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9 janvier 2023

Salauds de pauvres !

Pascal Avot

« Il y a des professionnels du malheur et une conjuration des esprits tristes auxquels nous devons faire face », a déclaré ce mercredi matin Emmanuel Macron en Conseil des ministres.
La phrase est importante. Il faut l’étudier à la loupe.
Que dit-elle ? Qu’il existerait un complot des Français de mauvaise humeur, ligués contre le pouvoir. Qu’ils seraient dangereux. Qu'ils doivent être stoppés dans leur élan.
Mais qui sont donc ces pessimistes coalisés pour nuire à l’État ? La réponse est simple : ce sont les pauvres, chaque jour plus nombreux. Ceux qui voient les prix flamber au supermarché. Ceux que la hausse des tarifs de l’électricité empêche de gagner leur vie. Ceux que l’inflation assassine à petits feux.
La confrérie des grognons et des chafouins imaginée par le président de la République est en réalité constituée d’innocents, coupables de plonger bien malgré eux dans la misère et qui ont le culot de s’en rendre compte et l’insolence de ne pas s’en satisfaire, et même de s’en alarmer au point d’en parler entre eux, de médire, de maugréer et de maudire les puissants. Quels traîtres, ces désargentés !
Emmanuel Macron montre du doigt la souffrance du peuple et l’accuse d’être de mauvaise foi, une traîtrise, une vilénie. Si vous êtes déprimés, c’est que vous êtes mal intentionnés ! Si votre budget familial se réduit comme peau de chagrin et si vous en pleurez, c’est que vous manquez de conscience politique et que votre bêtise dégénère en méchanceté !
Cette petite phrase de Macron ressemble étrangement à un énoncé stalinien, ou maoïste. L’idée que le mécontentement des rues et des villages est le fruit d’une « conjuration » – alors qu’il n’a absolument rien de calculé, que son unanimité spontanée repose tout entière sur le bon sens et l’instinct de survie (...) est profondément perverse. Pire : elle exhale un parfum de tyrannie.
Quand François Hollande parlait des « sans-dents », il insultait les pauvres. Quand son successeur traite ceux qui le critiquent de « professionnels du malheur », il va beaucoup plus loin. Trop loin. Il inculpe le pessimisme. Il criminalise la détresse. Il fait du peuple perclus de douleurs économiques non seulement son inférieur, mais son ennemi.
Pourquoi tant de mépris et de méfiance ? Pour la même raison que d’habitude : Macron n’a jamais connu la détresse. Il ne sait pas ce que c’est. Il évolue dans un univers de winners, où le mal est tabou. Une sphère parfaite, sans démons, ni ordures, ni cadavres. Un parc d’attractions interdit à la "populace".
Après cela, comment voulez-vous expliquer aux électeurs de gauche que la lutte des classes n’existe pas ? Macron, à lui tout seul, l’incarne. Sa phrase est une porte grande ouverte aux manifestations, aux grèves et aux émeutes.
Se rend-il compte de ce qu’il fait ? Non. Il n’est ni assez intelligent, ni assez cultivé, et encore moins assez profond, pour comprendre ce qu’il dit.
Pendant encore cinq ans, l’enfant agité va couper la parole aux grandes personnes parce qu’il a – je le cite –, « envie de les emmerder ».
Un quinquennat de gros mots, une montagne d’impolitesses pour, in fine, accoucher de souris mortes.
« Emmanuel Macron vient de placer la pauvreté sur le banc des accusés. »

Les journalistes défendent-ils réellement la liberté d’expression ou seulement lorsqu’ils sont personnellement concernés ?

H16

Le 15 décembre dernier, Elon Musk décidait de suspendre temporairement une poignée de journalistes de sa plateforme, Twitter. Ceci a immédiatement déclenché une suite de réactions virulentes qui ont éclairé de façon crue les biais des médias, des institutions politiques et… de Wikipédia.

Pour ce milliardaire qui avait pourtant claironné son attachement à la liberté d’expression, il semble étonnant de le voir suspendre plusieurs journalistes de sa plateforme. Un peu de contexte explique pourtant assez bien sa réaction : disposant d’un avion privé dont les déplacements ne sont pas connus publiquement, Musk a en effet expliqué ne pas vouloir voir sa position et ses mouvements pistés par certains activistes présents notamment sur Twitter, estimant que ces informations relèvent de sa vie privée et, plus important encore, peuvent mettre sa vie ou celle de ses proches en danger.

Cette remarque n’est pas frivole : par le passé et récemment, le dirigeant de Tesla, SpaceX et Twitter s’est retrouvé confronté à des individus aux intentions équivoques, lors de la dernière occurrence, son plus jeune fils était sur place, ce qui a probablement alarmé le milliardaire qui a donc décidé d’interdire, au moins sur sa plateforme, toute forme de doxing pouvant mettre en danger les personnes concernées : dorénavant, divulguer des informations personnelles d’un utilisateur de Twitter (quel qu’il soit) est passible d’une suspension.

Une fois ce changement clairement indiqué dans les politiques d’utilisation de la plateforme, plusieurs journalistes ont malgré tout et sans surprise persisté dans leurs habitudes en continuant de relayer les positions et mouvements pourtant privées de Musk et de son avion. Sans surprise non plus, ces journalistes ont donc été suspendus.

Stupeur et hurlements, des journalistes ont donc été suspendus pour avoir enfreint des règles sur Twitter !


On comprend ici que les habituels contempteurs de la plateforme, de Musk et du rachat du premier par le second, s’en sont donné à cœur-joie, harpant avec obstination sur l’idée que le milliardaire aurait ainsi changé son fusil d’épaule concernant la liberté d’expression, qu’il ferait une chasse aux sorcières très politiquement orientée et que bientôt, plus personne n’aurait le droit de rien dire sur ce réseau social maudit. Dans un élan assez typique des troupes wokes, toute une partie de la journalisticaillerie s’est alors mise à parier sur un effondrement de Twitter (qui n’a toujours pas eu lieu) et à piailler pour un départ en masse vers Mastodon (cette plateforme pourtant connue pour héberger du contenu pédopornographique), fuite qui ne s’est du reste pas traduite dans la réalité non plus.


De façon moins anecdotique, on devra cependant noter trois autres réactions majeures suite à ce micro-fait divers sur une plateforme sociale.

D’une part et comme on pouvait s’y attendre, la presse de grand chemin a largement fait son travail habituel de propagande éhontément biaisée : au moyen éculé d’une titraille laissant croire à une suspension arbitraire (“Musk suspend des journalistes qui écrivent sur lui”) ou de vidéo présentant les faits de façon tronquée, elle a peint un personnage erratique et capricieux qu’il sera facile de ressortir à nouveau à chaque nouvelle décision de Musk. La technique est connue et rappelle par bien des aspects le dénigrement systématique dont furent l’objet certains conservateurs américains (Trump en premier), méthode qui n’est d’ailleurs pas sans rapport avec la perte abyssale d’audience de ces médias.

D’autre part, des institutions officielles sont rapidement entrées dans la danse. Si l’on aurait pu comprendre l’une ou l’autre assertion plus ou moins préoccupée de l’administration Biden, il est étrange de lire les déclarations de politiciens élus, notamment européens.

Dans une intéressante suite de prises de paroles, des ministres français ou allemands se sont ainsi empressés de faire savoir leur désapprobation devant ce qu’ils estiment être une atteinte à la liberté d’expression : sans surprise là non plus, on retrouve la fine fleur des froufroutants inutiles comme Jean-Noël Barrot (qui serait ministre délégué en France, selon la rumeur) ou l’insipide Buschmann allemand, ministre à la Justice. L’inexistant Roland Lescure, lui aussi présumé ministre délégué à l’Industrie, aurait choisi de partir de la plateforme pour protester et il est, depuis, revenu bien vite (et si vous n’aviez remarqué ni son départ, ni son retour, c’est tout à fait normal).


Plus surprenant, on trouve aussi des petites saillies de la commissaire européenne et vice-présidente de la Commission Européenne Vera Jurova, appelant même à des sanctions. On cherche encore à comprendre pourquoi la Commission européenne, tout comme les institutions françaises ou allemandes représentées par ces paltoquets pourraient avoir leur mot à dire dans la gestion d’une plateforme privée, d’autant que, comme le remarque Politico en crispant ses petits poings métaphoriques, ces gens sont aussi inutiles qu’impuissants pour contrer les décisions de Musk.

Enfin, signalons la réaction de … Wikipedia : alors même que la nouvelle de la suspension n’avait pas encore fait le tour du globe, des utilisateurs de l’encyclopédie mondiale se sont empressés de commémorer cette décision avec un article intitulé “Thursday Night Massacre (Twitter)” (Massacre du Jeudi Soir) – depuis plus sobrement retitré “Suspensions du 15 décembre 2022”. On admirera la rapidité de production d’un tel article pour ce qui apparaît maintenant comme un détail tant par l’ampleur (on évoque moins d’une douzaine de journalistes concernés) que par la durée (quelques jours de suspensions seulement) ou par le sujet (peut-on parler de liberté d’expression concernant la position en temps réel d’un avion privé ? Le débat reste ouvert).

Bref, dans un mouvement d’ensemble assez remarquable, tout ce que l’information grand public comprend de postes avancés prêts à diffuser un message unique s’est mis à vibrer à l’unisson lors de cet événement pourtant fort modeste, afin de montrer de façon claire qu’une atteinte insupportable à la liberté d’expression était en cours et qu’il fallait se rouler par terre de rage et de frustration (au moins).

Cette réaction unanime laisse perplexe et impose de se poser quelques questions.

Où étaient ces médias lorsque les Twitter Files (évoquées ici et ) sont sorties ?

Montrant pourtant des atteintes sans précédent à cette liberté d’expression, ces dossiers révélés sur Twitter n’ont absolument pas mobilisé ces grappes de tartuffes : la presse de grand chemin n’a pas pipé un mot alors qu’il s’agit sans conteste d’un des plus grands scandales en terme de collusion d’agences de renseignements, d’administrations et de journalistes pour censurer des citoyens ; la Commission européenne et la brochette de ministricules de pays membres n’ont émis aucune remarques et fait preuve d’aucune exaspération de voir ainsi ces réseaux sociaux véritablement cornaqués par des administrations et des pouvoirs à des fins partisanes et politiques pour écraser toute dissidence dans le discours.

Quant à Wikipedia, la présence d’un article symbolique au sujet de ces dossiers explosifs ne les dédouane absolument pas et la raison de leur mutisme est assez simple à comprendre lorsqu’on apprend que, comme ces agences, comme ces administrations, comme ces médias, l’encyclopédie en ligne est maintenant ultra-politisée et presque totalement alignée sur les mêmes objectifs collectivistes de l’extrême-gauche progressiste américaine qui n’ont bien sûr aucun intérêt à détailler les révélations des dossiers Twitter : faisant régulièrement des appels aux dons auprès de particuliers, il apparaît que les fonds collectés ne vont pas essentiellement à la maintenance du site.

Cliquez sur l’image pour accéder au fil Twitter et le dérouler

En pratique, la majeure partie de ces collectes abonde à des fondations, des organisations non-gouvernementales et des projets dont la plupart des donateurs n’ont jamais entendu parler et dont l’objectif est, lui, parfaitement clair et similaire aux objectifs des administrations et médias grands publics occidentaux, à savoir une révolution culturelle occidentale collectiviste.

En somme, en suspendant quelques journalistes pendant quelques jours, Musk a montré une fois de plus où se situaient réellement les défenseurs autoproclamés de la liberté d’expression, c’est-à-dire nulle part où on les attend. Il a en outre dévoilé la véritable capture intellectuelle des médias, des institutions et même de Wikipédia par une frange marginale de la société bien décidée à faire taire chacun de ses opposants par tous les moyens possibles…


https://h16free.com/2023/01/09/73018-les-journalistes-defendent-ils-reellement-la-liberte-dexpression-ou-seulement-lorsquils-sont-personnellement-concernes

Conflit ukrainien

Jean Mizrahi

Il se joue en Ukraine bien autre chose que l'Ukraine elle-même. Une dangereuse partie d'échec entre les États-Unis et la Russie initiée par les premiers pour tenter d'annihiler les capacités de l'armée russe. Le problème pour Biden est que les États-Unis sont désormais en première ligne car les Européens, qui n'ont pas investi suffisamment dans leur défense, ne disposent pas des équipements qui sont nécessaires aux Ukrainiens pour affronter l'armée russe. Et cela commence à se voir. Or, au même moment, les Républicains viennent de prendre le Congrès, dans le désordre qui plus est. Les "neocons" américains poussent désormais pour une accélération du conflit et donc un engagement encore plus important des États-Unis, car ce qui est en jeu est la crédibilité américaine. Que la Russie vienne à gagner, et le monde verra que les États-Unis ne sont plus capables de piloter des conflits, il y a un risque (pour les Américains) de bascule encore plus rapide de l'influence internationale. On touche donc à un aspect existentiel tant du côté russe que du côté américain, et il n'y a donc que des risques majeurs à poursuivre dans cette voie, et ce à un moment où la Russie déploie des armes nucléaires sur d'autres théâtres. Le monde est dans une situation de risque maximal, c'est probablement pour cela que la Bourse ne cesse de monter, tant l'aveuglement est général. Je continue de penser que l'intérêt de tous est d'organiser une conférence pour la paix, et c'est ce que les Européens devraient imposer aux parties, car nous sommes aux premières loges. Mais l'aliénation européenne aux intérêts américains est désormais patente, l'initiative ne viendra pas de là. Elle ne viendra pas non plus de Chine, qui a tout intérêt à voir les États-Unis s'enliser et la Russie s'affaiblir. Il faut craindre que les États-Unis aient entrainé l'Occident vers sa perte.

Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Michel Rosenzweig

Cette question me hante depuis que j'ai été jeté au monde comme disait Heidegger avec son concept de "Geworfenheit".
Être jeté au monde, quelle étrange expérience.
Certains pensent que nous n'avons rien demandé, d'autres au contraire sont convaincus que nous avons choisi de nous incarner et même que nous avons choisi nos géniteurs et qu'il y a un cycle infini d'incarnations.
L'ennui c'est qu'il est impossible de prouver quoi que ce soit.
Autre question taraudante : qu'est-ce que la conscience ? Est-elle produite par le cerveau ? Ou est-elle "simplement" et subtilement captée par le cerveau comme l'envisagent très sérieusement certains chercheurs loin d'être farfelus ?
Dans cette perspective, la conscience serait partout et nulle part, elle serait l'espace même à travers lequel se propage la lumière et le cerveau ne serait qu'une antenne, un récepteur.
Par conséquent il serait tout aussi vain de chercher la conscience dans le cerveau que de chercher l'émission dans le poste de radio ou de télévision (ou dans un PC).
Et ici encore, personne ne sait, aucune preuve, aucune certitude.
Rien ne prouve donc quoi que ce soit car personne n'a jamais localisé la conscience, ni dans le cerveau, ni ailleurs.
De même, ce phénomène que l'on appelle la vie par rapport à l'inanimé, reste une énigme.
Est-elle le produit d'un agencement très élaboré à partir de l'origine du Big Bang ? Ou est-elle à l'origine de l'univers lui-même ?
Ainsi, la vie et la conscience seraient le principe premier et éternel produisant tout ce que nous connaissons, n'ayant ni début ni origine ni fin.
Quant à la matière, plus on descend dans sa structure profonde et plus on constate qu'il n'y a que du vide et que ce vide n'est pas vraiment vide puisqu'il est constitué d'énergie, d'ondes et d'informations qui vibrent selon d'innombrables fréquences, constituant des potentiels d'existences qui ne peuvent surgir que lorsqu'il y a un observateur.
Pas d'observateur, pas d'univers, pas de bras pas de chocolat.
Et Dieu dans tout ça ?
Non seulement Dieu n'existe pas, mais essayez d'avoir un plombier le week-end ! (Woody Allen).
Bon dimanche.


Réparation des dommages de la seconde guerre mondiale

Vincent Verschoore

Les autorités polonaises exigent de l'Allemagne une compensation financière de 1.300 milliards d’euros, suite à un rapport (remis aux différents pays de l'UE) sur les destructions matérielles pendant WW2. En gros, le double du PIB polonais annuel actuel. De quoi s'acheter plein de chars et d'avions.
 
Ça va donner des idées aux Russes : 26 millions de Soviétiques sont morts pendant cette guerre (dont 11 millions de soldats). Bandera, un nazi ukrainien notoire, est toujours commémoré chaque 1er janvier en Ukraine. En 2016, le régime ukrainien renomme "l'avenue de Moscou" de Kiev en "avenue Stepan Bandera".
 
Un peu comme si Paris décidait de rebaptiser l'avenue de Stalingrad en avenue Jacques Doriot. Ce qui n'est d'ailleurs pas impossible, par les temps qui courent : il suffirait d'avoir Laval de Macron. 
Mais, pour nos euro-atlantistes, le nouvel Hitler c'est Poutine.

Garot prêche dans le désert médical

Pierre Duriot

Le député socialiste de Mayenne Guillaume Garot, initiateur d’un groupe de travail sur la question des médecins, qui réunit des élus communistes, écologistes, LFI, socialistes, Liot, LR, MoDem, Horizons et Renaissance, planche sur ce qu’il appelle une « régulation » des installations de médecins et convie donc les jeunes généralistes sortant, à accepter d’être répartis dans les zones à faible densité de cabinets médicaux, c’est-à-dire les départements ruraux et les quartiers « populaires ».

Tout va bien pour ce député, il faut rendre accessible les études de médecins à des jeunes issus de toutes les classes sociales et à la sortie, on les met là où il y a des besoins, on le fait bien pour les pharmaciens, de quoi se plaindraient-ils ?

Sauf que les départements ruraux et les quartiers « populaires », monsieur le député, ce n’est pas du tout la même chose. Dans les départements ruraux, les médecins n’y vont pas parce qu’il n’y a pas de loisirs correspondant à leur standing, que leurs enfants sont loin de l’école, du collège et du lycée et qu’ils ont peur de s’y ennuyer à mourir. Mais les lois de la République s’y appliquent et les gens sont avenants et respectueux.

Les quartiers « populaires » sont en réalité « communautaires » et ce ne sont pas les lois de la République qui s’y appliquent, ou pas pleinement. Les médecins sont confrontés aux dogmes communautaires, aux fausses cartes Vitale. Et à la violence, tout comme les profs et les autres agents de l’État. C’est pour cette raison qu’ils ont déserté ces quartiers, comme du reste, les commerçants et les entreprises.

Mais dans la doctrine socialiste, pour ne pas voir la réalité, on met tous les problèmes dans le même sac, on propose des solutions de béni-oui-oui et on traite de factieux tous ceux qui ne sont pas d’accord. Pour preuve, ce groupe de député, appartenant à toutes les composantes de la vie politique, n’a pas daigné discuter avec les gens du Rassemblement National, pourtant démocratiquement élus et largement majoritaires dans les zones rurales. Pourquoi ne pas leur demander leur avis ?

Peu réalistes, peu démocratiques et pour tout dire, carrément sectaires, les députés, emmenés par Garot, pratiquent le moulinet médiatique. On ne va pas obliger de jeunes gens diplômés à aller dans des endroits où leur intégrité physique est menacée. Pour preuve, même depuis la fin du numerus clausus, il n’y a pas spécialement plus de jeunes qui veulent devenir médecins, comme quoi le problème est ailleurs. Il faudrait commencer, avant de vouloir soigner, par faire un diagnostic correct.


La constitution dévoyée…

Gilles La Carbona

Au vu du fonctionnement de notre pays, on peut se demander si nos institutions sont encore adaptées à une démocratie moderne. Avant toute chose, il faut bien comprendre qu’étymologiquement parlant, démocratie veut dire que le peuple gouverne, du moins qu’il prend part activement, aux décisions de la cité. Les démocraties modernes se sont complexifiées et pour contourner cette difficulté nous élisons des spécialistes, ou vendus comme tels, pour œuvrer à notre place. Enfin pour sécuriser le tout, les pays se sont dotés de constitutions, afin de donner un cadre juridique à l’ensemble et surtout d’établir la séparation des pouvoirs, socle d’une constitution.

Le problème en France c’est que nous assistons depuis plusieurs années à une confusion des genres. Le fameux régime mi-présidentiel, mi-parlementaire ne convainc plus. Taillées sur mesure pour le général de Gaulle, ces institutions ont depuis été plus que malmenées. Elles étaient basées sur l’indépendance et la probité de son arbitre, or il y a belle lurette que l’arbitre ne voit les fautes que dans un sens, et qu’il s’est empressé de cadenasser les fameux contre-pouvoirs. Macron a verrouillé le système judiciaire, notamment le Conseil d’État et surtout le Conseil Constitutionnel, s’est assuré, par la corruption, que la presse serait l’écho docile de sa vérité, et pour ce qui est du parlement, il s’en est de fait affranchi. Dans son premier quinquennat en ayant des députés à ses ordres, et aujourd’hui en laissant les oppositions faire semblant de se déchirer. Pendant ce temps, il débloque seul 30 millions d’euros pour aider ses amis milliardaires, détenteurs de la presse écrite, ou livre du matériel de guerre, pour le moment conventionnel à l’Ukraine, mais après tout, pourquoi ne décidera-t-il pas un jour de donner un sous-marin nucléaire, qui l’en empêcherait ? Il fait voter ses réformes en utilisant le 49.3, sans s’encombrer de débats compliqués, ou d’amendements contraires à ses objectifs, bref il gouverne seul. Mais en quoi cela est-il blâmable ? Montesquieu l’a martelé : « Tout homme qui a le pouvoir est poussé à en abuser ». C’est pour cette raison qu’il avait imaginé dans l’esprit des lois la séparation obligatoire des pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire. On a vu comment Macron les a neutralisés et ceux qui viendront prétendre qu’il n’en est rien, seraient bien inspirés de reprendre l’historique des faits et d’avoir à l’esprit que ce n’est pas parce qu’une décision est rendue au nom de la République, qu’elle est juste, ou absente de collusion avec le pouvoir qui a nommé ses membres. Le droit n’est pas une garantie de justice, il reflète simplement la pensée de celui qui édicte la règle ou la fait appliquer en interprétant les textes à sa guise. Mais encore une fois, Macron joue son jeu. Bien entendu les puristes défenseurs d’une idée virginale de la démocratie défendront le contraire. Ils auront raison, mais Macron aussi, il n’est qu’un humain porté à abuser de son pouvoir. Personne ne conteste aujourd’hui le fait qu’il n’a pas été élu pour sauver la France, ou les intérêts de notre pays, mais bien pour suivre le plan de la bande à Davos. Ses récentes saillies humoristiques lors de la galette des rois n’infirmeront pas cette vision. Il est dans son élément, celui du cynisme et de la provocation. Le plus dramatique ne vient pas de lui, mais bel et bien du pouvoir législatif qui ne remplit pas son rôle.

Force est de constater que Macron n’y est pour rien, enfin pas totalement, ne soyons pas naïfs à ce point. Si cette façon de gouverner est si déplaisante au peuple, elle ne l’est pas pour nos oppositions qui laissent faire. Il ne tiendrait qu’à elles de rétablir la séparation des pouvoirs et de faire en sorte que le législatif fasse les lois, et que l’exécutif se contente de les mettre en application. Hélas il n’en est rien, les pseudo représentants du peuple sont comme Macron, ils ne sont pas là pour défendre leurs électeurs et leurs désirs, mais pour conserver pendant cinq ans leurs privilèges, donc ils laissent faire. Ils s’abritent derrière les habituels couplets : « On ne peut pas voter avec la Nupes », ou dans l’autre sens : « On ne peut pas voter comme le RN ». Et si le peuple ose dire, comme le mendiant à Talleyrand « Monseigneur, il faut bien que je vive », il reçoit la même réponse : « Je n’en vois pas la nécessité ». Les boulangers, les restaurateurs et bien d’autres professions devraient garder en mémoire cette citation, car là est leur devenir.

Nous vivons dans l’illusion permanente et ce, à tous les niveaux. Celle d’être dans une démocratie respectueuse des droits et libertés, celle d’être dans un pays industriel aux ressources solides, celle d’être dans un système monétaire fort et stable, celle de posséder des services publics performants et suffisants. Mais tout ne tient que par un savant mélange de bonnes volontés et d’un miracle permanent, pour autant, la réalité va finir par rattraper tous ces acteurs endormis et le réveil sera brutal.

Le constat est sans appel, nos institutions ne sont effectivement plus adaptées au besoin de transparence et de justice que demande le peuple. Tant qu’un parti, mais peut-on encore croire en eux, n’aura pas dans son programme la refonte totale de ces dernières, nous subirons la loi du plus fort ou du plus rusé. L’exécutif est en roue libre et personne ne semble en capacité de l’arrêter, nous devrons donc boire la coupe jusqu’à la lie. « On ne refera pas la France par les élites, on les refera par la base », disait Bernanos… hélas cette prophétie ne s’est jamais réalisée il est à craindre qu’elle ne reste qu’un vœu pieu. Nous sommes condamnés à voir notre pays s’écrouler sous les jérémiades insupportables et répugnantes des oppositions, qui ne suscitent plus que le mépris. Le peuple de France est livré à lui-même.


8 janvier 2023

Marc Amblard



L’Intelligence Artificielle nous conduit-elle vers un monde totalitaire ?

Marc Alpozzo

Marc Alpozzo et Jean-Pierre Noté

On voit aujourd’hui, que certains transhumanistes, notamment dans la Silicon Valley en Californie, rêvent de cyborgs du futur, bardés de capteurs permettant de récolter en temps réel des informations sur l’état de santé de leurs organes, d’alerter en cas de problème les secours, ou encore d’augmenter leur espérance de vie, avec pour horizon indépassable à leurs délires transhumanistes, le désir d’éternité, donc l’abolition de la mort. Est-ce un rêve possible ou un cauchemar climatisé ? Nous en avons discuté avec Jean-Pierre Noté, qui vient de publier un roman fascinant sur le sujet.

Marc Alpozzo : Vous avez publié récemment un roman, Tantièmes. Un monde sans puss (Az’art atelier éditions, 2022) sur l’intelligence artificielle. Or, loin d’être aussi enthousiaste que l’est cette époque vis-à-vis des I.A., vous prétendez dans votre roman que l’intelligence artificielle a de fortes chances de produire un monde orwellien. Pourquoi ?

Jean-Pierre Noté : je ne parlerais ni d’enthousiasme ni de répulsion. Ou alors je parlerais successivement de ces deux sentiments opposés. Quand j’étais jeune homme, j’avais cette idée bien ancrée en moi que trouver l’information était difficile. On pouvait téléphoner aux « renseignements » pour avoir une adresse, se plonger pendant des heures dans l’Encyclopédie Universalis du lycée pour se faire une idée sur le peuple Dogon, rechercher dans ses vieux cahiers de mathématiques pour retrouver la formule du volume de la sphère, prendre un dictionnaire pour espérer convertir les pieds en centimètres, utiliser l’horloge parlante pour connaitre l’heure exacte à Moscou, attendre l’adorable météo marine sur France Inter avant de partir en voilier, ou bien faire le tour des pizzéria du quartier pour trouver la bonne. J’ai sauté de joie quand mon père est rentré à la maison avec « Le Quid », ce gros bouquin à entrées multiples avec ses ancêtres des liens hypertextes où l’on commençait à entrevoir une sorte de couteau suisse du savoir universel. Mais il ne se mettait à jour qu’une fois par an : la météo marine avait tout loisir de changer des milliers de fois, les villages Dogon pouvaient être déplacés pour mettre un barrage en eau sans qu’on n’en sache rien et une pizzéria du quartier se transformait en fleuriste sans prévenir. Puis sont venus le Minitel, Internet et, suprême luxe, sa déclinaison portable le smartphone. Aujourd’hui, nous avons le Monde dans notre poche, toujours à portée de nous en quelques touches ! Comment ne pas être enthousiaste ! Mycologue insatiable, je ne me serai jamais imaginé il y a 30 ans me promener avec les 10 kilos de l’atlas Romagnesi – la bible du mycologue européen – dans les bois pentus des Pyrénées. Aujourd’hui, il est dans ma poche comme tous les autres savoirs humains.

Imaginons que je clique sur l’appli du mycologue dans mon coin à morilles à 2300 mètres d’altitude, protégé de mes concurrents – et amis, ils ont la même passion – par les dénivelés impressionnants que j’ai franchis et par la profondeur insondable de la forêt de sapins. S’ils s’intéressaient aux champignons, Mr. Microsoft, Mr. Orange, Mr. Facebook ou bien M. Starlink découvriraient mes coins à morilles avec une précision au centimètre près. Passe encore pour les morilles, même si j’ai un peu de mal à l’accepter ! Mais, s’ils s’intéressaient non plus aux champignons mais à moi directement, je n’aurais plus aucun secret pour eux. L’idée d’être nu face à un Jeff Bezos ou tout autre inconnu n’est-elle pas glaçante ? Si j’étais prof de philo, voici la question que j’aimerais poser à mes élèves : « Elon le libertarien, Musk le liberticide ? »

M. A. : Cette référence à George Orwell n’est évidemment pas anodine, puisque l’on sait que l’écrivain anglais a écrit un roman d’anticipation, 1984, qui n’a jamais été aussi actuel. Or, vous mettez vos pas dans les siens, puisque vous proposez vous-mêmes un roman d’anticipation, qui mêle une grande entreprise multinationale américaine, qui s’appelle Babel, producteur d’une box connectée qui donne accès à tout, et qui traduit même en simultané un nombre impossible de langues. Cela nous fait évidemment penser à Google translator, mais aussi à Amazon, à Uber, etc. Quels sont les dangers selon vous, que nous font courir ces nouvelles entités internationales, que l’on rassemble sous l’acronyme GAFAM ?

J.-P. N. : Permettez-moi de commencer par ce qui semble n’être qu’une anecdote. Il y a quelques mois, un Président des Etats-Unis, à mes yeux indigne de cette fonction, a été banni de Tweeter. Je m’en suis immédiatement félicité. Comme beaucoup d’autres, j’ai fait mien le fameux raisonnement de Saint-Just, adapté aux circonstances : pas de liberté pour les ennemis de la démocratie dont procède cette liberté. Mais, à y regarder de plus près, je n’avais guère de raison de me réjouir ! Qu’on coupe aux Etats-Unis l’infernal gazouillis d’un Donald Trump comme on le fait par exemple en Europe avec de sinistres révisionnistes niant la Shoa est certes judicieux. Mais le procédé n’est pas le même dans les deux cas. Qui coupe ? Là est la question. Pour Donald Trump, c’est un patron d’une de ces entreprises mondiales qu’on appelle les GAFAM. Dans l’autre cas, c’est un juge qui applique une loi votée par un parlement élu. Qu’est-ce qui motive un dirigeant d’entreprise ? Sa morale, l’image de son entreprise, l’opinion de ses principaux actionnaires, le rendement des parts de ses derniers ? Un autre aurait pu tout aussi bien décider de ne pas stopper la logorrhée de l’ancien président car il aurait jugé que son intérêt personnel était de le laisser faire ou bien que ses principes s’opposaient à toute forme de censure. Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai pas plus voté pour le Guide Suprême iranien ou pour le président du Jockey club de ma ville que pour le directeur général de Tweeter. Or, qui sont ces GAFAM ? Ils règnent désormais en maître sur les autoroutes de l‘information, les câbles sous-marins et les flottes de satellites. Leurs comptes de résultat font pâlir la plupart des états. Ils forment sans doute les organisations les plus puissantes de la planète. La démocratie n’est-elle qu’une parenthèse qui se referme, laissant la place aux Jacques Cœur du XXIème siècle ?

M. A. : Dans votre roman, le personnage Aline, qui est une sorte de Wonder woman moderne, est convoitée par le PDG de cette entreprise internationale, qui répond à un drôle de nom, 3K, et on la voit aux prises d’un nœud gordien : faut-il céder au mondialisme de notre époque, ou pencher plutôt pour le terroir et le souverainisme ? Quel message passez-vous alors ?

J.-P. N. : Aline voit le monde comme un puzzle constitué de « business plan ». Son objectif est clair : avoir le plus gros. S’il faut pour cela privatiser les langues, s’emparer de l’Académie Française, introduire une interface homme-machine, c’est-à-dire une puce, dans le cerveau de milliards d’habitants, faisons-le. Aline et 3K vont imposer la connexion directe de tous les individus entre eux et les relier directement à toutes les bases de données. Comme lorsque MM Ford et Citroën ont imposé la voiture individuelle à la planète il y a un siècle, leur unique boussole était le profit. Une entreprise n’a pas d’opinion, elle n’a que des intérêts. Le capitalisme mondialisé est simple, voire simpliste. Les majors du pétrole continuent à extraire les énergies fossiles tant que cela reste plus profitable que de faire tourner des moulins à vent, Aline « puce ou chipe » la population à tour de bras, dans les deux cas en évitant soigneusement d’envisager toutes les conséquences.

L’opposition n’est pas entre mondialisation et terroir, mais entre mondialisation libérale et humanité. En effet, Aline recouvre toutes ses capacités cognitives quand elle se reconnecte à la nature. En dehors du monde monolithique de l’entreprise, dans la montagne chérie de son enfance, « hors connexion », elle réfléchit enfin comme un être humain peut le faire. Comme un Jim Harrison dans son Montana, elle retrouve toute son humanité en frottant sa peau au gneiss étincelant du Caroux, en plongeant dans l’eau froide des torrents ou en rusant avec les vipères.

M. A. : Votre roman est absolument passionnant, et je le recommande à tout lecteur qui aime l’anticipation. Modestement, certes, mais sûrement, il s’inscrit dans cette lignée des romans d’anticipation qui ont su voir venir notre nouveau siècle, comme 1984, mais aussi Le Troupeau aveugle, de John Brunner, ou Blade runner, de Philip K. Dick. Dans votre roman, vous parlez de drone, de box, de puces, de surveillance généralisée. Est-ce que le monde de demain vous fait peur ?

J.-P. N. : Est-ce vraiment un roman d’anticipation ? Comme dit Ray Bradbury, la science-fiction est un genre pour décrire la réalité. L’action de Tantièmes se déroule entre 2025 et 2030. Mais je me suis fait rattraper, et bientôt dépasser par la réalité. Neuralink, une des sociétés d’Elon Musk, encore lui, attend l’autorisation de la FDA (Food and Drug Administration) pour implanter les premières puces électroniques chez les humains afin de « mieux marier le cerveau et l’Intelligence Artificielle ». Il arrive probablement chez chacun de nous, et à chaque génération, un moment où l’on prend conscience que ce qu’on pensait éternel disparait, remplacé par un monde qui nous est étranger. Faut-il en avoir peur ou bien doit-on s’en remettre à la génération qui vient pour s’adapter, corriger, et même se rebeller quand il le faut ? Avoir peur du monde de demain ce serait manquer de confiance dans mes enfants et mes petits enfants !

M. A. : Lorsqu’on parle d’intelligence artificielle, on parle forcément de transhumanisme. On parle aussi d’augmentation de l’humain, et de posthumanisme. Pensez-vous que la question de l’humanisme ne s’est jamais autant posée aujourd’hui ? Ne pensez-vous pas que la véritable question, finalement, est celle aujourd’hui, du dépassement de l’homme comme fondement même de son humanité ?

J.-P. N. : Quand on parle « augmentation de l’humain » j’ai coutume de dire que l’humain a déjà bien augmenté. Prenons l’espérance de vie au XVIIème siècle en France : elle est d’une trentaine d’année à 25 ans. En d’autres termes, si on atteint l’âge de 25 ans on peut espérer vivre jusqu’à 55 ans. Mais l’espérance de vie à la naissance est inférieure à celle d’un individu de 25 ans ! Je suis jeune grand-père et ma petite fille de 3 mois est gratifiée d’une espérance de vie estimée à 96 ans. Voici donc une augmentation faramineuse de l’humain ! De quels progrès des mathématiques avons-nous été privés en 1832par la mort précoce à 20 ans d’Evariste Galois ? Et que dire des prothèses qu’on nous promet pour marcher, voir, entendre ? Alors, oui, je suis résolument pour l’augmentation de l’humain ! Mais la question est plus vaste : les progrès techniques et ceux de l’Intelligence Artificielle sont tels qu’on peut désormais imaginer créer des chimères humaines : un écrivain « universel » comme imaginé dans Tantièmes, une espérance de vie de 500 ans, un sprinter courant le 100 m en-dessous de 5 secondes, un joueur d’échecs infaillible, un tireur d’élite disposant de la vue perçante d’un aigle, un bébé sans grossesse…. Il y a tant de possibilités qui semblent désormais à notre portée. Imagine-t-on un match de Rugby ou chaque camp cache les données techniques de ces joueurs ? Au mieux cela ressemblerait à une course de formule 1, ce qui n’est déjà plus vraiment un sport, au pire à la guerre où tous les progrès techniques sont les bienvenus pour détruire l’adversaire. Et la guerre, la guerre technologique en particulier, n’en déplaise à Ernst Jünger, c’est la négation même de l’Humanité.

M. A. : Le transhumanisme rêve de nous affranchir de toutes les limites du réel. Dans votre roman, cette entreprise internationale propose toute une gamme de services, et notamment des traductions en simultanée, qui effacent toutes les frontières entre les hommes, Babel renvoyant évidemment au mythe de Babel dans la Bible. Mais les transhumains rêvent aussi de nous affranchir de la tyrannie de la maladie et de la mort. Pour cela, ils comptent s’appuyer sur les biotechnologies, et peut-être même effacer notre « date de péremption ». Sous couvert d’assurer et de favoriser notre bien-être et notre épanouissement, vous semblez dire, à juste titre, qu’en réalité, on nous prépare un nouveau monde plus totalitaire que tous les précédents. Est-ce vraiment le risque que l’on court avec toutes ces technologies de l’augmentation de l’humain ?

J.-P. N. : Oui, un monde totalitaire est une perspective tout à fait réaliste à cause du développement exponentiel de l’Intelligence Artificielle et de compagnies plus puissantes que les états démocratiques. Et l’on peut observer que des états non démocratiques utilisent les réseaux sociaux pour contrôler leur population. La démocratie n’est peut-être qu’une courte parenthèse dans le temps et dans l’espace. Alors, si on nous prépare un tel monde, il y aura comme dans Tantièmes et comme à chaque génération des résistants !

M. A. : Notre monde actuel connait deux tendances : les bioconservateurs vs les biolibéraux. Dans quel camp vous rangez-vous et pourquoi ?

J.-P. N. : Dans les biolibéraux, résolument ! Il faut laisser chercher, laisser trouver ! D’ailleurs les bioconservateurs ont perdu la partie avant même de la commencer : tout ce qui est possible de développer ou d’inventer sera développé ou inventé. C’est dans la nature même de l’homme depuis qu’il a taillé son premier biface. La question a toujours été l’usage que l’on fait du biface une fois réalisé.

M. A. : Où pensez-vous que se niche l’éthique dans ce monde où technologies convergentes, super intelligence, intelligence artificielle concourent à faire de la nature humaine une aporie ? Pensez-vous que l’humanité soit en danger de mort ?

J.-P. N. : Vous avez raison. La question est éthique. Quand j’exprime dans Tantièmes qu’une entreprise n’a pas d’opinion mais qu’elle n’a que des intérêts, cela fait écho au célèbre « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » de Rabelais. Une fois que l’on a dit que tout ce qui est à notre portée technique sera réalisé, il n’y a plus qu’à s’en remettre à l’éthique. Or, Aline démontre que le capitalisme mondialisé, volontairement simpliste et réduit au seul dogme du retour sur investissement n’en a pas. Eric Vuillard, dans « l’ordre du jour » décrit le mécanisme qui conduit les entreprises allemandes dans les années 30, à pactiser avec le diable au nom de ce retour sur investissement. L’humanité est toujours en danger de mort, hier comme aujourd’hui et ma petite fille, comme bien des humains avant elle confrontés à d’autres défis, a du pain sur la planche.

Propos recueillis par Marc Alpozzo


Wokisme, débandade idéologique

Jacques Cotta

L'année 2022 a été marquée par une offensive idéologique sous le vocable de "wokisme" et de "cancel culture", son bras armé. Certains faits peuvent sembler risibles, mais ils incarnent une décomposition avancée sur le plan idéologique, politique et moral qui conditionne l'avenir, notre capacité à nous rassembler pour mettre à mal la politique qui handicape la vie dans tous les domaines, tant sur le plan énergétique, sanitaire, financier, éducatif...