Juan Branco
Les journalistes sont parfois les ennemis de la démocratie. Cela s'est vu et senti avec Julian Assange, fondateur de Wikileaks, qui nous a offert des instruments extraordinaires, qui nous permettent encore de décortiquer le monde où nous sommes plongés.
Cet homme a été pillé, littéralement, sauvagement, par les médias du monde entier, qui se sont jetés sur ses exclusivités, avant de le dévaster.
Violeur, antisémite, agent du FSB. Tout y est passé. Je ne vous fait part que des stigmates les plus violents qui lui ont été adressés. Mais il y a eu également homophobe, sexiste, égocentrique... sale. Oui sale, parce qu'enfermé, neuf ans durant, dans vingt mètres carrés (au sein de l'ambassade d'Equateur à Londres), il n'aurait pas fait le ménage comme il fallait.
Vous n'imaginez pas le nombre d'articles qui au sujet de cette seule et dernière accusation ont été publiés.
Les journalistes vous expliqueront qu'ils ne font que leur travail. Que salir et détruire une personnalité qui venait de les servir, littéralement, et de servir l'humanité en ayant le courage fou de révéler des centaines de milliers de documents diplomatiques permettant de comprendre les dessous de table du monde dans lequel nous sommes plongés, faisait partie de leur travail.
C'est exact, en quelque sorte. Car leur travail est de vendre, et dans ce monde, tout est à vendre. L'information est un bien comme un autre, que l'on trafique, extorque, à des juges, à des policiers, des agents secrets, des lobbyistes, qui vont en tirer grand bénéfice, puisque ces informations permettront d'orienter les décisions politiques et économiques, éliminer des adversaires et favoriser des alliées, bref, fabriquer du pouvoir, en complète et parfaite impunité.
Les journalistes oui, souvent, sont l'ennemi de la démocratie, de ce pouvoir populaire qu'ils exècrent et dont ils craignent qu'il puisse un jour advenir, faisant disparaître toutes ces couches intermédiaires qui permettent de nous tenir cois, et à eux, d'être rémunérés.
Car quel est le plus grand fabriquant "d'information" de valeur, et donc de ressources que les journalistes chercheront à exploiter ? Le pouvoir bien entendu, en une sorte d'alchimie étrange et avariée, dont il s'agira donc, d'au plus près, demeurer.
C'est pourquoi le journalisme ne sera quasiment jamais notre allié, et qu'au contraire, par le pouvoir, il se verra quasiment toujours sacralisé. [...]