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25 février 2025

Conférence de presse Macron - Trump : Rien.

Kuzmanovic Georges

- 25/2/2025 - Avec ce voyage à Washington, Emmanuel Macron démontre une nouvelle fois son incompétence dans le domaine des relations internationales et place la France dans une position humiliante.
À Paris, Emmanuel Macron communique – si l’on peut qualifier de communication ses pitreries sur les réseaux sociaux – et proclame urbi et orbi : « Je vais dire à Donald Trump : tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, ce n’est pas ta marque de fabrique. »
Comme l’écrit Stéphane Rozès : « La capacité du président Macron à dire à Washington l’inverse de ce qu’il affirmait auparavant en France et en Europe est impressionnante. On passe de “On ne négocie pas avec Poutine” à “On négocie avec Poutine à ses conditions”. »
C’est pathétique et surtout révélateur de l’incapacité d’Emmanuel Macron, comme de la plupart des leaders européens actuels, à tenir un raisonnement réaliste en géopolitique. Ils s’enferment dans un raisonnement néocon « idéaliste », désormais obsolète.
Évidemment, Emmanuel Macron n’a obtenu aucune garantie américaine de soutien à un éventuel déploiement de troupes européennes en Ukraine. À Riyad, la Russie a clairement exprimé que cela serait inacceptable. Trump, quant à lui, a surtout répondu à des questions de politique intérieure.
Pire encore, le même jour que sa visite à Washington, dans la matinée, quelques heures avant la conférence de presse, les États-Unis ont imposé un texte au Conseil de sécurité de l’ONU, voté avec la Russie et la Chine, stipulant qu’il fallait trouver un chemin vers la paix en Ukraine, sans toutefois tenir la Russie responsable du conflit ou exiger qu’elle restitue les territoires annexés – car telle est la réalité géopolitique du moment.
Plus humiliant encore, tous les amendements proposés par les quatre membres de l’UE siégeant au Conseil de sécurité (France, Slovénie, Grèce, Danemark) ainsi que par le Royaume-Uni ont été rejetés. La résolution a été adoptée par 10 voix pour, et surtout aucune contre. Alors que les Européens avaient bataillé pour obtenir des résolutions favorables à l’Ukraine et condamnant la Russie à l’Assemblée générale de l’ONU, ils se sont simplement couchés au Conseil de sécurité ! La France, comme le Royaume-Uni, aurait pu utiliser son droit de veto, mais ils n’ont rien fait, s’abstenant lâchement. En réalité, ils se sont alignés sur Trump.
La conférence de presse entre Trump et Macron n’était dès lors qu’une farce ridicule, un passage obligé et un peu gênant.
D’un côté, une hystérie communicationnelle ; de l’autre, une vassalité sans limite. Quand il s’agit de jouer les matamores, de jurer sur tous les dieux qu’on combattra la Russie (jusqu’au dernier Ukrainien), il y a foule. Mais quand il faut aligner les actes sur les déclarations, il n’y a plus personne. C’est un rare cas de tartufferie qui rabaisse la France, car tous les pays en sont témoins : la parole de la France, du Royaume-Uni et de l’Union européenne ne représente rien ! Et c’est cela, la réalité brutale de la géopolitique mondiale, comme l’a d’ailleurs déclaré avec mépris Vladimir Poutine dans sa dernière interview.
Face à cette réalité, les globalistes, les européistes et les néocons s’égosillent et sculptent de l’air chaud.
On n’a jamais vu autant de tribunes et d’émissions sur la prochaine invasion de l’Europe par la Russie – oubliant que la Russie est aussi en Europe et que, dans le même temps, ils se moquent de son armée, réduite à démonter les puces électroniques des machines à laver, à manquer de munitions ou à s’en remettre aux chameaux et aux ânes.
Ils appellent à un sursaut, à une armée européenne, certains finissant par s’inquiéter eux-mêmes à force de prononcer des inepties. Demain, ce sera la « souveraineté européenne », le « rebond européen », « l’armée européenne » et, pour les plus lucides et machiavéliques, la fédéralisation accélérée de l’Union européenne, sans même consulter ses peuples.
C’est une grande et ridicule agitation. Pourtant, il ne reste plus aux néoconservateurs, aux va-t-en-guerre et aux amis des ultranationalistes ukrainiens qu’à se rallier piteusement au suzerain américain.
Tant de morts et de destructions en Ukraine pour un résultat aussi pitoyable devraient réduire l’hubris des dirigeants européens à néant – mais il n’en est rien, ils continuent à faire les paons.
Donald Trump a donné une leçon à Emmanuel Macron, et il en donnera une autre à Keir Starmer, le Premier ministre britannique : les décisions et actions entreprises par l’administration Trump, notamment le rétablissement des relations diplomatiques avec la Russie, sont dues à l’échec du projet mégalomaniaque des néocons de saborder la Russie en menant une guerre par procuration en Ukraine.
Les néoconservateurs, qui façonnent le monde depuis 1991, sont les seuls responsables, ainsi que leurs vassaux occidentaux.
Trump est brutalement réaliste et doit faire face à deux réalités : la défaite de l’Ukraine et de l’OTAN sur le champ de bataille, et le renforcement de l’alliance russo-chinoise, qui constitue le cauchemar géopolitique américain, tel que formulé par Henry Kissinger, au point de menacer l’hégémonie du dollar dans l’économie mondiale.
La réalité de la victoire russe dans la guerre en Ukraine implique que le vainqueur dicte ses conditions : l’Ukraine sera dépecée (peut-être même au profit de la Pologne, de la Hongrie, de la Moldavie et de la Roumanie), et ce qu’il en restera sera un État fantoche failli, maintenu à bout de bras, comme l’est le Kosovo par l’UE.
Les États-Unis n’ont aucun levier ; ils s’adaptent donc à la réalité multipolaire du monde. Les Européens, eux, s’agitent, et Trump les fera payer.
Les récents événements nous donnent une leçon, amère mais nécessaire : en géopolitique, il faut être réaliste et indépendant. Il faut faire table rase des quarante dernières années et de l’approche idéologique des relations internationales qui l’accompagne.
Nous, Français, ne devons plus nous laisser entraîner dans des aventures internationales catastrophiques, embobinés par des idéologues qui nous ont servi à grand renfort de moraline, de « valeurs », de « droits de l’homme », de « bien » et de bons sentiments, les objectifs des néoconservateurs : l’hégémonie américaine sur le monde.
Le monde a changé. Il est multipolaire. La France doit retrouver son indépendance totale, en commencer par s’extraire des filets de l’Union européenne, de l’OTAN, des volontés de Washington et se préoccuper, d’abord, de ses intérêts. Bref, il faut retrouver une géopolitique gaullienne.

30 janvier 2025

Pierre Duriot

Trump, Poutine et les autres, à genoux...

- 30/1/2025 - Étonnante « élite » française, après avoir mis l’économie russe à genoux, elle se propose d’entamer des mesures pour faire plier Trump et sa guerre commerciale, pas encore commencée, compte envoyer des troupes en Ukraine pour résister aux Russes, des troupes au Groenland pour effrayer le même Donald qui a des visées sur cette contrée... peut-être d’autres troupes à Taïwan face aux Chinois ? Il est vrai que nos armées rentrent d’Afrique, où elle ont pacifié le continent, avec tambours et trompettes et que nous avons un armement, un budget et une capacité d’innovation susceptibles de faire peur aux principaux belligérants de la planète. Voilà ce qui devrait se faire quand on écoute les quelques intervenants invités à disserter récemment sur l’influence géostratégique de l’Hexagone piloté par un habile chef de guerre pour encore deux ans. On se demande dans quel monde vivent tous ces gens…

22 janvier 2025

Vincent Verschoore
21/1/2025

Entretien avec Pascal Boniface, spécialiste des relations internationales, sur Israël, le Hamas, Trump, l'Iran, l'Europe...
Israël a raté son objectif d'éradication du Hamas, dont le contingent est aujourd'hui plus important qu'avant le 7 octobre, et Trump n'a pas laissé le choix à Netanyahou sur l'arrêt (momentané) des combats.
L'Amérique de Biden était déjà un faux ami de l'Europe, celle de Trump enlève les gants. Nos dirigeants faibles et corrompus se soumettront, sauf réaction populaire.
Trump, cependant, veut marquer l'Histoire et, pour cela, mettre un terme à la guerre en Ukraine et trouver une forme de solution au conflit israélo-palestinien.
La roue tourne.

Cliquer sur l'image (vidéo de 25min 26s) ↴

12 janvier 2025

Vincent Verschoore

- 10/1/2025 - Si la géopolitique version Biden pouvait ressembler à un berger utilisant ses chiens pour envoyer les moutons (nous) à l'abattoir, avec Trump ça ressemble plutôt au loup qui rentre dans la bergerie !
Il n'est pas encore installé à la Maison-Blanche qu'il veut déjà faire main basse sur le Canada, le canal de Panama et le Groenland, tout en reconnaissant que la guerre en Ukraine est, pour l'essentiel, le résultat de la provocation permanente de l'Otan à l'égard de la Russie.
Il est donc intéressant d'analyser les menaces de Trump dans une optique géopolitique, et d'abord comprendre qu'il applique à la lettre la doctrine Monroe : la sécurité dans le contrôle absolu de sa sphère d'influence immédiate (les Amériques), aux Européens de s'occuper de leur propre sphère. Ce que fait Poutine, qui refuse que la menace Otan s'installe à deux pas de chez lui, en Ukraine.
Vu ainsi, et vu que les US subsidient massivement le Canada sans réelle contrepartie, l'intégrer dans l'État fédéral US semble logique. Ce n'est pas très différent de ce que l'UE fait avec les petits États du Nord et de l'Est, quitte à y organiser des coups d'État (Ukraine) et à y contester les résultats électoraux qui lui déplaisent (Géorgie, Roumanie).
Concernant Panama, le fait est que le canal fut construit puis géré par les Américains, et cédé au Panama par Jimmy Carter, en échange de la garantie d'un droit de passage "équitable". Trump vise probablement à "disrupter" le trafic maritime chinois, gros client du canal, en en reprenant le contrôle.
Il est en effet nécessaire de comprendre que la vraie guerre en cours est celle entre les USA et la Chine, qui ont besoin l'un de l'autre commercialement parlant, mais qui cherchent tout deux la domination technologique et monétaire, et tous les coups sont permis sauf, espérons-le, l'échange nucléaire.
Pour le Groenland, enfin, l'acquisition de territoires fait partie de l'histoire US : l'Alaska bien sûr, acquise à la Russie en 1867, mais aussi divers territoires telles les îles Marshall. Pour les US, l'intérêt est évident : d'une part contrôle du passage du Nord, qui longe la côte Nord de la Russie et permet aux navires chinois d'accéder à l'Atlantique sans passer par Suez ou l'Afrique, d'autre part accès aux ressources naturelles du Groenland, notamment les terres rares dont la Chine a aujourd'hui le quasi monopole.
Sans doute conscient qu'il ne peut plus contrôler la Terre entière, Trump semble jouer la carte de la fortification américaine dans une concurrence sans merci avec la Chine. L'Europe, vassalisée et pillée par les US grâce à la collaboration des "Young Leaders" et autres crapules de haut vol qui font la loi ici, ne compte pour plus grand chose, et Trump compte bien en extirper ce qu'il lui reste de jus en l'obligeant à payer massivement pour la "protection" de l'Otan. Un racket pur et dur, dont de Gaulle, déjà, se méfiait fortement.
Trump n'est donc pas notre ami, ni plus ni moins que ne l'était Biden, mais avec une stratégie a priori un peu différente. Il n'est sans doute pas hostile à un renouveau de liens économiques entre la Russie et l'Europe, préférant cela à un contrôle total de la Chine sur la Russie. Il n'aurait sans doute pas fait sauter Nordstream, ni tout fait pour qu'il y ait une guerre longue et mortelle en Ukraine, mais par contre son soutien à Israël est sans doute encore plus profond que ne l'était celui de Biden, et il ne fait aucun cas du massacre des Palestiniens.
Tout, chez Trump, doit se comprendre dans le cadre d'une logique de guerre de tranchées face à la Chine : un Hinterland fortifié et autosuffisant, des frontières armées, une supériorité technologique, et quelques vassaux (Israël, l'UE, le RU, le Japon, la Corée du Sud...) où il peut entretenir des bases militaires pour surveiller l'adversaire.

1 décembre 2024

Anna Rocca

- 1/12/2024 - Make Dollar Great Again

Trump, version néocon, « exige » que les BRICS abandonnent le projet d’une monnaie commune… Sinon ?
« L’idée que les pays BRICS essaient de s’éloigner du dollar pendant que nous restons les bras croisés est TERMINÉE », a-t-il asséné sur Truth Social.
Nous exigeons que ces pays s’engagent à ne pas créer une nouvelle monnaie BRICS, ni à soutenir une autre monnaie pour remplacer le puissant dollar américain. »
Sinon, a prévenu Trump, ils seront confrontés à des droits de douane de 100% et doivent s’attendre à « dire adieu au marché de la merveilleuse économie américaine ».
Et de préciser encore :
« Il n’y a aucune chance que les BRICS remplacent le dollar américain dans le commerce international, et tout pays qui essaierait, devrait dire adieu à l’Amérique. »

Géopolitique pour les nuls

Trump : « Perdre le dollar comme monnaie mondiale, c’est comme perdre une guerre. »
« Cela ferait de nous un pays du tiers-monde et nous ne pouvons pas laisser cela se produire », a-t-il prévenu.
« Regardez, vous perdez l'Iran, vous perdez la Russie. La Chine essaie de faire de sa monnaie la monnaie dominante, toutes ces choses se produisent. »

Le hic, c’est que le monde multipolaire qui vient ne veut plus du dollar, comme le rappelle Lavrov. À terme, les BRICS pourront commercer entre eux, sans le marché américain.
L'Occident n'hésite pas à recourir d’abord au chantage financier, puis à la force. Comme en Yougoslavie, Irak, Libye, Afghanistan, Syrie, en Ukraine et un certain nombre d'autres pays.

10 juillet 2024

Pascal BONIFACE : « Plus personne ne croit à une victoire militaire de l'Ukraine. »

(vidéo) cliquer sur l'image ↴

19 avril 2023

Vincent Verschoore

J'ai souvenir que, très majoritairement, la bien-pensance européenne (et certainement française) soutenait Lula et diabolisait Bolsonaro, pourtant allié des Américains, mais ça c'était avant.

Désormais résolument euro-atlantiste, américanophile et russophobe, la bien-pensance d'aujourd'hui doit faire des bonds en voyant Lula fricoter avec Xi Jinping, et aujourd'hui recevoir Lavrov avec tous les honneurs alors que ce dernier, après sa récente tournée triomphale en Afrique sur les cendres fumantes de la politique africaine française, remet le couvert en Amérique latine aux dépens, cette fois, des USA.

"À l’issue de son entretien avec son homologue brésilien Mauro Vieira, l’émissaire de Vladimir Poutine a remercié « [ses] amis brésiliens pour leur excellente compréhension de la genèse de la situation [en Ukraine] ». Il a ensuite été reçu par le président Lula da Silva, qui souhaite « faciliter » une médiation internationale en vue d’une résolution pacifique du conflit. Cette visite, dans le cadre d’une tournée latino-américaine de Lavrov qui se rend également au Venezuela et à Cuba, pays ouvertement hostiles à Washington, signe la fin de la lune de miel de Lula avec ses alliés occidentaux, échaudés par ses récentes déclarations. Après avoir accusé les États-Unis d’encourager la guerre, alors qu’il se trouvait encore en visite à Pékin, le Brésilien en a rajouté une couche pendant son escale à Abu Dhabi, dimanche 16 avril. « L’Europe et les États-Unis contribuent à prolonger cette guerre », a osé Lula."
(Source : Libé)

L'Europe est la risée du monde. Vassalisée et rackettée par son "allié" américain, appauvrie par une guerre dont elle n'assume rien mais sert les intérêts géostratégiques US et les intérêts financiers du complexe militaro-industriel, gérée par des psychopathes et des technocrates ineptes et corrompus, elle se fait damer le pion aux quatre coins de la planète, et paie pour tout le monde.

Forcément, quelque chose va devoir lâcher. Soit ce sera la démocratie qui succombera aux révoltes à venir, et nous sombrerons dans un régime policier en voie de quart-mondialisation rapide. Soit ces révoltes mèneront au retour d'une forme d'intelligence politique, à l'expulsion des racailles actuelles, et à la recherche d'un équilibre géopolitique réaliste. C'est clairement l'option que tente le Brésil. 19/4/2023

13 avril 2023

AVEC MACRON, CONTRE TAÏWAN ET CONTRE LES C.NS

Gabriel Nerciat

Cuivres, trompettes, hautbois.
Une fois n'est pas coutume en six ans de macronisme, l'honnêteté oblige aujourd'hui à tirer bas son chapeau en hommage au Banquier Président.
C'est la première fois en effet non seulement qu'il ne nous fait pas honte, mais (il faut bien oser le terme) qu'il nous fait infiniment plaisir.
Oh, certes, je ne me fais aucune illusion : Emmanuel Macron n'est sûrement pas devenu gaulliste sous le coup d'une soudaine illumination nocturne comme Pascal est devenu, ou redevenu, chrétien pendant la nuit de feu de son Mémorial.
Comme tous les hommes d'État liés à certains milieux d'affaires et attachés au maintien de la mondialisation économique, il sait qu'un certain nombre de grandes entreprises multinationales françaises (dont celles dirigées par son ami et mécène Bernard Arnault) ont impérativement besoin, dans les temps difficiles que traverse l'économie européenne depuis deux ans, de demeurer présentes sur le marché chinois, qui est désormais le premier du monde.
Mais il n'empêche : sa sortie sur Taïwan et sa façon cinglante de stigmatiser, sous le nez même de l'effroyable Ursula von der Leyen (qu'il a emmenée en Chine un peu comme un grand bourgeois balzacien ou jamesien exhiberait dans un cercle aristocratique une parente pauvre avide de recueillir son héritage), le panurgisme du "suivisme" des dirigeants européens atlantistes sont absolument remarquables et fort bienvenues, surtout au moment précis où la marine chinoise lance des manoeuvres impressionnantes autour de l'île séparatiste qui a cru malin de décréter un embargo sur ses semi-conducteurs.
Cela est d'autant plus jouissif et inattendu que Macron savait très bien quelles réactions indignées ses déclarations allaient provoquer au sein des milieux institutionnels et médiatiques européistes dont il est proche, et qui d'habitude le soutiennent aveuglément.
Peut-être y a-t-il aussi chez lui une forme d'amour déçu vis-à-vis d'une oligarchie technocratique et pontifiante qui finalement ne l'a jamais vraiment soutenu dans les moments difficiles, alors qu'il est de loin le président français de la Ve République qui aura le plus véhémentement et le plus constamment défendu sa cause contre une opinion publique française plutôt portée vers l'euroscepticisme.
Enfin et surtout, on ne dira jamais assez à quel point il a raison sur le fond.
Car :
1) A partir du moment où Washington, Londres et Canberra ont exclu sans ménagement la France de l'organisation militaire de l'AUKUS censée prolonger le dispositif de l'OTAN dans la zone indo-pacifique, il n'y a aucune raison pour que le président français prenne des gants avec ces prétendus alliés qui n'en sont pas ;
2) Il est parfaitement exact que la France n'a aucun intérêt national qui la pousserait à prendre fait et cause pour l'indépendance de Taïwan, ou à se laisser entraîner dans un catastrophique conflit mondial relatif au maintien de la présence militaire américaine près du détroit de Formose. Ce d'autant plus que le droit international - au nom duquel on prétend contester les prétentions territoriales de Moscou sur l'Ukraine - n'a jamais reconnu ladite indépendance, au moins depuis le voyage de Nixon à Pékin en 1972.
Quel plaisir, en tout cas, de voir la mine consternée et réprobatrice des journalistes assermentés des grandes chaînes d'information continue, depuis deux jours, ainsi que la gueule de bois des puritains allemands, des cuistres libéraux américains et des fanatiques bouffeurs de Russes polonais.
Non, vraiment, merci dix fois au président : même s'il va sans doute comme toujours s'amender dans quelque temps, il nous aura offert le plus délicieux œuf de Pâques, laqué comme un canard chinois, que nous ayons savouré depuis longtemps.

29 mars 2023

La Chine et la Russie qui rient, l’Amérique et l’Europe qui pleurent ?

H16

La France, sa classe jacassante et une bonne partie de son peuple sont fort occupées actuellement ce qui n’empêche pas le reste du monde de continuer à tourner, et aux équilibres géopolitiques de changer de façon très rapide à mesure que les crises se succèdent. Et en la matière, les dernières semaines ont été particulièrement bien remplies…

En effet, pendant que la macronie française faisait mine de fricoter avec la démocratie parlementaire dans le cadre de la réforme des retraites, pour terminer de façon parfaitement prévisible par la contourner sans vergogne en usant du 49.3, plusieurs événements majeurs se déroulaient sur la scène internationale qui furent assez peu commentés et dont les implications ont été si discrètement évoquées dans les médias nationaux qu’on se demande même s’ils ont vraiment eu lieu.

Dans les relations internationales, il serait impossible de ne pas mentionner la visite d’État du Chinois Xi Jinping auprès du Russe Vladimir Poutine, qui, outre la signature d’accords et de partenariats très larges entre les deux pays, a clairement diffusé le message d’une entente cordiale poussée entre les deux puissances, ce qui est en substance exactement l’inverse de ce qu’ont toujours recherché les Américains…


De la même façon, il serait difficile de minimiser la réouverture des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, pourtant présentées comme désirables par les États-Unis au moins depuis Obama qui incitait ses amis saoudiens à trouver un terrain d’entente avec ses turbulents voisins chiites, sans jamais être parvenu à quoi que ce soit.

Peut-être la discrétion qui entoure cette réouverture doit-elle beaucoup au fait qu’elle est le fruit de négociations entre les deux pays menées par nul autre que la Chine qui est maintenant vue, depuis Washington, comme la puissance géopolitique montante à juguler… Sans grand succès. Et alors que certaines rédactions outre-Atlantique ont admis du bout du clavier que ce réchauffement des relations irano-saoudiennes devait compter comme un succès pour la Chine, quelques journalistes européens ont été plus rapides à mentionner que tant les Iraniens que les Saoudiens ont effectivement intérêt à saboter la position de référence américaine, quitte à s’arranger de leurs précédents différends.

Autrement dit, cette victoire diplomatique chinoise ne serait qu’une façade… alors même que l’Arabie de Mohammed ben Salman ne peut clairement pas piffrer Biden, et que l’Iran de Khamenei, toujours sous sanctions américaines, n’a jamais pu supporter les États-Unis non plus. Bien qu’ennemis jurés, Iran et Arabie semblent au moins faire mine d’abandonner leurs griefs si cela peut gêner l’Amérique de Biden, au point d’envisager tous deux de rejoindre le groupe des BRICS

Parallèlement et comme le rappelait un récent billet dans ces colonnes, la même Arabie Saoudite a ouvertement commencé à régler certaines de ses transactions pétrolières en Yuan en remplacement du dollar.

Ceci est de moins en moins anodin puisqu’avec l’arrivée potentielle de l’Iran et de l’Arabie Saoudite dans les BRICS, on se retrouverait avec tous les principaux pays producteurs de pétrole du monde dans la même alliance économique, dont le poids démographique représente également la moitié de la population terrestre.

De façon claire, cette alliance deviendrait vite davantage qu’une simple épine dans le pied de l’hégémonie américaine et, surtout, du complexe militaro-industriel américain, non seulement par le fait que l’Amérique n’y pourrait jouer aucun rôle déterminant, mais aussi par l’évidence que ses membres ne seront pas d’accord d’y accueillir l’Oncle Sam et ses dollars de plus en plus sulfureux.


Il est du reste intéressant de noter que, de même que pour le gaz et le pétrole, les BRICS constituent aussi une forte source de l’or produit dans le monde. On se perd en conjecture sur la quantité exacte des stocks russes et chinois tant le décalage est criant entre les achats observés, la production connue et les chiffres officiels (la Chine annonce disposer de 2000 tonnes d’or quand beaucoup de spécialistes estiment qu’elle n’a pas amassé moins de 20.000 tonnes depuis quelques décennies).

Tout ceci prend forme alors même que l’Empire du Milieu a recommencé à augmenter ses importations de gaz (russe) qui avaient baissé il y a un peu plus d’un an, et que d’autres pays d’Asie centrale et du Moyen-Orient ont clairement réduit leurs exportations de matières premières énergétiques (gaz, pétrole) pour consacrer une part croissante de leurs extractions pour leur propre développement, dans une tendance qui, si elle existait auparavant, s’accélère franchement ces dernières semaines.

Autrement dit, les échanges énergétiques sont en train de se modifier assez sensiblement, les flux de dollars aussi et marquent un retour de ces derniers au bercail, entraînant plusieurs conséquences : outre une baisse du pouvoir d’achat du dollar, la baisse des exportations énergétiques augmente mécaniquement le prix du pétrole et du gaz. Les prix à la pompe et au compteur ne sont pas prêts de diminuer.

Quant aux Européens, dindons d’une farce de plus en plus coûteuse, ils semblent continuer d’agir comme si ces changements géo-économiques majeurs n’avaient pas d’impacts sur eux. La récente tournée (catastrophique) de Macron en Afrique aurait pourtant dû déclencher quelques signaux dans les réseaux diplomatiques tant il semble évident que Russes et Chinois ont largement investi le continent africain au détriment des Européens et des Américains. Apparemment, si quelque chose s’est passé, c’est resté extrêmement discret et l’Europe continue de faire des petits prouts stridents pour masquer l’abdication complète de toute velléité de souveraineté.

Alors qu’un tableau émerge dans lequel la Chine, disposant de masses considérables d’or, de partenariats énergétiques solides avec la Russie et le reste des BRICS, pourrait bien lancer un Yuan-Or qui bousculerait violemment le système monétaire international, on comprend qu’il devient urgent d’agir pour les banques centrales occidentales, et ce alors que les soubresauts et faillites bancaires s’enchaînent nerveusement.

Peut-être est-ce la raison pour la Fed américaine de lancer aussi rapidement que possible FedNow (vers juillet de cette année), ce qui s’apparente à sa monnaie électronique, ou pour la Banque centrale européenne de pousser ses propres jetons numériques dont on sait ce qu’ils peuvent renfermer comme pouvoir d’asservissement des peuples…

Allez savoir.


https://h16free.com/2023/03/29/73826-la-chine-et-la-russie-qui-rient-lamerique-et-leurope-qui-pleurent