"Quand on a fait un pas dans le crime, on se persuade qu’il est impossible de reculer et l’on s’abandonne à la fatalité du mal." Chateaubriand
TRIBUNE - Le rideau de fer numérique qui tombe sur les peuples européens présente de multiples facettes. Et, c'est toujours « pour leur plus grand bien », et sous prétexte de sécurité, dont « l’esclavage est le comble » (selon une remarquable formule qui a échappé à Jacques Attali, commentant dans l’émission Apostrophes la sortie de son ouvrage "L’ordre cannibale"), que la privation de liberté s’opère. Il a récemment pris la forme du passe sanitaire, potentiellement remis en vigueur jusqu’en juin 2023 dans l’espace de l’Union européenne, sans discussion au sein du Parlement européen.
Nous nous concentrerons ici exclusivement sur la facette de la légalisation en cours de la police de l’information et de la censure numérique de toute voix dissonante, qui sont factuellement tombées comme jamais sur les peuples de l’Union européenne et français en particulier, à l’occasion de la gestion abracadabrantesque de la « crise sanitaire du Covid-19 », sous la férule du docteur Jekyll soudainement transformé en plein jour en Mister Hyde – une « pandémie » selon une définition mise au goût du jour par l’OMS, dont toutes les métriques pertinentes font apparaître a posteriori la gravité toute relative (on peut recommander à ce sujet le livre de l’épidémiologiste Laurent Toubiana « COVID-19 : Une autre vision de l’épidémie », qui se permet de discuter des chiffres et les remet en perspective par rapport aux conventions standard de mesure des épidémies jusqu’à ce que le ciel de la démesure nous tombe sur la tête).
On retiendra de cette mise au point factuelle ce chiffre officiel déterminant d’un pic de taux d’incidence de 140 malades du Covid atteint en mars 2020 à comparer aux pics des grippes saisonnières de 2014 à 2019 qui ont atteint des niveaux de 600 à 800, avec une gravité de pathologie comparable). On aurait pu espérer que les gouvernements et la Commission européenne, prenant enfin conscience de la démesure de leurs agissements ponctuels, notamment en matière d’information où les atteintes à l’objectivité et à la pluralité des opinions, académiques tout particulièrement, sont parvenues à des niveaux inégalés, fassent profil bas après un accès de fièvre aigüe, et ambitionnent de se faire pardonner leurs abus en revenant au statu quo ante, où le concept de vérité officielle restait en principe l’apanage des régimes autoritaires de tout poil. Que nenni !
Cette prise en main de l’opinion publique par la peur et la désinformation officielle des grands médias, ne serait-ce que par la sélection et la pondération des informations systématiquement orientées dans le sens de la dramatisation (et pourquoi donc puisque, usuellement, les nuages radioactifs s’arrêtent à l’aplomb des Vosges ?) ainsi que la chasse aux sorcières de toute dissonance sur les réseaux sociaux et les grands moteurs de recherche et la réactivation des réflexes obscurantistes du bouc émissaire, ont donné des résultats globaux si satisfaisants pour les pouvoirs installés qu’ils les invitent à enfoncer le clou.
Ainsi la stupéfiante priorité numéro un de l’après crise est de consolider cet abus de pouvoir manifeste en légalisant le contrôle de l’information dans l’espace numérique et en institutionnalisant, en cas de « crise » (mais y a-t-il un seul moment où nous ne serions pas en crise ?) un pouvoir de censure ad libitum de ce qui pourra s’y exprimer. C’est pour résister à cette mainmise insolente et décomplexée des pouvoirs publics sur l’espace numérique et à cette tombée d’un rideau de fer d’un nouveau type qu’est la cybercensure, sous couvert en novlangue 2022 de « lutte contre la désinformation », que nous avons lancé en septembre dernier sur AVAAZ une
pétition internationale non partisane.
Nous développons ici les raisons de cet appel in extremis aux peuples, aux forces vives et aux « clercs » des nations européennes, en les informant de ce qui se passe sous nos yeux sans que les assujettis semblent le voir et en prendre une conscience à la mesure de la gravité de l’atteinte à nos libertés, puisque la « liberté d’expression les résume toutes », selon la belle formule de Chateaubriand. Il est vrai que cette atteinte se fait sous le prétexte de protéger les citoyens – ces incorrigibles enfants – contre la désinformation, car « le mensonge est l’hommage du vice à la vertu ». Sous le lénifiant couvert de « législation européenne sur les services numériques », c’est bien le pilier fondamental du régime démocratique sans lequel la liberté de choix éclairé du citoyen est tout bonnement vidée de son sens, qui est mis en cause par les Raminagrobis qui cherchent à nous prendre au collet pour nous mener droit dans l’ère post-démocratique à laquelle aspirent si funestement ces émules occidentaux des tyrans orientaux.
Le ver de l’atteinte à la liberté d’expression s’introduit dans le fruit de la législation européenne sur les services numériques (Digital Services Act ou DSA) au nom de « la lutte contre la désinformation », dont les pouvoirs publics et les organismes internationaux seraient, par postulat, les seuls exempts.
Le 4 octobre 2022, le Conseil de l’Union européenne a formellement adopté le règlement européen sur les services numériques (Digital Services Act ou DSA) déjà approuvé définitivement par le Parlement européen le 5 juillet 2022 (Loi parallèle à celle du Digital Markets Act qui vise à règlementer et soumettre au droit de la concurrence européen les grandes plates-formes en ligne et à promouvoir un level playing field entre les grands acteurs du numérique et avec les acteurs historiques du commerce). Cette « loi européenne », directement applicable sans la souplesse de transposition propre aux directives, vise « à rendre illégal en ligne ce qui l’est hors ligne », en adaptant aux grandes plates-formes et grands moteurs de recherche principalement états-uniens le droit européen de la concurrence dans l’espace numérique, jusqu’alors constitué par la directive européenne sur l'e-commerce du 8 juin 2000, aujourd’hui dépassée par les réalités invasives du numérique.
La visée originaire, et la plus grande partie de cette règlementation européenne, sont donc parfaitement légitimes et louables à l’heure où l’Europe veut affirmer une souveraineté économique et technologique dont elle vient de mesurer la fragilité. Tout aussi louable et légitime est le souci d’empêcher les contenus illicites d’ordre public comme la diffamation, les appels à la haine, l’incitation au crime et à la violence, la pédopornographie, la fraude ou la contrefaçon. Il n’est bien entendu pas question de contester cela. Il s’agit seulement de distinguer l’ivraie du bon grain qui transite sous ce pavillon officiel présentable de défense de la souveraineté économique de l’Europe contre les GAFAM. Car, c’est dans l’appendice récemment surajouté à cette législation que l’attentat contre la liberté d’information et d’opinion se commet sous des dehors très convenables. Regardons de plus près comment le législateur européen s’y prend pour atteindre le dernier objectif chronologiquement, mais premier en termes de priorité politique du DSA, à savoir « atténuer des risques systémiques, tels que la manipulation de l'information ou la désinformation », selon le site officiel de la
République française « vie publique ».
À cette fin est mis en place un arsenal institutionnel à deux étages, national et européen, de lutte contre « les contenus illicites ». Au premier niveau, cette lutte est en pratique déléguée aux grandes plates-formes numériques et aux grands moteurs de recherche, comme ce fut le cas lors de la « crise sanitaire ». Au-delà de cette délégation de police générale de l’information sur la toile selon des directives qui ne sont pas clairement énoncées et autorisent toute dérive arbitraire, le législateur européen prévoit « un mécanisme spécial de réactions aux crises touchant à la santé et à la sécurité » en vertu duquel la Commission pourra « imposer à ces grands acteurs, pendant un temps limité (un « certain temps ! ») des mesures d’urgence…
La crise ukrainienne » étant retenue explicitement comme exemple… Pour piloter cet arsenal à deux niveaux, un « coordinateur des services numériques, autorité indépendante désignée par chaque État-membre, sera mis en place ». En France, c’est l’ARCOM, ex CSA, qui en tiendra lieu. « Les 27 coordinateurs coopéreront au sein d’un Comité européen des Services Numériques. En cas de non-respect du DSA, les coordinateurs des services numériques et la Commission pourront prononcer des astreintes et des sanctions. Pour les très grandes plateformes et les très grands moteurs de recherche, la Commission pourra infliger des amendes pouvant aller jusqu'à 6% de leur chiffre d'affaires mondial. En cas de violations graves et répétées au règlement, les plateformes pourront se voir interdire
leurs activités sur le marché européen. » À vrai dire, les plateformes n’ont rien à craindre des États ou des organismes internationaux comme l’OMS avec qui elles collaborent spontanément pour accéder aux marchés nationaux et avec qui coïncident largement leur propre agenda d’autocensure d’inspiration oligopolistique.
En bref, après que les citoyens des États-Nations « libres » de l’Europe viennent de vivre une manipulation systématique et inégalée, à une telle échelle en temps de paix, de l’information par les pouvoirs publics et des médias dominants au garde-à-vous, l’espace numérique qui a servi vaille que vaille de refuge à la liberté d’expression bafouée dans l’espace médiatique, doit aussi légalement être placé sous contrôle politique. Seule l’information « correcte » a désormais plein droit de cité, c’est explicitement avoué si l’on se réfère, pour apprécier cette légalisation européenne, à la censure factuelle mise en place lors de la « crise sanitaire » sur la plate-forme privée YouTube, filiale de Google, docilement instituée à la demande du gouvernement français et malheureusement sans contestation devant les tribunaux par ses utilisateurs.
Elle a osé prendre la forme d’un « règlement concernant les informations médicales incorrectes sur la maladie de la COVID-19 ». En vertu de ce « règlement » : ont été réputées « informations incorrectes » (sic !) concernant le traitement de cette maladie (qu’il est donc interdit de publier sous peine de radiation après rappel à l’ordre de la plate-forme à la chaîne concernée) les « contenus qui affirment qu’il existe des remèdes à l’efficacité garantie contre la COVID-19 ; contenus qui recommandent l’utilisation de l’ivermectine ou de l’hydroxychloroquine pour le traitement de la COVID-19 ; contenus qui affirment que l’hydroxychloroquine constitue un traitement efficace contre la COVID-19 : contenus qui affirment catégoriquement que l’ivermectine constitue un traitement efficace contre la COVID-19… ».
On voit au passage la logique liberticide à l’œuvre : la remise en cause, à peine croyable, de la liberté de prescription médicale (y compris de la « médecine libérale ») par les autorités sanitaires françaises appelait derrière elle comme une suite logique la censure de l’information sur la richesse de la pharmacopée ! Ainsi, la doctrine de l’infaillibilité renaît de ses cendres au 21e siècle à l’initiative des États laïques sans coup férir. Les questions de fait ne sont plus à vérifier par les citoyens au vu de la totalité des points de vue et des données disponibles : l’ancien régime de l’imprimatur est tout bonnement remis en place.
Adjectifs et adverbes vont donc pouvoir désormais faire la loi comme on vient de le voir… Ainsi ne devrait plus régner sur internet également que la vérité moliéresque sur la panacée vaccinale et l’absence d’immunité naturelle… ou l’angélisme ukrainien ! Car la loi sous-entend comme une évidence qu’aucun « contenu officiel » ne pourrait être « illicite », parce que manipulatoire ou désinformateur. Dans le monde où toute contestation est ostracisée sous le libellé infamant de complotisme, les puissances publiques européennes sont supposées a contrario vierges de tout conflit d’intérêt et de toute tentation manipulatoire, comme en « témoigne » le refus d’informer les parlementaires et citoyens européens sur le contenu des contrats passés avec les fabricants de vaccins du troisième type, dont la mise sur le marché a fait fi de l’étape obligatoire de l’expérimentation sur l’animal.
Toute méfiance vis-à-vis d’un « pouvoir qui rend fou, et d’un pouvoir absolu qui rend absolument fou » (selon Lord Acton) est désormais « inappropriée et incongrue » dans l’ère post-démocratique qui s’élabore avec persévérance dans l’État profond, où sommeille de longue date la défiance à l’égard des peuples. Machiavel, Marx, Orwell, Huxley sont officiellement disqualifiés. Dénoncer le machiavélisme des Princes qui nous gouvernent est en soi conspirationniste. CQFD.
Énoncer est ici dénoncer. C’est pourquoi nous en appelons depuis septembre, en écho à la Révolution de juillet née de la réinstauration de la censure de la presse par Charles X, à la Résistance contre ce « coup d'État » légal contre la liberté d’expression au nom de « la lutte contre la désinformation » !
Cet appel vise à redonner le pouvoir aux peuples et à tous les sachants dans les divers domaines de la vie sociale et les disciplines académiques en maintenant des espaces de libre expression sur cette législation liberticide et en appelant au soutien citoyen dans le cadre des États-Nations, seul cadre démocratique existant en l’absence de toute véritable agora et de toute citoyenneté européennes.
En résistant par la voie judiciaire le cas échéant à partir des principes généraux du droit aux atteintes aux libertés fondamentales dues à tout être humain en régime démocratique. Les bêtises et les inepties qui ont circulé de tout temps et sévissent sur la toile sont homéopathiquement auto-curatives : seules les limites de l’ordre public dont les débordements peuvent être sanctionnés par la justice doivent prévaloir.
Mais, cet appel vise également, pour lui donner toute la portée politique et médiatique que mérite le sujet fondamental de la liberté d’expression, consubstantielle à l’idéal et à la pratique démocratique, à soumettre partout où cela est possible à référendum d’initiative populaire ou mixte, c’est-à-dire aux peuples souverains, cet inacceptable et illégitime asservissement par la légalisation d’une police systématique de l’information « incorrecte » et de cybercensure.
Les Français ont pu toucher du doigt l’arbitraire d’une créativité juridique déréglée qui a permis à un grand pays démocratique de vivre en perpétuel état d’urgence et d’exception pendant plus de deux ans, malgré les oppositions populaires manifestes et persévérantes, médiatiquement vilipendées, à l’aide d’un Parlement aux ordres et sous la menace d’une science biaisée par des conflits d’intérêt, malgré le démenti systématique des assertions officielles aussi péremptoires que changeantes par les faits, seul fondement objectif de toute véritable science expérimentale, de toute scientificité. Ils ont touché du doigt le contrepoint liberticide de cette caporalisation de la société en matière d’expression d’opinions divergentes des positions officielles par la police de l’information sur les réseaux sociaux et la censure numérique.
La pérennisation d’une gestion de crise sous de nouveau avatars opportuns, comme celui de l’économie de guerre pour justifier des pénuries endémiques issues de mauvaises politiques ou d’un péril écologique opportunément instrumentale, est à l’ordre du jour pour justifier les restrictions de toute nature et le maintien parallèle de la mise entre parenthèses de tous les garde-fous démocratiques et de la liberté de parole qui y décèlerait une nouvelle faillite du commandement et, en fait, le renoncement de plus en plus avéré des Gouvernants à procurer une vie décente à l’ensemble des citoyens, notamment les moins bien lotis, à l’aide de politiques avouables.
En relayant cet appel à la résistance et en signant cette pétition, chacun signale aux apprentis dictateurs de l’ouest qu’il prend toute la mesure de l’asservissement irréversible qui s’institue. Emportés par un grand vent paradoxal venu de l’est, trente ans après la chute du Mur de Berlin, ils ne savent sans doute pas tous bien ce qu’ils sont en train de faire. Il est bon que les peuples les rappellent à l’ordre de la démocratie et d’une république authentique où l’intérêt général est le guide et la liberté d’expression le fondement de toute vie démocratique consistante et digne.
Les millenials qui se détournent par lassitude et sentiment d’impuissance de la vie démocratique, tout en se passionnant pour la liberté et la justice dans la saga Star Wars, devraient dans l’urgence tourner leurs yeux vers le dernier et crucial épisode de soumission actuellement en cours sur la planète Terre, tragique épilogue dans lequel la « République européenne » bascule, avec d’autres, dans « l’Empire » sous la baguette d’apprentis Palpatine avides de transformer les peuples souverains en droïdes lobotomisés par la cybercensure et l’information calibrée. Puisse cet appel à la résistance parvenir à dessiller leurs yeux et susciter parmi eux, ici et maintenant, une nouvelle génération de Jedi !