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6 janvier 2023

La sinécure bruxelloise…

Pierre Duriot

Les contribuables européens se plaignent, à juste titre, que leurs augmentations de salaire ne suivent pas l’inflation et que leur pouvoir d’achat diminue. Quelques salaires suivent pourtant le niveau galopant de l’inflation et en particulier ceux des fonctionnaires européens. À commencer par celui de la commissaire en chef von der Leyen, dont le salaire a automatiquement augmenté au début de l’année 2023. Son salaire de base augmente de 2044 euros, par rapport à 2021, passe à 31 250 euros et dépasse les 30 000 euros pour la première fois. Il y a également quelques avantages en nature. Ses camarades commissaires européens ordinaires reçoivent 1 667 euros de plus et gagnent maintenant jusqu’à 25 475 euros. Les indemnités des 705 eurodéputés augmentent de près de 700 euros, passent à 10 495 euros par mois et dépassent ainsi les 10 000 pour la première fois.

Les 50 000 employés de l’UE vont avoir droit à une deuxième augmentation de salaire en six mois, de 7 %. Ces fonctionnaires de l’UE, déjà très grassement payés, bénéficient d’un ajustement automatique, en raison de l’augmentation du coût de la vie. Leur rémunération a été augmentée de 2,4 %, en juin, avec effet rétroactif, à partir de janvier 2022. La nouvelle augmentation s’applique elle aussi rétrospectivement, depuis juillet 2022. Pour ces fonctionnaires, l’augmentation est de 214 euros, pour les plus petits salaires, qui passent à 3272 euros et de 1483 euros, pour les plus gros salaires, qui passent à 22 646 euros. À ajouter à cela, en net, des primes et allocations défiscalisées.

Les fonctionnaires et les travailleurs des différents pays européens savent pourquoi ils se serrent la ceinture. À défaut de voir directement les effets positifs de la structure supranationale sur leur porte-monnaie, ils peuvent en mesurer les effets négatifs, dont Bruxelles ne s’est pas trop vanté. Au RPF, nous sommes pour les souverainetés nationales, mais aussi pour les collaborations entre États, mais pas à ce prix. Comme sur beaucoup d’autres sujets, il faudrait impérativement un audit, parce que la question qui se pose au niveau national se pose aussi au niveau européen : où passe l’argent ?

4 janvier 2023

Coïncidences : on a arrêté le Médiator pour moins que ça…

H16

L’année 2022 s’est achevée sur un constat : de nos jours, il n’y a plus un seul lieu qui soit vraiment sûr et si, jadis, le lit constituait l’endroit où l’on mourait le plus, il est clair qu’à présent, la mort peut frapper bien plus soudainement, à n’importe quel moment, plusieurs fois devant un ballon, dans des hôpitaux, à la télé ou dans une voiture, sur le plancher des vaches ou en plein vol commercial… Décidément, la mort subite concerne maintenant tout le monde, tout le temps et aucun endroit n’est épargné.

La communauté scientifique a été, un temps, quelque peu déconcertée : pourquoi diable observe-t-on une telle recrudescence de ces morts soudaines ? Oh, bien sûr, il est évident que la presse, toujours friande de sensations fortes (et définitives) s’empresse de rapporter toutes ces occurrences même lorsqu’il n’y a, en réalité, rien d’anormal à tel point que la titraille n’hésite plus à se parer d’un “soudainement” même lorsqu’il s’agit de personnes âgées ayant amplement passé l’espérance de vie, ce qui noie malencontreusement les autres cas où des enfants, des adolescents ou de jeunes adultes en pleine santé décident de ne pas se réveiller un beau matin sans prévenir.

Cependant, après de minuscules minutieuses recherches, la communauté scientifique et les experts de médias de grand chemin se sont ressaisis, et des explications solides ont été trouvées : il devient maintenant assez clair que, depuis quelques mois, ces morts soudaines sont liées au changement climatiqueeh oui, les températures trop chaudes ou trop froides déclenchant apparemment des crises cardiaques inopinées, c’est ainsi… Ou alors, à une surconsommation de café, de jeux vidéos ou d’édulcorants.

Une chose est certaine : tout ceci n’a absolument aucun lien, même vague, avec quelque expérience que ce soit en cours à l’échelle de toute la population, et tout au plus peut-on parler de coïncidence.


Toute coïncidence bue, on doit cependant noter que les occurrences de myocardites et de péricardites ont clairement augmenté dans la population occidentale sur (au moins) les douze derniers mois (comme on pourra le constater sur ces deux études, s’ajoutant aux nombreuses autres parvenant aux mêmes conclusions), à tel point d’ailleurs que ces deux termes, quasiment inconnus du grand public avant 2021, sont devenus bien plus courants.


Et le problème, c’est justement lorsqu’on commence à éplucher les expériences personnelles, les témoignages maintenant nombreux, les études, les chiffres et les statistiques qui s’accumulent un peu partout, on revient à la conclusion (déjà mentionnée à plusieurs reprises dans ces colonnes par le passé) que ces vaccins présentent maintenant des taux d’effets secondaires trop élevés pour qu’on puisse continuer à les administrer comme on le fait encore actuellement.

Cette affirmation ne devrait, en ce début d’année 2023, plus faire débat et ne devrait faire mousser aux lèvres que ceux qui continuent de braire “sûrs et efficaces” en refusant les éléments factuels, pourtant assez peu complotistes, qui s’accumulent en ce sens ; en effet, sans même lancer la moindre hypothèse sur des effets iatrogènes à plus long terme, l’expérience actuelle sur les injections à ARNm aurait été jugée il y a quelques années beaucoup trop risquée compte tenu du profil de risque actuel.

Historiquement, des vaccins présentant des profils d’effets indésirables beaucoup plus faibles ont déjà été retirés, comme celui contre la grippe porcine de 1976 qui a été interrompu en raison d’un risque de syndrome de Guillain-Barré de 1 sur 100 000. Avec 1 risque de myocardite pour 3000 injections, on est bien au-delà.

Par exemple, en Allemagne, il apparaît assez clairement que l’augmentation des myocardites se produit après l’introduction des injections ARNm, et pas du tout au moment de l’épidémie de COVID elle-même : les taux de myocardite ont bondi de plus de 75% après le début des campagnes de vaccination. On aura du mal à pousser ça dans les bras du COVID tant ces myocardites ont chuté au début de la pandémie et ont même continué à baisser pendant quelques mois par la suite (de mai à septembre 2020)…


Du reste, le schéma est globalement le même en France, où l’année 2020 fut plutôt normale en terme de myocardites, au contraire de 2021 :


Or, de façon intéressante, les autorités sanitaires allemandes ont clairement attribué la mort de plus de 250 personnes aux injections ARNm. Pour rappel, les autorités françaises avaient attribué 30 décès au Médiator sur la période de 1976 à 2009 et cela avait suffit à en retirer l’autorisation de mise sur le marché, et avait conduit les mêmes autorités à lancer des poursuites contre le laboratoire Servier qui produisait ce médicament à l’époque. On connaît la suite.

Devant les chiffres actuels où plus de 250 personnes en Allemagne sont mortes directement à cause de ces injections (et au moins autant en France), n’est-il pas grandement temps d’en demander l’arrêt, et de s’interroger sur la pertinence de poursuites judiciaires alors que ces chiffres sont en réalité connus depuis des mois et que chaque semaine qui passe augmente mécaniquement la probabilité de nouveaux décès ?

D’autant que, pendant qu’on s’interroge finement sur les risques (avérés maintenant) de problèmes au muscle cardiaque provoqués par ces injections expérimentales, les recherches continuent sur leur mode opératoire exact. Il faut en effet comprendre que les affirmations commerciales de Pfizer et de Moderna ont été progressivement battues en brèche : alors que leur produit devait empêcher infection et transmission, la réalité s’est jouée des brochures sur papier glacé. Alors que le produit ne devait pas quitter la zone d’injection, on a commencé à le retrouver un peu partout dans le corps. Alors qu’il n’était censé être produit que pendant quelques semaines, plus aucun représentant officiel de ces entreprises ne s’aventure à donner une période précise pendant laquelle la protéine de pointe est produite : un mois, trois mois, un an, dix, allez savoir…

Et surtout, alors que cette protéine de pointe ne devait pas se retrouver dans le noyau cellulaire, des études (dont celles de Pfizer) montrent qu’elles se retrouvent effectivement dans le noyau… Ce qui est très problématique puisque tout indique à présent que cette spike est assez fermement antagoniste à la production de la protéine p53. Cette dernière est très importante dans la réparation cellulaire, et empêche à ce titre l’apparition ou le développement de cancers dans notre corps.

L’avenir nous dira si l’on arrive encore à justifier la rapidité avec laquelle ces injections furent lancées sur le marché puis quasiment imposées, de façons plus ou moins vicieuses, à une vaste portion de la population. L’année 2023 permettra certainement d’y voir plus clair.

Parions cependant que d’autres morts soudaines émailleront l’actualité…


2022-2023 : Vivre et aimer au temps de l'interminable effondrement occidental

Anne-Sophie Chazaud


Semblablement à la nuit de Noël, je m’étais dit que le changement d’année serait peut-être l’occasion d’un miracle et que soudain tout changerait. J’ai donc attendu que celui-ci se révèle à nous et vienne inverser la course à la fois grotesque et folle dans laquelle notre société semblait résolument engagée, avant que de vous adresser mes vœux circonstanciés. Las ! C’est reparti de plus belle et cette attente-là aura été vaine.

À peine avons-nous eu le temps d’éponger notre Champagne et nos libations que le maire (socialiste, faut-il le préciser) de Pantin change le nom de sa ville (son vil ?) en Pantine, ce qui permettra très sûrement de lutter pour l’égalité hommes-femmes et surtout de réduire avec efficacité l’explosion des violences faites à celles-ci. Tremble Poutine, Pantine veille ! Après tout, certaines petites-bourgeoises oisives proposaient bien d’élargir les trottoirs quand les clownesques édiles lyonnais (de la bonne ville de Lyonne) s’engageaient avec entrain pour des pistes cyclables non genrées alors même qu’il n’était plus trop possible de traverser la Guillotière sans risquer de s’y faire qui égorger, qui dépouiller, qui violer, qui harceler dans le meilleur des cas… Chacun ses petites priorités.

Je m’étais hier soir, à la vue de cette information, félicitée que le maire de Pantin ne le fût point de la Tour du Pin, puis les réseaux ont regorgé de propositions salaces de la même veine, étant entendu qu’il vaut mieux en rire…

Il m'a semblé que cet énième épisode témoignant de l'ineptie gauchiste (dont je répète à travers le désert qu’elle ne fait que nuire continuellement aux causes qu’elle prétend défendre et auxquelles, pour la plupart, je souscris) pouvait finalement servir de bon appui et de parfait symptôme de la déliquescence de notre monde et que l’on me pardonne cette sémantique décliniste parfaitement assumée, alors même que j’aborde pourtant cette nouvelle année dans la plus grande joie.

Si je ne fais plus beaucoup d’articles dans la presse fustigeant lesdites stupidités gauchistes c’est qu’il me semble que nous avons en réalité tout dit sur le sujet et que l’on est souvent contraint d’y jouer une sorte de comédie dans un jeu de rôles pathétique et caricatural opposant de pseudo-réacs à de pseudo-progressistes. Je pense avoir suffisamment fustigé toutes les formes du gauchisme culturel pour ne pas souhaiter poursuivre indéfiniment dans cet exercice (autrement que sous la forme toujours appréciée de l’humour).

Par ailleurs, bien que le réservoir à stupidités du wokisme soit inépuisable sous de multiples formes possibles, sur le fond, nous savons très bien, tous, ce qu’il faut en penser, nous savons que la bêtise, l’inculture, le désœuvrement et la paresse de cette petite-bourgeoise métropolitaine encore sur-représentée (par accident et plus pour très longtemps) dans les sphères de « fabrique de l’opinion » sont la forme la plus visible et la plus ridicule d’un effondrement occidental beaucoup plus profond et d’une importance autrement moins anecdotique.

Nous avons tout dit, les gens savent ce qu’il faut en penser, et pourtant, nombre d'entre eux élisent ce genre d’individus.

De la même manière, 2022 restera à mes yeux, avec la réélection d’Emmanuel Macron en dépit de son bilan calamiteux dans à peu près tous les domaines, la preuve que les gens SAVENT, connaissent le réel, et que, pourtant celui-ci n’a plus aucune importance ni aucune prise sur l’action publique et sur les décisions des uns et des autres.

Je m’amuse bien sûr de ce que certains qui ont réélu Macron soient à présent les premiers à couiner contre sa néfaste réforme des retraites, laquelle était pourtant parfaitement annoncée dans son programme de campagne. Il est vrai que les idiots utiles de la Macronie pensaient pouvoir élire (sic) Mélenchon Premier ministre… On leur suggère de garder leurs nez de clowns jusqu’à Mardi Gras, ce qui permettra de faire quelques économies de déguisement.

Les gens savent, donc, sur tous les sujets, et cela ne change rien. Il s’est même trouvé des Gilets Jaunes éborgnés pour revoter Macron (la piste du sadomasochisme n’est pas à exclure…).

Le Président à la houppette changeante peut bien ensuite aller raconter n’importe quoi pour ses vœux dans le CDI du Collège Georges Brassens de la Patte d’Oie d’Herblay ou de Triffouillis les Olivettes (chauffé, le CDI ?), cela ne changera de toute façon rien puisque rien ne change plus rien et que la connaissance du réel n’influe plus sur rien. Du reste, en vérité, qui l'écoute encore réellement?

C’est cela que je retiens de 2022 et très vraisemblablement d’une manière générale du moment de crise profonde dans lequel se trouve l’Occident : le réel n’a plus de prise, n’a plus d’importance et sa connaissance argumentée, réfléchie, dialectisée, contradictoire, n’est plus là pour venir éclairer ni le Prince ni le citoyen, le fameux "lecteur-électeur" cher au regretté philosophe Robert Damien. Les Lumières se sont éteintes, aux sens propre comme figuré. Toute personne qui s’efforcera de procéder de manière rationnelle à l’examen contradictoire des faits sera qualifiée de « complotiste », de « poutiniste » ou du bon vieux « fasciste », ce qui n’a aucune autre valeur intellectuelle que d’empêcher le débat éclairé d’avoir lieu sur quelque sujet que ce soit. Vous pouvez bien écrire des essais, vous échiner à faire des thèses, chroniquer l’actualité du matin au soir, hanter les plateaux télé, saturer les réseaux sociaux, tenter d'éclairer les citoyens par des analyses étayées autant que vous voulez : j’ai acquis la certitude qu’en l’état actuel de la pensée occidentale effondrée (déconstruite) cela ne sert strictement plus à rien, d’autant que nous avons déjà tout dit et qu’il n’y a juste plus qu’à agir, pour le moment chacun dans sa sphère propre et avec ses proches en attendant le big crunch qui ne sera du reste peut-être pas spectaculaire mais plutôt en forme de grotesque chose bouillie et progressivement informe.

Il est impossible et vain de dresser ici le catalogue exhaustif de toutes les folies qui témoignent de cet état de fait, de cet abolissement du réel, mais je retiendrai toutefois quelques exemples emblématiques.

Quoi que l’on pense du régime poutinien (et je suis suffisamment critique à l’égard des malfrats de Wagner pour me permettre cette observation), ne pas être en capacité de comprendre la redistribution des rapports de force mondiaux (marginalisation de l’Occident) qui est en train de s’opérer et dans lesquels l’affaire ukrainienne n’aura été qu’un épisode mineur sur lequel l’Europe se sera focalisée et par lequel elle se sera méthodiquement suicidée dans un sens en permanence contraire à ses intérêts les plus évidents et les plus élémentaires, est un premier exemple de cette cécité au réel. La crise énergétique que nous subissons du fait de la bêtise et de la crapulerie de nos dirigeants n’est elle aussi qu’une conséquence logique de cette incapacité à simplement voir et comprendre le réel sur lequel nous avions pourtant prévenus : comprenez bien que si nous en sommes là c’est également parce que nous sommes dirigés par des personnes qui ont pensé intelligent de donner des gages et de conditionner l’avenir des Français à des semi-cerveaux capables de rebaptiser leur ville Pantine. C’est cela la réalité. Nous le savons, et pourtant cela n’a rien changé.

Un autre exemple de cette bascule de notre société dont j’ai eu l’occasion de dire qu’elle était de l’ordre de la « post-vérité » est l’absence quasi-totale d’effets des gigantesques scandales révélés par les #TwitterFiles.

Tout ce que nous expliquions quant à la manipulation savamment orchestrée des scrutins par ce que nous appellerons un peu grossièrement et par commodité le « camp du Bien », absolument tout y est confirmé et prouvé. Qu’il s’agisse des processus électoraux, de la manipulation de l’opinion publique, de la censure parfois la plus grossière, de l’agenda woke savamment encouragé, de la désinformation au sujet du covid et j’en passe sur des dizaines et des dizaines de sujets : absolument tout est désormais prouvé et confirmé et pourtant cela ne change rien alors que dans n’importe quelle autre époque cela aurait entraîné une révolution.

L’Occident est sorti du régime politique et épistémique qui le liait à la vérité.

Non pas que le mensonge n’existât pas, bien sûr, auparavant. Mais le mensonge lui-même suppose la vérité et sa connaissance et c’est par rapport à ces dernières qu’il s’élabore. Là, à présent, nous sommes dans un moment de moisissement intellectuel et théorique de l’Occident tel qu’il n’est finalement plus besoin de mentir puisque, même révélée, la vérité, l’appréhension du réel, n’ont plus d’importance ni dans la décision publique, ni dans les décisions de vote.

Dans ce contexte sinistré, il m’apparaît que ce que nous avons de mieux à faire est de nous préparer pour la suite à titre personnel et au regard des gens qui nous entourent. C’est d’ailleurs ce que beaucoup de Français ont d’ores et déjà commencé à mettre en place.

L’effondrement total des missions régaliennes de l’État, là encore, est connu, et pourtant cela ne change rien : établissements scolaires qui ne peuvent plus se chauffer, établissements sportifs en berne, professeurs sous-qualifiés, élèves désinstruits, artisans contraints de mettre la clé sous la porte, insécurité devenue simplement délirante, personnes âgées violées, agressées désormais de façon hebdomadaire, agressions, hyper-violence tous azimuts, églises qui continuent d’être saccagées, brûlées (à propos, où en sommes-nous de l’enquête sur l’incendie de Notre-Dame de Paris ?). L’hôpital et le secteur de la santé qui étaient l’un de nos plus beaux fleurons sont au bord du précipice et, comme tout le reste, dans un état de tiers-mondisation impensable il y a encore 20 ans. L’État ne contrôle tout simplement plus rien si bien que l’on se demande par quel miracle les choses parviennent encore à tenir un tout petit peu et jusqu’à quand…

Beaucoup savent cela, les constats sont clairs, et pourtant cela ne change rien. Ce réel, là encore, ne change rien, n’a plus de valeur.

L’effondrement du sens se répercute sur l’appauvrissement préoccupant des formes symboliques (esthétiques et dialectiques) de notre civilisation. La consécration du style inexistant d’Annie Ernaux en est une des illustrations (et même pas la plus nulle).

Sur cette base, il est difficile de se souhaiter vraiment une bonne année.

On devrait surtout se souhaiter du courage, s’organiser dans nos propres environnements.

À titre personnel, comme vous avez dû l’observer, je vois de moins en moins souvent l’intérêt de continuer de commenter et analyser l’effondrement de façon frontale, comme je le faisais depuis longtemps, sachant que nous avons tout dit déjà. C’est une des raisons de la raréfaction de mes interventions publiques : je ne vois pas d’intérêt à ce que nous soyons condamnés au radotage et à la rumination stérile. Aussi bien, sinon, pourrions-nous passer encore toutes les années qui viennent à commenter chaque gogolerie wokiste ou à fustiger la désinformation ambiante et l’on aurait tôt fait, centenaires, de se retrouver à compter nos likes avec nos doigts osseux en redisant ce que l’on avait déjà dit un demi-siècle plus tôt, étant entendu qu’on serait alors méthodiquement passés à côté de nos vies pour rien. Ou alors, juste pour satisfaire une forme de narcissisme résiduel et illusoire. J'ai sur ce plan assez donné et assez reçu.

Alors je vous souhaite de la vertu (au sens de la puissance), de l’effort physique et sportif, de la santé, une vie spirituelle riche, pour ceux qui le peuvent une foi ardente et dynamique, qui donne de la force, le courage d’aimer, surtout, plutôt que le fatalisme dépressif, car c’est particulièrement courageux d’aimer, par les temps qui courent et c’est une forme de lâcheté que de s’y dérober. Avoir, bien sûr, la lucidité minimale d’organiser notre sécurité et notre défense (certes par les moyens légaux…) car nous savons bien que la Justice, elle aussi, quand par miracle la police est parvenue à remplir sa mission, n’a plus ni l’envie ni les moyens d’accomplir la sienne (protéger les citoyens). Bref, vivre, et survivre.

Je vous souhaite donc une année d’action et de méditation et je pense que le moins nous serons présents sur les réseaux, le plus cela aura, lorsque nous y serons, du sens, tandis que le reste de notre vie doit s’employer à commencer à infléchir un réel que nous devons nous efforcer de regarder en face, dans l’action. Je pense aussi que les formes symboliques un peu décalées en lieu et place des bonnes vieilles chroniques frontales seront probablement, par la métaphore, par l’ironie, par le travail de l’écriture, les plus à mêmes capables de nous donner un levier sur ledit réel et, au moins, de l’apercevoir révélé en anamorphose là où le brouhaha d’une parole publique devenue inaudible ne permet plus de rien comprendre (d’où mon choix d’illustration par les fameux Ambassadeurs de Holbein).

Je me suis battue, beaucoup, à un moment de ma vie pour aider à faire sauter les digues qui pesaient sur la liberté d’expression depuis plusieurs décennies de totalitarisme gauchiste. Je pense à présent non pas qu’il faille revenir à une quelconque forme de censure, bien sûr, mais que plus nos paroles seront rares, pesées au trébuchet et nourries spirituellement, poétiquement et intellectuellement, plus elles retrouveront de la vigueur et du sens.

C’est en tout cas l’objectif que je me suis fixé cette année, en votre compagnie bien sûr, chers lecteurs auxquels je suis très attachée.

Amicalement

ASC

LE FRANÇAIS, CETTE LANGUE QUI DÉPÉRIT

Radu Portocala

On me parle avec un certain étonnement d’un adulte roumain qui s’est lancé dans l’étude du français. C’est, en effet, chose rare. Le français n’intéresse presque plus personne en Roumanie. Ni ailleurs, hélas !… On lui préfère l’anglais appauvri et approximatif, dont des mots et des expressions importés sans aucun besoin sont entrés dans le fond lexical autochtone et raclent l’ouïe des grincheux et des anachroniques.
Autrefois, on parlait beaucoup le français en Roumanie. C’était une preuve de culture, de civilisation. Le régime communiste, après la guerre, l’a évincé, on ne l’enseignait plus à l’école. Il était devenu symbole de « décadence bourgeoise », d’« exploitation capitaliste », de « cosmopolitisme » – et, pour les communistes, accuser quelqu’un de cosmopolitisme était aussi grave, si ce n’est plus, que l’est aujourd’hui d’accuser de complotisme. Le Lycée français et l’Institut français de Bucarest, dont les nouvelles autorités ont prétendu qu’ils faisaient de l’espionnage, ont été fermés en 1948, et les étudiants qui fréquentaient la bibliothèque française ont été envoyés se changer les idées en prison.
Pourtant, le français a survécu. Les vieilles dames de l’ancienne bonne société, réduites à la misère, donnaient clandestinement des cours de français, s’offrant ainsi un mode subreptice de survie et assurant, par là même, la survie d’une langue dont l’usage aidait les Roumains à maintenir un lien avec le monde qui, brusquement, leur avait été interdit. Avec leurs racines latines aussi, car la langue roumaine, soumise au cours du temps à tant d’influences, a été re-latinisée, à partir du XVIIIe siècle, par les jeunes Roumains dont les familles avaient les moyens de les envoyer étudier à Paris. Jamais la francophonie n’a eu de si bons, de si zélés ambassadeurs que ces vieilles dames qui cherchaient à ne pas mourir de faim.
En décembre 1989, quand nombre de journalistes français se sont rendus en Roumanie à la recherche d’une vérité qu’ils n’ont jamais trouvée sur le renversement de Ceausescu, ils furent étonnés de constater que de très nombreux Roumains parlaient le français. Le parlaient encore… Car, tournant le dos au grand frère soviétique, ils se sont jetés dans les bras du nouveau grand frère américain et ont été happés par son empire linguistique producteur d’un parler bâtard. La France – jadis appelée « la grande sœur latine » – et le français n’ont pas su les intéresser.
Curieusement, c’est au moment où la Roumanie s’éloignait du français qu’elle a été reçue dans l’Organisation internationale de la francophonie. Ce n’était, pour elle, rien de plus qu’un appui sur lequel elle savait pouvoir compter en vue de l’admission plus rapide dans l’Union européenne. Mais aussi l’occasion de créer quelques postes pour des bureaucrates qui en avaient grand besoin.
Pendant l’année où j’ai dirigé l’Institut culturel roumain de Paris, il y a de cela trois lustres, j’ai été convié à plusieurs réunions au sujet de la francophonie. Bavardage et vœux pieux. Et beaucoup d’argent dépensé, bien entendu. Cette année-là, Bucarest accueillait l’inutile Sommet de la francophonie, et il fut ouvert par un président roumain qui ne parlait pas un mot de français.
Beaucoup de gens dits sérieux gagnent bien leur vie en brassant de l’air dans les diverses instances de l’Organisation internationale de la francophonie, se démenant à bureaucratiser la langue, à la transformer en passe-temps pour fonctionnaires faussement occupés. D’ailleurs, l’Organisation n’est plus ce qu’elle était. Puisque la France n’est plus grand-chose et que le français n’intéresse plus grand-monde, autant remplacer la défense de la langue française par la promotion de la langue de bois. Elle s’occupe maintenant de la promotion de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme, du développement durable, de l’écologie, du développement local et solidaire et autres sujets du même genre, qui ont l’avantage de permettre à des gens inutiles de se donner de l’importance et de justifier les plus abracadabrantes dépenses somptuaires.
Si on compte ceux qui, le long des siècles, par leurs écrits, ont fait de la langue française cette merveille que nous connaissons encore, ils sont probablement moins nombreux que les gratte-papier pompeux et les moulins à paroles qui prétendent aujourd’hui la défendre. Pendant ce temps, en France même, on malmène la langue, on l’idiotise, on la soumet aux délires idéologiques les plus divers, on la simplifie au bénéfice de ceux qui n’ont aucune envie de l’apprendre. Si le français ne rayonne plus, c’est parce que la France, petit à petit, s’éteint, et que sa culture, qui fut immense, s’abaisse petit à petit, n’aspirant plus qu’au niveau de l’étal de supermarché.

3 janvier 2023

Denis Collin

Je ne connais pas Bastien Vivès, je me contente de conseiller la lecture de la chronique de Pierre Jourde dans l'Obs.
Nous sommes en effet confrontés à une offensive des petites fascistes d'extrême-gauche particulièrement inquiétante. Ils ont obtenu la déprogrammation de cet auteur de BD pour outrage à leurs bonnes mœurs. Demain, ils demanderont l'interdiction des œuvres de Sade ou de ses illustrateurs comme Crepax. Et après-demain, ils mettront sur pied la police des mœurs comme à Téhéran. Ces petites frappes ont publié dans Mediapart, l'organe du frère Edwy Plenel, grand défenseur du voile et de l'islamisme. Cela n'a rien d'étonnant. Nouvelle confirmation de la prédiction de Pasolini : le nouveau fascisme s'appellera antifascisme.

- 2/1/2023 - Retraites et transition écologique : ce que veulent les barons-voleurs
Dans quelques jours, les Français sauront tout du plan gouvernemental pour piller leurs caisses de retraite. On le sait et le Comité d’orientation des retraites l’a dit et répété : il n’y a pas problème de financement des retraites. La réserve constituée à l’initiative du gouvernement Jospin et la décrue démographique – les « boomers » ont commencé à quitter la scène, nous permettent d’être serein à horizon prévisible. Mais cela n’empêche pas le gouvernement et ses supplétifs de LR de continuer à mentir comme des arracheurs de dents...

- 2/1/2023 - Aux États-Unis, la période de la fin du XIXe siècle est marquée par la dictature économique et sociale des « barons voleurs » (J.P. Morgan, Rockefeller, Ford, etc.) À l’époque, la présidence, le Congrès, la Cour suprême et les deux principaux partis, tous étroitement liés aux trusts industriels et financiers, avaient dû sévir pour sauver la réputation du système et garantir sa stabilité. (cf. Le Monde diplomatique, sept 2002). Les barons voleurs ont continué de dominer. En Russie, ils s'appellent oligarques et en Ukraine aussi. En France, ils n'ont pas de nom, mais sortent souvent de l'inspection des finances, ils colonisent les cabinets ministériels, ont tous un pied dans le monde des affaires et un pied dans le monde politique, ils jouissent d'une impunité à peu près totale. Ils préparent le casse du siècle en faisant main basse sur les retraites. On peut parler de "nos valeurs"... Éclater de rire ou s'effondrer en sanglots, il ne reste que ça. Allez, bonne année !


Vincent Verschoore

Effets de la hausse du prix de l'énergie, de la théorie à la pratique : la facture d'une boulangerie passe de 1.000 à 12.000 euros, du fait (surtout) du prix du gaz.

Au profit de qui ? Les pays producteurs (notamment Russie et USA), les fournisseurs d'énergie qui font des marges énormes, et ceux qui profitent de la délocalisation d'industries européennes dos au mur.

Pour les euro-atlantistes, cependant, la baguette industrielle (vu la faillite des autres) à cinq euros, c'est bon pour la démocratie.

Selon l'agence internationale de l'énergie (IEA.org), la fin probable du gaz russe en Europe en 2023 ne pourra pas être compensée par d'autres sources (notamment USA et le super écologique gaz de schiste liquéfié et transporté par bateaux, lol).

En 2021 l'Europe consommait 115 milliards de m3 de gaz russe. En 2022, 60 milliards de m3. En 2023, vu le refus des Russes de vendre du gaz aux pays qui imposent un prix plafond, cela pourrait être proche de zéro, avec un "trou" de 30 milliards de m3 du fait des limites de capacité des fournisseurs alternatifs.

Il faudra des années pour remplacer le gaz avec du renouvelable. En attendant, après les chèques énergie, on peut s'attendre à la distribution de coupons alimentaires.

MEILLEURS VOEUX

Gabriel Nerciat

Bon, on ne va pas se mentir : comme chacun sait, l'année 2023 risque de ne pas être très fameuse sous nos cieux, à tous égards.

Mais ce n'est pas une raison pour déroger à la coutume, ou se morfondre dans le cabinet privé du désespoir.
 
Disons-nous plutôt que chaque bonheur fortuit, prémédité ou inattendu dans les douze mois qui viennent nous procurera un plaisir décuplé par rapport à ceux des années fastes.

Même l'oie innocente dont je dégusterai le foie dans un an (enfin, si tout va bien) connaîtra d'ici là ses heures voluptueuses ou insouciantes ; elle aurait bien tort de ne pas savourer la douceur du temps qui lui reste.
 
Donc, le plus sincèrement du monde, heureuse année à tous, chers amis.
 
Ne perdez jamais une occasion de joie, de volupté ou de bonheur.

DÉBUT DE L'ANNEE, FIN DE L'AMOUR

Gabriel Nerciat

Elle : Quoi, tu as souhaité la bonne année à mon ex ? Non mais ça va pas, la tête ?

Moi : Ben quoi, ce n’est pas parce que vous avez rompu que je dois forcément lui souhaiter malheur.

Elle : Mais c’est un salopard, un vrai connard en plus ! Tu devrais le savoir.
 
Moi : Tu ne disais pas ça il y a un an.

Elle : Il y a un an, j’étais encore amoureuse. Ce n’est pas la même chose.

Moi : Il fallait te faire vacciner contre l’amour ; c’était à la mode à l’époque.

Elle : Tu parles. A l’époque, j’étais naïve, et il en a profité. Et puis, ne crois pas : c’est un vicieux. Toi aussi, en fait, il se foutait de toi ; il ne pouvait pas te blairer. J’ai tout fait pour ne pas voir ce qui aurait dû me crever les yeux.

Moi : Mais non. Ce que tu aimais alors chez lui, c’est exactement tout ce que tu as appris à détester depuis. Il a modifié tes désirs et tes aversions, justement parce que tes goûts et ton caractère ont changé. Sans doute à cause de lui, certes, mais aussi à cause d’autre chose qu’il ne maîtrisait pas. Tu ne te connaissais pas assez bien, comme nous tous d’ailleurs, ou peut-être que c’est lui qui a fini par te connaître mieux que tu croyais te connaître toi-même.

Elle : Dis tout de suite que je suis une conne.
 
Moi : Quand il s’agit de nous et de nos sentiments, on est toujours un peu cons : on s’illusionne facilement sur ce que l’on veut ou ne veut pas. D’ailleurs, c’est toi qui l’as largué, non ? Pas l’inverse.
 
Elle : Il n’aurait plus manqué que ce soit le contraire.

Moi : Eh bien, tu vois, c’est bien la preuve que j’avais plus de raisons de lui souhaiter une bonne année qu’à toi. Pour toi, l’année commence assez bien, en fait. Tu es débarrassée de lui. Lui, c’est moins sûr.

Elle : Le pauvre chou. Tu vas le plaindre, en plus ?

Moi : Non, c’est moi que je vais plaindre. Tu ne m’as même pas souhaité une bonne année.

Elle : Va te faire foutre.

Dans la douceur hivernale, la météo sociale se dégrade brutalement

Yann Bizien

Règles de l'assurance chômage durcies à la veille de Noël, puis grève des contrôleurs de la SNCF, naufrage de nos boulangers, mesures d’urgence pour tenter de colmater les brèches sans traiter la cause du mal, médecins libéraux en crise, retour des Gilets jaunes sur le front, grèves annoncées sur une réforme des retraites prévue pour passer en force, les troupes ne sont plus tenues, le risque contestataire, social et politique augmente.
 
Le retour de l'inflation engendre des tensions majeures dans tout le pays. Pour le FMI, un tiers de l'économie mondiale va passer en récession en 2023, dont la moitié de l'Union européenne. Mais pas les États-Unis, qui sont pourtant la cause de nos difficultés et du chaos à l'est de notre continent.

Faire ses courses, faire le plein de son véhicule, prendre le train ou allumer tout simplement la lumière est devenu un luxe.
 
Les Français sont désespérés, exaspérés et à bout. Ils ne peuvent plus suivre et ils décrochent.
 
Même les esprits optimistes sont subitement gagnés par le doute.

D'où les inquiétudes du pouvoir sur la cohésion sociale et la montée du thème de l'unité dans les discours de vœux aux Français.
 
Nous sommes sur la pente d'un grand défi de cohésion, d’unité et d'avenir dans une société déjà poly fracturée avec un État en faillite.

Alors, allons-nous vers une mobilisation inédite, catalysée pour faire chuter un régime sans majorité absolue, en pleine déconfiture et en bout de course, ou s’agira-t-il de grands cortèges pour la forme ?

Car le citoyen a abandonné le champ politique. Il n’y croit plus. Il s'est enfermé dans une sorte de léthargie et ne se mobilise plus pour voter. Il est devenu avant tout un agent de consommation dont la priorité obsessionnelle est plus le pouvoir d’achat que la sauvegarde de la Patrie.

On a vu venir tous les germes du délitement et du naufrage français sans jamais avoir la volonté ni le courage de les traiter.

Le pouvoir redoutait cette échéance. Il multiplie les petites mesures et les petits chèques pour tenter d'acheter la paix et la tranquillité. Mais l’abîme est pourtant là, juste devant lui.

Yann Bizien

La préfète Marie Lajus a voulu faire respecter le droit et appliquer la loi. Mais elle a été disgraciée et "limogée" par le pouvoir sur insistance de quelques élus locaux soucieux d'ignorer la loi et le code de l'urbanisme.
 
Limoger : "Priver quelqu'un de son poste, de ses fonctions, en le déplaçant ou en le destituant" selon le Larousse.

J'ai connu des précédents. La méthode est brutale. Elle fait partie des attributs du pouvoir dans les ploutocratie autoritaires. Nicolas Sarkozy avait renvoyé de nombreux préfets.
 
Ce limogeage d'une préfète réputée professionnelle et intègre fait mal au cœur de tous ceux pour qui le droit et l'intérêt général signifient encore quelque chose face aux intérêts politiques, privés et particuliers.
Il est révélateur des priorités, de l'état d'esprit et du niveau de corruption de ceux qui nous gouvernent. Dans notre pseudo démocratie, ou dans notre république bananière, la malhonnêteté a encore de beaux jours devant elle, à tous les niveaux.