l'occasion des représentations à hauts risques du Mahomet de Voltaire.
Et puis, dois-je le dire, moi aussi en fait, j'en ai un peu marre.
Même si je n'ai jamais fait mien le slogan racoleur inventé dans l'urgence par le graphiste et publicitaire Joachim Roncin, je trouvais jusqu'alors légitime que dans un pays de tradition chrétienne et de moeurs laïques on puisse se montrer librement irrespectueux ou hostile envers tel ou tel aspect de la religion musulmane.
Mais aujourd'hui, je renâcle. Pour deux raisons.
La première est que n'est pas Voltaire, Rabelais ou Marcel Aymé qui veut. Les caricatures de Cabu et des autres étaient quand même bien trop médiocres et vulgaires pour justifier l'accumulation de tant de cadavres.
La seconde, qui est la plus importante, consiste à reconnaître qu'il y a trop de facile complaisance à profaner ou ridiculiser le sacré des autres traditions quand soi-même on n'a rien d'autre à revendre qu'un sacré de contrebande, auquel nos élites libérales ou gauchistes ne se donnent même plus la peine de croire elles-mêmes.
"La modernité – entendue par l'alliance de la sécularisation et de l'autonomie individuelle – est une proposition que personne ne peut plus refuser", disait il y a quarante ans Marcel Gauchet, en forçant la lettre des derniers livres de Max Weber.
Aujourd'hui, on sait que de plus en plus de gens refusent la proposition moderne élaborée depuis trois siècles en Occident, et qu'ils seront portés à la refuser encore pour très longtemps.
Donc le combat a cessé, au moins temporairement, faute de combattants. Si vous en doutez, allez demander à la soeur de Samuel Paty ce qu'elle en pense.
Et puis surtout, ne me dites pas que je me trompe, ou que j'abdique quoi que ce soit. Il n'y a même pas eu une seule manifestation de masse pour défendre la liberté de Boualem Sansal, alors que son nom a été publiquement diffamé sur une chaîne de la télévision d'État.
Dommage malgré tout que les pauvres pitres foudroyés de Charlie Hebdo, comme plusieurs d'entre nous, n'aient pu anticiper l'avenir du monde dans lequel ils n'ont pas été en mesure d'entrer.