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7 mars 2025

Dessin de Kak

"Ce doit être ce qu'on appelle l'économie de guerre"

Kuzmanovic Georges

- 6/3/2025 - À peine élu en 2017, Emmanuel Macron, qui n'avait aucune vision géostratégique pour la France (et qui n'en a toujours pas), piquait une colère de petit garçon gâté parce que le chef d'état-major des Armées, le général de Villiers, indiquait que des coupes budgétaires supplémentaires dans le budget de la Défense allaient fragiliser la France.
Le général de Villiers fut forcé à la démission.
Quand certains, comme moi, prêchaient dans le désert un retour au service national obligatoire d'au moins un an, avec une composante militaire (200 000 jeunes sur les 800 000 d'une classe d'âge), hommes comme femmes, nous étions moqués et brocardés comme passéistes, y compris par la macronie.
Presque huit ans plus tard, Jupiter découvre que le monde est dangereux, que l'OTAN ne vaut pas tripette et qu’il faut donc réarmer la France et faire des questions de défense une préoccupation pour tous les citoyens.
"On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème", disait Einstein.
Sa réflexion s'applique ici parfaitement.
Emmanuel Macron est l'incarnation paroxystique de ces "élites" françaises nouvelles, complètement ignorantes des intérêts de la Nation, soucieuses de bâtir une Europe néolibérale ayant plus de pouvoir que leur propre pays ("la souveraineté européenne"), extrêmement atlantistes au point d'accepter la forme la plus déplorable de vassalisation aux États-Unis, bradant tous les fleurons industriels stratégiques de la France et incapables de comprendre même la nécessité d'une planification de long terme en matière de défense et d'industrie indépendantes (ne parlons pas de la mettre en œuvre).
Reconquérir notre indépendance, rebâtir les moyens de notre défense autonome et d’action dans le monde implique de changer de classe politique et de paradigme de pensée dans l’action politique.
Avec Macron et tous ceux comme lui, on n'avancera jamais. On en restera à de la communication, à des effets de manche, au sculptage de l'air chaud.
Rappelons-nous son précédent "Nous sommes en guerre" (c'était le Covid, quelle blague quand on y repense). Rappelons-nous ses postures volontaristes, ses leçons, ses "décisions"... Et puis ?
Et puis rien !
L'hôpital public est en dégradation accélérée, nous ne produisons toujours pas nos médicaments, qui sont d'ailleurs de plus en plus en pénurie, les EPRUS ou leur équivalent ne sont pas réinstallés... RIEN !
Qu'une nouvelle crise sanitaire grave survienne, et ce sera la débandade, encore pire que la précédente.
Emmanuel Macron et sa clique sont l'une des principales causes de l'affaiblissement de notre pays.
Concernant les questions de défense, il faut :
- Accepter une "pause stratégique" de cinq ans afin de se réorganiser.
- Définir la position géostratégique de la France dans le monde et mettre les moyens en adéquation avec cette vision.
Pour faire simple, c'est la vision gaullienne d'une France stratégiquement indépendante et jouant un rôle pivot dans les destinées du monde.
- Élever le budget de la défense à 3 % du PIB.
- Faire disparaître l'OTAN, ou à défaut en sortir, puis proposer un cadre d'alliances avec certains pays européens.
- Initier une conférence internationale pour redéfinir une architecture de sécurité en Europe incluant la Russie.
- Lancer une vaste conférence internationale sur la réduction des armements nucléaires, une sorte de traité START étendu à tous les pays détenteurs de l'arme nucléaire.
- Réorganiser l'industrie de défense de manière à ce que :
1. Elle soit nationale.
2. Ses productions soient strictement conformes aux besoins de NOS armées, la vente à l'étranger étant un objectif secondaire.
3. Les armes produites soient 100 % françaises dans leurs composantes ou tendent à l'être. Lorsqu'elles ne le sont pas, refuser toute dépendance à des composants issus de pays imposant des contraintes stratégiques (comme le font les États-Unis avec les armes que nous leur achetons).
4. La production ne soit pas à flux tendu et que soient constituées des réserves, tout en maintenant des capacités de production dormantes, activables en cas de besoin (guerre).
5. Une attention particulière soit portée aux capacités de notre flotte, compte tenu de l'étendue de notre surface maritime (première au monde) et des ressources que nous devons protéger.
- Réinstaurer un service national obligatoire d'au moins un an, mixte, et à composante militaire.
- Mettre en place une armée de réservistes volontaires sous la forme d'une garde nationale.

6 mars 2025

LES MARCHANDS DE PEUR

Jean-Claude Delhez

- 6/3/2025 - Il faut réarmer. On vous le répète. À nous les centaines de milliards d'euros tombés du ciel pour commander chars, missiles et avions. À nous l'économie de guerre. Stockez des pâtes, donnez vos métaux qu'on puisse couler des canons. Car l'Europe est toute nue. C'est la panique dans les casernes et les ministères. On brûle les secrets d'État et on fait chauffer les moteurs d'avions pour fuir avant l'invasion. On se croirait, le côté délirant en plus, revenu 50 ans en arrière : Le camarade Leonid Brejnev, tout droit sorti du plenum du Soviet suprême, va envoyer les divisions mécanisées du pacte de Varsovie, par la trouée de Fulda, planter sur la Tour Eiffel le drapeau du communisme triomphant !
Si je peux me permettre un conseil à tous ces gens du pouvoir : 1) Arrêter les drogues. 2) Consulter un psychanalyste.
Vous noterez que ce n'est même pas le conflit ukrainien qui est à l'origine de cette hystérie, mais la nouvelle orientation politique américaine, depuis Trump. « L'oncle Sam m'abandonne, que vais-je devenir ? » Eh bien, être adulte, par exemple, voir la réalité en face.
La peur est l'émotion la plus facile à faire naître chez l'individu. Dans un combat, quand la peur s'empare des soldats au front, ils vont se lever et fuir vers l'arrière. Ce faisant, ils offrent une cible idéale à l'adversaire et subissent des pertes considérables. Il fallait rester sur place, c'était le meilleur choix pour rester en vie. Mais la peur court-circuite la raison et commande à sa place. De la même manière, il est aisé de manipuler les populations par la peur.
Un exemple bien connu : la guerre du Golfe (2003). On vous a prétendu à l'époque que Saddam Hussein menaçait la paix mondiale, qu'il développait un programme d'armes chimiques et biologiques de destruction massive et même qu'il avait des liens avec les barbus. On se souvient du général Colin Powell agitant son flacon de poudre devant l'assemblée de l'ONU en prétendant qu'il s'agissait d'une arme chimique irakienne. Les troupes de Saddam avaient été présentées par le pouvoir médiatico-politique comme la 5e armée du monde. Aujourd'hui, les cendres des moustachus basanés de la garde républicaine fertilisent les sables du Chatt al-Arab.
Les politiciens manipulent les foules par la peur. Ils les manipulent aussi dans l'intérêt de leur propre pouvoir. Pour le garder, pour le renforcer, pour se rendre important, indispensable. Autre exemple : 1982. L'Argentine est dirigée par une junte militaire brutale, celle qui fait disparaître les opposants politiques (que réclament les tristement célèbres mères de la place de Mai, à Buenos Aires). Mais les jours de la junte sont comptés, le peuple ne la supportera plus longtemps. Elle le sait. La sagesse populaire vient à son secours. C'est elle qui assure qu'on ne change pas d'attelage au milieu du gué. C'est-à-dire qu'un pouvoir en place est conforté par un défi, par une guerre. Et donc, pour se maintenir, la junte ordonne à l'armée argentine d'envahir les îles Malouines. Ce qui provoque une guerre avec Londres. Une guerre, c'est l'occasion de faire vibrer le sentiment national, de rassembler la population derrière ses chefs en lui désignant un ennemi extérieur, de faire oublier tout ce qui ne va pas dans un pays. C'est bon pour la dictature militaire argentine. Un temps, du moins. Car elle finit par perdre la guerre, et le régime des généraux ne lui survivra pas de beaucoup.
Bon, allez, c'est pas tout ça, mais j'ai encore une tranchée à terminer et deux canons à repeindre... Je t'attends de pied ferme, Leonid Brejnev !