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5 février 2023

L’effondrement intellectuel de la classe politique

Maxime Tandonnet


« Que va faire MBappé après 50 ans ? », s’est interrogée Mme Sandrine Rousseau en commission des affaires sociales, au sujet de l’examen du projet de loi sur les retraites. Evoquer la situation d’un sportif immensément fortuné à propos de la révolte de millions de salariés qui souffrent pour boucler les fins de mois et s’inquiètent pour leurs vieux jours, peut légitimement paraître incongru. Or, la députée ne plaisantait pas du tout : « Je ne sais pas si Emmanuel Macron […] lui a parlé de sa carrière quand il serait senior. Le vieillissement des sportifs est un réel sujet […] Oui, la carrière et le vieillissement des sportifs sont un sujet au-delà de la plaisanterie. »

Cette déclaration surréaliste, dans un contexte d’une crise de société gravissime qui secoue la France populaire, soulève d’inévitables questions sur le niveau intellectuel de la classe politique française. Car Mme Rousseau est loin d’être la seule. La stratégie de la provocation, qui consiste à faire parler de soi à n’importe quel prix, y compris celui des pires aberrations, est désormais banalisée. Les coups de communication se traduisent par des paroles ou les gestes souvent absurdes, symptomatiques d’un déclin du niveau scolaire des hauts dirigeants comme des élus nationaux dans leur ensemble.

La quête du symbole ou d’un bon mot qui va permettre de susciter l’attention médiatique pousse le monde politique à la médiocrité, à l’image de ce ministre qui se targuait de revêtir des cols roulés pour économiser le chauffage, de sa collègue qui prônait le bannissement des maisons individuelles, ou de cette députée européenne provoquant un incident diplomatique pour avoir parlé de « grosse Suisse molle », ou encore du gigantesque tollé (étouffant le débat sur les filières d’immigration irrégulière) autour des déclarations d’un député invitant l’Océan Vicking « à retourner en Afrique ». L’Assemblée nationale hystérisée ressemble davantage à une cour de récréation qu’à un lieu d’exercice de la souveraineté.

Le déclin intellectuel s’exprime dans le vocabulaire de certains responsables politiques et la perte de la maîtrise de la langue française. La grossièreté, quand elle se banalise et même s’officialise, constitue une forme de violence révélatrice de l’incapacité à exprimer sa pensée autrement que par la vulgarité. Or, depuis quelques années, les politiques du rang le plus élevé font de la grossièreté un mode d’expression habituel : le mot « emmerder » est utilisé à tous propos par les politiciens du plus haut niveau, comme celui de « connard ». Un ministre proclame dans un tweet : « Putain, je suis Français ». Récemment le mot « bordel » avec ses variantes, « bordeliser » ou « bordelisation », s’est imposé comme une référence du langage politique. Pourquoi ? parce qu’ils ne savent plus parler autrement.

De fait, la politique se réduit le plus souvent à un spectacle, à des jeux de symboles, de totems et de chiffons rouges, la manipulation des émotions collectives qui étouffe le débat d’idées et la réflexion. Pendant la crise sanitaire, l’immense majorité du monde politique, par manque de recul historique, a fait l’impasse sur la question fondamentale des libertés et du droit des personnes, laissant se développer un Absurdistan aussi liberticide qu’inefficace. Aujourd’hui les positions concernant la réforme des retraites se crispent sur le totem des 64 ans (absurde compte tenu des règles d’annuités), sans voir que l’essentiel est ailleurs, dans l’exaspération de la France populaire face au mépris de ses élites dirigeantes. La déconnexion ou l’incapacité à sentir les attentes et les angoisses du pays est un symptôme de ce déclin intellectuel. La IIIe République avait certes ses défauts, mais elle savait au moins produire des hommes d’État d’un haut niveau à l’image de Jean Jaurès, Waldeck-Rousseau, Raymond Poincaré, Edouard Herriot, Léon Blum ou André Tardieu. La Ve République dans sa version actuelle forme plutôt des histrions vaniteux, spécialistes des coups de communication et de la provocation, privés d’une vision historique et du sens de l’État.

Alors comment expliquer cet effondrement ? Pour une part, il est la conséquence inévitable de l’écroulement général du niveau scolaire que reflètent les classements internationaux. Mais surtout, il signe une perte de prestige de la carrière politique, dominée par une image d’esbroufe narcissique bien davantage que par l’idée de servir le bien commun. Les mandats de parlementaire ou de ministre, et même de chef de l’État souffrent d’une dévalorisation accélérée. Qui a envie de devenir député ou sénateur ou ministre ? Sauf exception, les jeunes les plus solides intellectuellement et humainement, motivés par l’envie d’être utiles plutôt que de fanfaronner, se porteront de préférence vers des métiers universitaires, scientifiques, littéraires, médicaux, juridiques, commerciaux ou industriels. La médiocrité croissante du personnel politique national dont se détournent les Français (comme le prouve l’abstention massive), sans doute inéluctable dans l’avenir, constitue d’ailleurs une invitation à repenser les modes d’exercice de la démocratie autour de la proximité et du référendum.

4 février 2023

Il y a partout des idiots utiles de la haine

Yann Bizien

[...] La haine a souvent été le moteur de l'histoire et le carburant de la guerre. Je vois aujourd'hui de la haine antirusse se répandre abondamment sur les réseaux sociaux. Elle n'est que le produit du narratif occidental, soigneusement alimenté par la propagande américaine, de l'OTAN et de l'UE.
Le problème de la haine est qu'elle alimente l'escalade militaire, qu'elle tue et qu'elle fabrique toujours des mauvaises paix. Elle est la colère des faibles, que le temps qui passe n'apaise pas. Elle est une maladie qui rend des gens heureux quand ils voient les autres souffrir. Elle est une des formes de l'ignorance.
La haine a la peau dure et la vie longue. En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre en la faisant fructifier. Rien, en définitive, ne peut l'arrêter car elle ne souffre d'aucune limite.
Il faut donc tout faire pour que la paix et l'amitié puissent remplacer dès que possible la haine qui gonfle partout et que plus aucun dirigeant ne voit.
Les gens qui peuvent apprendre à haïr peuvent aussi apprendre à aimer, disait Nelson Mandela.

Immigration

Yann Bizien

Apocalyptique. Plus 156% d'immigration par rapport à 1999, plus de 1,6 million de migrants entrés en France en seulement 5 ans, le phénomène est massif, saturant, subi et surtout incontrôlé.
La première menace qui pèse sur la France n'est pas la Russie, avec laquelle nous pourrions faire la paix et commercer, contre la volonté des Américains. La première menace pour la France, c'est cette immigration de conquête, de peuplement et de remplacement que le Gouvernement ne veut pas stopper.
Elle franchit nos frontières clandestinement. Elle viole notre souveraineté. Elle s'impose chez nous. Elle ensauvage toute notre société. Elle installe un climat de terreur. Elle sature nos prisons, occupées à 121,4%. Elle encombre la Justice. Elle transforme notre ADN. Elle écrase notre identité. Elle tiers-mondise la France en faillite.
Le général de Gaulle, soucieux du destin français, aurait résisté et combattu jusqu'au bout ce puissant phénomène historique. Le laxisme de nos dirigeants est la démonstration qu'il n'y a plus de gaullistes au pouvoir en mesure de sauver la France.

IL N’Y A PAS EU DE SURMOTALITÉ EXCEPTIONNELLE EN 2020

Marc Amblard

Pierre Chaillot est un statisticien professionnel qui a notamment travaillé pour l’INSEE durant de nombreuses années et pour le Conseil général des Pays de la Loire.
Il a décidé d’aborder le Covid sous l’angle des chiffres.
Son constat est clair et il corrobore une étude scientifique que j’ai maintes fois citée ici :
IL N’Y A PAS EU DE SURMOTALITÉ EXCEPTIONNELLE EN 2020. PAS PLUS QU’EN 2015 PAR EXEMPLE.
L’année 2020 est une année de faible mortalité. Très curieux tout de même pour une « pandémie ».
Monsieur Chaillot en a fait un ouvrage très complet et renvoyant à de multiples sources, le plus souvent officielles.
Il était invité sur le plateau de Cnews face à plusieurs bien-pensants manifestement très agacés qu’on vienne contredire le récit du gouvernement et des médias.
Un grand merci à Pascal Praud de l’avoir invité et d’oser mettre les pieds dans le plat.


UNE LISTE MÉMORABLE

Gabriel Nerciat

Marianne est, à ma connaissance, le premier journal français à avoir publié hier la liste exhaustive de tous les journalistes secrètement invités à l'Elysée par Emmanuel Macron il y a quelques semaines afin d'élaborer avec eux la défense médiatique de sa réforme des retraites.
Si vous n'avez pas le magazine en main, voici leurs noms :
- Nathalie Saint-Cricq (France 2) ;
- Benjamin Duhamel, son fils (BFM-TV) ;
- Alba Ventura (RTL) ;
- Françoise Fressoz (Le Monde) – il est vrai qu'elle était déjà régulièrement invitée à dîner à la table de François Hollande entre 2012 et 2017, il est probable qu'elle doit apprécier la cuisine du chef de l'Élysée ;
- Yaël Goosz (France Inter) – celui qui répète sans arrêt que Marine Le Pen a des liens vraiment suspects ou occultes avec le maître du Kremlin ;
- David Revault d'Allonnes (Le JDD) ;
- Dominique Seux et Cécile Cornudet (Les Echos) ;
- Guillaume Tabard (Le Figaro).
La présence de Ruth El Krief (LCI), évoquée sur la Toile, n'a pu être confirmée par Jack Dion, le journaliste de Marianne.
Une jolie brochette, même si finalement peu de surprises (les surprises, ce seraient plutôt certains absents, comme l'infâme et crétinissime Etienne Gernelle du Point, ou le répugnant mais peut-être déjà beaucoup trop suspect Jean-Michel Aphatie de LCI).
On connaît la réplique que Jean-Claude Brisville avait mise dans la bouche de Talleyrand face à Fouché, qui le menaçait de révéler le contenu du dossier recelant la totalité de ses nombreux pactes de corruption : « Mon dossier est inoffensif, cher Monsieur, parce qu'il est de notoriété publique ! ».
La corruption des journalistes maastrichiens assermentés à la presse progressiste et libérale est elle aussi de notoriété publique, mais ce n'est pas une raison pour ne pas lui faire un maximum de publicité.
Chacun de ces noms doit être répertorié et retenu – surtout si ces gens sont amenés, par l'effet de leur probité et de leur conscience professionnelle, à travailler jusqu'à plus de 64 ans.

LA GAUCHE COMPLICE DE MACRON ?

Jacques Cotta

Tout le monde s’accorde pour expliquer que l’heure est au rapport de force contre le gouvernement et sa réforme des retraites. Les syndicats et les partis de gauche, chacun à leur façon, y vont de leur couplet sur ce thème. Et tout le monde ne peut que s’en réjouir. Mais les choses sont-elles si évidentes que cela ?
1/ Des élections législatives partielles viennent de se tenir et, à la surprise générale, la candidate macroniste Laure Miller a été élue dans la seconde circonscription de la Marne contre la candidate RN Anne-Sophie Frigout qui pourtant avait 4 points d’avance au premier tour. Le taux d’abstention étant resté très élevé, la macroniste ne doit son élection qu’à l’appel en sa faveur de la NUPES.
Ainsi la conclusion s’impose: la NUPES parle rapport de force d’un côté, et fait élire un soutien de Macron de l’autre. L’argument RN ne sert en réalité qu’à faire élire les soutiens de la réforme des retraites contre laquelle « il est question de mettre en place le rapport de force ».
2/ Une motion référendaire pour demander un référendum dans le pays sur cette réforme que plus de 75% rejettent doit être défendue, après tirage au sort, par le RN. Elle est en tout point acceptable puisqu’elle ne fait que demander l’organisation d’un référendum qui mettrait sans doute en échec Macron et son gouvernement. Sandrine Rousseau pour EELV vient de déclarer qu’elle ne voterait pas cette motion car déposée par le RN. Donc pour parler clair, qu’elle laissera passer une des chances parlementaires de mettre en échec Macron et sa réforme.
Ainsi, là aussi, la conclusion s’impose : dans la NUPES, certains continuent de préférer Macron et sa réforme au prétexte que le RN s’y oppose. Alors qu’il ne s’agit en rien d’une alliance avec le RN, chacun continuant à dire ce qu’il entend, mais qu’il s’agit simplement de taper sur le même clou pour défaire Macron.
3/ « Certains continuent de préférer Macron. » Est-ce excessif de dire les choses ainsi ? La gauche a élu Macron pour « faire barrage à Marine Le Pen », Macron qui annonçait cette réforme mortelle. Il s’agit donc bien aujourd’hui, quelles que soient les raisons, d’une continuation pure et simple, d’un soutien au président de la république, ni plus, ni moins.
Je rappelle qu'au moment des présidentielles j'affirmais comme d'autres – de gauche – que le principal danger était Macron, capable de faire tirer sur le peuple et de défaire ce qui demeure d'état social, et que Marine Le Pen n'aurait pas des capacités de nuisance équivalentes. Ceux qui me traitaient alors de "fasciste" sont les mêmes qui aujourd'hui soutiennent de fait Macron, son gouvernement, sa réforme et ses mesures...
4/ Regardons où mène ce positionnement de la gauche dans son ensemble ? Si en 2005 le même raisonnement avait dominé et si l'ennemi désigné avait été le FN et non le traité constitutionnel, la division aurait sans doute permis au OUI de l’emporter contre la volonté majoritaire des Français de rejeter ce traité. Fort heureusement à l’époque, malgré toutes les fadaises sur le « non de gauche », un non est demeuré un non et dans les urnes, tous les non ont été plus nombreux que les oui.
En réalité, depuis les présidentielles, l’utilisation du RN et du prétendu combat anti fasciste mené par des antifascistes d’opérette ne sert qu’à soutenir dans les faits Macron. Pourquoi ? Sans doute parce que gauche et macronisme respectent le même logiciel, européen notamment, qui impose les mesures dramatiques qui frappent les Français, dont la réforme des retraites.
Hurler d’un côté, et agir de l’autre… Et si en bas on imposait que les actes soient en adéquation avec les paroles. Exigeons que toutes les diversions soient balayées et que rien ne soit mis en travers de l’échec de Macron et de l’union européenne. 3/1/2023

Ukraine : négociations en vue ?

Michel Rosenzweig

Après avoir élaboré pendant des années une stratégie d'affaiblissement de la Russie en faisant tout pour faire tomber l'Ukraine dans l'escarcelle de l'OTAN et de l'UE et en coupant la Russie de ses attaches historiques et économiques avec l'Europe de l'Ouest, et en particulier avec l'Allemagne, le dernier rapport de la Rand Corporation fait donc du rétropédalage en conseillant à l'administration américaine une issue négociée pour minimiser l'escalade.
Traduction : Oups, ça ne marche pas comme prévu, trop risqué, trop cher.
Résultat : il se pourrait bien que d'ici la fin de l'année, les USA contraignent l'Ukraine à négocier sur base des territoires conquis et perdus de part et d'autre en excluant la Crimée (non négociable), ce qui reviendrait à une défaite pour l'Ukraine et à une victoire pour la Russie qui serait parvenue à ses fins en neutralisant l'Ukraine militairement et territorialement (Donbass au minimum).
Au prix d'immenses destructions et de plusieurs centaines de milliers de morts.
Comme quoi, la guerre est bien la continuation de la politique par d'autres moyens (Clausevitz).
Ce que la Russie n'a pas pu obtenir par la diplomatie et la négociation, elle pourrait bien l'obtenir par les armes.
Tout ça pour ça...
D'ici là, beaucoup de choses peuvent se produire...

3 février 2023

« Allié » de l'Ukraine ?

Radu Portocala

Parlant des membres de l’OTAN et de l’Union européenne, nombre d’analystes et commentateurs dont la parole est influente les désignent comme « alliés de l’Ukraine ». Pas « amis », pas « fournisseurs d’armes », pas « zélateurs », mais « alliés ».
Que dit le dictionnaire ? « Allié [en droit international en parlant de pays, d’États] : uni par un accord, un traité d’alliance (en particulier en temps de guerre) ».
Avons-nous un traité d’alliance nous liant à l’Ukraine ? Non. Le fait de vendre et de donner des armes à un pays, fût-il en guerre, n’est pas une alliance. Et de tenir des discours enflammés en sa faveur, tout en aspergeant d’injures son adversaire et cherchant vainement à le punir, ne l’est pas non plus.
Personne, cependant, dans les hautes sphères du pouvoir, ne semble gêné par l’utilisation de ce mot, ni ne cherche à le bannir. Or, se définir comme « allié de l’Ukraine » c’est reconnaître notre rôle de co-belligérants – un rôle que nous ne pouvons pas tenir.
Certes, la ministre allemande des Affaires étrangère, disait l’autre jour, dans un moment d’égarement, que « nous sommes en guerre contre la Russie ». Son gouvernement a dû faire ensuite des efforts ridicules pour la contredire.
Cette guerre contre la Russie est voulue, sans aucun doute, mais nul n’ose, à part les washingtoniens les plus excités, avouer ce désir. Et nul n’ose, bien entendu, se lancer dans une telle aventure – surtout après les échecs américains et occidentaux de ces 70 dernières années. On se contente de rêver d’une Russie vaincue, mais vaincue par d’autres.
Pour l’instant, l’Occident se contente de mots que, belliqueux et craintif à la fois, il se garderait bien de coucher sur le papier. Et, finalement, nous réussissons l’exploit d’être en guerre contre nous-mêmes.

Conflit ukrainien : l'indifférence générale à la paix

Yann Bizien

Le régime ukrainien insiste. Il exige que les occidentaux lui fournissent les « ailes de la victoire ». Ce même régime prétend ne pas avoir débuté cette guerre et vouloir la terminer.
L’Ukraine a d’abord essuyé le refus des occidentaux de fournir des armes défensives. Aujourd’hui, le régime de Kiev a franchi le tabou des armes offensives. À présent, les occidentaux réfléchissent à l’idée de livrer à Monsieur Zelenski des avions de combats et des missiles longue portée.
L’OTAN est sur le seuil d’un nouveau palier dans la conduite par procuration de cette guerre.
Le Président ukrainien estime que la seule issue possible de cette guerre dépend de la livraison des armes de l’OTAN et de la reprise de tous les territoires perdus. Il fait le pari d’un engagement plus massif de l’Occident, au service de sa cause, pour défaire complètement la Russie.
Au nom de son obsession de défense collective, l’OTAN, s’est étendue à l’est, sans jamais s’arrêter depuis les années 90. Au fur et à mesure de son expansion, cette alliance politico-militaire, multi-domaines, multi-champs, prête à articuler tous les combats, sur terre, en mer, en l’air, dans le cyberespace, et dans l’espace, n’a cessé d’augmenter sa puissance militaire et de menacer, sans vraiment s'en rendre compte, les intérêts vitaux de la Russie encerclée et frustrée.
Sur injonction de son secrétaire général, l’OTAN aura dans quelques mois 300 000 militaires, soldats, marins, aviateurs, en très haut niveau d’alerte. L’alliance s’active pour constituer et structurer cette masse militaire. Elle a une longue culture de la guerre. Elle sait planifier des opérations, générer des forces, définir ses règles opérationnelles d’engagement, mettre en place la logistique associée et les chaînes de commandement dédiées.
L’OTAN veut aujourd’hui « plus de forces, prêtes plus vite, à une échelle plus grande ».
Nous vivons en direct ce qu’il y a de plus naturel dans la guerre : la montée aux extrêmes.
J’oubliais : dans la « coalition » occidentale – je sais que cette notion peut blesser les esprits partisans et bellicistes –, il y a un pays membre de l’Union européenne qui ne semble pas enfermé dans le consensus antirusse. C’est la Hongrie. Son président est convaincu que l’Ukraine ne pourra jamais vaincre la Russie ni reprendre les territoires perdus. Il déplore même l’entraînement de l’Occident dans cette guerre, « jusqu’au cou ».
La Hongrie est aujourd’hui le seul pays membre de l’UE à ne pas livrer d’armes à l’Ukraine, à ne pas se priver du gaz russe et à vouloir un cessez-le-feu et des négociations pour la paix.
Pas sûr que tous les Français se rendent vraiment compte des dangers de la montée aux extrêmes. Ils voient cela de très loin. Ce processus les inquiète, sans doute, mais il les effleure, aussi.
Avec les bellicistes de salon, qui ne mesurent pas les conséquences potentiellement gravissimes de l’escalade, l’indifférence générale à la paix a encore de beaux jours devant elle.

Photo : « Attente », une œuvre de l’artiste ukrainien Irenaeus Yurchuk, qui vit aux États-Unis.


La discrète et coûteuse quasi-nationalisation d’Orpea

H16

La nouvelle ne surprendra que les plus naïfs : la Caisse des Dépôts et Consignations va devenir l’actionnaire majoritaire du groupe Orpea, qui s’occupe de maisons de retraite et connaît d’importantes difficultés financières depuis plus d’un an. Sapristi ! Une quasi-nationalisation discrète, et personne ne semble ni s’en émouvoir, ni s’en féliciter…

Pourtant, les montants qu’on évoque ne sont pas anodins : une dette de 9,5 milliards d’euros, un effacement de 3,5 milliards et une injection de capitaux à hauteur de 1,55 milliards, voilà qui commence à faire des montants dodus qui pourraient faire jazzer.


Malgré cela, l’opération semble n’intéresser personne et le sort final du leader mondial des EHPAD (72.000 salariés, 255.000 patients et résidents dans ses établissements) ne déclenche guère que quelques articles dans une presse tournée vers d’autres préoccupations, depuis les mésaventures des cyclopathes français jusqu’aux prix des péages inévitablement en hausse (la guerre contre les automobilistes continuant de faire rage).

Orpea, c’est ce groupe qui avait fait parler de lui il y a tout juste un an, à la sortie du livre “Les Fossoyeurs” de Victor Castanet, consacré à la gestion de ce groupe et aux traitements légèrement sous-optimaux des résidents : les révélations qu’on pouvait y lire avaient mis en avant de gros problèmes institutionnels qui avaient entraînés des procédures judiciaires de l’État. Le groupe est maintenant en pleine restructuration et s’approche dangereusement d’une faillite retentissante, alors que la hausse des coûts alimentaires et énergétiques pousse un manque de liquidités au premier trimestre 2023.

L’annonce de l’intervention massive de la CDC permet ici de sauver les meubles, au moins dans l’immédiat. La nouvelle équipe dirigeante se félicite au passage de l’arrivée de la “puissance publique” dans ce groupe, ce qui “réduira les exigences de rentabilité du groupe”. Réduire la rentabilité du groupe, voilà qui laisse augurer du meilleur pour la dette restante.


Autrement dit, tout se passe comme d’habitude au pays du miel en retraite et du lait pensionné : en lieu et place d’une solide faillite avec à la clé quelques incarcérations de dirigeants incompétents qui auraient rappelé à tous les concernés leur responsabilité dans cette déroute, l’exfiltration des responsables s’est faite dans la plus grande discrétion et l’État intervient pour corriger tout cela dans la dentelle et le silence ouaté des folliculaires officiels… Et avec le pognon du contribuable, ne l’oublions pas.

Chose intéressante : les Français vont donc payer pour rétablir la bonne santé financière de ces établissements dans lesquels la plupart d’entre eux ne pourront même pas aller une fois leur heure venue, l’actuelle retraite étant destinée au même type de déroute que ces établissements. Sauf que l’État n’y pourra plus rien faire à ce moment.

De façon plus symptomatique, ces établissements profitent directement des retraites versées à leur pensionnaires, qui ne suffisent semble-t-il pas à couvrir leurs frais (d’où l’hippopodette accumulée). Or, coquin de sort, c’est le même État, sauveur du groupe, qui est aussi responsable de la gestion de ces retraites, de plus en plus compliquées à verser sans faire pleurer les cotisants. Intéressante perspective qui n’est pas prête de s’améliorer quand on voit le monde dans la rue pour conserver le système tel quel, aussi pourri soit-il.

Autrement dit, les mêmes causes produisant résolument les mêmes effets, il est raisonnable d’imaginer que la situation d’Orpea va suivre celle des retraites par répartition en France, pour des raisons globalement similaire de gestion à la Va Comme Je Te Pousse Mémé Dans Les Orties, C’est Là Qu’elle Coûte Le Moins Cher.

L’état général de ces établissements, les frémissements sociaux actuels et les gesticulations grotesques du gouvernement se rejoignent admirablement à ce sujet pour nous garantir une fin misérable à base d’Inspecteur Derrick en boucle, de nouilles froides au dîner à 18h30 et d’extinction des feux obligatoire à 20h45 après l’homélie de Claire Chazal.

Eh oui : les Français, abrutis par des années de socialisme et de syndicalisme marxiste, d’éducation au rabais qui ne permet plus au citoyen lambda de faire une règle de trois (et encore moins de comprendre le principe pourtant fondamental des intérêts composés), ne saisissent pas toute l’arnaque que constitue l’actuel schéma de Ponzi des retraites par répartition et s’accrochent donc à ce système en refusant d’envisager la capitalisation, pourtant seul moyen réellement fiable d’assurer de vieux jours confortables, quel que soit le profil socio-professionnel.

Tentant obstinément de faire rentrer de gros parallélépipèdes collectivistes dans de petits trous circulaires de l’âpre réalité, ils ne comprennent donc pas comment triturer taille et durée des cotisations, âge de départ et montant des pensions versées pour parvenir à distribuer à tous des retraites vaguement décentes dans un avenir proche.


Et ce, alors même que la base de ceux qui payent s’amenuise d’année en année.

Manque de bol, les gains de productivité – sur lesquels les néo-communistes et autres turbo-socialistes d’opérette harpent à longueur de débat – ont été largement engloutis dans les fromages de la République, toujours plus nombreux et dans l’arrosage massif d’argent public dans l’aide sociale, mais pas dans les retraites.

À la question « Où sont parties les cotisations ? », peu de Français comprennent que la réponse est à chercher dans la multiplication des strates administratives, des personnels bureaucratiques, des errements de l’État dans tous ses milliers de plans grotesques (vous reprendrez bien une éolienne ou deux, non ?) et autres subventions directes, indirectes et cachées, dans le sauvetage de tous les canards boiteux dans lesquels copains et coquins se sont vautrés, ainsi que dans le maintien d’une paix sociale de plus en plus exorbitante.

Paix sociale tellement exorbitante que le différentiel (colossal) avec ces gains de productivité alimente une dette de 3000 milliards d’euros maintenant. Le moindre incident de parcours, et – pouf ! – cette paix va voler en éclats petits et pointus…

Or, vu la conjoncture, la démographie, les cadors au pouvoir et dans les “oppositions” en carton, le problème n’ira qu’en augmentant.

Avec des Français qui passent déjà 25 années à la retraite, l’avalanche de mauvaises nouvelles (augmentation des cotisations ET rallongement du temps de cotisation ET baisse des retraites) n’a pas fini.

À côté, rappelons que grâce à la puissance des intérêts composés, une capitalisation de 300€ par mois pendant 42 ans à 5% (ce qui est peu quand on se rappelle des volumes dont il est question ici sur les marchés financiers mondiaux), cela permet d’aboutir à 500.000€ en fin de carrière qui peuvent ensuite en rapporter 25.000 par an (soit 2000€/mois) sans toucher au capital.

Et comme le prouvent de nombreuses études (et ce livre, par exemple, où les auteurs montrent comment et pourquoi un travailleur moyen peut, par la capitalisation, disposer pendant sa retraite d’une pension supérieure à son dernier salaire), non, les aléas de la bourse n’y changent rien : même en cas de grosses crises, même en cas de guerres, la capitalisation reste un bien meilleur système que la répartition, vol pur et simple sur le dos des générations futures.

Mais voilà : il n’y aura pas de remise en question, ni des principes de la retraite, ni de ceux qui permettent à des établissements, en toute intégration avec le système actuel, de profiter sans vergogne de ces pensions, ni même du fait que l’État puisse devenir ainsi actionnaire d’un groupe en quasi-faillite.

Depuis ceux qui sortent dans la rue jusqu’à ceux qui gesticulent dans les couloirs républicains, tout le monde réclame que tout ceci perdure.

Ceci perdurera donc.