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9 novembre 2022

Qatar 2022 : la Coupe du monde en onze absurdités

Alexandre-Reza Kokabi - Reporterre

- 9/11/2022 -




Stades à usage unique, avions toutes les dix minutes, ouvriers morts... De nombreux scandales entachent la Coupe du monde de football au Qatar. Zoom sur les onze plus importants.

Du 20 novembre au 18 décembre, le Qatar accueillera l’un des plus grands événements sportifs de la planète : la Coupe du monde de football masculin. Lors de sa dernière édition, en 2018, plus de 1 milliard de téléspectateurs ont suivi la finale France-Croatie. Le sélectionneur français, Didier Deschamps, dévoilera sa liste de joueurs au JT de 20 heures de TF1 le 9 novembre. Une autre liste s’impose : celle des absurdités liées à ce « Mondial de la honte », qui concentre une myriade de dérives climaticides, d’atteintes aux droits humains, le tout sur fond de corruption. Reporterre en a sélectionné onze, comme le nombre de footballeurs dans une équipe.

1- Des stades climatisés

Sur les huit enceintes de la Coupe du monde, sept sont équipées de systèmes de climatisation. Le stade Al Janoub d’Al-Wakrah — où se déroulera le premier match de l’équipe de France, le 22 novembre —, au sud de la capitale, Doha, est muni de près de 180 bouches d’aération destinées à rafraîchir le terrain et les 40 000 sièges.

Lors de son attribution, le tournoi devait se jouer entre mi-juin et mi-juillet. Dans le petit émirat, les températures peuvent alors atteindre 50 °C. La Fédération internationale de football (Fifa) a finalement décidé de déplacer la compétition à l’automne, où la météo est plus douce. Le mercure oscille généralement autour de 25 °C. Insuffisant, néanmoins, pour éteindre la climatisation, qui devrait fonctionner lors des pics de chaleur.


Le stade international de Khalifa, au Qatar. Twitter/FifaWorldCup


Pendant ce temps, dans une Europe en pleine crise énergétique, les populations tenteront d’appliquer les appels à la sobriété de leurs dirigeants en se chauffant moins ou encore en coupant le wifi.

2- Des stades à usage unique

Une seule des huit enceintes, le stade international Khalifa, a été construite bien avant l’attribution du Mondial au Qatar. Flambants neufs, la plupart des autres stades sont condamnés à devenir des « éléphants blancs » : des constructions monumentales coûteuses, qui ne seront pas réutilisées après la compétition. L’un d’entre eux, le stade 974, sera entièrement démonté à l’issue du Mondial. Constitué de conteneurs – 974, précisément – il pourrait être transporté vers une destination… pour le moment inconnue.

3- Le Mondial de l’avion

Tous les stades de la compétition sont situés à proximité de Doha, dans un rayon de 60 kilomètres. Sauf que les 1,2 million de spectateurs attendus ne pourront pas loger à proximité, faute d’hébergements suffisants au Qatar. Résultat : nombre d’entre eux résideront dans les États voisins, où la vie est moins chère. Et pour voir les matchs, c’est en avion que voyageront les spectateurs. Il n’existe en effet toujours pas d’alternative pour se déplacer entre les pays limitrophes ; la construction du Gulf Railway, une ligne ferroviaire de 2 200 kilomètres, n’ayant toujours pas commencé.

Pour se rendre à Doha depuis les États du golfe arabopersique, un avion décollera toutes les dix minutes. 168 vols « navettes » quotidiens supplémentaires sont prévus pour assister à un match et rentrer le jour même : 60 vols par jour depuis Dubaï (Émirats arabes unis), 48 depuis Mascate (Oman), 40 depuis Riyad et Djeddah (Arabie saoudite) et 20 depuis Koweït City (Koweït). De son côté, Air France va relancer temporairement des vols entre Paris et Doha pour la première fois depuis vingt-sept ans, au rythme de 3 à 6 vols par semaine.

4- Au moins 6 500 ouvriers morts sur les chantiers

La Coupe du monde se jouera sur un cimetière. Plus de 6 500 ouvriers originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka sont morts au Qatar depuis que le pays a obtenu l’organisation de la Coupe du monde en 2010. Ce chiffre a été révélé en février par The Guardian, qui a recoupé les données des gouvernements de ces pays, principaux pourvoyeurs de main-d’œuvre au Qatar. Le nombre réel de morts serait même supérieur, puisque les données d’autres pays, comme les Philippines ou le Kenya, qui comptent de nombreux ressortissants travaillant au Qatar, n’ont pas été recueillies.

Selon le comité organisateur du Mondial, trente-neuf morts seraient directement imputables à la construction ou la rénovation des stades, mais les chantiers ne se limitent pas aux enceintes sportives. Depuis 2010, le Qatar a bâti une ville, des aéroports, des routes, son premier réseau de métro ou encore des hôtels, projets inhérents à l’organisation du mondial. La plupart des ouvriers seraient morts à cause de la chaleur étouffante et des cadences infernales et leurs corps sont rapatriés, dans des cercueils, dans leurs pays d’origine. « Beaucoup de ces ouvriers sont morts naturellement », disait à Reporterre Orjan Lundberg, « expert développement durable » au sein du Supreme Committee for Delivery & Legacy, l’entité supervisant les constructions pour la compétition, rencontré pendant la COP26 à Glasgow. Il omettait de préciser que dans de nombreux cas, l’émirat ne réalise pas d’examen post-mortem pour déterminer les causes précises des décès.

5- La « neutralité carbone », un mensonge

Les organisateurs l’assurent : la Coupe du monde sera la première à atteindre la « neutralité carbone », c’est-à-dire que toutes les émissions de gaz à effet de serre du tournoi seront intégralement compensées en soutenant des programmes de réduction ou de séquestration de CO2. Selon un rapport de l’ONG belge Carbon Market Watch, spécialisée dans l’examen des marchés carbone, cet engagement n’est pas « crédible » et relève du « greenwashing ».

Pourquoi ? Cette Coupe du monde atteint des niveaux d’émissions jamais vus. Dans un rapport publié en juin 2021, la Fifa les évalue à 3,6 millions de tonnes de dioxyde de carbone [1], un niveau déjà largement supérieur aux précédentes éditions en Russie en 2018 (2,167 millions de tonnes équivalent CO2) [2], au Brésil en 2014 (2,7) et en Afrique du Sud en 2010 (2,753).


Le stade international de Khalifa, au Qatar. Twitter/FifaWorldCup


Or, d’une part, ces émissions sont sous-estimées. Les calculs présentés par la Fifa ne tiennent pas compte des navettes aériennes et minimise la construction, l’entretien et l’exploitation des stades [3], au point que le coût climatique du Mondial pourrait être cinq fois supérieur. D’autre part, sur au moins 1,8 million de crédits carbone [4] que devaient fournir les organisateurs pour espérer « compenser » l’évènement, seulement 130 000 « peu susceptibles d’avoir un impact positif sur le climat » ont été émis via trois projets, soit moins de 10 % de ce qui était promis. Pour faire passer ses projets aux retombées douteuses, le Qatar a créé son propre standard de crédit carbone : le Global Carbon Council, élaboré par une société immobilière créée par un fonds souverain qatarien [5].

6- Des réformes insuffisantes

« Depuis 2010, le Qatar a considérablement amélioré les normes de bien-être des travailleurs en adoptant plusieurs réformes de son Code du travail, et il faut regarder les raisons de ces décès », indiquait Orjan Lundberg à Reporterre. Depuis que le Qatar s’est vu attribuer l’organisation du Mondial, il a en effet adopté plusieurs réformes importantes de son Code du travail.

La principale protection des travailleurs contre la chaleur était une interdiction du travail à l’extérieur à certaines heures, entre le 15 juin et le 31 août. En mai 2021, l’émirat a élargi cette période du 1er juin au 15 septembre, et mis en place de nouvelles mesures, comme l’interdiction du travail à l’extérieur quand l’indice mesurant la chaleur (et l’humidité) atteint 32 °C. Les ouvriers ont désormais le droit de cesser de travailler et de porter plainte auprès du ministère du Développement administratif, du Travail et des Affaires sociales en cas de non-respect de ces mesures. Sur le papier, la « kafala », qui soumet les travailleurs au bon vouloir de leur employeur, a été abolie.

Mais dans les faits, les abus continuent. Les auteurs Sebastian Castelier et Quentin Müller, dans leur enquête Les esclaves de l’homme-pétrole (Marchialy), ont donné la parole à ces « esclaves contemporains » qui vivent dans des camps de travail, s’épuisent et meurent toujours dans des conditions extrêmes. Des centaines d’entre eux ont été expulsés quelques semaines avant le Mondial, avant l’arrivée des supporters.

7- Les personnes LGBT+ réprimées

Au Qatar, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont punies d’une peine pouvant aller jusqu’à sept ans de prison. Selon des révélations de Human Rights Watch (HRW), les forces du Département de la sécurité préventive du Qatar arrêtent arbitrairement des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres (LGBT), et les soumettent à de « mauvais traitements » en détention. HRW a documenté six cas de passages à tabac « graves et répétés » et cinq cas de harcèlement sexuel en garde à vue entre 2019 et 2022. Comme condition à la libération des détenues transgenres, les forces de sécurité leur ont imposé des séances de thérapie de conversion dans un centre de « soutien comportemental » parrainé par le gouvernement.

Pour une enquête publiée en mai par trois médias scandinaves, des journalistes s’étaient fait passer pour des couples d’hommes voulant partir en voyage de noces au Qatar. Ils avaient contacté les soixante-neuf hôtels recommandés par la Fifa. Trois les avaient éconduits, et vingt avaient pris leur réservation en échange que les mariés ne s’affichent pas en public. Le Qatar s’est pourtant, à plusieurs reprises, engagé à faire exception durant la Coupe du monde et à réserver un bon accueil aux personnes LGBT+. Aux Nations unies, le 20 septembre, l’émir Tamim ben Hamad Al Thani a de nouveau assuré que son peuple « accueillera[it] à bras ouverts les fans de football de tous horizons ». « La liberté d’expression et la non-discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre devraient être garanties de manière permanente pour tous les habitants du Qatar, et pas seulement pour les spectateurs qui se rendent au Qatar pour la Coupe du monde », rétorque Human Rights Watch.

8- Les médias interdits de filmer dans certains lieux

Afin d’éviter de nouvelles polémiques, les autorités qataries limitent la couverture médiatique durant l’évènement. Les caméras devront être braquées sur les terrains de football, et pas ailleurs. Selon The Guardian, qui a enquêté sur les autorisations de tournage délivrées par les autorités qataries aux diffuseurs comme la BBC, les journalistes n’auront pas le droit de filmer dans les bâtiments gouvernementaux, les universités, les lieux de culte ou encore les hôpitaux. Il sera également interdit de tourner dans les logements résidentiels et les entreprises privées. Ces règles s’appliquent aux photographes, et devraient compliquer le travail de la presse écrite. En novembre 2021, deux journalistes norvégiens qui enquêtaient sur les conditions de travail de migrants sur les sites de la compétition ont été arrêtés et détenus pendant 36 heures alors qu’ils tentaient de quitter le pays.

9- Le Mondial de la corruption

La Coupe du monde a-t-elle été achetée par le Qatar ? Les accusations pleuvent depuis son attribution le 2 décembre 2010. Les preuves, elles, s’accumulent. En mars 2020, le procureur fédéral de Brooklyn a par exemple écrit que plusieurs membres votants du comité exécutif de la Fifa avaient reçu des pots-de-vin.

Comme l’ont révélé Mediapart, puis l’émission « Complément d’enquête » avec la cellule d’investigation de Radio France ou encore Blast, le pouvoir français est complice de ce scandale et a fait basculer le vote d’attribution du Mondial. Un « pacte corruptif » aurait été conclu le 23 novembre 2010, lors d’un déjeuner à l’Élysée organisé par Nicolas Sarkozy. Alors président de la République, il avait invité Michel Platini, président de l’Union des associations européennes de football (UEFA), l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani et son Premier ministre.


Le stade Al Janoub d’Al-Wakrah. Twitter/FifaWorldCup


Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir convaincu Michel Platini de voter pour le Qatar, en échange de plusieurs contreparties accordées par l’émirat. Quelques mois après ledit déjeuner, le Paris Saint-Germain (PSG) — propriété du fonds Colony Capital, dont le représentant en Europe était Sébastien Bazin, un ami de M. Sarkozy — a été racheté par Qatar Sports Investments (QSI). Le fils de Michel Platini, Laurent, a été embauché par le club de football. En 2017, Nicolas Sarkozy est devenu membre du conseil d’administration de l’hôtelier Accor, dirigé par M. Bazin, dont l’un des principaux actionnaires est le Qatar. En 2019, Accor est devenu un sponsor du PSG. Un rapport de la police anticorruption montre aussi que Nicolas Sarkozy aurait fait financer par le Qatar des prestations de communication réalisées pour sa campagne électorale de 2007, puis pour l’Élysée.

10- Des policiers et des gendarmes français sélectionnés pour la Coupe du monde

La complicité entre le Qatar et la France ne s’arrête pas là. Selon Le Canard enchaîné, le ministère de l’Intérieur s’est engagé à envoyer plus de 200 membres des forces de police pour aider le Qatar dans son organisation, dans un accord intergouvernemental signé le 15 mars 2021. 191 militaires seront mobilisés, dont 170 sont spécialisés dans la lutte anti-drones, et une dizaine de policiers spécialistes des mouvements hooligans. Le ministère a indiqué avoir répondu à une demande du Qatar, qui n’a pas les moyens humains et matériels d’assurer lui-même la sécurité de l’évènement.
11- Le patron de la FFF nie le scandale humain

Invité dans le documentaire de « Complément d’enquête » diffusé en octobre, le patron de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, a choqué jusqu’au gouvernement pour son manque d’« humanité ». Les journalistes lui ont proposé de réagir à des images tournées à Doha, dans l’hôtel cinq étoiles Al Messila, où les champions du monde en titre seront hébergés durant la compétition.

Les journalistes ont notamment filmé l’insalubrité et la surpopulation des logements des agents de sécurité, hébergés dans la zone industrielle de Doha. Selon « Complément d’enquête », certains de ces employés ont vu leur passeport confisqué par leur employeur et sont parfois privés de jour de repos. La réaction de Noël Le Graët : « Ce n’est pas insalubre, ça, c’est juste un coup de peinture. Il y a encore le temps de réparer ça. Je peux vous montrer plein d’images comme ça dans plein de pays, même peut-être pas très loin d’ici. » Et sur l’organisation de la Coupe du monde, s’« il y a des progrès immenses encore à réaliser », pour lui, « s’il n’y avait pas eu le foot, ça aurait été pire ».

8 novembre 2022

Le délit d'opinion est-il rétabli ?

René Chiche
Professeur de philosophie

☐ Dans une lettre de quatre pages en date du 16 septembre qui m'a été adressée en recommandé avec accusé de réception par le recteur de l'académie d'Aix-Marseille, Bernard Beignier, et signée par le nouveau secrétaire général de ladite académie, j'apprends que j'aurais "commis des faits" (sic) d'une particulière "gravité" en exprimant certaines opinions sur le réseau social Twitter nécessitant l'engagement d'une procédure disciplinaire lourde à mon encontre, avec tout le tralala, à savoir convocation devant une commission administrative paritaire académique des agrégés siégeant en formation disciplinaire, invitée à apprécier et sanctionner mes prétendus manquement à mes obligations professionnelles, "notamment en termes de loyauté, de correction, de dignité, de réserve, de neutralité, d'exemplarité ainsi que d'atteinte à l'image et à la réputation du service public d'enseignement".
Cette lettre que je ne peux pas rendre publique pour l'instant consiste à citer avec moult inexactitudes une vingtaine de mes propos tenus sur le réseau social Twitter parmi les dix-sept-mille-six-cents que j'y ai publiés depuis que j'y suis inscrit. J'ai mis deux jours à la lire jusqu'au bout tant elle me tombait des mains à chaque ligne. En la lisant me sont revenues les paroles que Platon met dans la bouche de Socrate au moment de son procès : en écoutant mes accusateurs, j'ai presqu'oublié qui j'étais, tant leur discours étaient persuasifs. Mais passons. Ce procédé rhétorique est en l'espèce si mal employé qu'il ne mérite pas que je vienne mêler Socrate à cette farce. Je n'ai pas coutume de faire état des mots de remerciements que je reçois parfois de la part d'anciens élèves : je me contente d'en glisser quelques-uns dans mon petit cartable, cartable que je n'ouvre d'ailleurs jamais mais que je ne quitte jamais non plus pour cette raison, et cela me suffit pour me rappeler qui je suis.
L'engagement de cette procédure disciplinaire m'a été annoncé alors que je suis fort impliqué dans les élections professionnelles, conduisant notamment la liste d'Action & Démocratie/CFE-CGC au scrutin du Comité social d'administration ministériel et figurant également en position éligible sur la liste que nous présentons au Comité social d'administration de l'académie d'Aix-Marseille. Inutile de souligner que les membres de ladite commission paritaire siégeant en formation disciplinaire, s'agissant de ceux qui y représentent les personnels, sont également candidats à ces élections en sorte que l'on me convoque à une commission composée de représentants d'organisations syndicales concurrentes, et dont certains sont, qui plus est, des adversaires, voire des ennemis personnels de longue date comme peuvent en témoigner quelques-uns ici même.
J'ai été contraint, samedi 5 novembre, à rendre public le fait qu'une procédure disciplinaire était engagée contre moi car cette nouvelle avait commencé à circuler au sein de l'académie alors que, depuis plus d'un mois, je m'astreignais à ne pas en dire un mot, étant par ailleurs entièrement occupé à la préparation d'élections professionnelles dont l'enjeu pour l'avenir de l'éducation nationale est décisif.
Depuis fin décembre 2021, je suis harcelé et régulièrement diffamé sur Twitter et d'autres hauts lieux de l'intelligence et de l'élégance après que Madame Aurore Bergé ait annoncé qu'elle portait plainte contre moi en réaction à un propos qu'elle n'a évidemment pas lu attentivement, libérant à mon endroit une parole haineuse et parfois pire. Plusieurs députés, responsables d'associations anti-racistes, gardiens auto-proclamés de la bonne pensance en France ainsi que plusieurs personnalités publiques, encouragés par la sortie d'Aurore Bergé, ont réclamé ma tête, qui auprès de l'éducation nationale, qui auprès de la CFE-CGC et qui auprès de Twitter. Un fou furieux qui faisait partie de mes relations amicales ici jadis m'a même accusé, suite à mes propos en faveur de la paix, d'être une canaille poutinienne. Je ne parle même pas de Sophia Aram, de Raphaël Enthoven et de toute la clique. Encore avant-hier, un chef d'établissement sous anonymat sur Twitter me traitait avec autosatisfaction de connard et je ne sais plus quoi, jusqu'à ce que je cite son chef d'œuvre en le commentant d'un sobre "il suffit !" et qu'il le supprime en ne ratant pas une nouvelle occasion de faire le malin. Un chef de cabinet, ancien conjoint d'Aurore Bergé et actuellement compagnon d'Agnès Pannier-Runacher, s'est également permis de m'insulter à deux reprises sur Twitter dont la dernière fois en se vantant publiquement de "bloquer ce cinglé de R Chiche". Un chef de cabinet du ministre de l'éducation de l'époque, Jean-Michel Blanquer, dont l'effectivité du travail au cabinet reste à établir, soit dit en passant !
Quelle infâmie en vérité, je vous le dis !
Cette procédure est scandaleuse. Ceux qui se servent de l'institution pour me poursuivre et satisfaire un désir de vengeance personnelle vont le payer cher. Ceux qui, au sein de l'institution, se servent de leurs fonctions pour y prêter leur concours vont aussi le payer cher. La turpitude ne triomphera pas. Pas cette fois.


☐ Je suis allé consulter mon dossier au rectorat pour prendre connaissance des éléments sur la base desquels l'administration engageait une procédure disciplinaire contre moi.
Comme j'ai trouvé qu'il était vide, j'y ai déposé mon livre sur la désinstruction nationale.
Ainsi, tous les membres de la commission paritaire siégeant en formation disciplinaire auront matière à penser.
Le jour J, je ferai un contrôle de lecture.
À suivre.


☐ L'Éducation nationale, en la personne du recteur d'Aix-Marseille a décidé d'engager une procédure disciplinaire à mon encontre. La lettre de quatre pages qui m'en informe commence ainsi : "Il apparait que vous avez tenu des propos inappropriés vis-à-vis de personnalités publiques, de la politique sanitaire française et du conflit opposant la Russie à l'Ukraine sur le réseau social Tweeter (sic)".
Le délit d'opinion est-il rétabli ?

René Chiche

Jonathan Sturel

Une belle histoire en trois temps qui prouve que nous autres les patriotes avons plus d'influence que nous le pensons et qu'il faut continuer à occuper les réseaux sociaux :
 
1. Le compte Twitter du ministère des armées publie la photo du calendrier du ministère sur lequel apparaît, entre autres, une femme voilée. Plusieurs personnalités de notre camp s'en émeuvent et font remonter l'info.

2. Le ministère des armées, obligé de répondre, dit que c'est un photomontage malveillant et qu'il ne faut pas « relayer les fausses informations ».

3. Quelques heures plus tard, le même ministère admet que finalement si, le calendrier est authentique mais qu'il est le fruit d'une initiative locale et qu'il n'a pas été validé par la hiérarchie.

Le point le plus grave est le numéro 2 : sans vérification préalable, leur premier réflexe a été d'accuser les lanceurs d'alerte de diffuser mensonges et « fake news ». C'est devenu un réflexe conditionné, aveugle, automatique. Ils sortent la carte « fake news » sans réfléchir, sans vérifier, sans se remettre en question, jamais.

Ils mentent comme ils respirent.

L'art de penser

Yann Thibaud

Plutôt que le classique clivage droite-gauche qui, chacun s'en rend compte aujourd'hui, n'a désormais plus beaucoup de sens, ni de pertinence, je propose une autre clé de répartition et d'explication des fractures de notre société : ceux, naïfs et conventionnels, qui croient, dur comme fer, au message des médias, et ceux, esprits libres et lucides qui, décidément, n'y croient plus du tout !
Les premiers seront prêts à abdiquer de leur souveraineté et à se soumettre aux injonctions les plus absurdes et les plus suicidaires, sans rechigner ni regimber ; tandis que les seconds, désireux d'élaborer leur propre opinion et prenant la peine de s'informer sérieusement, élaboreront des stratégies de sauvegarde et de résistance, face aux délirantes croyances et décisions du pouvoir en place.
Le plus étonnant étant que les intellectuels et décideurs, dont le métier devrait être justement de penser et réfléchir sainement et profondément, se retrouveront, à une écrasante majorité, dans la première catégorie.
Ce qui devrait être le b.a.ba de tout intellectuel ou penseur authentique, à savoir observer le monde avec une distance critique, semble être désormais oublié par la classe dominante.
Que sont donc devenus les lointains enfants de Socrate ?
Car notre société actuelle manque non seulement de spiritualité mais, plus encore, de rationalité, les deux étant au final indissociables.
C'est donc de pensée véritable et de maîtrise et pratique de l'art de penser, que notre monde a urgemment besoin aujourd'hui !

POLLUTION DE LA BÊTISE MILITANTE ET VERTUS DU DÉLUGE

Gabriel Nerciat

Si d'aventure vous connaissez quelques-uns des jeunes imbéciles activistes du groupuscule écologiste et sectaire Dernière Rénovation, qui entreprennent au nom de la sauvegarde de la planète de bloquer des autoroutes, d'interrompre des opéras ou d'agresser des œuvres d'art dans les musées (eux ou, à défaut, leurs sympathisants car ils ne semblent pas être très nombreux), demandez-leur donc de ma part s'ils savent pourquoi ils sont si ardemment, et même si méchamment, défendus par les chroniqueurs branchés et mondains de la presse Drahi - la plus prompte à défendre la pérennité du Système libre-échangiste, hyper-capitaliste, liquide et multilatéral qu'ils prétendent combattre.
S'ils disent ne pas le savoir, alors répondez-leur que moi je le sais, mais que je ne leur livrerai la réponse qu'une fois qu'ils seront devenus aptes à l'entendre.
C'est-à-dire sans doute jamais.
À bien y réfléchir, la pollution des cerveaux humains, et pas seulement chez les jeunes ilotes de l'écolo-gauchisme mondain, me semble beaucoup plus dommageable que la dévastation climatique et industrielle de la Terre (qui est, depuis Denis Papin, sinon depuis la fin de la période glaciaire des temps paléanthropiens, à la fois inéluctable et dans l'ordre des choses).
Quand la bêtise se réchauffe plus vite que l'atmosphère par l'effet de la condensation du nihilisme puritain et millénariste, il convient peut-être de souhaiter d'être englouti par la montée des eaux un peu plus tôt que prévu.

7 novembre 2022

Véronique Faucheux

La secrétaire d’État en charge de la Citoyenneté, Sonia Backès, annonce que le gouvernement va organiser des "assises des dérives sectaires et du complotisme"

Le gouvernement se fiche complètement des sectes. Ses vraies cibles sont les "complotistes". La manœuvre consistant à associer les deux est une nouvelle malhonnêteté.
La secrétaire d'État s'interroge : "Qu'est-ce qu'on fait quand on voit son voisin, son collègue de travail touché par ça (secte ou complotisme) ? À qui on le signale ?..."
Elle ne s'en cache même pas, il faut faire taire les "complotistes", c'est-à-dire tous ceux qui s'inquiètent des mesures prises, sans leur consentement, aux niveaux national, européen et mondial.
Censure, délit d'opinion, chasse aux sorcières... Une dictature s'installe avec son cortège d'arrogance, de mépris, de violence. Pourquoi nos dirigeants cacheraient-ils leur projet liberticide puisque, lors du seul moment démocratique qu'il nous reste, nous les reconduisons à leur poste ?
Alors, les castors, heureux d'avoir échappé aux Heures Sombres ?

Vidéo : cliquer sur l'image

Malgré eux, les médias et les gauchistes font campagne pour le RN

H16

Émoi (encore un) dans l’hémicycle : un député Rassemblement National aurait dépassé les bornes des limites et se serait vautré avec emphase dans les heures les plus sombres de notre Histoire politique avec de vrais morceaux de racisme dedans. Pour ajouter l’insulte à l’injure, la presse s’est jointe à la mêlée pour y ajouter une dose de propagande.

La petite phrase défraye la chronique paresseuse des folliculaires médiocres : alors que Carlos Martens Bilongo, député France Insoumise d’origine congolaise, évoquait la question des migrants provenant d’Afrique arrivant par bateaux replets sur nos côtes, le député Rassemblement National Grégoire de Fournas a lancé un “Qu’ils retournent en Afrique”, immédiatement interprété par quelques collègues du groupe NUPES comme insulte raciste à l’égard du député de leur rang (en modifiant alors la phrase avec un singulier bien commode). En embuscade depuis des mois, ils tenaient enfin leur dérapage du RN !

Malgré les démentis du député RN, malgré la prise de note du greffe de l’Assemblée qui ne laisse aucun doute du pluriel, malgré l’enregistrement vidéo des débats qui n’en laisse pas non plus, l’ensemble des députés LFI s’est levée comme un seul homme-soja pour hurler au racisme. Peu importe ici que la race n’était nullement évoquée, les couinements stridents des clowns habituels sous-vitaminés ont rapidement empli l’hémicycle.


Cris qui n’ont pas manqué d’attirer les saprobiontes habituels de la presse subventionnée, et qui se sont relayés pour ne surtout pas expliquer les tenants et les aboutissants de cette consternante non-affaire afin d’en faire mousser les aspects les plus ridicules et qui l’ont immédiatement relatée au mieux par sous-entendus lourds d’implications comme dans Les Echos (“exclu 15 jours de l’Assemblée nationale après des propos jugés racistes”), ou au pire en racontant ouvertement des salades et sombrant dans l’infox la plus crasse comme chez les scribouillards du Monde (“suspendu de l’Assemblée nationale pour un propos xénophobe”).

Signalons la présence, de plus en plus rare, de quelques journalistes qui tentent de faire leur travail et rappellent qu’en réalité, l’Assemblée n’a noté aucun propos raciste ou xénophobe, et n’a pas sanctionné le député RN pour ceux-ci mais pour “manifestation troublant l’ordre” de l’Institution, ce qui permet d’apprécier à sa juste valeur nulle les productions pénibles des coprophiles médiatiques précédemment cités.


Le tableau, déjà navrant, n’aurait pas été complet sans l’intervention supplémentaire des insignifiants appendices parlementaires de la majorité.

Bondissant comme des hyènes sur un repas facile, les députés macronistes de “Renuisance!” n’ont pas tardé à récupérer rapidement le courroux artificiel des gauchistes en pleine apoplexie dans une manœuvre suintante de politicaillerie minable : remonter durablement le bourrichon des idiots utiles d’extrême-gauche et abonder dans leur sens garantit qu’une prochaine et inévitable motion de censure ne saura être votée conjointement par NUPES et RN, assurant les coudées franches au gouvernement Borne pour lequel les serpillères des Républicains ne sont déjà plus une menace. [...]

Bref : tous les éléments ont été rassemblés pour aboutir, sans la moindre surprise, à une condamnation et poser une sanction rapidement actée : voilà le député Fournas suspendu pour 15 jours.

Cependant, toute cette agitation, si elle a peut-être quelques maigres effets positifs pour les magouilles macronesques, n’en entraîne pas moins des conséquences franchement négatives pour toute la classe politique elle-même : non seulement, beaucoup de Français sont conscients de l’écart qui existe entre le réel et les agitations théâtrales de la France Insoumise et comprennent que cette affaire est montée de toutes pièces, mais surtout, tous se rendent compte de l’énorme décalage entre leurs préoccupations quotidiennes et le spectacle parfaitement ridicule offert encore une fois et à cette occasion par l’Assemblée nationale.

Cela se traduit d’ailleurs très concrètement dans les baromètres politiques qui indiquent assez clairement que l’actuel exécutif et l’extrême-gauche ne parviennent pas franchement à déclencher de l’enthousiasme : à côté d’un Macron systématiquement autour d’un gros tiers – ce qui dénote au mieux d’une constance assez peu crédible de l’opinion publique ou au pire d’une manipulation statistique qui parvient à ce résultat quoi qu’il puisse se passer – on ne peut s’empêcher de noter la montée de la droite et de l’extrême-droite, que ces dernières clowneries parlementaires ne risquent pas d’amoindrir.

Au contraire : dans ce paysage politique pathétique et d’après ce qu’en disent ces sondages d’opinion, le Rassemblement national est le seul parti apparaissant comme une force d’opposition à peu près en prise avec l’opinion publique majoritaire.

Le chahut grotesque provoqué par la NUPES (sur ces sujets et les autres), suivi d’un “rassemblement de soutien” tout aussi ridicule au député Martens Bilongo devant l’Assemblée le lendemain, la victimisation outrée sur les plateaux télé, la sanction excessive et contradictoire du député Fournas, tout cela fait directement monter la popularité de ce dernier et de son parti, le soutien des députés macronistes à la NUPES achevant de polariser encore un peu plus l’opinion contre eux.

Il n’y a ici pas de surprise : pendant que le pays est en train de s’effondrer économiquement, que la crise énergétique commence à prendre de l’ampleur et se traduit déjà par des faillites d’entreprises, les élus montent en épingle des propos sans intérêt ensuite relayés goulûment par ce qui se fait de pire en matière de production journalistique.

Ces médias et ces politiciens attisent à grands moulinets de bras les feux d’un populisme qui va les emporter.



Ordre des médecins contre constitution

Gilles La Carbona

Le sénateur Houpert, la députée Wonner, se retrouvent mis en accusation par l’Ordre des médecins, pour des propos pourtant tenus dans le cadre de leur mandat électif, qui rappelons-le, sont couverts par l’immunité parlementaire. Comment un ordre interne peut-il s’affranchir d’un droit constitutionnel et par quel miracle, ou tour de passe-passe, l’Ordre des médecins peut-il faire ce qu’un juge, dont c’est le métier, ne peut réaliser sans au préalable un vote des parlementaires, pour autoriser cette levée ? Et pas un journaliste, ou un constitutionnaliste, de faire remarquer que l’Ordre des médecins n’est pas dans son rôle.

Cette immunité ne serait-elle active que quand elle s’adresse au camp auto-proclamé du bien ? Le fait même qu’un groupuscule privé puisse au grand jour, défier l’un des principes majeurs de notre droit est un crime. Cet état de fait devrait susciter une vive réaction des autorités judiciaires et même du Conseil constitutionnel, si ce dernier effectuait honnêtement son travail. Il est vrai qu’il nous a habitués, ces derniers mois, à un éloignement de toute forme d’impartialité et de logique.

Un élu de la chambre des députés, dans le cadre de ses fonctions, ne peut être condamné pour ses propos, sauf à ce que ces pairs lui ôtent cette protection, pour le cas précis incriminé. Tout autre organisme qui voudrait établir une justice parallèle, est donc hors-la-loi. Nos gouvernants ne cessent de se braquer dès qu’on emploie le mot dictature, ou despotisme, mais ils ne se pressent pas pour dénoncer cette incongruité, quand l’Ordre des médecins se place au-dessus de la Constitution et installe de fait, un nouvel ordre judiciaire.

Quand bien même les propos de ces deux parlementaires seraient de nature à être poursuivis, c’est à la justice républicaine de s’en charger. Le procès qui leur est fait ressemble à celui de Galilée, condamné pour avoir eu l’outrecuidance d’affirmer que la terre tournait autour du soleil et non l’inverse. Dans le cas de ces deux parlementaires et depuis les révélations de Pfizer, plus personne ne conteste à présent l’inutilité du vaccin dans la transmission du virus. Quant aux effets secondaires dénoncés, l’actualité donne tous les jours la preuve qu’ils existent et dans des proportions dantesques. Certes ils restent tabous dans ce pays, et pourtant en France comme dans tous les pays fortement vaccinés, on note une augmentation à trois chiffres de plusieurs types de pathologies. Le corps scientifique pour le moment, en reste à une observation muette et naïvement incrédule, ne comprenant pas les causes de cette brutale augmentation de cancers, myocardites, AVC, comme de celui du nombre de décès. Ceci pour ceux qui suivent le narratif officiel bien entendu.

On ne sait plus vraiment, comment s’applique la loi aujourd’hui dans le ce pays et le « Un seul pays et une seule loi », cher au général de Gaulle, a fait place au fait du prince et à la dictature de la doxa progressiste, associée à celle des laboratoires. La France seule, persiste à ne pas reprendre ses soignants non vaccinés, à ne pas reconnaître la masse des effets secondaires, quand bien même de jeunes sportifs médicalement bien suivis, s’écroulent sur les pelouses. Il serait temps de dissoudre cette assemblée, de faire tomber ce gouvernement, de sortir de cette chape de plomb de nature totalitaire qui s’est installée, en lieu et place de nos principes constitutionnels.


6 novembre 2022

« Qu’il rentre en Afrique »

François-Xavier Bellamy

- 4/11/2022 - Depuis hier, la totalité de notre débat public se concentre sur une réplique lancée à l’Assemblée nationale. Je ne comptais pas participer au déluge des commentaires, mais cette situation est un symptôme tellement marquant de la crise que traverse notre vie politique, qu’il est difficile de rester silencieux. Trois remarques simplement.

Sur le contenu d’abord : la lecture de la question posée par le député Carlos Martens Bilongo ne laisse aucun doute quant à la signification de l’interpellation de son collègue Grégoire de Fournas. Il est question du bateau Ocean Viking armé par l’ONG SOS Méditerranée, et des migrants qui sont actuellement à son bord. Lorsque Carlos Bilongo exprime ses inquiétudes sur le fait que les pays européens n’accueillent pas ce bateau, alors que la situation de ces personnes est critique et que les prévisions météo se dégradent, Grégoire de Fournas l’interrompt en disant : « Qu’il rentre en Afrique ». Quelle que soit la conjugaison retenue, il est évident qu’il parle bien de ce bateau et des migrants.

Beaucoup ont réagi à chaud en ayant entendu de bonne foi l’injonction « Rentre en Afrique ». Mais en revoyant toute la scène, il n’y a pas de doute possible. Personnellement, je n’ai pas l’habitude d’interrompre des collègues en hémicycle, et je n’aurais pas employé cette expression ; je crois à l’importance de la civilité, et à la nécessité du raisonnement, surtout sur des sujets aussi difficiles. Mais il est absurde de faire semblant de croire que Carlos Bilongo a été visé par une insulte raciste. La France Insoumise peut s’opposer à l’idée que l’Ocean Viking soit renvoyé vers un port africain ; mais elle ne peut pas raisonnablement essayer de faire croire que Grégoire de Fournas voulait envoyer en Afrique un député de la nation.

Comment notre vie politique a-t-elle pu devenir à ce point artificielle, pour que nous mettions tant d’énergie dans des polémiques absurdes ? La démocratie implique bien sûr des oppositions, des clivages parfois forts, des moments de confrontation ; mais rien de tout cela n’impose de renoncer à l’honnêteté intellectuelle, à la loyauté élémentaire qui sont la condition pour que la parole publique ait un sens. J’ai un jour eu l’occasion de prendre la défense de Sibeth Ndiaye, alors porte-parole du gouvernement, à qui tout le monde s’en prenait sur le fondement d’un propos tronqué et sorti de son contexte ; et le plus inquiétant pour moi avait été la surprise que cette défense avait suscitée. Il devrait être naturel de chercher à comprendre avant de condamner. « Nul ne ment autant qu’un homme indigné », écrivait Nietzsche ; notre débat public lui donne si souvent raison.

Dernier point, le plus important : pendant que le bureau de l’Assemblée, la salle des Quatre colonnes, les tribunes de presse et les réseaux sociaux commentent fiévreusement des points de conjugaison et s’étudient à la subtilité des règles de liaison (doit-on prononcer le “t” muet après un éventuel « qu’ils rentrent en Afrique » ?), les Français, eux, se préoccupent des conséquences de l’impuissance de leur gouvernement à lutter contre l’immigration illégale. Au milieu des crises majeures que nous traversons, ce décalage est effarant. Comme l’a si bien dit Julien Aubert hier soir, cet épisode montre surtout combien le théâtre politique semble terriblement coupé du quotidien des Français, et préoccupé de son propre spectacle au lieu de s’inquiéter de la réalité des défis existentiels auxquels nous sommes confrontés.
 
La NUPES manifeste, la majorité refuse de siéger ; pendant ce temps, l’Ocean Viking, lui, est toujours en mer. Ce dont il faudrait parler, c’est de l’irresponsabilité des pays européens, qui acceptent depuis longtemps que des ONG recueillent près des côtes africaines des embarcations de fortune, pour emmener ensuite leurs passagers vers l’Europe. Le gouvernement a d’ailleurs indiqué ce matin qu’il était prêt à accueillir ce navire. Mais agir ainsi, c’est rendre possible la promesse de l’immigration illégale dans nos pays, cette promesse qui a conduit tant de personnes à risquer et à perdre la vie dans l’enfer libyen et en Méditerranée. Rappelons que des enquêtes ont documenté les contacts que plusieurs de ces ONG entretiennent, pour récupérer ces migrants en mer, avec des passeurs, et montré ainsi qu’elles concourent au sinistre business de ces réseaux qui constitue aujourd’hui la mafia la plus meurtrière du monde.

Si nous voulons empêcher que cette situation ne dure indéfiniment, si nous voulons éviter aux Français de subir plus longtemps une immigration incontrôlée dont l’actualité des dernières semaines n’a cessé de rappeler les conséquences terribles, si nous voulons que demain plus une seule personne ne se noie en mer Méditerranée, alors il faut établir ce principe simple, que nul ne pourra s’établir en France s’il n’a pas été préalablement autorisé à y entrer. Nous travaillons sans relâche au Parlement européen pour garantir ce principe. Bien sûr, cela suppose de convaincre plutôt que de provoquer, de comprendre plutôt que de s’indigner. Au-delà de la complexité et de l’importance de la question migratoire, c’est d’abord le sens même de la politique qui est en jeu. Espérons que notre débat public reviendra vite à la raison.

5 novembre 2022

Marc Alpozzo

À l’heure où la France risque de disparaître, où l’Assemblée nationale est chahutée, replongeons-nous quarante ans en arrière, avec ce « Précis de Foutriquet », dont la qualité première, et non la moindre, est l’écriture, une écriture pamphlétaire et qui touche juste, rédigé lors de la campagne présidentielle de 1981, devant voir la réélection de Giscard d’Estaing, et qui pourtant consacra François Mitterrand, une campagne dans laquelle, Pierre Boutang, pourtant monarchiste, nationalise et catholique, prit parti pour le candidat socialiste, moins par conviction socialiste qu’en opposition à un giscardisme incanrnant la dissolution de la France dans une Europe des banques, la technocratie, les lendemains qui déchantent. Foutriquet de l’Elysée, Foutriquet de salon, Foutriquet des médias, Foutriquet de tous pays, ce contre-Giscard frappe le mondialisme destructeur, l’Europe aux super-pouvoirs qui bientôt dévorera ses enfants, l’usurpation de notre souveraineté et de notre liberté, ce texte est une réponse vive, et une charge cohérente contre les forfaitures d’un chef de l’État qui affaiblit la France plus qu’il ne la grandit. Contre l’aigreur, la grandeur, contre l’imposture du fossoyeur et le sabotage bourgeois et capitaliste, la grande nation et le sens de l’honneur. Recension à venir dans Boojum et Livr'Arbitres.