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25 février 2025
14 décembre 2024
Jonathan Sturel
Concernant la possibilité que Marine le Pen soit frappée d'une peine d'inéligibilité
Concernant la possibilité que Marine le Pen soit frappée d'une peine d'inéligibilité
Il y a deux questions dans ce dossier :
1) Est-ce que oui ou non les hommes et les femmes politiques sont au-dessus des lois et donc susceptibles de pouvoir les enfreindre sans s'exposer comme le commun des mortels à des sanctions judiciaires et ;
2) Est-ce que les hommes et les femmes politiques convaincus d'avoir commis une infraction doivent pouvoir, sur le chapitre des sanctions, être empêchés de se présenter au suffrage des électeurs malgré une condamnation en justice ?
À la première question, il faut répondre qu'ils ne sont pas au-dessus des lois. À la seconde, c'est autre chose. S'ils sont condamnés, la chose est rendue publique et l'électeur, au moment de voter, sait si le candidat qui l'intéresse a été ou non condamné pour ceci ou pour cela. S'il l'a été mais que l'électeur souhaite tout de même voter pour lui, la chose est claire : il vote en connaissance de cause et le fait qu'il puisse voter pour un candidat ayant été condamné place l'électeur au poste de juge suprême, ce qui est, en théorie en tout cas, le principe sur lequel se fondent l'idée démocratique et sa légitimité.
Si l'électeur qui voulait voter pour tel candidat malgré son expérience judiciaire ne le peut pas à cause d'une peine d'inéligibilité prononcée par un juge, cela signifie qu'un juge, personnage non-élu, a été placé au-dessus de l'électeur dans la hiérarchie des pouvoirs souverains. C'est lui donner beaucoup trop de pouvoir ; notamment le pouvoir de modifier le cours des événements historiques, particulièrement dans le cas qui nous intéresse en ce moment. Nous avons vu la chose être tentée plusieurs fois aux États-Unis contre Donald Trump.
7 décembre 2024
Faire tomber Barnier et tous les autres…
Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire
- 6/12/2024 - C’est pas moi, c’est pas ma faute, d’ailleurs j’étais même pas là… Voilà en résumé l’allocution de notre cher Président. Du Macron dans toute son immaturité et son déni de la réalité. Sa faculté à s’exonérer de toute responsabilité est devenue sa signature, sa marque de fabrique. Il n’est jamais responsable de rien, fait toujours retomber la faute sur les autres, alors qu’il n’écoute personne et qu’il décide de tout, tout seul. Et c’est cet homme qui selon Bardella devrait rester en place, puisqu’il s’est précipité pour annoncer qu’il n’exigeait pas sa démission. Incompréhensible. Le RN fait tomber son gouvernement et dans la foulée devrait suivre l’avis de 60% des Français qui souhaitent sa démission. Au lieu de cela, Bardella lui fait une presque déclaration d’amour. On se demande s’il ne regrette pas le mauvais tour qu’il vient de lui jouer en censurant Barnier. Macron s’est montré une fois de plus agressif et méprisant, inversant systématiquement les accusations, calomniant même les oppositions puisqu’il s’est permis d’affirmer que ce vote revenait à un acte anti-républicain. On croit rêver, il considère la possibilité offerte par notre constitution de virer un Premier ministre comme non républicaine.
Il faudrait, selon son délire, se prosterner face à sa prétendue grandeur et c’est cet homme que Bardella n’entend pas pousser vers la sortie ? Ne pas demander son départ est au vu de sa prestation d’hier soir une faute politique, quand on voit avec quelles audace et arrogance il a rejeté la responsabilité de l’échec de Barnier et donc la sienne sur cette opposition devenue subitement anti-républicaine, alors qu’il a lui-même organisé les désistements en juin pour grappiller quelques sièges avec ce NFP honni aujourd’hui. Rappelons accessoirement que ce NFP qui se croit majoritaire ne l’est pas. Le système électoral alambiqué a fait que le premier parti, en nombre de suffrages, le RN, se retrouve troisième en nombre de sièges.
Il y a de quoi se poser de sérieuses questions sur la stratégie et la volonté du RN de vouloir conquérir le pouvoir. Avoir eu l’aplomb de renverser Barnier et immédiatement après se vautrer aux pieds de Macron en l’assurant qu’il est légitime qu’il reste président est une erreur, à moins que ses propos n’aient dépassé sa pensée. Dans ce cas un peu plus de rigueur dans ses déclarations serait bienvenue, pour éviter de semer le trouble dans l’esprit des électeurs. L’idée était-elle vraiment celle-ci ? On se souvient qu’après les élections européennes, il avait demandé la dissolution, il aurait dû, dans un contexte similaire, en faire autant avec la démission de Macron. Il s’est fourvoyé. Pour une fois Mélenchon a raison d’affirmer que ce sont les événements qui le forceront à partir. Bardella en se rangeant dans le camp des soumis, s’est de facto déconsidéré et placé en retrait. La pugnacité du leader d’extrême gauche fait défaut à droite et au RN en particulier, on a l’impression que Bardella est venu s’excuser d’avoir déplu au prince-président en faisant tomber son poulain. Ce n’est ni le discours, ni la posture que l’on attend d’un parti qui prétend présider aux destinées de notre pays. Comment rattraper une telle bévue, une nouvelle a-t-on envie de dire, tant ce genre de sortie est devenu une habitude au RN. L’attitude que le RN réservera au nouveau gouvernement et au budget qui sera présenté devra remettre les pendules à l’heure, mais un peu plus de cohérence au sein de ce parti, notamment dans la communication est toujours d’actualité et visiblement le problème n’est pas réglé. Tout le crédit qu’ils avaient capitalisé en censurant Barnier s’est écroulé avec cette simple déclaration.
L’immaturité du Président et son discours pervers ont rejailli sur certains membres de l’opposition, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’en tenant de tels propos Bardella s’est positionné à contre-courant de l’opinion publique. Le mieux serait que des consignes claires soient formulées au sein du mouvement pour éviter, autant que faire se peut, de telles sorties. Tous devraient avoir compris que ce président est incapable du moindre compromis. Il promet de lâcher du lest pour s’assurer des collaborations et quand c’est fait, il ne tient pas ses promesses. Les LR se sont faits rouler dans la farine à tous les coups et les socialistes aussi et à chaque fois, ils replongent, pensant que cette fois-ci, le président tiendra ses promesses. Que leur faut-il pour qu’ils comprennent ?
Oui Macron doit partir, oui Mélenchon a raison d’insister et de vouloir précipiter les événements pour le faire tomber, cette évidence n’a donc pas frappé l’esprit des ténors du RN, c’est dramatique. Un pas en avant et deux en arrière, il va vraiment falloir qu’une ligne claire soit définie chez eux et qu’ils s’y tiennent. Ça devient lassant, jouer les girouettes n’est plus de saison. Lorsque le problème est identifié, ne pas le nommer c’est ne pas désirer le régler. Macron doit démissionner et le RN doit y travailler comme tous ceux qui prétendent le combattre. Il va falloir faire tomber les hommes de paille de Macron, les uns derrière les autres, jusqu’à ce que plus personne n’y aille, jusqu’à ce que Macron n’ait plus personne à nommer, jusqu’à ce que le roi soit nu et qu’il n’ait d’autres solutions que partir. Ou alors, comme nous le préconisons au RPF, qu’une procédure de destitution soit menée à son terme. Ce président est la goupille qui bloque désormais toute possibilité d’avancer, il doit sauter. [...]
19 octobre 2024
Jacques COTTA
Le RN, comment, pourquoi et jusqu'à quand ?
Le RN, comment, pourquoi et jusqu'à quand ?
18/10/2024 – Le gouvernement Macron-Barnier ne repose sur rien, est ultra minoritaire, et n'existe que par la bienveillance du Rassemblement national qui lui permet d'administrer au pays le poison mortel de l’Union européenne qui a mis hier la Grèce à genoux. Le Rassemblement national maître du jeu, au centre de la vie politique française, comment cela est-il possible, pourquoi, et surtout jusqu’à quand ?
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5 juillet 2024
Kuzmanovic Georges
Mon interview portant sur la possibilité de la prise du pouvoir par le RN et ses conséquences.
⇨ La montée du Rassemblement National et son impact sur la scène politique française.
⇨ Les perspectives et les défis d’un éventuel gouvernement dirigé par l’extrême droite.
⇨ Les réactions des autres forces politiques et de la société civile.
⇨ Les impacts sociaux et économiques que cette transition pourrait provoquer.
⇨ Des changements à l'international sont-ils à envisager ?
⇨ En cas de victoire du RN, le soutien de la France à l'Ukraine sera-t-il altéré ?
⇨ Le thème principal : la crise de la dette qui vient.
Mon interview portant sur la possibilité de la prise du pouvoir par le RN et ses conséquences.
Sujets abordés :
⇨ La montée du Rassemblement National et son impact sur la scène politique française.
⇨ Les perspectives et les défis d’un éventuel gouvernement dirigé par l’extrême droite.
⇨ Les réactions des autres forces politiques et de la société civile.
⇨ Les impacts sociaux et économiques que cette transition pourrait provoquer.
⇨ Des changements à l'international sont-ils à envisager ?
⇨ En cas de victoire du RN, le soutien de la France à l'Ukraine sera-t-il altéré ?
⇨ Le thème principal : la crise de la dette qui vient.
1 juillet 2024
Yann Thibaud
Comment expliquer l'augmentation spectaculaire du score du RN aux dernières élections européennes ?
Les Français seraient-ils aujourd'hui devenus d'épouvantables et redoutables fascistes ?
Ou faudrait-il recourir à une autre explication ?
Il me semble qu'un facteur que l'on a grandement sous-estimé est le discours de plus en plus belliciste de notre cher président.
Or, dans son immense majorité, le peuple n'a aucune envie de faire la guerre aux Russes, en particulier les catégories les plus âgées et les plus conservatrices de la population, celles précisément qui soutenaient jusqu'à présent l'actuel président.
Et d'une manière générale, il me semble que ce si brillant dirigeant génère une telle répulsion, un agacement si généralisé, qu'il conduit une majorité de la population à se dire : tout sauf Macron.
Aussi, conscient de toutes les souffrances et injustices qu'il a endurées à cause de lui, le peuple n'éprouve aujourd'hui plus aucune confiance envers la figure du chef suprême.
J'y vois un réveil du peuple, une prise de conscience des multiples manipulations et conditionnements dont il fut l'objet jusqu'à présent et qui ne fonctionnent plus, comme en particulier la ridicule accusation de fascisme, dès lors que l'on ne partage pas le point de vue dominant.
Ne plus croire systématiquement, mécaniquement et servilement au message de l'autorité constitue, à mon sens, un pas de géant pour l'humanité.
Et il est en train d'être franchi aujourd'hui par le peuple français, si souvent en avance de par son côté frondeur et rebelle.
Mais il est certain que nous ne sommes pas pour autant sortis d'affaire, que nous n'avons pas si aisément échappé au totalitarisme rampant de ce monde.
Et il est également vrai que l'arrivée du RN au pouvoir ne constitue pas nécessairement une perspective très enthousiasmante, son programme ne répondant pas réellement à nos véritables aspirations.
Les dangers qui se présentent à nous sont donc considérables, mais je pense qu'il n'est jamais sage de vivre dans la peur et que nous devons toujours garder au cœur l'espérance de jours meilleurs, et tout faire pour qu'ils adviennent.
Ainsi ma conviction est que ce n'est pas par la voie politique que nous pourrons réellement changer ce monde, mais par une mutation philosophique et spirituelle d'envergure, un changement de comportement humain, un profond réveil de conscience, l'irruption du sentiment dans la gestion des affaires humaines.
Il nous faut donc nous demander : dans quel monde voulons nous vivre, et comment le faire avenir concrètement ? 2/7/2024
27 juin 2024
Mediapart
[EN ACCÈS LIBRE]
[EN ACCÈS LIBRE]
Les dangers des extrêmes droites. Informez-vous avec notre dossier spécial en accès libre : à partager largement !
Après des élections européennes remportées haut la main, et la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le Rassemblement national, emmené par Marine Le Pen et Jordan Bardella, est à une marche du pouvoir. Mediapart a donc décidé, exceptionnellement, de permettre la lecture en accès libre d’une sélection d’articles qui racontent les menaces que l’extrême droite fait peser sur la France.
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25 juin 2024
Denis Collin
La mélonisation accélérée du RN confirme les analyses que je défends depuis longtemps. Le RN n'est pas un parti fasciste, à aucun titre, il est un parti du système et se prépare à être un parti de rechange qui sera très obéissant devant la Commission et exécutera les consignes. En plus, comme c'est un parti aussi gazeux que LFI, sa prise de contrôle du pays sera des plus périlleuses, si d'aventure il a la majorité absolue. Il est candidat à jouer à droite le rôle de Syriza en Grèce.
Il est plus que temps de mettre en chantier la construction d'une nouvelle force populaire, garante de la souveraineté du peuple, garante de la démocratie et des droits sociaux, une vraie social-démocratie. Quelles forces relèveront ce défi ?
17 juin 2024
Emmanuel Tellier - Marianne
14/6/2024
Enfin, une grande voix du monde de la culture, une autorité morale, se permet d'écrire ce que beaucoup d'observateurs ont constaté depuis des années : en se bouchant le nez face à ses « salauds » d'électeurs sensibles aux idées du Rassemblement National, les beaux esprits du monde des lettres, des planches et des plateaux de cinéma ont (pour reprendre les mots de Mnouchkine) « lâché le peuple ».
Cher monde de la culture – dans toute votre diversité, dans vos milliers de parcours, vos milliers de visages, figures en pleine lumière comme silhouettes œuvrant dans l’ombre –, quelqu’un s’adresse à vous dans une tribune publiée par le quotidien Libération. Une prise de parole essentielle, sur un ton inédit et précieux. Pas n’importe qui : Ariane Mnouchkine. L’une des vôtres. Une figure tutélaire. Une autorité morale.
Et voici, en substance, ce que cette grande dame du théâtre français, le cœur solidement ancré à gauche, vous dit, comme une aînée s’adresse à ses cadets : la très grave crise politique que traverse la France est aussi la vôtre, et vous n’êtes en rien exemptés du nécessaire travail d’introspection et d’autocritique auxquels tous les corps de la société doivent se prêter de bonne foi. Et urgemment.
« MACRON LE PETIT »
« Qu’est-ce qu’on n’a pas fait ? Ou fait que nous n’aurions pas dû faire ? », interroge d’abord la fondatrice du Théâtre du Soleil, aujourd’hui âgée de 85 ans (et toujours très active au sein de ce lieu magnifiquement atypique et humaniste qu’elle a créé en 1964, mais dont elle a beaucoup de mal, soit dit en passant, à transmettre les clés et l’héritage).
Dans les premières lignes de son texte, Ariane Mnouchkine fustige l’attitude d’Emmanuel Macron, et sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale dans l’urgence. Un « geste d’adolescent gâté, plein de fureur, de frustration et d’hubris ». Le chef de l’État « déverse un bidon d’essence sur le feu qui, déjà, couvait. Il met le feu à notre maison, à notre pays, à la France », écrit-elle… Avant d’ajouter : « Macron est bien trop petit pour porter, à lui seul, la totalité du désastre ».
Le point essentiel de sa prise de parole arrive alors. « Je nous pense, en partie, responsables, nous, gens de gauche, nous, gens de culture. On a lâché le peuple, on n’a pas voulu écouter les peurs, les angoisses. Quand les gens disaient ce qu’ils voyaient, on leur disait qu’ils se trompaient, qu’ils ne voyaient pas ce qu’ils voyaient. Ce n’était qu’un sentiment trompeur, leur disait-on. Puis, comme ils insistaient, on leur a dit qu’ils étaient des imbéciles, puis, comme ils insistaient de plus belle, on les a traités de salauds ».
À LIRE AUSSI : "Leur manque d’audace est encouragé par tout un système" : les écoles d’art, entre wokisme et conformisme
Pour tout journaliste s’étant choisi comme spécialité d’écrire sur les disciplines culturelles et les créations qui en émanent (de la littérature au théâtre, du cinéma à la musique), le caractère cinglant des mots d’Ariane Mnouchkine n’a rien d’une surprise. Notre seul étonnement : que personne d’autre (ou presque) n’ait osé s’exprimer publiquement avec une telle franchise auparavant.
On écrit publiquement, car de manière moins formelle, on est certain d’avoir déjà entendu ces mots-là, de manière quasiment aussi crue, dans la bouche de personnalités comme Charles Berling, Agnès Jaoui, Vincent Lindon, Bruno Dumont, Miossec ou encore du regretté Jean-Louis Murat (les premiers noms qui nous viennent à l’esprit, mais évidemment il y en a d’autres…) Dans les faits, depuis des dizaines d'années, des figures du monde culturel ont alerté, et tenu un discours de vérité.
Par ailleurs, personne ne peut ignorer que dans un grand nombre d'institutions (musées, théâtres, festivals…), des milliers de « responsables des publics » ont tenté, vaillamment, de ne laisser aucun spectateur au bord de la route. Mais dans ces mêmes instances, n'a-t-on pas passé trop de temps à débattre des mérites et de la nécessité supposés de l'écriture inclusive, ou du besoin de privilégier les fameuses « mobilités douces » pour accueillir « le public », au lieu de se concentrer sur l'essentiel : les programmations, leur sens, leur vocation ?
« NOTRE NARCISSISME, NOTRE SECTARISME… »
À travers cette tribune, Ariane Mnouchkine, ne se contentant plus d'alerter, se fait largement plus « transgressive » lorsqu’elle se permet (là encore avec une lucidité qui force le respect) d’interroger le sens des mobilisations qui s’annoncent. Que faire dans les courtes semaines qui nous séparent des deux tours de vote aux législatives ? Continuer à se boucher le nez face aux « salauds » qui votent RN ? Se « contenter » de descendre dans la rue pour faire des marches de gauche, la main sur le cœur ? Comme avant ? Comme en 2002 ?
La dramaturge a clairement un avis radical sur la question, même si ses mots sont mesurés, précisant qu’elle n’est « pas certaine qu’une prise de parole collective des artistes soit utile ou productive », car « une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs, de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis ».
En vérité, écrit un peu plus tôt Ariane Mnouchkine, c’est l’ensemble du monde culturel qui se voit aujourd’hui projeté, contre son gré et sans s’y être assez suffisamment préparé, dans un grave état de « crise morale ». Et les dilemmes, les cas de conscience, vont être nombreux. « Oui, nous allons nous trouver très vite, immédiatement peut-être, devant un dilemme moral : que ferons-nous lorsque nous aurons un ministère de la Culture RN, un ministère de l’Éducation nationale RN, un ministère de la Santé RN ? Un ministère de l’Intérieur RN ? ».
À LIRE AUSSI : Mobilité et vote RN : l'étude qui révèle la fracture politique et culturelle de la jeunesse rurale
Et de poursuivre : « Je parle du moment où nous risquons de devenir des collaborateurs (…) Oui, à quel moment doit-on cesser de faire du théâtre sous un gouvernement RN ? » (…) « Concrètement (…), que fait-on à la première loi qui passe et qui restreint arbitrairement les libertés ? À quel moment j’arrête ? Quand décide-t-on de fermer le (Théâtre, N.D.L.R.) Soleil ? Ou, au contraire, va-t-on se raconter qu’on résiste de l’intérieur ? », demande-t-elle encore.
UN COUP DE POING QUI NE VOUS VEUT QUE DU BIEN
Une idée pour démarrer, même modestement : faire circuler la tribune d'Ariane Mnouchkine dans tous les lieux de culture. L'imprimer, l'afficher sur les murs, la mettre en discussion. Dans les théâtres, petits et grands, les lieux de musique, les musées, publics ou privés, les productions de films de cinéma, les écoles d'art et d'architecture. Mais aussi dans les couloirs du ministère de la Culture, comme au sein de toutes les commissions spécialisées qui accordent des bourses et des subventions (qu'il s'agisse de soutenir des romanciers, des musiciens ou des troupes de comédiens, au CNC, au CNL, etc.).
Lire cette tribune, donc, et accepter de la recevoir comme un coup de poing qui ne vous veut que du bien. En débattre au sein de tous ces lieux, toutes ces instances. Oser admettre que quelque chose a dysfonctionné. Que l'entre-soi, trop souvent, a aveuglé les artistes, les créateurs. Oser parler du mépris social, du dédain qui a trop longtemps servi de pare-feu. Oser, enfin, se dire que le peuple français est libre, sanguin, indocile, fragile et éruptif – et parfois tout cela à la fois –, et qu'il serait grand temps que la majorité des artistes de ce pays regardent cette réalité droit dans les yeux, avec décence, avec humilité.
Sur les manifestations « anti extrême droite » de samedi
Maxime Tandonnet
https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/17/sur-les-manifestations-anti-extreme-droite-de-samedi-pour-atlantico-avec-m-aurelien-marq/
(pour Atlantico avec M. Aurélien Marq)
17/6/2024
17/6/2024
– Des mobilisations en opposition à l’extrême droite se sont déroulées dans toute la France ce samedi, à l’appel de syndicats, d’associations et du Nouveau Front Populaire, l’union des partis de gauche. Quelles étaient les revendications précises des manifestants ?
Il n’y avait pas de revendication précise, en dehors de slogans en faveur des Palestiniens et de Gaza. L’objectif était de manifester contre l’arrivée possible du RN au pouvoir. L’idée était de refaire le mouvement qui avait eu lieu en mai 2002, entre le premier et le second tour des élections présidentielles, quand Jean-Marie le Pen, leader du Front national, s’était qualifié contre Jacques Chirac. Des manifestations s’étaient déroulées dans toute la France sur le thème « F comme fasciste, N comme nazi » ! Les manifestations de samedi étaient considérablement moins suivies qu’en 2002. Néanmoins, on peut parler d’une sorte d’avertissement lancé à l’électorat et destiné à faire pression sur lui : si vous portez le RN au pouvoir, nous allons mettre le feu au pays. Ce genre de chantage est à double tranchant. Il peut certes faire peur, mais surtout, il peut aboutir au résultat inverse. 250 000 manifestants sur un corps électoral de 50 millions de personnes cela fait à peine un sur 200. Ce mouvement donne le sentiment d’une infime minorité qui prétend imposer sa règle au suffrage universel. On est là dans une logique qui n’a rien de démocratique.
– Que dire du déroulement de la manifestation, particulièrement dans le contexte actuel, où les rassemblements peuvent parfois devenir le théâtre de violences ?
Quelques débordements et dégradations ont été constatés par endroit mais on ne peut pas parler d’émeutes insurrectionnelles comparables aux événements de la réforme des retraites, en tout cas pour l’instant. En effet, les manifestants savent très bien que la poussée du RN est avant tout une réaction contre le chaos, la violence et la criminalité qui frappent le pays, la révolte des banlieues de l’an dernier, la répétition des meurtres ou viols commis par des personnes en situation irrégulière en France (« sous OQTF ») ressentis comme insupportables par l’opinion car ils dénotent l’impuissance de l’Etat à faire respecter la loi. Alors, les manifestants savent que des scènes de pillages, d’incendie, d’agressions contre la police ne peuvent que renforcer le vote RN. C’est sans doute la raison pour laquelle sauf exceptions, le mouvement d’hier ne semble pas, globalement, avoir dégénéré en termes de violences et destructions.
– Dans quelle mesure les déclarations de certains membres du Front Populaire valident l’utilisation de la violence à des fins politiques comme mode d’action légitime ? Y a-t-il une forme de consensus à ce sujet chez certains individus ? On a notamment aperçu une pancarte indiquant « Un flic qui meurt = un vote RN en moins »…
Le thème du racisme et du fascisme du RN est toujours au centre du discours du nouveau front populaire (NFP), à l’image de la déclaration de M. Ruffin selon lequel « Bardella, c’est Macron plus le racisme ». A ce titre, le RN serait illégitime même en cas de victoire électorale car les valeurs antiracistes, selon l’alliance de gauche, prévalent sur la loi du suffrage universel. On a eu cette pancarte appelant au meurtre de « flics » que vous mentionnez et aussi des scènes, largement médiatisées, de discours antisionistes ou anti-Israël d’une extrême virulence. Au fond, les manifestations, en tout cas les plus importantes, notamment celle de Paris, oscillaient entre protestations contre l’arrivée au pouvoir du RN et condamnation virulente d’Israël. La parole anticoloniale et anticapitaliste était au centre des slogans. Il est certain que le ton idéologique et l’extrémisme virulent qui s’est exprimé par endroit lors de ces manifestations ne peut que relativiser celui qui est généralement prêté au RN. Et tout cela fait plutôt ses affaires…
– Au vu du contexte actuel et de l’éventuelle victoire du Rassemblement national lors des élections législatives, dans quelle mesure faut-il craindre une dégradation du contexte sécuritaire en France, notamment à l’approche des Jeux Olympiques ?
D’abord, il faut savoir quelle serait l’ampleur de la victoire du RN. En effet, s’il gagne avec une majorité absolue, il sera forcément chargé de former le gouvernement, et l’humiliation du chef de l’Etat, ayant fait de la lutte contre la « peste nationaliste » le centre de son combat, atteindra son paroxysme.
En revanche, selon le scénario beaucoup plus probable d’une majorité relative, on peut imaginer un arrangement à l’Assemblée nationale entre les survivants de Renaissance et les élus du NFP pour désigner un gouvernement à tonalité « progressiste », donc marqué nettement plus à gauche que les derniers depuis 2022. Les prémices de ce rapprochement sont déjà dans l’air. De cela, un président venu du parti socialiste, peut fort bien s’accommoder sur le plan de l’hubris, malgré le risque d’instabilité chronique et de paralysie.
Dans la première hypothèse, celle d’une majorité absolue et d’un gouvernement RN, faut-il craindre une flambée de violence qui pourrait perturber les JO ? Difficile à dire… Cette victoire agira comme un coup de massue. La gauche idéologique sera comme assommée par le choc. Ce sera le temps des commentaires… Comment en sommes-nous arrivés là… Et puis les vacances… En outre, il n’est pas évident de contester dans la rue, aussitôt après une élection, le verdict des urnes. Le chaos absolu viendra plus tard, à partir de septembre et ensuite, face aux premières mesures d’un éventuel gouvernement RN.
12 mars 2024
UNE FAUTE CAPITALE DU RN
Gabriel Nerciat
12/3/2024 – À nouveau, lâcheté assez peu reluisante de la part du RN, qui tout à l'heure va s'abstenir à l'Assemblée nationale lors du vote consultatif sur l'accord de Macron avec l'Ukraine - alors même que les mélenchonistes et les communistes, eux, auront le courage minimal ou élémentaire de voter contre.
Cette énième couardise de Marine Le Pen et de son jeune féal - décidément de plus en plus inconsistant voire même carrément suspect - constitue à mes yeux une faute assez grave, et ce pour deux raisons.
La première est que, sur une question d'une portée aussi considérable qui engage pour des années l'orientation diplomatique et géopolitique future de la nation, même dans le cadre d'un vote purement symbolique et d'un traité en réalité sans conséquence pratique sérieuse (on sait que Macron, c'est toujours du vide enrobé dans des postures narcissiques), recommander l'abstention n'a aucun sens.
Ce n'est qu'une pitoyable dérobade, indigne d'un parti qui veut depuis des années se présenter comme une force de gouvernement et un recours possible au régime maastrichien-otanien en place.
Mais la seconde raison est encore plus importante.
Même s'il est vrai qu'il faut aujourd'hui beaucoup de mérite pour tenter d'aller contre la propagande de bourrin qui s'abat depuis deux ans sur la plupart des médias français assermentés (mais Jean-Marie Le Pen ou Philippe Séguin, eux, s'en étaient montrés capables, dans un contexte assez similaire, lors de la première guerre du Golfe), c'est, pour un parti souverainiste et national-populiste, une tâche devant laquelle il est irresponsable de resquiller.
Avaliser le discours de l'OTAN et de l'UE selon lequel l'Ukraine est une nation agressée et la Russie un empire agresseur vaguement néo-hitlérien, c'est consentir à entrer dans un piège pourtant très grossier qui ne tardera pas à se refermer sur ceux qui l'auront adoubé.
La pauvre cruche fatale désignée pour diriger la liste macronienne aux élections européennes n'en a pas fait mystère dans son pathétique meeting de campagne ce week-end : le rapprochement parodique et funeste du Banquier-Président avec l'entité kiévienne a d'abord un but de politique intérieure. Il s'agit de discréditer et sans doute à terme d'éliminer du débat politique et civique tous ceux qui, réfractaires à l'ordre impérial atlantiste ou au processus d'intégration européenne dont il est la condition de possibilité, n'auront pas peu ou prou accepté d'entrer dans une logique de confrontation assumée contre Moscou.
Car c'est une chose de jouer à l'antifascisme d'opérette façon Mitterrand et SOS Racisme en rappelant à chaque scrutin qu'il y avait un ancien Waffen-SS à la création du FN en 1973 (on sait que ça n'abuse plus grand monde aujourd'hui, surtout chez les plus jeunes qui ne savent même pas qui étaient Heinrich Himmler ou Léon Degrelle) ; c'en est une autre de désigner un parti qui est devenu le premier de l'opposition parlementaire comme un mouvement extrémiste à la solde d'une puissance agressive et impérialiste étrangère.
Pas genre PCF en 1950-1960 de Thorez ou Duclos, mais genre PPF de Jacques Doriot avant et pendant l'Occupation allemande.
Dès lors, au-delà du nécessaire démantèlement de la propagande bruxelloise et otanienne, un chef de parti responsable ne devrait répondre qu'à deux seules questions :
1) La France a-t-elle des intérêts nationaux spécifiques à défendre en mer Noire ?
2) Une victoire militaire de la Russie en Ukraine engage-t-elle ou non la sécurité de la France et des autres nations d'Europe dans les années qui viennent ?
Si la réponse à ces deux questions est bien évidemment négative (ceux qui pensent le contraire sont sommés de présenter des arguments rationnels autres que "Poutine, c'est Hitler"), alors la France n'a aucune raison de faire de Kiev son allié stratégique - et encore moins un partenaire commercial voué à intégrer le marché unique.
Dès lors, on ne s'abstient pas, on vote résolument contre.
Ne serait-ce que pour ne pas laisser à Mélenchon le privilège douteux d'être le seul à défendre sans barguigner l'intérêt national (dont il se moque bien sur toutes les autres questions).
Et aussi parce que l'union sacrée contre Moscou sera le dernier alibi d'une construction européenne totalitaire et essoufflée qui ne parvient plus à réunir une majorité d'Européens derrière elle.
Bref, bilan de la journée pour le RN : catastrophique.
28 avril 2023
« Grève, blocage, Macron dégage ! »
Jacques COTTA
- 28/4/2023 - Emmanuel Macron est rejeté. Les Français très majoritairement n'en veulent plus. Il est ultra minoritaire. Et pourtant il reste accroché au pouvoir. Qu'est-ce qui lui permet de se maintenir ? Comment en finir ?
- 28/4/2023 - Emmanuel Macron est rejeté. Les Français très majoritairement n'en veulent plus. Il est ultra minoritaire. Et pourtant il reste accroché au pouvoir. Qu'est-ce qui lui permet de se maintenir ? Comment en finir ?
27 avril 2023
11 avril 2023
Denis Collin
11/4/2023 – On entend un peu partout que Macron prépare la victoire de Le Pen. Si je comprends bien, le pire des reproches qu'on ait à lui faire est celui-là. Par la même occasion, on énonce 1. que Le Pen est pire que Macron et 2. que, le moment venu, on choisira quand même le "moindre mal". Cela prouve à quel point les cervelles "de gauche" sont devenues de la bouillie, car 1. Macron est pire que tout, Le Pen compris (c'est la position que nous avions défendue dans "La Sociale" lors de la dernière présidentielle) et 2. C'est Le Pen qui soutient Macron, notamment se contentant de "faire peur" sans rien faire que servir d'alibi aux couardises de la "gauche".
Si j'avais été dirigeant de gauche, de la NUPES par exemple, je me serais adressé à Marine Le Pen, aux électeurs du RN pour leur dire : Macron détruit notre pays ! Macron détruit notre modèle social ! Comme vous, nous savons que la discipline de l'UE nous étrangle, alors, ensemble, manifestons et agissons pour virer ce nuisible !
Mais pour tenir ce discours, il eût fallu que notre "gauche" ne fût point composée de décérébrés, de petits arrivistes et de francs idiots, il eût fallu qu'une partie d'entre eux ne fût pas préoccupée de ne surtout pas rompre toutes les amarres avec le macronisme (n'est-ce pas M. Roussel ?). Bref, il eût fallu que fût résolu le problème principal : quelle alternative populaire, capable de fédérer toute la nation contre le capital et ses sbires ?
10 février 2023
DRÔLE DE JEU À L'ASSEMBLÉE ET DANS LA RUE...
Jacques Cotta
Le jeu politique qui se déroule sous nos yeux peut réjouir Macron :
1/ À l'Assemblée nationale :
Les députés NUPES considèrent qu'il est plus important de se démarquer du RN que de voter pour une motion référendaire qui permettrait au peuple français de dire non à Macron. Ils voudraient ainsi apporter une aide objective inespérée à Macron, ils ne feraient pas mieux. En plus l'argumentation est pour le moins fallacieuse. Elle montre une certaine gêne aux entournures. Il paraît en effet que "de toutes les façons la motion n'aurait pas eu la majorité". Mais alors pourquoi avoir revendiqué la présentation de la motion en lieu et place du RN, si cela ne servait à rien ?
2/ Dans la rue :
Outre que la démonstration de la nécessité d'un blocage, d'un mouvement organisé qui ne nous ballade pas de journées d'action en journées d'action, semble établie, nous voilà appelés à manifester samedi 11. Il faudra saisir l'occasion et être des millions. Mais pour cela, il faudra y être tous, sans distinction, comme ont su le faire les Gilets jaunes à l'époque. Cela indépendamment de son appartenance politique, de ses convictions personnelles, y être pour le retrait de cette réforme. Le RN, s'il ne veut pas avoir une position symétrique à celle de la NUPES à l'Assemblée, devrait appeler de son côté tous les Français à descendre dans la rue le 11.
En réalité, le dilemme est assez clair :
Tous contre Macron et pour le retrait de la réforme des retraites,
ou :
Tous avec Macron et pour le maintien de la réforme.
Pour les Français le choix est fait.
10/2/2023
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