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14 février 2023

Olivier Rey
Essayiste, philosophe

« Quoi qu'il en soit, les dirigeants voient dans la crise sanitaire un accident très fâcheux, mais aussi une fenêtre d'opportunités à saisir, afin d'accélérer les mutations en cours et de mettre en place les dispositifs de contrôle qu'en temps normal la population aurait refusés. Une fois ces mutations accomplies (la numérisation d'à peu près tout en particulier et l'obligation de tout faire en ligne), il ne sera plus question de revenir en arrière, une fois les nouveaux dispositifs installés ils resteront en usage - d'autant qu'au train où vont les choses, il y aura toujours une autre crise, une autre urgence, une nouvelle menace à invoquer pour justifier leur existence. Tel est le programme en bref : emprise totale de la technologie, standardisation accrue des comportements, extension sans limite du domaine du management. »
L'idolâtrie de la vie.

Profits records de Total et de la BNP : le capitalisme ne tourne pas rond, même ses défenseurs le disent

Pierre Lann - Marianne

Emmanuel Macron rechigne à réagir face aux profits gigantesques de TotalEnergies et de son P.-D.G. Patrick Pouyanné (à droite).
Ludovic MARIN / POOL / AFP

- 8/2/2023 - En pleine mobilisation contre la réforme des retraites, TotalEnergies et la BNP dévoilent des profits records. Le pétrolier a ainsi réalisé un bénéfice 20,5 milliards de dollars en 2022, quand la majorité des Français se sont appauvris. Aux Etats-Unis, Joe Biden demande aux entreprises et milliardaires des efforts pour réduire le déficit. Et en France ?

Des milliards à en perdre la tête. Les unes après les autres, les grandes entreprises françaises publient en ce moment leurs résultats comptables de l'année 2022. Mardi 7 février, en pleine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la BNP Paribas annonçait ainsi un bénéfice net record de 10,2 milliards d'euros. 7 % de mieux que l'année dernière, déjà record pour la plus grande banque européenne. Et cela devrait durer. Le géant bancaire prévoit une croissance moyenne de son bénéfice de 9 % par an jusqu'en 2025, soit une augmentation d'un milliard d'euros par an. Ce mercredi, c'est au tour de TotalEnergies de dévoiler un bénéfice net de 20,5 milliards de dollars, soit 4,5 milliards de plus qu'en 2021.

On pourrait se féliciter de la réussite éclatante de deux grandes entreprises françaises. Mais ce serait oublier que, le jour même de la publication de ses résultats colossaux, plusieurs sources syndicales indiquaient à l'AFP que la BNP Paribas projetait de supprimer 921 postes. Et que TotalEnergies s'en est mis plein les poches quand les consommateurs se sont ruinés à la pompe. Le pétrolier a profité à plein de l'explosion des cours du pétrole et du gaz – liés à la reprise économique post-Covid et à la guerre en Ukraine – sans que ces « surprofits » ne soient taxés par le gouvernement français. Certes, Patrick Pouyanné, le P.-D.G. de Total, a mis en place une ristourne à la pompe. Mais cela n'a coûté que 550 millions d'euros, soit pas grand-chose pour un groupe qui a pourtant reçu plus d'argent public ces dix dernières années qu'il n'a payé d'impôts en France, comme l'a récemment montré l'Obs.

LE GRISBI AUX ACTIONNAIRES

Mais, à écouter le gouvernement, il ne faudrait pas taxer ces profits parce que ces entreprises en auraient besoin pour « investir ». Sur le papier, le raisonnement peut s'entendre. Sauf que le capitalisme ne tourne pas rond en ce moment. Et même ses défenseurs s'en inquiètent. Il y a aujourd'hui « une anomalie majeure qui met en cause le fonctionnement du capitalisme », relève ainsi Patrick Artus, l'économiste de la banque Natixis et ancien administrateur de Total, dans une note publiée ce lundi. Alors que le taux de profit des entreprises a progressé de manière continue en Europe et aux États-Unis, le taux d'investissement de ces entreprises a baissé, constate cet économiste renommé.

Alors où part l'argent ? Beaucoup aux actionnaires, note Patrick Artus. Déjà largement servis par les dividendes, ceux-ci bénéficient à fond des rachats d'actions. En clair, les entreprises achètent leurs propres actions, ce qui fait monter leur cours et augmente leur bénéfice, au profit des actionnaires. Avec le versement des dividendes, c'est une autre manière de les rémunérer. TotalEnergies en est le champion français (13,3 milliards d'euros en 2022) et la BNP prévoit aussi d'y consacrer 5 milliards d'euros cette année.

SÉCESSION DES PLUS RICHES

Au total, en 2022, les actionnaires du CAC 40 ont perçu un retour de 80 milliards d'euros selon la lettre Vernimmen (15 % de plus que l'année dernière). Rappelons que ces fameux actionnaires sont d'abord des gestionnaires d'actifs et les familles qui détiennent les plus grosses entreprises. Ces deux catégories détiennent au moins 40 % du capital des sociétés cotées au SBF 120 (qui regroupe les 120 plus grosses entreprises françaises cotées en bourse) selon une étude publiée par Euronext et rapportée par les Échos. Les salariés ne détiennent que 2,4 % de ce capital.

Selon l'analyse de Patrick Artus, les grandes entreprises acquièrent aussi des biens immobiliers et rachètent d'autres entreprises. Un mécanisme qui conduit à augmenter fortement le prix des actifs – en particulier celui des maisons – et à une aggravation des inégalités de patrimoine. Le patrimoine des 1 % les plus riches ne cesse de grossir. Ils détiennent 25 % du patrimoine national dans la zone euro, et 35 % aux États-Unis.


En fait, ce que dit Patrick Artus, c'est que les grandes entreprises utilisent leurs profits gigantesques pour enrichir les plus riches. Et non pas pour investir dans l'économie, ce qui pourrait éventuellement ruisseler vers le reste de la population, même s'il est permis de douter de cette théorie. En clair, les riches font sécession, et ce ne sont pas des gauchistes qui le disent. « Ce mécanisme constitue une menace grave sur le capitalisme. Les opinions rejetteront le système qui utilise les profits pour faire monter davantage les prix des actifs existants et pas pour investir en capacités nouvelles », s'inquiète Patrick Artus.

L'EXEMPLE AMÉRICAIN

Face à cela, Joe Biden a promis de réagir, ce mardi, dans son discours sur l'état de l'Union. Le président américain entend « quadrupler les impôts » sur les rachats d'actions « pour encourager les investissements sur le long terme » et appelle à mettre en place une « taxe minimale » sur les milliardaires, jugeant « scandaleux » les gigantesques bénéfices des compagnies pétrolières.

Surtout, il martèle que le déficit public engendré par les investissements massifs dans la réindustrialisation du pays sera comblé par des impôts pesant sur les plus riches et sur les entreprises florissantes. Pendant ce temps, Emmanuel Macron et son gouvernement continuent à vouloir faire peser l'essentiel de l'effort sur les travailleurs. La réforme des retraites est en l'exemple le plus éclatant, et aussi le plus amer.

https://www.marianne.net/economie/economie-francaise/profits-records-de-total-et-de-la-bnp-le-capitalisme-ne-tourne-pas-rond-meme-ses-defenseurs-le-disent?fbclid=IwAR1hIswwHSnoWRZQ5U6nAfoP8HSfTFuoYVyXX1ShawYfSfINhnvySicT1Q0

L’indignation, deux poids deux mesures

Maxime Tandonnet


Aujourd’hui, les médias sont en ébullition parce qu’un ministre a été traité « d’assassin » à l’Assemblée nationale, parce qu’un député a twitté une liste (publique) de députés ayant voté contre une mesure (prétendument) sociale ou parce qu’un autre a joué avec un ballon à l’effigie de la tête d’un autre ministre. L’idée n’est en aucun cas de défendre de tels comportements. Certes, ils sont scandaleux, abjects, monstrueux, et tout ce que vous voudrez. Voilà, je l’ai dit, et qu’on ne me fasse pas dire le contraire! Mais la proportion que prennent ces incidents est terrifiante. Dans le passé les grands débats houleux à l’Assemblée ont toujours donné lieu à insulte et débordements (même parfois à des bagarres et des blessés). Témoignage : je me souviens d’un débat sur l’immigration en 2006 à l’Assemblée où les ministres étaient traités : de tortionnaires des étrangers, de salaud, de voyous de la République, de criminel, de raciste, de pétainiste, d’hitlérien, de maurrassien, de fasciste, de néo nazi, d’assassins, de chantre des camps de concentration et encore d’assassins et de salauds (combien de fois ! Combien de fois) ! Et par les mêmes ou venus des mêmes horizons idéologiques que ceux qui aujourd’hui jouent les vierges offensées… Et les statues de paille brûlées en effigies ! A l’époque, tout le monde s’en foutait. Nul ne s’indignait dans les médias. Car aujourd’hui, on sent bien le petit jeu du monde politico-médiatique : ils veulent s’en sortir en victimisant à outrance les oppresseurs. C’est-à-dire qu’au fond, les insulteurs font le jeu des oppresseurs en leur permettant de retourner l’accusation. Jetons un coup d’œil sur des faits qualifiés de faits divers : on ne peut plus compter les adolescents poignardés, les jeunes filles violées, leur compagnon tabassé à mort pour les avoir défendues, les personnes âgées ou handicapées passées à tabac et laissées pour mortes, les crachats, les mères frappées et insultées devant leurs enfants. Mais plus personne ne s’intéresse aux tragédies qui ensanglantent la France quotidienne. En revanche, un ministre traité « d’assassin », et le monde médiatique entre en ébullition. Pensez-vous, on s’est permis de tacher son superbe plumage de paon. Bien sûr c’est scandaleux de traiter un ministre d’assassin – je le dis et le répète – mais jadis à l’Assemblée cette insulte était courante, quotidienne, et les ministres s’en foutaient éperdument quand ils pensaient à l’intérêt du pays plutôt qu’à leur plumage de paon vaniteux. 14/2/2023

https://maximetandonnet.wordpress.com/?fbclid=IwAR0EXbvode6y2e0h9joC5kaY0xhOOMmNin6ZYhfC4k_upka7U03tNdgtldg

Phil


Menaces et arbitraire macronien : les tentatives de censure de la ministre de la Culture

H16

Alors que la réforme des retraites déclenche une opposition de plus en plus farouche que Macron et sa clique ne pensaient pas devoir affronter, la nervosité gouvernementale grimpe à mesure que les langues se délient sur les plateaux télé et que les “éléments de langage” officiels ne passent plus sans critique sur certaines chaînes. Zut et zut, voilà qu’il va falloir composer avec des gens pas tous d’accord avec Jupiter !

Et cette opposition s’est illustrée dans la présence, notamment sur certaines chaînes de la TNT, d’intervenants clairement opposés aux points de vue gouvernementaux à différents sujets, depuis la gestion de la pandémie jusqu’à l’actuel débat parlementaire sur la réforme des retraites en passant par les chroniques et commentaires sur différentes affaires judiciaires qui éclaboussent (régulièrement) le petit monde macronien.


Cette opposition est devenue virulente très récemment lors d’une émission d’Hanouna, le 16 janvier dernier, dans laquelle l’animateur étrillait l’audiovisuel public en dénonçant un budget de près de 4 milliards d’euros pour une qualité discutable, et appelait à le privatiser intégralement. L’horreur, quasiment l’ultranéolibéralisme sans frein ni loi !

C’en était probablement trop pour l’actuelle ministre de la Culture, une certaine Rima Abdul-Malak dont l’existence n’a été confirmée qu’assez récemment, qui s’est empressée de faire connaître son point de vue lors d’une émission tenue commodément sur un média de révérence du service public : pour elle – et c’est très simple – on ne peut conserver son droit d’émettre qu’à partir du moment où on ne fait pas trop dans la critique acide.


Eh oui, pour les petits rigolos qui croyaient que la France était un pays où les “droits de l’Homme” s’appliquaient encore, le réveil est quelque peu rude : non, vous n’avez pas le droit de dire ou d’émettre ce que vous voulez. La liberté d’expression, comme absolument tout le reste en France, doit être sévèrement encadrée et ce, d’autant plus si vous commencez à utiliser niaisement cette liberté pour critiquer vertement l’emploi des fonds publics ou pour remettre en cause le discours officiel.

Pour l’actuelle ministricule – et comme pour beaucoup d’autres politiciens actuellement en poste, du reste – la libre-expression n’est pas un droit, mais bien un privilège. Privilège qui pourrait donc être résilié ad nutum par le pouvoir en place en prétextant (admirez la beauté de l’argument !) un “manque de pluralité” depuis un plateau radiophonique pourtant réputé pour ses débats et intervenants hémiplégiques soigneusement choisis dans les 50 nuances de rouges, de pourpres et de carmins d’une gauche germanopratine caricaturale d’entre-soi et certainement pas plurielle.


Sans grande surprise, les explications de la ministre n’ont guère convaincu les intéressés : Hanouna a facétieusement rappelé qu’en 2025, date à laquelle les fréquences attribuées à CNews et C8 – chaîne où il officie – pourraient ne pas être renouvelées par l’État, l’actuelle ministre pourrait ne plus être en poste. De la même façon, Pascal Praud n’a pas goûté les arguments de la ministre et a même accusé Léa Salamé, le passe-plat de la ministre au service public, d’être complice de l’opération menée par Abdul-Malak pour préparer les esprits au prochain refus de renouvellement. Bock-Côté, de son côté, s’est fendu d’une tribune dans Le Figaro pour dénoncer la tentative de musèlement de la ministre au profit de cette “idéologie diversitaire”, ce pluralisme à sens unique où seul le discours d’extrême centre est autorisé.

Signalons enfin Christine Kelly, ex-membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui rappelle que les décisions de l’autorité compétente en la matière sont, normalement, réalisées en indépendance totale du ministère, ce que les déclarations de la Ministre semblent remettre en cause.

Soyons lucides : il est particulièrement amusant de voir certains se réveiller en 2023 devant ce qui était apparent depuis plusieurs années pour ceux qui se sont donné la peine de regarder la réalité en face. L’épisode particulièrement douloureux et dramatique de la gestion pandémique a largement illustré l’absence réelle de toute possibilité d’un débat serein, scientifique et argumenté dans les médias, et C8 comme CNews ne s’en sont pas mieux sorties à l’époque que les autres chaînes, publiques ou privées.

Cela fait en réalité plusieurs années que le débat démocratique n’existe plus en France, et que la fameuse pluralité d’opinions et de points de vue n’existe plus sur à peu près aucun plateau télé, aucune émission radio ou quasiment aucune tribune journalistique. Parfois, il y a quelques résurgences, quelques épisodes où un intervenant va, subitement et inconsciemment sans doute, sortir une opinion parfaitement contraire à la doxa officielle, plombant l’ambiance et aboutissant à des journalistes à la bouche bée qui font ensuite des mèmes rigolos sur les intertubes. L’émission suivante, l’impétrant n’est d’ailleurs pas réinvité.

En réalité, toute la société française s’est maintenant accommodée d’un discours quasi-unique et de débats sur les détails, à la marge et surtout pas en profondeur : le moindre écart à cette marge est immédiatement taxé, sans la moindre nuance, de complotisme, de discours fasciste, d’extrême droite (ou ultradroite, n’hésitons pas). Les intervenants qui ont émis une opinion différente ont dérapé, le doute ou leurs questionnements les propulse dans les antivax, les pro-Poutine ou les ultralibéraux, autant de termes qu’on voudra aussi infâmants que possible.

Dans cette ambiance délétère maintenant bien installée, toute opposition clairement exprimée, voire – pire que tout – argumentée sera non seulement combattue avec absolument tous les procédés rhétoriques les plus vils (depuis l’ad hominem jusqu’à l’insulte pure et simple en passant par l’homme de paille ou les diversions plus ou moins grossières) mais elle sera surtout cachée, tue et effectivement censurée par action et par omission dès que cela sera possible.

En exprimant ainsi ces menaces même pas voilées à l’encontre de groupes privés, la ministricule Rima Abdul-Malak ne fait en réalité qu’entériner un état de fait déjà bien présent dans le pays. On ne pourra que s’étonner de l’incohérence de la même ministre qui, il y a quelques semaines, s’exprimait sur les dangers de la Cancel culture.

Manifestement, certaines opinions semblent importantes à étouffer, mais d’autres peuvent revendiquer l’application et la protection de la loi… Bienvenue dans la confusion générale et dans l’arbitraire macronien.


13 février 2023

Retraites : la vraie raison de l’acharnement

Pierre Duriot

On savait les tenants de la réforme des retraites, très gênés aux entournures, quand on leur demande les raisons positives de cette loi ficelée à la hâte, dont le Conseil d’Orientation des Retraites et l’INSEE expliquent qu’elle n’est pas nécessaire. Gêne pour en exposer les effets de rétablissement de la justice. Gêne pour expliquer comment, en commençant à travailler à 25 ans et en devant 43 annuités, on arrive à une retraite pleine à 64 ans. Il y a de quoi, à moins de ne totalement, pas savoir compter.

Mais Véran ne désarme pas et écume les plateaux de télévision, sans vrai argument, mais qu’importe. Il traite ici, ses interlocuteurs « d’extrême », là de « démago », place encore, des rires moqueurs, ou des yeux levés au ciel, croyant convaincre, mais faisant, au fil des jours, l’unanimité contre lui. Ce matin, entouré de trois journalistes, le même Véran a eu cette phrase étonnante : « Avec cette réforme, nous allons créer une France du plein emploi ». Le tout avec un air puissant. Pourquoi aurait-il attendu cinq ans pour faire le plein emploi ? Mais encore, il faudrait qu’il nous explique, comment en portant l’âge de la retraite à 64 ans, il va arriver au plein emploi ? Quelle relation y a-t-il de cause à effet ? Curieusement, aucun des trois « journalistes » présents ne lui a fait remarquer l’incongruité de ce qu’il assénait comme « argument ». On pourrait croire, au choix, ces journalistes complètement benêts, ou alors, savamment briefés pour ne pas faire leur travail. Au vu des informations sur le vaccin, sur le réchauffement climatique, sur l’Ukraine, on pencherait pour la seconde solution : ils ont des consignes.

Une économiste a livré une version autrement plus plausible et plus intéressante : cette réforme est faite pour que personne ne puisse prétendre à une retraite complète et que donc, tout le monde, du moins, ce qui en auront les moyens, prépare une retraite complémentaire par capitalisation, auprès de l’une des grandes sociétés, qui attend la réforme de pied ferme. Black-Rock, pour ne citer qu’eux, mais pas que. Comme par hasard, cette société vient d’obtenir le marché de la reconstruction en Ukraine, alors que la guerre n’est pas finie. Cela serait parfaitement cohérent, dans le cadre de l’offensive généralisée des Américains, sur l’économie européenne. Le gouvernement serait donc coincé, entre l’inutilité de cette réforme, la rue qui a des arguments sensés et les actionnaires qui oeuvrent dans les bureaux feutrés. Et l’économiste d’ajouter qu’en cas d’échec à faire passer la réforme, ces grandes sociétés ont les moyens de mesures de rétorsion contre les finances françaises. On comprend mieux dès lors, l’embarras du gouvernement et l’utilisation, par Véran, d’arguments fallacieux à longueur d’émission.

Au RPF, nous sommes contre cette réforme, qui n’est ni plus ni moins que la liquidation de l’héritage gaulliste, issu du Conseil national de la Libération. Cette réforme n’a aucun autre but que de préparer le terrain à la nécessité d’une retraite par capitalisation, qui en l’état, n’est pas indispensable. La réforme est dans la droite ligne des dossiers sur les autoroutes, l’énergie, ou les transports, où l’État macronien vise uniquement à permettre à des actionnaires de s’engraisser au passage, non pas en travaillant, mais en dormant. Il va obliger les Français à donner une part de leur argent à des groupes privés, exactement comme il oblige EDF à vendre à perte, à des groupes privés. Vu de cette manière, on comprend mieux l’acharnement de Véran et des ses collègues. Macron organise, ni plus ni moins, la vente de la France et des Français, mais ça, on s’en est aperçu voici un moment. Il reste à la rue, à passer en force.


L'affaire Palmade

Radu Portocala

Une certaine décence impose de ne pas organiser des tribunaux populaires, ni de s’improviser en juges dans l’affaire de l’accident de l’acteur Palmade.
Mais une autre forme de décence, peut-être plus grave, devrait faire en sorte que ceux qui traitent les faits dans la presse pèsent leurs mots et leurs propos.
Il est indécent d’écrire, comme le font pas mal de journalistes, « Pierre Palmade a été victime d’un accident » au lieu d’écrire « Pierre Palmade a provoqué un accident ». D’écrire « a été impliqué dans un accident », lui attribuant ainsi un rôle passif dans la tragédie qu’il a provoquée.
Il est indécent de s’escrimer à expliquer longuement par un passé triste et compliqué, et à justifier presque ainsi le fait qu’il ait pris le volant – non pas à 3 heures du matin, quand les routes sont vides, mais à 7 heures du soir – dans un état qui aurait dû lui interdire de le faire.
Il est indécent que la presse donne toutes les heures des nouvelles de son état, alors qu’elle est pratiquement muette sur la situation dans laquelle se trouvent ses victimes – celui-ci étant le seul mot qui puisse convenir, et non « les autres personnes accidentées », comme il est dit trop souvent.
La presse, encore une fois, presque dans son ensemble, montre qu’elle fonctionne à l’unisson, qu’elle est écrite par des gens qui pensent ensemble, qu’elle est mauvaise et partiale – en somme, qu’elle ne vaut rien.

12 février 2023

UN CLOWN SANS FRONTIÈRES, OU L'EMBARQUEMENT VERS LE PIRE

Gabriel Nerciat

Cela fait maintenant presque quarante-huit heures que Madame Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture du gouvernement Borne, a menacé sur France Inter, au micro de Léa Salamé, de couper le sifflet à C-News et C8 dans trois ans si les animateurs, journalistes et chroniqueurs des chaînes du groupe de Vincent Bolloré n'acceptaient pas de revenir à une ligne éditoriale plus conformiste et surtout plus conforme à l'idéologie libérale, multiculturaliste, progressiste et islamophile chère aux élites macroniennes, Deuxième Gauche et/ou européistes de notre beau pays.
Hier (ce qui prouve que je suis resté un garçon plutôt naïf), je pensais encore que les déclarations inédites et stupéfiantes de cette grande bourgeoise franco-libanaise maronite jadis proche de Anne Hidalgo, jamais élue nulle part en France ou ailleurs (comme il se doit en Macronie), quasi inconnue du grand public et dont le seul fait d'arme vaguement répertorié est d'avoir contribué au lancement de l'ONG "Clowns sans frontières" (sic), allaient provoquer, au moins dans ce qu'on appelait jadis la droite de l'échiquier politique mais aussi dans les milieux de la gauche républicaine et modérée (type Marianne, version Jean-François Kahn ou version Natacha Polony), des tempêtes d'indignation et des pétitions vengeresses exigeant la démission immédiate de la nouvelle Madame Fouquier-Tinville.
Or, rien, ou quasiment rien.
À ma connaissance, personne à droite n'a moufté, de même qu'au RN, du moins au moment où j'écris.
Eric Ciotti et les copains d'Eric Zemmour, apparemment trop occupés à soutenir la réforme des retraites d'Emmanuel Macron – de même que Causeur, le magazine républicain paléo-conservateur soi-disant adepte de la liberté de pensée – pour l'instant se taisent : pas un seul tweet, pas un seul article, à moins qu'ils n'aient échappé à ma vigilance.
Seul Mathieu Bock-Côté a publié une tribune ce matin dans Le Figaro, mais étant lui-même chroniqueur sur C-News, il est à la fois juge et partie, comme on dit en droit.
À gauche, évidemment, c'est encore pire : non seulement il n'y a rien, mais on devine que la gauche Charlie-Hebdo, celle de Caroline Fourest ou de Henri Pena-Ruiz, pour ne rien dire des autres, secrètement applaudit au coup d'éclat de Madame Abdul-Malak.
Bref, si les déclarations du ministre constituaient un "ballon d'essai", on peut dire que l'essai est réussi.
Seuls les idiots, dont je fais souvent partie, doivent s'étonner de la facilité avec laquelle l'extrême-centre macronien, ou plus exactement le libéralisme autoritaire et progressiste en formation depuis l'époque mitterrandienne de SOS Racisme et du traité de Maastricht, parvient à circonvenir patiemment l'ensemble des forces idéologiques ou sociologiques qui s'opposent à son emprise sur le corps d'une nation qu'il déteste, et où ses représentants en titre deviennent de plus en plus ridiculement minoritaires.
Il y a belle lurette, en réalité, que le fanatisme de Saint-Just et le messianisme botté de Brissot et de la Gironde se sont réconciliés dans les profondeurs académiques de l'Enfer.
Ajoutons-leur la complicité des médias assermentés, des juges et des fonds d'investissement, et le peu de libertés civiques ou patrimoniales qui subsistait encore auront disparu en quelques années.
"En Union soviétique, nous avons un parti unique parce que la réalité est unique", disait le maréchal Staline, entre autres choses inventeur de l'Ukraine et de l'antifascisme institutionnel.
On ne dira jamais assez à quel point ce grand homme, plus énergique que Gengis Khan (son idole) et plus visionnaire que Pierre le Grand ou Frédéric II, est l'inspirateur essentiel, incontournable, invaincu de notre modernité post-marxiste.
Mais lui, au moins, comme il l'a fait assez vite comprendre à Boris Pasternak, s'abstenait de jouer au clown.

ANNE HIDALGO, UNE ARME DE DESTRUCTION MASSIVE

Gabriel Nerciat

Les pauvres Ukrainiens, quand même.
Les bombardements, les missiles, les canons, l'artillerie, les ruptures de courant, les films de BHL, les sirènes nocturnes, les visites fréquentes d'Ursula von der Leyen, etc., tout cela est sûrement très éprouvant à vivre, surtout depuis un an.
Mais Anne Hidalgo, non, là, ce n'est pas possible. Il y a une limite à tout, même aux meilleures capacités d'adaptation.
Pour les Russes, en revanche, qui sont en train de percer victorieusement le front du Donbass à Bakhmout, c'est une aubaine.
Une seule visite du maire de Paris à Kiev, et tout le moral des troupes ukrainiennes s'effondre, comme une digue qui cède d'un coup après des mois d'effort.
D'ailleurs, peut-être est-ce un complot russe, après tout ? Il faut demander à Nicolas Tenzer ou à Marie Mendras.
D'autant qu'il y a fort à parier que l'ex-candidate du PS est partie là-bas accompagnée par des milliers de rats, en vue de les offrir au président-pétomane de l'entité ukrainienne, cet autre joueur de flûte stipendié par l'OTAN afin de pousser un pays entier à se noyer sans retour dans les eaux de la défaite, de la corruption et du néant.

À PROPOS DES CHIFFRES…

Jacques Cotta

Le gouvernement fait très fort. Avant les manifs, il annonce les chiffres de participants. Ce sera donc 963 000. Et 93 000 à Paris. Je peux témoigner du mensonge. Nationalement, mensonge en effet si on calque celui qui concerne Paris. Le boulevard Voltaire fait 2850m sur 30m de large, soit 85 500m2 au bas mot. J’ai pu dénombrer en moyenne 1,5 personnes au m2. Manifestation très dense de bout en bout, composée des habitués mais d’un nombre très important de familles, poussettes, parents, grands-parents... Bref le monde étant renouvelé au moins trois fois sur la longueur du boulevard... ce qui donne :
85 500x1,5x3 = 384 750 sans compter un deuxième parcours ouvert, vu l’affluence...
Nous ne sommes pas loin des 500 000 annoncés par les syndicats...
Conclusion : Macron et son gouvernement ont un problème simplement identifiable. Le PEUPLE !