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25 avril 2025

SCORSESE OU LA PIÉTÉ MUTILÉE

Gabriel Nerciat

-25/4/2025- Au-delà de Bergoglio (que je soupçonne d'avoir été surtout un hypocrite, comme un grand nombre des prélats de son ordre - il y a des poncifs, même voltairiens, qui sont vrais), ce qui m'insupporte, et depuis longtemps, c'est le discours de tous ces chrétiens pervers ou au mieux approximatifs, à la fois doloristes et infiniment complaisants (Martin Scorsese, qui nous inflige à nouveau en ce moment, à la faveur d'un livre d'entretiens, l'épreuve de sa vacuité spirituelle, en est l'exemple typique), qui vous expliquent qu'il faut chercher le Christ préférentiellement chez le larron, le publicain, le clochard, la prostituée, le vagabond, la femme adultère, le toxicomane, l'unijambiste, l'anorexique ou le migrant clandestin.
Dieu serait présent en eux, et pas ailleurs, nous disent-ils, en commettant un contresens majeur sur la dénonciation évangélique du rigorisme moral des Pharisiens.
Or, sans être ni prêtre ni théologien ni exégète biblique ni quoi que ce soit de cet ordre, je prétends que cette assertion est, d'un point de vue chrétien, non seulement fausse, mais d'une inspiration quasiment satanique.
Pour que le Christ prenne sur lui les péchés du monde afin de les absoudre, il est absolument vital (c'est le mot qui convient) qu'il n'ait rien d'autre en commun avec les hommes pécheurs que la forme (mortelle) de leur humanité.
Pour le dire en usant d'un apparent paradoxe, c'est parce que la personne (divine) du Christ est exempte de toute expérience du mal et de toute complaisance envers lui qu'elle est susceptible d'épouser la condition humaine, et donc de sauver la totalité des hommes - pour peu bien sûr qu'ils le veuillent (Dieu ne sauve personne malgré lui, les Evangiles le redisent souvent).
Quand le Fils de Dieu accorde son salut au bon larron, au publicain, au légionnaire romain, au paralytique ou à la femme adultère, ce n'est pas en raison de leur indignité ou de leur faiblesse mais malgré elles, parce qu'une partie d'eux a été suffisamment touchée et transfigurée par l'éclat et la douceur de sa divinité ; au point que tout le reste, à son contact, s'efface et se néantise, rétablissant pour un moment l'intégrité primordiale de la Création.
Au mieux peut-on dire que l'expérience du mal et de la souffrance prédispose à rencontrer Dieu (quelqu'un qui n'éprouve aucun manque ni aucune faille dans sa vie sera plus enclin à se satisfaire des évidences futiles ou trompeuses du monde présent) mais en aucun cas que le mal et la souffrance révèlent chez les êtres la présence de Dieu.
Pour la doctrine apostolique de l'Eglise, tout ce qui attente à la Création et à la dignité des créatures est la marque de l'Ange révolté, et de rien d'autre. Car derrière la créature, c'est bien sûr la puissance du Créateur qui est visée.
Le plus inculte des curés de campagne (comme celui jadis, fils d'un éleveur de porcs, qui me prépara à la communion privée puis solennelle) le sait mieux que le plus savant ou le plus tacticien des Jésuites, ou le plus superficiel des cinéastes catholiques.
Bref, je crois bien que c'est parce qu'il est un piètre croyant que Scorsese est également un cinéaste aussi boursouflé qu'inconsistant - tout spécialement dans ses films qui traitent de la foi ou de la rédemption.
Au moins, il a échappé à la prêtrise, et ne sera donc pas le prochain pape. Vous me direz que c'est toujours ça de pris.