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8 mars 2023

Refonder notre civilisation

Yann Thibaud

Contrairement à Michel Onfray et Oswald Spengler, je ne crois pas à la fin inéluctable de la civilisation occidentale.
En effet celle-ci a survécu à l'effondrement de l'empire romain. Pourquoi ne survivrait-elle pas à l'effondrement de l'empire étatsunien ?
Car la décadence actuelle, indéniable et inacceptable, est essentiellement le fait de nos élites matérialistes, désorientées, corrompues et déliquescentes, et nous est imposée par elles, mais ne correspond nullement aux souhaits et aux désirs du peuple, qui aspire ardemment à un autre avenir, que celui qui est décidé, en son nom et à sa place, par les agences et instances européistes et mondialistes.
Ce monde froid, bureaucratique, technocratique, totalitaire, hypocrite et désespérant n'est en effet qu'une impasse sinistre, une erreur de parcours, un mauvais rêve, mais ne constitue aucunement la véritable aspiration, le véritable désir du peuple occidental, héritier de Socrate et du Christ, de Voltaire, de Rousseau, des surréalistes et de mai 68, dont le fameux slogan « sous les pavés, la plage » montre bien qu'il s'agissait avant tout d'une révolution libertaire et hédoniste, dont l'objectif était un monde beau et paradisiaque, et non un monde couvert d'usines et de dépotoirs.
Ainsi la civilisation occidentale ne va pas mourir, mais muter et changer de direction, en retrouvant son axe et sa finalité, qui est l'émancipation des chaînes de l'illusion, de la soumission, du fatalisme, de la tyrannie et de l'obscurantisme.
Et, puisque c'est le matérialisme qui a créé ce monde inhumain, il est nécessaire, pour le changer radicalement, de refonder notre civilisation et, pour cela, d'inventer et mettre en œuvre une nouvelle forme de spiritualité, rationnelle, hédoniste et émancipatrice, qui réconcilie logique et intuition, transcendance et rationalité, bonheur et conscience, sagesse et liberté !

Après l’IA qui remplace les journalistes, l’IA remplacera-t-elle les politiciens ?

H16

Il ne s’est écoulé que trois mois depuis la mise en ligne de ChatGPT mais ces trois mois ont été riches en développement dans le domaine de l’intelligence artificielle. Comme on pouvait s’y attendre, les applications de l’IA dans tous les domaines s’accélèrent.

Ainsi, sentant tout l’intérêt commercial d’une intégration de l’outil d’OpenAI dans son propre moteur de recherche, Microsoft vient-il de proposer aux utilisateurs de Bing de disposer d’un outil conversationnel basé sur les développements qui ont donné naissance à ChatGPT.

Cependant, quelques réglages restent manifestement à faire : le robot conversationnel a été plusieurs fois impliqué dans des échanges lunaires où une pointe d’agressivité pouvait même être détectée de la part de l’intelligence artificielle, clairement pas prête à se laisser expliquer la réalité.


Ceci n’a pas empêché le même Microsoft de continuer ses développements sur d’autres aspects de l’intelligence artificielle, notamment avec Kosmos-1, un modèle multimodal capable d’analyser le contenu d’images, de répondre à des questions sur celles-ci, de reconnaître des textes à partir de photos et même de réussir des tests de quotient intellectuel basé sur des opérations graphiques à partir d’instructions en langage naturel.

Cette notion d’intelligence artificielle multimodale est importante car elle intègre différents modes de saisie tels que le texte, l’audio, les images et la vidéo et pourrait être une étape clé dans la création d’une intelligence artificielle générale (IAG) capable d’effectuer des tâches générales au niveau de l’homme.

Parallèlement, des applicatifs pratiques de ce qui existe déjà sur le marché sont actuellement mis en place, quelques mois seulement après que les principaux outils grand publics sont sortis officiellement (MidJourney, StableDiffusion, ChatGPT, pour ne citer que les plus célèbres actuellement).

On pourrait citer le cas de RadioGPT, cette radio automatique qui bénéficie des dernières évolutions dans le domaine en proposant une liste de lecture de tubes pop entrelardée de commentaires d’actualités, ces derniers étant produits par une collection automatique d’articles de presse et de factoïdes plus ou moins intéressants sur internet qui alimentent GPT3, le moteur informatique de ChatGPT. Le texte ainsi produit est alors envoyé dans un autre morceau de logiciel capable de reproduire des voix réalistes qui viendront fournir le commentaire sur la radio en ligne.

Le résultat est une radio relativement basique mais dont le fonctionnement n’est pas très loin d’une petite radio locale produite par des humains. En multipliant les moyens et l’investissement initial, nul doute qu’on pourra arriver rapidement à des radios d’une bonne qualité, aptes à concurrencer des radios régionales au moins sur le plan de la masse salariale…

Et il ne faut pas faire un grand pas en avant pour s’en persuader : on apprend en effet que ce genre d’externalité des intelligences artificielles produit déjà des conséquences palpables dans le monde du journalisme. C’est le cas en Allemagne où le groupe de presse Axel Springer commence déjà à supprimer des postes de journalistes, ces derniers étant – selon le patron du groupe – avantageusement remplacés par une intelligence artificielle.

Du reste, peut-on s’en étonner lorsqu’on voit le niveau global du journalisme de nos jours ?


Combien de ces journalistes se contentent de reprendre, avec un brio discutable, des dépêches officielles d’agence avec un don du copier-coller si précis que les mêmes fautes d’orthographes sont religieusement reproduites d’un articulet de presse à l’autre, d’un journal local à l’autre ? Combien de ces journaux, du reste, ne sont que l’adaptation locale minimaliste de nouvelles prémâchées, prédigérées, issues d’un complexe journalistique industriel de niveau national et qui fournit de l’information exactement comme une usine alimentaire produit du plat tout préparé à des milliers de petits restaurants qui n’ont plus de cuisine locale que leur four micro-ondes ?

On est ici dans un mouvement inéluctable, et la disparition de ce journalisme-là n’est que la logique habituelle d’économie : la valeur ajoutée de l’humain – qui n’était dans ce cas qu’un opérateur tout juste utile pour la mise en page et les (rares) retouches locales – tendant vers zéro, remplacer celui-ci par un robot virtuellement gratuit n’est pas un chemin très complexe à imaginer.

Au passage, on peut espérer que le lectorat finira par faire la différence entre la production de ces “journaux” qui ne tiennent que grâce aux subventions et à la publicité, et que ceci favorisera une reconcentration des journalistes (les vrais) vers ces entreprises d’information et d’investigation qui fournissent une analyse tangible, mesurable, et des enquêtes réelles et sourcées…

Et pendant que les journalistes s’interrogent sérieusement sur l’avenir de leur profession, un autre développement concernant les politiciens est déjà visible, ici en Roumanie, où le gouvernement a décidé de se doter d’une intelligence artificielle, Ion, comme aide à la décision et assistant personnel, qui permet d’analyser rapidement les opinions des citoyens roumains sur différents sujets d’actualité et leur permet d’interagir avec lui.

Il est bien évident qu’il ne s’agit pour le moment que d’un gadget qui se contente d’analyser les tendances statistiques de ce qui est visible sur les différents réseaux sociaux auxquels le robot a accès. Cela ressemble un peu à de la “politique en temps réel” avec tout ce que cela peut contenir de dérives néfastes dans l’impulsivité et l’instantanéité. Au-delà, l’assistant numérique du Premier ministre roumain pourrait être vulnérable aux armées de trolls et de bots sur ces mêmes réseaux sociaux. Inversement, rien n’interdit d’imaginer qu’utilisé habilement, ce même assistant puisse être utilisé pour orienter subtilement l’opinion publique : l’une se nourrissant de l’autre et réciproquement, il devient rapidement difficile de déterminer qui oriente vraiment qui…

Mais l’introduction d’une béquille numérique pour un politicien s’inscrit dans une tendance claire où l’on pourrait assister à la disparition progressive de membres du cabinet d’un ministre, puis de tout le cabinet pour enfin, en toute logique, faire disparaître le ministre lui-même en étape finale.


La question qui mérite d’être posée, dès à présent, est de savoir si ce serait vraiment une catastrophe. Le débat est ouvert et il n’est pas du tout tranché : la consternante médiocrité de nos politiciens actuels est une véritable ode à leur remplacement par n’importe quel autre procédé qui n’aura pas de mal à être mieux informé et qui pourrait même être plus équilibré. Ce n’est en rien garanti, mais le niveau est actuellement si bas que l’effort à produire n’est plus si grand.

(Du reste, quant à la remarque qui consiste à dire que le contrôle passerait simplement du ministre à celui qui a entraîné et qui maintient l’IA qui le remplace, elle oublie la quantité de ministres qui ne sont déjà que des marionnettes. On changerait alors de façade, pas de marionnettiste.)

Comme certains l’anticipaient il y a quelques décennies, les développements de l’intelligence artificielle sont de plus en plus rapides et rattrapent toutes les professions, notamment intellectuelles : au rythme actuel des développements et en tenant compte des tendances connues dans l’informatique, on estime que les modèles disponibles dans 10 ans seront au moins un million de fois plus puissants et capables que ceux actuellement sur le marché…

Lorsqu’on découvre par exemple que certains chercheurs réussissent actuellement à reconstruire une image à partir de l’activité cérébrale d’un individu, on ne peut que s’interroger sur les possibilités immenses et les dérives catastrophiques qui s’offrent à nous.



La NUPES en allié objectif de Macron

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

[Extraits] Le torchon brûle entre la NUPES et les syndicats, voire même les électeurs du mouvement. Traditionnellement représentative des organisations professionnelles, la NUPES est en désaccord profond avec elles. En cause, l’attitude des députés vis-à-vis de la réforme des retraites et des votes des motions de censure successives.

Il est un fait, la méthode de la NUPES ne passe plus. Absurde, contre-productive, faisant le jeu de Macron, les griefs pleuvent.

Les syndicats avaient déjà demandé à Mélenchon de faire retirer les amendements absurdes qui ralentissaient les débats sur la réforme des retraites. La NUPES ne l’a pas entendu de cette oreille, se croyant forte dans l’insulte et l’agitation, elle est restée de marbre. Las, de ce jeu puéril ne menant nulle part, l’incohérence de la méthode par rapport aux intentions affichées aura eu raison de la patience des syndicats.

La volonté de la NUPES de faire systématiquement l’inverse du RN, n’est plus un argument jugé valable, ou judicieux. Voilà la NUPES arrivée au bout du non-sens qui frise le ridicule et conduit à voir une réforme dont elle ne veut pas, en passe d’être adoptée. Les électeurs, du moins les plus sensés, sont éberlués par une telle attitude. Il ne convient pas de faire le contraire du RN au prétexte qu’idéologiquement ce serait mieux, mais de considérer seulement sa propre posture. Tout est perçu comme irrationnel – c’est le cas – le divorce est donc entamé entre la NUPES et ce qui était son soutien le plus efficient : les syndicats. Eux ont compris qu’il n’est qu’une nécessité, faire retirer ce texte inutile et dangereux. Mais la NUPES campe sur ses positions, tant que le RN dira la même chose qu’elle, elle fera l’inverse ou s’abstiendra. Les électeurs n'apprécient pas ce qu’ils jugent comme une trahison, ou le summum de la bêtise.

La NUPES peut-elle encore redorer son blason, retrouver un semblant de cohérence entre ses intentions et ses actes ? Rien n’est moins certain. Le bolchevisme latent de cette formation ne permet pas le discernement. Le Che (Mélenchon) fixe une ligne de conduite stérile : peu importe. L’essentiel est de se draper dans une fausse révolte, et d’aboyer sans jamais mordre. Pire, et c’est là que l’hypocrisie se confond avec la stupidité, la NUPES vote exactement comme Macron le veut. Est-ce pour cela qu’ils ont été élus ? Quand se décideront-ils à voter une motion de censure sans se soucier de ce que fait le RN ? Quel manque d’autonomie, de clairvoyance, qu’ils sont veules et faibles, eux qui ne savent se déterminer, non en fonction de leurs idées, mais en réaction à celles des autres. Si aujourd’hui nous en sommes à devoir mener une grève dure, c’est aussi à cause de l’attitude de la NUPES qui n’a pas voulu débattre de la réforme et rejeter l’article 7, seul pilier de cette loi. Si les salariés se voient à présent obligés d’envisager de perdre des jours de salaire, c’est à la NUPES qu’ils le doivent, elle est la seule responsable de cette impasse. Si l’espoir n’est plus que dans une lutte sans pitié contre Macron et ses commanditaires, c’est exclusivement à cause de la NUPES. On comprend bien aujourd’hui que les syndicats ne pourront s’appuyer sur la NUPES, mais ô disgrâce, sur le RN, seul dans cette affaire à avoir la volonté réelle de faire échouer cette réforme. Ils pourraient éteindre le feu, mais leur seul souci est de chasser les pompiers dont l’uniforme leur déplaît.

7 mars 2023

Ukraine, Otan, Afrique : la France en déclin

François Asselineau - le Samedi Politique

- 4/3/2023 - Cette semaine, Emmanuel Macron a misé sur l’Afrique. Après un discours à l’Élysée aux contours plus que flous, le président français s’est envolé mercredi au Gabon avant de poursuivre son voyage vers l’Angola, le Congo et la République Démocratique du Congo. Un épisode censé renouer avec le continent africain qui se solde par des résultats très mitigés voire catastrophiques si l’on en croît le désaveu venu du Maroc pour témoigner des relations exécrables avec Paris.

À l’image de ses premières prestations en Afrique en 2017, Emmanuel Macron reviendra donc sans bénéfice mais avec la démonstration que les pays amis qui étaient naguère amis de la France sont désormais des lieux où le président français est persona non grata.

Sur le reste de la scène internationale, le rayonnement français n’est pas vraiment au beau fixe. En Ukraine, malgré des tentatives fébriles de s’émanciper, Emmanuel Macron suit la ligne dictée par la Commission européenne d’Ursula von der Leyen, elle-même alignée sur la volonté de l’OTAN et de Washington. Les annonces en grande pompe d’envoi d’armes sur les théâtres de guerre ont beau s’enchaîner, la réalité prouve que l’Occident est déjà désarmé et ne peut apporter le soutien attendu par Zelensky et vendu par les va-t-en-guerre, ceux-là mêmes qui excitent également le terrain chinois.

François Asselineau, ancien candidat à la présidentielle et président de l’UPR, l’Union Populaire Républicaine, revient en détail sur l’effondrement de la France sur la scène diplomatique qui semble atteindre les tréfonds avec le candidat de l’oligarchie, Emmanuel Macron, devenu président.

Bras d’honneur

Anne-Sophie Chazaud

Après son double bras d’honneur adressé au député LR Olivier Marleix à l’Assemblée nationale, le Garde des Sceaux Dupond-Moretti finit par présenter ses excuses : « Si mon geste a été mal interprété je lui présente mes excuses ».

C’est vrai que cela pouvait porter à confusion. On aurait pu, par étourderie, prendre ça pour un bras d’honneur alors qu’en fait il s’agissait juste d’un bras d’honneur.

Comme quoi, il ne faut pas juger trop vite…

Quel spectacle !

Radu Portocala

Macron en bras de chemise – encore !… –, l’air vague, buvant de la bière au goulot, coincé entre ses nouveaux copains, jouant le démocrate romantique.
Bon sang, à quand un concours de rots, avec ses amis clowns comme arbitres !?
Pitoyable démagogie, spectacle raté une fois de plus, mauvaise auto-réclame qui n’impressionne que le miroir. Mais qu’a-t-il à mettre sur l’étal ? Des broutilles. Il y a six ans, on le vendait comme on vend la lessive. Depuis, il se vend lui-même, cependant le talent n’y est pas et ceux qui se laissent prendre, dans les foires et les marchés de province, sont de moins en moins nombreux. L’exhibition ne sert plus à grand-chose.
Débraillé, c’est la France qu’il débraille. Inconsistant, c’est par lui et ses semblables que la France perd sa substance. Et le temps, dont il ne comprend pas la marche, commence à la fuir.

Réforme des retraites, la duperie et le chaos

Maxime Tandonnet


Manifestations, grèves, une nouvelle période noire s’ouvre aujourd’hui pour le pays. Pourtant, rien ne ressemble plus à une gigantesque duperie que cette réforme des retraites. Les 64 ans, qui mettent l’opinion et les syndicats en colère, constituent un leurre lamentable, rigoureusement inutile dès lors que la règle des 43 annuités reporte l’âge du départ formel à la retraite bien au-delà de 64 ans et dès lors que des dérogations ont été adoptées pour que les personnes ayant travaillé avant l’âge de 21 ans ne soient pas contraintes de travailler au delà de ces 43 annuités, sauf plusieurs exceptions – victimes émissaires – destinées à faire croire que cette réforme sert à quelque chose. La France a beaucoup souffert ces dernières années : attentats terroristes, crise des Gilets Jaunes, mouvement social, deux années d’Absurdistan sanitaire, vertigineuse poussée inflationniste. Et voici que le pouvoir politique rajoute – sans la moindre raison utile ou valable – une nouvelle épreuve au pays. Pour rien, ou quasiment rien, il replonge la France dans le chaos. L’idée est de mettre en œuvre une promesse de la campagne présidentielle, les 65 ans, lâchée spontanément à des fins politiciennes, dans un contexte électoral où les Français ont de toute évidence voté, non en faveur de cette proposition, mais par défaut, pour éviter M. Mélenchon ou Mme Le Pen. La France entre dans une nouvelle période de turbulence qu’elle doit à l’horreur narcissique et à la lâcheté opportuniste d’une partie de sa classe politique. Cette réforme est immensément impopulaire. Une caste hors sol, dominée par l’entre-soi, prétend faire le bonheur du peuple contre lui-même. Cela s’appelle le mépris.


Haine de classe

Catherine Gaillard

Il est question sans cesse de la haine de classe qui s'exerce (ou s'exercerait) des classes populaires envers la classe des "élites" bourgeoises...
Mais, je viens d'avoir l'occasion d'entendre ce matin sur CNews – après la séquence hallucinante avec Éric Woerth qui m'a donné envie de faire péter des fumigènes dans mon salon – les Joseph Macé-Scaron, les Vincent Hervouët qui lui, s'est trouvé forcé un moment, dans ses derniers retranchements de se départir de sa grandiloquence affectée pour, n'y tenant plus, éructer, s'étrangler littéralement, cramoisi, poitrail tendu, au sujet du grand mouvement de grève générale qui s'amorce et plus particulièrement contre Benjamin Amar, CGT, également sur le plateau (répulsif et plein d'approximations, d'erreurs politico-historiques, il faut l'avouer, fournissant tous les bâtons pour se faire battre, dommage), ce fut la "révélation" d'un grand moment...
Je n'ai pu m'empêcher de sourire tant ces gens-là sont la réplique à peu près exacte de ce que les Versaillais ont été pendant la Commune. Thiers n'est pas mort. C'est une haine de sang, un sang de haine, qui coule dans leurs veines.
Parce que les sacrifices des anciens ont fini par arracher un peu plus de "sécurité sociale" qu'à cette époque, on s'imagine que la caste privilégiée s'est enfin convertie à plus de justice, et tout au moins à la simple décence commune, mais non, bien sûr. En temps de crise, la défense jalouse de leurs privilèges, la haine qui bouillonne sous leur peau affleurent à la surface, il ne peuvent plus se contrôler, il faut que les comptes secrets, les conseils en bons placements "légaux" continuent à prospérer, que les boustifailleurs continuent à boustifailler, que fifis et fifilles puissent continuer à aller faire leurs stages de langues, de marketing et de commerce international à l'étranger et du ski l'hiver à Megève ou ailleurs, il faut, il faut, il faut... Que leur importe bien que tes morveux n'aillent jamais voir la mer.

Le 7 mars avec Jaurès

Jacques COTTA

- 1/3/2023 - Alors que le gouvernement semble vouloir persister dans sa volonté d’imposer sa réforme des retraites, une immense majorité veut toujours la voir abrogée. La capacité de bloquer le pays le 7 mars décidera sans doute de l’issue.

Dans de nombreux secteurs, l’appel à la grève reconductible est déjà à l’ordre du jour. Les cheminots, tous syndicats réunis, ont déjà fait connaitre leur décision. Signe révélateur, les adhérents de la CFDT, qui pourtant dans les années passées ont été appelés à accepter les réformes gouvernementales, ont cette fois-ci voté à 80% pour le blocage. FO et CGT chez Véolia se prononcent pour une grève illimitée. La CGT occitane a pris une position identique. Le climat chez les hospitaliers, les enseignants, dans la jeunesse n’est pas plus apaisé. Dans un contexte de mécontentement général, d’augmentation du coût de la vie, d’inflation touchant notamment les produits alimentaires, d’aumône patronale avec la provocante décision de Total de bloquer jusqu’à la fin de l’année le prix du super et du diesel à 1,99€, histoire de nous habituer dans le meilleur des cas à un prix à 2€ par la suite, tout concourt à un ras-le-bol généralisé qui pourrait bien déboucher sur une explosion aux conséquences imprévisibles.

Comme nous l’avons déjà expliqué ici, plus que sociale ou économique, l’enjeu de cette réforme est politique. Pour Emmanuel Macron, il faut humilier, soumettre, asservir. Si elle passe, la défaite infligée à la grande majorité des Français devrait permettre, du moins l’Élysée le pense, d’avancer sur tous les autres dossiers, dont la protection sociale qui représente des milliards à capter. Mais le jeu est risqué. Si Macron est contraint de reculer, il se trouvera affaibli et en situation d'impossibilité à poursuivre dans la voie tracée par ses donneurs d’ordre et l’union européenne. Plus que le gouvernement, c’est une crise de régime sérieuse qui pourrait bien se profiler. Du coup, Macron compte sur toutes les combines possibles pour s’en sortir, cherchant l’appui de tout ce qui est attaché à la 5ème république.

Au Sénat, le groupe LR fait « ses offres de service », au risque de voir emporter ce qu’il en reste dans la révolte populaire. Mais l’argument est logique. Comment s’opposer sur ce qui a été le fer de lance de la droite traditionnelle durant des années, l’argument phare de Fillon avant qu’il ne disparaisse dans sa sombre histoire de costume et de salaires indus versés à sa moitié ?

La crise de régime inquiète de toute part. Comment comprendre, par exemple, les propos de Fabien Roussel, secrétaire nationale du PCF, qui, sur France Info indique qu’ "au sénat, dans le calme, nos élus communistes présenteront des amendements pour améliorer la réforme des retraites" ? Fabien Roussel aurait-il oublié qu’il n’y a rien à améliorer, que les Français considèrent cette réforme comme non négociable, et non amendable.
Dans le camp syndical, l’appartenance de la CGT et de la CFDT à la confédération européenne des syndicats, bras armé dans le monde du travail de l’UE, donne un éclairage précis aux déclarations de Philippe Martinez à l’encontre de Jean-Luc Mélenchon, au sujet de la pluie d’amendements déposés au palais Bourbon, avec comme reproche essentiel le fait que « l’article sur les 64 ans n’a pu être débattu », et aux propos du président de la CFDT Laurent Berger, qui tout en se joignant sous la pression « d’en bas » à l’appel au blocage, y fixe déjà des limites. C’est aussi sur la peur d’une crise institutionnelle, d’une crise de régime et les liens avec l’union européenne que compte Macron pour tenter de s’en sortir.

Rarement la situation n’aura été aussi tranchée, aussi nette entre d’une part les profiteurs et leurs alliés, et d’autre part la plus grande partie du peuple, les travailleurs, les ouvriers, les salariés, les jeunes et retraités. Le capitalisme connaît une crise profonde et les lois de la lutte des classes qui s’imposent aujourd’hui s’inscrivent dans l’histoire sociale et politique de notre pays et rappellent la situation que dénonçait déjà Jean Jaurès au début du siècle dernier, lorsqu’il soulignait « le contraste entre l’énorme misère du prolétariat industriel et l’insensibilité sociale de la bourgeoisie ».

Du leg que nous a laissé le fondateur de « l’humanité », le porte voix des mineurs de Carmaux, le combattant socialiste inlassable aux côtés des verriers, des viticulteurs, des syndicalistes réprimés, le défenseur de Dreyfus pour qui « nous ne sommes pas tenus, pour rester dans le socialisme, de nous enfuir hors de l’humanité », l’homme gagné au socialisme qui mêle le marxisme aux traditions révolutionnaires et républicaines françaises, un des legs le plus important donc, est sans doute la détermination dont il a fait preuve jusqu’à son dernier souffle, exprimée notamment dans sa plaidoirie au procès qui opposait le journaliste Gérault-Richard au président de la République Jean Casimir-Perier :

« Et vous vous étonnez de la véhémence de nos paroles, de la force de nos accusations ! Mais songez donc que nous parlons au nom d’un siècle de silence ! Songez donc qu’il y a cent ans il y avait dans ces ateliers et dans ces mines des hommes qui souffraient, qui mouraient sans avoir le droit d’ouvrir la bouche et de laisser passer, en guise de protestation, même leur souffle de misère : ils se taisaient. Puis un commencement de liberté républicaine est venu. Alors nous parlons pour eux, et tous leurs gémissements étouffés, et toutes les révoltes muettes qui ont crié tout bas dans leur poitrine comprimée vibrent en nous, et éclatent par nous en un cri de colère qui a trop attendu et que vous ne comprimerez pas toujours. »

C’est avec la même détermination que Jaurès combattait pour qu’une grève générale internationale réalise l’unité des travailleurs de toute nationalité contre la guerre et la barbarie annoncée hier à la veille de 1914 dans le conflit Autriche Serbie comme aujourd’hui dans l’opposition entre l’Ukraine et la Russie.

À trois jours du déclenchement de la guerre, Jaurès était assassiné.

Tant sur la question internationale que sur la question sociale au niveau national, Jaurès, sa pensée et son combat sont d’une brûlante actualité.

En 1917, Léon Trotski concluait un éloge de Jean Jaurès, que nous pouvons reprendre à notre compte sans hésiter, par ces mots :

« Jaurès, athlète de l’idée, tomba sur l’arène en combattant le plus terrible fléau de l’humanité et du genre humain : la guerre. Et il restera dans la mémoire de la postérité comme le précurseur, le prototype de l’homme supérieur qui doit naître des souffrances et des chutes, des espoirs et de la lutte. »


6 mars 2023

Macron, entre Waterloo et la Bérézina

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

La tournée africaine de Macron se révèle être un camouflet de plus. Nous avions déjà rebaptisé au RPF son plan Afrique, le plan boomerang, il semblerait que nous ayons vu juste une fois de plus.

Le prince président s’est d’abord fait recadrer par le Roi du Maroc. Macron ayant qualifié les relations entre la France et le Maroc d’amicales s’est fait renvoyer dans ses 22 comme on dit au rugby. « Nos relations ne sont ni bonnes, ni amicales. » Lui a rétorqué le souverain.

Comme si ça ne suffisait pas, l’Algérie serait sur le point de rompre ses relations diplomatiques avec la France. Si cette information est encore non officielle, certains cercles d’influences algériens le souhaitent. Idem pour la Tunisie. Mais tout ceci n’est presque rien comparé à sa sortie au Congo. Notre cher président a été à deux doigts de déclencher un incident diplomatique avec le Président du Congo.

Vertement repris en pleine interview, le voilà qui se montre tel qu’il est. Hautain, méprisant, arrogant. Suggérant à son interlocuteur qu’il n’a pas compris ses propos. Finalement, vexé et à bout d’arguments, après l’avoir interrompu, il clôt le débat par un « je ferme la parenthèse », aussi impoli qu’irrespectueux.

Imbu de sa personne, ne supportant pas la contradiction, toujours prêt à rabaisser ses interlocuteurs, quand il est en difficulté, ne réagissant que par le prisme déformant de sa propre vision, de son Moi surdimensionné, il est humilié, mais inapte à l’assumer. Aveuglé par ce qu’il pense être son intelligence et son savoir, il est incapable de tirer les leçons de ses échecs. Normal, puisque par définition il ne se trompe jamais et porte en lui la vérité absolue.

S’il peut en France, se venger puérilement et sauvagement de tout affront que les Français peuvent lui faire, il en va autrement à l’extérieur. Il n’impressionne pas, et se trouve ouvertement détesté. Les états d’âme de ce gamin capricieux agacent le reste du monde. Même les observateurs étrangers en ont assez de ses incartades, de ses discours mielleux, obséquieux jusqu’à la nausée. Il est tellement hors sol qu’il est allé parler de transition écologique à la jeunesse africaine, elle qui dans le pire des cas, essaye simplement de survivre et dans le meilleur ne souhaite qu’une chose, connaître les mêmes degrés de développement qui ont été les nôtres. Ils n’ont pas l’intention de se priver du confort, sous le prétexte écologique. Le « c’est bon pour la planète » ne résonne pas comme une impérieuse nécessité chez eux et ne sera pas le futur autel sur lequel ils sacrifieront leur développement. On ne saurait les en blâmer. Une internaute africaine est même allée jusqu’à inviter notre cher président à s’occuper en priorité, d’une partie de la jeunesse française qui émarge aux Restos du Cœur, plutôt que de s’inquiéter pour la jeunesse africaine. Le bon sens aurait donc déserté le pays des lumières et il faudrait aller à l’étranger pour en recevoir les évidences ? C’est hélas, la triste réalité. Aucun de nos médias subventionnés n’est assez courageux pour en faire la remarque. Aucune des oppositions assez honnêtes pour le dénoncer, et mieux encore, pour le contraindre à quitter ce pouvoir en renversant son gouvernement. La fonction est trop grande pour ce petit homme. Il n’a pas les épaules, pas la prestance. Mais il faut croire que personne n’est capable de relever le défi de sauver ce qui peut encore l’être dans ce pays, puisque les principaux intéressés laissent faire. L’ensemble de la France est humilié à chaque fois que ce président se déplace et se met à vouloir jouer dans la cour des grands, et cela semble convenir à nos oppositions…

Chez les gaullistes, en plus des incartades diplomatiques en série, nous relevons la posture de ce président-là, gigotant de manière ridicule sur une piste de danse, enlaçant de grands noirs dans la pénombre, plastronnant avec une bouteille à la main, posant sa main sur les genoux des présidents… et ne pouvons imaginer Charles de Gaulle en si piètre situation. Au-delà des dégâts économiques et diplomatiques, la fonction est totalement souillée. Les oppositions doivent mettre fin à ce calvaire et ne plus se poser la question de son remplacement. Au stade où nous en sommes, n’importe qui, avec un minimum d’éducation et de bon sens, ne pourrait faire pire.