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22 février 2025

Alexandre Jardin et Daniel Guichard lancent une opération nationale contre les ZFE

Cliquer sur l'image (vidéo de 36min 28s) ↴

16 janvier 2025

Vincent Verschoore
15/1/2025

"Selon les données publiées par la Banque de France le 14 janvier, 134 803 dossiers de surendettement ont été déposés en 2024, soit une augmentation de 10,8 % par rapport à 2023. Cette progression fait suite à une première hausse de 8 % l’année précédente, témoignant d’une tendance inquiétante.
Pour Hélène Tanguy, directrice des services aux particuliers de la Banque de France, cette hausse s’explique par un « effet retardé de l’inflation » . Elle précise que les difficultés financières ayant conduit au dépôt de dossiers remontent souvent à un ou deux ans en arrière."
Résultat normal des politiques de racket énergétique, et comme si cela ne suffisait pas, les escrologistes en remettent une couche avec les ZFE, obligeant la même population à jeter ses anciennes voitures (qui passent néanmoins le CT),zfe au profit des bobos roulant en SUV, berlines et Tesla récents... La bouffonnerie est totale.


10 janvier 2025

DPE, ZFE : la lutte contre les gueux s’intensifie

H16

- 10/1/2025 - Dans la lutte contre la pauvreté, les politiciens français ont tout compris et le 1er janvier 2025 est à marquer d’une pierre blanche : avec la mise en application des restrictions actives et sanctionnées pour le DPE et les ZFE, la France entre dans une nouvelle ère de bonheur sucré où les pauvres seront consciencieusement pourchassés.


DPE, ZFE, quelles nouvelles réjouissances se cachent derrières ces acronymes parfaitement dignes de l’ENA ?

Le Diagnostic de Pauvreté par l’Écologie

Déjà évoqué dans ces colonnes, le DPE est cette contrainte administrative imposée aux logements permettant de relier de façon grotesque des objectifs écologiques parfaitement ridicules avec des contraintes énergétiques sorties d’un chapeau : adopté en 2021, ce diagnostic effectué sur un logement vise à déterminer s’il est thermiquement conforme à la doxa (le DPE vaut alors « A ») ou s’il est responsable d’un génocide d’ours polaires (et il est alors déclaré « G »).


Or, depuis le 1er Janvier dernier, les logements déclarés G sont désormais interdits à la location ce qui provoque inévitablement de fortes tensions sur le marché immobilier de certaines villes qui n’en avait guère besoin, et ce, même si tout le monde comprend (confusément) qu’une telle interdiction va être très compliquée à faire respecter.

Nos législateurs imaginaient officiellement que ce diagnostic pousserait les propriétaires à améliorer l’isolation de leurs logements. Officieusement, les boboïdes comprenaient assez bien que les moins aisés, incapables de faire les travaux correspondants, finiraient par renoncer à louer, faisant ainsi fuir les gueux hors des villes.

Bien évidemment, les choses prennent une tournure vinaigrée à mesure qu’on découvre l’ampleur réelle des effets de bords, surtout lorsqu’on se rend compte que le diagnostic est une vaste blague qui se transforme en véritable arnaque, le DPE étant devenu un argument commercial : le marché s’est adapté avec, outre des DPE purement bidon et des DPE « de complaisance » (une fraude estimée à 21 milliards d’euros tout de même), des notes enjolivées qui permettent à un logement de passer à une meilleure catégorie au-dessus. Concrètement, cela se traduit par des pics de DPE aux frontières entre deux lettres comme on peut le voir sur le joli graphique suivant :


S’il y a bousculade à la frontière C/D puis D/E puis E/F, c’est que tout le monde comprend l’importance d’avoir plutôt un C qu’un D, un D qu’un E, etc. Et le marché s’adapte. Autrement dit, ces lettres n’ont plus réellement de valeur ; par exemple, 19% des biens classés F passent artificiellement à la lettre E, 6% des E sont surclassés en D. Cela se traduit bien sûr par un meilleur prix de vente (entre 8 et 10% plus élevé).

En somme, cela ne permet plus vraiment de mesurer l’isolation d’un logement, et l’obligation d’État s’est transformée en fardeau supplémentaire entre vendeur et acheteur qui se retrouvent à sinon mentir au moins bidouiller la réalité pour s’en sortir. Ce n’est qu’une contrainte de plus qui vient gripper davantage le marché de l’immobilier, déjà pas trop fluide.

Au passage, notons que le fait de rénover ne change rien à la facture : an Allemagne, malgré des milliards investis dans la rénovation énergétique des bâtiments depuis une décennie, la consommation énergétique du logement est restée stable. Échec économique, échec écologique, une réussite socialiste typique. Bonus du socialisme et des contraintes autoritaires : non seulement la baisse des dépenses de chauffage ne compense pas le coût des travaux, mais les rénovations agissent souvent comme un facteur d’augmentation des loyers.


Rassurez-vous : cette lutte (contre-productive et surtout ratée) contre les pauvres ne s’arrête pas là puisqu’en parallèle, le 1er janvier est aussi l’occasion pour les ZFE de passer à l’étape suivante, celle des interdictions.

Les Zones de Féroce Élimination

Là encore issues d’une loi de 2021 (année riche en âneries écolodestructives), ces « zones à faibles émissions » sont officiellement destinées à lutter contre un faux problème (celui d’un air pas assez pur dans les agglomérations) par le truchement d’une solution absurde (empêcher la circulation de certains types de motorisations) sous couvert d’écologie, de santé et de lutte contre le génocide d’ours polaires.

Officieusement, il s’agit là encore de virer des grandes agglomérations le plus grand nombre possible de véhicules, ceux qui ne sont pas capables d’atteindre le « crit’air 2 » donc notamment les plus anciens qui sont ceux qui font certes un peu plus de bruit et de fumée mais qui, c’est pratique, sont généralement conduits par des gueux. La coïncidence n’est pas fortuite et représente, c’est génial pour les promoteurs de cette idée, jusqu’à 30% des véhicules d’une zone considérée.

Bien évidemment, les arguments initiaux (lutter contre la méchante pollution) sont aussi bidon que sont veules les motifs cachés des écolos derrière cette interdiction : comme le mentionne cet article bien renseigné, la pollution n’arrête pas de diminuer depuis des décennies dans les agglomérations sans ces ZFE grotesques, et ces dernières gesticulations n’améliorent en rien les tendances.

Il ne s’agit ici que de bouter le pauvre hors de la ville et d’user pour cela de moyens aussi vexatoires que possibles.

D’ailleurs, le peuple ne s’y est pas trompé lorsqu’on lui a effectivement demandé son avis, ce qui fut fait en 2023 par le Sénat : après une participation record (plus de 50.000 réponses complètes sur le site), 86% des particuliers et 79% des professionnels interrogés se sont opposés à la mise en œuvre des ZFE, notamment à cause des coûts prohibitifs des véhicules jugés « propres » (et pour cause, ils sont réservés à l’élite pas cracra).

En outre, la consultation a mis en lumière les risques d’exclusion sociale et de creusement des inégalités, notamment pour ceux résidant en périphérie des agglomérations ou dans les zones rurales, où l’accès à des alternatives à la voiture est limité.

C’est logique, puisqu’il s’agit de l’objectif recherché. Et l’avis du peuple fut donc consciencieusement bafoué, comme il se doit en République du Bisounoursland.


On le comprend : cette année 2025 marque en Europe – et en France tout particulièrement – un véritable tournant puisque la guerre contre les pauvres et le petit peuple passe d’un stade larvé et un bruit de fond permanent à une guerre ouverte dans un tintamarre rugissant des rires sadiques de ceux qui se croient l’élite et ne voient pas arriver l’effondrement.

Car oui, si la France était en pleine croissance, si de gros bouillons de richesses se déversaient sur le pays, si les classes moyennes et modestes gagnaient chaque jour du pouvoir d’achat et des capacités d’investissement, il va de soi que DPE et ZFE ne seraient qu’une vaste blague dont les contraintes seraient rapidement résolues : il n’y a aucun souci à imposer des voitures « ultra-propres » et des logements « ultra-écolos » à une population qui s’enrichit et dont l’avenir est florissant.

Dans une France qui s’avachit, qui s’enfonce dans la pauvreté et le déclassement, ZFE et DPE ne peuvent aboutir qu’à une accélération de la misère : à présent, pour y vivre, il faut réussir le paradoxe d’avoir une maison rénovée et isolée de fond en comble avec une chaudière neuve hors de prix et une voiture électrique à 40.000 euros minimum, tout en gagnant un SMIC par mois.

Bon courage dans cette France où ZFE et DPE permettront d’avoir des centres villes pleins de riches boboïdes et de migrants effervescents (dont une part croissante sous OQTF non appliquée). Gageons que leur cohabitation va devenir de plus en plus intéressante.


https://h16free.com/2025/01/10/79763-dpe-zfe-la-lutte-contre-les-gueux-sintensifie

20 décembre 2023

Un Noël écolo-pauvre pour le peuple mais carbo-riche pour les dirigeants !

H16

20/12/2023 - Et voilà, ça y est, l’habituelle propagande de fin d’année est de retour : à en croire le déferlement d’articulets d’une presse résolument écolo-branchouille, il faut absolument faire un effort pour que ce Noël soit davantage vert !

Car tout le monde sait que ce qui compte pendant ces périodes de fêtes, ce n’est pas de passer des moments essentiels et agréables en famille ou avec des amis, ce n’est pas de partager des repas, quelques cadeaux ou des marques d’affection, non ! Ce qui compte, c’est d’avoir un sapin qui ne pollue pas, des animaux de compagnie éco-contraints et un repas de fête à la facture carbone millimétrée, pardi.


Ainsi, les décodeurs du Monde, égaux à eux-mêmes (c’est-à-dire à zéro) s’empressent de préciser tout cela dans un palpitant récapitulatif de l’empreinte carbone de vos cadeaux, de vos déplacements et de vos repas.

Cela respire la joie de vivre et l’humanisme jovial d’une queue devant une boulangerie en Union soviétique.

Le fait que des “chercheurs”, des “scientifiques” (et plus probablement, des ronds-de-cuir militants) aient passé du temps à élaborer la délirante infographie correspondante et les calculs permettant vaguement d’étayer leurs délires ne semble étonner personne ni à la rédaction de l’épave journalistique qu’est devenu Le Monde, ni même dans le lectorat qui semble gober ce genre d’âneries avec une gourmandise dont on devrait calculer aussi l’empreinte carbone, tiens. Pour les gens normaux, il y a véritablement quelque chose de pathologique ou au moins de maniaque dans ces Gaïatollah qui, une calculette à la main et comme Anubis pesant le cœur des hommes, s’empressent de méticuleusement compter les petits prouts carbones de chaque aspect de nos vies pour en déterminer la rectitude et, le cas échéant, la sanction qu’il conviendrait d’appliquer.

Dans d’autres publications pour âmes perdues, on tente l’explication détaillée sur les raisons qui doivent absolument vous pousser à faire ces efforts et, si possible, vous procurer faux-gras, sapin véritable mais garanti recyclable et décorations moches mais écocompatibles, nourriture bio-végan-gluten-free et issue de filières responsables en biodynamie avec un goût de carton terriblement tendance (oubliez le champagne, il est devenu inabordable de toute façon), tout y est pour joyeusement ruiner vos fêtes.

Même le gouvernement se lance dans ce genre de pignouferies, le dequoijmenmêlisme atteignant des paroxysmes puisque des pages entières de sites internet sont consacrées aux vexations et autres contorsions par lesquelles on se doit de passer afin d’être un bon citoyen syntonisé avec mère-Nature. Au passage on ne s’étonnera même pas que ce gouvernement fasse ainsi de la publicité pour des labels “écovertueux” privés ; pourquoi se gêner quand le lobbyisme des uns devient les voix électorales des autres ?

Cependant, ces affichages vertuels dégoulinants de moraline en barils industriels ne permettent pas de masquer toute l’hypocrisie de nos dirigeants qui, comme à leurs habitudes, s’empressent de lourdement conseiller voire obliger certains comportements tout en s’abstenant pour leur part d’en suivre le moindre précepte. Les recommandations, les obligations et les contraintes écologiques s’entendent assez clairement pour la piétaille et tout le monde sait (et maintenant, tout le monde voit) que cela ne saurait s’appliquer aux ministres, aux secrétaires d’État et autres commis de la République, non mais !

Alors même qu’on nous serine qu’il va falloir faire une croix sur nos déplacements en avion, on se souvient par exemple de Castex qui utilisait celui de la République pour ses petits déplacements personnels.

Notre ancien premier ministre a donc pu goûter à la joie des déplacements rapides, efficaces, ponctuels et surtout payés par le contribuable alors même qu’on nous tympanise avec les empreintes carbones de ces jets… Au passage, on pourra noter le contraste de qualité de ces déplacements avec ceux que le même Castex nous offre depuis qu’il est devenu patron de la RATP.


Depuis, Castex a été remplacé par d’autres, tout aussi inutiles et incompétents, et tout aussi gourmands de ces moyens de déplacement carbo-centrés : c’est sans aucune surprise qu’on note que les ministricules Borne ou Attal continuent sur la lancée de leurs médiocres prédécesseurs et, rejetant l’usage du train ou, mieux encore du vélo de ces cars pourtant mis en place quand leur patron était ministre, ils multiplient les déplacements aériens pour honorer de leur auguste présence le petit peuple de province.

Le pompon est sans doute atteint, avec une décontraction assez naturelle chez les cuistres et les parasites, par l’actuel ministre de l’Écologie et du Lobbying Chinois Pro-Énergies Intermittentes, un certain Béchu, qui a multiplié les vols (six en quatre mois, rien de moins) pour des déplacements en province pour lesquels il était tout à fait possible d’utiliser, là encore, les voiturettes électriques voitures thermiques du ministère à une fraction du coût et de la facture carbone aérienne (l’équivalent des émissions totales d’un Français moyen pendant près de trois ans).


N’oubliez pas que, pendant ce temps, les mêmes aigrefins ministériels et autres parlementaires froufroutants qui se déplacent ainsi gratuitement au frais de la princesse ont le toupet et l’aplomb des clowns de cirque d’envisager sérieusement la mise en place d’un prix plancher sur les déplacements aériens.

Décidément, ce Noël 2023 sera à l’image de ces dernières années en Macronie : il n’y a plus qu’un Deux Poids Deux Mesures évident, une pantomime un peu grotesque destinée à calmer le peuple via quelques éléments de langage jetés en pâture aux scribouillards subventionnés, et, au-delà de ces jetons de présence, la caste de profiteurs ne fait même plus l’effort de prétendre à une vertu démontrable.

Il n’y a plus le moindre doute qu’ils ne croient absolument pas aux âneries qu’ils débitent mécaniquement et qu’ils se foutent ouvertement du peuple.


5 décembre 2023

« La fête »

Gilles Casanova

Depuis le début de la pandémie de Covid la fortune des milliardaires français s’est accrue de plus d’un tiers !
Le Covid est une fête, le Covid est une grande fête, la grande fête des milliardaires, l’argent coule à flot, on n’a jamais commandé autant de yachts, on n’a jamais commandé des yachts aussi grands, aussi chers !
L’industrie du luxe bat des records, plus les prix augmentent, et plus les produits se vendent bien.
Ce qui se produit en France, se produit aussi dans de nombreux pays occidentaux, mais en France c’est un peu particulier.
En monnaie courante, les milliardaires ont gagné plus d’argent depuis l’élection d’Emmanuel Macron qu’entre 1960 et l’élection d’Emmanuel Macron…
La France est chaque année le premier verseur de dividendes au monde, et comme vous l’a expliqué dans son dernier grand discours le télévangéliste de l’Élysée, la France est enviée partout dans le monde, le plus fort taux de croissance, les plus grands succès dans tous les domaines, le bonheur pour ses citoyens.
Il n’y a que quelques dizaines de millions de grincheux qui se tiennent en marge de la table du festin, et pour qui la réalité, c’est la régression dans leur situation sociale pour les classes moyennes, dans leur revenu et leur pouvoir d’achat pour les catégories moins favorisées.
Progressivement, depuis quelques années on voit se séparer, dans un séparatisme assumé, une communauté extrêmement séparatiste, la communauté des plus riches. Son rythme de vie n’a progressivement plus rien de commun avec celui du reste de la société, quand tout va mal pour les uns, tout va bien pour eux, et quand tout va mieux pour les autres, tout va encore mieux pour eux.
La seule difficulté c’est que pour s’enrichir autant, en si peu de temps, il faut bien appauvrir le reste de la société, il y a un effet de vases communicants qu’on le veuille ou non. Le plus grand séparatisme ce n’est pas une religion, le plus grand séparatisme c’est le monde de l’argent !
De plus en plus d’endroits sont interdits à la circulation, et à l’intérieur fleurissent de très belles demeures qui échappent aux risques et aux problèmes qui se multiplient dans la société, la délinquance, les trafics, l’insécurité, là, il n’y en a pas. Des milices privées font régner un ordre impeccable, mais n’essayez pas d’en approcher. Si on a chaque jour de la compassion pour les migrants, et qu’on condamne chaque jour les Français égoïstes de ne pas leur ouvrir leur cœur et leur porte, on ne les accueille cependant pas du tout dans ces endroits là.
Il y a progressivement deux mondes dont celui du haut ignore celui du bas, et qui s’écartent chaque jour un peu plus, celui du haut terrorisant celui du bas pour qu’il ne remarque pas le phénomène. L’OMS nous dit que le variant Omicron n’a tué personne, eh bien les sommets de la société nous disent que c’est une des pires menace que la Terre ait connue !
Le Covid a détruit notre système hospitalier, car tant et tant de gens sont morts à l’hôpital : il y a eu 2% d’occupation des lits des hôpitaux et 5% d’occupation des lits de réanimation qui sont liés au Covid.
Et les mensonges coulent à flots.
La mort par le Covid frappe chaque jour plusieurs dizaines de personnes – pour plus de 80% d’entre elles, déjà très malades –, elles ont en général une moyenne d’âge de 82 ans, il faut avoir peur. 1700 autres personnes meurent chaque jour avec une moyenne d’âge de 79 ans, pourquoi attirer inutilement votre attention là-dessus ? N’en parlons pas.
Réduisons plutôt vos libertés au nom du nouveau variant, au nom d’une nouvelle peur, d’une nouvelle crainte, les attentats islamistes sont partout, la maladie est partout, tout est dangereux, partout, renoncez à votre liberté comme l’a dit le président « c’est si simple » d’avoir la liberté si vous faites exactement ce que je vous dis.
La globalisation néolibérale a une caractéristique, elle rapproche les unes des autres les classes des riches de tous les grands pays, et elle rapproche tout autant les unes des autres, les classes des pauvres de tous les grands pays. Il y a 25 ans aucun milliardaire français ne pouvait soutenir la comparaison avec les milliardaires nord-américains, aujourd’hui nos milliardaires sont dans les tout premiers mondiaux. Il y a 25 ans le nombre de gens vivant à la rue ne ressemblait pas à ce qu’il est aujourd’hui, c’est du même ordre…

23 septembre 2023

MÉPRIS DE CLASSE SOUS LES ORS DE LA RÉPUBLIQUE

Marc Amblard

22/9/2023 - Le festin d’Etat organisé mercredi soir à Versailles et réservé à 160 convives a quelque chose d’à la fois décadent et profondément révoltant.
Que certains privilégiés festoient avec caviar, langoustes et vins à plusieurs centaines d’euros la bouteille ne me choque pas le moins du moins du monde. Bien au contraire. Chacun est libre de consacrer sa fortune personnelle aux plaisirs de son choix.
En revanche, que des personnes mandatées par le contribuable français pour gérer les affaires du pays se goinfrent avec son argent si durement acquis n’est pas acceptable. Cette débauche affichée avec ostentation envoie un message terrible : le mépris de classe. En d’autres termes, le peuple ne vaut rien ou pas grand-chose et l’élite, du fait de sa supériorité présumée, n’a aucun scrupule à détourner l’argent des impôts pour festoyer à grand frais.
Le constat est d’autant plus saisissant que le pays vit à crédit et qu’une proportion importante de la population se prive quotidiennement au point de ne plus pouvoir manger à sa faim. Terrible.
Cette caste « élue », devrait toutefois se méfier : des têtes couronnées sont tombées pour moins que ça.
Ce n'est que mon avis, bien sûr.

22 septembre 2023

C'est pas Versailles, ici !

Lola-Jane Brooks

20 septembre de l'An 3 après Covid, sous le règne de Macron II, les grands de ce monde fêtent la fin de l'abondance.
Désireuse de faire plaisir à Bernard Arnault et d'emmerder Gabriel Attal, Brigitte-Antoinette portait une divine abaya Louis Vuitton. Camilla Parker Bowles était au diapason.
Soucieuse de son prochain, Brigitte-Antoinette eut une pensée pour les gueux du Royaume entre une pince de homard bleu et une lampée de Château Mouton Rothschild 2004 dans un verre en cristal de Baccarat :
"S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche."
Afin d'alourdir le bilan carbone, notons la présence de Mick Jagger et Hugh Grant entre autres, ainsi que celle de Yann Arthus Bertrand, qui avait indiqué lors d'une émission sur France 5 : "Je suis désolé de plomber votre émission, mais si vous mangez de la viande, vous participez à la déforestation du Brésil, tout simplement".
Espérons qu'il a apprécié la volaille de Bresse.
PS : On murmure que François de Rugy n'était pas convié, rapport à son allergie aux crustacés.
Image : Livingstone

16 juin 2023

« Poissonnière » et alors? (ou l’apothéose du mépris)

Maxime Tandonnet


A l’Assemblée nationale, un abruti à cru bon d’insulter une autre parlementaire en la traitant de « poissonnière ». Celle-ci, tout aussi inintelligente, s’en est offusquée, offensée dans sa dignité de grande dame importante d’être traitée de poissonnière. Elle a porté plainte. Et puis le bureau de l’AN s’en est mêlé, sanctionnant le député insulteur. Pour qu’une telle sanction soit prononcée, dès lors que la liberté d’invective règne en principe dans le débat parlementaire, l’injure devait être effroyable.

Ce qui fait le caractère insupportable de l’insulte « poissonnière », c’est qu’elle renvoie à la France populaire. Une poissonnière, c’est supposé, dans l’esprit des gens importants, être moche, criarde, les mains sales et puantes des tripes du poisson. L’image est honteuse pour ces messieurs et dames importants de l’AN aux mains propres (…). L’insulte rappelle les sans dents, les Gaulois réfractaires, ceux qui ne sont rien et ne peuvent même pas se payer un costume, les fainéants, les illettrées etc. L’exemple du mépris vient de haut.

Pourtant, poissonnière est un beau métier, intermédiaire entre le pêcheur et le consommateur, qui contribue à nourrir les Français. Ce métier est à ce titre (au moins) aussi noble et utile que celui de député, ministre ou président de la république. Oui, oui, je vous assure… Qui plus est, par delà la caricature infâmante, il est souvent des poissonnières jolies, jeunes et charmantes comme le prouve cette illustration.

Et puis il faut rappeler une chose aussi : les députés, les ministres et l’occupant de l’Elysée sont payés avec les impôts des poissonniers et des poissonnières parmi d’autres. Dire cela n’est pas populiste : c’est juste la vérité. L’insulte minable et la réaction offusquée tout aussi minable, puis la sanction toujours aussi minable, sont venues de partis qui se disent inspirés par le peuple. De fait, c’est toute une conception de la politique qui est gangrenée par le mépris au-delà les frontières partisanes et les catégories (législatif, exécutif, etc.). Ce mépris de classe, du puissant dans ses palais dorés pour la France populaire, cette arrogance des gens prétendument d’en haut qui se croient intelligents et importants et donc autorisés à insulter les métiers de la France populaire, nous ne finissons pas d’en crever.

3 juin 2023

Denis Collin

Beaucoup de « conservateurs » ne le sont que dans le but de conserver le privilège des classes dominantes et voient dans les revendications des opprimés la marque du ressentiment : les bourgeois voient du ressentiment dans tout ce qui menace leur confort et leurs privilèges. Ils sont si sûrs d’eux qu’ils pensent que tout le monde les envie ! Le seul conservatisme qui vaille est celui qui conserve la vie et les acquis de la civilisation. Qu’ils aillent dans la tombe avec leurs jets privés, leurs montres de luxe. Grand bien leur fasse : ils seront aussi morts que les gueux. Mais qu’ils cessent de saccager la culture et ce qui fait le lien social.

14 mars 2023

Caste privilégiée contre gueux

Jonathan Sturel

Ce matin, le philosophe André Comte-Sponville, 71 ans et donc déjà bénéficiaire d'une retraite d'ailleurs bien dodue, donne son avis sur la réforme des retraites et sur ceux qui s'y opposent notamment dans la rue :

« On a la chance de vivre dans une démocratie où le peuple peut manifester contre le gouvernement et où le gouvernement doit batailler à l'Assemblée pour faire passer ses réformes. Des dizaines de pays nous envient notre démocratie. Si le peuple n'est pas satisfait, il n'aura qu'à voter contre le gouvernement dans 4 ans. D'ici là, les problèmes sociaux, ce n'est pas si grave, il y a de vraies crises dont il faut s'occuper, la crise climatique par exemple. »

Voilà en substance (quasi mot pour mot en réalité) son discours de ce matin. C'est véritablement du boomerisme d'extrême-centre citadin bourgeois par excellence, jusqu'à la caricature même.

Ce vieux monsieur bien établi en société, socialement à l'aise, s'en vient dire aux pauvres que ce n'est pas si grave s'ils doivent maintenant choisir entre manger jusqu'à la fin du mois ou payer leur facture d'énergie, le plus important étant qu'ils continuent à trier correctement leurs déchets, qu'ils évitent d'allumer le chauffage en hiver et qu'ils s'interdisent surtout de brancher la clim en été. Et qu'ils se préparent, j'imagine, à manger bientôt de la poudre d'insectes pendant qu'un système de contrôle à distance vérifiera qu'ils ne consomment pas plus de 30 litres d'eau par mois. Parallèlement, le même pauvre sera invité à boycotter la Coupe du monde, à croire religieusement dans les prophéties de malheur du GIEC, tout en considérant que la République agit avec bienveillance et que si bientôt elle permettra aux gosses de changer de sexe en CM2, c’est pour la bonne cause.
 
Voilà le véritable projet de société que cette engeance veut imposer à la France : une société de pauvres résignés, adeptes de privations forcées faute de moyens, où la fin du mois commence le 15 et où des riches viennent à la télévision leur expliquer comment se passer de ce qu’ils n’ont plus les moyens de s’acheter. Et le pauvre que ces perspectives ne raviraient pas doit s’attendre à être traité de réactionnaire et de complotiste par ces mêmes riches qui, eux, ne renoncent à rien, encore moins au plaisir sadique et bourgeois de commander aux destinées des gueux condamnés par la malignité des institutions à tourner indéfiniment en rond dans un labyrinthe social duquel on ne s’échappe jamais parce que tout y a été savamment et diaboliquement verrouillé, toujours au profit des mêmes ; toujours aux dépens des mêmes.

L’arrogance avec laquelle la bourgeoisie sermonne les petites gens et ce sentiment d’impunité qu’elle ressent lorsqu’elle étale ses vertus supérieures, voilà deux motifs de tout révolutionner.

7 mars 2023

Haine de classe

Catherine Gaillard

Il est question sans cesse de la haine de classe qui s'exerce (ou s'exercerait) des classes populaires envers la classe des "élites" bourgeoises...
Mais, je viens d'avoir l'occasion d'entendre ce matin sur CNews – après la séquence hallucinante avec Éric Woerth qui m'a donné envie de faire péter des fumigènes dans mon salon – les Joseph Macé-Scaron, les Vincent Hervouët qui lui, s'est trouvé forcé un moment, dans ses derniers retranchements de se départir de sa grandiloquence affectée pour, n'y tenant plus, éructer, s'étrangler littéralement, cramoisi, poitrail tendu, au sujet du grand mouvement de grève générale qui s'amorce et plus particulièrement contre Benjamin Amar, CGT, également sur le plateau (répulsif et plein d'approximations, d'erreurs politico-historiques, il faut l'avouer, fournissant tous les bâtons pour se faire battre, dommage), ce fut la "révélation" d'un grand moment...
Je n'ai pu m'empêcher de sourire tant ces gens-là sont la réplique à peu près exacte de ce que les Versaillais ont été pendant la Commune. Thiers n'est pas mort. C'est une haine de sang, un sang de haine, qui coule dans leurs veines.
Parce que les sacrifices des anciens ont fini par arracher un peu plus de "sécurité sociale" qu'à cette époque, on s'imagine que la caste privilégiée s'est enfin convertie à plus de justice, et tout au moins à la simple décence commune, mais non, bien sûr. En temps de crise, la défense jalouse de leurs privilèges, la haine qui bouillonne sous leur peau affleurent à la surface, il ne peuvent plus se contrôler, il faut que les comptes secrets, les conseils en bons placements "légaux" continuent à prospérer, que les boustifailleurs continuent à boustifailler, que fifis et fifilles puissent continuer à aller faire leurs stages de langues, de marketing et de commerce international à l'étranger et du ski l'hiver à Megève ou ailleurs, il faut, il faut, il faut... Que leur importe bien que tes morveux n'aillent jamais voir la mer.

23 janvier 2023

« Les classes moyennes ne croient plus et n'écoutent plus ceux qui les dépossèdent »

Interview de Christophe Guilly, géographe, parue dans le Figaro du 23/1/2023

Pour ce géographe, la réforme des retraites et l'opposition qu'elle provoque ne sont qu'un pâle reflet du malaise beaucoup plus profond qui hante la société française. Celui de l'angoisse existentielle d'une classe moyenne fragilisée par les effets de la mondialisation, de la métropolisation et de la gestion des flux migratoires. Si cette « majorité ordinaire » est, selon lui, de plus en plus défiante à l'égard d'un pouvoir qu'elle considère dépourvu d'un véritable dessein politique, elle n'est pas anti-élitiste pour autant. Elle cherche, au contraire, sans la trouver, une élite qui partagerait son diagnostic et pourrait la représenter.

LE FIGARO. - La réforme des retraites restaure une chorégraphie sociale qui correspond à ce que l'on connaît depuis trente ans sur ce sujet. Dans la charge symbolique et politique que l'on donne à cette réforme, retrouvez-vous les inquiétudes des classes populaires sur lesquelles vous travaillez depuis des années ?

Christophe GUILLUY. - Comme dans le film de Patrice Leconte (Les Grands Ducs) les vieux comédiens sont de retour : le gouvernement qui réforme, les syndicats qui manifestent et les médias qui font de la pédagogie. Le spectacle a effectivement un air de déjà-vu et surtout il est joué par des acteurs (politiques, syndicats, médias) qui aujourd'hui ne suscitent plus que de la défiance. Comme d'habitude cette énième réforme provoque un énième rejet comme le montre la forte mobilisation notamment dans les petites villes et villes moyennes de la France périphérique. Pourquoi ? C'est moins du côté du contenu des mesures qu'il faut chercher la réponse que du côté de l'absence de sens de réformes qui ne s'inscrivent dans aucun dessein politique mais seulement dans un mécano technocratique. Le seul objectif semble être de répondre aux normes d'une économie mondialisée dans laquelle la classe moyenne occidentale est en fait trop payée et trop protégée.
Aujourd'hui, les classes populaires et moyennes ne croient plus et n'écoutent plus ceux qui, depuis des années, les dépossèdent de ce qu'elles ont et de ce qu'elles sont sans jamais leur proposer d'autre horizon que celui d'une société du rationnement. Pilotée par une technostructure qui a démontré depuis bien longtemps que le bien commun n'était pas son sujet, cette énième réforme illustre bien la volonté d'être en marche mais en marche vers nulle part.
 
Vous parlez d'instinct de survie, d'angoisse existentielle. Qu'est-ce qui selon vous menace ces catégories d'effacement ?
 
La contestation sociale et politique d'aujourd'hui, n'est pas un remake des Misérables, elle n'est pas un soulèvement de « pauvres » et ne vise pas non plus l'obtention de nouveaux droits sociaux. Elle n'est pas portée par une aspiration à un « nouveau monde » mais au contraire, elle vise la poursuite de l'ancien ; un monde où la majorité ordinaire était encore au « centre ». Au centre des rouages de l'économie, au centre des préoccupations de la classe politique et au centre des représentations culturelles. Cette révolte est animée par la conviction d'avoir été dépossédé de ses prérogatives, d'avoir peu à peu été mis au bord du monde. Ses ressorts profonds, et c'est bien là sa spécificité, ne sont pas seulement matériels, mais surtout existentiels. Cette dépossession est d'autant plus violente qu'elle s'accompagne d'une perte d'un statut essentiel : celui de référent politique et culturel. Cette angoisse existentielle est renforcée par le refus des élites de reconnaître ses trois échecs les plus saillants sur la mondialisation libérale, la métropolisation et sa gestion des flux migratoires.
 
Diriez-vous que des décisions ou des transformations comme la fin du timbre rouge, la crise des boulangers, l'extinction des commerces dans les villes moyennes... participent de cette inquiétude ?
 
Le jeu du pouvoir est évidemment de segmenter, de jouer sur des mesures catégorielles, de faire croire que nous ne sommes face qu'à une contestation des marges, de certaines catégories ou de certains territoires. La réalité est que ce qui se joue sous nos yeux c'est la disparition de ce qu'on appelait jadis de la classe moyenne occidentale. Les néolibéraux qui ont initié ce modèle (mondialisation, métropolisation) et les néokeynésiens du « quoi qu'il en coûte » (qui permettent au modèle de perdurer) jouent main dans la main. Ils accompagnent en douceur cette disparition en feignant de répondre à l'inquiétude par la distribution de chèques ou de quelques dotations sur les territoires.
 
Quelle place donner à l'immigration anarchique, et à la délinquance qui parfois en découle, dans cette inquiétude ?
 
Sur l'insécurité comme sur l'immigration - auxquelles il faut bien évidemment ajouter les thématiques qui s'y rattachent comme l'échec de l'État régalien et la survie de l'État-providence - tout a été dit depuis si longtemps... Sur la question des flux migratoires, par exemple, la démographe Michèle Tribalat a tout écrit il y a plus de trente ans. Contrairement à ce qu'affirment les médias, ces sujets sont parfaitement consensuels dans les milieux populaires, et ce quelles que soient les origines. L'explosion des violences aux personnes et plus généralement la diffusion de la délinquance sur l'ensemble du territoire ont fait voler en éclats un cadre essentiel aux yeux des gens ordinaires, celui de la maîtrise de l'espace public. Les manquements de l'État et l'autisme d'une bourgeoisie progressiste qui surjoue la posture morale (en se protégeant bien sur des effets de l'insécurité et de l'immigration) sont vécus par la majorité ordinaire comme une négation de leur existence. Mais si, sur ces sujets, la brume médiatique et académique est épaisse, elle n'effacera jamais la réalité. C'est ce qu'ont compris les élites scandinaves qui, en quelques années, ont été capables de penser contre elles-mêmes et tout simplement de faire preuve de responsabilités sur ces sujets vitaux. Un sens de la responsabilité collective et du bien commun qui, pour l'heure, reste totalement étranger aux élites.

Référendum de 2005, « gilets jaunes » et même réforme des retraites... une majorité hétéroclite s'agrège dans un front de refus mais elle ne trouve pas de débouché politique positif...

Cette majorité ordinaire présentée par une part du monde médiatique et académique comme une masse anomique composée d'abrutis a effectivement quelques difficultés à imposer son diagnostic à une classe politique « netflixisée » qui considère que la majorité n'existe pas (pas plus que le pays d'ailleurs) et qui désormais bâti ses programmes en ciblant des panels socioculturels. Contrairement à ce qu'on pense, la diabolisation ne vise pas prioritairement ce qu'on appelle « l'extrême droite » . Tout cela n'est que du spectacle. Le principal objet de la diabolisation est de délégitimer le diagnostic solide et rationnel des gens ordinaires ; un diagnostic parfaitement incompatible avec les intérêts des classes supérieures. Cette diabolisation permet au pouvoir de se maintenir sans projet, si ce n'est celui de gérer le chaos. Mais tout cela reste très fragile. Aujourd'hui le narratif dominant ne convainc plus que les bénéficiaires du modèle et une majorité de retraités. La réalité est qu'aujourd'hui la majorité ordinaire est le seul ensemble socioculturel cohérent, le seul socle sur lequel on puisse reconstruire un dessein politique commun. Autonome, sûre d'elle-même, affranchie du clivage gauche-droite et de la tutelle des syndicats ou des partis, la majorité ordinaire, c'est-à-dire la société elle-même, est engagée dans un mouvement existentiel. Ce n'est pas seulement son pouvoir d'achat qui est en jeu mais son être. Il ne manque qu'une étincelle pour qu'elle s'exprime dans la rue ou dans les urnes. Ce n'est qu'une question de temps.

Beaucoup de Français sont comme atteints de Covid long, expliquent Jérémie Peltier et Jérôme Fourquet dans une note récente. On voit la gauche se diviser entre gauche du travail et gauche du loisir. N'y a-t-il pas dans le rapport au travail un nouveau point de fracture dans les catégories populaires ?
 
Que le rapport au travail ait évolué c'est une évidence mais comment peut-on considérer, comme le pense la gauche anti-Roussel, que le travail est une valeur dépassée ou pire que les classes populaires n'aspireraient qu'aux loisirs ? Ces représentations sont typiquement celles d'une catégorie sociale totalement déconnectée qui plaque sa réalité sur celle de la majorité ordinaire. Le problème des classes populaires n'est pas de savoir comment on occupe son temps libre. Le problème du temps libre - on peut y inclure la retraite, ou les congés - n'est pas d'en avoir, mais de pouvoir en profiter. Rappelons que près de la moitié des Français ne partent jamais en vacances (une proportion qui augmente dans les milieux modestes) et que les RTT ont surtout été une bénédiction pour les classes supérieures. Entre congés payés et RTT, ces dernières disposent aujourd'hui de beaucoup plus de temps libre que, par exemple, les employés et les ouvriers non qualifiés (trente-trois jours contre vingt-six en moyenne, source : Dares, ministère du Travail 2017). Le télétravail, qui dessine aussi un autre rapport au travail, concerne d'abord ces catégories (60% des télétravailleurs sont des cadres, alors qu'ils ne représentent que 20% des salariés). Nouveau marronnier de la presse, la thématique de la « grande démission » , présentée comme massive, est un luxe que peu de catégories modestes peuvent se permettre. Fabien Roussel a eu raison de rappeler que, dans leur immense majorité, les classes populaires préfèrent le travail au chômage, de vivre des revenus de leur activité aux prestations. Pour compléter le tableau, la majorité ordinaire est aussi présentée comme une masse dont le seul objectif serait de consommer. Pour mémoire, en juin 2022, l'institut Ipsos confirmait que la marge de manœuvre budgétaire des Français n'avait cessé de baisser, et qu'aujourd'hui 58% d'entre eux font leurs courses a` 10 euros près, ou moins... un accès à la société de consommation relatif. Ces représentations émanent de classes urbaines qui baignent dans la surconsommation métropolitaine et qui seraient risibles si, in fine, elles ne masquaient pas l'essentiel. Si le rapport au travail a changé, on le doit d'abord à gens intelligents qui pilotent depuis des décennies la vie politique qui a conduit à la grande désindustrialisation du pays en plongeant des familles entières dans le chômage et les prestations sociales.
Pour résumer, ceux qui fracassent l'outil de production (la part de l'industrie est passée de 24% du PIB en 1980 à 10% en 2019) puis dissertent sur la « fin du travail » ne voient pas que les gens n'aspirent qu'à une chose : avoir un emploi correctement rémunéré.

N'est-ce pas un symptôme supplémentaire d'une société atomisée avec le seul cocon amicalo-familial comme horizon ?

Vous validez indirectement la vision nihiliste qui est celle de Netflix : une société réduite aux panels du marketing. Dans ce schéma, il n'y a plus de société, le marché fait la loi et surtout le pays n'existe plus. C'est peut-être la vision de quelques élites mais cela ne correspond pas à une réalité où les gens restent attachés à leur mode de vie, ce qui induit mécaniquement des solidarités contraintes. Et puis cette représentation d'une société atomisée n'est pas nouvelle. De Gaulle nous parlait déjà de ce pays ingouvernable aux 350 fromages. Sauf qu'à l'époque l'élite, y compris l'énarchie, était attachée à quelque chose qu'on appelait le bien commun et qui était en réalité un attachement à la nation et à ceux qui la constituent. Cet attachement a produit la grande politique industrielle et sociale de l'après-guerre qu'on a appelé le gaullo-communisme, un pur produit de l'élitisme français. On feint de croire que la critique des élites contemporaines est un antiélitisme en soi. Rien n'est moins vrai. Les gens attendent que des élites attachées au bien commun, c'est-à-dire à leur service, leur disent sincèrement « je vous ai compris » , nous nous sommes trompés, nous sommes allés trop loin dans la mondialisation libérale, dans la métropolisation, l'ouverture des frontières et nous allons enfin vous servir.
*Denier ouvrage paru : « Les Dépossédés » , Flammarion, 2022.

9 janvier 2023

Salauds de pauvres !

Pascal Avot

« Il y a des professionnels du malheur et une conjuration des esprits tristes auxquels nous devons faire face », a déclaré ce mercredi matin Emmanuel Macron en Conseil des ministres.
La phrase est importante. Il faut l’étudier à la loupe.
Que dit-elle ? Qu’il existerait un complot des Français de mauvaise humeur, ligués contre le pouvoir. Qu’ils seraient dangereux. Qu'ils doivent être stoppés dans leur élan.
Mais qui sont donc ces pessimistes coalisés pour nuire à l’État ? La réponse est simple : ce sont les pauvres, chaque jour plus nombreux. Ceux qui voient les prix flamber au supermarché. Ceux que la hausse des tarifs de l’électricité empêche de gagner leur vie. Ceux que l’inflation assassine à petits feux.
La confrérie des grognons et des chafouins imaginée par le président de la République est en réalité constituée d’innocents, coupables de plonger bien malgré eux dans la misère et qui ont le culot de s’en rendre compte et l’insolence de ne pas s’en satisfaire, et même de s’en alarmer au point d’en parler entre eux, de médire, de maugréer et de maudire les puissants. Quels traîtres, ces désargentés !
Emmanuel Macron montre du doigt la souffrance du peuple et l’accuse d’être de mauvaise foi, une traîtrise, une vilénie. Si vous êtes déprimés, c’est que vous êtes mal intentionnés ! Si votre budget familial se réduit comme peau de chagrin et si vous en pleurez, c’est que vous manquez de conscience politique et que votre bêtise dégénère en méchanceté !
Cette petite phrase de Macron ressemble étrangement à un énoncé stalinien, ou maoïste. L’idée que le mécontentement des rues et des villages est le fruit d’une « conjuration » – alors qu’il n’a absolument rien de calculé, que son unanimité spontanée repose tout entière sur le bon sens et l’instinct de survie (...) est profondément perverse. Pire : elle exhale un parfum de tyrannie.
Quand François Hollande parlait des « sans-dents », il insultait les pauvres. Quand son successeur traite ceux qui le critiquent de « professionnels du malheur », il va beaucoup plus loin. Trop loin. Il inculpe le pessimisme. Il criminalise la détresse. Il fait du peuple perclus de douleurs économiques non seulement son inférieur, mais son ennemi.
Pourquoi tant de mépris et de méfiance ? Pour la même raison que d’habitude : Macron n’a jamais connu la détresse. Il ne sait pas ce que c’est. Il évolue dans un univers de winners, où le mal est tabou. Une sphère parfaite, sans démons, ni ordures, ni cadavres. Un parc d’attractions interdit à la "populace".
Après cela, comment voulez-vous expliquer aux électeurs de gauche que la lutte des classes n’existe pas ? Macron, à lui tout seul, l’incarne. Sa phrase est une porte grande ouverte aux manifestations, aux grèves et aux émeutes.
Se rend-il compte de ce qu’il fait ? Non. Il n’est ni assez intelligent, ni assez cultivé, et encore moins assez profond, pour comprendre ce qu’il dit.
Pendant encore cinq ans, l’enfant agité va couper la parole aux grandes personnes parce qu’il a – je le cite –, « envie de les emmerder ».
Un quinquennat de gros mots, une montagne d’impolitesses pour, in fine, accoucher de souris mortes.
« Emmanuel Macron vient de placer la pauvreté sur le banc des accusés. »