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19 février 2025

Stéphane Rozès
19/2/2025

La décision du Conseil d’État de fermer C8 est une décision partisane

C8 est la première chaîne de la TNT. C’est ce que l’on appelle une chaîne populaire.
Personnellement, je ne regardais guère C8 et n’ai pas de sympathie pour Cyril Hanouna. Par ailleurs, je n’ai pas été invité sur CNews, également du groupe Bolloré, depuis des années.
Mais une chose importe plus que tout au monde : c’est la liberté d’expression.
C8 peut être sanctionnée pour des manquements, mais fermer C8, comme le font les régimes autoritaires et les dictatures, cela n’est pas possible.
Dans la vie de la Cité, seuls les principes doivent prévaloir, a fortiori dans les démocraties libérales. Le Conseil d’État et le Conseil constitutionnel en sont les garants.
Le Conseil d’État a fait ici preuve de partialité idéologique, d’autant qu’il n’a pas eu, ainsi que l’ARCOM, la même sévérité à l’égard des manquements à l’impartialité de l’audiovisuel de service public.
Cette décision est un précédent dangereux. Il faut le dire. Ceux qui ne le feront pas ne seront guère crédibles quand ils parleront de liberté d’expression.
Les principes de la République et de la démocratie ne sont pas à géométrie variable. Ils se défendent intégralement.

17 février 2025

Europe : les giroflées à cinq pétales de JD Vance

H16

- 17/2/2025 - Saperlipopette, la semaine passée a marqué un véritable tournant en matière de géopolitique, avec crissements de pneus, gyrophares et pétarades motorisées particulièrement bruyantes.

Il suffit pour s’en convaincre de récolter les réactions des uns et des autres dans une presse à la limite de l’apoplexie depuis le dernier discours du vice-président américain Vance et l’appel téléphonique de Trump à Poutine : l’étendue des dégâts idéologiques est assurément grande, et l’onde de choc n’a pas encore fini de se déplacer dans les différents milieux politiques et diplomatiques européens.


En première analyse, on se doit de noter que les dirigeants européens réagissent quasi-unanimement aux changements géopolitiques introduit par l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche : ils sont, à peu de chose près, livides et outrés qu’on puisse ainsi leur tenir un discours aussi franc, simple et clair, en pleine face, sans filtre et, pire que tout, sans animosité. Non seulement l’Américain nous donne quelques conseils de bon sens (le malotru !) mais en plus, il se montre même amical en le faisant (insulte suprême).

Eh oui : le discours de Vance, qu’on pourra regarder ci-dessous, n’est un camouflet que pour une certaine tranche d’Européens. C’est peut-être une gifle, mais seulement pour ces dirigeants qui se sont directement sentis concernés par les rappels de bon sens du vice-président, bon sens dont ils se sentent à raison complètement dépourvus. Un étranger vient de leur montrer qu’ils se baladaient tout nu, eux qui étaient persuadés d’être richement habillés ! Insupportable affront !

Les peuples européens qui ont écouté le discours sont globalement en accord avec ce dernier, et pour cause : rappelant que les valeurs américaines sont essentiellement les mêmes que les valeurs européennes, à savoir la démocratie et la liberté d’expression fondement même de celle-là, Vance explique très simplement que les dirigeants européens doivent revenir à ces fondamentaux qui ont permis le succès de la civilisation occidentale. Dans son discours, le vice-président américain explique que les États-Unis attendent de l’Europe qu’elle se reprenne en main, tant sur le plan économique que sur le plan militaire et diplomatique.

Il va sans dire que ce discours ne peut que choquer des dirigeants qui ont systématiquement utilisé leurs budgets de défense comme variable d’ajustement de leur politique budgétaire, la souveraineté de leur pays comme un paillasson encombrant dans leur désir de tout déléguer à une autorité européenne supérieure, et la démocratie comme un pur produit marketing pour justifier tout et n’importe quoi et surtout une diminution minutieuse de la liberté des peuples.

Parallèlement, il apparaît de plus en plus évident que les peuples occidentaux tiennent à leur souveraineté, qu’ils n’ont décidément pas les mêmes vues que leurs dirigeants tant sur les équilibres budgétaires que sur la démocratie, et qu’ils ne sont plus du tout d’accord pour une immigration incontrôlée, pas plus aux États-Unis qu’en Europe.

Ces peuples semblent trouver les délires écologiques maintenant trop coûteux et veulent clairement y mettre un frein, ne serait-ce que pour la raison pragmatique mais évidente que l’énergie bio-syntonisée à base de prout de licornes raffinés coûte beaucoup trop cher, que la dépendance énergétique à la Russie et aux États-Unis devient plus que pesante financièrement et géopolitiquement parlant, et que ces coûts sont en train d’emmener l’industrie européenne et toute son économie dans le gouffre.

Les peuples européens ne semblent pas non plus près à entrer en guerre avec la Russie. Certes, les opinions vis-à-vis de Poutine sont très diverses, allant de l’admiration à la haine la plus farouche, mais il est clair que la vaste majorité populaire, lucide, est très opposée à une entrée en guerre contre la Russie.

Pourtant, les dirigeants européens ne semblent tenir compte d’absolument aucune de ces aspirations pourtant raisonnables : il suffit de voir les réactions de Macron, Scholz, von der Leyen ou des avortons habituels de la politique européenne (Breton, Barrot, Kallas) face au discours de Vance, puis à la suite de l’échange téléphonique entre Trump et Poutine, pour comprendre le décalage – qu’on peut qualifier maintenant de mortifère – entre ces dirigeants et leur peuple qu’ils ne représentent plus du tout.

Ainsi, les mêmes qui ont multiplié les mesures pour limiter la liberté d’expression (tant pendant la pandémie qu’ensuite) prennent d’assaut les plateaux télé pour clamer haut et fort que Vance délire, que la liberté d’expression ne s’est jamais si bien portée qu’en Europe et que s’il continue à raconter n’importe quoi comme ça, on va couper les réseaux sociaux pour empêcher qu’une telle désinformation se répande, non mais !

Ainsi, les mêmes qui voulaient s’aligner coûte que coûte avec les Américains il y a encore trois mois se retrouvent à réclamer maintenant avec véhémence une indépendance totale à l’Oncle Sam, et « on va faire nos propres armes, nos propres munitions, nos propres armées, vous allez voir », oubliant les décennies d’abandon progressif de tout le complexe militaro-industriel européen aux mieux-disant américain (pour le plus grand profit de certains dirigeants européens habilement placés).

Ainsi, alors que des négociations de paix semblent se mettre en place, ces mêmes dirigeants (qui ont consciencieusement miné la liberté d’expression et l’économie européenne) montent à présent au créneau pour tenter de les saboter en multipliant les prétextes les plus invraisemblables qui aboutissent à des prises de position véritablement ubuesques.


Ces gesticulations grotesques et cette panique complète qui s’est emparée de l’intelligentsia européenne démontrent sans ambiguïté l’absence totale de toute vision à long terme pour l’Europe et pour chacun des pays qui la compose, ainsi que l’impéritie décontractée dans laquelle ces dirigeants (et Macron pas le dernier) ont laissé leurs pays s’enferrer.

Du reste, le fait que leurs réactions surviennent alors que l’outil de propagande et d’influence américaine (USAID) est en train de se faire démonter outre-Atlantique n’est pas un hasard.

D’une part, il est évident que sans ces canaux habituels leur dictant la marche à suivre, les dirigeants européens doivent, pour la première fois de leur existence, prendre des décisions basées sur ce qu’ils croient être leurs opinions. Compte-tenu de la lavasse qui forme cette « opinion », la panique est logique.

D’autre part, ils sont manifestement captifs d’hypernormalisation, ce principe selon lequel tout le monde comprend (consciemment ou non) que l’ordre mondial est en train de radicalement changer, que les objectifs ne peuvent rester les mêmes, mais qu’en faisant semblant, en s’obstinant à nier ces changements, on va pouvoir faire perdurer la situation postérieure…

En fait, les dirigeants européens se sont tellement auto-intoxiqués avec la croyance en un monde bâti selon leurs désirs que ces changements leurs sont tout bonnement impossibles à conceptualiser. Ils se retrouvent comme des poulets sans tête à se raccrocher aux mantras et directions prises il y a des décennies, bille en tête, sans remise en question et sans montrer la moindre capacité d’adaptation à une donne qui a pourtant changé de façon assez radicale en quelques mois.

Les pays européens doivent impérativement revenir à une gestion saine et surtout indépendante de leurs relations internationales. Leurs dirigeants doivent impérativement obtenir un mandat clair de leur peuple. Pour cela, ils doivent garantir des débats libres et une vraie expression démocratique.

Ils font exactement le contraire et s’obstinent. Au milieu de cette troupe d’autocrates perdus, Macron tente de prendre la tête d’une coalition européenne qui va donc faire l’exact opposé de ce qu’il faudrait, au plus mauvais moment.

Cela va très bien se passer.


https://h16free.com/2025/02/17/80207-europe-les-giroflees-a-cinq-petales-de-jd-vance

15 février 2025

Michel Rosenzweig

- 15/2/2025 - « Si la démocratie américaine peut survivre à dix ans de reproches de Greta Thunberg, alors vous pouvez survivre à quelques mois d'Elon Musk ». J.D. Vance.

Depuis hier toute la politico médiasphère bien pensante de l'Empire du Bien est en PLS, étouffée par la rage d'entendre tout ce qu'ils refusent d'admettre, comparant Munich 2025 à Munich 1938.
Too bad, ce discours du vice-président américain J.D. Vance à la conférence de Munich sur la sécurité est pourtant historique.
Alors, qu'a-t-il vraiment dit ? Plutôt que de déformer ses propos, les faits rien que les faits, voici son discours avec la traduction.

Cliquer sur l'image 

« L’une des choses dont je voulais parler aujourd’hui, c’est bien sûr nos valeurs communes. Et vous savez, c’est formidable d’être de retour en Allemagne. Comme vous l’avez entendu plus tôt, j’étais ici l’année dernière en tant que sénateur des États-Unis. J’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères David Lammy et j’ai plaisanté en disant que l’année dernière, nous avions tous deux des emplois différents de ceux que nous avons aujourd’hui. Mais il est désormais temps pour tous nos pays, pour nous tous qui avons eu la chance de nous voir confier le pouvoir politique par nos peuples respectifs, de l’utiliser à bon escient pour améliorer leurs conditions de vie.

Je tiens à dire que j'ai eu la chance de passer ces dernières 24 heures en dehors des murs de cette conférence et j'ai été très impressionné par l'hospitalité des gens, même s'ils se remettent bien sûr de l'horrible attaque d'hier. La première fois que je suis venu à Munich, c'était avec ma femme, qui est ici avec moi aujourd'hui, dans le cadre d'un voyage personnel. J'ai toujours aimé la ville de Munich et j'ai toujours aimé ses habitants.

Je tiens à vous dire que nous sommes très touchés et que nos pensées et nos prières vont à Munich et à tous ceux qui sont touchés par le mal infligé à cette belle communauté. Nous pensons à vous, nous prions pour vous et nous serons certainement de tout cœur avec vous dans les jours et les semaines à venir.

Nous nous réunissons à cette conférence, bien sûr, pour discuter de sécurité. Et nous parlons généralement des menaces qui pèsent sur notre sécurité extérieure. Je vois de nombreux, très nombreux chefs militaires de renom réunis ici aujourd’hui. Mais si l’administration Trump est très préoccupée par la sécurité européenne et estime que nous pouvons parvenir à un accord raisonnable entre la Russie et l’Ukraine – et nous pensons également qu’il est important que l’Europe prenne des mesures importantes dans les années à venir pour assurer sa propre défense – la menace qui m’inquiète le plus vis-à-vis de l’Europe n’est pas la Russie, ni la Chine, ni aucun autre acteur extérieur. Ce qui m’inquiète, c’est la menace qui vient de l’intérieur. Le retrait de l’Europe de certaines de ses valeurs les plus fondamentales : des valeurs partagées avec les États-Unis d’Amérique.

J'ai été frappé par la récente intervention à la télévision d'un ancien commissaire européen qui s'est réjoui de l'annulation par le gouvernement roumain d'une élection. Il a prévenu que si les choses ne se déroulaient pas comme prévu, la même chose pourrait se produire en Allemagne.

Ces déclarations désinvoltes sont choquantes pour les oreilles des Américains. Depuis des années, on nous répète que tout ce que nous finançons et soutenons est fait au nom de nos valeurs démocratiques communes. De notre politique à l’égard de l’Ukraine à la censure numérique, tout est présenté comme une défense de la démocratie. Mais lorsque nous voyons des tribunaux européens annuler des élections et de hauts responsables menacer d’en annuler d’autres, nous devrions nous demander si nous nous tenons à des normes suffisamment élevées. Et je dis bien nous-mêmes, car je crois fondamentalement que nous sommes dans la même équipe.

Nous devons faire plus que parler des valeurs démocratiques. Nous devons les vivre. Aujourd’hui, de mémoire d’homme, la guerre froide a placé les défenseurs de la démocratie face à des forces bien plus tyranniques sur ce continent. Et pensez à ceux qui, dans cette lutte, ont censuré les dissidents, fermé les églises, annulé les élections. Étaient-ils les bons ? Certainement pas.

Et Dieu merci, ils ont perdu la guerre froide. Ils l'ont perdue parce qu'ils n'ont ni valorisé ni respecté tous les bienfaits extraordinaires de la liberté, la liberté de surprendre, de faire des erreurs, d'inventer, de construire. Il s'avère qu'on ne peut pas imposer l'innovation ou la créativité, tout comme on ne peut pas forcer les gens à penser, à ressentir ou à croire. Et nous pensons que ces choses sont certainement liées. Et malheureusement, quand je regarde l'Europe aujourd'hui, je ne sais pas toujours très bien ce qui est arrivé à certains des vainqueurs de la guerre froide.

Si vous vous présentez par peur de vos propres électeurs, l'Amérique ne peut rien faire pour vous.

Je pense à Bruxelles, où les commissaires de la Commission européenne ont averti les citoyens qu'ils avaient l'intention de fermer les réseaux sociaux en cas de troubles civils : dès qu'ils repéreraient ce qu'ils jugeaient être un « contenu haineux ». Ou à ce même pays, où la police a mené des descentes contre des citoyens soupçonnés d'avoir publié des commentaires antiféministes en ligne dans le cadre de la « lutte contre la misogynie » sur Internet.

Je pense à la Suède, où le gouvernement a condamné il y a deux semaines un militant chrétien pour avoir participé à l'autodafé de Corans qui a conduit au meurtre de son ami. Et comme le juge l'a fait remarquer de manière effrayante, les lois suédoises censées protéger la liberté d'expression ne donnent pas, en réalité, un « laissez-passer » pour faire ou dire n'importe quoi sans risquer d'offenser le groupe qui professe cette croyance.

Et ce qui m’inquiète le plus, c’est peut-être le cas de nos chers amis, le Royaume-Uni, où le recul des droits de conscience a mis en péril les libertés fondamentales des Britanniques religieux en particulier. Il y a un peu plus de deux ans, le gouvernement britannique a accusé Adam Smith Conner, un physiothérapeute de 51 ans et ancien combattant de l’armée, du crime odieux d’avoir prié en silence pendant trois minutes à 50 mètres d’une clinique d’avortement, sans gêner personne, sans interagir avec personne, mais en priant seul en silence. Après que les forces de l’ordre britanniques l’ont repéré et lui ont demandé pourquoi il priait, Adam a simplement répondu que c’était au nom de son fils à naître.

Lui et son ancienne petite amie avaient déjà avorté des années auparavant. Mais les policiers n'ont pas bougé. Adam a été reconnu coupable d'avoir enfreint la nouvelle loi sur les zones tampons, qui criminalise la prière silencieuse et d'autres actions susceptibles d'influencer la décision d'une personne à moins de 200 mètres d'un centre d'avortement. Il a été condamné à payer des milliers de livres sterling de frais de justice au ministère public.

J’aimerais pouvoir dire qu’il s’agit d’un hasard, d’un exemple unique et insensé d’une loi mal rédigée adoptée contre une seule personne. Mais non. En octobre dernier, il y a quelques mois à peine, le gouvernement écossais a commencé à distribuer des lettres aux citoyens dont les maisons se trouvent dans des zones d’accès dites sûres, les avertissant que même la prière privée dans leur propre maison peut être considérée comme une infraction à la loi. Naturellement, le gouvernement a exhorté les lecteurs à signaler tout concitoyen soupçonné d’être coupable de délit de pensée en Grande-Bretagne et dans toute l’Europe.

La liberté d’expression, je le crains, est en recul et, dans l’intérêt de la comédie, mes amis, mais aussi dans l’intérêt de la vérité, je dois admettre que parfois les voix les plus fortes en faveur de la censure ne viennent pas d’Europe, mais de mon propre pays, où l’administration précédente a menacé et intimidé les sociétés de médias sociaux pour qu’elles censurent ce qu’on appelle la désinformation. De la désinformation, comme par exemple l’idée que le coronavirus avait probablement fuité d’un laboratoire en Chine. Notre propre gouvernement a encouragé les entreprises privées à faire taire les personnes qui osaient dire ce qui s’est avéré être une vérité évidente.

Je ne viens donc pas ici avec une simple observation, mais avec une proposition. Et tout comme l’administration Biden semblait désespérée de faire taire les gens qui s’exprimaient, l’administration Trump fera exactement le contraire, et j’espère que nous pourrons travailler ensemble sur ce sujet.

À Washington, un nouveau shérif est en poste. Sous la direction de Donald Trump, nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, mais nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique. Aujourd’hui, la situation est devenue si mauvaise qu’en décembre dernier, la Roumanie a purement et simplement annulé les résultats d’une élection présidentielle sur la base des soupçons fragiles d’une agence de renseignement et d’une énorme pression de ses voisins continentaux. Si j’ai bien compris, l’argument était que la désinformation russe avait infecté les élections roumaines. Mais je demanderais à mes amis européens de prendre du recul. Vous pouvez croire que c’est mal pour la Russie d’acheter des publicités sur les réseaux sociaux pour influencer vos élections. Nous le pensons certainement. Vous pouvez même condamner cela sur la scène internationale. Mais si votre démocratie peut être détruite avec quelques centaines de milliers de dollars de publicité numérique provenant d’un pays étranger, alors elle n’était pas très solide au départ.

La bonne nouvelle, c’est que je pense que vos démocraties sont bien moins fragiles que beaucoup de gens le craignent.

Croire en la démocratie, c'est comprendre que chacun de nos citoyens a de la sagesse et a une voix.

Je crois vraiment que permettre à nos citoyens de s’exprimer les rendra encore plus forts. Ce qui nous ramène bien sûr à Munich, où les organisateurs de cette conférence ont interdit aux parlementaires représentant les partis populistes de gauche comme de droite de participer à ces discussions. Nous ne sommes pas obligés d’être d’accord avec tout ce que disent les gens. Mais lorsque les dirigeants politiques représentent un groupe important, il nous incombe au moins de participer au dialogue avec eux.

Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous de l’autre côté de l’Atlantique, cela ressemble de plus en plus à de vieux intérêts bien ancrés se cachant derrière des termes laids de l’ère soviétique comme « mésinformation » et « désinformation », qui n’aiment tout simplement pas l’idée que quelqu’un avec un point de vue alternatif puisse exprimer une opinion différente ou, Dieu nous en préserve, voter différemment, ou pire encore, gagner une élection.

Il s’agit d’une conférence sur la sécurité et je suis sûr que vous êtes tous venus ici préparés à parler de la manière dont vous comptez augmenter les dépenses de défense au cours des prochaines années, conformément à un nouvel objectif. Et c’est formidable, car comme le président Trump l’a clairement indiqué, il estime que nos amis européens doivent jouer un rôle plus important dans l’avenir de ce continent. Nous ne pensons pas que vous entendiez ce terme de « partage des charges », mais nous pensons qu’il est important que les Européens intensifient leurs efforts tandis que l’Amérique se concentre sur les régions du monde qui sont en grand danger.

Mais permettez-moi de vous demander comment vous allez commencer à réfléchir aux questions budgétaires si nous ne savons pas ce que nous défendons en premier lieu. J'ai déjà entendu beaucoup de choses au cours de mes conversations et j'ai eu de très nombreuses conversations intéressantes avec de nombreuses personnes réunies ici dans cette salle. J'ai beaucoup entendu parler de ce contre quoi vous devez vous défendre, et bien sûr, c'est important. Mais ce qui m'a semblé un peu moins clair, et certainement à de nombreux citoyens européens, c'est ce pour quoi vous vous défendez exactement. Quelle est la vision positive qui anime ce pacte de sécurité partagé que nous considérons tous comme si important ?

Je crois profondément qu’il n’y a pas de sécurité si l’on a peur des voix, des opinions et de la conscience qui guident son propre peuple. L’Europe est confrontée à de nombreux défis. Mais la crise à laquelle ce continent est confronté en ce moment, la crise à laquelle nous sommes tous confrontés ensemble, je crois, est une crise que nous avons nous-mêmes provoquée. Si vous vous présentez dans la peur de vos propres électeurs, l’Amérique ne peut rien faire pour vous. Et d’ailleurs, vous ne pouvez rien faire pour le peuple américain qui m’a élu et qui a élu le président Trump. Vous avez besoin de mandats démocratiques pour accomplir quoi que ce soit de valable dans les années à venir.

N’avons-nous pas appris que des mandats trop restrictifs produisent des résultats instables ? Pourtant, il y a tant de choses qui peuvent être accomplies avec le type de mandat démocratique qui, je pense, résultera d’une plus grande réactivité aux voix de vos citoyens. Si vous voulez profiter d’économies compétitives, d’une énergie abordable et de chaînes d’approvisionnement sûres, vous avez besoin de mandats pour gouverner, car vous devez faire des choix difficiles pour profiter de toutes ces choses.

Et bien sûr, nous le savons très bien. Aux États-Unis, on ne peut pas gagner un mandat démocratique en censurant ses adversaires ou en les mettant en prison. Qu'il s'agisse du chef de l'opposition, d'un humble chrétien priant chez lui ou d'un journaliste essayant de rapporter l'actualité. On ne peut pas non plus gagner un mandat démocratique en ignorant son électorat de base sur des questions comme celle de savoir qui a le droit de faire partie de notre société commune.

Parmi tous les défis urgents auxquels sont confrontées les nations représentées ici, je pense qu’il n’y en a pas de plus urgent que la migration de masse. Aujourd’hui, près d’une personne sur cinq vivant dans ce pays a immigré de l’étranger. Il s’agit, bien sûr, d’un chiffre record. C’est d’ailleurs un chiffre similaire aux États-Unis, également un record historique. Le nombre d’immigrants entrés dans l’UE en provenance de pays tiers a doublé entre 2021 et 2022 seulement. Et bien sûr, il a beaucoup augmenté depuis.

Et nous connaissons la situation. Elle ne s'est pas matérialisée dans le vide. C'est le résultat d'une série de décisions conscientes prises par des hommes politiques de tout le continent et d'autres pays du monde entier, au cours d'une décennie. Nous avons vu les horreurs provoquées par ces décisions hier dans cette même ville. Et bien sûr, je ne peux pas évoquer à nouveau ce sujet sans penser aux terribles victimes qui ont vu une belle journée d'hiver à Munich gâchée. Nos pensées et nos prières les accompagnent et resteront avec elles. Mais pourquoi tout cela est-il arrivé en premier lieu ?

C’est une histoire terrible, mais nous l’avons entendue trop souvent en Europe, et malheureusement trop souvent aux États-Unis également. Un demandeur d’asile, souvent un jeune homme d’une vingtaine d’années, déjà connu de la police, a foncé dans une foule et a brisé une communauté. L’unité. Combien de fois devrons-nous subir ces revers effroyables avant de changer de cap et de donner à notre civilisation commune une nouvelle direction ? Aucun électeur sur ce continent n’est allé aux urnes pour ouvrir les vannes à des millions d’immigrés non contrôlés. Mais vous savez pour quoi ils ont voté ? En Angleterre, ils ont voté pour le Brexit. Et qu’ils soient d’accord ou non, ils ont voté pour. Et de plus en plus de gens partout en Europe votent pour des dirigeants politiques qui promettent de mettre fin à une migration incontrôlable. Il se trouve que je suis d’accord avec beaucoup de ces préoccupations, mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec moi.

Je pense simplement que les gens se soucient de leur maison, de leurs rêves, de leur sécurité et de leur capacité à subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.

Et ils sont intelligents. Je pense que c'est l'une des choses les plus importantes que j'ai apprises au cours de ma brève carrière politique. Contrairement à ce que l'on pourrait entendre à quelques montagnes de Davos, les citoyens de nos pays ne se considèrent généralement pas comme des animaux éduqués ou comme des rouages ​​interchangeables de l'économie mondiale. Il n'est donc pas surprenant qu'ils ne souhaitent pas être bousculés ou ignorés sans relâche par leurs dirigeants. Et c'est le rôle de la démocratie de trancher ces grandes questions lors des urnes.

Acceptez ce que vos gens vous disent, même si c'est surprenant, même si vous n'êtes pas d'accord

Je crois que le fait de rejeter les gens, de faire fi de leurs préoccupations ou, pire encore, de bloquer les médias, d’empêcher les élections ou d’exclure les gens du processus politique ne protège rien. En fait, c’est le moyen le plus sûr de détruire la démocratie. S’exprimer et exprimer ses opinions n’est pas une ingérence électorale. Même lorsque des personnes expriment des opinions en dehors de votre propre pays, et même lorsque ces personnes sont très influentes – et croyez-moi, je dis cela avec humour – si la démocratie américaine peut survivre à dix ans de réprimandes de Greta Thunberg, vous pouvez survivre à quelques mois d’Elon Musk.

Mais aucune démocratie, qu’elle soit américaine, allemande ou européenne, ne survivra à l’idée de dire à des millions d’électeurs que leurs pensées et leurs préoccupations, leurs aspirations, leurs appels à l’aide, ne sont pas valables ou ne méritent même pas d’être pris en considération.

La démocratie repose sur le principe sacré selon lequel la voix du peuple compte. Il n’y a pas de place pour les pare-feu. Soit on respecte ce principe, soit on ne le fait pas. Les Européens, les citoyens ont voix au chapitre. Les dirigeants européens ont le choix. Et je suis fermement convaincu que nous n’avons pas à avoir peur de l’avenir.

Acceptez ce que votre peuple vous dit, même si c'est surprenant, même si vous n'êtes pas d'accord. Et si vous le faites, vous pourrez affronter l'avenir avec certitude et confiance, sachant que la nation est derrière chacun de vous. Et c'est là, pour moi, la grande magie de la démocratie. Elle ne réside pas dans ces bâtiments en pierre ou dans ces beaux hôtels. Elle ne réside même pas dans les grandes institutions que nous avons bâties ensemble en tant que société commune.

Croire en la démocratie, c'est comprendre que chacun de nos citoyens est doté de sagesse et a une voix. Et si nous refusons d'écouter cette voix, même nos combats les plus victorieux n'aboutiront à rien. Comme l'a dit un jour le pape Jean-Paul II, à mon avis l'un des plus extraordinaires défenseurs de la démocratie sur ce continent ou sur tout autre, « n'ayez pas peur ». Nous ne devons pas avoir peur de nos citoyens, même lorsqu'ils expriment des opinions qui ne sont pas celles de leurs dirigeants. Merci à tous. Bonne chance à vous tous. Que Dieu vous bénisse. »

James David Vance

21 janvier 2025

Yann Thibaud

- 18/1/2025 - Un étrange narratif se fait entendre depuis quelque temps au sein des milieux médiatiques et politiques dominants, étonnant et stupéfiant narratif donc selon lequel la liberté d'expression serait aujourd'hui le principal obstacle au bon fonctionnement de la démocratie !
Faut-il donc rappeler que la démocratie ne se résume pas à des règles, procédures et institutions, mais est d'abord et avant tout un état d'esprit, fondé sur la liberté d'opinion et d'expression ainsi que sur ce qui en découle nécessairement, à savoir le libre débat, la confrontation courtoise et respectueuse des opinions, dans la droite ligne de la philosophie des Lumières, axe central et majeur de la pensée occidentale ?
Comment peut-on se prévaloir d'idéal ou de valeurs démocratiques, si l'on refuse de débattre avec ceux qui ne pensent pas comme soi, en les discréditant a priori et en les insultant en les qualifiant, au choix, de fascistes, d'extrémistes ou de complotistes ?
Est-il donc nécessaire de faire savoir aux bien-pensants qui nous gouvernent, que la démocratie n'est aucunement la dictature, la tyrannie ou le totalitarisme, fût-ce celui de la conformité à la doxa en vigueur ?

8 janvier 2025

En Europe, il faut protéger la démocratie. Du peuple.

H16

- 8/1/2025 - Pour l’idée même d’Europe, ces dernières semaines furent particulièrement révélatrices : il apparaît clair, dans la bouche de nos dirigeants, des politiciens de carrière et des imputrescibles factotums qu’on retrouve dans tous les médias de grand chemin que pour protéger la démocratie en Europe, il va falloir la protéger vigoureusement, notamment d’être prise en main par le peuple.

C’est donc en toute logique qu’après l’appel du Parlement européen à faire de nouvelles élections en Géorgie, celles ayant eu lieu n’étant pas du tout du goût des parlementaires, les mêmes élites occidentales ne se sont pas démontées et ont calmement fait pression sur Bucarest et sa Cour suprême afin que soient annulées les récentes élections dans lesquelles un leader populiste arrivait en tête, et ce contre l’avis même des candidats pourtant encore en lice.

À ce sujet, le silence quasi-joyeux de la Commission européenne ne laisse aucun doute sur ce qui a pu se passer en coulisse pour que des élections qui n’étaient pas entachées d’irrégularités soient annulées au prétexte d’ingérences dont les preuves peinent encore à se matérialiser à ce jour.

Dans les deux cas, il apparaît en effet que le peuple se prend à voter des trucs absolument pas en ligne ni avec ce qui était prévu, ni avec ce qui était désiré. C’est intolérable, et les autorités européennes ont donc agi pour que le train démocratique continue de rouler sur les rails de leurs choix, leurs ingérences dans ces affaires étrangères étant ici parfaitement permises, autorisées et désirables.


Malheureusement, tout ne se déroule pas toujours comme prévu, même pour les élites de la politique occidentale. Parfois, des affaires refont inopinément surface dans lesquelles leurs biais, leur mépris et leurs hypocrisies sont si impossibles à camoufler que leurs gesticulations médiatiques ne suffisent pas à calmer le peuple.

Et rien n’est plus insupportable pour ces élites que de voir leurs discours lénifiants sur le multiculturalisme et le vivrensemble se fracasser sur les rochers pointus de la réalité, ce qui s’est exactement passé récemment avec la réémergence des affaires de Rotherham, Telford, Huddersfield et d’autres.

Véritablement, après ces élections qui ne se déroulaient pas comme prévu, l’effroi puis la contestation palpable et de plus en plus vocale des peuples européens devant les projets de leurs dirigeants les a forcés à agir aussi rapidement que possible.

La panique est, cependant, mauvaise conseillère. Difficile de ne pas voir la fuite en avant vers une Europe résolument autocratique, de laquelle on écarte le peuple par trop crasseux. Il suffit de voir les réactions consternantes d’un Breton, d’un Moscovici ou d’une Loiseau contre Elon Musk qui ne fait qu’émettre ses opinions, diamétralement opposées aux leurs, pour bien saisir l’ampleur de l’affolement qui s’est emparé de nos « élites ».

En pratique, ces politiciens écument de voir leur influence pâlir, mais continuent obstinément de miser sur les moyens traditionnels de communication (télé, radio, presse) alors que ces derniers ont perdu toute crédibilité sur les 5 dernières années. Pour eux, c’est évident : c’est de l’ingérence étrangère, et tant pis si le double-standard qu’ils appliquent ainsi est pourtant visible aux yeux de tous. Ils ne comprennent pas que la façon dont ils taisent certaines affaires, dont ils poussent certain vivrensemble utopique, irréaliste et même dangereux, la manière dont ils jouent les étonnés lorsque la vérité éclate enfin, ne camoufle en rien leur responsabilité directe dans ce qu’on observe.

En revanche, ils comprennent – même si c’est confusément – que ces fissures de plus en plus béantes dans leurs belles histoires érodent durablement leur pouvoir, que le peuple tente de récupérer cette démocratie qu’ils imaginaient réservée à eux seuls.

Dès lors, une riposte est mise en place.

Au-delà des prurits sur les réseaux sociaux où ils gesticulent – en vain – pour tenter de faire taire les discours alternatifs, nos dirigeants ont bien compris qu’ils devraient en passer par la loi.

Pourquoi ne pas mettre en place un programme officiel pour faire de l’ingérence étrangère ?


Attention, hein, c’est la bonne ingérence, pas la mauvaise, pas celle de Musk, n’est-ce pas.


Bien sûr, il s’agit ni plus ni moins qu’une mise en place explicite d’ingérence politique dans l’expression démocratique de chaque pays membre, puis des pays directement périphérique à l’Union. Le diable est dans les détails du programme de « protection de la démocratie », qui se base bien sûr sur la « promotion des élections libres et équitables », ce qui est largement sujet à interprétation comme en témoignent la Roumanie et la Géorgie récemment, et comme pourra probablement en témoigner l’Allemagne aux prochaines élections générales qui pourraient voir l’AfD arriver en tête.

L’idée de « renforcer la liberté des médias » en est une excellente qui se heurtera cependant à la pratique effective, passant par des législations dont on ne comprend pas pourquoi elles se multiplient : la liberté ne devrait pas avoir besoin d’autant de barrières, non ?

Enfin, la « lutte contre la désinformation » permet absolument toutes les manipulations et les dernières années fournissent une foultitude d’exemples et d’applications ; en pratique, cette lutte s’est toujours tournée contre ceux qui émettaient des avis contraire à la doxa. En outre, accorder aux autorités le pouvoir de trancher sur ce qui relève de la vérité ou non est exorbitant, tant les abus sont aisés et les dérives faciles, et faire preuve d’optimisme dans son application n’est pas ambitieux mais juste suicidaire.

L’enfer étant pavé de bonnes intentions, il ne fait pas le moindre doute que l’emballage rose et les barils de moraline dans lesquels sont plongés ces beaux programmes serviront avant tout à corseter encore un peu plus l’expression autorisée dans l’Union, et à poursuivre les dissidents politiques et scientifiques.

Pendant ce temps, d’un côté, les BRICS semblent décidés à ne pas s’en laisser compter par l’Europe et les États-Unis. De l’autre, le continent américain est en train de basculer vers la droite populaire : outre Trump, les dirigeants Milei, Bukele et bientôt Poilièvre au Canada signalent bien cette tendance alors qu’en Europe, on continue nos délires politiquement corrects de plus en plus forts ainsi que les âneries climatiques traumatisantes qui sont en train d’envoyer l’Allemagne industrielle par le fond.

L’Europe met ici en place tout ce qu’il faut pour installer une véritable dictature de la pensée, et ce faisant, elle s’isole chaque jour un peu plus du reste du monde.


https://h16free.com/2025/01/08/79745-en-europe-il-faut-proteger-la-democratie-du-peuple

5 janvier 2025

Gastel Etzwane

- 5/1/2025 - Les chaînes de télévision publiques allemandes ARD et ZDF ont décidé de ne pas inviter Alice Weidel, leader du parti Alternative pour l'Allemagne, au principal débat télévisé du 9 février, en vue des élections du 23 février.
L'AfD est le deuxième parti le plus important selon la plupart des sondages d'opinion et devance le SPD de Scholz, qui est en troisième position.
Les Allemands paient pourtant une taxe sur la télévision publique.
Désormais, les électeurs de l’AfD, qui représentent jusqu'à 25 % de l'ensemble des électeurs, ne verront pas le chef du parti dans un débat financé par leurs propres deniers.
Aucun doute, la démocratie allemande fonctionne aussi bien que la démocratie française.

28 décembre 2024

Eric Vial

- 28/12/2024 - Tous les empires tombent un jour ou l’autre.
Ce qui vient de se passer en Roumanie, l’annulation des élections présidentielles à deux jours du second tour et alors que le candidat anti-européen et anti-OTAN était donné vainqueur à près de 60 % dans les sondages, ne peut qu’interpeller et questionner.
Les leaders européens montent presque tous au créneau en expliquant « qu’il y a eu des ingérences extérieures », sans aucune preuve factuelle et en oubliant un peu vite qu’ils s’ingèrent eux-mêmes dans des débats qui ne devraient pas les concerner puisqu’ils ne sont pas roumains. Ils condamnent aux autres ce qu’ils font, quel paradoxe.
Il résulte le sentiment d’une démocratie gâchée qui rappelle que les intérêts des empires ont toujours prévalu sur la souveraineté des États qui la composent.
De la même manière que dans les anciens empires austro-hongrois ou soviétique, les États européens semblent aujourd’hui bénéficier d’une large autonomie tant qu’ils respectent « l’ordre établi » ; mais il n’est pas possible de sortir du cadre ou d’avoir une stratégie déviante du pouvoir central.
Désormais, chaque élection démocratique est soumise à des débats sur sa légitimité : cela devient étouffant et suscite du doute : Géorgie, Moldavie, Slovaquie et même États-Unis ou Italie ; Il faut que les résultats aillent dans le sens d’un intérêt commun prédéfini sinon c’est le risque de sanctions ou de menaces guerrières. Mais quelle maladie touche donc le vote populaire et la démocratie dans le monde ? Partout les élections sont de plus en plus contestées.
Le caractère rédhibitoire des résultats semble faire oublier un principe de la démocratie : une élection se perd puis se gagne, ou inversement. Le pouvoir n’est confié que pour un temps. C’est cela la force de la démocratie : la capacité dans la paix de changer ses mandants, ses lois, et ses visions pour un groupe donné.
Respecter ce principe c’est avoir foi en l’avenir et accepter que la souveraineté appartient d’abord au peuple, aux gens.
Dès lors, peut-on être certain qu’en imposant aux peuples une doctrine, sous prétexte de perdre son influence à l’échelle mondiale, on ne les précipite pas dans la rébellion en promouvant du même coup des théories obscurantistes. L’histoire a déjà connu cela.
L’idée de l’Europe, garante de la paix, régulatrice du vivre-ensemble est formidable. Elle peut s’appuyer sur ses valeurs démocratiques originelles pour l’emporter et s’imposer.
Pas certain qu’en agissant comme un empire elle ne trébuche pas à la fin.

25 décembre 2024

Christian Dubuis Santini

- 22/12/2024 - La démocratie c’est tout le contraire du pouvoir des "experts", des politiciens "professionnels", du culte médiatique des "personnalités"... demandez donc directement aux Français s’ils veulent encore de Macron, du wokisme, plus d’immigration, la guerre avec la Russie, l’Europe des technocrates...

17 décembre 2024

Radu Portocala

Notre bonne et brave démocratie occidentale
- acclame Volodymyr Zelensky, dont le mandat a expiré au mois de mai et qui a refusé d’organiser des élections ;
- salue pour sa détermination européenne Salomé Zourabichvili, dont le mandat de présidente de la Géorgie a expiré et qui refuse de quitter son poste parce qu’elle n’aime pas les idées de celui qui a été élu pour lui succéder ;
- félicite la Roumanie pour avoir annulé le premier tour de l’élection présidentielle au motif que celui qui l’a gagné ne plaît pas aux structures euro-atlantiques, et se réjouit d’apprendre que le président sortant a décidé, en dépit de la Constitution, de prolonger sine die son mandat.
Ainsi, notre bonne et brave démocratie occidentale devient anti-électorale. Elle compte s’exercer sans les peuples.
Peut-être que dans pas longtemps, Bruxelles mettra en place un organisme qui évaluera l’enthousiasme pro-européen des candidats et interdira la participation à ceux qui auront émis des doutes. Les électeurs eux-mêmes pourront être fichés, afin que les sceptiques puissent être empêchés de voter. 17/12/2024

17 août 2024

Romain Vignest

La crise de nerf démocratique à laquelle continuent de donner lieu l’éventualité d’un nouveau gouvernement et plus largement l’avenir de la présente législature ressortit de plus en plus à un tel déni de réalité européenne qu’on ne peut s’empêcher de penser qu’elle est entretenue aussi pour donner aux Français, du moins à quelques uns d’entre eux, l’illusion d’un enjeu, l’illusion rassurante qu’existerait encore, et autrement que théâtralement, cette vie politique pour laquelle ils avaient l’habitude de se passionner.
Il ne manque le plus souvent à ces multiples et subtiles analyses et spéculations franco-françaises que l’essentiel, à savoir que les finances du pays sont officiellement placées sous tutelle de l’UE et que le «gouvernement» quel qu’il soit n’aura que la liberté d’obéir à ses oukases, voire à ceux du FMI. Et loin de ne pas assumer les conséquences d’une dissolution que d’aucuns ont la simplicité de tenir pour impulsive, le président les a selon toute vraisemblance excellemment pensées : il a fait plus que dissoudre l’Assemblée, il l’a neutralisée, mise à même de n’être que la chambre d’enregistrement qui convient à un gouvernement technique - et où LFI et le RN joueront en toute tranquillité les opposants d’opérette et l’alibi démocratique du régime, n’ayant jamais à assumer ne pas vouloir recouvrer la possibilité d’une politique : notre souveraineté.
Est-ce à dire que nous serions condamnés à subir ? Et quand bien même, vaudrait-il mieux se nourrir d’illusions et repeindre les murs de la prison faute d’en sortir ? Ne pas subir, c’est déjà, et d’abord, refuser mentalement le jeu dans lequel on veut nous enfermer. Mais outre qu’on ne se bat pas dans l’espoir du succès, rappelons qu’en 1790 personne ne savait la République imminente, qu’en 1420 le Dauphin était bien seul et bien seul le Général en 1940. Or nous n’en sommes pas là : on peut estimer à plus d’un tiers les Français prêts à sortir de l’UE, lors même que ce parti n’a pas voix au chapitre dans les médias. N’y a-t-il pas là de quoi donner du cœur au combat ?

L’agonie sans fin d’un régime politique qui plonge la France dans le chaos mais que personne ne veut voir

Maxime Tandonnet

17/8/2024 - Régime politique ne signifie pas Constitution ni institutions mais la manière dont elles sont mises en œuvre. Le fond du problème tient au mot de responsabilité. Toute démocratie implique une responsabilité : le décideur, quel qu’il soit, doit faire face personnellement et directement aux conséquences de sa décision. Sinon, l’équilibre sur lequel repose toute démocratie est rompu. En l’absence de responsabilité, la démocratie disparaît et se transforme en tyrannie ou en dictature – même invisible, même non dite.

Le régime politique actuel de la France est, de fait, présidentiel : tout l’exercice du pouvoir politique, quelle que soit son efficacité, et toute l’attention autour de lui, se rapporte à l’Élysée. Un tel système demeure démocratique si le président est en permanence responsable, pas forcément devant le Parlement, mais devant le peuple. C’est ainsi que fonctionnait le gaullisme originel : la toute puissance présidentielle reposait sur la confiance du peuple. Les cotes de popularité du Général ne descendaient jamais en dessous de 60 à 80% de confiance. De Gaulle n’envisageait pas une seconde de diriger le pays sans l’accord profond et constant de la Nation. L’autorité et la confiance formaient un tout indissociable. À quatre reprise en dix ans (1959-1969), le chef de l’État a posé la question de confiance au pays à travers un référendum. En cas d’échec, il s’engageait à démissionner. Et c’est ce qu’il fit en 1969. À ses yeux, le lien de confiance était rompu.

Les présidents successifs depuis une quarantaine d’années, bien au contraire, sont extrêmement impopulaires, leur taux de confiance dépassant rarement le tiers de l’électorat – mais cette impopularité est désormais ancrée dans l’habitude. Le lien entre la toute-puissance présidentielle (qu'elle soit réelle ou largement virtuelle) et la confiance populaire est rompu. La responsabilité présidentielle, face au peuple, comme contrepartie de son pouvoir, est abolie.

Ainsi, la dissolution de juin 2024 décidée par le président Macron marque l’apothéose de cette rupture. Après avoir posé le question de confiance au pays à travers la dissolution de l’Assemblée nationale, le chef de l’État a été clairement désavoué, perdant lors des législatives suivantes sa majorité relative tandis que ses troupes, la coalition dite Ensemble, subissaient une cinglante défaite. Pourtant, bien que désavoué par le suffrage universel, il n’a pas démissionné. Le principe de responsabilité est anéanti.

D’ailleurs, étrangement, nul dans la classe politique – y compris aux extrêmes – ni dans les milieux médiatiques ou intellectuels ne lui a demandé de quitter son poste, comme si cette rupture entre la toute-puissance et la responsabilité était désormais acquise.

Alors, évidemment, il n’est pas le premier dans cette situation. En 1997, après sa dissolution ratée, Jacques Chirac était resté en place malgré un désaveu populaire. Toutefois une alternative claire s’offrait alors avec une « cohabitation » ouvrant la voie au gouvernement de la « gauche plurielle ». Aujourd’hui, par-delà les fanfaronnades et coups de communication, la politique française est plongée dans un indescriptible chaos en l’absence de toute majorité parlementaire envisageable, sans la moindre issue prévisible, crédible et durable. Et le pays se trouve en situation de paralysie. Tel est le fruit de ce découplage, poussé à son paroxysme entre toute-puissance présidentielle (réelle ou virtuelle) et la responsabilité. L’occupant de l’Élysée peut faire absolument n’importe quoi, plonger la France dans le marasme, il est intouchable pendant cinq ans. Le mal politique français tient en grande partie dans ce paradoxe.

Le plus étrange tient à l’aveuglement ou la résignation de l’ensemble de la classe dirigeante, politico-médiatique et de la pensée politique face à une telle situation. Elle est entrée dans les mœurs et nul ne se pose la question fondamentale, celle du régime politique.

Or, les termes du débats sont relativement simples : soit un régime présidentiel sur le mode américain offrant des garanties de contrôle du chef de l’État par un puissant Parlement ou Congrès autonome (sans pouvoir de dissolution) et une procédure d’Empeachement ; soit un régime semi-présidentiel et parlementaire, selon la lettre de la Constitution 1958, avec un président arbitre, au-dessus de la mêlée, autorité morale mais n’intervenant pas dans le pilotage quotidien du pays, et un Premier ministre véritable et puissant chef de gouvernement, détenteur du pouvoir politique et responsable en permanence de ses choix sous le contrôle du Parlement.

Mais alors que j’affirme ce qui me paraît être une évidence, un choix fondamental à accomplir d’urgence pour sortir de l’impasse, tout le monde s’en moque. Pourquoi ? Parce que la bêtise ou l’inculture politique et historique, sur les crânes inclinés, a planté son drapeau noir, ou parce que tout simplement, la pourriture rêve du trône élyséen, être calife à la place du calife, royal et intouchable paon rayonnant de la splendeur de son plumage – et c’est tout ce qui compte.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/08/17/lagonie-sans-fin-dun-regime-politique-qui-plonge-la-france-dans-le-chaos-mais-que-personne-ne-veut-voir/

19 juillet 2024

CQFD

Vincent Verschoore

Les réélections de la corrompue notoire von der Leyen à la Commission européenne, et de la macroniste Braun-Pivet au perchoir de l'Assemblée nationale, démontrent le gouffre entre la volonté de changement des populations exprimée dans les urnes, et la corruption d'un monde politique contrôlé par le grand capital, les intérêts euro-atlantistes et le confort de la gamelle, peu importe qui la remplit.
Dès lors que le constat de l'impuissance de toute représentation hors celle du bloc central est fait, que la démocratie représentative n'est qu'un écran de fumée, alors ne resteront que l'abstention ou le grand coup de pied dans la fourmilière et advienne que pourra, ce qui s'appelle "trumpisme" aux USA.
Il ne semble plus y avoir de vote "raisonnable" possible. Soit c'est le fascisme techno-totalitaire des élites en place, celles qui profitent des guerres et veulent enfermer les populations dans un carcan technocratique, sécuritaire et "écolo" (l'EuroSoviet), soit un rejet massif de cela au nom de valeurs de "souveraineté" et de "liberté" dont il est très difficile de prévoir les conséquences.

24 juin 2024

LA DISSOLUTION DE MACRON EST DÉJÀ UN QUASI-COUP D'ÉTAT ! (vidéo)

Emmanuel Todd

- 24/6/2024 - Emmanuel Todd est anthropologue, démographe et historien. Il revient à nouveau sur Élucid pour proposer son analyse inédite des récents événements : pourquoi Emmanuel Macron a-t-il pris cette décision de dissoudre l'Assemblée ? Sommes-nous face à un Machiavel ou un Néron ? En réalité, le nihilisme des élites (dont Macron est une forme d'incarnation) se poursuit, et conduit le pays vers un chaos dont personne ne peut anticiper la nature...

Cliquer sur l'image ↴

Sommaire :

00:00:00 - Zapping
00:01:41 - La dissolution de Macron
00:07:15 - La crise de la démocratie
00:22:13 - L'état de la France
00:32:51 - Les causes économiques de la crise
00:40:56 - Le rôle de la religion
00:54:00 - La réalité du vote RN
01:09:34 - Le Macronisme et la stratégie présidentielle
01:18:43 - Le macro-lepenisme
01:23:35 - Le Nouveau Front Populaire
01:27:15 - L'instrumentalisation de l'antisémitisme
01:38:10 - Programmes économiques et Union Européenne
01:44:05 - Les hypothèses pour l'avenir
01:54:06 - Question finale

24 mai 2024

La réaction de M. Bellamy au débat lamentable entre M. Attal et M. Bardella

Maxime Tandonnet


24/5/2024 - « Qu’est-ce qui permet d’organiser la confrontation entre ces deux personnes ? Comment est-ce que vous les avez choisis ? Comment est-ce que vous avez choisi d’organiser cette confrontation ? Qu’est-ce qui vous permet de les avoir invités, eux ? Est-ce que ce sont les sondages, ce sont les intentions de vote qui permettent de faire ce choix ? Où est la candidate ? (…) J’ai du respect pour (elle), elle mène cette liste, elle est courageuse. Qui est tête de liste de la majorité présidentielle ? On nous a déjà fait le coup tellement de fois. En 2017, Macron-Le Pen. En 2022, Macron-Le Pen. En 2024, à nouveau, on va nous expliquer que c’est ça à nouveau le sujet. Rien ne justifie que le service public mette en scène ce débat. Ni les sondages, et surtout pas la réalité du débat européen. Il y a plus de la moitié des Français qui ne se reconnaissent pas dans le débat qui vient d’avoir lieu. »

FX Bellamy a entièrement raison. Le débat d’hier soir entre deux jeunes gens qui n’ont jamais travaillé de leur vie, en tout cas sur des emplois sérieux au service de la société, privés ou publics, ou géré une mairie, deux garçons sans la moindre expérience de la vie ni du monde du travail, et au parcours semblable de purs militants politiciens, demi-instruits l’un comme l’autre, n’ayant jamais rien fait, rien prouvé, rien réussi de concret, sans autre mérite que la courtisanerie, l’un comme l’autre, et qui prétendent donner des leçons aux Français, avait quelque chose d’affligeant. De tout cœur, je souhaite que le pays se réveille, ouvre les yeux et choisisse de sanctionner, non pas des individus (dont au fond, tout le monde se fout), mais une forme de corruption de la démocratie dans un climat général de servilité, de soumission de courtisanerie médiatique (TV) qui honnêtement fait froid dans le dos.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/05/24/la-reaction-de-m-bellamy-au-debat-lamentable-entre-m-attal-et-m-bardella/

26 avril 2024

Une impensable démocratie sans démos ni kratos

Natalia Routkevitch


26/4/2024 - Le terme démocratie n’a de sens qu’au pluriel. Il y a des démocraties parce qu’il y a des peuples, des nations, des communautés politiques. C’est peut-être le prix à payer pour la préservation d’une dimension essentielle de la diversité humaine, mais c’est ainsi : l’idée d’une démocratie unique est une abstraction vide ou bien l’expression d’une dangereuse utopie impériale fondée sur le rêve d’un empire planétaire gouverné par des super-oligarques, caste d’imposteurs suprêmes célébrant le culte de la démocratie. Après en avoir confisqué le nom et interdit la pratique réelle.

La prétendue « démocratie » sans frontières des individus n’a plus rien de commun que le nom avec la démocratie incarnée par une communauté (toujours particulière) de citoyens actifs, une démocratie de participation où l’identité civique prime à la fois de l’identité ethnique et l’identité consumériste. La vision médiatique dominante de « la démocratie » … c’est le pouvoir du peuple sans pouvoir ni peuple. Une impensable démocratie sans « démos ni kratos.

L’étrange néo-démocratie qui se profile est dénuée de peuple souverain, s’imagine sans principe d’autorité ni instance de pouvoir, se veut sans histoire ni mémoire, elle prend la figure d’une pseudo-démocratie de consommateurs et actionnaires frénétiques, d’ethniques fanatiques, d’administrés et d’électeurs apathiques. A l’acratie des gouvernants répond l’apathie des gouvernés.

Ces paroles écrites il y a plus de 20 ans par l’un des courageux signataires de cette tribune me reviennent en mémoire à la lecture de leur texte, à l’heure où l’imposture démocratique – celle de la démocratie virtuelle, planétaire, trans-étatique et post-nationale - a nettement progressé et où les défenseurs de la démocratie originelle – de la démocratie dont l'élément de base n’est pas un individu insulaire mais une communauté autonome – sont régulièrement discrédités et diffamés.

Je joins le texte de la tribune en entier. A lire, méditer et partager.

Le texte de l’introduction est tiré de « Résister au bougisme » (2001) de P.-A. Taguieff

L'appel de 50 personnalités pour un référendum sur « le tour de vis fédéraliste » de l'Union européenne

En novembre 2023, une résolution du Parlement européen a proposé de modifier les traités pour généraliser la règle de la majorité qualifiée, puis une résolution semblable a été adoptée à l'Assemblée nationale. Cinquante personnalités*, dont Arnaud Montebourg et Marcel Gauchet, appellent à organiser un référendum sur ce sujet qui engage la souveraineté de la France.

Collective, Tribune

L'Union européenne n'en finit plus de dériver vers une supranationalité écrasante. D'année en année, la devise « Unis dans la diversité » a cédé sous une centralisation uniformisatrice effaçant les identités et les souverainetés nationales. Tournant le dos à ce qui la fonde, l'Union devient un carcan normatif où l'État de droit n'est brandi que pour justifier l'extension sans limites d'un système autoritaire. Imaginée comme un espace de prospérité où le « doux commerce » et la coopération renforceraient la paix entre les nations, elle est devenue une « prison des peuples » reposant sur des dogmes aveugles qu'il est interdit d'interroger malgré leurs évidents et dramatiques échecs économiques, sociaux et géopolitiques.
Cette dérive est servie par les deux dynamiques sans frein de l'élargissement et de l'approfondissement, le second étant toujours présenté comme indispensable au premier, lui-même inéluctable.

L'extension illimitée du territoire de l'Union européenne, sans stratégie ni délibération démocratique, semble échapper à la raison et ne plus obéir qu'à un automatisme incontrôlé. Entre 2004 et 2007, l'Union a déjà accueilli des États qui n'adhéraient pas à l'idée d'une autonomie stratégique. Il en est résulté une soumission accrue à l'hégémonie américaine tandis que les travailleurs de l'Ouest étaient livrés à la concurrence de ceux de l'Est. L'entrée irréfléchie, récemment promise, de l'Ukraine et de la Moldavie risque encore de ruiner des pans entiers de l'économie française, sans parler des conflits avec la fédération de Russie ni des distorsions culturelles et sociologiques que l'on feint d'ignorer.

L'approfondissement consiste ensuite, au nom de l'efficacité décisionnelle menacée par les élargissements, à accentuer le tour de vis fédéraliste en confisquant toujours davantage la souveraineté des peuples au profit des institutions supranationales. Cette captation continue passe depuis l'origine par l'interprétation extensive des compétences de l'Union, toujours défendue par la Commission et systématiquement validée et accentuée par la Cour de justice de l'Union européenne qui a imposé brutalement d'elle-même, en marge des traités et même contre leur lettre, la primauté inconditionnelle du droit européen, y compris sur les constitutions nationales. L'augmentation considérable du budget de l'Union, soustrait au contrôle des peuples et même parfois utilisée contre eux pour sanctionner leurs choix électoraux, révèle un déficit démocratique considérable, particulièrement injuste pour les pays contributeurs nets comme la France. Enfin, l'abandon du vote à l'unanimité au Conseil de l'Union, remplacé progressivement par le vote à la majorité qualifiée, a déjà ôté aux États membres leur droit de veto sur des domaines essentiels. Le projet de réforme des traités en préparation propose de généraliser définitivement, en toutes matières, y compris la défense et la politique extérieure commune, la règle de la majorité, actant ainsi officiellement la disparition du droit de veto des États membres et donc de ce qu'il leur reste encore de souveraineté. C'est ainsi la fédéralisation complète d'une Union élargie à trente-sept qui se prépare à l'insu des Français.

Depuis des décennies déjà, une grande partie des lois nationales n'est plus que la transposition servile de directives communautaires, tandis que la Cour de justice étend l'empire de sa jurisprudence et de son interprétation abusive des traités. Jusqu'ici, grâce au droit de veto résiduel, chaque pays membre pouvait encore, en théorie, refuser de consentir à une politique qui lui serait préjudiciable. Mais depuis la Conférence « citoyenne » sur l'avenir de l'Europe, organisée en 2022 de façon parfaitement opaque et pseudo-démocratique, la suppression de ce droit est programmée.

En mai 2023, des dirigeants français et allemands élus mais non mandatés pour cela ont déclaré vouloir réformer l'UE dans ce sens. En septembre 2023, des experts franco-allemands ont déposé leur rapport. Le 22 novembre 2023, une résolution du Parlement européen a proposé de modifier les traités pour généraliser la règle de la majorité qualifiée à tous les domaines sans exception et prévoir davantage de sanctions contre les États membres récalcitrants. Le 29 novembre suivant ce fut le tour de l'Assemblée nationale française de voter une résolution en faveur d'un projet de traité reléguant notre souveraineté et prévoyant explicitement que les frontières extérieures, la protection civile, les affaires étrangères, la sécurité commune, la défense, l'industrie et l'éducation deviennent des « compétences partagées » de l'Union européenne, c'est-à-dire que les États n'y disposeront plus que d'une compétence résiduelle.

L'adoption de cette réforme, qui transférera à l'Union les derniers éléments de ce que le Conseil constitutionnel français appelle les « conditions essentielles d'exercice de la souveraineté nationale » , réalisera le rêve de quelques-uns d'une Europe fédérale, dirigée par une commission portant officiellement le titre d' « Exécutif » , coiffé d'un « Président de l'Union européenne ». La fin des souverainetés nationales, et donc de nos démocraties, est ainsi clairement projetée.

Le peuple français pressent depuis longtemps cette dépossession. Elle dissout la souveraineté nationale et populaire. Elle sape la République. Il s'est opposé en 2005 à une première tentative de fédéralisation qui scellait sa disparition politique et culturelle, mais ses réticences ont été balayées par des dirigeants convertis à l'idéologie de la « société ouverte ». Le verdict populaire a été bafoué et contourné par la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, simple copier-coller du traité rejeté par les Français.

C'est la poursuite de ce processus qui est actuellement à l'œuvre. Nos dirigeants s'apprêtent à prendre, au nom du peuple français, une décision majeure engageant le destin de notre pays, son indépendance et son existence même en tant que nation. Exploitant l'angoisse suscitée par la guerre, ils précipitent la fédéralisation sans jamais la nommer et sans que les populations européennes puissent prendre la mesure de leur dépossession.

Pour ce qui nous concerne, nous refusons cette dérive. Nous pensons, dans le sillage du général de Gaulle, qu'un système fédéral post-démocratique est contraire au génie de l'Europe et de la France et à l'imaginaire collectif qui, depuis mare nostrum, produit du commun à partir de la diversité de ses nations et de leur culture propre. La déconnexion définitive entre les peuples et la machinerie européenne achèvera la déresponsabilisation des dirigeants nationaux et décuplera les réactions nationalistes, au risque de nous conduire au chaos.

Quelle que soit notre vision de la France et de l'Europe, et l'avis que l'on porte sur la réforme et les élargissements en préparation, nous devons exiger qu'un pareil saut qualitatif dans l'inconnu d'un système supranational, qui minore l'identité des peuples, l'existence des nations et l'expérience des États d'Europe, soit soumis au référendum.

Il est urgent d'ouvrir le débat sur ce qui se prépare. Les élections de juin 2024 doivent être l'occasion de se prononcer en connaissance de cause sur le projet de fédéralisation en cours ainsi que sur les élargissements en vue.

Les signataires de cet appel et les citoyens qui s'y associent demandent aux candidats de chaque liste aux élections européennes de prendre clairement position sur ces projets et de s'engager à les faire soumettre à la ratification populaire.

* Signataires : Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la « Revue politique et parlementaire » ; Stéphane Rozès, politologue ; Arnaud Montebourg, ancien ministre et entrepreneur ; Marcel Gauchet, philosophe et historien ; Michel Onfray, philosophe ; Jean-Éric Schoettl, ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel ; Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel ; Marie-Françoise Bechtel, ancienne députée ; Anne-Marie Le Pourhiet, professeur émérite de droit public ; Xavier Driencourt, ancien ambassadeur ; Benjamin Morel, maître de conférences en droit public ; Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées, CNRS ; Éric Anceau, historien... Retrouvez la liste complète des signataires sur FigaroVox Premium.

2 avril 2024

Le macronisme, du déclin démocratique au pouvoir autocratique

Jacques COTTA

2/4/2024 - Les évènements qui se succèdent témoignent du déclin démocratique qui frappe la vie politique et sociale du pays.

Au niveau international, le Président de la république se conduit comme tout autocrate qui possède les pleins pouvoirs. Emmanuel Macron a ainsi annoncé sa volonté d’engager le pays dans la guerre en Ukraine, éventuellement d’envoyer des troupes, de verser des milliards à Zelensky pour aider son effort de guerre, sans que nul n’ait été consulté, ni la représentation nationale, ni surtout le peuple français. Il a engagé le pays dans une spirale folle, sur tous les plans. D’un point de vue sécuritaire d’abord, mais aussi d’un point de vue économique, décrétant, au nom de « l’économie de guerre », que des entreprises pourraient être réquisitionnées pour fabriquer bombes, missiles ou autre drones, permettant à l’Ukraine d’atteindre la Russie en profondeur.

La démocratie, au sens propre du terme, est bafouée par un homme qui utilise tous les artifices que lui accorde la constitution de la 5ème république. Depuis les usages à répétition du fameux article 49.3 permettant au pouvoir de gouverner comme il l’entend contre la volonté du peuple, tout en étant minoritaire, Emmanuel Macron pousse plus loin encore le processus antidémocratique, ne manquant pas de mettre la nation en danger.

Par voie de conséquence, il organise une régression généralisée au nom de « l’effort militaire », de la dette et du fameux déficit qu’il est toujours bon de ressortir pour justifier les tours de vis à répétition. Toujours sans débat dans le pays, les coupes sombres sont organisées, sur conseil de quelques « spécialistes » présentés aujourd’hui comme hier comme des « sachants ». Les « experts » du Covid ont fait des petits, dans tous les domaines.

La démocratie est incompatible avec la politique menée au service du capitalisme financier et de quelques privilégiés. Voilà pourquoi elle est bafouée, niée. Le pouvoir macronien a décidé au nom de « l’équilibre des finances publiques » de s’attaquer gravement à l’éducation et l’école, à la santé et aux hôpitaux, aux services publics en général, et évidemment aux prestations sociales, dont les allocations chômage qui devraient, selon le premier ministre Attal s’exprimant à la télévision, être sérieusement rabotées.

Emmanuel Macron qui est cohérent bafoue la démocratie et en même temps, à la veille des élections européennes, se fait défenseur de la « souveraineté européenne » contre la souveraineté nationale. En réalité, la souveraineté européenne est celle d’une technocratie et de fonctionnaires au service du capital mondialisé, élus et approuvés par personne, alors que la souveraineté nationale est celle du peuple. Ceci explique donc cela.

Mais la démocratie décline par les deux bouts, avec Macron l’autocrate, le pouvoir et ses affidés donc, mais aussi avec ceux qui sont censés représenter une opposition. Car l’opposition n’en n’a globalement que le nom. Sur l’essentiel, les divergences sont gommées. Ceux qui se disent opposés à la guerre n’ont pas manqué de voter les crédits accordés à l’Ukraine par exemple, ou à simplement s’abstenir, et les forces politiques qui ont été niées par l’absence de tout débat public sur les grands choix se précipitent dés que Macron claque du doigt pour avoir des discussions d’alcôve qui ne servent qu’à donner un semblant, un mirage d’échange là où tout a déjà été décidé.

La démocratie est bien la victime, bafouée à tous les niveaux. Les mêmes d’ailleurs qui se disent opposés aux choix politiques du pouvoir se proposent de participer aux élections européennes non pour expliquer qu’il faut quitter l’Union européenne au plus vite, mais pour laisser croire qu’ils pourraient en infléchir une fois élus l’orientation, alors que depuis des années la démonstration du contraire est avérée.

Comment enrayer le déclin démocratique ? Est-ce seulement encore possible ? Seul un sursaut populaire massif dont nul ne peut prévoir l’occasion qui lui permettra de se manifester ni les formes qu’il prendra, pourra sans doute renverser le cours des évènements qui conduit chaque jour un peu plus à un pouvoir autocratique, totalitaire.

19 mars 2024

Démocratie : la France devrait s’abstenir de donner des leçons…

Pierre Duriot

19/3/2024 - A l’occasion des élections russes qui ont vu, sans surprise, la réélection de Poutine avec un score inusité en Europe, le gouvernement français se fend d’une moue dubitative sur la validité du scrutin et le manque de démocratie en Russie. Ce serait oublier un peu vite ce qui se passe en France.

Dès 2017, même s’il y avait d’autres candidats que Macron, l’ensemble de la presse avait pris fait et cause pour le candidat Macron et plus de 90% des unes des grands magazines lui étaient consacrées. Sur les plateaux de télévision, entre le premier et le second tour, il fallait obligatoirement se positionner en faveur de Macron, et contre Le Pen donc, pour espérer pouvoir en placer une et être à nouveau invité. Le journal Libération titrait « Faites ce que vous voulez mais votez Macron ». Et les quelques commentateurs qui avaient osé s’interroger sur cette hégémonie médiatique avaient été rapidement taxés de « fachos ».

L’affaire ne s’est pas arrêtée là, car le dimanche soir des résultats, le total des voix pour Marine Le Pen s’est effondré en direct, sans qu’aucune explication rationnelle n’ait été fournie, sachant que dans les « démocraties » occidentales, la machine Dominion, de traitement des résultats électoraux, a pignon sur rue et que le fait qu’on puisse lui faire dire ce qu’on veut, est un secret de Polichinelle. Le RPF, à l’époque, avait produit une recension des villes « électroniques », elles votaient autour de 70% pour le candidat Macron, soit bien plus que le score final. Cela n’a ému personne et n’a appelé aucune vérification.

Mais les suites des deux élections de Macron sont connues, des émeutes avec les Gilets jaunes, férocement réprimées, des manifestants qui ont écopé de prison ferme pour des jets de cailloux ou autres broutilles, là où des migrants violeurs récidivistes ou autres joueurs de couteaux restent tranquillement en liberté. Et plus récemment, des manifestants agricoles, arrêtés plus sûrement et plus durement, devant les caméras, que des fauteurs de troubles récidivistes de quartiers sensibles.

Un gouvernement qui est passé au 49.3 à répétition, des tentatives régulières de triches pendant les comptages de voix en travail parlementaire, des lois votées en catimini, en pleine nuit, les lois, comme celle de la réforme des retraites, adoptées contre une majorité écrasante des Français. Une gestion du Covid, passée dans le secret, avec un Conseil de crise, non public, des décisions sans fondement scientifique, un prix des vaccins flou, pour une efficacité du produit encore à définir et des ordonnances iniques, signées à la va-vite, comme celle du Rivotril mortel. Une presse qui répète en boucle, sur ordre, qu’il faut aller se faire vacciner, avec les mêmes mots, les mêmes intonations et les mêmes expressions. De faux malades, toujours les mêmes, qui illustrent des reportages télévisés bidonnés, pour inciter le quidam à la vaccination. Un comptage des victimes à l’emporte-pièce, où tout le monde se met à mourir du Covid, pour entretenir la peur et gonfler les chiffres, alors que le bilan fera apparaître une pandémie qui ne représente que 2 à 5 % de l’activité hospitalière. Des injonctions idiotes, comme celle du café debout, ou des petits-enfants accusés de pouvoir faire mourir leurs grands parents. Mais encore, des ministres mis en examen à tout bout de champ, avec des lavages systématiques de toute forme de responsabilité, un garde des Sceaux jugé en forme de mascarade, par ses subalternes.

Une gestion de la guerre en Ukraine, tout aussi opaque que celle de la pandémie, avec un président qui décide seul, d’envois d’armes et d’argent, sans consultation du parlement, sans état des lieux clair. Le même qui parle de « mecs », qu’il devrait envoyer à Odessa, qui, pourquoi, comment, pour y faire quoi, en soutien à un pays qui ne fait partie, ni de l’Europe, ni de l’OTAN, avec à sa tête un dirigeant à la campagne électorale réglée par le cabinet McKinsey ?

Une France, première demandeuse en Europe, des retraits de contenus Web et de posts sur les réseaux sociaux. Une presse totalement sous emprise, car subventionnée, qui pratique aux forceps l’imposition d’un paysage audiovisuel d’où disparaissent les hommes issus de la population d’origine, au profit de couples systématiquement mixtes ethniquement. Une autre imposition de la négation des genres masculin et féminin, faisant même disparaître les mots Père et Mère des documents officiels. Une chasse à l’homme permanente, avec l’ostracisation dans les médias, de scientifiques de renom, comme les docteurs Perronne, Raoult, ou le Nobel Montagnier, ainsi que de tous les scientifiques et ils sont nombreux, qui n’adhèrent pas à la thèse du réchauffement climatique provoqué par l’homme. Un pays où par le passé, ont disparu dans de drôles de circonstances, les Boulin, Bérégovoy et quelques autres… un ensemble parfaitement factuel, qui nous vaut à la fin le qualificatif de « démocratie défaillante ».

La France n’a honte de rien, se permettant de faire la fine bouche devant la réélection de Poutine. Il n’est certes pas un enfant de chœur, il a certes des méthodes bien à lui, mais on peut légitimement comprendre son score, au vu de ses résultats économiques depuis vingt ans, en lieu et place de nos dirigeants à nous, dont les méthodes politiques et anti-démocratiques, sont au moins aussi critiquables, voire encore plus critiquables, le tout avec des résultats économiques désastreux et un pouvoir d’achat qui dégringole pour nos compatriotes : en 2023, il manquait 588 euros par mois aux familles, pour vivre confortablement, soit 78 euros de plus que l’année précédente, et 161 euros de plus qu’en 2019.

La France, terre de démocratie, est devenue un mythe et très objectivement, elle ne fait ni mieux, ni plus reluisant que le dirigeant qu’elle se permet de critiquer. Non seulement, elle ferait mieux de balayer devant sa porte, mais en plus elle distille une critique à géométrie variable, s’abstenant par exemple de critiquer certaines dictatures africaines ou la Chine, pays dans lequel il n’y a même pas d’élection. Il y a en France, comme en Russie, un très net besoin d’un retour à une forme de vie démocratique. C’est bien le moins que l’on puisse dire…