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15 janvier 2023

La maîtrise de notre langue

Yann Bizien

Il y a des coupables d’un autre drame français : l’effondrement de la maîtrise de notre langue.
Je n’ai jamais abandonné mes trois outils et mes trois amis d’enfance : mon Bescherelle, mon Bled et mon dictionnaire Larousse. Toujours visibles, toujours à proximité, ils ont été également d'une grande utilité à nos deux enfants.
Contrairement au Bescherelle, centré sur la conjugaison, le Bled est un manuel d'exercices grammaticaux simples et présentés avec beaucoup de clarté.
L'achat d'un Bescherelle est une acquisition intelligente et rentable sur le temps long. Il est utile tant pour les profanes de la conjugaison que pour les chevronnés de notre langue. Devenu l'ouvrage de référence en la matière, ses 300 pages révèlent tous les mystères d'une conjugaison juste et correctement employée.
Les frères Bescherelle publièrent une Grammaire nationale qui connut plusieurs éditions tout au long du XIXème siècle. Louis-Nicolas Bescherelle publia également le Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, dictionnaire majeur du XIXe siècle.
Le Bled est incontournable pour maîtriser toutes les règles de la grammaire. Il comprend 80 leçons expliquées de façon détaillée, plus de 350 exercices, corrigés inclus, des tableaux récapitulatifs et un index des notions. C’est un outil indispensable pour tous : écoliers, collégiens, lycéens, étudiants, adultes, grand public.
Le dictionnaire est un recueil contenant des mots et des expressions de notre langue. Ils sont présentés dans un ordre convenu qui donne des définitions, des informations et qui nous éclaire sur le sens des mots, des verbes et des expressions.
Je remercie les amis qui aiment notre langue, qui la respectent, qui font des efforts de lectures et qui m’alertent parfois lorsque je rédige un peu trop vite sans me relire.

La Troisième Guerre mondiale a commencé

Emmanuel Todd


Pro­pos re­cueillis par Alexandre De­vec­chio et publié dans Le Figaro du 13 janvier 2023

LE FIGARO. - Pourquoi publier un livre sur la guerre en Ukraine au Japon et pas en France ?

Emmanuel TODD. - Ici, j’ai la réputation absurde d’être un « rebelle destroy », alors qu’au Japon je suis un anthropologue, un historien et un géopoliticien respecté, qui s’exprime dans tous les grands journaux et revues, et dont tous les livres sont publiés. Je peux m’exprimer là-bas dans une ambiance sereine, ce que j’ai d’abord fait dans des revues, puis en publiant ce livre, qui est un recueil d’entretiens. Cet ouvrage s’appelle « La Troisième Guerre mondiale a déjà commencé », avec 100 000 exemplaires vendus aujourd’hui.

Pourquoi ce titre ?

Parce que c’est la réalité, la Troisième Guerre mondiale a commencé. Il est vrai qu’elle a commencé « petitement » et avec deux surprises. On est parti dans cette guerre avec l’idée que l’armée de la Russie était très puissante et que son économie était très faible. On pensait que l’Ukraine allait se faire écraser militairement et que la Russie se ferait écraser économiquement par l’Occident. Or il s’est passé l’inverse. L’Ukraine n’a pas été écrasée militairement même si elle a perdu à cette date 16% de son territoire; la Russie n’a pas été écrasée économiquement. Au moment où je vous parle, le rouble a pris 8% par rapport au dollar et 18% par rapport à l’euro depuis la veille de l’entrée en guerre.

Il y a donc eu une sorte de quiproquo. Mais il est évident que le conflit, en passant d’une guerre territoriale limitée à un affrontement économique global, entre l’ensemble de l’occident d’une part et la Russie adossée à la Chine d’autre part, est devenu une guerre mondiale.

N’exagérez-vous pas ? L’Occident n’est pas directement engagé militairement…

Nous fournissons des armes quand même. Mais il reste vrai que nous, Européens, sommes surtout engagés économiquement. Nous sentons d’ailleurs venir notre véritable entrée en guerre par l’inflation et les pénuries.

Poutine a fait une grosse erreur au début, qui présente un immense intérêt sociohistorique. Ceux qui travaillaient sur l’Ukraine à la veille de la guerre considéraient ce pays, non comme une démocratie naissante, mais comme une société en décomposition et un « failed state » en devenir. On se demandait si l’Ukraine avait perdu 10 millions ou 15 millions d’habitants depuis son indépendance. On ne peut trancher parce que l’Ukraine ne fait plus de recensement depuis 2001, signe classique d’une société qui a peur de la réalité.

Je pense que le calcul du Kremlin a été que cette société en décomposition s’effondrerait au premier choc, voire même dirait « bienvenue maman» à la sainte Russie. Mais ce que l’on a découvert, à l’opposé, c’est qu’une société en décomposition, si elle est alimentée par des ressources financières et militaires extérieures, peut trouver dans la guerre un type nouveau d’équilibre, et même un horizon, une espérance. Les Russes ne pouvaient pas le prévoir. Personne ne le pouvait.

Longtemps, vous n’avez pas cru à l’invasion de l’Ukraine par la Russie…

J’avoue avoir été cueilli à froid par le début de la guerre, je n’y croyais pas. Concernant les ressorts profonds qui ont conduit au conflit, je partage l’analyse du géopoliticien « réaliste » américain John Mearsheimer. Ce dernier faisait le constat suivant : l’Ukraine, dont l’armée avait été prise en main par des militaires de l’OTAN (américains, britanniques et polonais) depuis au moins 2014, était donc de facto membre de l’OTAN, et les Russes avaient annoncé qu’ils ne toléreraient jamais une Ukraine membre de l’OTAN. Ces Russes font donc (ainsi que Poutine nous l’a dit la veille de l’attaque) une guerre de leur point de vue défensive et préventive. Mearsheimer ajoutait que nous n’aurions aucune raison de nous réjouir d’éventuelles difficultés des Russes parce que, comme il s’agit pour eux d’une question existentielle, plus ça serait dur, plus ils frapperaient fort. L’analyse semble se vérifier. J’ajouterais un complément et une critique à l’analyse de Mearsheimer.

Lesquels ?

Pour le complément : lorsqu’il dit que l’Ukraine était de facto membre de l’OTAN, il ne va pas assez loin. L’Allemagne et la France étaient, elles, devenus des partenaires mineurs dans l’OTAN et n’étaient pas au courant de qui se tramait en Ukraine sur le plan militaire. On a critiqué la naïveté française et allemande. Certes, mais parce qu’ils ne savaient pas qu’Américains, Britanniques et Polonais pouvaient permettre à l’Ukraine d’être en mesure de mener une guerre élargie. L’axe fondamental de l’OTAN maintenant, c’est Washington-Londres-Varsovie-Kiev.

Maintenant la critique : Mearsheimer, en bon Américain, surestime son pays. Il considère que, si pour les Russes la guerre d’Ukraine est existentielle, pour les Américains elle n’est au fond qu’un « jeu » de puissance parmi d’autres. Après le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan, une débâcle de plus ou de moins… quelle importance…? L’axiome de base de la géopolitique américaine, c’est : « On peut faire tout ce qu’on veut parce qu’on est à l’abri, au loin, entre deux océans, il ne nous arrivera jamais rien. » Rien ne serait existentiel pour l’Amérique. Insuffisance d’analyse qui conduit aujourd’hui Biden à une fuite en avant. L’Amérique est fragile. La résistance de l’économie russe pousse le système impérial américain vers le précipice. Personne n’avait prévu que l’économie russe tiendrait face à la « puissance économique » de l’OTAN. Je crois que les Russes eux-mêmes ne l’avaient pas anticipé.

Si l’économie russe résistait indéfiniment aux sanctions et parvenait à épuiser l’économie européenne, tandis qu’elle-même subsisterait, adossée à la Chine, les contrôles monétaire et financier américains du monde s’effondreraient, et avec eux la possibilité pour les États-unis de financer pour rien leur énorme déficit commercial. Cette guerre est donc devenue existentielle pour les États-unis. Pas plus que la Russie, ils ne peuvent se retirer du conflit. C’est pour ça que nous sommes désormais dans une guerre sans fin, dans un affrontement dont l’issue doit être l’effondrement de l’un ou de l’autre. Chinois, Indiens et Saoudiens, entre autres, jubilent.

Beaucoup d’observateurs soulignent que la Russie a le PIB de l’Espagne ; ne surestimez-vous pas sa puissance économique ?

En effet, le PIB de la Russie et de la Biélorussie représente 3,3% du PIB occidental, pratiquement rien. On peut se demander comment ce PIB insignifiant peut faire face et continuer à produire des missiles. La raison en est que le PIB est une mesure fictive de la production. Si on retire du PIB américain la moitié de ses dépenses de santé surfacturées, puis la « richesse produite » par l’activité de ses avocats, par les prisons les mieux remplies du monde, puis par toute une économie de services mal définis incluant la « production » de ses 15 000 à 20 000 économistes au salaire moyen de 120 000 dollars, on se rend compte qu’une part importante de ce PIB est de la vapeur d’eau.

La guerre nous ramène à l’économie réelle, elle permet de comprendre ce qu’est la véritable richesse des nations, la capacité de production, et donc la capacité de guerre. Si on revient à des variables matérielles, on voit l’économie russe. En 2014, nous mettons en place les premières sanctions importantes contre la Russie, mais elle augmente alors sa production de blé, qui passe de 40 millions à 90 millions de tonnes en 2020. Alors que, grâce au néolibéralisme, la production américaine de blé, entre 1980 et 2020, est passée de 80 millions à 40 millions de tonnes. La Russie est aussi devenue le premier exportateur de centrales nucléaires. En 2007, les Américains expliquaient que leur adversaire stratégique était dans un tel état de déliquescence nucléaire que bientôt les États-unis auraient une capacité de première frappe sur une Russie qui ne pourrait répondre. Aujourd’hui, les Russes sont en supériorité nucléaire avec leurs missiles hypersoniques.

Les États-unis sont maintenant plus de deux fois plus peuplés que la Russie (2,2 fois dans les tranches d’âges étudiantes). Reste qu’avec des proportions par cohortes comparables de jeunes faisant des études supérieures, aux États-unis, 7 % font des études d’ingénieur, alors qu’en Russie c’est 25%. Ce qui veut dire qu’avec 2,2 fois moins de personnes qui étudient, les Russes forment 30 % de plus d’ingénieurs. Les États-unis bouchent le trou avec des étudiants étrangers, mais qui sont principalement indiens et plus encore chinois. Cette ressource de substitution n’est pas sûre et diminue déjà. C’est le dilemme fondamental de l’économie américaine : elle ne peut faire face à la concurrence chinoise qu’en important de la main-d’oeuvre qualifiée chinoise. L’économie russe, quant à elle, a accepté les règles de fonctionnement du marché, mais avec un très grand rôle de l’État, et elle tient aussi sa flexibilité des formations d’ingénieurs qui permettent les adaptations, industrielles et militaires.

Certains pensent, au contraire, que Vladimir Poutine a profité de la rente des matières premières sans avoir su développer son économie…

Si c’était le cas, cette guerre n’aurait pas eu lieu. L’une des choses marquantes dans ce conflit, et qui le rend si incertain, c’est qu’il pose (comme toute guerre moderne), la question de l’équilibre entre technologies avancées et production de masse. Il ne fait aucun doute que les États-unis disposent de certaines des technologies militaires les plus avancées, et qui ont parfois été décisives pour les succès militaires ukrainiens.

Mais quand on entre dans la durée, dans une guerre d’attrition, pas seulement du côté des ressources humaines mais aussi matérielles, la capacité à continuer dépend de l’industrie de production d’armes moins haut de gamme. Et nous retrouvons, revenant par la fenêtre, la question de la globalisation et le problème fondamental des Occidentaux : nous avons délocalisé une telle proportion de nos activités industrielles que nous ne savons pas si notre production de guerre peut suivre. Le problème est admis. CNN, le New York Times et le Pentagone se demandent si l’Amérique arrivera à relancer les chaînes de production de tel ou tel type de missile. Mais on ne sait pas non plus si les Russes sont capables de suivre le rythme d’un tel conflit. L’issue et la solution de la guerre dépendront de la capacité des deux systèmes à produire des armements.

Selon vous, cette guerre est non seulement militaire et économique, mais aussi idéologique et culturelle…

Je parle ici surtout en tant qu’anthropologue. Il y a eu en Russie des structures familiales plus denses, communautaires, dont certaines valeurs ont survécu. Il y a un sentiment patriotique russe qui est quelque chose dont on n’a pas idée ici, nourri par le subconscient d’une nation famille. La Russie avait une organisation familiale patrilinéaire, c’est-à-dire dans laquelle les hommes sont centraux et elle ne peut adhérer à toutes les innovations occidentales néoféministes, LGBT, transgenres…

Quand nous voyons la Douma russe voter une législation encore plus répressive sur « la propagande LGBT », nous nous sentons supérieurs. Je peux ressentir ça en tant qu’occidental ordinaire. Mais d’un point de vue géopolitique, si nous pensons en termes de soft power, c’est une erreur. Sur 75% de la planète, l’organisation de parenté était patrilinéaire et l’on peut y sentir une forte compréhension des attitudes russes. Pour le non-occident collectif, la Russie affirme un conservatisme moral rassurant. Quand on fait de la géopolitique, on s’intéresse aux rapports de force énergétiques, militaires, etc. Mais il y a aussi le rapport de force idéologique et culturel, ce que les Américains appellent le « soft power ».

L’URSS avait une certaine forme de soft power, le communisme, qui influençait une partie de l’Italie, les Chinois, les Vietnamiens, les Serbes, les ouvriers français… Mais le communisme faisait au fond horreur à l’ensemble du monde musulman par son athéisme et n’inspirait rien de particulier à l’Inde. Or, aujourd’hui, la Russie telle qu’elle s’est repositionnée comme archétype de la grande puissance, non seulement « anticolonialiste », mais aussi patrilinéaire et conservatrice des moeurs traditionnelles, peut séduire beaucoup plus loin. Les Américains se sentent aujourd’hui trahis par l’Arabie saoudite qui refuse d’augmenter sa production de pétrole, malgré la crise énergétique due à la guerre, et prend de fait le parti des Russes : pour une part, bien sûr, par intérêt pétrolier. Mais il est évident que la Russie de Poutine, devenu moralement conservatrice, est devenue sympathique aux Saoudiens dont je suis sûr qu’ils ont un peu de mal avec les débats américains sur l’accès des femmes transgenres (définies comme mâles à la conception) aux toilettes pour dames.

Les journaux occidentaux sont tragiquement amusants, ils ne cessent de dire : «La Russie est isolée, la Russie est isolée.» Mais quand on regarde les votes des Nations unies, on constate que 75% du monde ne suit pas l’Occident, qui paraît alors tout petit. On voit alors que ce conflit, décrit par nos médias comme un conflit de valeurs politiques, est à un niveau plus profond un conflit de valeurs anthropologiques. C’est cette inconscience et cette profondeur qui rendent la confrontation dangereuse.


*Emmanuel Todd est anthropologue, historien, essayiste, prospectiviste, auteur de nombreux ouvrages. Plusieurs d’entre eux, comme « La Chute finale », «L’illusion économique» ou « Après l’empire », sont devenus des classiques des sciences sociales. Son dernier ouvrage, « La Troisième Guerre mondiale a commencé » est paru en 2022 au Japon et s’est écoulé à 100 000 exemplaires.

14 janvier 2023

Le risque d'une rupture majeure

Yann Bizien

Le pouvoir offre le gîte et le couvert, des médecins et des avocats gratuits à des étrangers entrés illégalement en France. Il institutionnalise et subventionne le remplacement de notre population à grands frais et sans l'avis du peuple. Il tiers-mondise et ensauvage la France surendettée. Il abandonne la famille, ne soutient plus la natalité, organise les pénuries, la désindustrialisation, le sous-développement et le délitement moral et politique. Et il demande toujours plus d'efforts au peuple.

Crise économique et énergétique, inflation, baisse du pouvoir d'achat, crise des retraites, immigration de masse, invasive, et de conquête, crise de l'assimilation, désarmement, restrictions, passivité et cynisme politique, laxisme judiciaire, impunité, effondrement de l'école, le pouvoir met en place tous les ingrédients du pourrissement et d'une déflagration sociale majeure.

Il ne restera bientôt dans notre société plus que des bourgeois déconnectés et des misérables dépossédés de tout, de la nation, de la patrie, de leur souveraineté et de leur avenir.

Nous savons ce que l'histoire nous enseigne. Lorsqu'une société en faillite n'est plus équilibrée, que la sécurité de ses citoyens n'est plus assurée, que les différences sont trop grandes, que le pouvoir ne comprend plus le peuple, qu'il ne le représente plus, qu'il cherche à échapper aux réalités, et à ses responsabilités, le risque d'une rupture majeure devient alors l'évidence la plus plausible.

Réforme des retraites

Yann Bizien

Faire passer la réforme des retraites pour un progrès nécessaire, juste, cohérent et efficace... La communication politique est aussi l'art de créer de l'illusion et de faire avaler les plus grosses couleuvres.

Je suis en effet stupéfait du raisonnement et des arguments avancés par les tenants de « l’arc républicain », cette panoplie d’élus déconnectés du réel et des soucis du peuple, pour la réforme de nos retraites. Mais pas seulement : combien d'économistes se sont trompés sur les moyens de traiter nos défis, quand on sait que notre pays est en faillite ?

Le moteur et le carburant de cette réforme « pour l’allongement de la durée du travail » reposent principalement sur la volonté de faire des économies sur le dos des actifs pour sauver notre dispositif de solidarité entre générations.

L'argument majeur est connu : "Nous vivons plus longtemps, il faut donc travailler plus longtemps".

Une réforme, pour réformer ? Une réforme pour faire comme nos voisins ?

Volonté d’augmenter les richesses produites, donc du surplus d’impôts et des richesses fiscales. Volonté de ramener à zéro un déficit estimé à 12 Mds d’€uros dans la prochaine décennie. Volonté de remédier à la cause principale de notre problème, c’est-à-dire la baisse des recettes directement liées à la chute du nombre de cotisants. Volonté de gains nets pour les comptes publics de 23,5 Mds d’€uros. Volonté de hisser à 17,7 Mds d’€uros en 2030 le rendement d’un report de l’âge légal de départ à 64 ans, au rythme de trois mois par an, en complément de l’accélération de l’allongement de la durée de cotisation. Volonté de porter à 43 ans dès 2027 au lieu de 2035 la durée de cotisations nécessaires pour bénéficier d’une pension à taux plein. Volonté d’instaurer une retraite minimum à 1200 € pour un coût de 2 Mds d’€uros. Et volonté de ne pas toucher aux acquis des nantis les plus préservés par le syndicalisme et des régimes spéciaux.

Réforme complexe, et chantier miné, donc, car très largement rejetés par les syndicats et les actifs qui préparent les conditions d’un rapport de forces, celui de la rue, qui n’aboutira probablement à rien car l’exécutif bénéficie de la complicité et du soutien implicite des Républicains qui déclarent déjà leur victoire sur cette réforme qui n’est en réalité qu’un grand recul de la condition des actifs.

Cette volonté de réforme « abrasive » intervient surtout dans le pire des moments pour les Français avec une convergence de crises. En faisant nos courses ce matin, je me suis rendu compte que de plus en plus de ménages, très inquiets, regardaient leur ticket de caisse dans les détails, s’interrogeant sur de nombreuses augmentations de produits de première nécessité.

Contestation, colère, frustration et sentiment d'injustice grondent à bas bruit à ce stade. Les Français refusent en effet ce report de l’âge légal à 64 ans pour environ 80% d’entre-eux.

1995, 2003, 2010 : le pouvoir dépense l’argent des contribuables pour favoriser l'assistanat et acheter la paix sociale, pour subventionner une immigration envahissante et coûteuse, pour financer une solidarité généreuse mais qui n’est plus nationale depuis longtemps, pour reporter à plus tard la cause d’une guerre civile plausible et échapper à ses responsabilités pourtant historiques.

Depuis 30 ans, au moins, le pouvoir, aidé du MEDEF, tente de faire reculer l’histoire du progrès sur cette question si importante de nos retraites. Il sait aujourd'hui qu’il peut très vraisemblablement obtenir gain de cause dans un contexte politique permissif malgré une mobilisation exceptionnelle annoncée par les syndicats et les Partis politiques qui ont décidé de ne pas suivre le Gouvernement.

Un combat de société est donc en train de s’engager. Emmanuel Macron, après des années de « quoi qu’il en coûte » et ses petits chèques de financement de « mesures », donne le sentiment que la seule variable d’ajustement pour assainir et renforcer durablement notre dispositif de retraites, ce sont les actifs.

La vérité est qu’il y a en France de nombreuses pistes d’économies pour financer nos retraites et pour pérenniser nos acquis comme notre modèle.

La vérité est que l'humain ne compte pas chez Emmanuel Macron qui aura multiplié les embardées et les retournements de vestes. Il a renoncé à la fusion des 42 régimes spéciaux. Il n'a pas voulu gommer les inégalités entre catégories de travailleurs. Il n'est pas parvenu à casser les corporatismes. Et il n'a jamais connu la pénibilité, le mal au dos, les ampoules aux mains, les douleurs aux genoux, le froid, la pluie, la chaleur et le danger au travail.

En France, un €uro cotisé pour une retraite ne donne toujours pas les mêmes droits à la fin. Et se sont les mêmes qui trinquent.

Alors, Mesdames et Messieurs les Sénateurs et Députés des vraies oppositions, sortez vos propositions, comparons, résistons et faisons reculer l’exécutif mais pas l’histoire et le progrès qui a encore beaucoup de progrès à faire.

Ukraine : une Europe en forme de IVème Reich

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

L’OTAN et l’UE s’accordent pour une coopération plus large et plus intense. Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, Charles Michel, président du Conseil Européen et la sulfureuse Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, viennent de signer un accord dans ce sens. À quel titre puisque deux d’entre eux ne sont pas élus par les peuples ?

Donc, une poignée de « fonctionnaires » largement décrédibilisée par des affaires en cours, s’arroge le droit de placer sous la tutelle américaine, l’ensemble des pays européens, sans que ces derniers ne soient invités à la séance de signatures. Ces caciques justifient l’accord, qui en toute logique devrait être ratifié par chaque pays concerné, par la défense contre « les acteurs totalitaires ». Sans se rendre compte, que ce faisant, ils sont eux-mêmes : totalitaires. Mais ce n’est pas une nouveauté.

Cette Europe, qui devait nous garantir paix et prospérité, nous a entraînés dans la guerre et les privations et il y a une perspective proche, d’effondrement. L’obsession de vouloir détruire la Russie se retourne contre nous et personne de l’opposition ne semble devoir en prendre la juste mesure. La livraison d’armes lourdes à l’Ukraine marque un tournant. Comme ils avaient voulu mettre à genoux l’économie russe, ils entendent prolonger le conflit jusqu’à épuisement. Mais c’est bien l’Europe qui est épuisée. Elle n’a déjà plus les moyens de livrer des munitions, ni même celle de fournir assez d’armes. Quand bien même il y aurait assez de chars, qui les conduirait ? La dernière bataille de Soledar montre des rues jonchées de cadavres. Contrairement à ce que les illusionnistes de BFM ou LCI rabâchent en boucle, dans un discours mensonger, la faiblesse qu’ils voient chez les Russes, est le sort de l’Occident. L’Ukraine n’a plus de réserve humaine. Leur psittacisme en devient effrayant, et dénote l’embrigadement dans lequel a sombré l’Occident. Imaginez qu’Ursula estime que pour détruire la Russie, il faille utiliser l’arme atomique ? Que croyez-vous qu’elle demandera à la France ? Qu’imaginez vous qu’il se produira alors ?

Depuis le début de ce conflit nous n’avons de cesse au RPF de signaler les aberrations et les dangers que l’UE fait courir à la paix dans le monde et surtout à la France. Nous n’avons jamais été mis en défaut sur les prévisions, somme toute faciles à anticiper. Les Russes n’ont pas été impactés économiquement dans leurs vies quotidiennes : nous si. Il en sera de même pour la situation militaire. Nos réserves sont au plus bas, notre capacité de production de munitions est exsangue, nous sommes obligés de puiser dans notre matériel opérationnel, sans être capable de le remplacer immédiatement… nous n’aurons d’autres choix, en cas d’obsession européenne de prolonger le combat, que d’en venir à l’extrémité nucléaire et nous serons anéantis.

L’Europe, en suivant aveuglément la volonté des US de détruire la Russie, s’enfonce dans un marasme sans précédent, la misère sera la conséquence du soutien jusqu’au boutiste à l’Ukraine. Les volontés de la Suède, d’accueillir des bombes atomiques sur son sol, ne peuvent arranger la situation, mais c’est encore l’Occident qui prétendra être provoqué par la Russie. Ou est passé le bon sens et l’analyse impartiale dans les rangs de nos dirigeants politiques ? Je ne parle pas des macronistes, eux sont voués à suivre aveuglément la volonté des US. Quand allons-nous voir enfin des chefs de partis remettre en question cette politique suicidaire ? On peut comprendre qu’ils soient tétanisés à l’idée de s’opposer à la doxa du moment, qu’ils ne veuillent pas être accusés de tous les maux classiques : extrémistes, complotistes. (...).

La seule voie possible avant le feu nucléaire est l’approche critique du conflit et la négociation entre les belligérants russes et ukrainiens et seulement entre eux.

Davos : l’encombrant forum

Pierre Duriot

Le World Economic Forum ne serait-il soudain plus si glamour qu’il ne l’a été ? De plus en plus de citoyens suisses ne veulent plus du Forum économique mondial, qualifié de réunion privée de l’ élite mondiale. Il se déroulera du 16 au 20 janvier 2023 à Davos. L’armée suisse est sur les dents, l’ espace aérien helvétique sous haute surveillance … Qui paie l’addition? Les contribuables suisses. Ils ont écrit au très soumis nouveau président de la Confédération, Alain Berset, socialiste tendance woke, se plaignant qu’une réunion présentée comme étant d’ordre privé par Klaus Schwab, l’organisateur, soit surveillée par environ 5000 soldats suisses. Soit c’est privé et ils se débrouillent, soit c’est officiel, puisque l’armée est requise et le pays a un droit de regard. Il se trouve que l’élite mondiale est conviée, mais pas l’élite russe et selon les auteurs de la lettre, cela est discriminatoire et ne respecte par les principes de neutralité de la Suisse.

Ces mêmes citoyens se plaignent également, avec l’adhésion aux sanctions contre la Russie, dans le cadre de la guerre en Ukraine, d’être de facto, devenus partie intégrante de l’Europe, sans avoir été consultés. Et l’idée d’être européen n’a pas l’air de leur plaire. On se demande bien pourquoi ? Il est vrai que cet organisme supra-national, dont on ne mesure pas clairement les contours de l’action, devait nous apporter, paix et prospérité et que pour le moment, c’est la guerre, l’inflation et le démantèlement des services publics. On n’avait pas signé pour ça et même, nous avions dit « non » : on comprend donc les Suisses.

La personnalité même de l’organisateur Schwab, est devenue plus que controversée. Il a publié un livre intitulé « La grande réinitialisation », dans sa traduction française, dans lequel il propose ni plus ni moins que la mise en place d’une société surveillée, mondialisée et vaccinée. Le tout avec la complicité de son ami Gates, qui finance l’OMS. Il transmet ses points de vue et tient un rôle controversé, lui aussi, dans la politique vaccinale : est ce bien son travail ? Ajoutons à cela que le papa de Klaus Schwab fut chargé par Hitler, chancelier du Reich, de défendre les intérêts de l’industrie suisse en Allemagne. La Suisse lui a d’ailleurs toujours refusé la nationalité, bien qu’il réside dans le pays depuis 60 ans. Il entretient également les meilleures relations avec le régime chinois, par l’intermédiaire de son fils, représentant le WEF à Pékin. Il ne cache d’ailleurs pas une certaine admiration pour ce régime autocratique. (...).


13 janvier 2023

mélimélo

⬦ Les vœux et toute cette avalanche de guimauve et de bons sentiments, cela commence à me courir sérieusement !

⬦ Borne demande aux syndicalistes du pétrole de « ne pas pénaliser les Français ». Pour ce qui est de pénaliser, elle s’en charge elle-même.

⬦ Quand cela concerne le covid : à 64 ans, tu es vieux et fragile.
Pour la réforme des retraites : à 64 ans tu es jeune et en pleine forme.

⬦ On sait ce qui est bien quand les médias disent que c'est mal.

⬦ Insignifiance et inconsistance sont devenus les maîtres-mots de nos chers médias, adonnés à l'auto-censure et à la diffusion servile de la propagande du pouvoir !

1789 : « Les Français n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche. » Marie-Antoinette
2023 : « Les Français n'ont pas de pain. Qu'on leur donne des préservatifs ! » Emmanuel Macron

⬦ Emmanuel Macron annonce la gratuité des préservatifs en pharmacie pour les 15-25 ans en 2023.
Encore une fois les seniors sont laissés de côté. Combien vont mourir de MST, combien vont avoir des grossesses non désirées ? Nous aussi, nous avons le droit d’être protégés correctement !

⬦ La chose la plus étonnante et la plus désespérante : aucune alternative sérieuse ne se dessine face à la décomposition de la vie politique de notre pays. Peut-être avons-nous trop cru à la politique ?

⬦ On s'est habitué à vivre entouré de cons au milieu de leur connerie collective, même si la profondeur de celle-ci n'en finit pas de nous surprendre.

⬦ Ce qui m'impressionne aujourd'hui c'est qu'il n'y a pas une semaine sans qu'il n'y ait un nouveau scandale qui sorte.

⬦ La plus grande leçon que les gens motivés par la recherche de la vérité doivent tirer de ces 2 dernières années, c'est que la majorité, elle, se fiche totalement de la rechercher et se complaît dans la paresse et le conformisme intellectuels.
Il en est ainsi depuis 2000 ans.

⬦ Il paraît qu'un jour le peuple a fait une Révolution et que ça a donné naissance à la République. Ça serait bien d'en refaire une autre pour donner naissance à la Démocratie : un système où le peuple vote les lois, contrôle ceux qui les font et dans lequel il est constituant.

⬦ Je pense profondément qu'il est possible de défendre ses valeurs dans le respect mutuel et de protéger ses intérêts sans conflit. Tout comme il est normal de préserver sa dignité et son intégrité sans devoir se justifier en permanence ou se laisser culpabiliser. La tolérance, ce n'est pas tout accepter. Car tout accepter, c'est aussi se soumettre à l'arbitraire de la loi du plus fort.

⬦ Pourquoi en 2022 les sénateurs et députés français se sont exclus de l’obligation de présenter un pass vaccinal ? Qui a une réponse non complotiste ? Merci d’avance.

⬦ Être pour la réintégration des soignants suspendus c'est bien. L'avoir toujours été, c'est mieux.

⬦ Liberté, vérité et souveraineté effraient l’homme soumis intellectuellement.

⬦ Ces gens qui passent leur temps à faire la morale aux autres transpirent la haine et le mépris.

⬦ Un président devrait donner l'exemple. Pour info, de Gaulle avait fait installer un compteur électrique dans l'appartement réservé au Président à l'Elysée afin de payer son électricité. Un autre monde.

⬦ Seule la beauté et l'intelligence sauveront le monde.

⬦ Comment ceux qui ont laissé faire, encouragé, poussé contre la raison et l'éthique, une expérience médicale inefficace qui tourne mal en population générale, pourraient-ils à présent se dédire ?
Ce serait reconnaître avoir eu tort, s'exclure et s'exposer à une vindicte bien légitime.
On comprend mieux leur acharnement à défendre l'indéfendable.

⬦ Un jour peut-être je vous parlerai de ma follower qui souvent me lead.

SANTÉ

Debout La France

Reconstruire d'urgence un système de soins d'excellence et accessible à tous !

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2024 devient 1984 : des médias de propagande et un corps médical sous surveillance

H16

L’année 2023 vient à peine de commencer que, déjà, de multiples signes s’accumulent dans la presse de grand chemin qui montrent que jamais la liberté d’expression n’aura été autant attaquée.

C’est, sans surprise, le deux-poids deux-mesures déjà évoqué dans un précédent article qui permet aux journalistes de s’époumoner en outrages courroucés lorsqu’un des leurs est suspendu d’une plateforme privée, pendant que les révélations, pourtant explosives, qu’on peut trouver sur la même plateforme ne font pas la moindre ligne dans leurs rédactions respectives…


C’est, bien évidemment, le petit couplet qu’on retrouve maintenant régulièrement dans différents médias de révérence comme BFMTV qui se fait fort de rappeler qu’avec le débannissement d’un nombre conséquent de comptes Twitter, la plateforme de Musk risque de virer à l’égout de la désinformation la plus sordide : chacun sait que les comptes bannis ne l’étaient absolument pas pour dissidence de pensée, pour refus de s’aligner sur la doxa officielle, mais forcément pour de vilaines théories du complot, de la désinformation et des fake news en veux-tu, en voilà.

Et tant pis si, sur la même plateforme, il a été montré exactement le contraire : on peut bien partir du principe (de moins en moins vrai) que le public de la plateforme en question n’est pas du tout le même que celui du public de ces médias paillassons du pouvoir ; il y a dès lors peu de chance qu’on vienne contredire BFM et ses minions lorsqu’ils s’adonnent justement à la propagande la plus grossière.

Le constat est terrible : ce sont les journalistes, ceux-là même qui sont censés représenter la liberté d’expression, la défendre et la chérir, qui s’en font actuellement les fossoyeurs les plus appliqués, et avec un enthousiasme, une méticulosité qui laisse augurer d’un retournement de veste à vitesse lumière lorsque l’hypocrisie ne paiera plus.

Mais cela ne s’arrête pas à ces quelques cas, déjà dramatiques.

C’est ainsi qu’en Californie, une nouvelle loi, passée en fin d’année dernière, vient d’entrer en vigueur ce 1er janvier, permettant de poursuivre en justice les médecins ayant participé à de la désinformation sur des sujets de santé.

Mais qui détermine ce qui est, ou non, de la désinformation ? Le système judiciaire de l’État, pardi ! Car chacun sait que la Justice ou le gouvernement détiennent la vérité, notamment en matière de santé, surtout depuis les deux dernières années qui ont précisément été la démonstration flagrante de l’excellente qualité des informations distribuées par les experts et autres scientifiques convoqués par l’État ! C’est grâce à eux qu’on a non seulement écarté certains traitements pourtant sans dangers, et c’est sans mal que ces traitements ont même été interdits quitte à reléguer les médecins aux rangs de soldats du systèmes en les dépouillant de toute latitude de prescription et d’autonomie de diagnostic. C’est aussi grâce à eux qu’on a pu mesurer toute la pertinence des actions menées pour contrer une pandémie qui s’est répandue sans le moindre frein malgré toutes leurs gesticulations, des plus draconiennes (avec cerfas intégrés) aux plus stupides (restez assis et non masqué ou debout avec un masque car le virus vole haut, etc.)…

Bref, on sait déjà que cette loi, aussi scandaleuse qu’inique, ne sera utilisée qu’à des fins purement politiques pour casser les discours contrevenant aux intérêts du gouvernement et des politiciens qui pilotent ce nouveau bâillon.

Et ce qui est vrai en France ou en Californie l’est aussi, dans la même mesure terrifiante, au Canada où l’on envisage maintenant sans se déballonner d’envoyer les dissidents en rééducation.

On apprend, par un tweet de l’intéressé, que le docteur Jordan Peterson doit suivre un programme de rééducation sur le bon usage des médias sociaux dans le cadre d’une enquête le concernant qui aurait eu l’audace de critiquer le Premier ministre canadien Justin Trudeau.


Selon Peterson, l’Ordre des Psychologues de l’Ontario lui ordonnerait de suivre le programme avec des experts pour avoir retweeté Pierre Poilièvre, qui est un candidat de l’opposition au poste de premier ministre, et pour avoir également critiqué Trudeau au fil des ans (notamment lors des interdictions de voyager posées par le premier ministre pendant la pandémie, jugées inconstitutionnelles par le docteur).

Autrement dit, le fait d’émettre des critiques plus ou moins acerbes contre le gouvernement Trudeau a directement poussé les autorités de santé et notamment les autorités de tutelles du Dr Peterson à lui imposer des séances de “rééducation” qui ressemblent de plus en plus à la fois à une punition pour son comportement et à la fois à la mise en place d’une police politique. Le mot “camp” n’est pas encore prononcé, mais on sent assez nettement que ça doit en chatouiller plus d’un dans les officiels du Canada, dont le comportement aura été tout sauf exemplaires pendant la pandémie…

Ces différents exemples, aussi disparates soient-ils dans leur localisation et dans les modes d’actions, n’en présentent pas moins, à chaque fois, une nouvelle facette de cette censure plus ou moins douce, plus ou moins active, qui se met en place : les médias grand public et les ordres professionnels sont devenus des outils de propagande et des supports de censure pour la pire des idéologies, celle du Tout-à-l’État : seul le message officiel, sanctionné par le gouvernement, est autorisé, viable et raisonnable. Tout autre doit être méprisé, ridiculisé, banni.

Les campagnes de désinformation orchestrées par les médias grand public ne visent plus maintenant qu’à fausser la perception des faits et à manipuler l’opinion publique en favorisant ou en désavouant certaines informations, certains faits ou certains discours. C’était déjà le cas dans leur couverture de la crise des Gilets Jaunes en France, dans le traitement médiatique des élections américaines de 2020. La pandémie a véritablement placé un turbo sur ces méthodes.

Les ordres professionnels quant à eux ne sont plus que des outils de censure, limitant par des règles aussi strictes qu’arbitraires les communications et les actes mêmes des médecins ou des pharmaciens.

Les conséquences sont déjà visibles : l’effondrement progressif de la confiance dans la politique, puis dans les médias (l’un et l’autre n’ont jamais été aussi basse) touche maintenant les autorités de santé et, petit-à-petit, le corps médical. La propagande a tué, tue et tuera encore.

Forcément, tout ceci va très bien se terminer.


Blabla et néolibéralisme à gogo : ce que contient le rapport de McKinsey sur l’école

Hadrien Brachet / Marianne
Publié le 12/1/2023

Épinglé par la commission d’enquête du Sénat en janvier 2022, le rapport de McKinsey sur l’évolution du métier d’enseignant destiné au ministère de l’Éducation nationale est désormais accessible en ligne. Un concentré de langage managérial insipide qui pousse à la libéralisation de l’école et à son adaptation au marché du travail.

Une opération facturée pas moins de 496 800 euros, pour un résultat plus que discutable… En janvier 2022, la commission d’enquête du Sénat sur l’influence des cabinets de conseil s’était étonnée d’une mission de McKinsey opérée en 2020 à destination du ministère de l’Éducation nationale et de la Direction interministérielle de la transformation publique. Le directeur associé de McKinsey France, Karim Tadjeddine, avait alors expliqué devant des sénateurs remontés qu’il s’agissait d’accompagner l'organisation d'un « séminaire » pour « réfléchir aux grandes tendances des évolutions du secteur de l'enseignement ». Celui-ci ayant été finalement annulé pour cause de Covid-19, le cabinet de conseil américain avait finalement rendu trois « livrables » sur les évolutions du métier d’enseignant, en s’appuyant sur des comparaisons internationales.

Jusque-là, ces documents n’avaient pas été rendus publics. Grâce à des démarches auprès de la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA), David Libeau, développeur, membre de l’association OpenKnowledge France et Marc Rees, journaliste pour le site d'investigation L’Informé, viennent de les obtenir et ont pu les mettre en ligne ce mercredi 11 janvier. Parmi eux, la « version en cours d’élaboration » datée d'avril 2020 de la fameuse note intitulée « Éclairer les évolutions du métier d’enseignant au XXIe siècle ». Un rapport qui, comme le reconnaissait lui-même le ministère de l’Éducation nationale auprès de la commission d’enquête, « a pu alimenter sa réflexion sur l'accompagnement des professeurs par leurs pairs (mentorat), le besoin de repenser leur formation et la nécessité de mieux valoriser leurs compétences. » Seule interrogation pour le journaliste Marc Rees, les métadonnées du document qui signalent une modification le 4 avril 2022, près de deux ans après le rendu : « je ne sais pas si cela correspond à une modification substantielle ou juste orthographique ou graphique », pointe-t-il.

En tout cas, tout au long des 204 pages pour l'instant disponibles, à la présentation léchée, alternant textes, graphiques et images d’illustrations, la note développe une vision de l’école conforme à celle développée par Emmanuel Macron au cours de sa campagne présidentielle de 2022, promouvant autonomie des établissements, rémunérations au mérite et fonctionnement décentralisé. Partant du constat que « le métier d’enseignant évolue profondément », McKinsey estime qu’« appréhender ces évolutions est une nécessité impérieuse pour permettre aux professeurs de continuer à assurer leur mission, au service de la réussite de tous les élèves ». Désormais, les professeurs « ne sont plus uniquement des "sachants" qui transmettent un savoir théorique, assure le cabinet de conseil. Mais ils offrent un accompagnement plus global au développement et à l’épanouissement de l’élève – y compris, en l’éduquant sur des sujets comme le respect de la diversité, le développement durable, l'équité sociale ou l'égalité des sexes. »

NUMÉRIQUE ET « ESPRIT D'ENTREPRISE »

Pour répondre aux défis de l’époque, le rapport préconise donc de faire évoluer le quotidien des enseignants et leurs méthodes pédagogiques. Et pour cela, à de multiples reprises, le cabinet de conseil incite à développer l’usage du numérique. Si l’apprentissage de la programmation ou la sensibilisation à l’usage des outils informatiques sont certes essentiels, McKinsey va bien plus loin, faisant appel au numérique jusqu’à plus soif. Le cabinet de conseil suggère d’« accélérer la diffusion des méthodes comme l’apprentissage mixte », le « blended learning » (sic) qui consiste à associer apprentissage en ligne et cours.


Quant aux professeurs, ils « pourraient accéder à des outils technologiques pour préparer les cours, automatiser partiellement la notation, ou encore les seconder dans l’analyse des progrès réalisés par les élèves ». McKinsey propose même déjà des logiciels clés en main : « Gradescope », qui « s’appuie sur des méthodes informatiques d’apprentissage machine pour permettre aux enseignants de noter les élèves plus rapidement » ou « Schoolrunner » qui « permet aux enseignants de suivre et d’analyser les données de leurs élèves ». En somme, délesté de sa position de « sachant », l’enseignant devient un simple gestionnaire, analysant courbes, graphiques et pourcentages au profit de la maximisation des résultats.

YOGA ET PRIMES

L’idéologie néolibérale, centrée sur l’adaptation permanente des individus à une économie globalisée, imprègne d’ailleurs tout le rapport. On apprend qu’on pourra, dès le primaire, sensibiliser les élèves « aux opportunités de la société numérique » par exemple « en éveillant leur esprit d’entreprise (sic) ». Il n’est jamais trop tôt. De manière générale, l'Éducation nationale est incitée à ouvrir ses portes aux entreprises (et pas n’importe lesquelles : start-up plutôt qu’artisans boulanger ou acteurs de l’industrie) : « Des partenaires externes pourraient être sollicités (associations, start-up, entreprises du secteur éducatif) pour développer et dispenser des programmes d’apprentissage numérique. »

À deux doigts d’inventer le pantouflage pour les profs, le cabinet de conseil suggère aussi de « baliser des parcours de mobilité [...] vers le privé ». McKinsey appelle à développer pour les enseignants « des parcours professionnels plus individualisés, flexibles et dynamiques » et la « rémunération au mérite ». Peut-être même pourraient-ils recevoir des « chèques cadeaux supplémentaires » s’ils sont jugés « excellents », envisage McKinsey dans l’un des trois autres documents livrés au ministère.


Et pour améliorer le bien-être au travail, on pourra leur « proposer des activités extrascolaires au sein ou hors de l’école (par exemple, sport, yoga, méditation, événements conviviaux avec des parents) ». Il ne manque plus qu’une table de ping-pong et des poufs, et c’est sûr, les profs en auront fini avec leurs revendications syndicales d’un autre temps. D’ailleurs, « McKinsey n'a jamais cherché à associer à sa réflexion la communauté enseignante ou les représentants syndicaux », précisait la commission d’enquête du Sénat. À quoi bon ?

DES ENSEIGNANTS DEVENUS MANAGERS

Toujours dans un esprit parfaitement start-up, le cabinet de conseil assure que « les compétences sociocomportementales pourraient faire l’objet d’un renforcement dans les programmes scolaires, en multipliant les exercices pratiques visant à développer chez les élèves la communication, le travail en équipe, l’esprit critique, la créativité ». Bien sûr que l’esprit critique et le travail en équipe doivent être développés chez les élèves, mais dans le vocabulaire du cabinet de conseil, l’enseignant n’est pas loin de devenir un manager – voire un « chief happiness officer » – toujours là pour aider ses élèves à brainstormer. Ces managers seraient eux-mêmes de plus en plus managés par leur chef d’établissement auquel McKinsey, comme Emmanuel Macron, veut donner plus de prérogatives. On lira ainsi qu’il faut renforcer son « leadership pédagogique », notamment en lui donnant « des pouvoirs étendus dans l’allocation de ressources financières et humaines ».


Quant au modèle républicain de l’école française, il est à peine effleuré dans ce document de 204 pages. La laïcité n’est citée qu’une fois, pour rappeler que l’enseignant « incarne également des valeurs (liberté, égalité, fraternité, laïcité, neutralité) ». Si l’éducation morale et civique doit être transformée, c’est seulement pour sensibiliser les élèves aux « enjeux d’une société multiculturelle, complexe, connectée ». À l’école républicaine, fondée sur la connaissance et l’émancipation, le cabinet de conseil préfère une école-entreprise, tournée vers l’adaptation constante au monde du travail et focalisée sur le savoir-être, plutôt que le savoir-faire. Idéal pour préparer les jeunes à la « flexibilité » du monde du travail et à une société atomisée. Ferdinand Buisson voulait « faire des républicains », McKinsey rêve de faire des startupers.