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15 février 2023

Vincent Verschoore

La députée Michèle Rivasi dénonce les conflits d'intérêts, le pantouflage, la corruption au sein des institutions de l'UE. Et l'absence de moyens pour contrer cela.

Une corruption au cœur de l'épisode Covid comme au cœur de la question ukrainienne. Von der Leyen est accusée de corruption en Allemagne lorsqu'elle y était ministre de la défense, elle connaît donc bien la mécanique du complexe militaro-industriel.

Elle est également face à une demande en justice faite par le New York Times, sur la question des contrats opaques avec Pfizer.

Elle n'est que la partie émergée de l'iceberg, on a vu récemment avec le Qatargate (dont plus personne ne parle) que la corruption est le mode normal de ces institutions.

Il faut faire disparaître tout ceci dans un grand sac poubelle, et repartir à zéro.

La France, c’est pas encore l’Amérique

Gilles La Carbona

La diffusion des archives de Musk, sur Twitter, n’en finit pas de nous révéler des lots de turpitudes. Les commissions d’enquêtes de la Chambre des représentants se succèdent et nous découvrons enfin la vérité. Très différente de ce que les gentils défenseurs de la liberté maîtrisée pouvaient nous présenter depuis des années.

On apprend par exemple que le FBI était directement impliqué dans la censure de Twitter. Au début de l’audition des anciens patrons de Twitter, on y entend qu’il y avait un système de corruption au plus haut niveau, entre le FBI et Twitter. Selon un sondage sur l’affaire du portable du fils de Biden, 61% des démocrates auraient changé leur vote, s’ils avaient eu vent de cette affaire. On y apprend également que J. Baker ancien avocat général du FBI, a enquêté illégalement sur Trump, pendant la campagne de 2016. C’est donc de l’ingérence, et l’auditeur poursuit en affirmant : « C’est de la collusion, c’est de la corruption et c’est inconstitutionnel. »

Ceux qui criaient au scandale avaient donc une fois de plus, raison. Comment est-ce possible ? Ils étaient pourtant, officiellement, des complotistes. On se prend à rêver que des commissions similaires voient le jour, en France, surtout que les auditeurs soient aussi pugnaces dans leurs questions qu’aux États-Unis. On serait tenté de demander à Musk de sortir aussi les dossiers Twitter France, pour vérifier si des méthodes similaires n’ont pas été appliquées. Et si tel était le cas, nous serions en droit d’attendre de la justice qu’elle poursuive les coupables.

Mais nous semblons loin, très loin même, de connaître une issue semblable, ici en France, d’abord parce qu’à la différence des US, où il est interdit à l’État de pratiquer la moindre censure, rien de tel n’a cours en France, où le gouvernement ne se prive pas de tenter par tous les moyens de réduire la liberté d’expression à ce qu’il a envie d’entendre, ce qu’il juge admissible de dire. Sachant qu’il a le moyen de faire taire les médias d’opposition et de corrompre, par la subvention effrénée, les médias officiels. France-Soir a été dans sa ligne de mire et C-News est dans le collimateur de la ministre de « la Vérité », qui ne supporte pas, qu’on ne s’aligne pas sur la doxa officielle. C’est là, la conception toute macroniste de la liberté d’expression. N’avait-il pas envoyé les gendarmes dans le lycée de cette jeune fille qui avait osé l’apostropher en public ? Et quand L’État français n’intimide pas directement, il use des médias pour endoctriner. Ne s’est-il pas fendu de plusieurs campagnes télévisuelles sur la base : « On peut discuter de tout sauf des chiffres », pour forcer les gens à se vacciner… en utilisant de faux chiffres ?

Le silence sur toutes les révélations liées aux diverses corruptions et affaires actuelles, Qatargate, surmortalité dans les pays européens, dossier ukrainien… est de rigueur, mais combien de temps les journalistes subventionnés vont-ils pouvoir taire ce qui se passe ? Certains sont allés chercher directement les ordres à l’Élysée, ne cachant même plus leur collusion avec le pouvoir. Oserions-nous affirmer que c’est anticonstitutionnel ? Mais les institutions du pays auto-proclamé des « droits de l’homme », s’estiment au-dessus de tout soupçon. Pendant combien de temps, ces gens qui sont censés nous informer, vont-ils rester muets ? On peut rêver de voir ces journalistes poser en direct les vraies questions à leurs interlocuteurs, sans ménagement, sans prévenance outrancière vis-à-vis de la main qui les nourrit et qui est source de leurs privilèges.

Il sera intéressant de voir comment ils vont couvrir la plainte déposée par le New York Times contre l’impératrice Ursula von der Leyen, sur ses SMS avec Pfizer. Il semblerait que les événements prennent une autre tournure, car si jusqu’à présent elle a pu s’affranchir de la justice en Europe, elle aura beaucoup plus de mal avec cette plainte-là. Les choses bougent lentement, et chaque fois que nous avons cru que tout allait s’effondrer, nous en avons été pour notre argent. Cependant, à force de voir l’édifice trembler, secoué par des attaques qui viennent d’horizons bien différents, on se dit que ces mensonges, ces cachotteries, ne pourront pas rester dans le silence encore très longtemps. Surtout si en parallèle, les troupes russes finissent par détruire dans la totalité l’armée ukrainienne, ce qui, au vu des dernières nouvelles, est en très bonne voie.

Que diront nos journalistes, qui tiennent le 13 heures et le 20 heures sous leur coupe, quand ils devront avouer toutes ces turpitudes et qu’ils seront confrontés au temps qu’ils ont mis pour enfin informer ? Comment justifieront-ils ce silence, et surtout la somme de fausses informations qu’ils ont à dessein, répandue dans l’opinion publique, un peu comme quand le journal Le Monde avait publié la photo du petit Aylan mort sur une page, dans le but, avaient-ils fini par dire, « d’émouvoir ». Les médias se sont donc transformés en machine à créer du sentiment, provoquer des émotions calculées, formater les consciences, pour les besoins d’une politique, d’une idéologie, d’un pouvoir.

Marque de ce double quinquennat Macron, l’emprise gouvernementale s’est étendue comme jamais à la presse et à la justice. Au RPF, nous nous reprenons à rêver de contre-pouvoirs puissants, gages de bonne santé démocratique et dont les actions conjuguées seraient susceptibles de faire tomber un gouvernement dont le dérapage est devenu permanent.


Retraites : vers une manœuvre institutionnelle ?

Gilles La Carbona

L’urgence pour l’opposition est à l’intelligence. En est-elle capable ? Rien n’est moins certain. Quand on voit les occasions manquées qu’elle s’est ingéniée à cumuler depuis le début du second quinquennat de Macron. Et plus récemment avec la réforme des retraites, on ne peut que craindre le pire. S’il n’y avait pas eu de consensus idéologique pour refuser de voter la motion référendaire du RN, concernant les retraites, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Là, c’est-à-dire au bord du gouffre. Il faut dire que Macron a bien attiré tous les députés, et notamment ceux de la NUPES, dans son piège.

Il était évident qu’il n’utiliserait pas le 49.3, il lui fallait simplement laisser l’obstruction des députés faire son œuvre, sans s’affoler, sans même s’offusquer, pour doucement glisser la loi au Sénat et à son ami Larcher qui n’attend qu’une chose : la voter. Ce gros homme nanti, ne semble pas sensible à ceux qui pourraient, au même âge que lui, souffrir dans leur chair au travail.

Nous avions au RPF, déjà signalé cette stratégie au mois de janvier, ce n’est hélas pas pour autant que nous avons été écoutés. La loi sera donc envoyée au sénat le 17 février, où elle devrait passer. L’opposition pourra alors se lamenter et verser toutes les larmes de son corps, la messe sera dite. Sauf si, à l’instar de ce qui s’est passé avec la loi sur EDF, elle décide enfin de s’unir et de voter contre cette loi. Mais pour cela il faudrait qu’elle retire immédiatement tous les amendements qui empêchent le vote aujourd’hui. C’est un risque, bien entendu, mais comparé à ce qui se passera si, sans vote, le texte est envoyé au Sénat, ce n’est rien du tout.

Unie, l’opposition fait reculer le gouvernement, elle vient de le montrer avec le vote concernant EDF. Il est temps de savoir de quel côté l’opposition se situe. Veut-elle réellement faire échouer cette réforme, ou se cache-t-elle derrière les sénateurs pour s’absoudre d’avoir à prendre part à un vote que finalement, elle ne veut pas ? Car la question peut se poser en ces termes, et ne manquera pas de leur sauter au visage une fois que ces braves sénateurs, qui se sont entendus avec Macron depuis cet été, auront fait passer la loi, contribuant au passage à vendre notre système social aux fonds de pensions US, accélérant un peu plus la dépendance de la France aux USA, tout en certifiant avoir sauvé un système qui se porte très bien tout seul. Les sénateurs seront complices, mais que leur importe de trahir puisqu’ils ne sont pas élus par le peuple ? Qu’ont-ils à faire des millions de manifestants dans la rue, eux qui n’ont pas de compte à rendre aux électeurs ?

Il est néanmoins encore possible de couper l’herbe sous le pied de Macron, en forçant le vote à l'Assemblée nationale, en souhaitant aussi, qu’il soit majoritairement contre, ainsi, le sénat n’aura pas le dernier mot. Et cela donnera le temps aux syndicats de peser et d’organiser une vraie riposte. Ces mêmes syndicats qui ont d’ailleurs demandé à la NUPES de retirer suffisamment d’amendements, pour que l’article sur les 64 ans puisse être voté, mais n’ont pas encore été entendus, eux non plus. Il y a une vraie urgence et la balle est dans le camp de la NUPES. Que va-t-elle faire, allons-nous assister au réveil de la clairvoyance en politique, ou assister une fois de plus médusés et écœurés, à l’effondrement de tous nos espoirs ? Il reste quelques jours pour avoir la réponse.
14/2/2023


14 février 2023

L'empire capitalistique

Alexis Haupt

Nous nous trouvons dans un monde où tout est inversé, un monde où on nous dit le contraire de ce qui est vrai : on nous dit qu'on est en démocratie alors qu’on se doit de suivre les lois de nos maîtres que l’on a soi-disant choisis.
On nous dit que la valeur de la société est l'égalité alors qu’on évolue dans une des sociétés les plus inégalitaires de tous les temps, dans le sens où un nombre infime de personnes possèdent la planète entière.
On nous dit que l'on tente de fédérer le peuple alors que les partis politiques créent des clans et les puissants divisent le peuple comme jamais. On nous dit que l'école a vocation à rendre vifs d’esprit les enfants alors qu’elle anesthésie leur moi-pensant, noyau de l’esprit critique. Bref, on nous dit beaucoup de choses qui sont fausses. On évolue au fond de la Caverne et on nous montre les ombres de la vérité en nous disant qu'il s'agit de la vérité.
Par conséquent, comme l'avait remarqué Platon, il faut des philosophes dans cette sombre Caverne pour aider les gens à voir la vérité. Il faut des philosophes pour expliquer aux humains ce qu’on leur cache. Ce qu’on leur cache par le biais d’une vicieuse guerre des mots, à savoir qu'ils évoluent au sein d'un empire : l'empire capitaliste, que dis-je, l’empire ploutocapitaliste puisqu’il donne fatalement le pouvoir aux plus riches.
Eh oui, lecteur, au risque de te surprendre, le capitalisme n'est pas seulement un système économique, c'est un empire ! Tu vis dedans et le soutiens tous les jours comme un valeureux soldat, sache-le !
Un empire qui te réduit à trois fonctionnalités : un travailleur, un consommateur et un électeur !

Contre la guerre, pour la paix

Jacques Cotta

[Extrait] Emmanuel Macron, à l’instar de ses alter ego, prend toute sa part de responsabilités. Il tergiverse sur la livraison d’avions de combat sans duper personne, et surtout pas les Russes qui savent que la France est en train de mettre sur pied la logistique nécessaire au bon fonctionnement de ces nouvelles armes, de leur entretien, de leur maintenance, sans oublier la formation de pilotes capables d’en prendre les commandes.

C’est donc dans l’indifférence générale que les principaux gouvernements nous mettent sous la menace de missiles susceptibles de faire le l’Europe le terrain de jeu des amateurs de guerre. Les capitalistes, froidement, y voient l’opportunité de « dépasser » la crise actuelle du capitalisme par la guerre et les destructions massives en ouvrant de nouveaux marchés liés à la reconstruction.
Il y a urgence de dire clairement l’exigence des peuples. À bas la guerre ! Gagnons la paix !

Pour cela quelques conditions politiques doivent être exprimées sans détour, au risque de choquer tous les tenants de récits, qui pour les uns voient dans la Russie une nation en légitime défense face à la menace de l’OTAN, pour les autres un agresseur qui cherche sous la conduite de Poutine à reconstituer un grand empire et fait donc peser au mépris des règles de droit international une menace sur les pays voisins et sur le monde.

Plus le temps passe, plus le chemin de la paix semble jonché d’embuches. Pourtant il y a urgence ! Pour cela, il faut exiger :

• sur le terrain :

⇨ le retrait des troupes russes d’Ukraine, la reconnaissance des parties russophones et le respect de la souveraineté des peuples qui doivent pouvoir dire, dans un climat d’apaisement retrouvé, la façon dont ils veulent vivre, leur volonté de rattachement, d’indépendance ou d’autonomie, les coopérations qu’ils envisagent, leurs relations avec l’Ukraine et la Russie.

⇨ le retrait de l’OTAN, arme militaire et politique au service des intérêts américains. Dans ce cadre la France devrait décider de quitter l’OTAN.

⇨ l’arrêt immédiat de toute livraison d’armes à l’Ukraine de la part de pays européens qui de fait préparent la guerre.

• au niveau international :

L’Union européenne doit cesser toute velléité d’élargissement, notamment en stoppant le processus d’intégration engagé avec l’Ukraine.

L’Ukraine doit être démilitarisée et constituer un territoire neutre, à l’abri des Russes comme des forces de l’OTAN.

La paix, voilà l’exigence ! Aux conditions permettant de la réaliser, Russes, Américains et Européens devront se plier.

Tel est l’intérêt des peuples !

Jacques Cotta
Le 12 février 2023

Olivier Rey
Essayiste, philosophe

« Quoi qu'il en soit, les dirigeants voient dans la crise sanitaire un accident très fâcheux, mais aussi une fenêtre d'opportunités à saisir, afin d'accélérer les mutations en cours et de mettre en place les dispositifs de contrôle qu'en temps normal la population aurait refusés. Une fois ces mutations accomplies (la numérisation d'à peu près tout en particulier et l'obligation de tout faire en ligne), il ne sera plus question de revenir en arrière, une fois les nouveaux dispositifs installés ils resteront en usage - d'autant qu'au train où vont les choses, il y aura toujours une autre crise, une autre urgence, une nouvelle menace à invoquer pour justifier leur existence. Tel est le programme en bref : emprise totale de la technologie, standardisation accrue des comportements, extension sans limite du domaine du management. »
L'idolâtrie de la vie.

Profits records de Total et de la BNP : le capitalisme ne tourne pas rond, même ses défenseurs le disent

Pierre Lann - Marianne

Emmanuel Macron rechigne à réagir face aux profits gigantesques de TotalEnergies et de son P.-D.G. Patrick Pouyanné (à droite).
Ludovic MARIN / POOL / AFP

- 8/2/2023 - En pleine mobilisation contre la réforme des retraites, TotalEnergies et la BNP dévoilent des profits records. Le pétrolier a ainsi réalisé un bénéfice 20,5 milliards de dollars en 2022, quand la majorité des Français se sont appauvris. Aux Etats-Unis, Joe Biden demande aux entreprises et milliardaires des efforts pour réduire le déficit. Et en France ?

Des milliards à en perdre la tête. Les unes après les autres, les grandes entreprises françaises publient en ce moment leurs résultats comptables de l'année 2022. Mardi 7 février, en pleine journée de mobilisation contre la réforme des retraites, la BNP Paribas annonçait ainsi un bénéfice net record de 10,2 milliards d'euros. 7 % de mieux que l'année dernière, déjà record pour la plus grande banque européenne. Et cela devrait durer. Le géant bancaire prévoit une croissance moyenne de son bénéfice de 9 % par an jusqu'en 2025, soit une augmentation d'un milliard d'euros par an. Ce mercredi, c'est au tour de TotalEnergies de dévoiler un bénéfice net de 20,5 milliards de dollars, soit 4,5 milliards de plus qu'en 2021.

On pourrait se féliciter de la réussite éclatante de deux grandes entreprises françaises. Mais ce serait oublier que, le jour même de la publication de ses résultats colossaux, plusieurs sources syndicales indiquaient à l'AFP que la BNP Paribas projetait de supprimer 921 postes. Et que TotalEnergies s'en est mis plein les poches quand les consommateurs se sont ruinés à la pompe. Le pétrolier a profité à plein de l'explosion des cours du pétrole et du gaz – liés à la reprise économique post-Covid et à la guerre en Ukraine – sans que ces « surprofits » ne soient taxés par le gouvernement français. Certes, Patrick Pouyanné, le P.-D.G. de Total, a mis en place une ristourne à la pompe. Mais cela n'a coûté que 550 millions d'euros, soit pas grand-chose pour un groupe qui a pourtant reçu plus d'argent public ces dix dernières années qu'il n'a payé d'impôts en France, comme l'a récemment montré l'Obs.

LE GRISBI AUX ACTIONNAIRES

Mais, à écouter le gouvernement, il ne faudrait pas taxer ces profits parce que ces entreprises en auraient besoin pour « investir ». Sur le papier, le raisonnement peut s'entendre. Sauf que le capitalisme ne tourne pas rond en ce moment. Et même ses défenseurs s'en inquiètent. Il y a aujourd'hui « une anomalie majeure qui met en cause le fonctionnement du capitalisme », relève ainsi Patrick Artus, l'économiste de la banque Natixis et ancien administrateur de Total, dans une note publiée ce lundi. Alors que le taux de profit des entreprises a progressé de manière continue en Europe et aux États-Unis, le taux d'investissement de ces entreprises a baissé, constate cet économiste renommé.

Alors où part l'argent ? Beaucoup aux actionnaires, note Patrick Artus. Déjà largement servis par les dividendes, ceux-ci bénéficient à fond des rachats d'actions. En clair, les entreprises achètent leurs propres actions, ce qui fait monter leur cours et augmente leur bénéfice, au profit des actionnaires. Avec le versement des dividendes, c'est une autre manière de les rémunérer. TotalEnergies en est le champion français (13,3 milliards d'euros en 2022) et la BNP prévoit aussi d'y consacrer 5 milliards d'euros cette année.

SÉCESSION DES PLUS RICHES

Au total, en 2022, les actionnaires du CAC 40 ont perçu un retour de 80 milliards d'euros selon la lettre Vernimmen (15 % de plus que l'année dernière). Rappelons que ces fameux actionnaires sont d'abord des gestionnaires d'actifs et les familles qui détiennent les plus grosses entreprises. Ces deux catégories détiennent au moins 40 % du capital des sociétés cotées au SBF 120 (qui regroupe les 120 plus grosses entreprises françaises cotées en bourse) selon une étude publiée par Euronext et rapportée par les Échos. Les salariés ne détiennent que 2,4 % de ce capital.

Selon l'analyse de Patrick Artus, les grandes entreprises acquièrent aussi des biens immobiliers et rachètent d'autres entreprises. Un mécanisme qui conduit à augmenter fortement le prix des actifs – en particulier celui des maisons – et à une aggravation des inégalités de patrimoine. Le patrimoine des 1 % les plus riches ne cesse de grossir. Ils détiennent 25 % du patrimoine national dans la zone euro, et 35 % aux États-Unis.


En fait, ce que dit Patrick Artus, c'est que les grandes entreprises utilisent leurs profits gigantesques pour enrichir les plus riches. Et non pas pour investir dans l'économie, ce qui pourrait éventuellement ruisseler vers le reste de la population, même s'il est permis de douter de cette théorie. En clair, les riches font sécession, et ce ne sont pas des gauchistes qui le disent. « Ce mécanisme constitue une menace grave sur le capitalisme. Les opinions rejetteront le système qui utilise les profits pour faire monter davantage les prix des actifs existants et pas pour investir en capacités nouvelles », s'inquiète Patrick Artus.

L'EXEMPLE AMÉRICAIN

Face à cela, Joe Biden a promis de réagir, ce mardi, dans son discours sur l'état de l'Union. Le président américain entend « quadrupler les impôts » sur les rachats d'actions « pour encourager les investissements sur le long terme » et appelle à mettre en place une « taxe minimale » sur les milliardaires, jugeant « scandaleux » les gigantesques bénéfices des compagnies pétrolières.

Surtout, il martèle que le déficit public engendré par les investissements massifs dans la réindustrialisation du pays sera comblé par des impôts pesant sur les plus riches et sur les entreprises florissantes. Pendant ce temps, Emmanuel Macron et son gouvernement continuent à vouloir faire peser l'essentiel de l'effort sur les travailleurs. La réforme des retraites est en l'exemple le plus éclatant, et aussi le plus amer.

https://www.marianne.net/economie/economie-francaise/profits-records-de-total-et-de-la-bnp-le-capitalisme-ne-tourne-pas-rond-meme-ses-defenseurs-le-disent?fbclid=IwAR1hIswwHSnoWRZQ5U6nAfoP8HSfTFuoYVyXX1ShawYfSfINhnvySicT1Q0

L’indignation, deux poids deux mesures

Maxime Tandonnet


Aujourd’hui, les médias sont en ébullition parce qu’un ministre a été traité « d’assassin » à l’Assemblée nationale, parce qu’un député a twitté une liste (publique) de députés ayant voté contre une mesure (prétendument) sociale ou parce qu’un autre a joué avec un ballon à l’effigie de la tête d’un autre ministre. L’idée n’est en aucun cas de défendre de tels comportements. Certes, ils sont scandaleux, abjects, monstrueux, et tout ce que vous voudrez. Voilà, je l’ai dit, et qu’on ne me fasse pas dire le contraire! Mais la proportion que prennent ces incidents est terrifiante. Dans le passé les grands débats houleux à l’Assemblée ont toujours donné lieu à insulte et débordements (même parfois à des bagarres et des blessés). Témoignage : je me souviens d’un débat sur l’immigration en 2006 à l’Assemblée où les ministres étaient traités : de tortionnaires des étrangers, de salaud, de voyous de la République, de criminel, de raciste, de pétainiste, d’hitlérien, de maurrassien, de fasciste, de néo nazi, d’assassins, de chantre des camps de concentration et encore d’assassins et de salauds (combien de fois ! Combien de fois) ! Et par les mêmes ou venus des mêmes horizons idéologiques que ceux qui aujourd’hui jouent les vierges offensées… Et les statues de paille brûlées en effigies ! A l’époque, tout le monde s’en foutait. Nul ne s’indignait dans les médias. Car aujourd’hui, on sent bien le petit jeu du monde politico-médiatique : ils veulent s’en sortir en victimisant à outrance les oppresseurs. C’est-à-dire qu’au fond, les insulteurs font le jeu des oppresseurs en leur permettant de retourner l’accusation. Jetons un coup d’œil sur des faits qualifiés de faits divers : on ne peut plus compter les adolescents poignardés, les jeunes filles violées, leur compagnon tabassé à mort pour les avoir défendues, les personnes âgées ou handicapées passées à tabac et laissées pour mortes, les crachats, les mères frappées et insultées devant leurs enfants. Mais plus personne ne s’intéresse aux tragédies qui ensanglantent la France quotidienne. En revanche, un ministre traité « d’assassin », et le monde médiatique entre en ébullition. Pensez-vous, on s’est permis de tacher son superbe plumage de paon. Bien sûr c’est scandaleux de traiter un ministre d’assassin – je le dis et le répète – mais jadis à l’Assemblée cette insulte était courante, quotidienne, et les ministres s’en foutaient éperdument quand ils pensaient à l’intérêt du pays plutôt qu’à leur plumage de paon vaniteux. 14/2/2023

https://maximetandonnet.wordpress.com/?fbclid=IwAR0EXbvode6y2e0h9joC5kaY0xhOOMmNin6ZYhfC4k_upka7U03tNdgtldg

Phil


Menaces et arbitraire macronien : les tentatives de censure de la ministre de la Culture

H16

Alors que la réforme des retraites déclenche une opposition de plus en plus farouche que Macron et sa clique ne pensaient pas devoir affronter, la nervosité gouvernementale grimpe à mesure que les langues se délient sur les plateaux télé et que les “éléments de langage” officiels ne passent plus sans critique sur certaines chaînes. Zut et zut, voilà qu’il va falloir composer avec des gens pas tous d’accord avec Jupiter !

Et cette opposition s’est illustrée dans la présence, notamment sur certaines chaînes de la TNT, d’intervenants clairement opposés aux points de vue gouvernementaux à différents sujets, depuis la gestion de la pandémie jusqu’à l’actuel débat parlementaire sur la réforme des retraites en passant par les chroniques et commentaires sur différentes affaires judiciaires qui éclaboussent (régulièrement) le petit monde macronien.


Cette opposition est devenue virulente très récemment lors d’une émission d’Hanouna, le 16 janvier dernier, dans laquelle l’animateur étrillait l’audiovisuel public en dénonçant un budget de près de 4 milliards d’euros pour une qualité discutable, et appelait à le privatiser intégralement. L’horreur, quasiment l’ultranéolibéralisme sans frein ni loi !

C’en était probablement trop pour l’actuelle ministre de la Culture, une certaine Rima Abdul-Malak dont l’existence n’a été confirmée qu’assez récemment, qui s’est empressée de faire connaître son point de vue lors d’une émission tenue commodément sur un média de révérence du service public : pour elle – et c’est très simple – on ne peut conserver son droit d’émettre qu’à partir du moment où on ne fait pas trop dans la critique acide.


Eh oui, pour les petits rigolos qui croyaient que la France était un pays où les “droits de l’Homme” s’appliquaient encore, le réveil est quelque peu rude : non, vous n’avez pas le droit de dire ou d’émettre ce que vous voulez. La liberté d’expression, comme absolument tout le reste en France, doit être sévèrement encadrée et ce, d’autant plus si vous commencez à utiliser niaisement cette liberté pour critiquer vertement l’emploi des fonds publics ou pour remettre en cause le discours officiel.

Pour l’actuelle ministricule – et comme pour beaucoup d’autres politiciens actuellement en poste, du reste – la libre-expression n’est pas un droit, mais bien un privilège. Privilège qui pourrait donc être résilié ad nutum par le pouvoir en place en prétextant (admirez la beauté de l’argument !) un “manque de pluralité” depuis un plateau radiophonique pourtant réputé pour ses débats et intervenants hémiplégiques soigneusement choisis dans les 50 nuances de rouges, de pourpres et de carmins d’une gauche germanopratine caricaturale d’entre-soi et certainement pas plurielle.


Sans grande surprise, les explications de la ministre n’ont guère convaincu les intéressés : Hanouna a facétieusement rappelé qu’en 2025, date à laquelle les fréquences attribuées à CNews et C8 – chaîne où il officie – pourraient ne pas être renouvelées par l’État, l’actuelle ministre pourrait ne plus être en poste. De la même façon, Pascal Praud n’a pas goûté les arguments de la ministre et a même accusé Léa Salamé, le passe-plat de la ministre au service public, d’être complice de l’opération menée par Abdul-Malak pour préparer les esprits au prochain refus de renouvellement. Bock-Côté, de son côté, s’est fendu d’une tribune dans Le Figaro pour dénoncer la tentative de musèlement de la ministre au profit de cette “idéologie diversitaire”, ce pluralisme à sens unique où seul le discours d’extrême centre est autorisé.

Signalons enfin Christine Kelly, ex-membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui rappelle que les décisions de l’autorité compétente en la matière sont, normalement, réalisées en indépendance totale du ministère, ce que les déclarations de la Ministre semblent remettre en cause.

Soyons lucides : il est particulièrement amusant de voir certains se réveiller en 2023 devant ce qui était apparent depuis plusieurs années pour ceux qui se sont donné la peine de regarder la réalité en face. L’épisode particulièrement douloureux et dramatique de la gestion pandémique a largement illustré l’absence réelle de toute possibilité d’un débat serein, scientifique et argumenté dans les médias, et C8 comme CNews ne s’en sont pas mieux sorties à l’époque que les autres chaînes, publiques ou privées.

Cela fait en réalité plusieurs années que le débat démocratique n’existe plus en France, et que la fameuse pluralité d’opinions et de points de vue n’existe plus sur à peu près aucun plateau télé, aucune émission radio ou quasiment aucune tribune journalistique. Parfois, il y a quelques résurgences, quelques épisodes où un intervenant va, subitement et inconsciemment sans doute, sortir une opinion parfaitement contraire à la doxa officielle, plombant l’ambiance et aboutissant à des journalistes à la bouche bée qui font ensuite des mèmes rigolos sur les intertubes. L’émission suivante, l’impétrant n’est d’ailleurs pas réinvité.

En réalité, toute la société française s’est maintenant accommodée d’un discours quasi-unique et de débats sur les détails, à la marge et surtout pas en profondeur : le moindre écart à cette marge est immédiatement taxé, sans la moindre nuance, de complotisme, de discours fasciste, d’extrême droite (ou ultradroite, n’hésitons pas). Les intervenants qui ont émis une opinion différente ont dérapé, le doute ou leurs questionnements les propulse dans les antivax, les pro-Poutine ou les ultralibéraux, autant de termes qu’on voudra aussi infâmants que possible.

Dans cette ambiance délétère maintenant bien installée, toute opposition clairement exprimée, voire – pire que tout – argumentée sera non seulement combattue avec absolument tous les procédés rhétoriques les plus vils (depuis l’ad hominem jusqu’à l’insulte pure et simple en passant par l’homme de paille ou les diversions plus ou moins grossières) mais elle sera surtout cachée, tue et effectivement censurée par action et par omission dès que cela sera possible.

En exprimant ainsi ces menaces même pas voilées à l’encontre de groupes privés, la ministricule Rima Abdul-Malak ne fait en réalité qu’entériner un état de fait déjà bien présent dans le pays. On ne pourra que s’étonner de l’incohérence de la même ministre qui, il y a quelques semaines, s’exprimait sur les dangers de la Cancel culture.

Manifestement, certaines opinions semblent importantes à étouffer, mais d’autres peuvent revendiquer l’application et la protection de la loi… Bienvenue dans la confusion générale et dans l’arbitraire macronien.