Maxime Tandonnet
- 22/1/2023 - M. Olivier Faure et son adversaire du parti socialiste se battent pour revendiquer le leadership d’un parti, le PS, en plein effondrement. En ce moment, ils n’ont pas d’autres sujets plus graves ? Chez LR, la grogne des retaillistes contre les ciottistes pour le partage des fromages internes fait parler d’elle dans la presse : dérisoire au regard des enjeux nationaux actuels. L’ancien monde politique (antérieur à 2017) paraît ainsi déterminé à aller jusqu’au bout de son suicide.
Le PS meurt d’avoir trahi sa cause, la défense de la classe ouvrière et moyenne, au profit d’un discours écolo-bobo-migrationniste. De même, LR agonise de ses ambiguïtés. Ce parti s’est présenté comme parti d’opposition, avec 62 députés qui ont été élus essentiellement pour s’opposer au pouvoir macroniste. Miné par les trahisons opportunistes depuis 2017, après avoir soutenu sans vergogne la politique liberticide sous la crise sanitaire, il donne aujourd’hui sa caution à une réforme des retraites aussi inutile et impopulaire qu’inéquitable, dont l’unique but (il n’y en a pas d’autre) est de servir de trophée final au macronisme. Quelles que soient ses dénégations, cela s’appelle, de fait, un parti béquille, ou un parti supplétif.
Quant au macronisme, il tremble comme une feuille devant le nouveau séisme invraisemblable qu’il a déclenché (le troisième de cette ampleur après les GJ et le mouvement de 2019… Il faut le faire). Qu’il tremble ! On finit hélas par s’habituer au pire, au cynisme comme au mépris du peuple. Ce nouveau séisme dans une France qui souffre, dévastée par l’inflation, l’appauvrissement, le chômage, l’insécurité, la faillite de ses services publics (école, hôpital) ne peut qu’amplifier toujours davantage la souffrance des plus fragiles – notamment les patrons et salariés de petites entreprises. Dans l’histoire comme en politique, la vulgarité se confond toujours avec le culte du chef au détriment de l’intérêt public.
A l’ultragauche, les choses ne vont pas mieux si l’on en juge par la dérive gauchisante et surréaliste des écologistes (discours de Mme Sandrine Rousseau). Quant à la droite « nationaliste », elle ne se porte moins mal qu’en apparence. Son rayonnement est entièrement fondé sur le culte de son leader. Le jour où de nombreux Français ouvriront les yeux, elle sombrera comme les autres. Ainsi il paraît que Mme Le Pen soigne sa stature internationale en se baladant en Afrique pendant que le pays se soulève contre une réforme absurde, comme une sorte de Macron de droite radicale, en moins maligne : la dame prépare ainsi sa quatrième défaite en 2027 (et la neuvième de son clan après les cinq de son père). Et pour faire élire qui cette fois-ci ?
L’autre jour, M. Faure a apostrophé M. Dussopt, ex-socialiste aile gauche, jadis farouche ennemi de tout relèvement de l’âge du départ à la retraite, désormais ministre macroniste et devenu l’artisan et porte-parole de l’actuelle réforme : « Vous n’avez pas honte ? » (d’un tel opportunisme). Une excellente question, qui s’applique plus largement à l’ensemble de la classe politique nationale. Le lien de confiance est brisé sans doute définitivement. Et la question qui se pose à nous : la démocratie est-elle possible sans classe politique nationale ? Un modèle de démocratie décentralisée et référendaire est-il inventable en France ? Il serait temps d’y penser…