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13 février 2023

Retraites : la vraie raison de l’acharnement

Pierre Duriot

On savait les tenants de la réforme des retraites, très gênés aux entournures, quand on leur demande les raisons positives de cette loi ficelée à la hâte, dont le Conseil d’Orientation des Retraites et l’INSEE expliquent qu’elle n’est pas nécessaire. Gêne pour en exposer les effets de rétablissement de la justice. Gêne pour expliquer comment, en commençant à travailler à 25 ans et en devant 43 annuités, on arrive à une retraite pleine à 64 ans. Il y a de quoi, à moins de ne totalement, pas savoir compter.

Mais Véran ne désarme pas et écume les plateaux de télévision, sans vrai argument, mais qu’importe. Il traite ici, ses interlocuteurs « d’extrême », là de « démago », place encore, des rires moqueurs, ou des yeux levés au ciel, croyant convaincre, mais faisant, au fil des jours, l’unanimité contre lui. Ce matin, entouré de trois journalistes, le même Véran a eu cette phrase étonnante : « Avec cette réforme, nous allons créer une France du plein emploi ». Le tout avec un air puissant. Pourquoi aurait-il attendu cinq ans pour faire le plein emploi ? Mais encore, il faudrait qu’il nous explique, comment en portant l’âge de la retraite à 64 ans, il va arriver au plein emploi ? Quelle relation y a-t-il de cause à effet ? Curieusement, aucun des trois « journalistes » présents ne lui a fait remarquer l’incongruité de ce qu’il assénait comme « argument ». On pourrait croire, au choix, ces journalistes complètement benêts, ou alors, savamment briefés pour ne pas faire leur travail. Au vu des informations sur le vaccin, sur le réchauffement climatique, sur l’Ukraine, on pencherait pour la seconde solution : ils ont des consignes.

Une économiste a livré une version autrement plus plausible et plus intéressante : cette réforme est faite pour que personne ne puisse prétendre à une retraite complète et que donc, tout le monde, du moins, ce qui en auront les moyens, prépare une retraite complémentaire par capitalisation, auprès de l’une des grandes sociétés, qui attend la réforme de pied ferme. Black-Rock, pour ne citer qu’eux, mais pas que. Comme par hasard, cette société vient d’obtenir le marché de la reconstruction en Ukraine, alors que la guerre n’est pas finie. Cela serait parfaitement cohérent, dans le cadre de l’offensive généralisée des Américains, sur l’économie européenne. Le gouvernement serait donc coincé, entre l’inutilité de cette réforme, la rue qui a des arguments sensés et les actionnaires qui oeuvrent dans les bureaux feutrés. Et l’économiste d’ajouter qu’en cas d’échec à faire passer la réforme, ces grandes sociétés ont les moyens de mesures de rétorsion contre les finances françaises. On comprend mieux dès lors, l’embarras du gouvernement et l’utilisation, par Véran, d’arguments fallacieux à longueur d’émission.

Au RPF, nous sommes contre cette réforme, qui n’est ni plus ni moins que la liquidation de l’héritage gaulliste, issu du Conseil national de la Libération. Cette réforme n’a aucun autre but que de préparer le terrain à la nécessité d’une retraite par capitalisation, qui en l’état, n’est pas indispensable. La réforme est dans la droite ligne des dossiers sur les autoroutes, l’énergie, ou les transports, où l’État macronien vise uniquement à permettre à des actionnaires de s’engraisser au passage, non pas en travaillant, mais en dormant. Il va obliger les Français à donner une part de leur argent à des groupes privés, exactement comme il oblige EDF à vendre à perte, à des groupes privés. Vu de cette manière, on comprend mieux l’acharnement de Véran et des ses collègues. Macron organise, ni plus ni moins, la vente de la France et des Français, mais ça, on s’en est aperçu voici un moment. Il reste à la rue, à passer en force.


L'affaire Palmade

Radu Portocala

Une certaine décence impose de ne pas organiser des tribunaux populaires, ni de s’improviser en juges dans l’affaire de l’accident de l’acteur Palmade.
Mais une autre forme de décence, peut-être plus grave, devrait faire en sorte que ceux qui traitent les faits dans la presse pèsent leurs mots et leurs propos.
Il est indécent d’écrire, comme le font pas mal de journalistes, « Pierre Palmade a été victime d’un accident » au lieu d’écrire « Pierre Palmade a provoqué un accident ». D’écrire « a été impliqué dans un accident », lui attribuant ainsi un rôle passif dans la tragédie qu’il a provoquée.
Il est indécent de s’escrimer à expliquer longuement par un passé triste et compliqué, et à justifier presque ainsi le fait qu’il ait pris le volant – non pas à 3 heures du matin, quand les routes sont vides, mais à 7 heures du soir – dans un état qui aurait dû lui interdire de le faire.
Il est indécent que la presse donne toutes les heures des nouvelles de son état, alors qu’elle est pratiquement muette sur la situation dans laquelle se trouvent ses victimes – celui-ci étant le seul mot qui puisse convenir, et non « les autres personnes accidentées », comme il est dit trop souvent.
La presse, encore une fois, presque dans son ensemble, montre qu’elle fonctionne à l’unisson, qu’elle est écrite par des gens qui pensent ensemble, qu’elle est mauvaise et partiale – en somme, qu’elle ne vaut rien.

12 février 2023

UN CLOWN SANS FRONTIÈRES, OU L'EMBARQUEMENT VERS LE PIRE

Gabriel Nerciat

Cela fait maintenant presque quarante-huit heures que Madame Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture du gouvernement Borne, a menacé sur France Inter, au micro de Léa Salamé, de couper le sifflet à C-News et C8 dans trois ans si les animateurs, journalistes et chroniqueurs des chaînes du groupe de Vincent Bolloré n'acceptaient pas de revenir à une ligne éditoriale plus conformiste et surtout plus conforme à l'idéologie libérale, multiculturaliste, progressiste et islamophile chère aux élites macroniennes, Deuxième Gauche et/ou européistes de notre beau pays.
Hier (ce qui prouve que je suis resté un garçon plutôt naïf), je pensais encore que les déclarations inédites et stupéfiantes de cette grande bourgeoise franco-libanaise maronite jadis proche de Anne Hidalgo, jamais élue nulle part en France ou ailleurs (comme il se doit en Macronie), quasi inconnue du grand public et dont le seul fait d'arme vaguement répertorié est d'avoir contribué au lancement de l'ONG "Clowns sans frontières" (sic), allaient provoquer, au moins dans ce qu'on appelait jadis la droite de l'échiquier politique mais aussi dans les milieux de la gauche républicaine et modérée (type Marianne, version Jean-François Kahn ou version Natacha Polony), des tempêtes d'indignation et des pétitions vengeresses exigeant la démission immédiate de la nouvelle Madame Fouquier-Tinville.
Or, rien, ou quasiment rien.
À ma connaissance, personne à droite n'a moufté, de même qu'au RN, du moins au moment où j'écris.
Eric Ciotti et les copains d'Eric Zemmour, apparemment trop occupés à soutenir la réforme des retraites d'Emmanuel Macron – de même que Causeur, le magazine républicain paléo-conservateur soi-disant adepte de la liberté de pensée – pour l'instant se taisent : pas un seul tweet, pas un seul article, à moins qu'ils n'aient échappé à ma vigilance.
Seul Mathieu Bock-Côté a publié une tribune ce matin dans Le Figaro, mais étant lui-même chroniqueur sur C-News, il est à la fois juge et partie, comme on dit en droit.
À gauche, évidemment, c'est encore pire : non seulement il n'y a rien, mais on devine que la gauche Charlie-Hebdo, celle de Caroline Fourest ou de Henri Pena-Ruiz, pour ne rien dire des autres, secrètement applaudit au coup d'éclat de Madame Abdul-Malak.
Bref, si les déclarations du ministre constituaient un "ballon d'essai", on peut dire que l'essai est réussi.
Seuls les idiots, dont je fais souvent partie, doivent s'étonner de la facilité avec laquelle l'extrême-centre macronien, ou plus exactement le libéralisme autoritaire et progressiste en formation depuis l'époque mitterrandienne de SOS Racisme et du traité de Maastricht, parvient à circonvenir patiemment l'ensemble des forces idéologiques ou sociologiques qui s'opposent à son emprise sur le corps d'une nation qu'il déteste, et où ses représentants en titre deviennent de plus en plus ridiculement minoritaires.
Il y a belle lurette, en réalité, que le fanatisme de Saint-Just et le messianisme botté de Brissot et de la Gironde se sont réconciliés dans les profondeurs académiques de l'Enfer.
Ajoutons-leur la complicité des médias assermentés, des juges et des fonds d'investissement, et le peu de libertés civiques ou patrimoniales qui subsistait encore auront disparu en quelques années.
"En Union soviétique, nous avons un parti unique parce que la réalité est unique", disait le maréchal Staline, entre autres choses inventeur de l'Ukraine et de l'antifascisme institutionnel.
On ne dira jamais assez à quel point ce grand homme, plus énergique que Gengis Khan (son idole) et plus visionnaire que Pierre le Grand ou Frédéric II, est l'inspirateur essentiel, incontournable, invaincu de notre modernité post-marxiste.
Mais lui, au moins, comme il l'a fait assez vite comprendre à Boris Pasternak, s'abstenait de jouer au clown.

ANNE HIDALGO, UNE ARME DE DESTRUCTION MASSIVE

Gabriel Nerciat

Les pauvres Ukrainiens, quand même.
Les bombardements, les missiles, les canons, l'artillerie, les ruptures de courant, les films de BHL, les sirènes nocturnes, les visites fréquentes d'Ursula von der Leyen, etc., tout cela est sûrement très éprouvant à vivre, surtout depuis un an.
Mais Anne Hidalgo, non, là, ce n'est pas possible. Il y a une limite à tout, même aux meilleures capacités d'adaptation.
Pour les Russes, en revanche, qui sont en train de percer victorieusement le front du Donbass à Bakhmout, c'est une aubaine.
Une seule visite du maire de Paris à Kiev, et tout le moral des troupes ukrainiennes s'effondre, comme une digue qui cède d'un coup après des mois d'effort.
D'ailleurs, peut-être est-ce un complot russe, après tout ? Il faut demander à Nicolas Tenzer ou à Marie Mendras.
D'autant qu'il y a fort à parier que l'ex-candidate du PS est partie là-bas accompagnée par des milliers de rats, en vue de les offrir au président-pétomane de l'entité ukrainienne, cet autre joueur de flûte stipendié par l'OTAN afin de pousser un pays entier à se noyer sans retour dans les eaux de la défaite, de la corruption et du néant.

À PROPOS DES CHIFFRES…

Jacques Cotta

Le gouvernement fait très fort. Avant les manifs, il annonce les chiffres de participants. Ce sera donc 963 000. Et 93 000 à Paris. Je peux témoigner du mensonge. Nationalement, mensonge en effet si on calque celui qui concerne Paris. Le boulevard Voltaire fait 2850m sur 30m de large, soit 85 500m2 au bas mot. J’ai pu dénombrer en moyenne 1,5 personnes au m2. Manifestation très dense de bout en bout, composée des habitués mais d’un nombre très important de familles, poussettes, parents, grands-parents... Bref le monde étant renouvelé au moins trois fois sur la longueur du boulevard... ce qui donne :
85 500x1,5x3 = 384 750 sans compter un deuxième parcours ouvert, vu l’affluence...
Nous ne sommes pas loin des 500 000 annoncés par les syndicats...
Conclusion : Macron et son gouvernement ont un problème simplement identifiable. Le PEUPLE !

Vive la liberté d'expression

Yann Bizien

Les rappels à l’ordre de médias indépendants ne sont jamais un bon signe dans une démocratie parce que la liberté d’expression n’est jamais définitivement acquise. Elle reste un combat de tous les jours.

Les insultes de Cyril Hanouna au député Louis Boyard valent à C8 une amende record. L’Arcom sanctionne d’une pénalité très dissuasive de 3,5 millions d’euros la chaîne du groupe Canal+ pour les insultes proférées par l’animateur de « TPMP » à l’encontre de l’élu, le 10 novembre.

Pour mémoire, l’Arcom est réputée être une autorité publique indépendante. Composée d’un collège de neuf membres, son président est nommé par décret... du président de la République.

Notre régime politique dominé et encadré par l’exécutif prend sérieusement des tournures autoritaristes et arbitraires. Je les avais perçues durant la crise des Gilets jaunes. Je les avais à nouveau constatées pendant la crise sanitaire. Je les ai vues dans la dissolution de certaines associations conservatrices et patriotiques. Je les vois aussi dans la censure instituée sur les réseaux sociaux. Je le vois également dans l’instrumentalisation politique de l’actualité. Je le vois encore dans les processus constitutionnels prévus pour tenter de réformer en force nos retraites. Et je le constate enfin dans les rapports du pouvoir aux médias, ce qui est précisément confirmé par la toute dernière interview de la ministre de la culture, et de la censure, Rima Abdul-Malak, sur France Inter qui n’est pas en France la radio publique la plus pluraliste.

Je ne confonds pas le besoin d’autorité avec l’autoritarisme qui est un abus et un excès d’autorité.

Ce durcissement du régime politique sous les quinquennats d’Emmanuel Macron se voit principalement dans sa volonté de réduire les marges de manœuvre de nos libertés, en particulier de notre liberté d’expression et de la liberté de la presse.

Nous pouvons le constater sur le contrôle serré, le subventionnement ciblé et la pression exercée sur les médias non bridés. Plus les médias sont conformistes et partisans du pouvoir, plus ils auront les faveurs de l’exécutif. Plus ils seront critiques, moins ils auront de subventions et plus ils risqueront les foudres de l’ARCOM.

C’est le cas de CNEWS, de C8, mais aussi de Valeurs actuelles, plutôt indépendantes et éloignées du pouvoir, critiquées pour leurs supposés manquement au pluralisme et menacées dans le processus de reconduction de leurs fréquences.

Mais pourquoi ce pouvoir ne critique pas BFM TV, sa propre agence de communication, qui refoule en permanence tout ce qui s’éloigne du centre de gravité politique macroniste et piétine par conséquent le pluralisme ?

C8 et CNews rassemblent chaque jour près de 11 millions de citoyens français. Cette audience représente donc une menace inavouée pour le pouvoir soucieux de verrouiller nos droits fondamentaux dans sa démocratie du deux poids, deux mesures.

Pour un régime autoritaire, qui veut avoir le monopole des idées, les médias libres doivent se soumettre ou disparaître.

Avec Emmanuel Macron, la police de la pensée et le contrôle de notre expression ont encore de beaux jours parce qu’il ne les voit pas comme une valeur suprême à préserver mais comme une menace.

La liberté de pensée est absolue, ou elle n’est rien. La vraie liberté d’expression est également celle dont on profite sans condition, pourvu qu’elle soit responsable, qu’elle ne diffame pas, qu’elle ne soit pas injurieuse.

La liberté d’expression appartient donc à ceux qui l’ont conquise. Il ne faut jamais la mendier aux autres. Il faut la prendre. Et quand tout va mal dans une démocratie, la dernière liberté du peuple est celle qui consiste à changer de gouvernants.

« Tout esclave a entre ses mains le pouvoir de briser ses chaînes » disait William Shakespeare.

Vive les médias libres et indépendants, et les journalistes non alignés sur le pouvoir. 10/2/2023

Very bad trip

Anne-Sophie Chazaud

La nouvelle de l’accident impliquant Pierre Palmade s’est répandue avec la fulgurance d’un véhicule dont on perd le contrôle et le fracas des tôles entrechoquées.
Nous avons déjà connu des sortes de chocs, en tant que public, de semblable nature et dans des contextes certes différents mais qui me sont immédiatement revenus en mémoire : la mort de Lady Di, le matin où nous perdions Marie Trintignant par exemple…
Dans le bruissement électronique des réseaux et médias, très vite, des schémas réactifs se sont mis en place sur fond de tribunal populaire.
Partout l’indécence a prévalu.
Tout d’abord il y eut l’étonnante manière dont le milieu médiatico-mondain, serrant les fesses et les rangs, s’est empressé de « protéger » son rejeton, ne nous donnant des nouvelles que de celui-ci, semble-t-il rescapé du drame terrible que son addiction, connue, aura causé.
Peu ou pas de considération pour les victimes, anonymes, du drame, des gens du peuple, des gens de rien, sortes de victimes collatérales des outrances tolérées d’une caste hors sol. Cette même engeance populaire que l’on morigénera et moralisera politiquement tout à loisir avant chaque élection ou à chaque épidémie, que l’on affichera, si besoin, sur quelque mur des cons propre à la caste si par malheur elle vient à se plaindre de son statut de victime.
Ensuite et en lien avec le point précédent, il y a, larvée, l’abjecte tolérance de cette caste pour les comportements antisociaux et délinquants entourant la consommation de drogues. Il est vrai qu’un épais nuage blanc s’élevant du Palais de l’Élysée ou de celui de Kiev, et parfois des deux mêlés où l’on s’entrefrotte le nez entre quelques obscènes papouilles et tutoiements complices, l’on comprend bien l’infinie mansuétude de la caste pour certains trafics et l’on comprend d’ailleurs bien également la complaisance dont bénéficie le lumpen prolétariat qui lui permet, par la désorganisation perverse de quartiers entiers livrés au trafic, de s’adonner à son vice. L’élite antisociale ne perd jamais son sang-froid.
En réaction à cela, le tribunal populaire s’est mis très vite en place, celui d’une opinion publique sans doute excédée par le constant deux poids deux mesures dont cette abominable affaire est une nouvelle fois le symptôme fracassant. Un menu peuple s’efforçant à l’honnêteté, à qui l’on ne pardonne rien et une sorte d’élite qui se permet tout, sans vergogne et surtout sans contrôle.
S’est ajoutée à cela l’atroce logique juridique dont on comprend bien qu’elle soit philosophiquement fondée, selon laquelle un fœtus (la femme frappée par le véhicule de Pierre Palmade étant enceinte de 7 mois et ayant perdu son bébé) n’est pas considéré comme un individu, ce qui empêche de caractériser l’homicide en l’occurrence involontaire même avec la circonstance aggravante de la consommation de stupéfiants… Comment supporter en pareille situation qu’un bébé désiré, déjà choyé, auquel on chante probablement déjà des chansons, dont on prépare la chambre, qui est viable en cas d’accouchement prématuré, dont on écoute avec tant d’émotion le cœur battre à chaque visite médicale, que l’on sent bouger toute la journée, qui a certainement déjà un prénom et est déjà entré dans le registre du langage, c’est-à-dire dans l’ordre des humains, ne soit pas considéré comme un individu auquel on vient d’ôter la vie, simple « amas de cellules » aux dires des plus idéologues tout heureux ici de pavoiser.
Très vite donc ce débat a fait rage sur les réseaux, opposant deux visions du petit d’homme, dans le temps que l’un d’entre nous, certes à venir, venait de se voir privé de son premier souffle…
Enfin, il y a eu le procès de Pierre Palmade, aussi virulent et rapide que le fut sa défense immédiate par la Caste.
J’ai adoré cet humoriste qui, avec quelques autres, ont complètement renouvelé le genre dans les années 90. On a toujours senti chez lui une forme d’inquiétude, de doute, de fragile incertitude à laquelle l’humour exceptionnel venait offrir protection, autodérision et armure.
Je pense pouvoir affirmer qu’il doit être aujourd’hui absolument terrassé par ce qu’il a commis, fruit d’une addiction et d’un désordre contre lesquels il luttait et qu’il portait comme une croix. Je ne l’excuse pas mais je l’explique et surtout, connaissant le personnage qui n’a rien du pervers narcissique, je l’imagine profondément accablé et dans une totale détresse face aux conséquences de ses actes. Bonjour le réveil… Qui peut s’imaginer qu’il se dise aujourd’hui « chouette, quelle bonne aubaine, je ne suis pas mort » ?
J’aimerais par ailleurs que sincèrement chacun regarde en lui-même et se demande s’il ne s’est jamais réveillé un matin de cuite sans se souvenir d’où était garée la voiture ni de comment on était rentré, voire d'avec qui. Il faut lutter sans relâche contre la conduite sous l’emprise de l’alcool et des stupéfiants qui gâche tant de vies mais que celui qui n’a jamais été dans cette situation jette le premier Pierre.
Alors voilà, quel que soit le contexte, il me paraît sain de désactiver nos réactions, certes humaines, face à ce drame et, pour le coup, laisser faire la justice et le remords infini des hommes, et les regrets aussi.

11 février 2023

Conflit ukrainien

Vincent Verschoore

L'enquête menée par les services suédois et allemands sur le sabotage du gazoduc Nordstream 2 en septembre 2022 n'a conclu à rien d'autre que le fait qu'il n'était pas possible d'imputer la chose aux Russes. En réalité, tout le monde sait que les USA sont derrière cela, les déclarations de Biden, de Blinken et de Nuland, se félicitant de cet événement, étant autant d'aveux.
Le journaliste Seymour Hersh, connu et récompensé pour ses travaux sur les crimes de guerre américains au Vietnam et en Iraq, un temps contributeur aux prestigieux New York Times et autres Washington Post, vient de sortir un article incriminant directement les USA pour ce sabotage, avec une description de comment, et avec qui, le coup fut monté (voir lien).
L'État terroriste US et sa clique OTANesque sont clairement aux manettes, avec pour but la destruction d'une bonne partie de l'économie européenne et russe, et l'appropriation de l'Ukraine et de ses nombreuses ressources en échange des centaines de milliards de dollars "donnés" sous forme d'argent et de matériel de guerre.
Le refus de la Russie de perdre cette guerre, malgré l'escalade massive imposée par les USA/Otan, crée un petit vent de panique et justifie l'envoi de centaines de chars et de canons, avant sans doute de l'aviation et des missiles longue portée, afin de stopper l'hémorragie sur le font de l'Est.
Tout ceci au risque d'une escalade terminale, mais les psychopathes euro-atlantistes vivent sur une autre planète, pas sur celle où des centaines d'Ukrainiens se font massacrer chaque jour au bénéfice du complexe militaro-industriel et des comptes offshore de Zelensky & Cie.



Vaccination anti-Covid : vivre avec les effets indésirable

ARTE Regards

Depuis le début de la pandémie, plus de 900 millions de doses de vaccins anti-Covid ont été administrées en Europe. Si ce vaccin est globalement bien toléré, il provoque parfois des effets secondaires sévères. L'absence de points d’accueil et de traitements renforce le sentiment d'abandon chez de nombreuses personnes présentant de graves symptômes après la vaccination. Elles se battent désormais pour être reconnues.


Confessions

Anne-Sophie Chazaud

Chers amis, après des mois très particuliers sur lesquels je vais revenir ici, je pense que je vous dois quelques explications. Vous êtes nombreux à me faire l’honneur et le plaisir de me suivre, certains depuis longtemps et avec lesquels, au fil des ans, de solides liens affectifs se sont bâtis, comme immuables car suspendus dans l’atmosphère électronique de nos affinités, à l’abri des contingences. D’autres nous ont rejoints en cours de route et l’on se retrouve finalement assez nombreux sur mon mur, en balance avec un pied dans le vide en un équilibre incertain, se demandant bien, depuis quelques temps, ce que fabrique la maîtresse des lieux, parce que, bon, on l’aime bien mais ce serait bien qu’on comprenne où elle tente de nous emmener…
Beaucoup ont été je le sais déconcertés par mes apparitions/disparitions, mes posts allant et venant au gré de logiques incertaines, au gré de mes hésitations quant à la nature de ma présence ici et du sens de tout cela.
Il m’aura fallu de très longs mois pour parvenir à l’évidence de la nécessité de cette lettre que je vous adresse et je vais donc, vous me pardonnerez, vous parler un peu de moi car, après, tout, votre patience et l’amitié que vous me faites, le méritent bien.
Il y a bientôt un an, tandis que je baguenaudais non loin du Mont Saint-Michel, j’ai été frappée par un très grave accident cardio-vasculaire. Pendant de très longues minutes je me suis vue (au mieux) morte, incapable de parler, marmonnant ridiculement, incapable de me mouvoir correctement, le centre de pilotage ne parvenant manifestement plus à transmettre correctement les instructions au reste de l’habitacle. Quelques minutes plus tard, grâce à ce que j’ai découvert comme étant la « plasticité cérébrale » (phénomène tout à fait passionnant), tout redémarrait comme après une sorte de panne (ou de grève ?). Mais j’avais traversé l’Achéron dans un curieux baptême et j’en ressortais à la fois émerveillée et rincée.
Au terme de cet épisode assez particulier dont je vous parle parce qu’il a modifié en profondeur ma perception des gens, du monde et de la vie, épisode dont on n’a d’ailleurs absolument jamais identifié ni compris la cause (si ce n’est celle, probable, du vaccin mais cela c’est une autre histoire…), je suis revenue peu à peu aux affaires mais en ayant toutefois le sentiment intime d’avoir été intensément modifiée et, d’une certaine façon, métamorphosée. Car, si je suis sortie miraculeusement et totalement indemne de cet événement, je n’en suis pas ressortie sans conséquences et sans effets.
Je me suis, pendant de longs mois, retrouvée dans une sorte d’entre-deux, entre mon monde d’avant et mon monde d’après, prise constamment dans une pénible indécision dont mes atermoiements et mes apparitions/disparitions/contradictions ont été ici le symptôme. Car il faudrait être fou pour s’en revenir d’un tel événement sans changer rien à sa vie, au regard que l’on porte sur elle, repartir la fleur au fusil comme un imbécile et comme si de rien n’était, sans faire le détour par la question du sens que l’on donne à ce que l’on fait et à l’existence. D’une façon générale d’ailleurs, il faut être fou pour ne jamais rien changer en soi, pour ne jamais douter, pour ne jamais se remettre en question.
Il se trouve que mon apocalypse personnelle (dans son sens étymologique de dévoilement) a coïncidé avec une sorte d’effondrement collectif dont la concomitance d’avec mon agenda intime ne pouvait que me saisir et m’étreindre. Dans le même temps que je contemplais le spectacle de ma propre finitude (dont j’avais bien la connaissance, mais enfin, tout cela demeure assez théorique finalement jusqu’à ce que cela surgisse, bam…), je voyais le monde s’écrouler de tous côtés. Je constatais que mon pays, celui de mon enfance, devenait une sorte d’abominable coupe-gorge tiers-mondisé en mode Walking Dead, je voyais le sens de la parole publique s’effondrer dans une ère d’irréelle post-vérité, j’avais le sentiment que toutes les paroles devenaient folles, déliées de tout rapport au réel, lui-même aboli, je mesurais également la fragilité de notre condition environnementale avec beaucoup de mélancolie tant j’aime la nature, et, pour couronner le tout, la menace d’un hiver nucléaire venait donner à tout cela une petite onction radioactive du meilleur effet.
Bref, dans ce contexte, j’ai retiré mes marrons du feu en vivant de manière très intense, très réelle, très charnelle et en me détournant autant que possible d’un champ de débat où il m’a semblé que nos paroles accumulées devenaient caricaturales à force de répétitions et inaudibles à force d’empilement. Comme j’avais tout de même envie et besoin régulièrement de m’exprimer, je revenais parfois, vous livrais une petite analyse puis, presqu’aussitôt après, je m’en retournais loin, tel un petit renard non apprivoisé, jouant probablement avec vos nerfs et votre patience, dans une sorte de mise en scène involontaire du Fort-Da freudien, testant votre présence, qui m’est si chère (et réciproquement je crois bien), puis repartant vers d’autres expériences.
Je ne savais plus, je crois, ce que je faisais ici, ni pourquoi je parlais, ni à qui. Car il me semble que l’on devrait tout autant que du pourquoi l’on s’exprime, se demander toujours à qui l’on écrit. Je suis même tout à fait persuadée qu’une écriture qui ne se pose jamais la question de son destinataire n’a aucun intérêt, comme privée de désir et de plaisir (on me pardonnera ces vaticinations barthésiennes). Je pensais souvent, modestement tout de même, à la chanson de Barbara « Ma plus belle histoire d’amour… c’est vous », que l’on écoute toujours en se demandant s’il s’agit d’une expérience amoureuse ou de son public. Dans le fond, on ne tranche pas vraiment puisque, ce dont il s’agit, c’est du désir et du plaisir de partager et de vivre ensemble des émotions. De se sentir vivants, avant que Dieu sait quel ciel, personnel ou collectif, ne nous tombe sur la tête.
Ceux qui m’ont accompagnée durant cette période d’entre-deux vies savent combien cela m’a été douloureux parfois de ne pas pouvoir trancher : partir, revenir, rester, que dire, que faire, comment le faire, ici, sur mon site, dans la presse, dans des livres, comment le dire, et pourquoi, et à quoi bon… ?
Cette longue maïeutique est aujourd’hui parvenue à son terme.
Concernant les rapports que j’ai avec vous, puisque c’est de ceux-ci que je parle ici, je me suis rendue compte qu’ils m’étaient tout à fait précieux. J’ai vécu ici depuis 10 ans beaucoup de choses, des joies intenses, des peines, des choses brutales, d’autres très tendres, bref, j’ai vraiment vibré dans cet espace et je n’ai pas envie d’y renoncer tout à fait même si je ressors de toute cette période convaincue que nous devons régénérer nos façons de faire, sortir de nos routines, changer notre vision/compréhension du moment civilisationnel très particulier dans lequel l’humanité se trouve plongée. Je suis à présent convaincue par ailleurs qu’il y a une forme de paresse dans les visions apocalyptiques qui nous traversent : l’Occident se meurt grotesquement, la planète est en ébullition (aux sens propre et figuré), le monde se déchire et se redessine, mais enfin, dans le fond, je n’y crois pas vraiment à la fin de l’aventure. Il y aura autre chose qui sera enfanté par tout ce magma dans lequel nous sommes plongés, et je crois que j’ai bien envie tout de même de faire partie de l’aventure même si pour le moment cela prend un peu l’allure d’un train-fantôme.
Je me retrouve donc, au terme de tout ce parcours d’une certaine façon initiatique, confortée dans mon existence, très solide sur mes appuis (j’aurais même tendance à dire assez indestructible), et avec la certitude qu’il faut accorder tout le temps nécessaire aux choses véritablement essentielles.
Pour autant, la conversation/relation que nous avons nouée au fil des ans a toute sa place dans le dispositif, à la condition toutefois d’échapper autant que faire se peut aux automatismes réactionnels, aux stéréotypes d’indignation et aux figures de style figées.
Je vais donc reprendre la Route avec vous, tranquillement, j’alternerai mes publications, qui désormais resteront présentes et visibles sur ma page (je m’engage à ne plus les faire sadiquement disparaître) entre ici et mon site (sur la dynamique duquel je vais d’ailleurs réfléchir de façon nouvelle).
Bref, comme après toute expérience majeure, je m’en retourne, comme il est dit des Rois Mages dans l’Evangile de Saint-Matthieu « par un autre chemin ». L’on revient, apparemment au même endroit, mais on est changé, profondément, et, après tout, c’est bien de cela que se nourrissent nos innombrables épiphanies.
Je vous dis donc à bientôt, dans une joie naturelle, que j’espère ressourcée et légère.
©ASC 10/2/2023