Translate

12 novembre 2022

La gauche française et les révoltés iraniens

Yves BAUMGARTEN

Le peuple iranien, et notamment la jeunesse, a entamé depuis septembre une sourde, patiente, héroïque insurrection contre le pouvoir terrifiant des gérontes religieux au pouvoir depuis 79... Les jeunes femmes sont à la pointe de ce mouvement magnifique, elles et leurs camarades masculins font preuve d'un courage impressionnant. Il y a quarante ou trente ans nous aurions été des dizaines, peut-être des centaines de milliers à manifester en France notre solidarité avec le peuple iranien. Je me souviens qu'en 67 c'est contre la venue du Shah, le sinistre tyran perse installé par les US, que le mouvement étudiant radical allemand avait fait ses premières manifestations spectaculaires qui se traduisirent d'ailleurs par la mort d'un manifestant. En novembre 2022, rien, ou presque rien, quelques dizaines de manifestants par-ci, quelques centaines par-là. Que se passe-t-il dans les cerveaux de la "gauche" dite "radicale" ? Y aurait-il une "gêne" à soutenir des jeunes femmes qui n'en peuvent plus de la non-mixité imposée, de la "pudeur" contrainte, de la tentative d'invisibiliser les femmes dans l'espace public, de perpétuer partout la domination patriarcale, religieuse et politique ? Cette gêne aurait-elle un lien avec le soutien apporté par cette gauche soi-disant radicale aux diktats des islamistes français sur les corps des jeunes françaises "musulmanes" ou considérées comme telles ? Il est vrai qu'il est difficile de soutenir en même temps les jeunes iraniens et les salopards (hommes et femmes confondus) qui tentent d'imposer à une fraction de notre jeunesse les préceptes de l'islam le plus rétrograde. L'extrême gauche française (enfin, ce qu'il en reste, c'est-à-dire pas grand-chose) entame son agonie et le spectacle n'est pas beau à voir. Vive l'héroïque combat du peuple iranien contre les "bureaucrates de Dieu" !

Que sera la spiritualité de demain ?

Yann Thibaud

En quoi consistera-t-elle concrètement ?
Question essentielle, décisive et déterminante, car il est clair, pour tout esprit lucide, que la crise gravissime que nous connaissons aujourd'hui, ne peut se réduire aux seuls domaines énergétique, économique ou politique ; car il s'agit fondamentalement d'une crise des valeurs, d'une crise du sens, d'une crise philosophique et, disons le mot, d'une crise spirituelle.
Comment, en effet, notre société, notre culture et notre civilisation pourraient-elles nous rendre réellement heureux, alors qu'elles ne proposent et fournissent aucun sens et aucun but crédibles et motivants à notre existence ?
Pouvons-nous ainsi nous contenter de nous considérer comme des agents économiques, ayant pour seule utilité et finalité, de produire et de consommer sans limite, jusqu'à épuiser les ressources de la planète, qui nous accueille si généreusement ?
Pour être et devenir pleinement et véritablement heureux, l'être humain a besoin, urgemment et impérativement, de transcendance, de beauté, de sagesse, de connaissance et de compréhension profondes du sens et de la finalité de sa présence sur terre, en un mot, de spiritualité.
Mais qu'entend-t-on, au final, par spiritualité ?
Quelle sera donc la spiritualité de demain, celle qui permettra à l'être humain de sortir de l'impasse, dans laquelle il s'embourbe, et de l'abîme, vers lequel il se précipite actuellement ?
Allons-nous revenir aux religions d'antan, avec leur cortège de rituels, de superstitions, de soumission à une hiérarchie cléricale, d'obéissance aveugle à des dogmes, des commandements et des interdits arbitraires et aliénants, et donc finalement de fuite et d'oubli de soi ?
Allons-nous devoir nous déguiser en chaman ou en sorcière, dans un rêve illusoire de néo-primitivisme, nostalgique et régressif ?
Allons-nous inventer un nouveau culte new-age, visant à faire de nous de parfaits robots, bien dressés et bien obéissants, adaptés aux besoins de l'hyper-capitalisme ?
Ou bien allons-nous emprunter le chemin, fascinant et méritoire, parfois vertigineux et difficultueux, de l'exploration et de la connaissance de nous-même ?
Allons-nous entreprendre ainsi de découvrir qui nous sommes vraiment, éveiller nos potentiels cachés, dépasser et guérir nos souffrances enfouies, comprendre et accomplir ce pourquoi nous sommes là, et ainsi devenir notre propre autorité, libre, souveraine et éclairée ?
La spiritualité de demain, si elle peut conduire au réveil et à l'accomplissement de l'humanité, ne sera donc pas une redite des erreurs et impasses des civilisations passées, ne sera pas davantage la concrétisation des rêves fous de quelques prophètes transhumanistes, mais sera, bien plutôt, une réconciliation des aspirations les plus remarquables et les plus brillantes, des diverses mouvances et courants de pensée, qui ont jalonné et parcouru notre si longue histoire.
Ce dont nous avons ainsi vraiment et profondément besoin, c'est d'une réconciliation entre science et mystique, entre art et connaissance, entre hédonisme et transcendance, entre intellect et sentiment, entre rationalité et intuition, entre logique et inspiration, entre humanité et divinité !
Ce que sera la spiritualité de demain, nul ne peut, en réalité, le savoir ou le pressentir avec certitude.
Mais nous pouvons, chacun et chacune, à notre place et à notre mesure, y contribuer et faire avancer ce chantier exaltant, cette édification nécessaire et glorieuse, cette œuvre commune, indispensable et salvatrice. [...]

La vie après FB

Gabriel Nerciat

Il n'est pas de bonne compagnie qui ne se quitte un jour, dit le proverbe. Comme beaucoup de proverbes, c'est à la fois convenu et vrai.
Je le dis de façon d'autant plus amère que j'ai perdu depuis un an deux amis infiniment chers à mon coeur, que j'avais connus grâce à cette application numérique.
Peut-être bientôt devrons-nous prendre congé les uns des autres ; c'est une hypothèse qui devient assez plausible. Ou bien poursuivre l'aventure ailleurs, si les rigueurs et les aléas des temps présents le permettent.
L'empire de sable de Zuckerberg commence en effet à piquer du nez : probable qu'il s'effondrera plus vite que la tour de Babel. Mais on sait que l'histoire des langues, des royaumes et des nations ne s'interrompt pas pour autant : Dieu n'est pas zadiste ou millénariste, et monnaye savamment ses apocalypses.
A ce propos, je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi aucun capitaine d'industrie ou jeune entrepreneur dynamique n'a encore eu l'idée de créer un réseau social numérique en langue française, qui aurait pu faire concurrence à celui de Zuckerberg - et, puisque français, autoriser la publication des seins des femmes ou de leurs trésors originels, ces merveilles de la Création.
Il serait enfin temps d'y songer.
Même si le grand Nils Thornander n'est plus là, hélas, pour dessiner la vulve mythique des Vénus primordiales, que nous pourrions ainsi diffuser dans tous les circuits nerveux et électroniques de la Toile numérique, en bravant le courroux d'Allah, des néo-féministes woke et de la pudibonderie californienne, afin de préparer une nouvelle insurrection spirituelle et archéo-futuriste digne de Zarathoustra, que nos idéalismes et matérialismes frelatés n'attendaient plus.
Qui dit mieux ?

Mixité sociale

Jean Mizrahi


11 novembre 2022

Sommes-nous dignes de leur sacrifice ?

Anne-Sophie CHAZAUD

Il m’est devenu douloureux, je dois l’avouer, d’assister aux commémorations du sacrifice glorieux de nos aïeux morts ou blessés pour la France.

Non pas que cela fût autrefois un moment de joie, non, mais il y avait, dans la profondeur bouleversante du sacrifice dont nous étions collectivement les héritiers, une grande et grave fierté. Dans tous nos villages de France, il y avait une mairie, une église et un monument aux morts, chacun de ces édifices ayant un sens vivant, non résiduel. Le monument aux morts, lui, était souvent réutilisé pour la guerre suivante que nous avait une nouvelle fois livrée l’Allemagne, et sur lequel nous regardions avec émotion ces longues listes égrenant les noms de tous ces hommes, nos aïeux, qui n’étaient pas revenus et avaient défendu au prix de leur vie, leur peuple et leur patrie, c’est-à-dire nous, pour l’amour sacré de celle-là et de ses habitants.

Depuis quelques temps donc je ressens au contraire de la tristesse, de la honte et un sentiment d’accablement au souvenir de nos morts glorieux. Je ressens aussi une immense colère contre tous ceux qui, héritiers de ce sang coulé et enfants gâtés d’un sacrifice qu’ils ne méritent pas, ont instillé la dégradation, le mépris, la déconstruction voire la haine de ce qui leur a permis de vivre si confortablement dans les délices frelatés et oisifs du reniement.

Voir la Macronie rendre hommage, par obligation républicaine, à ce sacrifice, tant le 11 novembre pour nos si chers poilus, que le 8 mai ou encore lors des célébrations marquant par exemple l’appel du 18 juin m’est donc devenu insupportable. J’avais bien sûr eu la nausée devant les profanations et autres danses grotesques à travers les tombes de Verdun, sous Hollande, mais j'éprouve avec la Macronie un sentiment de dégoût encore plus grand. Il ne s’agit plus seulement de farce destinée à la société du spectacle mais aussi d’une sorte d’insupportable usurpation de la part des fossoyeurs de ce pour quoi ce sacrifice suprême fut consenti.

La France livrée à la prédation, son patrimoine vendu à la découpe, livré constamment aux copains oligarques et aux intérêts étrangers (comme le démontre par exemple la gestion calamiteuse de l’affaire fratricide russo-ukrainienne et l’immense fiasco économique au bénéfice des Etats-Unis que cette ingérence représente pour le peuple français), les intérêts nationaux bradés au nom d’une Union européenne qui ne protège de rien mais qui accable et soumet les peuples, les contraignant à accepter jour après jour leurs propre rabaissement et abandons multiples de souveraineté.

Le peuple français quant à lui matraqué comme ce fut le cas dans la plaie béante que fut la répression du mouvement populaire des Gilets Jaunes, infantilisé, soumis par la force si nécessaire...

Tandis que nous célébrons les morts pour la France et l'Armistice de 1918, une partie de la gauche, la gauche sociétale, urbaine et petite-bourgeoise, celle qui pleurniche et déboulonne, n’a rien de plus intéressant à faire quant à elle depuis hier soir que de couiner en raison du spectacle affligeant donné par deux bouffons de la télé-poubelle, l’un présentateur (Cyril Hanouna), l’autre, ex-dealer devenu député par inadvertance (Louis Boyard). Cette même gauche qui affichait ostensiblement quelques heures plus tôt son refus de porter le bleuet de France au revers de vêtements par ailleurs débraillés dans une volonté constante de déconstruire toute forme de symbolique dans l’ordre de la « décence commune ».

Autant que la Macronie ou qu’une partie de la droite prompte à brader nos intérêts et toujours prête à trahir le peuple quand cela fait ses affaires, cette gauche-là est indigne du sacrifice consenti par nos aïeux et l’on aura par conséquent bien du mal à se joindre en ce jour de commémoration à ses pleurnicheries : lorsqu’on fait de la politique-poubelle, qu’on va l’afficher dans la télé-poubelle, on ne mérite dans le fond pas grand-chose d’autre que d’y retourner, dans celles de l’Histoire dont on n’aurait jamais dû sortir. Et combien, en attendant, il est douloureux de voir des édiles dont le haut fait d’armes consiste à militer pour des cours de récréation non genrées ou quelque improbable écriture inclusive débilitante, célébrer des morts pour la patrie (la matrie ?) à la cheville desquels ils n’arrivent pas et dont ils souillent à chaque instant le souvenir… Il est amusant d’ailleurs de constater que ceux-ci, obligés pour des raisons protocolaires de célébrer le 11 novembre, transformeront souvent ceci en tribune pacifiste sur les méfaits de la guerre, tout en étant les plus vaillants bellicistes de salon dans l’affaire russo-ukrainienne. Comprenne qui pourra.

Lorsque l’État, quant à lui, livre le peuple à l’insécurité, à l’ensauvagement, à la barbarie du quotidien, à une justice déficiente voire traîtresse, lorsque ce peuple est honteusement privé du droit imprescriptible de décider souverainement des conditions et proportions dans lesquelles il peut supporter de massives arrivées sur son propre territoire sans y avoir explicitement consenti, sommes-nous alors dignes de nos aïeux ?

Alors bien sûr il y a les héros, il y a nos soldats qui, au milieu d’un monde décervelé en voie d’effondrement moral, assurent leur mission et s’engagent avec la possibilité toujours consciente du sacrifice. Il y aussi les Arnaud Beltrame, les Samuel Paty, tous ceux qui, militaires ou civils, se battent à leur manière et parfois le paient du prix du sang, contre la lâcheté et la soumission et pour la dignité du peuple français.

Ce n’est pourtant pas un jour par an mais tous les jours, que nous devrions nous poser cette lancinante question : sommes-nous, individuellement et collectivement, dignes d’eux, qui nous regardent du fond de leurs tranchées et de leur sacrifice ? Pour l’instant, la réponse est non.



Eric Vial

La subvention de la ville de Strasbourg pour la construction de la plus grande mosquée d’Europe jugée illégale par le tribunal administratif

Selon plusieurs conseillers municipaux qui viennent de réagir, le tribunal administratif de Strasbourg a jugé illégale la subvention de 2,56 millions d’euros attribuée à la Confédération Islamique Millî Görüş pour la mosquée Eyyub Sultan et a annulé la délibération adoptée par la municipalité de Strasbourg en mars 2021.
La justice administrative considère que la demande de subvention aurait dû intervenir avant le début des travaux et être étayée d’un plan de financement consolidé. Les opposants à la majorité EELV-PC avaient à l’époque dénoncé « un passage en force ».
Cette subvention avait suscité une polémique dans tout le pays. Le ministre de l’Intérieur Gerald Darmanin était intervenu sur les réseaux sociaux : « La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique. Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée ».
La Préfète de la région Grand Est et du Bas-Rhin et le groupe Les Républicains de Strasbourg avaient alors déposé un recours devant le TA.
Confrontée à de sévères critiques, la ville de Strasbourg a réagi en septembre dernier en proposant un « nouveau cadre serein » pour l’obtention de subventions destinées aux associations cultuelles ou aux cultes. Désormais tout investissement de la ville est plafonné et ne peut excéder un million d'euros.
De même, tout culte ou association cultuelle doit avoir signé un contrat d'engagement républicain.
Le plan de financement doit être précis. Il doit notamment présenter des objectifs en matière d'économies d'énergie, d'accessibilité aux personnes handicapées ou de mise en conformité des bâtiments.
Les liens éventuels de l'association avec des puissances étrangères sont scrupuleusement vérifiées. Une attention particulière est faite sur les dérives sectaires ou terroristes.
Pour autant, dans son communiqué Pierre Jakubowicz (Horizons - Majorité Présidentielle) regrette « que la maire de Strasbourg ait refusé de prendre les devants et d’abroger cette délibération (sur la subvention de la grande mosquée) pour lever toute ambiguïté. L’acte politique d’abroger cette délibération aurait pu marquer la bonne foi de la maire dans cette affaire, faute de courage politique, c’est la justice qui a tranché ».
De son côté, le leader des LR à Strasbourg, Jean-Philippe Vetter, considère que « la décision du Tribunal Administratif va dans le bon sens ». Il fait remarquer que « c’est grâce au groupe LR que ce débat a pu avoir lieu dans l’hémicycle (…) Nous avons eu le courage de voter contre cette subvention et ses incohérences financières, ce qui n’était pas le cas de nombreux conseillers municipaux y compris de l’opposition ».


Iran : combat pour la liberté

- 11/11/2022 - Être étudiant, c'est se construire soi-même tout en construisant le monde de demain. C'est en agissant ensemble que les grands changements se produisent vraiment ! Aujourd'hui, des étudiants français se joignent au combat des étudiants iraniens pour la liberté ! Toutes les universités et les étudiants du monde sont invités à prendre part à ce mouvement. Chaque contribution compte ! Femme Vie Liberté !


Économie

Vincent Verschoore

On peut passer des heures à lire et écouter des économistes des deux côtés de l'Atlantique, et rester dans l'incertitude sur les causes profondes de la situation actuelle, les manières d'y remédier, et le temps que cela va prendre pour revenir à une forme de "normalité".

Quand rien ne va, un retour aux principes fondamentaux n'est jamais perdu, et un principe fondamental en économie est que l'accroissement de la masse monétaire sans contrepartie mène à l'inflation.

C'est précisément pourquoi, suite à la forte inflation des années 70, il fut décidé d'interdire aux banques centrales de faire tourner la planche à billets, pour les obliger à faire des emprunts sur les marchés financiers, donc avec un coût (l'intérêt), donc avec parcimonie.

Ce qui n'a pas empêché de nombreuses économies de vivre de plus en plus à crédit du fait de taux bas, mais la crise de 2008 a emmené l'économie occidentale (pour faire simple) en territoire inconnu, en explosant les niveaux de création monétaire (donc de dette) afin de soutenir la demande.

Depuis 2008, en effet, les banques centrales (FED et BCE en tête) on relancé la planche à billets, créant de l'ordre de 30 mille milliards de dollars, redistribués dans l'économie en bonne partie sous forme spéculative. C'est ça qui fait grossir les bulles immobilières et boursières.

Cette somme correspond en gros à 40% du PIB mondial. Normalement, l'inflation aurait du suivre très vite, mais apparemment non. Cette nouvelle situation est parfois décrite sous le terme "théorie monétaire moderne", ce que l'appelle plus prosaïquement "l'argent magique" et objet d'un article en 2020 intitulé, justement, "le mystère de l'argent magique".
 

Le "quoi qu'il en coûte" covidien, en effet, semblait confirmer que les États pouvaient désormais accumuler des dettes fabuleuses, sans effet sur les taux d'intérêts (devenus parfois négatifs) ni sur l'inflation.

Sauf que non. Même sans prendre en compte les prix actuels de l'énergie, liés à des facteurs conjoncturels, l'inflation est finalement sortie du trou noir où les économistes des banques centrales espéraient l'avoir enfermée, et désormais on ne voit guère que trois issues :

1) Retirer de l'économie le surplus monétaire, via des taux directeurs élevés (à hauteur de l'inflation), ce qui crashe les marchés et entraîne les récessions, mais réduit l'inflation et les sur-évaluations, permettant de revenir à des prix "réels".

2) Augmenter massivement l'offre en biens et services afin de réduire leurs prix. En effet, si on double la production d'un produit, pour une même demande, le prix doit théoriquement se trouver divisé par deux, d'où à nouveau une réduction de l'inflation.

3) Un reset massif du système bancaire, piloté ou non.

L'Europe, du fait de l'incompétence crasse de ses dirigeants, est dans la situation la pire : la BCE n'ose pas relever franchement les taux d'intérêts (moins que la FED), coule l'Euro ce qui rend les importations encore plus chères (donc inflation), et ce qui lui reste d'industrie se saborde au profit de l'idéologie euro-atlantiste (sanctions russes menant à une crise de l'énergie).

Bien malin qui peut prédire ce qu'il va se passer dans six mois, un an, deux ans. Pour certains, la pression des marchés et les effets de la récession vont rapidement obliger la FED (et la BCE) à limiter les hausses de taux, et à accepter une inflation dans les 5% plutôt que les 2% considérés comme acceptables. On ne règle pas le problème, on met un cataplasme temporaire.

Pour d'autres, les hausses de taux vont continuer encore un an ou deux, afin de "vider" l'économie de son trop-plein monétaire, et durablement juguler l'inflation. Mais avec un coût économique et social important, ce qui mènera à des révoltes (ça a déjà commencé), donc là on rentre de plain-pied dans des formes de régimes autoritaires.

Un scénario qui transparaît dans le discours politique: les références à "l'économie de guerre" sont désormais nombreuses, et l'on présente la guerre (avec la Russie, a priori) comme un futur incontournable justifiant, bien sûr, des trains de mesures hautement liberticides du genre des monnaies numériques des banques centrales (MNBC) et autres formes de crédit social.

Il va falloir, comme le dit Macron, "payer pour notre liberté". Hum...

Enfin, la rupture en cours entre le monde occidental dominé par l'économie américaine et le dollar d'un côté, et les BRICS++ de l'autre qui sont en train de s'inventer un système monétaire hors de portée du grand prédateur US, va certainement impacter nos économies, et sans doute imposer une nouvelle relation à la monnaie, beaucoup plus concrète.


Panier-Runacher : Sobriété bien ordonnée commence par les autres

H16

Le vendredi, c’est traditionnellement poisson. Ce jour-ci, ce sera du Ordralfabétix, c’est-à-dire pourri, et par la tête comme il se doit.

La surprise est totale : on apprend par deux sources, Investigate et Disclose, que l’actuelle ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, est directement liée par des intérêts financiers et familiaux avec la seconde compagnie pétrolière en France, Perenco.

Apparemment, les trois enfants de la ministre – âgés de 5, 10, 13 ans en 2016 – et un de leurs cousins ont pris place à la table des actionnaires de cette société aux côtés de leur grand-père, Jean-Michel Runacher, à hauteur totale de plus d’un million d’euros.

La presse bruisse alors de question existentielles : y aurait-il eu un “oubli” dans les déclarations de la ministre au moment de sa prise de fonction, ou, pire, un conflit d’intérêt ?

Or, à peine ces informations révélées, Politico déboule et ajoute une nouvelle révélation : le logement qu’elle occupe actuellement chez son compagnon Nicolas Bays est la propriété de la famille Dassault.

Sapristi, pourrait-il y avoir là un nouveau conflit d’intérêt ou, au moins, d’intéressantes passerelles de communication entre un gros industriel d’un côté et un ministre de l’autre ?

Venant d’un ministre de Macron dont on connaît l’attachement à la probité irréprochable de ses équipes, la stupéfaction est totale.


Bref, on assiste en quelques jours à une véritable accumulation de révélations, de découvertes et d’une bonne brouettée de choses qui, si elles ne sont pas condamnables en tant que telles, n’en sont pas moins éthiquement douteuses.

Si l’on doit féliciter la ministre pour son optimisation fiscale qui devrait être largement encouragée pour tous les Français qui n’ont pas tous la chance de bénéficier de conseils avisés d’un avocat fiscaliste chevronné tant il est du devoir de chaque citoyen de payer aussi peu d’impôt que possible, on doit cependant s’étonner qu’aucune déclaration n’ait entouré ce patrimoine généreusement dévolu à ses enfants et soigneusement mis à l’abri du fisc français : après tout, les règles républicaines semblaient claires.

Mais baste, passons.

Bien plus difficile à avaler et qui impose une éthique pliable à volonté, c’est le décalage entre l’actuelle mission de la ministre qui doit absolument tout faire pour vendre des isolations de logement et des pulls à cols roulés une transition énergétique vers de l’électricité verte à base de moulins et de miroirs, et de l’autre côté, son patrimoine constitué d’actions d’une société fermement ancrée dans les énergies non renouvelables qui font du bon gros CO2 bien dodu.

Grand écart qui illustre une fois de plus le Faites Ce Que Je Dis, Surtout Pas Ce Que Je Fais. La répétition de ce mantra, chez tous les politiciens actuels, est véritablement systématique et on ne peut s’empêcher d’observer une hypocrisie d’autant plus grande qu’elle se drape de vertu, cette dernière étant actuellement intégralement tournée vers la religion climatique.


D’autre part, cette petite pluie rapide de révélations n’est pas sans rappeler les précédents qui firent tomber d’autres politiciens : à chaque fois, la presse s’était retrouvée placée dans le rôle du toboggan, c’est-à-dire aussi lisse et inclinée que possible pour y faire glisser sans mal les victimes destinées à tomber droit dans les oubliettes de la politique. Fillon, Cahuzac, etc : quand un politicien doit tomber, il tombe.

Pour la petite Agnès, la presse n’a ainsi pas traîné à reprendre toutes les croustillantes informations découvertes par Disclose & Investigate puis Politico. On pourra, pour le contraste, comparer aux traitements médiatiques des affaires qui mouillent encore Darmanin ou Dupont-Moretti : de toboggan, la presse se transforme immédiatement en sables mouvants dans lesquels s’enfoncent doucement allégations, faits et rumeurs pour ne plus jamais reparaître. Le contraste est saisissant.

Pour savoir si l’actuelle ministre sera virée, il reste donc à voir combien de temps des informations continueront de filtrer. Au moins pourra-t-on se rassurer sur la capacité d’encaissement de la concernée en se rappelant que tout politicien, à plus forte raison ministre, et encore plus sous Macron, a été hontectomisé très jeune et qu’il n’a donc développé aucune notion d’éthique (ce qui explique d’ailleurs que certains politiciens, malgré leurs casseroles, leurs saillies navrantes et des affaires gluantes collées aux baskets, continuent d’encombrer le paysage politique français pourtant passablement plein).

Maintenant, on peut s’interroger : qui tente de faire tomber cette brillante ministre ?

On peut imaginer, dans l’ombre des petits papiers de la presse, moult ennemis d’opposition. Cependant, dans ce cas-ci, la clique du président, voire Macron lui-même, ne peuvent être écartés : difficile d’imaginer notre presse si servile lancer ce genre d’informations sans avoir eu l’imprimatur de l’Exécutif d’une façon ou d’une autre.

Peut-être le locataire de l’Élysée a-t-il été une fois de trop saoûlé par le ton gnangnan de la ministre ou sa maîtrise manifestement très approximative des dossiers et des messages politiques à distribuer (on se rappellera de la contre-performance olympique de la même Agnès lorsqu’il s’était agi de vanter le travail à la chaîne qu’elle trouvait magique) ?

Plus probablement, peut-être le pouvoir actuel est il embarrassée par le fait qu’elle fut mariée à Marc Pannier, le président d’Engie Global Markets, et que son récent divorce ne lui donne plus exactement de levier pour rester au sein d’un gouvernement pas tout à fait connu pour son étanchéité avec les milieux d’affaires ? En outre, le fait qu’elle soit obligée, de par cette proximité personnelle avec un géant de l’énergie, de rester à l’écart de certains dossier a peut-être joué en sa défaveur au moment où il conviendrait de pousser tout le cheptel français vers l’abattoir la transition énergétique.

Et puis, toute éthique mise à part, peut-être est-il finalement trop embarrassant d’avoir une ministre emberlificotée avec une industrie pétrolière dans un gouvernement qui entend pourchasser les énergies fossiles (“jusque dans les chiottes” s’il le faut, n’est-ce pas Vlad) : allons-nous devoir bientôt dire au revoir à la pétroleuse de Lens ?

Qu’elle reste ou parte, c’est en tout cas une magnifique illustration de l’état général de la politique dans le pays : une éthique générale complètement absente, un ensemble de lois et d’encadrements pour les gueux mais rien ou presque pour les oints du pouvoir qui ont de toute façon une bonne capacité à les contourner, des conflits d’intérêts dans tous les sens, dont personne ne s’offusque et que tout le monde tait tant qu’il faut conserver les apparences et une presse complètement aux ordres, faisant et défaisant sur commande les princes et les princesses en fonction des besoins et sans plus aucun rapport avec le peuple ou les électeurs.

De même qu’il n’y a pas davantage de démocratie que de beurre en broche depuis plusieurs années dans le pays, il n’y a plus réellement de gouvernement.

Il n’y a plus que des clowns, des saltimbanques dont les performances sont, d’années en années, de plus en plus médiocres. Les ministres ne sont plus choisis sur leurs compétences (absentes ou carrément contre-productives) mais pour des raisons d’appareil, de politicaillerie pénible ou par renvoi d’ascenseur ou petite faveur qui en appellera une autre en retour. De l’intérêt de la nation, du peuple, de l’État, il n’est évidemment plus question depuis des lustres.

On le savait déjà sous tant d’autres prédécesseurs, mais c’est rapidement devenu visible à en être obscène, puis on a dépassé ce stade de très loin : au perchoir et dans les couloirs dorés de la République, les clowneries s’enchaînent, les pitreries se multiplient à tel point qu’à présent, lorsqu’il n’y a pas de casseroles, qu’il n’y pas de conflits d’intérêts, que la personne fait preuve de bon sens ou évoque de façon claire des sujets nécessaire, on est soit face à un perdant, soit face à un complotiste.



9 novembre 2022

Amnistier les covidistes ? Et puis quoi encore ?

H16

The Atlantic, vénérable mensuel fondé au XIXème siècle, a récemment fait paraître un article d’Emily Oster qui a largement défrayé la chronique : dans “Let’s declare a pandemic amnestie” (“Déclarons une amnistie pour la pandémie”), l’auteur tente d’aligner quelques arguments en faveur d’un pardon général pour tous ceux qui, pendant la pandémie, ont pris les décisions y compris les plus farfelues au motif essentiel que chacun a cru faire du mieux qu’il a pu avec le peu d’informations dont il disposait.

L’article, sobrement chapeauté par “Nous devons nous pardonner mutuellement pour ce que nous avons fait et dit lorsque nous n’étions pas au courant de l’existence du COVID”, a été légèrement remanié à mesure que les réactions (virulentes) s’accumulaient sur les réseaux, par un nouveau chapeau un tantinet moins polémique : “Concentrons-nous sur l’avenir, et réglons les problèmes qui restent à résoudre.”


Certes, les problèmes qui restent à résoudre sont nombreux mais il n’en reste pas moins que proposer une telle amnistie est particulièrement osé et fait la démonstration d’un aplomb dont seuls les imbéciles et les hypocrites peuvent disposer dans les circonstances actuelles.

À ce titre et sans surprise, l’article a reçu un accueil virulent de tous ceux qui ont tenté, pendant toute cette période, de rouvrir les débats violemment fermés par les médias de grand chemin, les experts de plateau télé, les journalistes et autres fact-checkeurs stipendiés directement ou indirectement par le pouvoir.

Essentiellement, la proposition d’Oster d’une amnistie repose sur le peu d’informations dont on disposait au début de la pandémie lorsque la plupart des mesures ont été prises, mais cette affirmation n’est vraiment pas soutenue par les faits.

Bien avant mars 2020, on savait que les confinements ne serviraient à rien, et lorsqu’ils furent mis en place, la Suède a amplement montré qu’ils étaient inutiles. Ils n’ont pour autant pas été interrompus. Pire, ils ont été remis, plusieurs fois. Est-il utile de revenir sur la quantité de misère économique et humaine qu’ils ont provoqués ? Est-il nécessaire, pour bien comprendre toute la cruauté de ces mesures, de revenir sur toutes les abominations qui furent leur résultante directe, depuis l’ostracisation des personnes âgées jusqu’au suicide des jeunes et des enfants, en passant par le réveil des instincts (délateurs) les plus vils de beaucoup trop de nos concitoyens ?

De la même façon, on savait dès la publication des études chiffrées de Pfizer (dans les tous premiers mois de 2021) que les vaccins n’empêcheraient pas la transmission. La dynamique des contaminations dans les mois suivants a largement confirmé cette information mais n’a en rien arrêté les gouvernements et les hystériques de plateaux-télé de réclamer et d’obtenir d’infâmantes obligations vaccinales plus ou moins coercitives. Est-il là encore nécessaire de revenir sur ce qu’ont entraîné ces coercitions immondes et parfaitement contraires aux droits fondamentaux ?


Pire : actuellement, on trouve encore de fébriles pisse-copies décidés à stigmatiser encore ceux qui s’opposent à la vaccination, et cette stigmatisation s’étend bien au-delà du monde médiatique. Pour rappel, les personnels soignants n’ont toujours pas été réintégrés en France. Perseverare diabolicum.

Devant ces éléments, on doit se demander si l’apparition d’un tel article (dont la viralité n’est plus à faire tant il a été commenté récemment) ne fait pas partie d’une tentative de certains pour “tester les consciences” : demander une amnistie revient à admettre, au moins en creux, une certaine forme de culpabilité et cet article ressemble fort à une sorte de sondage d’opinion pour voir s’il n’est pas encore trop tôt pour une telle demande.

Il n’est pas invraisemblable d’imaginer que certains ont commencé à comprendre que leurs opinions et agissements passés allaient progressivement leur revenir dans la figure avec violence et il faut admettre que la situation est quelque peu différente de ces politiciens, journalistes et autres experts autoproclamés lorsqu’ils nous baratinent sur le climat : alors que les prédictions catastrophistes sont toujours précautionneusement placées plusieurs années (ou décennies) dans le futur, les dégâts humains, sociaux, politiques et économiques causés par les mesures coercitives liées à la pandémie sont déjà palpables et quantifiables actuellement, et la facture, fort salée, s’allonge à chaque minute qui passe.

Des comptes seront demandés et ce bien avant que les responsables n’aient eu le temps de se retirer sagement loin des affaires publiques.


Cette demande est donc plus qu’audacieuse : elle cache mal une tentative de camouflage d’une des pires périodes de déprivations de liberté en Occident. Cette demande d’amnistie (et celles qui ne manqueront pas de suivre) n’aurait jamais été nécessaire si les politiciens, les journalistes et les experts de connivence ne s’étaient pas relayés pour forcer leurs comportements, leurs opinions et leurs lubies sur tous les autres.

Alors oui, proposer une telle amnistie ne manque ni de culot, ni d’un certain cynisme, mais c’est en outre fort dangereux.

On ne peut en effet s’empêcher de faire le rapprochement avec d’autres périodes (vraiment) sombres de l’Histoire où l’amnistie n’aurait jamais pu être réclamée.

On ne peut s’empêcher de se rappeler que lorsqu’elle fut mise en place, notamment pour les communistes à la fin du régime soviétique dans les pays d’Europe de l’Est, elle n’a en rien permis de purger ces pays des gangrènes communistes qui y sévissaient alors. Pire : certains de ceux qui en ont alors bénéficié ont pu continuer à prospérer au point de se retrouver dans les petits papiers des grandes fortunes du moment (voire d’en devenir eux-mêmes).

Il ne doit pas y avoir d’amnistie.

Il faudra clairement renvoyer chacun des acteurs de ces drames à leurs responsabilités respectives pour qu’ils soient correctement jugés et sanctionnés à hauteur de leur implication. Ceci sera une étape indispensable de l’analyse complète de ce qui s’est passé, et un passage obligé pour que ne se reproduisent pas les dérives abjectes dont beaucoup trop furent les victimes.

Et surtout parce que l’explication “Nous ne savions pas, nous ne faisions que suivre les ordres” ne suffira vraiment pas.