Jean-Claude Delhez
-14/4/2025- L'un d'entre vous (qui me fournit en œufs et en littérature) m'a demandé de me pencher sur le cas d'une politicienne des trois frontières. Je suis une bonne pâte, je m'exécute (sinon, plus d'omelette...).
En ce moment, en France, il y a Rachida Dati et ses bijoux onéreux. Il y a Alexis Kohler et ses casseroles sonnantes et trébuchantes ; ou comment aller du secrétariat général de Macron à la direction de la Société générale, sans passer par la case « commission d'enquête du sénat ». En ce moment, en Belgique, il y a Didier Reynders, ancien commissaire d'Ursula von der Leyen, qui a trouvé le moyen original de s'enrichir à l'aide de billets de loterie. Il y a le premier ministre d'extrême-Flandre qui va verser une larme à Boutcha tout en trouvant bien sympathique ce Monsieur Netanyahou. Ce même premier ministre d'extrême-Flandre, qui a décidément le cœur sur le main, offre le milliard à Kiev pour autant que Kiev signe des contrats avec les sociétés privées de son plat pays : ou comment subventionner le privé avec les impôts des contribuables en se donnant un air de philanthrope.
Ceux-là, ce sont des épées, des cadors, des pointures, ce sont les requins de l'espèce, le haut de la chaîne alimentaire. Je vais simplement vous parler, à la demande de vox populi donc, du menu fretin, de la politicienne lambda, telle que chacun peut la croiser là où il vote, et comme il en existe tant. Celle-ci sévit aux trois frontières, là où Belgique, France et Luxembourg s'abordent, se rejoignent. Il y a là, côté belge, une ancienne cité industrielle, reconvertie malgré elle dans le trafic de drogues et les marchands de sommeil. Cette commune de près de 20.000 habitants est celle de Véronique Biordi. Première échevine (1ère adjointe, en France) il y a encore quelques mois, bourgmestre (maire) auparavant, conseillère provinciale encore plus tôt et même, brièvement députée, le temps d'un remplacement. Et l'on vient d'apprendre qu'un avenir encore plus fructueux l'attend désormais.
Véronique Biordi a longtemps formé un duo très italien avec le directeur général de la ville, Tomaso Antonacci : la politicienne qui papillonne de tous côtés et le fonctionnaire qui tire les ficelles dans la coulisse. Un duo incapable de gérer une ville, trouvant plutôt sa jouissance dans la manipulation du personnel municipal et les coups fourrés politiciens. Un duo rompu il y a quelques années, le DG étant allé sévir dans une autre commune, en tant que directeur financier (Florenville). Les deux personnages se sont retrouvés impliqués au fil des années dans plusieurs affaires dont la justice a eu à connaître.
Véronique Biordi a une conception personnelle de la chose publique. Elle appréhende le monde sous la forme des relations interpersonnelles, et la politique sous la forme du clientélisme. Elle appartient à ces politiciens qui ne font pas la distinction entre leur vie personnelle et leur mandat électoral. L'hôtel de ville, c'est chez elle. Les fonctionnaires, c'est en quelque sorte son personnel. Comme au temps des seigneurs et des valets. Ajoutons à cela que Véronique Biordi est caractérielle. Elle a régulièrement besoin de passer ses nerfs sur quelqu'un et, dans ces moments-là, un fonctionnaire est bien utile. Sans compter qu'elle a ses têtes. Les fonctionnaires qui ont un parent dans un parti politique autre que le sien sont avertis qu'elle entend leur pourrir l'existence. Au point que les employés l'ont baptisée « Triste sire », du nom du serpent venimeux, dans le Robin des Bois de Walt Disney. Au point aussi qu'elle a fait fuir une grande partie du personnel municipal, qui est allé chercher du travail ailleurs, quand il ne tombait pas malade.
Dernièrement, suite à un changement d'alliance politique, Véronique Biordi a perdu son poste et le salaire qui l'accompagne. Qu'à cela ne tienne, le parti vient de la recaser ailleurs. Au terme d'une discrète tambouille dont il a le secret. Il l'a désignée, il y a quelques jours, pour prendre la présidence d'une intercommunale économique (Idelux). Question salaire, elle y gagne : 15.000 euros mensuels. Les compétences, elles, ne suivent pas. Elle n'avait déjà pas le niveau pour ses fonctions précédentes, elle l'a encore moins pour celle-ci. À sa décharge, il faut dire que ses collègues politiciens sont logés à la même enseigne. Aucun n'a inventé la poudre, ni le fil à couper le beurre. Ce n'est pas leur but. Le parti, c'est le moyen qu'ont trouvé les incompétents pour s'enrichir au détriment de la collectivité. Et ils appellent ça la démocratie. Alors qu'en fait, c'est juste du parasitisme.