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9 janvier 2023

La constitution dévoyée…

Gilles La Carbona

Au vu du fonctionnement de notre pays, on peut se demander si nos institutions sont encore adaptées à une démocratie moderne. Avant toute chose, il faut bien comprendre qu’étymologiquement parlant, démocratie veut dire que le peuple gouverne, du moins qu’il prend part activement, aux décisions de la cité. Les démocraties modernes se sont complexifiées et pour contourner cette difficulté nous élisons des spécialistes, ou vendus comme tels, pour œuvrer à notre place. Enfin pour sécuriser le tout, les pays se sont dotés de constitutions, afin de donner un cadre juridique à l’ensemble et surtout d’établir la séparation des pouvoirs, socle d’une constitution.

Le problème en France c’est que nous assistons depuis plusieurs années à une confusion des genres. Le fameux régime mi-présidentiel, mi-parlementaire ne convainc plus. Taillées sur mesure pour le général de Gaulle, ces institutions ont depuis été plus que malmenées. Elles étaient basées sur l’indépendance et la probité de son arbitre, or il y a belle lurette que l’arbitre ne voit les fautes que dans un sens, et qu’il s’est empressé de cadenasser les fameux contre-pouvoirs. Macron a verrouillé le système judiciaire, notamment le Conseil d’État et surtout le Conseil Constitutionnel, s’est assuré, par la corruption, que la presse serait l’écho docile de sa vérité, et pour ce qui est du parlement, il s’en est de fait affranchi. Dans son premier quinquennat en ayant des députés à ses ordres, et aujourd’hui en laissant les oppositions faire semblant de se déchirer. Pendant ce temps, il débloque seul 30 millions d’euros pour aider ses amis milliardaires, détenteurs de la presse écrite, ou livre du matériel de guerre, pour le moment conventionnel à l’Ukraine, mais après tout, pourquoi ne décidera-t-il pas un jour de donner un sous-marin nucléaire, qui l’en empêcherait ? Il fait voter ses réformes en utilisant le 49.3, sans s’encombrer de débats compliqués, ou d’amendements contraires à ses objectifs, bref il gouverne seul. Mais en quoi cela est-il blâmable ? Montesquieu l’a martelé : « Tout homme qui a le pouvoir est poussé à en abuser ». C’est pour cette raison qu’il avait imaginé dans l’esprit des lois la séparation obligatoire des pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire. On a vu comment Macron les a neutralisés et ceux qui viendront prétendre qu’il n’en est rien, seraient bien inspirés de reprendre l’historique des faits et d’avoir à l’esprit que ce n’est pas parce qu’une décision est rendue au nom de la République, qu’elle est juste, ou absente de collusion avec le pouvoir qui a nommé ses membres. Le droit n’est pas une garantie de justice, il reflète simplement la pensée de celui qui édicte la règle ou la fait appliquer en interprétant les textes à sa guise. Mais encore une fois, Macron joue son jeu. Bien entendu les puristes défenseurs d’une idée virginale de la démocratie défendront le contraire. Ils auront raison, mais Macron aussi, il n’est qu’un humain porté à abuser de son pouvoir. Personne ne conteste aujourd’hui le fait qu’il n’a pas été élu pour sauver la France, ou les intérêts de notre pays, mais bien pour suivre le plan de la bande à Davos. Ses récentes saillies humoristiques lors de la galette des rois n’infirmeront pas cette vision. Il est dans son élément, celui du cynisme et de la provocation. Le plus dramatique ne vient pas de lui, mais bel et bien du pouvoir législatif qui ne remplit pas son rôle.

Force est de constater que Macron n’y est pour rien, enfin pas totalement, ne soyons pas naïfs à ce point. Si cette façon de gouverner est si déplaisante au peuple, elle ne l’est pas pour nos oppositions qui laissent faire. Il ne tiendrait qu’à elles de rétablir la séparation des pouvoirs et de faire en sorte que le législatif fasse les lois, et que l’exécutif se contente de les mettre en application. Hélas il n’en est rien, les pseudo représentants du peuple sont comme Macron, ils ne sont pas là pour défendre leurs électeurs et leurs désirs, mais pour conserver pendant cinq ans leurs privilèges, donc ils laissent faire. Ils s’abritent derrière les habituels couplets : « On ne peut pas voter avec la Nupes », ou dans l’autre sens : « On ne peut pas voter comme le RN ». Et si le peuple ose dire, comme le mendiant à Talleyrand « Monseigneur, il faut bien que je vive », il reçoit la même réponse : « Je n’en vois pas la nécessité ». Les boulangers, les restaurateurs et bien d’autres professions devraient garder en mémoire cette citation, car là est leur devenir.

Nous vivons dans l’illusion permanente et ce, à tous les niveaux. Celle d’être dans une démocratie respectueuse des droits et libertés, celle d’être dans un pays industriel aux ressources solides, celle d’être dans un système monétaire fort et stable, celle de posséder des services publics performants et suffisants. Mais tout ne tient que par un savant mélange de bonnes volontés et d’un miracle permanent, pour autant, la réalité va finir par rattraper tous ces acteurs endormis et le réveil sera brutal.

Le constat est sans appel, nos institutions ne sont effectivement plus adaptées au besoin de transparence et de justice que demande le peuple. Tant qu’un parti, mais peut-on encore croire en eux, n’aura pas dans son programme la refonte totale de ces dernières, nous subirons la loi du plus fort ou du plus rusé. L’exécutif est en roue libre et personne ne semble en capacité de l’arrêter, nous devrons donc boire la coupe jusqu’à la lie. « On ne refera pas la France par les élites, on les refera par la base », disait Bernanos… hélas cette prophétie ne s’est jamais réalisée il est à craindre qu’elle ne reste qu’un vœu pieu. Nous sommes condamnés à voir notre pays s’écrouler sous les jérémiades insupportables et répugnantes des oppositions, qui ne suscitent plus que le mépris. Le peuple de France est livré à lui-même.


8 janvier 2023

Marc Amblard



L’Intelligence Artificielle nous conduit-elle vers un monde totalitaire ?

Marc Alpozzo

Marc Alpozzo et Jean-Pierre Noté

On voit aujourd’hui, que certains transhumanistes, notamment dans la Silicon Valley en Californie, rêvent de cyborgs du futur, bardés de capteurs permettant de récolter en temps réel des informations sur l’état de santé de leurs organes, d’alerter en cas de problème les secours, ou encore d’augmenter leur espérance de vie, avec pour horizon indépassable à leurs délires transhumanistes, le désir d’éternité, donc l’abolition de la mort. Est-ce un rêve possible ou un cauchemar climatisé ? Nous en avons discuté avec Jean-Pierre Noté, qui vient de publier un roman fascinant sur le sujet.

Marc Alpozzo : Vous avez publié récemment un roman, Tantièmes. Un monde sans puss (Az’art atelier éditions, 2022) sur l’intelligence artificielle. Or, loin d’être aussi enthousiaste que l’est cette époque vis-à-vis des I.A., vous prétendez dans votre roman que l’intelligence artificielle a de fortes chances de produire un monde orwellien. Pourquoi ?

Jean-Pierre Noté : je ne parlerais ni d’enthousiasme ni de répulsion. Ou alors je parlerais successivement de ces deux sentiments opposés. Quand j’étais jeune homme, j’avais cette idée bien ancrée en moi que trouver l’information était difficile. On pouvait téléphoner aux « renseignements » pour avoir une adresse, se plonger pendant des heures dans l’Encyclopédie Universalis du lycée pour se faire une idée sur le peuple Dogon, rechercher dans ses vieux cahiers de mathématiques pour retrouver la formule du volume de la sphère, prendre un dictionnaire pour espérer convertir les pieds en centimètres, utiliser l’horloge parlante pour connaitre l’heure exacte à Moscou, attendre l’adorable météo marine sur France Inter avant de partir en voilier, ou bien faire le tour des pizzéria du quartier pour trouver la bonne. J’ai sauté de joie quand mon père est rentré à la maison avec « Le Quid », ce gros bouquin à entrées multiples avec ses ancêtres des liens hypertextes où l’on commençait à entrevoir une sorte de couteau suisse du savoir universel. Mais il ne se mettait à jour qu’une fois par an : la météo marine avait tout loisir de changer des milliers de fois, les villages Dogon pouvaient être déplacés pour mettre un barrage en eau sans qu’on n’en sache rien et une pizzéria du quartier se transformait en fleuriste sans prévenir. Puis sont venus le Minitel, Internet et, suprême luxe, sa déclinaison portable le smartphone. Aujourd’hui, nous avons le Monde dans notre poche, toujours à portée de nous en quelques touches ! Comment ne pas être enthousiaste ! Mycologue insatiable, je ne me serai jamais imaginé il y a 30 ans me promener avec les 10 kilos de l’atlas Romagnesi – la bible du mycologue européen – dans les bois pentus des Pyrénées. Aujourd’hui, il est dans ma poche comme tous les autres savoirs humains.

Imaginons que je clique sur l’appli du mycologue dans mon coin à morilles à 2300 mètres d’altitude, protégé de mes concurrents – et amis, ils ont la même passion – par les dénivelés impressionnants que j’ai franchis et par la profondeur insondable de la forêt de sapins. S’ils s’intéressaient aux champignons, Mr. Microsoft, Mr. Orange, Mr. Facebook ou bien M. Starlink découvriraient mes coins à morilles avec une précision au centimètre près. Passe encore pour les morilles, même si j’ai un peu de mal à l’accepter ! Mais, s’ils s’intéressaient non plus aux champignons mais à moi directement, je n’aurais plus aucun secret pour eux. L’idée d’être nu face à un Jeff Bezos ou tout autre inconnu n’est-elle pas glaçante ? Si j’étais prof de philo, voici la question que j’aimerais poser à mes élèves : « Elon le libertarien, Musk le liberticide ? »

M. A. : Cette référence à George Orwell n’est évidemment pas anodine, puisque l’on sait que l’écrivain anglais a écrit un roman d’anticipation, 1984, qui n’a jamais été aussi actuel. Or, vous mettez vos pas dans les siens, puisque vous proposez vous-mêmes un roman d’anticipation, qui mêle une grande entreprise multinationale américaine, qui s’appelle Babel, producteur d’une box connectée qui donne accès à tout, et qui traduit même en simultané un nombre impossible de langues. Cela nous fait évidemment penser à Google translator, mais aussi à Amazon, à Uber, etc. Quels sont les dangers selon vous, que nous font courir ces nouvelles entités internationales, que l’on rassemble sous l’acronyme GAFAM ?

J.-P. N. : Permettez-moi de commencer par ce qui semble n’être qu’une anecdote. Il y a quelques mois, un Président des Etats-Unis, à mes yeux indigne de cette fonction, a été banni de Tweeter. Je m’en suis immédiatement félicité. Comme beaucoup d’autres, j’ai fait mien le fameux raisonnement de Saint-Just, adapté aux circonstances : pas de liberté pour les ennemis de la démocratie dont procède cette liberté. Mais, à y regarder de plus près, je n’avais guère de raison de me réjouir ! Qu’on coupe aux Etats-Unis l’infernal gazouillis d’un Donald Trump comme on le fait par exemple en Europe avec de sinistres révisionnistes niant la Shoa est certes judicieux. Mais le procédé n’est pas le même dans les deux cas. Qui coupe ? Là est la question. Pour Donald Trump, c’est un patron d’une de ces entreprises mondiales qu’on appelle les GAFAM. Dans l’autre cas, c’est un juge qui applique une loi votée par un parlement élu. Qu’est-ce qui motive un dirigeant d’entreprise ? Sa morale, l’image de son entreprise, l’opinion de ses principaux actionnaires, le rendement des parts de ses derniers ? Un autre aurait pu tout aussi bien décider de ne pas stopper la logorrhée de l’ancien président car il aurait jugé que son intérêt personnel était de le laisser faire ou bien que ses principes s’opposaient à toute forme de censure. Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas plus voté pour le Guide Suprême iranien ou pour le président du Jockey club de ma ville que pour le directeur général de Tweeter. Or, qui sont ces GAFAM ? Ils règnent désormais en maître sur les autoroutes de l‘information, les câbles sous-marins et les flottes de satellites. Leurs comptes de résultat font pâlir la plupart des états. Ils forment sans doute les organisations les plus puissantes de la planète. La démocratie n’est-elle qu’une parenthèse qui se referme, laissant la place aux Jacques Cœur du XXIème siècle ?

M. A. : Dans votre roman, le personnage Aline, qui est une sorte de Wonder woman moderne, est convoitée par le PDG de cette entreprise internationale, qui répond à un drôle de nom, 3K, et on la voit aux prises d’un nœud gordien : faut-il céder au mondialisme de notre époque, ou pencher plutôt pour le terroir et le souverainisme ? Quel message passez-vous alors ?

J.-P. N. : Aline voit le monde comme un puzzle constitué de « business plan ». Son objectif est clair : avoir le plus gros. S’il faut pour cela privatiser les langues, s’emparer de l’Académie Française, introduire une interface homme-machine, c’est-à-dire une puce, dans le cerveau de milliards d’habitants, faisons-le. Aline et 3K vont imposer la connexion directe de tous les individus entre eux et les relier directement à toutes les bases de données. Comme lorsque MM Ford et Citroën ont imposé la voiture individuelle à la planète il y a un siècle, leur unique boussole était le profit. Une entreprise n’a pas d’opinion, elle n’a que des intérêts. Le capitalisme mondialisé est simple, voire simpliste. Les majors du pétrole continuent à extraire les énergies fossiles tant que cela reste plus profitable que de faire tourner des moulins à vent, Aline « puce ou chipe » la population à tour de bras, dans les deux cas en évitant soigneusement d’envisager toutes les conséquences.

L’opposition n’est pas entre mondialisation et terroir, mais entre mondialisation libérale et humanité. En effet, Aline recouvre toutes ses capacités cognitives quand elle se reconnecte à la nature. En dehors du monde monolithique de l’entreprise, dans la montagne chérie de son enfance, « hors connexion », elle réfléchit enfin comme un être humain peut le faire. Comme un Jim Harrison dans son Montana, elle retrouve toute son humanité en frottant sa peau au gneiss étincelant du Caroux, en plongeant dans l’eau froide des torrents ou en rusant avec les vipères.

M. A. : Votre roman est absolument passionnant, et je le recommande à tout lecteur qui aime l’anticipation. Modestement, certes, mais sûrement, il s’inscrit dans cette lignée des romans d’anticipation qui ont su voir venir notre nouveau siècle, comme 1984, mais aussi Le Troupeau aveugle, de John Brunner, ou Blade runner, de Philip K. Dick. Dans votre roman, vous parlez de drone, de box, de puces, de surveillance généralisée. Est-ce que le monde de demain vous fait peur ?

J.-P. N. : Est-ce vraiment un roman d’anticipation ? Comme dit Ray Bradbury, la science-fiction est un genre pour décrire la réalité. L’action de Tantièmes se déroule entre 2025 et 2030. Mais je me suis fait rattraper, et bientôt dépasser par la réalité. Neuralink, une des sociétés d’Elon Musk, encore lui, attend l’autorisation de la FDA (Food and Drug Administration) pour implanter les premières puces électroniques chez les humains afin de « mieux marier le cerveau et l’Intelligence Artificielle ». Il arrive probablement chez chacun de nous, et à chaque génération, un moment où l’on prend conscience que ce qu’on pensait éternel disparait, remplacé par un monde qui nous est étranger. Faut-il en avoir peur ou bien doit-on s’en remettre à la génération qui vient pour s’adapter, corriger, et même se rebeller quand il le faut ? Avoir peur du monde de demain ce serait manquer de confiance dans mes enfants et mes petits enfants !

M. A. : Lorsqu’on parle d’intelligence artificielle, on parle forcément de transhumanisme. On parle aussi d’augmentation de l’humain, et de posthumanisme. Pensez-vous que la question de l’humanisme ne s’est jamais autant posée aujourd’hui ? Ne pensez-vous pas que la véritable question, finalement, est celle aujourd’hui, du dépassement de l’homme comme fondement même de son humanité ?

J.-P. N. : Quand on parle « augmentation de l’humain » j’ai coutume de dire que l’humain a déjà bien augmenté. Prenons l’espérance de vie au XVIIème siècle en France : elle est d’une trentaine d’année à 25 ans. En d’autres termes, si on atteint l’âge de 25 ans on peut espérer vivre jusqu’à 55 ans. Mais l’espérance de vie à la naissance est inférieure à celle d’un individu de 25 ans ! Je suis jeune grand-père et ma petite fille de 3 mois est gratifiée d’une espérance de vie estimée à 96 ans. Voici donc une augmentation faramineuse de l’humain ! De quels progrès des mathématiques avons-nous été privés en 1832par la mort précoce à 20 ans d’Evariste Galois ? Et que dire des prothèses qu’on nous promet pour marcher, voir, entendre ? Alors, oui, je suis résolument pour l’augmentation de l’humain ! Mais la question est plus vaste : les progrès techniques et ceux de l’Intelligence Artificielle sont tels qu’on peut désormais imaginer créer des chimères humaines : un écrivain « universel » comme imaginé dans Tantièmes, une espérance de vie de 500 ans, un sprinter courant le 100 m en-dessous de 5 secondes, un joueur d’échecs infaillible, un tireur d’élite disposant de la vue perçante d’un aigle, un bébé sans grossesse…. Il y a tant de possibilités qui semblent désormais à notre portée. Imagine-t-on un match de Rugby ou chaque camp cache les données techniques de ces joueurs ? Au mieux cela ressemblerait à une course de formule 1, ce qui n’est déjà plus vraiment un sport, au pire à la guerre où tous les progrès techniques sont les bienvenus pour détruire l’adversaire. Et la guerre, la guerre technologique en particulier, n’en déplaise à Ernst Jünger, c’est la négation même de l’Humanité.

M. A. : Le transhumanisme rêve de nous affranchir de toutes les limites du réel. Dans votre roman, cette entreprise internationale propose toute une gamme de services, et notamment des traductions en simultanée, qui effacent toutes les frontières entre les hommes, Babel renvoyant évidemment au mythe de Babel dans la Bible. Mais les transhumains rêvent aussi de nous affranchir de la tyrannie de la maladie et de la mort. Pour cela, ils comptent s’appuyer sur les biotechnologies, et peut-être même effacer notre « date de péremption ». Sous couvert d’assurer et de favoriser notre bien-être et notre épanouissement, vous semblez dire, à juste titre, qu’en réalité, on nous prépare un nouveau monde plus totalitaire que tous les précédents. Est-ce vraiment le risque que l’on court avec toutes ces technologies de l’augmentation de l’humain ?

J.-P. N. : Oui, un monde totalitaire est une perspective tout à fait réaliste à cause du développement exponentiel de l’Intelligence Artificielle et de compagnies plus puissantes que les états démocratiques. Et l’on peut observer que des états non démocratiques utilisent les réseaux sociaux pour contrôler leur population. La démocratie n’est peut-être qu’une courte parenthèse dans le temps et dans l’espace. Alors, si on nous prépare un tel monde, il y aura comme dans Tantièmes et comme à chaque génération des résistants !

M. A. : Notre monde actuel connait deux tendances : les bioconservateurs vs les biolibéraux. Dans quel camp vous rangez-vous et pourquoi ?

J.-P. N. : Dans les biolibéraux, résolument ! Il faut laisser chercher, laisser trouver ! D’ailleurs les bioconservateurs ont perdu la partie avant même de la commencer : tout ce qui est possible de développer ou d’inventer sera développé ou inventé. C’est dans la nature même de l’homme depuis qu’il a taillé son premier biface. La question a toujours été l’usage que l’on fait du biface une fois réalisé.

M. A. : Où pensez-vous que se niche l’éthique dans ce monde où technologies convergentes, super intelligence, intelligence artificielle concourent à faire de la nature humaine une aporie ? Pensez-vous que l’humanité soit en danger de mort ?

J.-P. N. : Vous avez raison. La question est éthique. Quand j’exprime dans Tantièmes qu’une entreprise n’a pas d’opinion mais qu’elle n’a que des intérêts, cela fait écho au célèbre « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » de Rabelais. Une fois que l’on a dit que tout ce qui est à notre portée technique sera réalisé, il n’y a plus qu’à s’en remettre à l’éthique. Or, Aline démontre que le capitalisme mondialisé, volontairement simpliste et réduit au seul dogme du retour sur investissement n’en a pas. Eric Vuillard, dans « l’ordre du jour » décrit le mécanisme qui conduit les entreprises allemandes dans les années 30, à pactiser avec le diable au nom de ce retour sur investissement. L’humanité est toujours en danger de mort, hier comme aujourd’hui et ma petite fille, comme bien des humains avant elle confrontés à d’autres défis, a du pain sur la planche.

Propos recueillis par Marc Alpozzo


Wokisme, débandade idéologique

Jacques Cotta

L'année 2022 a été marquée par une offensive idéologique sous le vocable de "wokisme" et de "cancel culture", son bras armé. Certains faits peuvent sembler risibles, mais ils incarnent une décomposition avancée sur le plan idéologique, politique et moral qui conditionne l'avenir, notre capacité à nous rassembler pour mettre à mal la politique qui handicape la vie dans tous les domaines, tant sur le plan énergétique, sanitaire, financier, éducatif...



PAS D'ANNIVERSAIRE POUR CHARLIE

Gabriel Nerciat

Il y a exactement huit ans, jour pour jour, ont eu lieu les sanglants attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo, perpétrés par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly au nom d'Al Qaïda, en représailles contre la publication de caricatures jugées blasphématoires du prophète Mahomet.
À l'époque, je n'ai pas participé aux manifestations parisiennes qui ont suivi l'évènement, ni repris à mon compte le slogan "Je suis Charlie", inventé par le graphiste et publicitaire Joachim Roncin et devenu en quelques heures l'emblème de tout le petit Paris faussement bohème et rebelle des milieux cultureux progressistes (arboré de Clémentine Autain à Renaud en passant par Jean-Jacques Goldman et Jean-Luc Mélenchon, qui prononça l'oraison funèbre de Charb).
J'ai expliqué assez longuement ici pourquoi (si d'aventure cela intéresse encore quelqu'un), mais pour résumer l'affaire en deux mots je jugeais que ce mot d'ordre, proféré au nom de la défense de la liberté d'expression contre l'interdit du blasphème religieux, était surtout là pour occulter la vraie question que posaient de façon cinglante ces exécutions sommaires : celle de l'implantation d'un islam salafiste, révolutionnaire, sécessionniste, meurtrier et de moins en moins marginal au coeur même de la nation (les trois assassins étaient tous de nationalité française, nés et éduqués en Ile-de-France, sans aucun contact direct avec le monde arabe ou l'Afghanistan).
Huit ans après, je n'ai toujours pas changé d'avis, et ce n'est certes pas l'attitude ultérieure des actuels dirigeants du journal libertaire qui aurait pu y contribuer.
Comme prévu, on commémore chaque année en grande pompe les attentats (la République française est très forte en commémorations), mais rien de sérieux n'a été fait pour en combattre les causes.
Non seulement le salafisme et le frérisme sont devenus de plus en plus influents dans un nombre grandissant de villes et de banlieues françaises, dans l'indifférence générale ou au contraire avec la complicité active des pouvoirs publics et des élites assermentées (exemple entre mille : le 31 décembre dernier au soir, c'est avec l'aide affichée des imams de la commune que l'ancien député-maire chiraquien de Mantes-la-Jolie, Pierre Bédier, a entrepris de garantir la sécurité des biens et des personnes dans sa ville), mais même la décapitation ultérieure de Samuel Paty – qui n'aurait pas eu lieu sans les attentats de 2015 – a été très vite passée par pertes et profits.
Certes, les pouvoirs publics ne détruisent pas encore, comme les Woke anglo-américains, les statues de Voltaire, de Diderot, de Dante ou de Jules Ferry, mais on se contente de les mettre au grenier une fois qu'elles ont été nuitamment et régulièrement dégradées (cf. la pétition de Causeur).
À cela, la raison est simple : les deux grands courants de l'opinion éclairée favorables à la mondialisation (la libérale-européiste et la gauchiste-post-marxiste) savent très bien que celle-ci ne peut pas se poursuivre sans ou contre l'islam.
Donc, pour tout ce qui se flatte de défendre la liberté d'expression à géométrie variable (personne n'a manifesté ou pétitionné pour protester contre la censure de Russia Today, de Richard Millet ou de Gabriel Matzneff, entre autres exemples), les assassins de Charlie resteront à jamais là où, à leurs yeux, ils doivent être : dans l'ombre élargie et multiséculaire de Torquemada, Savonarole, Simon de Montfort ou saint Bernard de Clairvaux prêchant la croisade.
Argument sans cesse ressassé : le christianisme s'est assagi au bout du compte ; il en ira de même avec l'islam régénéré par son exil européen – dans quelques siècles.
La fin de l'Histoire reconnaîtra les siens, et d'ici quelques années les cadavres des uns et des autres ne se distingueront même plus.
Sous nos cieux, tout est bien qui finit bien, toujours.
Parce que comme disait Churchill au début de la guerre froide, il convient d'aller d'échec en désastre et de désastre en échec avec le maximum d'énergie possible.

Interview-choc de Jacques Myard, maire LR de Maisons-Laffitte, sur la situation en Ukraine et les relations avec les USA et la Russie.

https://www.youtube.com/watch?v=bntMAAItUDI


Pierre Duriot

Je me marre… les boulangers disparaissent, mais ils offrent une galette des rois à Macron et vont boire le coup avec leur bourreau. Les personnels soignants se sont fait foutre des doses d’on ne sait quoi dans le corps, ont vu leur camarades mis au ban, sont au bout du rouleau, ont eu interdiction de soigner et s’en vont écouter religieusement leur bourreau et encore, avec un masque, alors que lui n’en porte pas. Les coups de couteaux et les viols pleuvent sur nos concitoyens natifs, mais comme les bourreaux sont des « pauvres gens » d’importation, il ne faut pas se plaindre. C’est ainsi en Macronie, les bourreaux doivent avoir tout pouvoir et les ouailles, accepter en silence le mal qui leur est fait, pire, ils doivent trouver cela glamour, dans une inversion totale des valeurs, où les bourreaux sont érigés en victimes respectables. L’Antéchrist est au pouvoir…




7 janvier 2023

Radu Portocala

« 2022 pulvérise le record de l’année la plus chaude en France », annonce « Libération », fière de pouvoir nous faire part d’une nouvelle qu’elle tient pour catastrophique.
Autrefois, il y avait « Le vrai salaire des cadres », « Le prix de l’immobilier à Paris » et autres bêtises de la sorte, qu’on nous servait année après année, avec la monotone régularité des saisons. On les appelait, pour cette raison même, des « marronniers ». Depuis quelque temps, c’est la température qui hante les rédactions et qui supplée à l’absence d’imagination des journalistes. Ils aiment les catastrophes, même quand elles ne sont que fantasmées.
Comment sait-il, le génie qui a pondu ce titre et qui veut donner l’impression d’avoir scruté toute l’histoire de la France et de son climat, que 1047, par exemple, n’a pas été une année plus chaude que 2022 ? Que lui donne la certitude de son constat péremptoire ? Rien ! Une conviction, tout simplement, qui tient d’avantage de l’idéologie que d’une science exacte.
Le journaliste qui écrit de telles choses a un très grand avantage sur le lecteur à qui il les impose : il sait que personne n’ira perdre son temps à chercher les vieilles chroniques, les anciennes statistiques, pour vérifier et comparer. Il sait qu’il peut écrire n’importe quoi à ce sujet parce qu’il est hissé sur la barricade du climatiquement correct et que quiconque s’aviserait à le contredire serait éliminé promptement du débat, accusé de pratiquer le coupable scepticisme.
Son double rôle, qu’il joue avec la bénédiction de sa rédaction est de culpabiliser les uns et de terroriser les autres. Il s’en flatte. Quel privilège d’être parmi ceux qui savent le désastre à venir, de l’annoncer, d’appeler les foules ignares à la lutte pour la survie !
Pourtant, si on regarde les vieux livres, on apprend que la Seine a séché plusieurs fois aux siècles derniers. Rien à voir !, nous dira-t-il agacé. Et, déjà, il se prépare pour l’annonce qu’il fera d’ici un an : 2023 aura été l’année la plus chaude de l’histoire.

Le Dr Stéphane Gayet fait le point sur la vaccination anti-Covid : simple, clair, documenté.