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15 mars 2023

Erick Auguste

Dans le 19ème arrondissement de Paris, une librairie est menacée de fermeture. Le libraire n’aura jamais la Légion d’Honneur. Elle est pour le caïd d’Amazon. Accrochage en loucedé du rouge de la honte au revers du veston. À Paname, à Marseille, à Lille ou à Bayonne… « Si tu fais ton boulot de libraire, tu crèves. » Pour survivre, il te faut exposer en vitrine ceux que la télé bichonne. Les Yann Moix et autres Beigbeder seront, pour quelques jours, ta bouée de sauvetage. Pour quelques jours seulement… leurs livres sont périssables. Le libraire a des coups de cœur. Le caïd d’Amazon, sait-il que Gabriel Garcia Marquez n’est ni une marque de vélo ni un article de sport ? Le libraire conseille. Le caïd d’Amazon répond à la demande de téléspectateurs au lendemain d’un passage de François de Closet sur les plateaux de télé. On échange, on parle avec un libraire. Le caïd d’Amazon n’a ni adresse ni préférence pour tel ou tel livre. « Mein Kampf » ou « Le vieil homme et la mer », peu importe. Pourvu qu’ils fassent du chiffre. Les petites librairies disparaissent. On attribue la Légion d’Honneur au caïd d’Amazon. Macron ne pouvait pas donner meilleure image de ce qu’il est vraiment.

FAILLITES AMÉRICAINES

Gabriel Nerciat

Ah ben ça, alors !
Le vieux parrain irlandais, élu grâce à la fraude la plus massive de l'histoire des États-Unis, et qui n'a pas craint de dépenser sur le dos du Trésor et du contribuable américains plus de cent milliards de dollars afin de financer l'effort de guerre de l'entité ukrainienne contre Moscou, n'a pas vu venir la banqueroute de la principale banque d'affaires de la Silicon Valley (et l'on sait, ou l'on devrait savoir, à quel point le bilan comptable lui aussi largement frauduleux des grandes banques commerciales américaines sert à gonfler artificiellement un PIB national au moins aussi faisandé que la poitrine des sœurs Kardashian).
Ce serait trop bête, admettons-le : au moment même où les thuriféraires exaltés du Monde libre (libre de faire faillite, en tout cas) pouvaient enfin nourrir l'espérance d'une juteuse Troisième Guerre Mondiale qui aurait donné raison au soldat Fukuyama avec quelques trente ans de retard, ne voilà-t-il pas que reviennent soudain les spectres de 1929 et de l'explosion des Subprimes.
Peut-être que le pire danger pour le libéralisme, finalement – surtout le libéralisme prédateur, financiarisé, sectaire, dogmatique et passablement schizophrène des quarante dernières années – n'a jamais été le risque d'une quelconque révolution socialiste ou anarchiste mondiale, mais tout simplement le devenir du capitalisme lui-même.
En tout cas, cette hypothèse me semble au moins aussi crédible et vraisemblable que celles de Marx et de Bakounine. Il conviendrait de l'approfondir, même si ça ne fera pas plaisir aux disciples de Milton Friedman et de Raymond Aron.
En attendant, il y a quelques jours, à Pékin, Xi Jinping a réalisé et acté en grande pompe la réconciliation officielle entre l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran, les deux plus grands ennemis du monde musulman et aussi les deux plus gros producteurs d'hydrocarbure du Moyen-Orient.
On comprend que nos médias préfèrent parler de la future et foudroyante contre-offensive otano-kiévienne censée venir couper le front russe en deux (et pourquoi pas pulvériser toute la Russie), ou bien de la fonte des glaciers polaires. Cela n'est pas vraiment pour aujourd'hui ni pour demain, mais ça permet de faire passer le temps.
La chute de l'empire américain, elle, est bien là, et elle est presque aussi drôle à suivre que la comédie de mœurs québécoise de la précédente décennie qui portait le même nom.

14 mars 2023

Quand les antivax se piquent de littérature

Lola-Jane Brooks

Les amis, l'heure est grave.
Depuis quelques semaines, les rues de notre si belle démocrature sentent la merguez.
Des hordes de fainéants irresponsables ont l'outrecuidance de conspuer Emmanuel, notre Être de lumière, ainsi que ses apôtres, Elisabeth et les deux huiles d'Olive.
Ces gueux, qui, il y a peu encore, construisaient des barrages pour sauver la démocratie, clament désormais haut et fort qu'ils ne veulent pas travailler jusqu'à leur mort pour permettre à Bernard Arnault de s'acheter un nouveau jet privé.
Quelle indignité !
Alors que le jet de Bernard ne rejette pas de CO2, tandis que leurs vieilles voitures diesel de pauvres, si !
Heureusement, notre Être de lumière est loin de toutes ces turpitudes. Chaque fois que des irresponsables illettrés manifestent, il dépense du kérosène par monts et par vaux histoire de les emmerder jusqu'au bout.
Il y a peu, il se ressourçait au Congo, sirotant de la bière gaiement entouré d'autochtones mâles dont l'espérance de vie moyenne tourne autour de 58 ans. Pas de pension à payer, quel pays merveilleux !
Mais je m'égare, et une gare, on le rappelle, c'est un endroit où l'on croise "des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien".
Parce qu'au départ, ce que je voulais vous dire, c'est que je naviguais tranquillement sur Amazon, pour enrichir Jeff Bezos, et commander le dernier livre de mon idole absolue, Raphaël Enthoven - le plus grand philosophe quatre consonnes et trois voyelles que la terre ait jamais porté depuis BHL - quand soudain, horreur, ô désespoir, que vois-je s'afficher :
Une multitude de livres publiés par de vilains antivax !
Des Laurent Toubiana, des Christian Perrone, des Alexandra Henrion-Caude, des Laurent Mucchielli, des Amine Umil, des Michel de Lorgeril, des Xavier Bazin, en veux-tu, en voilà !
Pire encore, je découvre que ces bouquins trustent le top des ventes, voire sont numéros 1, sur Amazon et à la FNAC !
Les amis, je crie au complot ! En effet, il est mathématiquement impossible que ces bouquins se vendent comme des petits pains. On peut débattre de tout sauf des chiffres comme le disait si bien notre meilleur Sinistre de la Zanté !
Car qui oserait acheter d'indignes écrits allant à l'encontre de la Science Pfizerienne ? Seulement des non-vaccinés.
Or, comme vous le savez, il ne reste plus un seul de ces dégénérés sur Terre, ils sont tous morts dans d'atroces souffrances en direct devant les caméras de BFM !
En outre, même si l'un d'entre eux avait survécu, je vous rappelle qu'ils sont illettrés !
C'est pourquoi j'en suis arrivée à la conclusion que ces livres étaient sans doute achetés par de bons citoyens quadridosés pour en faire du bois de chauffage, afin que jamais, ô grand jamais, d'innocents yeux puissent s'y poser !
J'invite donc tous les bons citoyens qui croient en la Science, à un bel autodafé solidaire, histoire de remettre au goût du jour l'une des plus belles pratiques d'une démocratie digne de ce nom.



Caste privilégiée contre gueux

Jonathan Sturel

Ce matin, le philosophe André Comte-Sponville, 71 ans et donc déjà bénéficiaire d'une retraite d'ailleurs bien dodue, donne son avis sur la réforme des retraites et sur ceux qui s'y opposent notamment dans la rue :

« On a la chance de vivre dans une démocratie où le peuple peut manifester contre le gouvernement et où le gouvernement doit batailler à l'Assemblée pour faire passer ses réformes. Des dizaines de pays nous envient notre démocratie. Si le peuple n'est pas satisfait, il n'aura qu'à voter contre le gouvernement dans 4 ans. D'ici là, les problèmes sociaux, ce n'est pas si grave, il y a de vraies crises dont il faut s'occuper, la crise climatique par exemple. »

Voilà en substance (quasi mot pour mot en réalité) son discours de ce matin. C'est véritablement du boomerisme d'extrême-centre citadin bourgeois par excellence, jusqu'à la caricature même.

Ce vieux monsieur bien établi en société, socialement à l'aise, s'en vient dire aux pauvres que ce n'est pas si grave s'ils doivent maintenant choisir entre manger jusqu'à la fin du mois ou payer leur facture d'énergie, le plus important étant qu'ils continuent à trier correctement leurs déchets, qu'ils évitent d'allumer le chauffage en hiver et qu'ils s'interdisent surtout de brancher la clim en été. Et qu'ils se préparent, j'imagine, à manger bientôt de la poudre d'insectes pendant qu'un système de contrôle à distance vérifiera qu'ils ne consomment pas plus de 30 litres d'eau par mois. Parallèlement, le même pauvre sera invité à boycotter la Coupe du monde, à croire religieusement dans les prophéties de malheur du GIEC, tout en considérant que la République agit avec bienveillance et que si bientôt elle permettra aux gosses de changer de sexe en CM2, c’est pour la bonne cause.
 
Voilà le véritable projet de société que cette engeance veut imposer à la France : une société de pauvres résignés, adeptes de privations forcées faute de moyens, où la fin du mois commence le 15 et où des riches viennent à la télévision leur expliquer comment se passer de ce qu’ils n’ont plus les moyens de s’acheter. Et le pauvre que ces perspectives ne raviraient pas doit s’attendre à être traité de réactionnaire et de complotiste par ces mêmes riches qui, eux, ne renoncent à rien, encore moins au plaisir sadique et bourgeois de commander aux destinées des gueux condamnés par la malignité des institutions à tourner indéfiniment en rond dans un labyrinthe social duquel on ne s’échappe jamais parce que tout y a été savamment et diaboliquement verrouillé, toujours au profit des mêmes ; toujours aux dépens des mêmes.

L’arrogance avec laquelle la bourgeoisie sermonne les petites gens et ce sentiment d’impunité qu’elle ressent lorsqu’elle étale ses vertus supérieures, voilà deux motifs de tout révolutionner.

Le long calvaire national

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

L’Élysée est fermé. Pour les syndicats bien entendu, pas pour les fonds de pension, qui sont en passe de braquer les retraites des Français, ni pour tous les maniaques sexuels ou écologiques, minoritaires, qui imposent leurs genres et idées. Par contre pour discuter des retraites, le guichet est clos.

Une nouvelle journée de manifestation va avoir lieu, avec sans doute des prolongements importants dans certains secteurs. Il est clair que sans pression sur l’économie par des blocages, le pouvoir, sourd à l’avis de plus de 80% des Français, ne bougera pas. La démocratie s’arrête pour la macronie à une vague définition du dictionnaire. Pour ce qui est de son application, c’est aux abonnés absents qu’il faut s’adresser. Plus à l’aise pour aller se trémousser dans les boîtes de nuit africaines, à point d’heure, que d’agir en vrai président, Macron nous démontre une fois de plus son aversion pour la France, son peuple et ses revendications. Son exécration de tout ce qui touche à la démocratie confine à une forme de pathologie dangereuse pour la république. Sa répugnance de la France va au-delà de ce qu’on peut imaginer. Il a accumulé les brimades sur les Français, les dettes, la liquidation de l’économie et des services publics, la vente des bijoux de famille, dans une œuvre de destruction systématique, jamais vue dans l’histoire de France.

C’est cette déformation qu’il enseigne à ses ministres et députés, au point qu’un ministre de la justice se permet de faire deux bras d’honneur à des députés LR, ces derniers apprécient sans doute cette insulte… Que leur faut-il de plus pour comprendre quel personnage ils soutiennent en cautionnant la réforme des retraites ? Ils ne peuvent ignorer les images dégradantes de Macron en Afrique, ni passer l’éponge sur le geste du ministre de la Justice, sans détériorer un peu plus l’image qu’ils renvoient d’eux-mêmes. À accepter l’inadmissible, on se confond dans les travers du mécréant, on perd toute légitimité, en se laissant rabaisser au rang de paillasson.

Il n’y aurait donc que le peuple français pour souffrir de tous les excès de la macronie, qui vont de l’injure gratuite, au mépris le plus absolu de ce qu’ils sont ? Seul ce brave peuple serait sensible à ses débordements, à les subir éprouvé et lassé ? Quel degré d’insultes devra-t-il encore supporter pour voir enfin les oppositions s’unir et faire cesser cette déchéance, ces infamies vécues comme autant de blessures et d’offenses à sa dignité ?

Combien de ces écarts inacceptables pour le commun des mortels seront-ils couverts par le silence des oppositions, avant qu’elles ne sifflent la fin de la partie ? En laissant en place ce gouvernement, alors qu’elles pourraient très aisément le faire tomber, elles permettent de justifier le message de l’outrage permanent, comme règle institutionnelle. Le mensonge et le mépris érigés en mode de gouvernance et l’acceptation d’un césarisme hors du temps, remplaçant nos institutions, détournées de leurs fonctions originelles.

Les oppositions n’entendent-elles pas cette plainte populaire monter inexorablement, contre un pouvoir devenu à leurs yeux indécent ? Vont-elles rester encore dans cette paralysie mortifère qui ne fait que le jeu de ce régime furieux et dangereux ? Le peuple attend une réponse claire, un sursaut d’orgueil, et surtout la réhabilitation de sa dignité, si facilement salie par ce pouvoir hautain et méprisant. Renverser ce gouvernement ne peut être que la réplique à autant d’avanies et d’insolences. C’est ce qu’il faut pour sortir de l’infâme spirale dans laquelle les Français sont entraînés malgré eux, et le pays avec.

L'espoir d'une nouvelle humanité

Yann Thibaud

La décadence actuelle de l'Occident signe la fin des temps !
Le temps où celui-ci dominait le monde, et lui imposait son ordre et sa loi, son économicisme obsessionnel et sa prétendue démocratie, spectacle d'apparat, de façade et d'illusion.
Le temps du matérialisme triomphant, où l'humanité apprit à ne plus penser qu'à l'argent et aux diverses possessions qu'il permet, oubliant la grâce, la ferveur, le mystère et la beauté, se perdant dans les multiples farces et pièges, modernes ou post-modernes, de la médiocrité, du relativisme, de la perte de sens et de finalité d'une existence devenue inutile et parasitaire.
Le temps de l'accumulation indéfinie des droits, jusqu'à l'absurde, jusqu'à l'abject, autorisant tous les crimes et toutes les folies, au nom de la satisfaction illimitée des caprices d'une humanité, ayant perdu toute conscience de sa responsabilité et des conséquences de ses actes.
Le temps du mensonge et de l'hypocrisie, de la propagande et de la dissimulation systématique de la vérité.
Le temps du totalitarisme insidieux et pervers, épousant le masque des bons sentiments, des bonnes intentions, du politiquement correct et du spirituellement correct.
Mais cette décadence manifeste et flagrante signe également le début des temps !
Car, en nous explosant littéralement à la figure aujourd'hui, la dégénérescence de notre civilisation ne peut que nous amener au réveil, à la révolte et à la rébellion à l'égard de toutes les impasses dans lesquelles nous nous sommes collectivement fourvoyés depuis des années, depuis des décennies, depuis des siècles, depuis des millénaires.
La fin des temps est ainsi et aussi le commencement des temps.
Le temps du réveil, le temps du renouveau, de la renaissance et de la métamorphose de notre civilisation qui, décidément, ne veut pas mourir, mais se trouve désormais prête, au terme de sa lente et longue agonie, à changer, se modifier, se transformer et trouver enfin son véritable sens, sa destinée si étrange et si mystérieuse, son aboutissement incroyable, sa finalité insoupçonnée.
Le temps de l'émergence d'une véritable et authentique spiritualité, qui ne soit plus l'affaire des prêtres, des dogmes, des fastes et des rituels, mais du rapport intime que chacune, chacun entretient avec sa propre conscience et sa propre sagesse intuitive.
Le temps du respect, respect de la femme et du principe féminin, respect de l'enfant et de son innocence et ingénuité, respect de l'animal et de sa puissance libre, sauvage et indomptable, respect du végétal et de son désir de vivre sans poison, respect du minéral et de la planète qui nous accueille, avec tant de patience, de bonté, de sagesse, de grandeur et de prodigalité.
Le temps du partage, du don et de l'offrande, le temps du retour à l'égalité originelle des conditions, le temps de la cessation de l'abjecte et injustifiable injustice et discrimination des riches envers les pauvres, des puissants envers les gueux et les miséreux.
Le temps, enfin advenu, de l'éveil et de l'édification d'une nouvelle humanité, empreinte de savoir, de conscience, de sagesse et de miséricorde, apte à pardonner, apte à comprendre, apte à enseigner et ensemencer ce monde, une nouvelle humanité désormais réconciliée avec sa divinité et prête à l'incarner, la déployer et la manifester enfin !

Émancipation

Yann Thibaud

Tout le malheur du monde, des peuples comme des individus, provient de leur adhésion à des idéologies, quelles qu'elles soient, qui déterminent, de manière rigide et absolue, ce que les humains doivent penser, dire et faire, amenant par là ceux-ci à des conflits sans issue et sans fin, avec les croyants ou adhérents d'autres systèmes de référence et de pensée.
Tout le malheur du monde vient donc de l'incapacité, réelle ou supposée, des êtres humains à s'affranchir de leurs adhésions et appartenances idéologiques, pour penser réellement par eux-mêmes et déterminer librement leurs choix fondamentaux de vie.
La solution au malheur du monde ne peut donc provenir que de l'acte d'émancipation de ces mêmes idéologies oppressantes et aliénantes, incarcérant l'être humain et l'obligeant à n'être qu'un serviteur, un esclave et un exécutant soumis d'ordres et injonctions émanant de l'autorité, prétendument infaillible, à laquelle on lui fait croire qu'il est obligé de se soumettre.
L'éveil de l'humanité passe donc par la rébellion, la désobéissance et la cessation de la croyance, absurde et superstitieuse, en des dogmes arbitraires et illusoires.
Le problème étant que cette même rébellion contre l'autorité, se trouve généralement récupérée par d'autres autorités, guère plus crédibles et réjouissantes, édictant un nouveau système de pensée, une nouvelle idéologie, fréquemment encore plus oppressante, délirante et aliénante.
Le problème de fond des êtres humains étant donc cette difficulté à penser, vraiment, profondément, de manière libre et autonome.
Et la solution à leurs multiples problèmes et difficultés, résidant dans l'éveil et le développement de cette faculté de penser, si rare, semble-t-il, et clairement si précieuse.
Et comment développer l'esprit, si ce n'est en le mettant à l'épreuve, en créant une situation, où les êtres humains n'ont plus d'autre issue, d'autre possibilité, d'autre solution que de le faire enfin fonctionner, de manière puissante et accélérée ?
Telle est précisément la situation actuelle, et donc la clé de sa compréhension : les drames et crises sans fin auxquelles nous nous trouvons aujourd'hui confrontés, ainsi que l'absence de réponse crédible de nos autorités habituelles de référence, nous contraignant, sans aucun échappatoire possible, à penser puissamment et de manière accélérée !
Voilà pourquoi et de quelle manière l'humanité s'éveille aujourd'hui, et se prépare par là à créer enfin un nouveau monde, libre et libéré des pesantes murailles et du poids oppressant des idéologies d'un passé révolu !

Yann Bizien

Au fond, je me demande ce qu'il pense du problème des déchets dans les rues de Paris. Je sais seulement qu'il a déjà eu envie "d'emmerder" les Français qui ne se couchent pas devant ses caprices, quand il gouverne contre eux, sans eux, pour l'Union européenne et pour nos créanciers, avec notre argent, sans toucher, bien sûr, à ses propres privilèges.


Eric Vial

Chère Cécile Kohler, chère camarade,
 
cela fait 10 mois que tu es emprisonnée dans les geôles iraniennes.
Le motif de ton arrestation avec ton compagnon n’est toujours pas officiellement connu. On nous parle « d'espionnage » et « d’atteinte à la sûreté du pays » mais cela nous paraît tellement stupide…
Tu es prof agrégée de lettres modernes au lycée Les Pierres Vives à Carrières-sur-Seine, syndicaliste en charge des relations internationales à Force Ouvrière ; tu revenais de sept jours de congés en Iran. C’était ton premier voyage en Perse. Tu as été arrêtée à l’aéroport.
Nous avons peu de nouvelles. Apparemment tu as été à l’isolement pendant plusieurs mois. Tu as perdu tes lentilles de vue. Ta maman vient d’envoyer ta paire de lunettes. Elle ne sait pas si tu la recevras.
Nous savons simplement que tu es injustement privée de ta liberté, qu’aucun avocat indépendant ne peut te défendre et que tes droits fondamentaux ne sont pas respectés. Même les visites consulaires sont refusées.
Nous sommes évidemment tous inquiets. À Soultz (Haut-Rhin) dont tu es originaire, mais plus globalement dans toute l’Alsace et dans toute la France. Nous exigeons ta libération et celle de ton compagnon immédiatement et sans condition. Vous n’avez pas à être des otages d’État !
Comme toi j’aime l’Iran, berceau de la civilisation. J’aime son peuple jeune, cultivé, épris de liberté. J’aime la beauté de ses paysages et la bonté de ses habitants.
Mais je hais ce qu’est devenu ce pays dans les mains de ces arriérés islamistes intégristes qui sont dans l’incapacité d’aimer leurs femmes et leurs filles. Ils sont la lie des nations.
Chère Cécile, je te souhaite tout le bonheur du monde. Nous sommes tous avec toi. Ne crains rien : personne ne t’oublie. Nous sommes tous solidaires de ta souffrance et de l’injustice dont tu es la victime.
Tu es notre héroïne.
Je place ici ton portrait ainsi qu’une photo que j’ai prise de l’Hôtel de Ville de Soultz (Haut-Rhin) où je viens de me rendre. La ville affiche son soutien depuis les premiers instants de ta captivité.
Il existe également sur la toile un site de soutien pour t’envoyer des messages.
À très bientôt. - 13/3/2023



13 mars 2023

De la démocratie en général et singulièrement dans la France contemporaine

Denis COLLIN

Nous sommes conviés à défendre la démocratie et « nos valeurs ». Mais il serait bon de savoir ce que ce terme recouvre exactement. Le terme est plébiscité aujourd’hui (mais ce ne fut pas toujours le cas). Mais il recouvre au moins trois acceptions différentes.

La première dit que la démocratie est le pouvoir du peuple, c’est-à-dire le pouvoir de ceux qui participent de la vie de la cité ; on sait que les démocraties antiques ne considéraient comme citoyens qu’une partie restreinte du peuple. Et même chez nous, les femmes furent exclues de la pleine citoyenneté jusqu’à la Libération ! Mais quelle que soit l’extension de la citoyenneté, les citoyens participent tous du pouvoir par le biais des assemblées qui décident des lois et désignent les magistrats chargés de les exécuter. Le modèle de la démocratie était celui d’Athènes à l’époque classique. Les conseils ouvriers, russes, allemands, hongrois, de l’immédiate après première guerre mondiale en sont des exemples.

En second lieu, on nomme démocratie un régime politique dans lequel les représentants du peuple sont élus au suffrage universel et doivent régulièrement rendre compte de leur mandat. Cette démocratie représentative suppose a minima que le pouvoir politique appartient au Parlement. Les expressions « démocratie parlementaire » ou « démocratie représentative » sont des pléonasmes, pour ne rien dire de cette obscure notion de « démocratie participative » qui connut son heure de gloire…

En troisième lieu, on parle de démocratie quand les droits individuels essentiels sont garantis. Il n’y a pas d’esclave, chacun est propriétaire de lui-même, chacun dispose du droit de choisir son emploi, son conjoint, de professer la religion qui lui sied ou de n’en professer aucune, d’exprimer ses opinions, de jouir de ses propriétés légitimement acquises, etc.

Force est de reconnaître que la démocratie en son sens originel n’existe nulle part, à l’exception de la Suisse qui n’est cependant qu’une démocratie semi-directe. On peut admettre que la démocratie directe n’est applicable strictement que dans des petites communautés politiques et non dans les grands États-nations modernes. Nous serions donc condamnés à la démocratie parlementaire, combinée à une échelle plus ou moins large avec le référendum d’initiative populaire.

Ce qui est inquiétant, c’est que l’on voit, un peu partout une formidable régression des droits des parlements au profit des exécutifs de plus en plus concentrés sur une seule personne et au profit d’instances non élues, si typiques de la nouvelle « gouvernance », ainsi la Commission de l’Union européenne. De ce point de vue, la France est une caricature. Le régime créé par un coup d’État en 1958 conférait au président des pouvoirs considérables, quoique le Parlement y gardait quelques prérogatives, dûment encadrées – on a pu parler à propos de ce régime de régime semi-bonapartiste et semi-parlementaire. La chose s’est sérieusement aggravée avec le passage à l’élection du président au suffrage universel qui faisait passer évoluer le régime vers un système « monarchique » plébiscitaire (le modèle étant Napoléon III). Deux éléments venaient tempérer cette évolution dangereuse. Le premier était la possibilité de la « cohabitation » avec une majorité parlementaire opposée au président (ce qui est arrivé en 1986-1988 et en 1997-2002), situation où, de fait, le centre du pouvoir était rééquilibré vers le Parlement. Le deuxième élément non institutionnel était la recherche par de Gaulle d’un lien assuré entre la nation et « l’homme de la nation ». Ainsi de Gaulle mit en jeu son mandat à chaque élection nationale et usa du référendum dont le dernier, celui de 1969, le conduisit à une démission immédiate. Mais après de Gaulle, plus aucun président ne se sentit engagé par le résultat d’une consultation populaire et après la modification constitutionnelle de convenance organisée par Chirac et Jospin en 2002 (réduction du mandat présidentiel à 5 ans et inversion du calendrier électoral) il est devenu presque impossible de fait que le président se trouve face à une majorité parlementaire hostile, la représentation nationale n’étant plus que la représentation du président – surtout avec le mode de scrutin majoritaire.

C’est pourquoi nous ne pouvons pas vraiment dire que la France est une démocratie. C’est plutôt une oligarchie, puisque le pouvoir réel n’est exercé ni par le peuple, ni par les représentants du peuple, mais par une caste sélectionnée par les plus riches, appuyés sur une fraction de l’appareil d’État dont le rôle politique est de plus en plus envahissant.

Évidemment, l’oligarchie est difficilement compatible avec ce que l’on nomme « État de droit », même si cette expression est fort équivoque. Les libertés individuelles, en France comme partout sont de plus en plus restreintes par la surveillance généralisée, dont le Covid a donné un petit avant-goût. Les droits des justiciables sont de moins en moins assurés. Les « Gilets Jaunes » ont payé de leurs yeux et de leurs mains le sens très particulier du droit de manifester dont à fait preuve l’exécutif. L’information est pour l’essentiel sous contrôle entre une radio et télévision d’État de plus en plus calquée sur le modèle RDA d’avant 1989 et les médias privés possédés par une poignée de milliardaires qui, hasard étonnant, sont aussi ceux que l’on a retrouvés dans le « tour de table » où l’actuel président fut choisi comme représentant des oligarques. Même quand l’immense majorité des citoyens refuse la réforme des retraites, le pouvoir dispose de toutes les astuces et toutes les roueries de la constitution pour faire passer sa loi.

Tout naturellement, un tel régime est particulièrement propice à la corruption, au règne du passe-droit, au népotisme et à la protection des copains et des coquins si d’aventure la justice se mêle de leur chercher des poux dans la tonsure. De Benalla à Dupont-Moretti et Kohler, les exemples abondent. Dans un pays même modérément démocratique, le scandale du rachat d’une partie d’Alstom par General Electric aurait dû coûter à l’actuel président une inéligibilité à vie. Mais comme on le sait, il n’en est rien.

Rappelons pour terminer, ce que proposaient les Conventionnels de 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » (article 35) - 13/3/2023