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2 janvier 2025

LES BOÎTES DE PANDORE DE L'OCCIDENT

Gabriel Nerciat
2/1/2025

Eh bien oui, voilà !
C'est bien joli de financer et d'armer des factions salafistes révolutionnaires arabes, pro-turques et anti-chiites en Syrie et en Libye, comme de faire des risettes aux bandéristes ukrainiens, certes couverts momentanément par un dictateur juif évadé d'un cirque, pour qu'ils aillent ensuite bouffer et éventrer du Russe dans le Donbass.
Seulement après, c'est comme tout : il faut assumer.
Les djihadistes du Levant surtout sont des gens susceptibles. Si des puissances mécréantes s'invitent dans leurs querelles internes et s'avisent de soutenir un peu trop ostensiblement l'une des factions islamistes devenue rivale de la leur, ils n'oublient jamais de faire payer la note à l'utilitarisme inconséquent des kouffars.
Les dirigeants français auraient dû le saisir dès les attentats du Bataclan, en 2015, par lesquels les sicaires de l'EI nous faisaient comprendre qu'ils n'appréciaient pas du tout les armes livrées par Laurent Fabius et la DGSE à la filiale locale d'Al Qaïda - celle d'où provient justement le nouveau maître de Damas si bien en cour à Washington et à Tel-Aviv.
Mais comme toujours, nous avons préféré regarder ailleurs, en pensant naïvement que les milices anarcho-marxistes kurdes des YPG suffiraient à nous préserver de nouveaux retours de bâton - tout en laissant Ursula von der Leyen se mettre complaisamment dans la main de leur ennemi juré Erdogan.
L'actuel président des États-Unis, lui non plus, ne sait pas trop quoi dire, en ce 2 janvier funèbre. Sa sénilité se révèle finalement, à quelques semaines de sa retraite forcée, un atout paradoxal.
Soyons charitables et ne nous moquons pas de lui.
D'ailleurs sommes-nous seulement en mesure de nous rappeler qu'il y a un quartier français à la Nouvelle-Orléans ?

11 décembre 2024

À PROPOS DE L'APOLOGIE DU TERRORISME

Gabriel Nerciat

- 9/12/2024 - C'est assez drôle, finalement, la versatilité des convictions morales qui servent à justifier les postures des uns et des autres pour tenter d'occuper une place avantageuse au sein du débat public.
Il y a de cela à peine quinze jours, tout le gratin de la droite chiraquienne mêlé aux pingouins de l'extrême-centre macronien (plus quelques RN, d'ailleurs), l'opportuniste recalé Bruno Retailleau au premier rang, se récriaient vertueusement d'indignation dans les médias et au Parlement parce que les députés LFI avaient déposé un projet de loi visant à abolir le délit d'apologie du terrorisme adopté en 2015 à l'initiative de Manuel Valls après les attentats du Bataclan.
Or, que ne voit-on pas depuis ce week-end ?
Une bonne partie des éditorialistes de la presse écrite et télévisuelle, sans compter un certain nombre de politiques d'habitude plutôt enclins aux tonitruantes professions de foi anti-islamiques, qui ne cessent de faire l'apologie – certes précautionneusement lardée de quelques doutes purement formels ou rhétoriques – de l'ancien "émir" syrien d'Al Qaïda, aujourd'hui en passe d'arriver au pouvoir à Damas.
Alors, quoi, c'est du lard ou du cochon, cette loi contre l'apologie du terrorisme ?
Parce que si d'aventure, c'est vraiment sérieux, alors tous les Ménard, Cohn-Bendit, Bruckner, Fourest, Joffrin, BHL, Encel, Basbous, Colosimo, Kepel, Moïsi, Vitkine, Tenzer, Goldnadel, Lasserre, Obadia, Pranchère et autres De Lara, sans même parler du gros François Hollande ou du navrant Yannick Jadot, doivent alors en répondre devant les juges séance tenante si le Parquet de Paris, par ailleurs tellement zélé dans son entreprise de refonte électorale de la démocratie française quand il est question des financements du parti de Marine Le Pen, fait correctement son travail.
Parce que, bon, si rien ne se passe, Mélenchon (qui, lui aussi, bien sûr, se félicite de la bonne fortune d'Al-Joulani) a pour le coup raison : cette loi scélérate, dès lors qu'elle devient à géométrie variable, on peut bien une fois pour toutes l'abolir.

15 septembre 2024

Mohamed Sifaoui (Auteur)

Hamas
Plongée au cœur du groupe terroriste

Que sait-on vraiment à propos du Hamas, et notamment en France ? Malgré des centaines d'heures de plateaux télévisés, plusieurs dizaines d'articles, il y a très peu de décryptages concernant cette organisation, liée idéologiquement aux réseaux des Frères musulmans.

Que sait-on de son histoire ? De ses alliances ? De son idéologie ? De ses objectifs ? Connaît-on ses manoeuvres ? Ses financements ? Les hommes qui la composent ? Est-ce une création des Israéliens, comme le clame la rumeur ?

Groupe terroriste pour les uns, organisation de résistance pour les autres, ce livre tranche le débat à partir d'éléments factuels et objectifs. Lié militairement à l'Iran et à ses organisations satellitaires, financièrement au Qatar et politiquement à la Turquie, le Hamas constitue une organisation très particulière.

Cet ouvrage est une plongée inédite dans les moindres recoins du Hamas. Comment cette organisation a-t-elle réussi à faire main basse sur la « cause palestinienne » ? Quels sont ses desseins à l'échelle régionale, mais aussi mondiale ? Quelles sont les conséquences des attentats du 7 octobre 2023, à la fois pour ce groupe islamiste et pour la région ?

Autant de questions auxquelles ce livre tente de répondre, afin de proposer une lecture lucide de l'avenir des Israéliens et des Palestiniens, et plus particulièrement des habitants de Gaza. Il n'est, quoi qu'il en soit, pas possible d'envisager un hypothétique « processus de paix » sans connaître cet acteur majeur qu'est le Hamas. Et il serait imprudent d'oublier son impact sur la politique intérieure des pays occidentaux, notamment en France. Tout comme il faut comprendre ses répercussions à la fois sur les Juifs de la diaspora et sur ceux qui sont attachés, de bonne foi, à la cause palestinienne.

Journaliste et politologue, Mohamed Sifaoui suit depuis une trentaine d'années l'évolution de toutes les organisations liées à la mouvance islamiste en général, et djihadiste en particulier. Il a déjà publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Les fossoyeurs de la République (L'Observatoire, 2021), Pourquoi l'islamisme séduit-il ? (Armand Colin, 2010) ou Combattre le terrorisme islamiste (Grasset, 2007).

18 décembre 2023

L’horreur qui vient

H16

18/12/2023 - Les autorités redoutent un attentat d’ici la fin de l’année. Elles l’ont d’ailleurs très médiatiquement fait savoir, tant du côté européen que du côté français afin que toute la population soit correctement transie d’inquiétude et de méfiance pour la période des fêtes.

Et donc, que ce soit le résultat d’une action préparée de longue date restée discrète voire secrète au point d’échapper aux renseignements policiers, ou qu’il s’agisse d’un événement quasiment improvisé, selon toute vraisemblance, les prochaines semaines ou, plus probablement, les prochains mois verront un nouvel événement terroriste en France.

Notons que tout aura été fait pour, et qu’on pourra raisonnablement écarter tout hasard dans la préparation des consciences tant est difficile à cacher la volonté pour une bonne partie des politiciens d’importer avec gourmandise le conflit israélo-palestinien en France. Ici, on comprend bien évidemment la mécanique politique à l’œuvre : toute nouvelle tension, toute nouvelle bouffée d’horreur en France servira essentiellement à accroître les prérogatives de l’État et des gens qui le gouvernent, et tout événement violent sera prétexte à accroître les possibilités offertes à ces derniers de pressurer la population, de la museler et de la contraindre dans le sens qui leur plaira.

Il n’y a guère besoin d’extrapoler. Même quelque chose de relativement bénin (voire festif selon certains) comme les Jeux Olympiques d’été permet d’illustrer le point : ces célébrations dispendieuses, largement coupées des préoccupations directes de l’écrasante majorité de la population, servent déjà à passer nombre de lois et de décrets afin de transformer la capitale en véritable enfer carcéral pour ses habitants, et à mettre en place des mesures (notamment numériques) dont on sait qu’elles perdureront bien au-delà de leur raison initiale.


Dans ce contexte, il est facile de comprendre que n’importe quel attentat un peu plus large qu’un simple échange de coups de couteaux (qui ne ferait qu’attiser ce que la classe jacassante appelle maintenant hypocritement l’ultradroite) pourra servir d’une part à terroriser la population (ou tout faire pour) et d’autre part à renforcer le contrôle policier… sur ceux qui pourraient trouver la situation un peu saumâtre et vouloir se défendre (encore l’ultradroite, comme par hasard).

Il semble donc évident qu’un événement majeur, avec à la clé plusieurs (dizaines ?) de morts aura lieu dans les prochains mois, disons pour donner une idée, d’ici Noël 2024. Quelque chose comme ce qui s’est passé en Israël où des villages entiers furent attaqués par de petites troupes de terroristes.

Cela n’a absolument rien de farfelu puisqu’on en a déjà l’ébauche germée dans les cerveaux manifestement sous-dimensionnés de quelques individus qui ont, fort heureusement, réussi à se faire gauler : « On passe à quatre ou cinq, armés, tu tues tout le village en une seule nuit, c’est facile, je te dis que tu peux faire ça, c’est facile ! »

On devra se demander pourquoi les autorités ont jugé bon de faire connaître médiatiquement ces projets d’attentats de ces soi-disant “réfugiés” mais il est clair que ce faisant, outre disséminer l’idée encore un peu plus, cela permet d’établir un précédent, à toutes fins utiles. Dès lors, on peut imaginer que d’autres, un peu plus finauds que ces pieds nickelés du djihadisme, s’organisent déjà avec une meilleure discrétion. Peut-être ceux-là acquièrent-ils lentement des armes personnelles, chacun dans leur coin, la filière ukrainienne servant sans nul doute à les fournir et, un petit matin, ou un soir, ils choisiront de passer à l’action de manière individuelle selon un plan préparé à l’avance et discuté hors des réseaux numériques les plus écoutés.

On imagine sans mal qu’ils débouleront dans l’un de ces villages tranquilles où la gendarmerie est sous-équipée et en sous-effectif chronique d’autant plus que la commune, sans barres HLM, sans racailles et sans gentils clandestins, est très calme et ne nécessite donc que peu de services de proximité que l’État n’a de toute façon aucune volonté de maintenir localement. Les dégâts (en nombre de morts, en blessés) y seront logiquement élevés.

Ceci n’est qu’un scénario possible mais au vu du nombre de candidats potentiels à ce genre d’action, au vu de l’état général des services de renseignements en France, au vu de la compétence moyenne de nos autorités, on avouera que ce n’est pas le scénario le plus fou fou non plus.

On peut aussi garantir que l’action des forces de l’ordre sera spectaculairement foireuse pendant un bon moment avant de pouvoir les stopper. Peut-être même une partie des perpétrateurs pourra – comme par hasard – s’enfuir dans la nature.

Pour donner un ordre d’idée, une poignée d’attaquants, cinq ou six (soit seulement trois de plus qu’au Bataclan) peuvent faire des dizaines de morts et de blessés dans une poignée de villages. À quelques dizaines, le massacre serait rapidement monstrueux face à des populations qu’on a, volontairement et largement, habituées à dépendre totalement de l’État pour sa sécurité, dont on a patiemment limé les dents, les griffes et toute envie de combattre à coup de lois scélérates diminuant toute possibilité d’auto-défense, de (dé)moraline en baril distribuée tous les soirs sur les ondes, et de prunages vexatoires pour la moindre hausse de sourcil un peu trop rapide.


Ici, parier sur l’incompétence totale des autorités françaises à réagir rapidement et efficacement dans ce genre de terrible contexte n’est même pas un pari osé, c’est malheureusement le moins risqué. Du reste, les attentats du 13 novembre 2015 ont amplement montré la désorganisation des forces d’intervention et des autorités. Qui imagine que l’équipe actuelle serait soudainement plus affûtée que celle d’alors ?

En revanche, on peut garantir la bonne compétence de la même brochette pour la récupération d’un tel événement, afin de poser les derniers jalons, les plus sévères, les plus lourds et les plus définitifs d’un véritable État-policier, c’est-à-dire une dictature parfaitement étanche. Cela ne fait aucun doute.

En réalité, c’est précisément pour cela que la menace d’attentats a été clairement annoncée urbi & orbi par nos autorités, l’apeurement des populations étant un des effets directs recherchés. C’est pratique, une population apeurée : bien préparée à une horreur qu’on a quasiment vendue comme inévitable, elle sera à point lorsque l’horreur surviendra.

Quelques centaines de morts d’un côté, un pouvoir quasi-illimité de l’autre : pour des élites parasitaires et parfaitement dénuées de tout scrupule, le calcul est vite fait et la question de la marche à suivre, “elle est vite répondue” pour des dirigeants qui sentent leur fin inéluctable sans la mise en place d’une poigne de fer contre le peuple.

En fait, il n’y a guère lieu d’épiloguer. Gérard Collomb, dans un rare moment de lucidité que permet l’abandon de la politique, expliquait au sujet de certaines populations qu’on vivait actuellement côte à côte, et qu’on risquait vite “de se retrouver face à face”.

Nous y sommes.


19 octobre 2023

Natacha Polony

---- ÉDITO ----

Un professeur est mort assassiné au cri de « Allahu akbar ». Nous pensions que ces mots, que nous avions lus et entendus il y a très exactement trois ans, au moment de la mort atroce de Samuel Paty, ne résonneraient plus jamais, tant ils auraient provoqué un électrochoc collectif. Pourtant, ce vendredi 13 octobre 2023, Dominique Bernard, professeur agrégé de lettres, est mort sous le couteau de Mohammed Mogouchkov. Un homme passionné de littérature, qui avait consacré sa vie à transmettre aux jeunes générations la beauté, l’intelligence et tout ce qui permet de fabriquer des hommes libres, a été tué par un fanatique pétri de bigoterie simpliste et de brutalité barbare. Et cette horreur a été rendue possible, non seulement par le « contexte international », comme le disent pudiquement les médias, mais surtout par le fait que nous n’avons toujours pas, collectivement, pris la mesure de ce qu’est l’islamisme, de la façon dont il se diffuse et du poison par lequel il corrompt nos sociétés.
Les grandes proclamations, les « plus jamais ça », les « vous n’aurez pas ma haine », les peluches et les bougies, la « résilience », tout cela est insupportable de niaiserie et d’inanité. Tout cela, surtout, n’a qu’un objectif : nous permettre de continuer tranquillement à vivre en acceptant que nous sommes désormais un pays dans lequel des dessinateurs se moquant du sacré, des professeurs exerçant leur rôle d’éveilleurs de conscience, des enfants venus voir un feu d’artifice ou des jeunes gens venus écouter un groupe de rock peuvent mourir fauchés par des excités bas du front qui haïssent tout ce que la civilisation européenne en général et la France en particulier ont mis en œuvre depuis des siècles pour permettre aux êtres humains d’être des individus libres, émancipés des dogmes et des superstitions, et se rassemblant pour décider de leur destin en dehors de toute transcendance.
On peut, bien entendu, se pencher sur le parcours du tueur pour s’interroger sur les éventuelles « failles » des pouvoirs publics. Encore faut-il ne pas se tromper de cible. Le sujet ne peut être seulement le « renseignement », la surveillance. La seule question à se poser à propos de Mohammed Mogouchkov est de savoir ce qu’il faisait là. Au nom de quelle conception tordue de nos valeurs un islamiste radicalisé de nationalité russe pouvait-il se trouver sur le sol français ? Son parcours, à lui seul, témoigne du fait que nous nous condamnons, par conformisme et par lâcheté, à déplorer une fois qu’il est trop tard. Comment des associations bienveillantes ont-elles pu lutter, en 2014, pour maintenir en France une famille qui devait être expulsée, accusant pour servir leur cause les représentants de la République française d’être racistes et islamophobes ? Comment l’administration française peut-elle se mettre dans une situation où un individu comme celui-ci, alors même que sa demande d’asile a été refusée, est inexpulsable parce qu’il serait arrivé en France avant l’âge de 13 ans ou parce que son pays d’origine serait la Russie, dans laquelle il risquerait on ne sait quoi.

DÉCALAGE AVEC LE RÉEL

Il était tragiquement comique d’entendre, quelques heures après les faits, les médias s’interdire de le qualifier de Tchétchène et préciser qu’il était originaire d’Ingouchie, comme pour distinguer de l’assassin de Samuel Paty, lequel n’avait, lui non plus, strictement rien à faire sur le territoire français. Quiconque se penche un peu sur l’histoire récente du Caucase aura compris que ces zones sont devenues un des hauts lieux du djihad international. Et ce n’est pas parce que Vladimir Poutine a traité de façon atroce ces populations que nous devrions ignorer, sous prétexte que les ennemis de nos ennemis seraient forcément nos amis, que certains individus peuvent être des islamistes fanatisés et violents. Faut-il rappeler que le droit d’asile fut inventé par les révolutionnaires français pour accueillir ceux qui, partout dans le monde, partageaient notre conception de la liberté humaine et se battaient pour elle, et non pour protéger ceux qui haïssent ces idéaux et leur donner les moyens de répandre leur idéologie mortifère ?
Le drame n’est pas que les services de renseignement n’aient pas pu prévoir que Mohammed Mogouchkov allait « passer à l’acte », selon l’expression désormais consacrée. Le drame est que nous considérons comme impossible d’expulser un étranger radicalisé, même lorsqu’il pose à ce point problème que l’asile lui a été refusé, parce que nous savons qu’il se trouvera toujours un juge ou une association, un tribunal administratif ou une cour européenne, pour empêcher son expulsion au nom de l’« État de droit ». Notre édifice juridique est tout entier tourné vers la protection des droits individuels. Ceux, en particulier, de quiconque enfreint les lois ou nos règles de vie communes. Quitte à mettre en danger la société dans son ensemble. Et, des médias aux dirigeants politiques, on semble trouver plus grave de contrevenir, peut-être, aux sacro-saints droits d’un prêcheur de haine à exprimer librement son « opinion » ou d’un fanatique à « ne pas être renvoyé dans un pays où il risque de mauvais traitements » que de les voir diffuser leur idéologie ou commettre des attentats. Il ne s’agit pourtant pas d’abolir l’État de droit mais d’utiliser le droit dans le but qui est le sien : protéger les citoyens. Tels sont l’objet même de l’existence d’un État et la condition pour empêcher toute forme de guerre civile.
Hélas, nous avons systématiquement une guerre de retard. Notre administration, nos juges, nos médias surtout, n’ont toujours pas compris ce qu’est l’islamisme. Sur les plateaux de télévision, dans les studios de radio, la pression est permanente. L’essentiel est de démontrer que, quoi qu’il arrive, même les pires horreurs, même 250 morts en deux ans, même des professeurs assassinés, on reste du côté de l’accueil et de l’ouverture, de sorte que la parole publique est en décalage radical avec le réel. Mais cette pression existe aussi dans les établissements scolaires, là où les professeurs devraient être, comme le fut Samuel Paty, ces « hussards noirs de la République », ces missionnaires chargés d’extraire des jeunes esprits l’obscurantisme et la superstition. Mais, là encore, nous avons cessé de croire que certaines choses relèvent de la superstition. Nous avons cessé de croire collectivement que la République est légitime pour combattre certaines idéologies au nom des Lumières, nous avons cessé de croire qu’il vaut mieux avoir des hommes libres mus par leur raison, avides de savoir et valorisés pour cela, plutôt que des fous de Dieu persuadés que la vie ici-bas ne vaut rien puisqu’un paradis est à venir ou des consommateurs bas du front revendiquant leur droit à l’ignorance et réclamant au nom du « respect » de plier la collectivité à leur frénésie identitaire.

IDENTITÉ EUROPÉENNE

Les sociétés européennes n’ont pas compris que leur obsession à ne pas se définir collectivement les conduisait à la catastrophe. Pour mieux accueillir l’« Autre » quel qu’il soit, elles ont choisi d’être des sociétés neutres, sans identité, sans valeurs d’aucune sorte, faisant dès lors le lit du communautarisme. C’est ne pas comprendre que, si la civilisation européenne se caractérise par une tolérance largement étrangère à nombre d’autres civilisations, c’est justement en raison de son identité spécifique. On ne parle pas là des « racines chrétiennes » qui sont brandies, en effaçant l’héritage grec et romain, pour refermer nos sociétés mais de ce qui différencie l’Europe du reste du monde et doit être offert à tous ceux qui nous rejoignent : le fait d’avoir pensé la liberté humaine en dehors de toute transcendance. Voilà ce qu’il faut défendre et illustrer collectivement. Voilà ce au nom de quoi les professeurs transmettent des savoirs universels et éveillent les consciences à la beauté, à la raison. C’est tout cela qui a été volontairement abandonné, ce qui a ouvert un boulevard à l’idéologie islamiste comme à toutes les formes d’intégrisme et de délires identitaires. Et les professeurs qui continuaient avec ferveur à remplir leur mission se sont retrouvés seuls, parfois même cloués au pilori par ceux-là mêmes qui auraient dû les soutenir. C’est de cela qu’est mort Samuel Paty.
Les tenants de cet abandon de ce que l’Europe avait à offrir à l’humanité ne se sont pas contentés de l’organiser avec méthode dans chaque strate de la société. Ils ont surtout mis en place un tribunal permanent pour mieux disqualifier quiconque évoquait la nécessité de transmettre ces valeurs et d’intégrer les populations accueillies sur le sol européen. Aujourd’hui, les mêmes semblent découvrir avec stupeur que le communautarisme est en train de fracturer nos sociétés et que, parce que la nature a horreur du vide et que des prêcheurs financés par nos sympathiques alliés du Golfe se sont enfoncés dans la brèche, des jeunes gens se sont forgé une identité en fonction de leurs origines ou de leur religion.
Ironie tragique : le lendemain d’une intervention télévisée dans laquelle le président de la République en appelait à l’unité de la nation, un jeune islamiste assassine un professeur et blesse deux autres personnes, nous renvoyant, par-delà les vœux pieux, à cette question cruciale : comment rétablir un semblant d’unité nationale quand tout a été fait pendant des décennies pour dévaloriser, voire nier, l’idée même de nation ? Nous en voyons aujourd’hui les ravages. La violence des réseaux sociaux condamne quiconque ose dépasser les appartenances identitaires à subir un déluge d’insultes et de menaces. Combien de Français de confession musulmane se font-ils entendre pour dire leur horreur des massacres du Hamas ? À part l’imam Chalgoumi, qui ne représente, hélas, que lui-même ? Tareq Oubrou, l’imam de Bordeaux, mais c’est à peu près tout. Et combien de Français de confession juive pour rejoindre la voix courageuse d’un Dov Alfon, directeur de Libération, appelant la communauté internationale, et en particulier la France et la Grande-Bretagne, anciennes puissances coloniales, à prendre leurs responsabilités et à s’élever contre les crimes de guerre perpétrés par Israël à Gaza ?
Sans cette capacité à dépasser l’ordre communautaire, nous sommes condamnés, à terme, à la guerre civile. Sans une mobilisation de la France sur la scène internationale pour exiger la justice et la paix pour tous les civils massacrés, nous verrons l’importation de ce conflit. Et sans une mobilisation de l’ensemble de la société pour affirmer notre fierté d’être une République laïque et en transmettre les principes aux futurs citoyens français comme aux étrangers accueillis sur notre territoire, nous continuerons à compter les morts.

18 octobre 2023

Car l’État fournit la sécurité, hein, bien sûr !

H16

18/10/2023 - Quelques jours se sont écoulés depuis les incursions terroristes des bandes du Hamas en Israël et depuis, les choses se sont quelque peu emballées, y compris sur le territoire européen : en quelques jours, nous avons ainsi la démonstration flagrante que les États sont absolument incapables de combattre le terrorisme et que leurs prérogatives en matière de sécurité des individus sont tout simplement usurpées.

Ainsi, est-il besoin de revenir sur la faillite consternante de la surveillance de la frontière entre Israël et la bande de Gaza ? Apparemment, le meilleur dispositif du monde peut être et a été débordé, et l’avenir dira dans quelle mesure l’État lui-même et ses dirigeants n’ont pas été au moins indirectement responsables, par action ou par inaction, d’un véritable massacre.

Et pendant qu’on réfléchira longuement sur la façon dont l’État doit tenir une frontière, on pourra constater que la faillite sécuritaire, catastrophique en Israël, est tout autant visible en Europe.

En une poignée de jours, deux événements tragiques ont rappelé à tous ce qu’on peut attendre de nos autorités, confirmant s’il était besoin que l’échec israélien est tout à fait à la portée des Européens, à commencer par la France et la Belgique.

Ainsi, à Arras, l’aventure d’un énième couteau déséquilibré islamiste aura entraîné la mort d’un nouvel enseignant. Magie d’une société toute tournée vers le recyclage : ceux qui avaient, il y a trois ans, confectionné des petits panneaux “Plus Jamais Ça” – et les avaient intelligemment conservés – pourront les ressortir hardiment, ils pourront servir tel quel. Les cargaisons de nounours et de bougies sont déjà en route depuis la Chine.

En tout cas, politiciens et journalistes, eux, n’ont pas eu de mal à dépoussiérer tous leurs slogans : l’habitude et les nombreuses répétitions garantissent la bonne exécution des gestes et des paroles. C’est rodé.


Ceci posé, il faut encore une fois constater qu’absolument rien n’avait été fait pour éviter le drame.

Bien évidemment fiché S, bien évidemment expulsable et pas expulsé, bien évidemment radicalisé depuis des lustres et connu des autorités pour cela, bien évidemment issu d’une famille elle-même connue pour ses “activités à caractère terroriste”, notre sémillant Tchétchène aura de surcroît bénéficié de la mobilisation des associations d’extrême-gauche délétères qui seront parvenues à le faire rester sur le territoire, et dont la part de responsabilité dans le drame ne devrait pas être passée sous silence si ce n’était les contorsions grotesques de toute la presse actuellement.

Autrement dit, c’était une histoire fort mal enquillée qui promettait de très mal se terminer. Et malgré ce pronostic évident, l’État s’est courageusement placé aux abonnés absents.

Depuis, c’est l’enfilade de perle communicationnelles par tout ce que le pays contient de parasites politiques, qui de surcroît nous prennent pour des débiles. Ainsi en va-t-il de l’homme-soja de l’Élysée qui a expressément demandé (avec des vibratos dans la voix) aux préfets que le fichier des radicalisés expulsables soit passé au peigne fin sans doute pour leur garantir une toison lustrée.

Ceci signifie donc que ce n’était pas le cas avant l’injonction consternante du chef de l’État et qu’il s’agit donc de pur foutage de gueule.


Dans la foulée et pour ne pas sortir des clowns à roulettes gouvernementaux, nous avons eu droit à l’actuel stagiaire au poste de ministre de l’Intérieur qui, penaud, nous a laborieusement expliqué qu’il voudrait bien expulser, mais qu’il ne peut pas, parce que la loi c’est compliqué, tout ça.

Seuls les plus jeunes et les plus hydrocéphales d’entre nous ne se souviennent pas que la même fine équipe de jocrisses n’avait pas trouvé le moindre obstacle dans la loi lorsqu’il s’agissait de choper du trottineur sur les plages pendant les confinements, de pruner du badaud sans auto-papelard ou de coller au gnouf les agités du gilet jaune.

Autrement dit, l’usage de la force est cantonné aux gens qui ne font pas de mal à une mouche, et surtout ceux qui ne peuvent et ne veulent pas vraiment répliquer. Pour ceux-là, la police et la gendarmerie sera partout, tout le temps. Pour les terroristes, les vrais, les durs, les quantifiés et les connus, il n’y a plus personne.


Le seul constat est celui d’un échec, complet, total, imputrescible et sur toute la ligne de toutes les institutions sécuritaires du pays. Encore une fois.

L’État, qui est très fort pour s’occuper du bilan thermique de votre baraque, qui va prendre des mesures exceptionnelles pour s’assurer que vous avez bien déclaré votre piscine ou votre cabane de jardin et qui n’hésitera pas à user de toute la force (héliportée au besoin) de la maréchaussée pour bien vous gauler quand vous êtes assis sur une plage, va se retrouver sans couilles et sans dents lorsqu’il s’agira de s’occuper d’individus connus, répertoriés, fichés même, pour leurs activités terroristes.

Ça vaut le coup de payer des impôts pour ça, non ?

Et ce qui est vrai en France l’est tout autant ailleurs.

On pourrait éplucher les autres pays européens, eux aussi progressivement écouillés par des années de laxisme, de préchi-précha gauchiste et de médiatisation à rebours du bon sens. Mais l’actualité nous fournit la Belgique puisque Bruxelles vient de supporter une nouvelle attaque terroriste.

Pardon, non, pas “une attaque”, mais une nouvelle “bousculade” comme l’explique le Mickey Président français dans une nouvelle saillie, sa logorrhée devenant maintenant pathologiquement incontrôlable.


Et là encore, on ne pourra que constater la faillite complète de l’État (belge ici) à simplement assurer un minimum de sécurité à ses citoyens. La ville dispose de caméras partout, fort pratiques pour choper du papy en Doblo diesel de 10 ans qu’on pourra consciencieusement taxer pour pollution et autres émissions de gaz qui font frémir les bobos. Mais dès qu’il s’agit de vraiment mettre la main sur un type en chasuble orange fluo sur un scooter avec un fusil d’assaut, le tout suivi en direct sur X avec vidéo à l’appui par des douzaines de personnes, là, c’est la panique, la déroute, les deux pieds gauches dans le même sabot droit.

Et il faut encore une fois constater qu’absolument rien n’avait été fait pour éviter le drame : notre frétillant tireur déséquilibré était connu puisqu’ayant demandé l’asile, il se l’était vu refusé, son dossier mentionnant qu’il avait eu maille à partir dans son pays d’origine notamment pour trafic d’être humain, séjour illégal et atteinte à la sureté de l’État.

Certains imbéciles chevronnés objecteront sans sourciller que le nombre d’individus avec un profil similaire est trop grand pour se permettre de tous les suivre assidûment… donnant ainsi de l’eau au moulin de ceux qui pointent à juste titre, depuis des lustres, que le travail de filtre préalable aurait dû être fait plus tôt (bien, bien plus tôt) et plus sévèrement (bien bien) des années auparavant.

Mais voilà : c’est trop tard.

À présent, la seule solution opérationnelle consisterait à rendre aux citoyens les moyens d’assurer leur propre sécurité, leur propre défense, dans le cadre le plus large et le plus compréhensif possible.

Et bien évidemment, les gouvernements refuseront obstinément toute méthode pratique qui consisterait à armer les civils et leur apprendre à se défendre, au moins dans l’esprit.

D’une part, il est ontologiquement impensable que l’État apprenne à se passer de lui, et il fait donc absolument tout pour faire croire qu’il peut et va régler le problème du terrorisme avec “plus de moyens” (car des moyens et des médiocres, c’est la seule chose qu’on a en trop) ou des technologies poussées (reconnaissances faciales, IA) qui montrent, tant en Europe qu’ailleurs, leur abyssale inutilité à ce sujet.

D’autre part, des armes dans les mains des citoyens, c’est le risque (voire la certitude) qu’elles seront un jour retournées contre les clowns qui nous gouvernent, et qui savent pertinemment que ce qu’ils font subir à la population n’est pas de l’incompétence, mais de l’acharnement sadique volontaire.

Et alors que les jeux olympiques de 2024 se profilent de façon guillerette, je vous conseille donc de conserver vos petits panneaux “Plus Jamais Ça”…


16 octobre 2023

Le ras-le-bol incertain…

Pierre Duriot
Porte-parole du RPF


Depuis l’assassinat du professeur Dominique Bernard, à Arras, il y a comme un vent de prise de conscience et comme chaque fois, on ne sait pas si cela va durer ou, si ce n’est comme d’habitude pourrait-on dire, que momentané, avant que les moutons ne replongent dans leur torpeur, bercés par les éléments de langage habituel « Vous n’aurez pas ma haine », « Pas d’amalgame », « Tous les musulmans ne sont pas des terroristes », « L’islam est une religion de paix et d’amour »… Se méfier tout de même de ceux qui ne sont pas « modérés ».

Un sondage est passé quand même, dans lequel l’échantillon représentatif estime, à plus de 98 %, que les délinquants étrangers radicalisés doivent être expulsés. Ça sent le retournement de situation et Darmanin s’est cru obligé de dire qu’il allait expulser les indésirables, comme quoi c’est possible et on se demande bien alors pourquoi il ne l’a pas fait avant. À peine a-t-il fait cette annonce tonitruante qu’il se ravise : « Il y a 4000 étrangers délinquants que je ne peux pas expulser du territoire national parce que la loi empêche de les expulser » déclare-t-il penaud. Et alors, un ministre n’est il pas en mesure de faire changer la loi ? Benoîtement, il s’est aperçu que les fichés S étaient des binationaux. Autant vous dire que si un gouvernement compatible avec nos idées, au RPF, arrive au pouvoir, nous changerions la loi. Plus d’argent pour les entrants, plus d’argent, pour ceux déjà entrés et qui ne se sont pas intégrés par le travail, plus d’AME, plus de regroupement familial, plus de droit du sol. Encore une fois, c’est le régime le plus courant dans l’ensemble des pays du monde. La planète n’est pas qualifiée d’extrême droite, semble-t-il ?

À gauche, ce sont les grandes manœuvres, conscient que l’on peut avoir une part de responsabilité dans ces meurtres perpétrés par des gens qui ont été accueillis en masse et magnifiés et à propos desquels on a allègrement seriné des éléments de langage dont personne n’a jamais vu la réalité. Dans le multiculturalisme heureux et l’apport culturel, on n'a vu que de la soumission à l’islam, au point que les chrétiens sont devenus le groupe religieux le plus persécuté en France, devinez par qui. Jean-Luc Mélenchon et LFI « sont disqualifiés » après avoir « refusé de qualifier le Hamas d’organisation terroriste », estime Manuel Valls. L’ancien Premier ministre devrait avoir de la peine à se regarder dans un miroir, il a lui même répété inlassablement les éléments de langage ci-dessus, il était de gauche, rappelez-vous.

Mieux, la mairie écolo de Nantes continue de financer les associations ouvertement islamistes. Les impôts des Nantais vont-ils finir dans la poche des terroristes ? On se le demande. L’Europe verse aussi chaque année, plus d’un milliard d’Euros pour les Palestiniens : ils en font quoi ? Ce pays est éternellement sous perfusion d’aides internationales. (...).

Les Français, de droite comme de gauche, ont compris que ces attaques terroristes sont d’abord une manifestation de la guerre sans fin de l’islam contre la chrétienté et de nombreux sympathisants de gauche commencent à tenir non pas des discours qu’ils qualifiaient précédemment de droite, mais des discours censés les exonérer de toute forme de responsabilité dans le fiasco. Le gouvernement et les villes ont trouvé la solution pour que nous soyons en sécurité. Des communes, des services de communication, des conseilleurs en tous genres, nous proposent de « ne plus se promener seul », aux femmes de ne plus « faire de jogging seule », aux fêtards de préférer les transports individuels pour rentrer tard… en un mot, nous devons nous habituer au risque de nous faire égorger et prendre des mesures personnelles de bon sens, plutôt que de compter sur un service de maintien de l’ordre payé par nos impôts, mais qui est débordé… et cette gauche laxiste, collaboratrice zélée de l’islam et même de l’islam radical, pour des raisons électorales, n’entend pas trop se voir reprocher quoi que ce soit sur son manque de clairvoyance au cours des décennies passées. Ils ne peuvent pas décemment dire que Le Pen père, avait vu les choses mieux qu’eux.

Macron, totalement dépité à Arras, va devoir gérer la situation, dont il a hérité, qu’il a lui même largement amplifiée, va devoir le faire contre la politique qu’il a menée jusqu’à présent, tout en sachant que l’immense majorité des Français est arrivée à saturation des meurtres et des violence incessants, aux cris de Allah Akbar. Il lui reste à prier pour que les Français oublient rapidement, jusqu’au prochain meurtre et ainsi de suite, ou alors le pays basculera définitivement dans ce que lui appelle « l’extrême droite » et qui n’est jamais que la volonté de rester en vie.

https://rassemblementdupeuplefrancaiscom.wordpress.com

15 octobre 2023

A qui le tour ?

Action & Démocratie

Commençons par dire que les mots ne suffisent pas pour traduire l’immense peine que nous éprouvons suite à ce nouvel assassinat au couteau d’un professeur.
C’est donc humblement que nous adressons d’abord par ce message nos condoléances et notre solidarité à la famille de Dominique Bernard, à son épouse, à ses filles, à ses parents, à ses amis ainsi qu’à ses élèves de qui il était unanimement apprécié. Cet excellent professeur de lettres au lycée d’Arras, dont le visage exprime avec une noble simplicité les plus hautes vertus humaines que sont la générosité, l’humilité, l’intelligence, est mort à 57 ans dans l’exercice de ses fonctions, tué parce qu’il était professeur, et ce près de trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty.
Cela n’aurait jamais dû arriver. Cela ne devait plus jamais arriver. Et cela néanmoins est arrivé.
Nous adressons également nos pensées solidaires et émues à David Verhaeghe, professeur d’EPS grièvement blessé au cours de cette attaque, ainsi qu'à Jacques Davoli, chef d’équipe des agents techniques de l’établissement, lui aussi grièvement blessé. Puisse le soutien de vos proches, celui de l’institution et celui de tous les personnels dont nous nous faisons ici les relais vous donner la force de surmonter cette terrible épreuve.
A toi Dominique, à toi David, à toi Jacques, nous voulons aussi dire, malgré la douleur, la stupeur, la colère aussi, notre profonde admiration pour la bravoure dont vous avez chacun fait preuve en cherchant à protéger, au péril de la vôtre, la vie de vos collègues ainsi que la vie des élèves qui vous étaient confiés. Cela s’appelle de l’héroïsme. Vous êtes des héros. La République vous doit l’hommage que méritent ses héros.
Vous n’êtes cependant pas des soldats supposés servir sur un terrain d’opérations dangereux, et vous n’auriez jamais dû vous trouver dans la situation de perdre votre vie ou de l’exposer. Surtout depuis Samuel Paty, qui lui non plus n’aurait jamais dû se trouver dans la situation horrible où il a été plongé. Il est temps que la République soit vraiment aux côtés de ses hussards noirs autrement que le temps d’une cérémonie, et qu’au lieu de laisser lentement périr son école, elle sache la défendre et se mettre au niveau de ceux qui consacrent leur vie à la transmission des connaissances, à l’élévation de la jeunesse, à la propagation des Lumières. Il est temps que le gouvernement prenne conscience du fait que le corps enseignant est le premier et peut-être le seul rempart contre l’obscurantisme ; les terroristes eux l’ont bien compris et c’est précisément la raison pour laquelle ils s’attaquent à des professeurs.
En tant que syndicat voué à la défense des intérêts matériels et moraux des personnels, et désormais aussi à la défense de leurs intérêts vitaux, Action & Démocratie ne peut accepter que l’on se résigne à compter ses morts et faire part de sa compassion pour les victimes après chaque attentat, comme si tout cela était une fatalité et qu’on n’y pouvait rien. Il faut regarder les choses en face et cesser de se cacher derrière la langue de bois car, si on ne le fait pas, d’autres encore paieront de leur vie le prix de notre lâcheté.
Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu dont la présence sur notre sol interroge et qui était inscrit au fichier des personnes recherchées (fiche S). Comment un tel individu a-t-il pu concevoir et perpétrer son crime odieux alors qu’il était censé être sous surveillance ? Comment a-t-il pu pénétrer aussi facilement dans un établissement scolaire ? Combien d’individus « fichés S » sont actuellement présents dans les établissements scolaires ou sont susceptibles de les fréquenter ? Y en a-t-il parmi nos élèves ? Y en a-t-il parmi les personnels ou les parents d'élèves ? Y en a-t-il parmi les élèves majeurs et étudiants post-bac (BTS) ou encore les adultes majeurs en formation en CFA et GRETA dans des lycées ? Le devoir d’un syndicat est de poser ces questions, celui du gouvernement est d'y répondre. Action & Démocratie exige que les informations d'une telle importance soient systématiquement communiquées à l’Éducation nationale et aux personnels qui, pour des raisons évidentes, doivent les posséder pour pouvoir prendre les bonnes décisions, notamment devant ce qu’on appelle des « signaux faibles ». Ne pas le faire reviendrait à exposer tous les agents mais aussi tous les élèves au danger.
Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu qui, en outre et selon toute vraisemblance, a répondu à l’appel d’une organisation terroriste à mener un « jihad mondial » le vendredi 13 octobre 2023. Cet appel était connu de tous et notamment des autorités. A-t-il été suffisamment pris au sérieux par ces dernières ? On peut s’interroger puisque le ministre Gabriel Attal a annoncé le renforcement des mesures de sécurité après cet attentat : n’était-ce pas plutôt avant, et dès l’appel du Hamas, qu’il fallait renforcer les mesures de sécurité ? Pourquoi les établissements scolaires n’ont-ils pas fait l’objet d’une attention comparable à celle de certains lieux de culte alors que l’on sait, depuis l’assassinat de Samuel Paty, que les professeurs sont des cibles ?
Enfin, Dominique Bernard est mort sous les coups de couteau d’un individu qui avait été scolarisé dans cet établissement d’Arras et qui était persuadé de la légitimité de son geste. Ce serait faire preuve d’une naïveté coupable que de réduire ce geste à celui d’un « déséquilibré » ou d’un « radicalisé ». Les choses sont hélas beaucoup plus graves, et nous qui sommes sur le terrain le constatons chaque jour. En particulier depuis l’attaque terroriste d’une violence inouïe perpétrée en Israël par le Hamas et la riposte de l’État israélien, nous voyons se développer en France des discours nauséabonds, flirtant parfois avec l’antisémitisme le plus décomplexé, qui ont pour effet, sinon pour objet, de justifier l’injustifiable, de faire passer la barbarie pour de la légitime défense ou encore de transformer les victimes en bourreaux et réciproquement les bourreaux en victimes. Ces discours, qui dans leurs versions les plus excessives et caricaturales s’apparentent à une apologie du terrorisme, se répandent par l’intermédiaire des réseaux sociaux jusque dans les couloirs des établissements, les salles de professeurs, voire au sein des salles de classe. Une étude de l'IFOP de décembre 2022 avait révélé que 56% des professeurs du secondaire déclaraient s'être auto-censurés afin d'éviter tout incident déclenché au nom de convictions religieuses ou "philosophiques" : c'était 7 points de plus qu'en 2020 et 20 points de plus qu'en 2018 ! L'auto-censure des collègues, autrement dit la peur, est une réalité, et celle-ci n'est pas l'un des moindres dégâts collatéraux de ces discours qui, sous couvert d'expliquer, finissent par excuser l'abjection. Action & Démocratie ne peut que les condamner solennellement et avertir tous ceux qui, au sein de l’Éducation nationale, font preuve de complaisance envers le terrorisme d'une manière ou d'une autre, qu’ils contribuent par leurs postures à installer la confusion dans les esprits, ceux des plus jeunes notamment.
En tant que syndicat des personnels de l’Éducation nationale, nous estimons n’avoir ni à commenter ni à prendre position sur quelque conflit que ce soit, a fortiori sur des conflits aussi complexes que le conflit israélo-palestinien, et nous savons que le seul devoir des enseignants en de telles circonstances consiste justement à donner aux jeunes gens les instruments qui leur permettent de penser la complexité du réel. Mais quel que soit le niveau de complexité de la situation au Proche-Orient, un acte barbare est un acte barbare et doit être dénoncé comme tel sans tergiverser, sans tourner autour du pot, sans « oui, mais… ». C’est pourquoi Action & Démocratie, à l’instar de la fédération des services publics de la CFE-CGC dont nous faisons partie, condamne sans réserve les monstruosités commises par le Hamas en Israël, tout autant que les appels au meurtre suivis d’effets que cette organisation terroriste a lancés, l’assassinat de notre collègue à Arras étant précisément l’un de ces effets. Il faut le dire. C'est la moindre des choses que nous devons à Dominique Bernard.
Il est urgent que le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale prennent la mesure de la gravité de la situation, de la profondeur du problème et de la persistance de la menace de mort qui pèse sur les professeurs en France. Il est urgent qu'ils prennent aussi conscience de l’inefficacité des mesures de surveillance et de protection en vigueur actuellement, pour ne rien dire de l’inutilité absolue du bavardage concernant les « valeurs de la République » qu’on nous ressort après chaque attentat.
Tout cela dépasse largement le cadre syndical et concerne gravement le registre des responsabilités régaliennes de l’État. L’entrisme de l’islamisme est une réalité documentée, et dénoncée, entre autres, par les Imams de Drancy et de Bordeaux, Hassen Chalghoumi et Tarek Oubrou : ils parlent sans détour de cette jeunesse désorientée, fragilisée et captée, fascinée par un activisme anti-démocratique qui est à l’œuvre, qui gangrène au-delà des quartiers sensibles, un nombre effarant de campus universitaires, d’IESP et de grandes écoles. Au sein même de l’enseignement secondaire, des campagnes idéologiques sont menées tambour battant par des organisations qui jouent avec le feu : Action & Démocratie non seulement les désapprouve mais les dénonce et s’en démarque absolument, ici même, sans frilosité.

MONUMENT AUX MORTS

Gabriel Nerciat

Dans quelques années, sur les territoires de la nation où les Français de souche européenne seront encore à peu près majoritaires, on édifiera des monuments aux morts, sur le modèle de ceux de 1918.
Ils porteront comme inscription liminaire : "Aux professeurs d'histoire et d'humanités tués par l'islamisme, la République reconnaissante."
On peut seulement espérer qu'il y aura moins de noms que sur ceux de 14-18.
Mais peut-être que la République elle-même, attentive aux recommandations des Frères musulmans comme à celles de l'école sociologique bourdieusienne, aura définitivement renoncé à enseigner l'histoire, la langue française et les humanités classiques.
En fait, Mélenchon et les siens ont peut-être raison, retrouvant la grande inspiration de leurs prédécesseurs internationalistes et pacifistes des années 1920 : il suffirait que les anciennes nations coloniales européennes renoncent à persévérer dans leur être ou à transmettre leur mémoire historique et leur langue pour que le monde islamique tout entier, de la Tchétchénie au Proche-Orient arabe, daigne nous laisser vivre en paix à défaut de nous aimer.