Gilles CasanovaLa réélection d’une marionnette – plutôt médiocre reconnaissons-le – ne s’explique pas seulement par un complot médiatique consistant essentiellement à interdire, à toute personne qui aurait quelque chose à dire, l’accès au dispositif médiatique intégralement verrouillé, avec des méthodes beaucoup plus élégantes mais tout aussi efficaces qu’en 1941.
Bien sûr ce dispositif permet de ne faire apparaître qu’un officiel « Hitler en jupons » comme alternative à la pauvre marionnette.
Et régulièrement, comme c’est le cas en ce moment, drapé dans des rêves de législatives partielles, le système médiatique annonce de nouveau que c’est elle qui va gagner, s'il y a une élection, de façon à entretenir un réflexe de peur chez – disons-le – les imbéciles, qui veulent se sentir des Jean-Moulin de Lidl en votant pour la marionnette des milliardaires et de l’OTAN.
Lionel Jospin lui-même ayant dit ce qu’on pouvait penser de cette histoire grotesque : « Il n’y a pas de danger fasciste en France il n’y a pas de parti fasciste en France, tout antifascisme en France n’est que du théâtre. »
Tout ça est organisé comme un petit théâtre de marionnettes dans lequel guignol arrive en faisant crier aux enfants ce qu’il est payé pour leur faire crier, et il se trouve suffisamment d’enfants pour se rendre aux urnes pour élire le Guignol tant on les a fait frissonner de peur et de griserie de « Résistance » avec la Gniaffronne.
Même si ce dispositif fonctionne à plein, jour et nuit, sur toutes les ondes, se parant de toutes les couleurs, il reste que la pauvreté de l’offre politique a cependant des sources réelles et objectives.
Le changement profond de période historique, qui s’est opéré avec la chute du Mur de Berlin en même temps que la généralisation de la numérisation du monde, a changé les conditions objectives de l’exercice de la politique, a changé l’apparence et la réalité des classes dominantes, et a changé aussi la condition des classes dominées.
La globalisation financière du monde, qui a mis en concurrence immédiate les grands acteurs économiques dans le monde entier, a modifié les conditions d’exercice de la vie économique, mais aussi de la vie sociale de chacun. Spécialement chez ceux qui vivent le plus directement l’attaque, sous le feu de l’organisme le plus férocement combattant pour cette globalisation financière, la Commission de Bruxelles, bras armé de Washington, Davos, Bilderberg, et tous les cercles dans lesquels les milliardaires – nouvelle hyper-classe – réfléchissent à la meilleure manière pour eux de mettre en coupe réglée cette planète.
Dans ces conditions, les vieilles recettes de la politique traditionnelle, celles de la droite, celles de la gauche, s’avèrent inopérantes.
S’il existe des repères comme le pacte républicain exprimé par le programme du Conseil national de la Résistance, à la Libération, ses formes elles-mêmes ne sont plus tout à fait fonctionnelles, et pour rester fidèle à l’esprit, il faut mettre à jour le corps des mesures nécessaires, pour faire fonctionner ce pacte républicain dans le monde dans lequel nous nous trouvons. C’est cette mise à jour qui demande de l’imagination, de la volonté, et un vrai travail d’élaboration. Cela s’appelle la politique.
Or si nous regardons les appareils traditionnels – qui se sont d’ailleurs effondrés lamentablement aucun n’atteint plus 5 % – nous nous rendons compte qu’ils sont incapables de renouveler leur pensée politique, et qu’ils sont victimes du syndrome de Munich.
Vous savez, ces valeureux pacifistes qui autour de Jean-Jaurès, et d’autres militants d’autres horizons, se sont battus contre le déclenchement de l’abominable guerre impérialiste de 1914, qui mettait aux prises des empires dans une rivalité fatale. Leur combat mérite respect et admiration, mais une partie d’entre eux n’a pas vu que la donne avait – comme aujourd’hui – radicalement changé en 1933 et face à Hitler et Franco ils se battaient toujours pour la paix, pour la non-intervention dans la guerre d’Espagne, pour Munich, et le 17 juin 1940, ils se sont retrouvés autour de Philippe Pétain pour s’engager – toujours au nom de la paix – dans la Collaboration.
Être fidèle à ses engagements, ce n’est pas réciter les mêmes phrases, ce n’est pas chanter la même chanson, c’est définir et proposer ce qui, dans la période dans laquelle nous nous trouvons, permet de réaliser les finalités qui avaient inspiré les périodes précédentes, et la constitution de ces courants politiques, à la fin du XIXe siècle, notamment pour la gauche et pendant la seconde Guerre mondiale pour la droite.
Dans tous les domaines, la droite comme la gauche, psalmodient des discours du passé pour essayer de se donner le sentiment d’être fidèles à elles-mêmes, et en pratique, s’alignent chaque jour sur les diktats de la Kaiserin Ursula, ou de n’importe quelle autre marionnette du système des milliardaires.
Que ce soit Jaurès, que ce soit de Gaulle, que ce soit même Georges Pompidou, Georges Marchais ou François Mitterrand, les partis qui sont censés continuer leur œuvre aujourd’hui, leur sont totalement infidèles.
Tous ceux qui les ont trahis pour rejoindre la marionnette et croquer à la mangeoire sont bien sûr des traîtres d’opérette, mais sur le fond, s’ils ont pu le faire avec tant de facilité, c’est que la corruption des idées était déjà là dans leur parti d’origine et si eux ont eu plus de propension à les quitter, c’est parce qu’ils avaient déjà un certain nombre de casseroles qui leur teintaient à l’arrière-train et que leurs partis étaient en train, de ce fait, de les mettre sur la touche, ce qui explique la confusion si fréquente entre bureaux des ministres et bureau des juges d’instruction…
Aujourd’hui, de la même façon, aucun des partis traditionnels ne propose une modernisation de la France pour rester elle-même, personne ne propose une modernisation de notre dispositif social pour rester au niveau de ce qui était le pacte républicain du CNR. C’est cela le cœur de la crise de l’offre politique, et c’est cela qui permet aux amis de Davos d’installer une piètre marionnette, et d’en installer demain une autre si cela ne change pas.
Les divisions au sein de LR ou du PS sont très violentes humainement, mais politiquement elles sont inexistantes : il s’agit de dire qui sera en charge d’être le petit soldat de la Kaiserin ou de la marionnette qui lui fera suite, rien d’autre !
La fidélité en politique voilà quelque chose qui s’est perdu et qui contribue à notre perte.