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16 janvier 2023

La folie belliciste

Yann Bizien

[...] Ce qui échappe à la grande majorité des Français, est que nous sommes sous l'influence écrasante de la pensée géopolitique et impérialiste américaine.

La France affaiblie et perdue ne pense plus par elle-même. Elle suit le mouvement général occidental impulsé par les États-Unis. Totalement alignée, infantilisée et soumise, elle a perdu sa singularité, son indépendance politique et sa souveraineté intellectuelle.

À l'est de notre continent, il n'y a pas qu'une guerre entre la Russie et l'Ukraine. Nous sommes devenus, malgré nous, sans notre avis, et à nos frais, des acteurs et des contributeurs de cette guerre.
Il faut en prendre conscience.

C'est à l'est de notre continent qu'une probable 3ème guerre mondiale peut débuter sans qu'une grande partie de la population, hélas, ne s'en rende compte. Elle peut débuter si nous ne parvenons pas à conjurer un chaos potentiellement global et si nous continuons à suivre aveuglément la folie belliciste.

USA – BREF RESUME DE L’AFFAIRE QUI SECOUE ACTUELLEMENT LA MAISON BLANCHE

Marc Amblard

Les faits

1. Des documents classifiés (très sensibles) auraient été dérobés entre 2013 et 2016 par Joe Biden alors qu’il était vice-président aux côtés de Barak Obama. Ils ont été découverts le 2 novembre dernier, soit 6 jours avant les midterms, bien que l'affaire ait été exposée plus tard.
2. Il a été demandé au Ministre de la justice (General Attorney), Merrick Garland, de désigner un procureur de Chicago pour enquêter sur l’affaire.
3. Une fois n’est pas coutume, les médias mainstream (et même CNN) rapportent l’information.

Les conjectures

1. Il se dit que les démocrates étaient informés depuis longtemps quant à l’existence de ces documents dont certains sont classés Top secret.
2. Que lesdits démocrates se saisissent actuellement du dossier pour pousser l’actuel président à la démission du fait qu’il serait trop impopulaire pour envisager une réélection en 2024.
3. La vice-présidente Kamala Harris, deviendrait alors temporairement présidente, donnant ainsi un nouveau souffle à l’actuelle administration, nonobstant une popularité guère meilleure que celle de Joe Biden.

Le Ministère macronien de la « Vérité »

Pierre Duriot

Le site France-Soir bénéficie à nouveau, mais provisoirement, de son agrément de service de presse en ligne, avec la possibilité de bénéficier d’aides publiques et d’avantages fiscaux. Cela grâce à une ordonnance rendue par le juge des référés du tribunal administratif de Paris. Ce qu’on appelle la Commission paritaire des publications et agences de presse, composée de représentants de l’État et des éditeurs de presse, avait décidé fin novembre, que le site était dépourvu du « caractère d’intérêt général quant à la diffusion de la pensée ». On peut se demander, quelles sont les modalités d’application de ce décret de « diffusion de la pensée », ou plutôt de « la bonne pensée », concernant les organes de presse. C’est en substance, ce qu’a conclu le tribunal administratif, qui a suspendu en référé, le 13 janvier, l’exécution de cette décision, mettant en doute l’impartialité de la décision.

France-Soir aurait pratiqué la désinformation et le complotisme et ce serait un « défaut d’intérêt général » et des allégations susceptibles de porter atteinte à la protection de la santé publique. Accusé d’être le relais des « complotistes », le journal s’est retrouvé mis au ban, dans un pays où 95% de la presse soutient le président Macron et pour cause. Celui-ci débloque enveloppe sur enveloppe, la dernière en décembre dernier, pour aider la presse à survivre, alors qu’elle appartient à quelques milliardaires, amis du pouvoir. Peut-être bien à condition qu’elle accepte de chanter ses louanges et mène la vie dure aux adversaires politiques.

Qui sont ces fameux complotistes ? Ceux qui avaient dit, un an avant le passe-vaccinal qu’on aurait un passe-vaccinal. Ceux qui ont contesté le passe-vaccinal, qui était un complot et qu’on a finalement eu ? Ceux encore, qui avaient expliqué que le pouvoir se servirait de la pandémie pour restreindre les libertés publiques ? Est-ce que cela n’a pas été le cas ? Ceux qui avaient expliqué que le vaccin générerait des effets secondaires ? Il est vrai que c’est le cas partout… sauf en France. Les complotistes, encore eux, qui expliquaient qu’on aurait des rationnements organisés de l’énergie ? On y est. Ceux encore qui prévenaient de la disparition du cash ? L’Europe en discute. Ou alors ceux qui expliquaient qu’on ne soignerait pas les non-vaccinés ? Ce fut le cas.

En réalité, la France est classée 34ème pour la liberté d’expression : de manière bien peu glorieuse. Les autorités françaises sont à l’origine de 87% des demandes de suppression de contenus, reçues par le réseau social Twitter, au niveau mondial. La censure sur Facebook est impitoyable pour tout ce qui concerne les effets secondaires des vaccins, ou les publications ostensiblement opposées au pouvoir en place. Laurent Solly, le patron de Facebook-France, est marié à Caroline Roux, journaliste politique à France 5, qui interviewe fréquemment les ministres macroniens et parfois le président lui-même, avec beaucoup de bienveillance. En réalité, on pourrait même dire, plus banalement, qu’elle lui cire les pompes.

Et sur la base de 60 indicateurs différents, la France possède une « démocratie » classée 24ème, derrière, par exemple, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse ou les Pays-Bas. Elle figure donc, classée parmi les démocraties « défaillantes », aux côtés de pays comme l’Espagne, l’Afrique du Sud ou encore la République Tchèque, mais aussi des États-Unis. Si elle conserve son rang, la France a perdu, entre 2019 et 2020, son statut de démocratie « à part entière ». Le macronisme est donc bien ce qu’il est : une dictature de la pensée et les accusations de « complotisme » visent seulement à légitimer la chasse aux opposants, le travestissement de la réalité et le matraquage de la doxa gouvernementale.

Nous dénonçons cela au RPF et souhaitons l’avènement d’une presse indépendante. Pour les plus anciens, il est extrêmement facile de se souvenir que traditionnellement, en France, la presse se scindait, à chaque présidentielle, en deux blocs soutenant chacun l’un des finalistes. Cette unanimité médiatique ne vaut que pour les élections de Macron, dont la dernière, où pour pouvoir s’exprimer sur un plateau télé, lors des deux campagnes, il fallait préalablement se positionner de manière obligatoire, comme pro-vaccin, pro-Ukraine et pro-Macron, pour pouvoir en placer une. Cette dictature, si elle ne résonne pas du bruit des bottes, efface en silence, toute forme de contradiction.

Loi Alimentation : le retour de la vengeance du chèque-PQ ?

H16

Oh, encore une nouvelle proposition de loi ! Et celle-ci ne porte ni sur l’emploi du féminin dans certaines professions, ni sur l’interdiction de la fessée, et engendrera probablement un débat moins délicatement décalé que celui sur la tenue des députés en séance : elle touchera les produits de grande consommation ! Chic, les députés s’intéresseraient-ils aux problèmes concrets des Français, pour une fois ?

Rassurez-vous, il n’en sera rien.

Ou plutôt, disons que si ce projet de loi va bel et bien concerner des problèmes concrets pour les Français alors que l’inflation commence à faire des dégâts, ce sera pour accroître les soucis et non les résoudre.

Comme d’habitude, tout part d’un constat erroné et d’un raisonnement boiteux porté par un député, Frédéric Descrozaille, puis monté en mayonnaise par le truchement habile du langage législatif habituel pour se transformer en caca mou que l’Assemblée nationale va s’empresser de pousser dans le ventilateur de ses débats. Ce qui va se passer ensuite va vous surprendre (ou pas).


En substance et comme un précédent billet l’évoquait en 2018, tout commence lorsque le législateur, nimbé de son omniscience habituelle, décide de restreindre de toutes les façons possibles les réductions et autres offres promotionnelles que les enseignes commerciales, de distributions et autres producteurs ou fabricants seraient à même de proposer à leurs clients, afin de lutter contre (en vrac) la concurrence déloyale, les éventuelles bousculades dans les rayons, la surexploitation des petits producteurs, la destruction des écosystèmes ou les prouts de licorne qui font un dioxyde de carbone trop agressif dans l’atmosphère (rayez les mentions inutiles).

Pour cela, la “loi Alimentation” ou “loi Egalim” est votée en fanfare.


Sans la moindre surprise, une fois mise en place, cette loi provoque presque autant d’effets secondaires aussi prévus et délétères que des injections expérimentales mal testées.

Eh oui : la loi Egalim a été un ratage intégral, comme très souvent en République du Bisounoursland lorsque le pays, piloté par une bande d’idéologues incompétents, refuse de se plier à leurs injonctions paradoxales mais s’en tient à la dure réalité, au crépi duquel les fesses des citoyens et de leurs politiciens ne cessent de se frotter.

Ainsi, grâce à cette loi débile, les prix de certaines denrées augmentèrent (de 1 à 10%), les consommateurs en firent les frais et les producteurs (au premier rang desquels les agriculteurs dont la loi était censée améliorer le sort) ne virent pas la couleur de ces augmentations de prix. Des entreprises, dont le modèle d’affaires se basait quasi-intégralement sur des ventes promotionnelles dorénavant interdites, se retrouvèrent dans des difficultés suffisantes au point de devoir licencier. Si l’on ajoute les gains dodus engrangés par les distributeurs (comme prévu mais contre toute attente du législateur décidément bien stupide) et les conclusions sénatoriales qui montrèrent que cette loi ne satisfaisait absolument personne (sauf l’État), on aboutit à la conclusion d’un désastre aussi total que prévisible.

Heureusement pourrait-on croire, cette loi, prise en 2018 dans la décontraction que permet une inflation quasi-nulle (voire une déflation dans certains cas), devait cesser d’être appliquée au courant du printemps 2023, et la plupart de ses encadrements et autres mesures idiotes devaient disparaître.

Mais toujours sans la moindre surprise et avec ce petit bruit lancinant, dans le fond, qui rappelle celui du broyeur industriel dans lequel on devrait placer prestement une partie de la politicaillerie pour résoudre nos entêtants problèmes, on apprend donc que le député Descrozaille veut prolonger cette loi perverse. Mieux encore, le législateur semble vouloir introduire, par voie d’amendements, de nouvelles façons de gérer les promotions sur les articles d’hygiène, qui pourraient être traités comme des produits alimentaires. Ainsi, les promotions seraient limitées à 34%, contre 45% aujourd’hui.


Oui, vous l’avez bien compris : alors que le pays est au bord d’une faillite complète et retentissante dans la plupart de ses domaines les plus essentiels (énergie, école, santé, armée), la députaillerie s’occupe de réguler les prix des tampons et du papier toilette en s’assurant, comble de la crasse bêtise, qu’ils ne seront pas trop faibles et ce alors que l’inflation réelle tripote le 12% par le mauvais côté de l’arrondi et que tous les professionnels concernés alertent pourtant du caractère inflationniste (voire explosif) d’une telle mesure manifestement prise par des individus totalement déconnectés du réel (ou bassement manipulés).

En somme, votre gouvernement travaille activement à ce que les prix ne baissent pas (ou pas trop !), voire que l’inflation ne s’éteigne pas ; voilà exactement une aide qui s’apparente à des coups de bâtons au milieu d’une bastonnade.

Coups dont les Français auraient sans aucun doute pu se passer avec soulagement, mais la députaillerie veille : grâce à un lobbying intense de différents syndicats, couplé à une méconnaissance presque olympique du fonctionnement du marché en général et de la grande distribution en particulier, et un dogmatisme qui n’a rien à envier à celui d’ayatollah iraniens, le Français sera une fois de plus à l’abri de toute amélioration de sa situation. Si amélioration il y a, ce sera malgré les actions gouvernementales (vous reprendrez bien un petit chèque-PQ pour compenser son prix exorbitant, non ?) et en dépit du sabotage obstiné du législateur, ce qui la rendra forcément lente et obtenue de haute lutte.

Cependant, il ne faut pas perdre de vue qu’au-delà de l’incompétence ou de la bêtise du législateur, il reste indubitable qu’une inflation galopante est probablement la seule chose qui peut encore sauver le pays : pour noyer sa dette devenue colossale par les bons offices de Macron, à part la confiscation de l’épargne – ce qui revient à faire sortir tout le monde dans la rue (y compris ses électeurs) – il n’y a guère d’autres solutions que celle-là, la ruine de l’épargnant.

Et comme les salaires ont peu de chance de suivre au même rythme, les prochains mois promettent d’être un peu tendus.


15 janvier 2023

Un MOIS !

Gérard Boyadjian

1 mois sans névroses de féministes mal b...
1 mois sans se taper la religion de paix et d'amour.
1 mois sans transgenre obèse végan non binaire aux cheveux bleus.
1 mois sans écouter Foutriquet qui zozote pour annoncer la guerre.
1 mois sans entendre les journalopes françaises.
1 mois sans Bilal Hassani ni Jack Lang qui se lèchent le fion.
1 mois sans Zelensky qui demande de la tune et des flingues.
1 mois sans grève, sans écolos, sans clandos, sans cassos, etc...
1 mois sans Sardine Ruisseau ni l'autre greluchon d'Eithoven.
1 mois sans politiquement correct, ni hypocrisie médiatique.
1 mois sans un film de Omar Sy ou de Marina Foïs.
1 mois sans un Mohamed dont le couteau s'est subitement radicalisé.
1 mois sans repentance au rabais.
1 mois sans pardon pour la colonisation, l'esclavage, la Shoah... et la grippe aviaire !
1 mois sans ce clown d'Hanouna, ni son rire de coké.
1 mois sans ces artistes dégénérés qui s'imaginent créatifs et transgressifs parce qu'ils enfilent une robe rose fluo sur le tapis rouge du festival... de la décadence occidentale.
Un p.... de MOIS entier, libre de toute cette lignée de tarés, pour se refaire une petite santé et reprendre un peu pied, dans un monde où subsiste encore un peu de beauté.


Prends l’oseille et tire-toi !

Denis COLLIN

Pour les barons-voleurs, la situation est au beau fixe. On a appris, à la fin de l’année dernière que la cotation boursière de la place de Paris dépassait celle de Londres. En ce début d’année, on annonce que le montant total des dividendes versés aux actionnaires, qui avait atteint un record en 2021 avec 57,4 milliards d’euros, dépasse les 80 milliards (56 versés directement et 24 en rachat d’actions). Pour le « pognon de dingue », les barons-voleurs savent y faire. Sur le podium de « l’argent magique » : Total, LVMH et Sanofi. Crise énergétique, luxe et crise sanitaire, voilà la richesse des riches. Bernard Arnault, l’homme le plus riche du monde, et le groupe Blackrock, les amis de Macron sont parmi les principaux bénéficiaires de ce ruissellement.

La France est devenue le jardin d’Éden du capital : Macron et le CAC 40, c’est Ali Baba et les quarante voleurs ! Car la richesse des riches se paie de la pauvreté des pauvres. La désindustrialisation se poursuit. On vient d’apprendre qu’on ne fabriquait même plus de Doliprane – Sanofi, où es-tu ? L’industrie automobile part en lambeaux entre la poussée mécanique de la Chine grâce au « tout électrique » et la fusion Stellantis qui amène Tavares à annoncer des « mesures impopulaires » (fermetures d’usine et réduction du réseau de distribution), alors même que le groupe a enregistré des profits records. La France est devenue importateur net de produits agricoles et le commerce extérieur enregistre des records de déficits. Les indépendants, comme les boulangers, sont ruinés par la hausse de l’énergie ; beaucoup de PME ferment. Pendant ce temps, la dégradation des services publics se poursuit à un rythme accéléré. La reine mère a beau faire le tour des médias et petites sauteries officiels pour dire que c’est moins bien ailleurs, tout le monde, y compris la presse aux ordres, sait que l’hôpital est dans un triste état et qu’on manque de médecins.

Pour accélérer ce ruissellement du bas vers le haut, Macron et ses sbires appliquent la bonne vieille recette : prendre l’argent où il est, chez les pauvres, car ils sont les plus nombreux. Tel est le sens des mesures drastiques prises au sujet de l’assurance-chômage. Tel est le sens du grand braquage qu’est la réforme des retraites. Exposée par Mme Borne qui a le culot de demander aux syndicats de ne pas gêner les Français, la réforme est sans la moindre justification et n’a pas d’autre but que de prendre le salaire différé des salariés qu’on noiera opportunément dans les autres cases du budget de l’État pour qu’il retombe dans la poche des amis de Macron. Ali Baba et ses quarante voleurs la jouaient vraiment petits bras. Mais Ali Baba n’était ni le sultan ni le calife.

Le COR (comité d’orientation des retraites) a rendu un rapport qui exclut un déficit sérieux des régimes de retraites à un horizon prévisible. Du reste, alors qu’on prévoyait un déficit, le régime est excédentaire pour les deux dernières années. Il y a à cela plusieurs raisons. L’espérance de vie stagne et pourrait même baisser si elle suit la courbe de l’espérance de vie en bonne santé. Les « boomers » qui constituent les retraités d’aujourd’hui sont appelés à disparaître, car « il n’y en est jamais resté » et les classes qui suivent sont nettement moins fournies. Enfin, Jospin, pour une fois, avait pris une sage décision en constituant une cagnotte pour les retraites en 2001.

Cette réforme injuste et, pour tout dire, scandaleuse est rejetée par l’immense majorité des Français (4 sur 5 disent certains sondages), mais elle a un appui parlementaire. Conformément à ce qu’ils sont, les LR vont la voter et confirmeront ainsi qu’ils sont vraiment dans la « majorité présidentielle » et que le courant qu’ils prétendent représenter est résiduel. Les vieux gaullistes, s’il en reste, vont avaler leur chapeau. Une fois de plus. Les 175 députés de la Nupes et les 87 députés du RN forment une minorité parlementaire qui pourrait employer tous les moyens à sa disposition pour bloquer Mme Quarante-Neuf-ter : rassemblements massifs, référendum d’initiative partagée, etc. Gageons qu’ils vont tout faire pour qu’il n’en soit rien. À la Nupes on préfère se chamailler sur le sort de ce pauvre Quatennens et on refuse même de s’associer à une motion RN… qui n’est que la reprise d’un motion de la Nupes. Diviser pour que Macron survive. Il est vrai que la Nupes, d’une certaine manière, fait partie de la « majorité présidentielle » : ses diverses composantes, au nom d’un antifascisme imaginaire, ont appelé, sournoisement ou ouvertement à voter Macron au second tour de 2022. En outre, ils vont tout faire pour éviter une dissolution qui profiterait certainement au RN. De ce côté-là pas grand-chose à attendre. Du côté des syndicats, il n’en va guère mieux, même si, cette fois, la CFDT refuse la réforme – Macron a cependant prévu de lâcher quelques miettes pour obtenir in fine le soutien de Berger.

La solution viendra peut-être, si elle vient, d’une initiative ou d’initiatives venues d’en bas, comme l’a été la grève des contrôleurs de la SNCF qui s’est faite sans les syndicats, sous la direction d’un collectif. Il pourrait aussi s’agir d’un mouvement de type Gilets jaunes qui pourrait amalgamer toutes les colères, celles des salariés et celles de travailleurs indépendants. Dans Valeurs Actuelles, on peut lire : « L’acharnement d’Emmanuel Macron à imposer sa réforme des retraites contre l’avis des Français peut-il faire de 2023 l’année d’un séisme politique d’une magnitude comparable à 1789, 1830, 1848 ou 1958 ? »

Le 15 janvier 2023


Conflit Otan/Russie

Vincent Verschoore

Intéressant "docu" sur ARTE sur la zone baltique au cœur du conflit Otan/Russie. Un véritable film de propagande bien-pensante peignant la Russie sous les traits d'un pays de barbares nostalgiques de l'URSS, et l'Otan comme le preux chevalier de service protégeant les braves européens trop naïfs.
Le point de vue plus nuancé basé sur la réalité historique de ces 30 dernières années n'est même pas mentionné, quitte à être critiqué : il est tout simplement inexistant.
Donc, un pays de 143 millions d'habitants (l'Europe, c'est plus de 500 millions) avec le PIB de l'Espagne, est une menace pour l'Otan. Ainsi la Russie aurait attaqué la Géorgie en 2008, la Crimée en 2014 et l'Ukraine aujourd'hui sans raisons. L'Otan, c'est que des gentils.
Pourtant, qui a envahi l'Afghanistan avec pertes et fracas, puis l'Irak sur base d'un vil mensonge, puis détruit la Libye sous couvert de "mission humanitaire" ?
Qu'est-ce qui a poussé les Russes à réagir en 2008 puis 2014, et en février 2022 ? Quel est le risque objectif d'une invasion russe des pays Baltes, de la Pologne et de la Scandinavie ? Combien de bases de l'Otan entourent les frontières ouest et sud de la Russie, et que se passerait-il si les Russes recommençaient le coup de Cuba ?
Ce docu de propagande n'en dit pas un mot, et c'est vraiment une honte, sachant qu'il s'agit d'une chaîne financée par des fonds publics.


UNE BLONDE SOUS LA GRENADE

Gabriel Nerciat

Hier, en allant faire des courses dans un hypermarché pas très loin de chez moi, alors que j'ai pris ma place dans la queue pour régler de menus achats alimentaires, je vois arriver derrière moi une jolie blonde un peu glamour et très apprêtée, perchée sur de longues jambes qui pourraient être celles d'une ancienne danseuse du Moulin Rouge, agréable personne d'une quarantaine d'années à la mise à la fois un peu vintage et accompagnée de je ne sais quoi d'excentrique.
Comme elle n'a pas grand chose à payer (une bouteille de vin et je ne sais plus quelles mignardises), je m'empresse de lui dire : "Si vous voulez passer avant moi, Madame, je vous en prie".
C'est le genre de proposition courtoise que j'adresse en général, en bon mâle cisgenre et patriarcal, en semblable circonstance soit aux vieilles dames soit aux jolies femmes (parfois aussi aux laides, hein, que les féministes ne me tombent pas dessus comme la vérole sur le bas clergé).
Du coup, la blonde inconnue me regarde, ébahie et enchantée, comme si je venais de lui offrir la lune.
Pour la peine, elle me gratifie, avec une pointe d'accent que je crois être originaire d'Europe centrale, d'un tonitruant et enjoué : "Oh mais vous êtes un amourrrr ! Merci !".
Elle passe donc devant moi, règle ses achats et disparaît prestement sous le ciel gris et froid de janvier.
C'est seulement à ce moment-là que je prête attention à la chanson que diffuse en sourdine la radio choisie en guise d'ambiance musicale par l'établissement commercial, la rébarbative et répétitive Grenade de l'ahurissante et peu amène Clara Luciani : "Je pourrais te faire mal. Prends garde : sous mon sein la grenade ; regarde : sous mon sein la grenade, etc".
Quand j'entends ce truc immonde, en général, je me bouche les oreilles ou pense à quelque chose de réjouissant (l'exécution de Macron sur la place de la Concorde, ou le sourire de Romy Schneider à la fin de César et Rosalie) pour faire diversion.
Mais là, non.
Ce démenti fugace et ravissant offert à l'improviste par une inconnue sortie d'un film de John Huston ou de Max Ophüls pour contredire la barbarie bravache des modernes amazones, je l'ai vécu et accueilli comme la plus belle dissonance poétique que le moment présent était susceptible de m'offrir.


La maîtrise de notre langue

Yann Bizien

Il y a des coupables d’un autre drame français : l’effondrement de la maîtrise de notre langue.
Je n’ai jamais abandonné mes trois outils et mes trois amis d’enfance : mon Bescherelle, mon Bled et mon dictionnaire Larousse. Toujours visibles, toujours à proximité, ils ont été également d'une grande utilité à nos deux enfants.
Contrairement au Bescherelle, centré sur la conjugaison, le Bled est un manuel d'exercices grammaticaux simples et présentés avec beaucoup de clarté.
L'achat d'un Bescherelle est une acquisition intelligente et rentable sur le temps long. Il est utile tant pour les profanes de la conjugaison que pour les chevronnés de notre langue. Devenu l'ouvrage de référence en la matière, ses 300 pages révèlent tous les mystères d'une conjugaison juste et correctement employée.
Les frères Bescherelle publièrent une Grammaire nationale qui connut plusieurs éditions tout au long du XIXème siècle. Louis-Nicolas Bescherelle publia également le Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française, dictionnaire majeur du XIXe siècle.
Le Bled est incontournable pour maîtriser toutes les règles de la grammaire. Il comprend 80 leçons expliquées de façon détaillée, plus de 350 exercices, corrigés inclus, des tableaux récapitulatifs et un index des notions. C’est un outil indispensable pour tous : écoliers, collégiens, lycéens, étudiants, adultes, grand public.
Le dictionnaire est un recueil contenant des mots et des expressions de notre langue. Ils sont présentés dans un ordre convenu qui donne des définitions, des informations et qui nous éclaire sur le sens des mots, des verbes et des expressions.
Je remercie les amis qui aiment notre langue, qui la respectent, qui font des efforts de lectures et qui m’alertent parfois lorsque je rédige un peu trop vite sans me relire.

La Troisième Guerre mondiale a commencé

Emmanuel Todd


Pro­pos re­cueillis par Alexandre De­vec­chio et publié dans Le Figaro du 13 janvier 2023

LE FIGARO. - Pourquoi publier un livre sur la guerre en Ukraine au Japon et pas en France ?

Emmanuel TODD. - Ici, j’ai la réputation absurde d’être un « rebelle destroy », alors qu’au Japon je suis un anthropologue, un historien et un géopoliticien respecté, qui s’exprime dans tous les grands journaux et revues, et dont tous les livres sont publiés. Je peux m’exprimer là-bas dans une ambiance sereine, ce que j’ai d’abord fait dans des revues, puis en publiant ce livre, qui est un recueil d’entretiens. Cet ouvrage s’appelle « La Troisième Guerre mondiale a déjà commencé », avec 100 000 exemplaires vendus aujourd’hui.

Pourquoi ce titre ?

Parce que c’est la réalité, la Troisième Guerre mondiale a commencé. Il est vrai qu’elle a commencé « petitement » et avec deux surprises. On est parti dans cette guerre avec l’idée que l’armée de la Russie était très puissante et que son économie était très faible. On pensait que l’Ukraine allait se faire écraser militairement et que la Russie se ferait écraser économiquement par l’Occident. Or il s’est passé l’inverse. L’Ukraine n’a pas été écrasée militairement même si elle a perdu à cette date 16% de son territoire; la Russie n’a pas été écrasée économiquement. Au moment où je vous parle, le rouble a pris 8% par rapport au dollar et 18% par rapport à l’euro depuis la veille de l’entrée en guerre.

Il y a donc eu une sorte de quiproquo. Mais il est évident que le conflit, en passant d’une guerre territoriale limitée à un affrontement économique global, entre l’ensemble de l’occident d’une part et la Russie adossée à la Chine d’autre part, est devenu une guerre mondiale.

N’exagérez-vous pas ? L’Occident n’est pas directement engagé militairement…

Nous fournissons des armes quand même. Mais il reste vrai que nous, Européens, sommes surtout engagés économiquement. Nous sentons d’ailleurs venir notre véritable entrée en guerre par l’inflation et les pénuries.

Poutine a fait une grosse erreur au début, qui présente un immense intérêt sociohistorique. Ceux qui travaillaient sur l’Ukraine à la veille de la guerre considéraient ce pays, non comme une démocratie naissante, mais comme une société en décomposition et un « failed state » en devenir. On se demandait si l’Ukraine avait perdu 10 millions ou 15 millions d’habitants depuis son indépendance. On ne peut trancher parce que l’Ukraine ne fait plus de recensement depuis 2001, signe classique d’une société qui a peur de la réalité.

Je pense que le calcul du Kremlin a été que cette société en décomposition s’effondrerait au premier choc, voire même dirait « bienvenue maman» à la sainte Russie. Mais ce que l’on a découvert, à l’opposé, c’est qu’une société en décomposition, si elle est alimentée par des ressources financières et militaires extérieures, peut trouver dans la guerre un type nouveau d’équilibre, et même un horizon, une espérance. Les Russes ne pouvaient pas le prévoir. Personne ne le pouvait.

Longtemps, vous n’avez pas cru à l’invasion de l’Ukraine par la Russie…

J’avoue avoir été cueilli à froid par le début de la guerre, je n’y croyais pas. Concernant les ressorts profonds qui ont conduit au conflit, je partage l’analyse du géopoliticien « réaliste » américain John Mearsheimer. Ce dernier faisait le constat suivant : l’Ukraine, dont l’armée avait été prise en main par des militaires de l’OTAN (américains, britanniques et polonais) depuis au moins 2014, était donc de facto membre de l’OTAN, et les Russes avaient annoncé qu’ils ne toléreraient jamais une Ukraine membre de l’OTAN. Ces Russes font donc (ainsi que Poutine nous l’a dit la veille de l’attaque) une guerre de leur point de vue défensive et préventive. Mearsheimer ajoutait que nous n’aurions aucune raison de nous réjouir d’éventuelles difficultés des Russes parce que, comme il s’agit pour eux d’une question existentielle, plus ça serait dur, plus ils frapperaient fort. L’analyse semble se vérifier. J’ajouterais un complément et une critique à l’analyse de Mearsheimer.

Lesquels ?

Pour le complément : lorsqu’il dit que l’Ukraine était de facto membre de l’OTAN, il ne va pas assez loin. L’Allemagne et la France étaient, elles, devenus des partenaires mineurs dans l’OTAN et n’étaient pas au courant de qui se tramait en Ukraine sur le plan militaire. On a critiqué la naïveté française et allemande. Certes, mais parce qu’ils ne savaient pas qu’Américains, Britanniques et Polonais pouvaient permettre à l’Ukraine d’être en mesure de mener une guerre élargie. L’axe fondamental de l’OTAN maintenant, c’est Washington-Londres-Varsovie-Kiev.

Maintenant la critique : Mearsheimer, en bon Américain, surestime son pays. Il considère que, si pour les Russes la guerre d’Ukraine est existentielle, pour les Américains elle n’est au fond qu’un « jeu » de puissance parmi d’autres. Après le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan, une débâcle de plus ou de moins… quelle importance…? L’axiome de base de la géopolitique américaine, c’est : « On peut faire tout ce qu’on veut parce qu’on est à l’abri, au loin, entre deux océans, il ne nous arrivera jamais rien. » Rien ne serait existentiel pour l’Amérique. Insuffisance d’analyse qui conduit aujourd’hui Biden à une fuite en avant. L’Amérique est fragile. La résistance de l’économie russe pousse le système impérial américain vers le précipice. Personne n’avait prévu que l’économie russe tiendrait face à la « puissance économique » de l’OTAN. Je crois que les Russes eux-mêmes ne l’avaient pas anticipé.

Si l’économie russe résistait indéfiniment aux sanctions et parvenait à épuiser l’économie européenne, tandis qu’elle-même subsisterait, adossée à la Chine, les contrôles monétaire et financier américains du monde s’effondreraient, et avec eux la possibilité pour les États-unis de financer pour rien leur énorme déficit commercial. Cette guerre est donc devenue existentielle pour les États-unis. Pas plus que la Russie, ils ne peuvent se retirer du conflit. C’est pour ça que nous sommes désormais dans une guerre sans fin, dans un affrontement dont l’issue doit être l’effondrement de l’un ou de l’autre. Chinois, Indiens et Saoudiens, entre autres, jubilent.

Beaucoup d’observateurs soulignent que la Russie a le PIB de l’Espagne ; ne surestimez-vous pas sa puissance économique ?

En effet, le PIB de la Russie et de la Biélorussie représente 3,3% du PIB occidental, pratiquement rien. On peut se demander comment ce PIB insignifiant peut faire face et continuer à produire des missiles. La raison en est que le PIB est une mesure fictive de la production. Si on retire du PIB américain la moitié de ses dépenses de santé surfacturées, puis la « richesse produite » par l’activité de ses avocats, par les prisons les mieux remplies du monde, puis par toute une économie de services mal définis incluant la « production » de ses 15 000 à 20 000 économistes au salaire moyen de 120 000 dollars, on se rend compte qu’une part importante de ce PIB est de la vapeur d’eau.

La guerre nous ramène à l’économie réelle, elle permet de comprendre ce qu’est la véritable richesse des nations, la capacité de production, et donc la capacité de guerre. Si on revient à des variables matérielles, on voit l’économie russe. En 2014, nous mettons en place les premières sanctions importantes contre la Russie, mais elle augmente alors sa production de blé, qui passe de 40 millions à 90 millions de tonnes en 2020. Alors que, grâce au néolibéralisme, la production américaine de blé, entre 1980 et 2020, est passée de 80 millions à 40 millions de tonnes. La Russie est aussi devenue le premier exportateur de centrales nucléaires. En 2007, les Américains expliquaient que leur adversaire stratégique était dans un tel état de déliquescence nucléaire que bientôt les États-unis auraient une capacité de première frappe sur une Russie qui ne pourrait répondre. Aujourd’hui, les Russes sont en supériorité nucléaire avec leurs missiles hypersoniques.

Les États-unis sont maintenant plus de deux fois plus peuplés que la Russie (2,2 fois dans les tranches d’âges étudiantes). Reste qu’avec des proportions par cohortes comparables de jeunes faisant des études supérieures, aux États-unis, 7 % font des études d’ingénieur, alors qu’en Russie c’est 25%. Ce qui veut dire qu’avec 2,2 fois moins de personnes qui étudient, les Russes forment 30 % de plus d’ingénieurs. Les États-unis bouchent le trou avec des étudiants étrangers, mais qui sont principalement indiens et plus encore chinois. Cette ressource de substitution n’est pas sûre et diminue déjà. C’est le dilemme fondamental de l’économie américaine : elle ne peut faire face à la concurrence chinoise qu’en important de la main-d’oeuvre qualifiée chinoise. L’économie russe, quant à elle, a accepté les règles de fonctionnement du marché, mais avec un très grand rôle de l’État, et elle tient aussi sa flexibilité des formations d’ingénieurs qui permettent les adaptations, industrielles et militaires.

Certains pensent, au contraire, que Vladimir Poutine a profité de la rente des matières premières sans avoir su développer son économie…

Si c’était le cas, cette guerre n’aurait pas eu lieu. L’une des choses marquantes dans ce conflit, et qui le rend si incertain, c’est qu’il pose (comme toute guerre moderne), la question de l’équilibre entre technologies avancées et production de masse. Il ne fait aucun doute que les États-unis disposent de certaines des technologies militaires les plus avancées, et qui ont parfois été décisives pour les succès militaires ukrainiens.

Mais quand on entre dans la durée, dans une guerre d’attrition, pas seulement du côté des ressources humaines mais aussi matérielles, la capacité à continuer dépend de l’industrie de production d’armes moins haut de gamme. Et nous retrouvons, revenant par la fenêtre, la question de la globalisation et le problème fondamental des Occidentaux : nous avons délocalisé une telle proportion de nos activités industrielles que nous ne savons pas si notre production de guerre peut suivre. Le problème est admis. CNN, le New York Times et le Pentagone se demandent si l’Amérique arrivera à relancer les chaînes de production de tel ou tel type de missile. Mais on ne sait pas non plus si les Russes sont capables de suivre le rythme d’un tel conflit. L’issue et la solution de la guerre dépendront de la capacité des deux systèmes à produire des armements.

Selon vous, cette guerre est non seulement militaire et économique, mais aussi idéologique et culturelle…

Je parle ici surtout en tant qu’anthropologue. Il y a eu en Russie des structures familiales plus denses, communautaires, dont certaines valeurs ont survécu. Il y a un sentiment patriotique russe qui est quelque chose dont on n’a pas idée ici, nourri par le subconscient d’une nation famille. La Russie avait une organisation familiale patrilinéaire, c’est-à-dire dans laquelle les hommes sont centraux et elle ne peut adhérer à toutes les innovations occidentales néoféministes, LGBT, transgenres…

Quand nous voyons la Douma russe voter une législation encore plus répressive sur « la propagande LGBT », nous nous sentons supérieurs. Je peux ressentir ça en tant qu’occidental ordinaire. Mais d’un point de vue géopolitique, si nous pensons en termes de soft power, c’est une erreur. Sur 75% de la planète, l’organisation de parenté était patrilinéaire et l’on peut y sentir une forte compréhension des attitudes russes. Pour le non-occident collectif, la Russie affirme un conservatisme moral rassurant. Quand on fait de la géopolitique, on s’intéresse aux rapports de force énergétiques, militaires, etc. Mais il y a aussi le rapport de force idéologique et culturel, ce que les Américains appellent le « soft power ».

L’URSS avait une certaine forme de soft power, le communisme, qui influençait une partie de l’Italie, les Chinois, les Vietnamiens, les Serbes, les ouvriers français… Mais le communisme faisait au fond horreur à l’ensemble du monde musulman par son athéisme et n’inspirait rien de particulier à l’Inde. Or, aujourd’hui, la Russie telle qu’elle s’est repositionnée comme archétype de la grande puissance, non seulement « anticolonialiste », mais aussi patrilinéaire et conservatrice des moeurs traditionnelles, peut séduire beaucoup plus loin. Les Américains se sentent aujourd’hui trahis par l’Arabie saoudite qui refuse d’augmenter sa production de pétrole, malgré la crise énergétique due à la guerre, et prend de fait le parti des Russes : pour une part, bien sûr, par intérêt pétrolier. Mais il est évident que la Russie de Poutine, devenu moralement conservatrice, est devenue sympathique aux Saoudiens dont je suis sûr qu’ils ont un peu de mal avec les débats américains sur l’accès des femmes transgenres (définies comme mâles à la conception) aux toilettes pour dames.

Les journaux occidentaux sont tragiquement amusants, ils ne cessent de dire : «La Russie est isolée, la Russie est isolée.» Mais quand on regarde les votes des Nations unies, on constate que 75% du monde ne suit pas l’Occident, qui paraît alors tout petit. On voit alors que ce conflit, décrit par nos médias comme un conflit de valeurs politiques, est à un niveau plus profond un conflit de valeurs anthropologiques. C’est cette inconscience et cette profondeur qui rendent la confrontation dangereuse.


*Emmanuel Todd est anthropologue, historien, essayiste, prospectiviste, auteur de nombreux ouvrages. Plusieurs d’entre eux, comme « La Chute finale », «L’illusion économique» ou « Après l’empire », sont devenus des classiques des sciences sociales. Son dernier ouvrage, « La Troisième Guerre mondiale a commencé » est paru en 2022 au Japon et s’est écoulé à 100 000 exemplaires.