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18 décembre 2022

Scandale de corruption au Parlement européen

Michèle Rivasi

TRANSPARENCE | Alors qu’intervient le plus grave scandale de corruption au Parlement européen, je viens d'interpeller, avec sept autres députés verts, la commissaire chargée de la transparence au sujet des activités commerciales d'Heiko von der Leyen, mari de la présidente de la Commission européenne.
La firme de biotechnologie américaine Orgenesis, dont M. von der Leyen est le directeur scientifique, aurait perçu plusieurs millions d'euros du programme de recherche européenne "Horizon" et du plan de relance de l'UE, via ses filiales en Europe.

Ses activités sont-elles compatibles avec le rôle institutionnel de son épouse ? Les questions des citoyens européens et de leurs représentants sur d'éventuels conflits d’intérêts sont légitimes. Y apporter des réponses crédibles est nécessaire.
 
J'appelle également la commissaire à réviser la directive européenne sur la transparence et à créer rapidement un organe d'éthique européen indépendant, doté de pouvoir d'enquête et de sanction, et qui appliquera les règles dans toutes les institutions de l’Union européenne.

Le journalisme ne sera quasiment jamais notre allié

Juan Branco

Les journalistes sont parfois les ennemis de la démocratie. Cela s'est vu et senti avec Julian Assange, fondateur de Wikileaks, qui nous a offert des instruments extraordinaires, qui nous permettent encore de décortiquer le monde où nous sommes plongés.
Cet homme a été pillé, littéralement, sauvagement, par les médias du monde entier, qui se sont jetés sur ses exclusivités, avant de le dévaster.
Violeur, antisémite, agent du FSB. Tout y est passé. Je ne vous fait part que des stigmates les plus violents qui lui ont été adressés. Mais il y a eu également homophobe, sexiste, égocentrique... sale. Oui sale, parce qu'enfermé, neuf ans durant, dans vingt mètres carrés (au sein de l'ambassade d'Equateur à Londres), il n'aurait pas fait le ménage comme il fallait.
Vous n'imaginez pas le nombre d'articles qui au sujet de cette seule et dernière accusation ont été publiés.
Les journalistes vous expliqueront qu'ils ne font que leur travail. Que salir et détruire une personnalité qui venait de les servir, littéralement, et de servir l'humanité en ayant le courage fou de révéler des centaines de milliers de documents diplomatiques permettant de comprendre les dessous de table du monde dans lequel nous sommes plongés, faisait partie de leur travail.
C'est exact, en quelque sorte. Car leur travail est de vendre, et dans ce monde, tout est à vendre. L'information est un bien comme un autre, que l'on trafique, extorque, à des juges, à des policiers, des agents secrets, des lobbyistes, qui vont en tirer grand bénéfice, puisque ces informations permettront d'orienter les décisions politiques et économiques, éliminer des adversaires et favoriser des alliées, bref, fabriquer du pouvoir, en complète et parfaite impunité.
Les journalistes oui, souvent, sont l'ennemi de la démocratie, de ce pouvoir populaire qu'ils exècrent et dont ils craignent qu'il puisse un jour advenir, faisant disparaître toutes ces couches intermédiaires qui permettent de nous tenir cois, et à eux, d'être rémunérés.
Car quel est le plus grand fabriquant "d'information" de valeur, et donc de ressources que les journalistes chercheront à exploiter ? Le pouvoir bien entendu, en une sorte d'alchimie étrange et avariée, dont il s'agira donc, d'au plus près, demeurer.
C'est pourquoi le journalisme ne sera quasiment jamais notre allié, et qu'au contraire, par le pouvoir, il se verra quasiment toujours sacralisé. [...]

17 décembre 2022

Les gens ne savent pas trop quoi faire de la liberté

François Amsallem

Finalement, on a pu constater que les gens aimaient assez l'autorité qui les rassurait, après leur avoir fait craindre des menaces imaginaires, pour non seulement sacrifier leurs propres libertés les plus fondamentales mais également condamner ceux qui refusaient d'y renoncer.
Il semblerait même a posteriori, que les gens ne savent pas trop quoi faire de la liberté, on dirait que c'est une responsabilité qu'ils hésitent à prendre voire même refusent d'assumer. On dirait que c'est pour cela qu'ils en ont peur, parce que semble-t-il la liberté les plonge trop vite, trop fort, trop profondément, irréversiblement au cœur de ce qui fait l'essentiel de la vie, en les mettant face à leurs responsabilités, presque en les enfonçant dans les contraintes de choix (sans repentir), d'arbitrage, de dilemmes et de paris permanents qui font le vécu, bref en les obligeant à s'engager.
Ils choisissent en conséquence premièrement de faire comme tout le monde, de se plier au normes, le choix d'une vie morne, deuxièmement de la sublimer en vivant des vies libres par procuration, via des spectacles, des mèmes de liberté, des séries télé traitant du sujet et des vies tumultueuses d'artistes déjantés.
Sans les excuser, il faut bien admettre, que leur domestication, effectuée sur plusieurs générations, les a bien trop infantilisés pour leur permettre de se sevrer du biberonnage cognitif, a fortiori celui si intensif et permanent dans lequel les nouvelles technologies les maintiennent captifs.

Corrompus et corrupteurs

Jacques COTTA

La coupe du monde de foot, coupe du monde de la honte, se ter­mine de façon bien morose. Sur le simple plan foot­bal­lis­ti­que, la fête pro­mise n’a pas eu lieu. Les vedet­tes du ballon rond, trans­for­mées en mar­chan­di­ses, apa­tri­des mil­lion­nai­res dis­per­sés aux quatre coins de la pla­nète, n’ont pas été capa­bles de donner à leur équipe natio­nale, virées très vite de la com­pé­ti­tion, le succès escompté. Sur le plan popu­laire, l’engoue­ment appelé de toute leur force par les com­men­ta­teurs de tout bord n’a pas été au rendez vous, les ras­sem­ble­ments notam­ment sur les champs-Elysées pour l’équipe de France n’ayant pas grand chose de commun avec ceux qui accom­pa­gnaient la vic­toire de 1998.

Point de vue spor­tif donc, et poli­ti­que pour l’usage qui devait en être fait, cette coupe du monde n’est pas au rendez-vous.

Mais il y a plus !

Alors que le scé­na­rio écrit devait atti­rer tous les regards vers Doha, lieu sou­dain pré­senté comme "festif", "ouvert", "démo­cra­ti­que", c’est vers Bruxelles que les regards se sont diri­gés.

Eva Kaili, député grec­que, vice pré­si­dente du par­le­ment euro­péen, a été inculpées et écrouées, diman­che 11 décem­bre, dans une enquête por­tant sur des soup­çons de cor­rup­tion en lien avec le Qatar, pour « appar­te­nance à une orga­ni­sa­tion cri­mi­nelle, blan­chi­ment d’argent et cor­rup­tion ».

A l’issue d’une quin­zaine de per­qui­si­tions à Bruxelles, six autres sus­pects ont été également inter­pel­lés dont l’ex-euro­dé­puté ita­lien Pier-Antonio Panzeri et le secré­taire géné­ral de la Confédération syn­di­cale inter­na­tio­nale Luca Visentini. Selon la presse belge, le propre père d’Eva Kaili a été inquiété dans l’enquête, sur­pris en train de trans­por­ter des paquets de billets « dans une valise ».

La séquence est digne des films de gang­sters de série B.

Des cen­tai­nes de mil­liers d’euros en liquide trans­por­tés dans des sacs ont été saisis. Députés euro­péens d’une part, émirat du Qatar de l’autre sont donc les prin­ci­paux pro­ta­go­nis­tes de cette aven­ture qui a éclaté à la veille des demi-fina­les de foot, venant donner un nouvel éclairage de la fête Qatarie.

Mais pour­quoi donc une telle débau­che d’énergie finan­cière ?

Le Qatar dési­rait avec l’orga­ni­sa­tion de la coupe du monde affi­cher une image de res­pec­ta­bi­lité, de faste, de luxe, de pou­voir. Il vou­lait ainsi gommer ses rela­tions inces­tueu­ses avec des grou­pes ter­ro­ris­tes notam­ment. Il avait l’ambi­tion d’étendre ses rela­tions dans des buts poli­ti­ques, mais également finan­ciers, notam­ment avec l’Europe où l’Emir, sa famille et son entou­rage pos­sè­dent des parts de plus en plus impor­tan­tes du patri­moine immo­bi­lier et indus­triel, comme cela est le cas en France où les avoirs Qataris se sont mul­ti­pliés depuis la pré­si­dence Sarkozy.

Mais la coupe du monde ne suf­fi­sait pas.

Avec la cor­rup­tion ins­tal­lée au sein des ins­ti­tu­tions euro­péen­nes, le Qatar dési­rait s’assu­rer la bien­veillance des élus euro­péens, dont la vice pré­si­dente du par­le­ment qui début novem­bre s’était rendue à Doha où elle avait salué en pré­sence du minis­tre Qatari du Travail « les réfor­mes de l’émirat dans ce sec­teur ».

« Le Qatar est un chef de file en matière de droits du tra­vail », avait ainsi affirmé Eva Kaili le 22 novem­bre à la tri­bune du Parlement euro­péen, pas­sant par pertes et pro­fits la vie de plus de 6000 ouvriers morts dans la cons­truc­tion de stades réfri­gé­rés en plein désert. Des paro­les qui n’avaient pas sus­cité de levée par­ti­cu­lière de bou­cliers.

Il s’agis­sait en réa­lité pour ces élus euro­péens non seu­le­ment de camou­fler les condi­tions d’escla­vage dans les­quel­les la coupe du monde a été montée avec l’assen­ti­ment géné­ral, mais d’affir­mer que tout compte fait les rela­tions socia­les au Qatar pou­vaient être un modèle. Ni plus, ni moins !

Des dépu­tés euro­péens au plus haut niveau ont donc mon­trés qu’ils étaient cor­rom­pus. Certains sont donc incar­cé­rés.

Mais qu’en est-il des cor­rup­teurs ?

Ce sont les auto­ri­tés Qataries qui en toute logi­que devraient être mises au ban de la société. À défaut, la réac­tion judi­ciaire risque de n’être qu’un leurre qui vise à éteindre l’incen­die avant qu’il n’embrase l’ensem­ble de la com­mu­nauté poli­ti­que inter­na­tio­nale.

Enfin, qui dit cor­rom­pus et cor­rup­teur doit s’inter­ro­ger sur les com­pli­ci­tés qui per­met­tent à un tel pacte de cor­rup­tion de voir le jour…

Les com­pli­ci­tés ?

La liste est sans doute longue, et en tout bien tout hon­neur. Il serait bon de balayer devant notre porte ...

Jean-Pierre Luminet

Je viens d'enregistrer le 28 minutes d'ARTE, qui sera diffusé Samedi 17 décembre à partir de 20h05 (le samedi il dure d'ailleurs 44 minutes et pas 28). Un peu de trous noirs et d'astronomie bien sûr, mais aussi mon avis tranché (puisqu'on me l'a imprudemment demandé) sur l'actualité : Ukraine, Qatar ! Peu orthodoxe, comme vous pouvez l'imaginer. Et pourtant je me suis retenu...

Communiqué 2022 de l’académie de la Carpette anglaise

- 17/12/2022 -

Sous la présidence de Philippe de Saint Robert, le jury de la Carpette anglaise 2022, réuni chez Lipp, le 15 décembre, a décerné, exceptionnellement son prix d’indignité linguistique au président de la République, M. Emmanuel Macron, pour ses nombreuses entorses à la Constitution, dont l’article 2 dispose que « la langue de la République est le français », qui est aussi langue officielle de la plupart des Institutions internationales.
Le jury a relevé l’acceptation par l’exécutif français de l’usage dominant de l’anglais dans le fonctionnement de l’Union européenne, alors que cette langue n’est la langue nationale d’aucun pays membre.
Le jury a également relevé que la direction de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) a été confiée – à l’instigation de la France – à une ancienne ministre qui avait exclu le français comme seule langue d’enseignement public à la place du français dans son propre pays et qu’a été nommée marraine du prochain Sommet de la Francophonie – qui se tiendra à Villers-Cotterêts en 2024 – une artiste qui chante essentiellement en anglais (dernier titre : I love you).
À titre étranger, le prix a été décerné – également à l’unanimité – à Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, pour avoir nommé une anglophone unilingue, Mary Simon, au poste de gouverneur général du Canada.
Philippe de Saint Robert, Eugénie Bastié, Paul-Marie Coûteaux, Benoît Duteurtre, Julien Köberich, Guillemette Mouren, Marie-Josée de Saint Robert, Albert Salon, Marc Favre d’Échallens sont membres de l’académie de la Carpette anglaise ainsi que les associations suivantes: Association pour la sauvegarde et l’expansion de la langue française (Asselaf), Avenir de la langue française (ALF), Cercle des écrivains cheminots (CLEC), le Collectif unitaire républicain pour la résistance, l’initiative et l’émancipation linguistique (COURRIEL), Défense de la langue française (DLF) et Le Droit de comprendre (DDC).
Le prix de la Carpette anglaise est attribué à un membre des « élites françaises » qui s’est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l’anglo-américain en France au détriment de la langue française.
Le prix spécial à titre étranger est attribué à un membre de la nomenklatura européenne ou internationale, pour sa contribution servile à la propagation de la langue anglaise.

16 décembre 2022

100 000 euros pour des vacances

Vincent Verschoore

Chez les Panzeri ça charie pas qu'un peu ! 1,5 millions chez Monsieur (député européen), 100 000 pour partir en vacances avec Madame et leur fille, toutes deux arrêtées en Italie.
Eva Kaili n'est pas seule, on le savait bien, et le Qatar n'est pas seul non plus. Le Maroc n'a pas perdu qu'au foot, mais ici en échange de quoi ?
Le Parlement européen s'émeut et demande une charte de transparence. La Commission grimace, et nous on rigole. Depuis le temps que ça dure...
La corruption est une industrie aussi ancienne que florissante, on la trouve dans les coulisses de tous les lieux de pouvoir car le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument.
C'est pour cela qu'il faut surveiller les gens qui en ont beaucoup (trop), comme Macron (Alstom...) et von der Leyen (Pfizer...).



C’est bon, détendez-vous, on passe l’hiver !

H16

Si les températures ne sont pas très élevées, reconnaissons au moins à certains amateurs de ballon rond de savoir dégeler plus que l’ambiance dans les rues françaises. Pendant que l’homoncule en charge du ministère de l’Intérieur fait semblant de s’agiter à réduire un peu l’empreinte carbone de ces fêtards émotifs dans les rues de Paris, apprécions tout de même l’à-propos de leurs actions qui incitent chacun d’entre nous, forces de l’ordre incluses, à faire un peu plus de sport et contribuer ainsi à se réchauffer sans utiliser une énergie devenue fort coûteuse dans le pays…

Mais il n’y a là aucune raison de s’inquiéter.

D’une part, parce que les autorités nous ont amplement expliqué tout maîtriser. Les performances passées étant souvent un bon indicateur des performances futures, on sait donc que si le meilleur n’est pas certain, il reste encore fort probable. Voilà qui requinque, n’est-ce pas ? (Prenons même un petit verre de whisky.)

D’autre part, parce qu’alors même que les températures descendent et avant l’action salvatrice des supporters émotifs, le réseau français a bien tenu la charge : malgré le froid qui s’installe doucement sur l’Hexagone, le signal Ecowatt – qui est au citoyen français ce que le signal Batman est à l’inspecteur Gordon – ne s’est pas déclenché. Autrement dit, les plans du Joker n’ont pas mis Gotham à genoux et l’alerte sur l’électricité française n’a pas eu lieu. (Reprenons un petit verre de whisky, ça réchauffe.)

Outre les vivifiants sports de rue, à quoi doit-on cette belle performance énergétique ? Les analystes sont formels : le réseau tient bon grâce à la baisse notoire de consommation électrique par rapport aux années passées. Eh oui : pas de doute, les Français consomment moins !


Sans nul doute, les petits messages agressivement niais du gouvernement et les “je décale, j’agace je réduis je fumiste” de Pannier-Runacher ont fonctionné, mes amis ! Grâce à la chassogaspi d’importation directe des années 70, le discipliné Français a fait des efforts, tout s’est bien passé et le fait que les prix de l’énergie ont crevé tous les plafonds n’y est pour rien, voyons. Le fait que les factures frisent maintenant le délirant ne joue pas. L’hypothèse que les Français seraient en train de s’appauvrir un grand coup, en direct, devant nos yeux, n’effleure absolument ni la presse ni les gouvernants. La communication a marché, qu’on vous dit. Un petit verre de whisky s’impose.

Cette certitude n’est pas seulement installée chez nos dirigeants mais est aussi partagée par ceux d’autres pays européens jusqu’à la tête de la Commission européenne où l’on apprend ainsi qu’Ursula, sa patronne, a décrété très récemment que “nous sommes en sécurité pour cet hiver”, et que “le chantage de la Russie a échoué”.

Quelques douches froides (“Prend ça, Poutine !”), un thermostat à 19°, une saine remise en question de la raclette, et voilà : les réserves sont pleines, on a plein de gaz, les éoliennes tournicotent vigoureusement, les miroirs magiquent comme jamais, le charbon brûle sans plus rejeter de CO2 et nous savons déjà, deux semaines avant le début de l’hiver, que nous allons le passer avec brio, youpi, on est les champions et c’est bon, on a les droits !


Certes.

Mais avant de reprendre un petit verre de whisky, on peut se demander ce qui se cache derrière ces bonnes nouvelles affichées complaisamment par la presse et annoncées avec gourmandises par les politiciens qui, récemment, nous ont surtout montré une belle panoplie des pires défauts humains.

Cette baisse de consommation signifie que la France (et l’Europe) consomme moins d’énergie (10% apparemment) ce qui veut aussi dire qu’on doit s’attendre à une baisse globale de son PIB tant cet indicateur est corrélé avec la consommation d’énergie. Difficile de ne pas y voir un funeste présage, et les prémices d’une récession carabinée dont la fermeture de 80% des boulangeries ne serait que la partie la plus visible.

Et lorsqu’on se penche, un verre de whisky à la main, sur l’état réel des réserves énergétiques du pays, on se rend compte que la bonne performance affichée n’est plus si bonne : on a certes diminué la consommation globale d’énergie et certes, Ecowatt n’est pas passé à l’orange, mais cela n’a pas empêché une forte hausse (+43%) de la consommation de gaz par les centrales électriques pour compenser les réacteurs nucléaires (malencontreusement) à l’arrêt, merci Ducon merci Macron.

Autrement dit, pendant que la Pimprenelle de la Commission frétillait d’aise devant des réserves de gaz remplies à 90%, les centrales françaises suçotaient du gaz comme d’autres du whisky avec un entrain qui laisse penser que la fin de l’hiver pourrait être un tantinet plus tendue que son début, indépendamment des conditions météorologiques (dont tout le monde sait qu’elles seront favorables, réchauffement climatique oblige, n’est-ce pas).

À ce tableau décidément peu lumineux, on doit ajouter les récentes décisions politiques européennes d’imposer un prix maximum pour le pétrole et le gaz dans un mécanisme typiquement bureaucratique absolument incompréhensible (même avec un petit whisky derrière la cravate) : pour garantir que la Russie ne pourra s’enrichir en vendant ce dont nous avons actuellement cruellement besoin (à savoir pétrole et gaz), les États membres de l’Union européenne ont plus ou moins décidé d’imposer un prix plafond aux transactions de ces énergies, ce qui n’a bien évidemment aucun sens économique dans la mesure où l’acheteur n’est ici pas du tout en position de force pour négocier quoi que ce soit.

On peut déjà garantir d’âpres tortillements d’arrière-trains européens pour se sortir de cet invraisemblable carcan posé (de travers) pour des raisons purement idéologiques à mesure que les froidures de l’hiver s’installeront dans les pays du Nord de l’Europe, et que les populations, lasses de ces décisions suicidaires, commenceront à remonter leur agacement à leurs représentants politiques…

En attendant, reprenons un petit verre de whisky. Cela ne réchauffera pas beaucoup, mais cela peut aider à oublier que tout ceci était parfaitement prévisible et que les responsables sont aussi coupables que connus.


15 décembre 2022

Bruxelles et Paris : du lobbying à la corruption

Pierre Duriot

Le lobbying des entreprises de tout poil, auprès des instances de Bruxelles, commission et parlement, n’est pas récent. Les grands groupes industriels et commerciaux ont tous des salariés chargés d’approcher les commissaires et élus, afin d’orienter décisions, normes et lois, dans le sens qui les avantage. On sait aussi, depuis des années que le lobby le plus puissant, le plus nombreux en personnels, est celui des pharmaceutiques, on risque d’être amené à en reparler dans peu de temps.

Mais après tout, il semble assez logique que les instances bruxelloises, quand elles doivent légiférer sur des thématiques industrielles, discutent avec les acteurs du secteur et que donc, ceux-ci proposent des interlocuteurs qui savent de quoi ils parlent. Tout cela pourrait sembler relever du travail d’échanges ordinaires préparatoires à une législation. Le problème est que cela ne s’arrête pas aux discussions et que les lobbyistes proposent des lois et des amendements rédigés, prêts à l’emploi, qu’ils font passer par des parlementaires et aussi sans doute par des membres de la commission, non élus. Ces gens-là le font aussi avec les députés de notre parlement français et sans doute aussi, avec les élus des autres parlements européens. Cela est connu. Ce qui l’est moins, est de savoir si la défense de ces amendements « clé en main », est assortie d’une prime sonnante et trébuchante, auquel cas, on passe de la discussion de travail, à la discussion arrangée et pour finir, à la corruption.

Plus graves sont les « résolutions » à caractère international, qui chargent le travail, en lieu et place de ce qui concernerait plus directement les questions européennes. De quoi se mêle le parlement, par exemple, à introduire des femmes voilées dans sa communication, alors que l’Europe est chrétienne ? Le député François-Xavier Bellamy, a fait reculer ce genre d’initiative. On s’aperçoit aujourd’hui que le monde musulman intervient largement auprès des instances européennes, on en a l’exemple avec le Qatar, dont on sait qu’il finance des groupes extrémistes, ou obtient, en France, des aménagements fiscaux.

Manque de chance pour Eva Kaili, mise en cause directement cette semaine, son compagnon a reconnu ses liens avec les services secrets marocains. Il était l’assistant d’un député membre de la commission d’enquête sur l’utilisation du logiciel espion Pegasus par le Maroc. En clair, des responsables musulmans font avancer leur religion chez nous, sur des questions, par exemple, de port du voile islamique, de menus halal, ou de valeurs coutumières. Il ne s’agit évidemment pas de terrorisme mais d’un prosélytisme « soft », dont le but est tout de même d’infiltrer les sociétés occidentales. Ce n’est plus du lobbying commercial ou industriel, mais de la corruption.

Il faut se pencher sur la régulation de ces pratiques, non seulement pour les élus, mais aussi, pour les commissaires et faire de même aux niveaux des parlements nationaux, y compris et surtout, en France, où les principes coutumiers ne font qu’avancer depuis deux à trois décennies.


Report de la loi sur les retraites

Gilles La Carbona

Madame Borne vient de reculer le dépôt de sa loi sur les retraites. L’examen initialement prévu le 15 décembre 2022, est finalement reporté au 10 janvier 2023.

L’urgence affichée n’est plus de mise, pour quelle raison ? Il est vrai que cette loi divise jusque dans les rangs de la macronie. Des voix s’élèvent un peu partout pour signaler son inutilité, puisque le régime n’est pas à l’agonie, comme veut bien le prétendre le gouvernement, mais bien en bonne santé. Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) l’a même confirmé dans son 9ème rapport en septembre. Ses projections ne sont pas alarmistes, pour peu que l’on s’attelle dès aujourd’hui à corriger certains dysfonctionnements et à remettre du bon sens dans la logique du travail dans ce pays.

Pourtant, et malgré ce rapport entre autres, Macron semblait il y a encore quelques jours, pressé d’en finir, ou d’en découdre, au choix. Que s’est-il passé entre temps pour qu’il décale cette présentation d’un mois ? S’est-il rendu compte de l’impopularité de cette loi au point de la repousser dans le temps ? Peu probable, il y a belle lurette que l’impopularité de ce qu’il fait, ou dit, ne l’effleure plus.

Borne elle-même s’est-elle rendue compte des absurdités du contenu de sa loi, notamment en voulant la faire appliquer à la génération de 1961, censée partir à la retraite en 2023 ? À chaque fois qu’on a repoussé l’âge légal de la retraite, ceux qui se trouvaient à 5 ans du départ n’étaient pas concernés. Aurait-elle pris acte de cette pratique pour corriger son texte et le rendre moins agressif ? On n’en sait rien.

Le gouvernement aurait-il eu vent, après avoir consulté secrètement les différentes formations politiques, que cette fois la partie était mal engagée ? Un nouveau 49.3, souhaité par Macron lui-même, n’étant plus assuré de passer comme une lettre à la poste, il aurait été décidé de surseoir d’un mois, afin de tâter le terrain et d’assurer ses arrières ? Il est vrai qu’entre-temps, Ciotti a pris la tête des LR et si certains dans son camp se posent déjà en dissidents, il n’en demeure pas moins que l’abstention systématique de ce parti ne serait plus assurée. De là, une légitime inquiétude du côté du gouvernement. À force de bluffer parfois on perd. Et Macron joue gros dans cette affaire, car si une motion de censure était votée sur ce texte-là, non seulement la loi serait rejetée, mais en plus le gouvernement tomberait. Il chuterait sur un texte essentiel. Le signal serait plus que symbolique, il marquerait la fin du chèque en blanc et supposerait que d’autres textes, qui sont le cœur du programme présidentiel, pourraient également être rejetés faute de majorité. L’enjeu est donc de taille et mérite réflexion. Un adoucissement du texte pourrait permettre de trouver le consensus recherché auprès des LR. Mais serait-il suffisant, dès lors que la formation de Ciotti affiche des ambitions bien différentes à présent, et qu’elles ne pourront s’exprimer pleinement tant que ce gouvernement restera au pouvoir. Passer en force devient risqué, en cas de vote d’une motion de censure, Macron n’aurait d’autre choix que de dissoudre. Il sait que dans ce cas, non seulement il n’aurait toujours pas de majorité, mais pourrait même affaiblir encore plus ses propres rangs.

Cette réforme, personne n’en veut, pas plus le patronat que le reste de la classe politique. En plus de n’être pas nécessaire, elle pourrait faire tomber le gouvernement qui jusqu’à présent, pouvait se ficher éperdument de manquer de majorité. On attend que les opposition poussent encore plus fort et qu’elles fassent, comme nous le demandons au RPF, tomber ce gouvernement dont plus grand monde ne veut.