Translate

1 janvier 2023

"L'affaire Quatenens"

Denis Collin

De "l'affaire Quatenens" on peut tirer quelques leçons. Les pétitionnaires du Monde qui demandent la démission du député Quatenens sont plutôt puants. Heureusement que ces gens n'auront jamais le pouvoir, car ils sont évidemment pires que la droite en matière d'inquisition des bonnes mœurs et de politique pénale. En second lieu, Mélenchon et Quatenens, reçoivent sur la figure toute la m... qu'ils ont lancée en l'air. Pour conquérir les bonnes grâces de la mouvance "woke" et des guépéoutistes du genre Sandrine R., ils n'ont jamais hésité à faire de la surenchère en politisant autant que possible la vie privée, prêts qu'ils étaient à transformer de banales affaires de disputes de couples en voie de séparation en tragédies d'État.
Dans toute cette affaire, on mesure combien nos mœurs politiques se sont dégradées et combien on a perdu tout sens de la nuance. Une gifle n'est pas un "féminicide" comme on dit aujourd'hui ! De plates excuses et le remords de n'avoir pas su se maitriser devraient être une punition suffisante... Mais non ! Une seule solution : qu'on lui coupe la tête ! Comment faire confiance à des gens comme ça ?


31 décembre 2022

Jonathan Sturel

Si la presse vivait des souscriptions des lecteurs, elle se mettrait au service de ses lecteurs. Mais c'est l'État qui finance la presse par l'intermédiaire des subventions, alors la presse est au service de l'État.

Lorsqu'on a compris ça, l'attitude de la presse depuis des années devient limpide : les journalistes sont payés par l'État pour le défendre, soutenir les étapes de sa feuille de route, combattre ses adversaires et promouvoir sa ligne. Regardez France Soir : ce titre avait les agréments pour bénéficier du statut d'organe de presse mais comme il ne s'est pas aligné sur la propagande d'État, ce même État, qui décidément fait la pluie et le beau temps sur la presse en France, lui a retiré ses agréments.
 
Autrement dit : soit l'État vous finance soit il vous autorise à revendiquer le statut de journaliste. Il peut du jour au lendemain soit vous couper les vivres soit vous retirer votre statut.
 
La presse ne peut pas être un contre-pouvoir dans ces conditions.

Denis Collin

Faire rentrer à tout prix la vie dans les catégories abstraites et les généralités creuses, voilà ce qui interdit de comprendre le monde dans lequel nous vivons. Libéralisme, conservatisme, socialisme, fascisme, antifascisme, ce ne sont plus que des étiquettes dont on affuble ce qu'on ne comprend pas. Le pire, cependant, est de continuer de se raconter des histoires. Ceux qui regrettent l'époque "glorieuse" du PC puissant et de la CGT "révolutionnaire" racontent des histoires merveilleuses pour les enfants. Les "acquis sociaux" dont on déplore la perte étaient le fruit d'une époque historique particulière et correspondaient aussi à la réflexion d'un certain nombre de patrons - ainsi les congés payés étaient-ils dans les tuyaux de certaines fractions du patronat avant la grande grève de juin 1936. Jamais ces acquis sociaux n'ont mis en cause le capital en tant que tel. Les terribles "révolutionnaires" de la CGT n'ont jamais été que des bons réformistes (dans le meilleur des cas)... Et quand la survie du capital est en jeu, plus rien de tout cela ne peut encore fonctionner. Comme dirait Marx, "Hic Rhodus, hic salta !"
Pour ceux qui se pensent en officiers planifiant la révolution ou la prochaine grève générale, rappelons que les grands mouvements sociaux sont toujours partis sans les dirigeants syndicaux et sans les chefs autoproclamés du prolétariat. 1939, 1953, 1968, 1995, 2018... Même la récente grève de contrôleurs de la SNCF est le fait d'un collectif qui n'a été soutenu par les syndicats (CGT et SUD inclus) que du bout des lèvres.
La révolte, celle qui exprime tout simplement la poussée de la vie, se contrefiche des spéculations des politiciens et de leurs positionnements tactiques. Les soignants qui ont refusé le vaccin, qu'ils aient tort ou raison, exprimaient aussi cette révolte, ce refus d'être asservi en tout à la "société-personne" que dénonçait déjà Marx. Les palinodies de la LFI à l'Assemblée, refusant de défendre son propre texte au motif qu'il est repris par le RN montrent à quel point tous ces gens sont loin, très loin, des gens ordinaires et de leurs pensées.
Toutes ces considérations pourraient conduire à tenir l'action politique pour vaine. Je n'en suis pas là. Mais il faut reconsidérer, radicalement, ses formes et les limites qu'elle doit fixer à ses ambitions.


30 décembre 2022

Yann Bizien

La France est devenue une mosaïque multiculturelle complexe, impuissante et ingouvernable pour au moins quatre raisons.
 
La France est d’abord un pays aligné sur les Américains. Notre classe politique l’a rendu dépendant de la volonté politico-militaire des États-Unis et de leurs exigences de domination économique et industrielle.
 
La France est ensuite un pays subordonné aux technocrates européens. Notre classe politique a dilué sa souveraineté dans un ensemble économique plus vaste au détriment de nos intérêts, de notre indépendance et de notre rang dans le monde.
 
La France est par ailleurs un pays soumis à l’Islam et à une immigration massive sans aucune maîtrise. Elle est fracturée, communautarisée, ensauvagée et menacée comme jamais de l’intérieur.
 
La France est enfin un pays sous le joug de théories progressistes nauséabondes. Elles ont vocation à transformer notre civilisation, à inverser toutes nos valeurs, à disqualifier toute notre histoire et à piétiner notre ADN culturel et judéo-chrétien.

En seulement quelques années, notre classe politique a bradé brutalement tous nos acquis historiques, tout notre potentiel et toute notre identité.
 
Nos biens les plus précieux ont été méprisés, cédés et liquidés. [...]

PELÉ, INTERMÈDE FUNÈBRE

Gabriel Nerciat

Au XIXe siècle, le premier siècle démocratique de l'histoire de l'Europe, les peuples pleuraient la mort de Pouchkine, de Verdi, de Wagner, de Victor Hugo.
Mais il est vrai que ces foules endeuillées étaient surtout nationales : elles célébraient la vie et l'œuvre des génies artistiques qui avaient su mettre en mots ou en musique la représentation de leur propre émancipation collective.
Aujourd'hui, à l'heure de la mondialisation post-démocratique, les masses pleurent Pelé, Maradona, peut-être aussi Mohamed Ali, d'un continent à l'autre.
Le sport est devenu la dernière religion internationale capable de susciter une émotion planétaire de quelque intensité.
On peut certes y voir une régression (le sport ne porte aucune émancipation collective d'aucune sorte, et s'il touche le maximum de gens, c'est d'abord par la simplicité rudimentaire des actes et des moyens qu'il met en œuvre), mais peut-être aussi un intermède dont nous vivrons bientôt la fin.
Déjà la boxe ne suscite plus les mêmes enthousiasmes qu'il y a un demi-siècle, et on peut gager que Mike Tyson ne connaîtra pas, en Amérique ou en Afrique, les mêmes funérailles grandioses que Mohamed Ali.
Les foutboleurs aussi un jour seront sans doute détrônés.
D'autant qu'ils se ressemblent de plus en plus : la mort de Pelé, c'est un peu celle d'Achille qui aurait survécu trop longtemps à la guerre de Troie.
Donc, il faut s'y faire : le pire n'est pas encore advenu, et le mausolée en or et en diamants de Kim Kardashian ou de Mark Zuckerberg n'est pas encore sorti des limbes du futur.
Ne nous en plaignons pas.


Ukraine : la Shoah par balles

Michel Rosenzweig

29/12/2022 – Hier soir dans l'émission "Brunet et Cie" sur LCI, une journaliste russe a cité le nationaliste ukrainien nazi Stepan Bandera en le qualifiant simplement d'indépendantiste, sans que personne ne bronche sur le plateau pour la reprendre. Cette séquence qui m'a été rapportée mais que je n'ai pas encore vue (pas de replay sur LCI, l'émission du 28 est manquante !) n'est pas la première du genre.
Depuis le début de ce conflit, je n'ai eu de cesse de rappeler le passé nazi de l'Ukraine avec ses plus d'un million cinq cent mille juifs assassinés par balles (entre 1.500.000 et 1.800.000) entre 1941 et 1944.
"La Shoah par balles" est une enquête incontournable, celle conduite de 2002 à 2007 par le père Patrick Desbois en Ukraine, dans le but de localiser les très nombreux sites de charniers qui sont autant de traces des massacres dont ont été victimes les juifs soviétiques durant l’occupation allemande. Ce travail, qui a donné lieu à un livre, Porteur de mémoires : sur les traces de la Shoah par balles, publié en 2007 a été porté à l'écran sous forme d'un documentaire de Romain Icard en 2008.
"On ne peut pas construire l'Europe sur les tombes inconnues de la Shoah" disait le père Desbois dans cet entretien avec Elise Lucet et Simone Veil en 2008 après la projection du film.
Non, Stepan Bandera, encore et toujours honoré en Ukraine par une très large partie de la population comme un héros national et dont des rues et des places portent encore le nom, n'était pas "juste" un indépendantiste. Il a été le chef de file des nazis ukrainiens ayant inspiré et encouragé l'exécution des juifs d'Ukraine à laquelle de très nombreux Ukrainiens ont participé et ce même avant l'invasion allemande.
LCI se déshonore depuis le début de cette guerre en pratiquant une espèce de révisionnisme et de négationnisme qui ne disent pas leur nom.
La terre de l'Ukraine (mais aussi celles des états Baltes et de la Pologne) est un immense cimetière, imbibée de ces crimes de masse et à ce jour aucun mea culpa officiel n'a été exprimé depuis l'indépendance en 1991.
Vous trouverez ici le débat avec Simone Veil et le père Desbois :
Simone Veil : "Il y a eu en Ukraine, avant même que les Allemands n'interviennent, la population locale qui a assassiné des quantités de juifs. À un moment où les Allemands n'étaient pas encore sensibilisés sur cette question, ce sont souvent les Ukrainiens qui ont agit eux-mêmes."

Macron... diversion

Gilles La Carbona

Macron n’en finit plus de nous surprendre. Le voilà qui, comme le rapporte Asselineau, a déclaré avoir été victime d’une forte dépression, tout en avouant être obligé de faire le boulot de tous ses ministres, y compris celui de Borne.

Est-ce bien sérieux de sa part ? Une dépression n’est pas une mince affaire, surtout quand l’intéressé la qualifie de grave. Soit il s’agit d’une forfanterie supplémentaire, pour le faire apparaître comme un surhomme, capable de vaincre en quelques jours une telle maladie. Soit il dit la vérité et la situation est autrement plus préoccupante. Comment se faire une idée réelle ? Si on en juge par la somme des dernières déclarations et postures de l’individu, aussi farfelues qu’incongrues, on peut légitimement penser qu’il est dans un état de fatigue mentale alarmant. Ces dernières semaines, il n’a pas cessé d’affirmer des sornettes, ou d’agir de façon incohérente. Entre les soi-disant entretiens avec Poutine, qui n’ont jamais eu lieu, ou sa visite en Chine, tout est faux. Et que dire de ses délires de construction de RER dans dix villes françaises, des milliards qu’il dilapide vers l’Ukraine ou l’Afrique du Sud, ou de ses pantomimes au Qatar ?

La vraie question demeure, cet homme est-il encore apte à gouverner la France ? N’oublions pas qu’il est détenteur des codes nucléaires ! Une personne déprimée, jugée instable psychologiquement, ne peut renouveler une simple licence de tir, et doit se défaire de ses armes. Un président dans le même état, peut conserver les clés qui conduisent à une guerre nucléaire : absurde.

Mais une nouvelle fanfaronnade n’est pas à écarter. Les boulangeries et autres PME du quotidien des Français, sont en train de fermer une à une et que fait ce président qui se targue de faire le travail de sa première ministre ? Rien. Il pourrait, comme l’Espagne et le Portugal, sortir de la tarification européenne de l’électricité. Il pourrait faire en sorte qu’EDF ne vende plus son électricité à perte à des boîtes de spéculation. Il pourrait permettre aux PME de revenir dans les tarifs réglementés d’EDF... le fait-il ? Non. Il regarde couler le tissu des PME nationales, obéissant en cela, à la lettre, à l’agenda européiste qui a toujours expliqué qu’il y avait trop de PME en France, au détriment des grands groupes. Macron propose des diversions, fait son théâtre, comme toujours, mais suit sa ligne de destruction massive et sa popularité lui importe peu, pourvu qu’on s’intéresse à sa petite personne et qu’il nous oblige à regarder le doigt, alors que nous devrions regarder la lune.

Les oppositions ne bougent toujours pas, ni pour la santé mentale supposée, ni pour la destruction organisée du pays. Elles se préoccupent de conserver leurs sièges. Ne s’inquiètent, ni d’économie, ni de guerre, ni de sécurité, ni de géostratégie. Elles s’invectivent sur des plateaux de télés poubelles, avec le seul souci de rester politiquement correctes. Pendant ce temps, Espagne, Portugal, Italie, Pologne, Hongrie, tentent de s’en sortir, font fronts communs, tentent de protéger économies et cultures, des folies ukrainiennes, américaines et bruxelloises.

À quand les mesures concrètes, les prises de décisions rapides pour sauver des pans entiers de l’économie et des prérogatives régaliennes ? Jamais semble-t-il. L’opposition est au théâtre, à la fois sur la scène et dans le public et pour elle, jusqu’ici, tout va bien.

Qui est Klaus Schwab ?

Pierre Duriot

Le grand public n’a pas l’air de trop connaître Klaus Schwab, qui est pourtant présent aux côtés des chefs d’États mondiaux et des PDG de très grandes entreprises, un peu comme un maître à penser. Il est né en Allemagne en 1938, de père allemand, haut dignitaire nazi et de mère suisse. Il séjourne en Suisse depuis 60 ans, mais s’est vu refuser la nationalité. Héritier de la fortune de son père, diplômé de Harvard, il gagnerait encore, à 84 ans, près d’un million d’Euros par an et il est surtout le fondateur du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, qui attire des dirigeants d’entreprises, des chefs d’État et des hommes politiques du monde entier, ainsi que des intellectuels et des journalistes, afin de débattre des problèmes les plus urgents de la planète, y compris dans les domaines de la santé et de l’environnement. Moyennant finance, bien sûr. Le quidam ne peut pas y aller.

Sa fille, Nicole Schwab, est cofondatrice du Gender Equality Project et son fils, Olivier Schwab, est marié à une Chinoise et dirige le bureau du Forum à Pékin.

Il ne se cache pas de ses objectifs de « Grande réinitialisation », en anglais « The Great Reset », dont il a fait un livre et il prône une planification économique mondiale, pour reconstruire l’économie de manière durable, après la pandémie de Covid-19. Livre dévoilé en compagnie du prince Charles, devenu roi d’Angleterre. Au titre de sa présidence du Forum, il est invité au G20, avec son ami Bill Gates, qui lui, finance de grandes organisations internationales, comme l’Organisation mondiale de la santé et tous les deux « suggèrent » aux chefs d’États, des idées bien à eux, un genre de messianisme basé sur le mariage de la gouvernance publique avec le business, la technoscience et l’ingénierie sociale, incluant la création d’un « homme nouveau », ce qu’on appelle parfois le « transhumanisme », le tout avec un axe « durable », écologique donc, organisé à l’échelle mondiale et donc, par-dessus les États. Bill Gates a expliqué que « la réduction de la mortalité infantile, par le développement de la vaccination, peut freiner la croissance démographique dans le monde. Ce progrès conduira, à terme, les parents à concevoir moins d’enfants, s’ils savent qu’ils vivront longtemps et en pleine santé. À terme, cela réduirait donc l’accroissement de la population mondiale ». Cette approche a été traduite par des commentateurs, en une volonté de réduction de la population mondiale par les vaccins. Question d’interprétation.

En réalité, il n’est pas le seul à avoir des « plans » pour l’humanité, le problème est qu’il a une sphère d’influence assez large, même si elle serait en régression, sans avoir la moindre légitimité démocratique. « Vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux », a-t-il expliqué, dans une projection, où la possession serait remplacée par des services.

Le personnage alimente de nombreuses théories complotistes, du fait sans doute de tenues vestimentaires, tenant parfois de la science-fiction, ou à connotation sectaire. Au RPF, nous souhaitons juste faire acte de pédagogie, en mettant au jour un personnage sombre, mais personnage-clé dans l’intervention sur nos vies quotidiennes, sans que celui-ci n’ait la moindre légitimité populaire.

L'alliance de la Russie avec la Chine

Yann Bizien

Vladimir Poutine conforte aujourd'hui son alliance « sans limites » avec la forteresse chinoise et le pouvoir consacré et absolu de Xi Jinping face à l’Occident décadent.
La Russie consolide ce partenariat en pleine guerre contre l’Ukraine soutenue par l’Occident quand la Chine ambitionne de conquérir le leadership mondial à l’horizon 2049, pour le centenaire de la République populaire.
Outre la préservation de leurs civilisations et de leurs modèles politiques, les deux alliés ont également pour objectif de construire un monde post-occidental.
On pourrait dire que Lénine, Staline, Khrouchtchev, Brejnev, Andropov, Tchernenko et Gorbatchev retrouvent Mao Zedong, Deng Xiaoping et Hu Jintao ainsi que Karl Marx pour le meilleur et pour le pire.
En pleine guerre, la Russie s’adosse à une forteresse dominante, politique, humaine, économique, commerciale et militaire qui a su habilement tirer tous les avantages de la mondialisation pour sortir du néant en seulement 40 ans, pendant que la France envahie, surendettée, désindustrialisée, s’effondre au sein même du maillon faible européen.
La Russie et la Chine avaient de nombreux points communs qui pouvaient les unir, jusqu’au culte de la personnalité de leurs leaders.
Cette alliance est aussi stratégique. Elle s’organise autour d’une rivalité commune contre les États-Unis et de la construction d’un ordre mondial structuré par des zones d’influence impériales. Elle a également pour but de résister à la stratégie d’endiguement et de cantonnement de la Chine par les Américains.
D’où, la recherche d’une alliance avec le Sud global. D’où, surtout, la modernisation à marche forcée des forces armées et le renforcement de l’arsenal nucléaire chinois. Dans la panoplie des équipements militaires, la Chine ne manque désormais pas de moyens. Elle possède une gamme très significative de missiles nucléaires et conventionnels.
Avec le deuxième budget militaire du monde, le pays a quitté ses positions défensives pour se projeter vers des postures plus combatives et offensives. Son budget de défense s’élève désormais à environ 250 milliards de dollars, soit un tiers du budget américain. Il pèse toutefois moins de 2 % du PIB, ce qui permet aux dirigeants chinois de balayer d’un revers de main les accusations de « surarmement ».
La Chine n’a pas pour autant encore rattrapé les États-Unis. Elle a certainement quelques lacunes capacitaires. Le pays a une tradition d’armée pléthorique et à ce stade, avec seulement trois porte-avions à propulsion classique contre 12 porte-avions à propulsion nucléaire aux États-Unis et une base à Djibouti contre un millier de bases américaines, la Chine est loin du compte.
Il se dit que le Pentagone aurait tendance à surjouer la menace chinoise pour obtenir une croissance de ses propres budgets, ce qui est le cas en 2023 avec une augmentation de 45 M€.
Mais qui pourrait évaluer la combativité et le niveau opérationnel de l’Armée populaire de libération qui n’a été engagée dans aucun conflit depuis quarante ans ?
Autre similitude avec le régime russe, cette armée du parti communiste est de plus en plus dépendante d’un seul homme, Xi Jinping, dont la mission consiste à présent à défendre les acquis de la mondialisation ainsi que les intérêts vitaux et d'avenir de son pays.
Cette stratégie de la Chine forteresse et hyper nationaliste s’inscrit donc dans une logique de volonté de puissance et de confrontation civilisationnelle et économique avec l’Occident. Mais elle assume aussi pleinement le risque potentiel d’un affrontement armé avec les États-Unis et contre l’OTAN.
L’attitude belliciste des occidentaux et leur soutien financier et militaire inédit et coûteux à l’Ukraine auront accéléré la concrétisation de cette alliance logique de la Russie avec la Chine contemporaine et du XXIème siècle.
Notre siècle n’est en définitive pas du tout apaisé. On le disait inflammable et incertain. Churchill définissait d’ailleurs l’apaisement en ces termes : « La politique de l’apaisement revient à nourrir un crocodile en espérant qu’il vous mangera en dernier. »
Qui pourra dévorer l'autre ? Seule l'histoire nous le dira.


Le gaullisme plus que jamais utile pour faire face à tous nos défis

Yann Bizien

« La gauche se réclamera de moi quand je serai mort » disait de Gaulle.
Que reste-t-il aujourd’hui du gaullisme politique, c’est-à-dire de ce courant de pensée politique ?
Ses fondations ? Sa conception de la France et du monde forgée dans l’expérience, l’épreuve et la maturation ? le sens de l’instant décisif ? L’épaisseur de la Culture ? L’aptitude à échapper à l’inévitable ?
Ses représentants ?
Je voulais poser cette question en ce dernier jour ouvrable de l’année 2022. Si je la pose, c’est que j’estime personnellement qu’il n’en reste, hélas, plus grand-chose. Plus grand-chose, parce que nous n’aurions pas la France d’aujourd’hui si les représentants de la classe ou la famille politique qui s’en revendique l’avaient vraiment été dans la pensée, la réflexion, la vision, l’ambition, la décision et l’action.
La vérité est que le gaullisme a été instrumentalisé à des fins politiques et électorales.
Si notre classe politique était vraiment gaulliste, nous n’aurions pas une France en faillite, désindustrialisée, envahie, ensauvagée, avec des prisons saturées, une École massacrée, des armées à l’os, une Justice défaillante.
Si elle était vraiment gaulliste, la France serait forte, souveraine et indépendante.
Si elle était vraiment gaulliste, la Nation ne serait pas un vilain mot à bannir de notre langage, la Patrie serait respectée et la France redoutée.
Si elle était vraiment gaulliste, nous ne serions pas alignés sur la volonté américaine, nous aurions une pensée autonome et une réflexion indépendante.
Si elle était vraiment gaulliste, nous aurions aujourd’hui une Europe des Nations plutôt que des Régions soumises à des technocrates bruxellois et strasbourgeois.
Si elle était gaulliste, l’autorité ne serait pas piétinée. Et si elle était gaulliste, l’État ne serait pas dominé par le marché mais en surplomberait la vitalité, la famille ne serait pas abandonnée mais soutenue, nos campagnes ne seraient pas désertifiées mais vivantes et dynamiques.
« Le gaullisme, c’était le rassemblement de toutes les forces, au-delà des Partis, au service d’un projet national ». « National », je viens de lâcher le mot qui va faire fuir de cette page tous ceux, nombreux, qui ne veulent plus entendre ce mot.
Certains penseurs ont voulu métamorphoser le gaullisme en « gaullisme social ». Mais le gaullisme, du temps du Général, était, par essence, déjà social. De Gaulle était en effet un homme pétri par un catholicisme charitable donc social. Son expérience spécifique de la Seconde Guerre mondiale, avec la constitution à Londres d’un gouvernement politique en exil, dans lequel il accueillait à la fois des gens de droite et de gauche, et la nécessité de devoir reconstruire un pays et de réinventer des solidarités ont forgé sa pensée sociale.
Dans « Le Coup d’État permanent », François Mitterrand accuse le Général d’agir comme un dictateur. Pourtant, en 1969, c’est le même Général qui quittera de lui-même le pouvoir après avoir proposé un référendum sur l’évolution des institutions.
Qui peut avoir ce courage physique, les vertus morales et l’honnêteté politique du général aujourd’hui ? Plus personne.
Le gaullisme revendiqué par Emmanuel Macron a donc été dévoyé, bafoué et méprisé. Son « en même temps » avait soi-disant vocation à trouver ses racines dans le gaullisme, qui entendait dépasser le clivage gauche-droite. Mais le « en même temps » de Macron est en réalité un moyen électoraliste. Il consiste à affaiblir des adversaires, à satisfaire des clientèles politiques, à multiculturaliser la France pour la dissoudre en tant que plateforme diversifiée dans l’Europe et dans le monde.
Emmanuel Macron ne supporterait pas aujourd’hui de poser des grandes questions aux Français par référendum. Comme les autres, il ne tient plus qu’au pouvoir, et à ses intérêts, se moquant bien du peuple et de ses attendus.
Aujourd’hui, peu de gens de gauche se réclament du Général. De fait, le général de Gaulle reste une icône pour les droites. Le problème est que je pense que plus personne aujourd’hui ne peut plus s’en réclamer parce que trop de politiques ont transigé avec le gaullisme historique.
En 2027, parce qu’il est déjà trop tard, il faudra que le peuple décide massivement de porter au pouvoir un candidat ou une candidate capable de poser des questions au peuple par référendum et de démissionner en cas de désaccord.
Car le gaullisme, n’était pas qu’une ambition politique. C’était aussi le sens des enjeux, de l'honneur et du sacrifice, le refus de la défaite, le souci du destin français, l’appel au sursaut, l’aptitude à entrer en résistance face aux bouleversements, la capacité à se relever ensemble après avoir touché le fond, un bloc de valeurs, le respect de la souveraineté du peuple et de notre identité. Le gaullisme, c’était l’État stratège, efficace et impartial, la nécessité d’une gestion saine des finances publiques et d’une économie solide et indépendante, conjuguées à la justice sociale.
Intellectuel dans l’action, le général de Gaulle n’a jamais séparé l’exigence de réfléchir de la nécessité d’agir.
« Le gaullisme sans de Gaulle, je n’y crois pas ! », s’écriait le Général. Le gaullisme n’est pas obsolescent. Il est plus que jamais utile pour faire face à tous nos défis. Utile, donc, mais dans sa vraie version, sa version originale qui doit nous inspirer et qui devrait permettre de rassembler « toutes les droites ».
La pensée et l’action du général de Gaulle restent une référence et un exemple quand la France a perdu son âme et que son destin est en jeu. Encore faut-il le vouloir et pouvoir s’y tenir. Car le gaullisme a aussi été une promesse de victoire.