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19 avril 2023

Ceci n'est pas une photo

Dominique Kennel

L'artiste allemand Boris Eldagsen déclare que sa participation au Sony World Photography Award avait pour objectif de susciter le débat après avoir généré l'image gagnante à l'aide de l'intelligence artificielle.
Boris Eldagsen a révélé sur son site web qu'il refusait le prix qu'il a remporté lors du Sony World Photography Award de la semaine dernière.
La photographie gagnante représentait deux femmes de générations différentes en noir et blanc
« Nous, le monde de la photo, avons besoin d'une discussion ouverte », a déclaré Eldagsen. « Une discussion sur ce que nous voulons considérer comme de la photographie et ce qui ne l'est pas. Le parapluie de la photographie est-il suffisamment grand pour inviter des images d'IA à concourir, ou serait-ce une erreur ? »
« Avec mon refus du prix, j'espère accélérer ce débat. »
Il a déclaré que c'était un « moment historique » car c'était la première fois qu'une image d'IA remportait un prestigieux concours international de photographie, ajoutant : « Combien d'entre vous savaient ou soupçonnaient que c'était généré par une IA ? Quelque chose à ce sujet ne semble pas juste, n'est-ce pas ? »
« Les images d'IA et la photographie ne devraient pas être en concurrence l'une avec l'autre dans un tel concours. Ce sont des entités différentes. L'IA n'est pas de la photographie. Par conséquent, je n'accepterai pas le prix. »


Vincent Verschoore

J'ai souvenir que, très majoritairement, la bien-pensance européenne (et certainement française) soutenait Lula et diabolisait Bolsonaro, pourtant allié des Américains, mais ça c'était avant.

Désormais résolument euro-atlantiste, américanophile et russophobe, la bien-pensance d'aujourd'hui doit faire des bonds en voyant Lula fricoter avec Xi Jinping, et aujourd'hui recevoir Lavrov avec tous les honneurs alors que ce dernier, après sa récente tournée triomphale en Afrique sur les cendres fumantes de la politique africaine française, remet le couvert en Amérique latine aux dépens, cette fois, des USA.

"À l’issue de son entretien avec son homologue brésilien Mauro Vieira, l’émissaire de Vladimir Poutine a remercié « [ses] amis brésiliens pour leur excellente compréhension de la genèse de la situation [en Ukraine] ». Il a ensuite été reçu par le président Lula da Silva, qui souhaite « faciliter » une médiation internationale en vue d’une résolution pacifique du conflit. Cette visite, dans le cadre d’une tournée latino-américaine de Lavrov qui se rend également au Venezuela et à Cuba, pays ouvertement hostiles à Washington, signe la fin de la lune de miel de Lula avec ses alliés occidentaux, échaudés par ses récentes déclarations. Après avoir accusé les États-Unis d’encourager la guerre, alors qu’il se trouvait encore en visite à Pékin, le Brésilien en a rajouté une couche pendant son escale à Abu Dhabi, dimanche 16 avril. « L’Europe et les États-Unis contribuent à prolonger cette guerre », a osé Lula."
(Source : Libé)

L'Europe est la risée du monde. Vassalisée et rackettée par son "allié" américain, appauvrie par une guerre dont elle n'assume rien mais sert les intérêts géostratégiques US et les intérêts financiers du complexe militaro-industriel, gérée par des psychopathes et des technocrates ineptes et corrompus, elle se fait damer le pion aux quatre coins de la planète, et paie pour tout le monde.

Forcément, quelque chose va devoir lâcher. Soit ce sera la démocratie qui succombera aux révoltes à venir, et nous sombrerons dans un régime policier en voie de quart-mondialisation rapide. Soit ces révoltes mèneront au retour d'une forme d'intelligence politique, à l'expulsion des racailles actuelles, et à la recherche d'un équilibre géopolitique réaliste. C'est clairement l'option que tente le Brésil. 19/4/2023

18 avril 2023

La révolution des casseroles

Gilles La Carbona

25 avril 1974, les militaires portugais glissent un œillet dans le canon de leur fusil, la révolution des œillets est née et le régime dictatorial portugais s’effondre.

Ce 17 avril 2023, Macron prend une énième fois la parole, les Français en signe de protestation descendent dans la rue et frappent sur des casseroles et des ustensiles de cuisine pour, symboliquement, couvrir la voix de fausset de l’homme le plus détesté de France. La révolution des casseroles est née, ça sonne moins bien que le nom d’une fleur, mais tradition culinaire française oblige, tout reste cohérent.

Plus sérieusement, le couple diabolique Borne-Macron atteint des records d’impopularité, mais ce qui est nouveau, et nos parlementaires devraient en prendre acte, c’est la réaction que provoque son apparition sur le petit écran. Le désormais pseudo-président irrite à un tel point que non seulement, il n’est plus écouté, mais en plus les Français font du bruit à côté, pour lui signifier qu’ils ne veulent plus l’entendre. Nous l’avions prédit, au RPF, et la complicité de Fabius n’a rien changé, bien au contraire, à ce glissement des opinions publiques. En tordant le cou aux principes fondamentaux du droit, Fabius et Macron pensaient tromper qui ? La réponse est venue une fois de plus de la rue, cet endroit qu’il exècre au point de ne pouvoir s’y rendre sans vider les venelles de ses habitants, sans une armée de CRS, pour protéger sa personne de la colère populaire…

Le mal est si intense que, contrairement à ce qu’affirme la présidente de l’Assemblée nationale, c’est maintenant qu’il faut réviser en profondeur nos institutions puisqu’elles ne sont plus respectées, d’abord par l’exécutif lui-même et surtout parce que le peuple n’en veut plus, ne trouve plus en elles la sécurité juridique nécessaire pour vivre sereinement. Mais on comprend aisément que la macronie préfère rester dans ce marasme et se servir de cette constitution violée, piétinée, pour gouverner sans majorité et consolider la dictature mise en place.

Puisqu’il ne veut pas entendre les Français, eux ne veulent plus l’écouter. Une guérilla s’est installée dans notre pays et les actions vont se répéter à l’infini, tant qu’une solution démocratique ne sera pas avancée. Il faut en passer par les urnes, et réformer en profondeur nos institutions. Le monde voit, écoute, et bientôt portera un jugement autrement plus sévère, sur le régime de Macron et sa clique.

Macron a déploré qu’il n’y ait pas eu un consensus autour de sa réforme. Ce sont des paroles de sourd, qui confond l’obéissance et le consensus. Le consensus a bien eu lieu mais pas dans le sens qu’il souhaitait, donc pour lui il n’y en a pas. Totalement hermétique à tout ce qui ne sort pas de lui, cet homme ne peut plus et ne doit plus rester au pouvoir. Les parlementaires doivent le sortir. Le hold-up constitutionnel et le concert de casseroles d’hier soir, usent encore plus une légitimité déjà mise à mal et tout ce qu’il décidera sera contesté, et dans la mesure du possible non respecté. Nous sommes entrés dans l’instabilité politique, masquée par la répression. Sans aucune adhésion populaire, seules les dictatures se maintiennent au pouvoir. Nos deux chambres veulent-elles continuer à être les complices d’un tel régime ? La destitution devient de salut public. Il faut l’enclencher sans tarder.

17 avril 2023

Michel Rosenzweig

Ce qui est fantastique avec FB ce sont les souvenirs. Chaque jour le réseau charitable et bienveillant de Mark nous propose de revoir les publications du même jour à d'autres dates. L'occasion pour moi de revisiter ce que je publiais sur le rhume 19 depuis mars 2020 selon l'expression de Jess Theubariaire.
Une manière de se refaire le film.
Très instructif de constater la précocité de mes constats et de mes anticipations. Certains diront que je me la pète. Eh bien pourquoi pas ? Mais attention, je ne suis ni médecin, ni scientifique, juste un philosophe et un psychanalyste qui pratique l'ultracrépidarianisme au quotidien.
Pour rappel : l’ultracrépidarianisme, mot vulgarisé par le physicien et philosophe des sciences Etienne Klein, est un comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée (en clair, surtout un diplôme reconnu par une université et/ou une académie).
Ce mot est dérivé de la locution latine Sutor, ne supra crepidam, qui signifie littéralement : « Cordonnier, pas plus haut que la chaussure » et équivaut à l’expression moderne « À chacun son métier, les vaches seront bien gardées ». (Wiki)
Malheureusement, l'utracrépidarianisme est rapidement devenu une arme de disqualification massive et de discrédit majeur utilisée par les adhérents covidistes, se rajoutant à la liste des autres qualificatifs invalidants bien connus.
J'ai donc trouvé intéressant et utile de repartager certaines de mes publications de 2020 qui me semblent encore toujours d'actualité, pertinentes et parfois visionnaires. Eh oui, quand on se la pète, on ne peut plus s'arrêter.

18 avril 2020
Point labo 4 Wuhan.
Où en sommes nous ?
Il y a à peine 72 heures, l'hypothèse d'une fuite possible d'un labo sur zone était totalement inenvisageable par le pouvoir et ses relais sans être immédiatement frappé d'ostracisme et envoyé au goulag mental et symbolique en étant accablé par l'ignominie contemporaine en vigueur, le complotisme conspirationniste ou le conspirationnisme complotiste, c'est selon.
Puis, l'enquête gênante du Washington Post obligea toute la médiasphère à se prononcer, du moins à minima sur ces révélations embarrassantes.
Branle-bas de combat dans tous les états-majors, politiques, scientifiques, médiatiques pour calmer la possible contagion d'idées conspirationnistes dans la population.
On a donc vu se ramener sur les plateaux les ténors en tout genre pour tenter de refroidir les ardeurs de cellezéceux qui osent l'ouvrir en sortant du consensus comme autant de chiens de garde aux abois.
Résultat : l'option 1 d'une fuite possible du labo P4 d'un agent viral naturel est plausible.
Pas vraiment envisagée, mais plausible. Le minimum syndical obligé après cette bombe planétaire.
Mais attention, pas question d'aller plus loin.
Pas question donc à ce stade d'évoquer la possibilité d'un virus bidouillé en labo.
D'ailleurs toutes les instances scientifiques sont immédiatement montées au créneau pour nous servir la soupe officielle de la Science académique, virologues, biologistes moléculaires, chercheurs, ils étaient tous si prompts à affirmer que c'était totalement impossible.
Pour seule preuve, la certitude que le génome du Covid-19 a été séquencé et qu'il ne révèle aucune bio manipulation.
C'est bien un virus de chauve-souris.
Point barre, circulez, y a rien à voir.
Nous sommes obligés de les croire. C'est une affaire de croyance, non de savoir puisque nous sommes ignares.
Argument d'autorité de la Science érigée en instance toute puissante, seul l'Éternel peut se mesurer à elle.
Très difficile à vérifier évidemment parce que ce genre de connaissances en biologie moléculaire n'est pas à la portée de n'importe qui.
Cependant, qui peut vraiment certifier que la carte d'identité de ce virus est vierge de toute manipulation de laboratoire et qu'il ne s'agit pas d'une chimère, une combinaison de plusieurs parties de brins différents et de protéines de membrane insérées comme de possibles clefs correspondants aux serrures cellulaires humaines?
Les scientifiques en biologie moléculaire, les experts bien entendu.
Le problème ici est le même que celui de l'innocuité de l'hydroxychloroquine, on l'a vu, les avis peuvent fort diverger.
Tout simplement parce que la corruption des scientifiques existe.
Or, rien ne s'oppose, ni en théorie ni en pratique à la fabrication d'un virus qui n'existe pas dans la nature et qui serait le résultat d'un assemblage très efficace en termes de contagion et de toxicité.
Les laboratoires de virologie de haute sécurité ne le sont pas uniquement pour des raisons sanitaires.
L'objectif de ces labos n'est pas uniquement réservé à la santé.
Ils sont également conçus pour des recherches en armes biologiques.
En réalité le pouvoir est mort de trouille, il a peur d'une possible contagion du savoir.
Une contagion bien plus dangereuse que le Covid-19.

16 avril 2023

Apaisement improbable, paix impossible ?

Yann Bizien

Cette réforme des retraites est un grand psychodrame politique et social inachevé.
Il dresse aujourd'hui le portrait d’une démocratie abîmée et dévoyée mais aussi d’un paysage politique morcelé et éclaté ou chacun s’est empêtré sans des postures stériles qui n’ont pas pu empêcher un pouvoir autoritaire et sans majorité absolue d’aboutir sur une démarche législative qui aura été pour tous une grande leçon de machiavélisme et de cynisme.
La fébrilité d’État, la défiance, l’hostilité et la rupture se sont installées entre le pouvoir et le peuple. Elles ne vont pas s’évaporer par enchantement ni même avec "l’adresse" d’Emmanuel Macron aux Français ce lundi 17 avril à 20h00.
Bien au contraire.
Si le parcours législatif de la loi est désormais achevé, cette crise des retraites n’est pas close. Car la promulgation officielle de la Loi CETTE NUIT accentue encore la contestation. La déception, la frustration, la rage et la colère des Français ne retombent pas. Le débat juridique n’est pas clos puisque le Conseil constitutionnel reste saisi d’une seconde proposition de Référendum d’initiative partagée.
Sur le plan politique, la gauche promet de ne pas lâcher prise et d’empoisonner la suite du second quinquennat, y compris durant les JO. Marine Le Pen se contente sagement de donner rendez-vous aux électeurs en 2027. Les Républicains sans conviction se sont enfermés dans un entre deux illisible et suicidaire.
Pour les syndicats, "le combat n'est pas terminé" parce que le président n’a pas répondu à leur demande de ne pas promulguer cette Loi sur les retraites.
Emmanuel Macron, conspué, a perdu la bataille de la confiance et de l’opinion. Il n’est pas parvenu à convaincre les actifs. Le récit de l’exécutif sur cette réforme aura définitivement échappé à ses médiocres architectes.
Le Président nous dira encore une fois qu’il a tiré les leçons des trois derniers mois. Il redira aux Français sa volonté de changer de pratiques et de mode de gouvernance. Il ressortira du chapeau une option pouvant l’aider à reprendre la main et à enrayer cette crise telle que la "grande concertation sur l'impôt". Et ses courtisans assureront le service après-vente dès la fin de son « adresse aux Français » lundi soir sur les plateaux.
Dans la France déplorable, déclassée, décadente et ingouvernable d’Emmanuel Macron, tout se répète, mais rien ne change vraiment. Son quinquennat est bloqué car il a les deux tiers de la population contre lui avec une immense faille de défiance.
Posez donc la question aux Gilets jaunes. Ils vous rétorqueront que c'est tout le système qu'il faut abattre, changer et assainir. Ils attendent non pas une révolte, mais une révolution.
Dans ces conditions de rupture, l’apaisement est improbable et la paix politique est impossible.

Fabius, l’homme du mensonge

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

Il est instructif de décortiquer les arguments avancés par le Conseil constitutionnel, pour valider la loi sur les retraites. Gardons à l’esprit que les éléments de langage de la macronie reposent sur l’aspect hautement symbolique d’une justice supérieure. En gros, maintenant c’est estampillé du sceau de la suprême légalité, circulez y a plus rien à voir, oui mais…

Donc, Fabius, l’air martial et le ton sirupeux, expert en coups tordus et falsification de la vérité, nous annonce, sans sourciller, qu’effectivement les débats ont été entachés plusieurs fois de mensonges de la part des membres du gouvernement, les rendant non sincères, et sans clarté… Un constitutionnaliste, professeur, sur BFM explique sans ambages l’inadéquation entre la remarque de Fabius et la conclusion de constitutionnalité qu’il en a tirée. Les journalistes, quelque peu gênés tentent de rattraper le coup, mais le professeur poursuit… Fabius avoue un usage inhabituel des procédures de rationalisation du débat parlementaire. Là encore les soutiens de Macron, à savoir les journalistes, totalement dépassés par les arguments de droit, affichant leur ignorance des procédures juridiques et des conséquences qu’une violation de ces dites procédures implique, tentent de dédouaner ce pauvre Fabius : c’est une délectation. Le professeur, calmement, rappelle à ces sentinelles incultes de la macronie, les fondamentaux d’une procédure. Et il conclut admirablement en faisant remarquer que l’objet du texte portait sur la réforme du régime juridique des retraites et non un aspect financier, et que donc, l’article 47.1 ne pouvait être utilisé. En moins de deux minutes, ce professeur démonte tout le pseudo argumentaire de l’escroquerie fabusienne.

Voilà sur quoi repose l’admirable souveraineté et sécurité juridique de notre Vème République, assassinée par Fabius et sa clique de cacochymes valets, au service exclusif du président et de ses commanditaires. Il est aisé de comprendre que le peuple ne peut reconnaître une telle forfaiture, que Fabius n’est plus crédible et que la dissolution de ce Conseil fantoche doit être demandée. Ses décisions ne sont que politiques et violent, sans même s’en cacher, les principes les plus fondamentaux du droit. Cette mafia aux grands airs, mérite les arrêts pour crime d’État et haute trahison. C’est sciemment qu’ils ont détourné les arguments de la constitutionnalité, pour valider une loi inique.

La nausée nous vient, le dégoût aussi. La macronie est dans son rôle du mensonge et des turpitudes, tel un gang de malfaiteurs. Mais ce n’est pas tout, l’argument pour repousser le RIP vaut également sont pesant de cacahuètes. Le RIP a été refusé parce qu’il portait sur le retour à 62 ans, alors qu’au moment où il était examiné, les 62 ans étaient encore d’actualité. En gros on ne pouvait pas accorder un RIP sur quelque chose qui n’existait pas. Fabius se sera fichu de nous jusqu’au bout, sa place est en prison, mais ça on le sait depuis longtemps. Il a jugé lui-même, en même temps, la loi passant de 62 à 64 ans et la demande de RIP, il savait donc pertinemment qu’elle allait exister quelques minutes plus tard, si ce n’est qu’elle existait déjà puisqu’il savait de longue date qu’il validerait la loi. Et quand bien même ce « détail » l’aurait embarrassé, la sincérité aurait dû le conduire à retarder de quelques heures ses conclusions sur le RIP. Pensez-vous, bandit jusqu’au bout, il joue les étonnés et naïvement vient nous dire que l’objet du RIP n’existe pas…

Il aurait dû montrer autant de zèle avec les premiers éléments d’inconstitutionnalité soulevés, mais l’homme est fourbe, cauteleux, perfide et sournois, autant qu’il le faut pour servir un président en guerre contre la nation. Que va-t-il pouvoir trouver comme excuses bidons pour refuser le second RIP le 3 mai ?

Le travestissement de la vérité, le détournement des faits, montre que le Conseil constitutionnel est devenu le fossoyeur des principes fondamentaux du droit, mais avec à sa tête Fabius, il ne fallait pas s’attendre à autre chose. Dans quel autre pays verrions-nous une telle représentation, dans un organe censé être déterminant ? Nulle part ailleurs que dans les pires républiques bananières. En attendant, le peuple pourrait être fondé à ne pas respecter ces conclusions anticonstitutionnelles, entachées de corruption et de mensonges. Il est très probable que les prochaines sorties du président sur le terrain, à commencer par la prochaine finale de coupe de France de football, soient couvertes de huées. L’enclenchement de la destitution est plus que jamais d’actualité.


15 avril 2023

De la crise démocratique à la désespérance politique

Maxime Tandonnet
(Pour Atlantico, avec M. Christophe Boutin)


Que ce soit Emmanuel Macron qui se veut inflexible ou Elisabeth Borne qui cherche à arrondir les angles, tous deux semblent ne voir dans la situation actuelle qu’un conflit social qui va s’étioler maintenant que le Conseil constitutionnel a validé l’essentiel du texte. Leur perception de la situation est-elle la bonne au regard du conflit de légitimité qui s’est créé ?

Non, ils paraissent franchement déconnectés au regard de la réalité du pays. Ils parlent de « cheminement démocratique » c’est-à-dire de respect des procédures d’approbation d’une loi. Mais ils paraissent ne pas avoir conscience de l’état psychologique du pays. Nous connaissons une profonde crise de confiance de la Nation envers ses dirigeants politiques, président, membres du gouvernement, parlementaires. Et désormais, cette crise de confiance s’étend même au Conseil constitutionnel qui est censé être une juridiction impartiale et indépendante. Jamais la crise de confiance n’avait été aussi radicale, aussi profonde, aussi totale. Et les dirigeants politique, aveuglés par leur autosatisfaction, ne paraissent pas en avoir la moindre idée. Ils confondent la légalité, c’est-à-dire respect de la procédure légale, et la légitimité, c’est-à-dire la confiance de la Nation en sa classe politique et ses institutions – qui est désormais nulle. Au fond, l’objet de la révolte populaire tient autant au débat parlementaire confisqué (usage cumulé des articles 47.1, 44 et 49.3) qu’au fond de la réforme. Mais cela, ils sont foncièrement incapables de le comprendre. C’est bien cette impression d’aveuglement des dirigeants politiques qui est effroyable dans la crise actuelle.

« Ne rien lâcher, c’est ma devise », a dit Emmanuel Macron lors de sa visite sur le chantier de Notre-Dame. Le président a aussi fait savoir qu’il voulait rencontrer les syndicats (qui ont décliné) et qu’il comptait promulguer la loi d’ici deux jours. Quelle part de l’intransigeance d’Emmanuel Macron est réelle, quelle est la part de fanfaronnade ? (Dans quelle mesure a-t-il déjà cédé sur d’autres sujets : NDDL, Catherine Vautrin, les soignants, etc.). Quels en sont les risques actuels ?

Le chef de l’État se montre tel qu’il est, jupitérien, motivé avant tout par son propre reflet dans le miroir. Il est dans le rôle du réformateur inflexible et autoritaire qui ne recule pas. Et cette posture le satisfait pleinement. Mais au fond, il n’avait pas de raison objective de reculer. La loi sur la réforme des retraites est en réalité à peu près vide. Elle n’a pas grand-chose à voir avec l’intérêt véritable du pays. Les 64 ans ne servent quasiment à rien compte tenu de la règle des 43 annuités, sinon, semble-t-il, à pénaliser injustement quelques carrières longues qui échappent aux mesures dérogatoires. La clause du grand père permet de ne pas toucher aux intérêts des bénéficiaires de régimes spéciaux. C’est pourquoi, de fait, le pays n’a pas été (jusqu’à présent) bloqué comme en décembre 1995 pendant trois semaines. La situation est sans rapport avec celle qu’a connu Alain Juppé qui lui prétendait vraiment réformer. Au fond, le rôle de Jupiter inflexible contre des manifestations et quelques dégradations, jusqu’à présent, n’était pas si difficile à tenir en l’absence de blocages comparables à ceux de 1995. On est dans le grand spectacle politique. Mais les acteurs de ce spectacle paraissent totalement indifférents aux ravages de leur attitude dans les profondeurs du pays.

Derrière la mobilisation pour la réforme des retraites qui s’essouffle, ne faut-il pas voir les ferments d’une crise démocratique plus profonde (mue par l’absence d’alternance perceptible, la confusion idéologique, l’atomisation du pays) ?

Ce qui est terrifiant, c’est la faillite générale de la classe politique, censée représenter les Français. L’équipe au pouvoir n’a jamais cessé de s’enfoncer dans le mépris et l’arrogance dès lors que toute cette affaire a paru avant tout motivée par la satisfaction de faire plier le pays, le soumettre. Elle a manifesté la morgue de ceux qui prétendent accomplir le bien des gens contre leur gré et les faire marcher à la baguette. L’opposition de la droite LR, à l’exception de quelques frondeurs, a tourné le dos à une partie de son électorat populaire en s’alignant ostensiblement sur le pouvoir macroniste. Les partisans acharnés des 64 ans n’ont jamais cessé de se vautrer dans le mensonge en martelant que les 64 ans étaient indispensables pour sauver le régime de retraites. La gauche Nupes a sombré dans l’invective et le chahut au point que les syndicats ont pris leurs distances avec elle. Quant au RN, il ne cache pas sa jubilation à la perspective d’une récupération électorale de la crise, annonçant d’ores et déjà son intention d’abroger la loi en 2027 (promesse absurde à une échéance si lointaine) … Et puis beaucoup de responsables politique se sont terrés, mis à l’abri, espérant gagner par leur discrétion des points de popularité. Comment compter sur des personnalités qui se cachent quand la nation souffre et s’angoisse ? Le sondage CEVIPOF sur la confiance des Français montre que 82% se sentent méprisés par les politiques, ce qui est considérable. Après cet épisode, le rejet des Français envers leur classe politique risque d’atteindre son paroxysme. Et beaucoup d’entre eux (dont l’auteur de ces lignes) ne voient absolument plus qui peut encore les représenter à l’avenir, ils sont comme écœurés, orphelins en politique…

Alors qu’en plus, le CC a censuré le RIP, beaucoup d’observateurs commencent à s’inquiéter du fait que “ça finira mal”. Faut-il effectivement le craindre ?

À court terme, c’est-à-dire dans les jours à venir, les choses peuvent sérieusement dégénérer dans la violence. La tension est extrême et la situation devient explosive, le risque est de voir le mouvement social se dégrader en émeutes avec des destructions et des victimes. Le mois de mai approche et il est propice à la révolte. La perspective de phénomènes comparables à mai 68 (bien que d’une nature différente) reste d’actualité. Ce à quoi nous assistons est une véritable honte : depuis la vague d’attentats islamistes, les Gilets jaunes, l’épidémie de covid 19, la guerre d’Ukraine et l’inflation, les Français ne connaissent pas une période de tranquillité pour vivre et travailler en paix. Le pouvoir politique vient de les jeter à nouveau dans le chaos. Mais c’est surtout sur le long terme que la situation du pays est dramatique. Quand un pouvoir fait l’objet d’un tel rejet par le pays, il ne peut plus gouverner, il est condamné à l’immobilisme et la paralysie. Les Français n’ont plus confiance en personne, ni leur président, ni le gouvernement, ni la majorité, ni même les oppositions et cette défiance s’applique désormais aux institutions dont le Conseil constitutionnel… Nous entrons dans une ère de désespérance politique absolue.

Dans quelle mesure est-on dans un scénario qui commence à ressembler à la fin de la quatrième république (sur le plan politique comme sur les dysfonctionnements des services publics) ?

Il me semble que la situation à certains égards est pire. La IVème République a sombré sur la guerre d’Algérie, une tragédie épouvantable qui ensanglantait le pays. Aujourd’hui nous ne sommes pas en guerre, l’armée est dans les casernes et le service militaire est suspendu, les appelés ne tombent pas sur le champ de bataille… C’est autre chose : même au plus fort de la guerre d’Algérie et de la chute de la IVème République, les Français continuaient d’aller voter à 80% aux législatives et ils respectaient leur président de la République, M. Auriol puis M. Coty. Ils critiquaient les échecs de la classe politique sur l’Algérie, mais ils n’étaient pas dans une situation de dégoût et de désespérance, sinon de nihilisme absolu comme aujourd’hui envers la politique. Et puis ils ont trouvé une voie de salut avec le retour du général de Gaulle qui a mis fin à la guerre d’Algérie – dans des conditions critiquables pour certains mais approuvées à un immense consensus par les Français. Le drame à l’heure actuelle, c’est qu’il n’y a rien, aucun signe d’avenir, aucune issue politique possible, aucun espoir collectif. C’est toute la différence. Alors, cela peut changer bien entendu. Mais aujourd’hui, nous sommes dans le néant.
- 15/4/2023 -

La lave

Anne-Sophie Chazaud

[...] Interrogée au micro de Nicolas Vidal pour Ligne Droite il y a quelques jours, je disais que bien que le Conseil constitutionnel fût devenu une sorte d‘association de larbins plus ou moins incompétents, je plaçais quelque espoir dans le fait qu’il tenait là l’occasion de se hisser au niveau de l’Histoire et de sauver le pays du chaos dans lequel celui-ci est en train de tomber, chaos dans lequel la décision (de valider la loi contestée) d’aujourd’hui va le précipiter avec encore plus de fracas.
Mais je crois que je sous-estime systématiquement le niveau de bêtise politique des soutiens actuels du pouvoir. Bêtise qui se teinte le plus souvent d’arrogance, d’inculture politique, d’absence de sens politique, d’absence de vista, d’aveuglement, d’entêtement narcissique, de mesquinerie, de corruption au mieux morale et de courte vue.
Incapacité totale à se placer au niveau requis, en hauteur.
Je suis également toujours tentée de dire aux castors qui défilent, et dont la colère actuelle traduit probablement en partie la culpabilité (compréhensible) ressentie du fait d’avoir les mains souillées du vote Macron, de leur dire, donc : vous l’avez voulu, vous l’avez, débrouillez-vous.
Mais l’amour de mon pays et de son peuple est tout de même plus fort et l’idée de le voir ainsi basculer dans pareil chaos m’est insupportable.
Macron disait stupidement l’autre jour son mépris de la foule. C’est pourtant elle qui désormais, soumise à une gouvernance brutale – propre sur la forme et sur le fond à « la démocratie sans le démos » – va se répandre telle une coulée de lave brûlante à travers les rues.
Nous aurons suffisamment prévenu et tout fait pour que cela n’advienne pas. Au point qu’on peut se demander si, par-delà la sécession des élites (pour reprendre la célèbre expression de Christopher Lasch) ne se joue pas aussi désormais quelque obscur et pervers désir de voir le sang couler, de contempler la destruction que l’on aura causée, de voir s’affronter comme dans l’arène des Français que l’on aura montés les uns contre les autres afin de se divertir comme aux jeux du cirque.
J’ai toujours pensé que la solution serait politique. Ce soir, j’ai des doutes et si d’aventure les choses tournaient mal, on aimerait d’emblée que les pompiers pyromanes ferment définitivement leur clapet.
J’ajoute qu’il ne s’agit même plus, à ce niveau, d’être pour ou contre telle ou telle réforme sur le plan technique, mais d’avoir la capacité politique de comprendre le vent de l’Histoire.

Du barrage républicain à la guerre totale

Pierre Duriot

La date du 14 avril 2023 entrera sans doute dans notre histoire, comme la fin de la Vème République, écrite sur mesure pour un honnête homme et exploitée, dans la moindre de ses imperfections, par des voyous, au service d’intérêts supranationaux. Elle marque aussi la naissance d’un mouvement, qu’il est trop tôt pour qualifier de révolutionnaire, encore que… L’histoire est une succession de soubresauts, avec le recul on pourra peut-être un jour, écrire que tout en commencé avec les Gilets jaunes en 2018. Ce vendredi 14 avril nous avons assisté vraisemblablement à l’enterrement de cette Vème République, non pas pour son inadaptation à la chose publique, mais pour son défaut de conception face à la perversité, la triche et la corruption. Les conclusions du Conseil constitutionnel sont sans surprise, tant celui-ci ne peut plus être considéré comme un groupe de « sages » au service d’une nation. Constitué de repris de justice et de profils controversés, aux prises avec les conflits d’intérêts permanents, il n’a pas existé en tant que tel. Sa mission consisterait à amender, à réparer et il ne fait qu’avaliser, se transformant en vulgaire chambre d’enregistrement, là où les constitutionnalistes les plus avertis voient les failles dans les décisions. Même Fabius, après avoir validé les passes sanitaire et vaccinal, a reconnu qu’ils n’étaient pas constitutionnels.

Le peuple, qui devrait être confiant dans ses institutions, aurait dû attendre sagement la décision ; au contraire, il a commencé à manifester avant, tant il savait qu’il n’y avait plus rien à attendre de ces institutions délitées. Le Conseil lui même est bien conscient de sa déconnexion d’avec le peuple et de son statut de « non-sages », puisqu’il y eut besoin de le protéger avec des hordes de policiers. Tout cela ne peut être vu comme le triomphe d’une démocratie à son apogée. L’image fera le tour de la planète, en même temps qu’elle signera la honte de notre modèle politique. La rupture est donc consommée, et la validation de la loi marque le début de la chute du régime voulu par le Général de Gaulle. Il n’y aura pas de miracle. L’instabilité politique et sociale ne va faire que croître, attisée par la répression de la police politique de Macron, que seule une autre force pourra contraindre à reculer.

Ironie du sort, le Conseil constitutionnel aurait fait supprimer les avantages contenus dans la réforme et à destination des représentants des forces de l’ordre. Il faudra se pencher sur les termes exacts de ces modifications, mais si c’est le cas, ces policiers, passés dans le camp du pouvoir, avec certes plus ou moins de zèle, se seraient faits enfler eux aussi. On peut parfaitement s’interroger sur la légitimité d’un gouvernement, soi-disant démocratique, mais qui a en permanence besoin de matraques et de canons à eau pour exister. Il n’y a plus ni démocratie, ni république, mais une macronie, coupée de toute base républicaine et même légale, en guerre permanente contre le peuple, avec tous les moyens dont elle dispose, usant de violence, de corruption par la subvention et transformant chaque instance susceptible de contre-pouvoir, en chambre de validation à sa botte : conseils, presse, parlementaires. Parmi ces derniers, de petits bras, appelant à voter Macron à des fins de « lutte contre l’extrême droite », sans se douter que Marine Le Pen, se risquant à faire le dixième de ce que fait Macron, aurait immédiatement été arrêtée par les contre-pouvoirs. Et que dire des Ciotti, ou Retailleau, permettant l’échec de la motion de censure, dans l’espoir sans doute d’obtenir un poste qui finalement, leur est passé sous le nez. Décidément, ils n’ont, les uns et les autres, pas compris qu’il ne fallait surtout pas croire aux promesses du président et se seront tous faits enfler.

« J’ai été réélu ! » clame Macron pour justifier une violence qui le pousse à promulguer une loi scélérate le soir même de la décision du Conseil, signant par là même l’évidence d’un passage en force au service d’intérêts supérieurs, comme l’explique à demi-mot, le commissaire européen Thierry Breton. Mais le divorce est donc consommé et l’intéressé ne veut pas laisser sa place, alors que la cohabitation avec les Français est devenue impossible. Il y a maintenant entre ce régime et le peuple, un fossé bien trop grand pour être comblé et il ne pourra se maintenir au pouvoir que par la cruauté, qu’il justifie comme légale.

Plus étonnant, ces voix qui s’élèvent pour expliquer lamentablement, qu’il faut « passer à autre chose », parce que le Conseil aurait parlé. Encore faudrait-il que toute cette procédure et tous ces hommes aient été clairs et propres. Vont-il nous servir à chaque épisode, cette formule qui revient à se soumettre ? Avec la même méthode violente, l’Europe va imposer la retraite à 70 ans, la vaccination obligatoire pour tout et n’importe quoi, les privations d’énergie, de nourriture et de propriété et pourquoi pas l’euthanasie, à l’issue d’une vie de travail et les mêmes moutons bêlants ressasseront qu’il faut « passer à autre chose » ? En ce qui nous concerne, nous pensons qu’il faut retrouver l’esprit gaulliste, c’est à dire, l’écoute et le service du peuple et de ses intérêts, rénover nos institutions, changer les hommes et établir des garde-fous susceptibles de pouvoir contrer les pires dérapages des pires dictateurs, afin de garantir cette forme de démocratie, à la laquelle nous avons cru en Occident et qui a permis, un temps, notre rayonnement.

14 avril 2023

Pourquoi la réforme des retraites n'est ni légitime, ni démocratique, ni constitutionnelle

Tiephaine Soter

L'un des arguments qui m'agacent le plus en ce moment dans les pseudo-débats sur la réforme des retraites est celui selon lequel il faudrait arrêter de dire que le gouvernement est passé en force de façon non démocratique, sous prétexte que la procédure du 49.3 est prévue dans la constitution et qu'il y a eu un "vote" avec la motion de censure...
Les tenants de cette ligne font semblant d'ignorer la différence entre Démocratie et Constitutionnalité, et semblent totalement ignares des questions sur la légalité, la représentativité et la légitimité. Accrochez-vous, ça va être un peu long, désolé, mais c'est comme ça.
En France, la Constitution indique que la Souveraineté est détenue par le Peuple, qui l'exerce à travers ses représentants, élus au suffrage universel.
Lorsque dans une élection, environ la majorité des électeurs décide de ne pas se déplacer aux urnes parce qu'aucun candidat n'est jugé digne de recevoir un vote, et que le candidat élu l'est avec entre la moitié et les deux tiers des votants, il est évident qu'on ne peut plus parler de représentativité de l'élu : la majorité de l'électorat n'a PAS voté pour lui.
L'Assemblée Nationale n'est PAS représentative du Peuple français.
L'Assemblée Nationale n'est pas le seul organe législatif : elle est doublée du Sénat, qui est formé par suffrage "universel indirect", c'est à dire que seuls les élus votent. Le Sénat ne représente que les élus eux-mêmes, et certainement pas le Peuple français. Or, il participe au processus législatif, peut amender des textes, peut en proposer, peut être à l'initiative de réformes, au même titre que l'Assemblée Nationale, sans pourtant être représentatif du Peuple français. Il n'a pas la même légitimité, il a pourtant quasiment les mêmes pouvoirs que l'Assemblée Nationale.
Puis vient le Gouvernement, dont le rôle constitutionnel est d'appliquer les lois : c'est le pouvoir exécutif. Le Gouvernement est censé être au service de l'Assemblée Nationale et du Sénat, eux-mêmes censés exprimer la volonté du Peuple français ; indirectement le Gouvernement est censé être au service du Peuple.
Or, le Gouvernement a pourtant l'initiative législative, détermine les ordres du jour des deux assemblées, et dispose de pouvoirs permettant de passer en force des réformes et des lois sans passer par la procédure législative habituelle : présentation du texte, discussions, amendements, débats sur les amendements, vote final. Le Gouvernement peut imposer d'interrompre la procédure à tout moment et de faire voter directement, en "engageant sa responsabilité". Rappelons que le Gouvernement est normalement un organe exécutif, pas législatif. Les membres du Gouvernement ne sont pas élus, mais désignés par un premier ministre, lui-même non élu, mais désigné par le Président de la République. On a donc un organe qui n'est ni démocratiquement désigné, ni légitime par rapport à l'exercice de la souveraineté française ("représentants élus au suffrage universel", rappelez-vous), qui agit hors de son cadre constitutionnel originel fondé sur la séparation des Pouvoirs mais bénéficie de pouvoirs de contrôle sur les deux assemblées.
Prétendre que ce système serait démocratique alors que par essence il ne l'est pas puisqu'il est de nature autocratique, c'est donc faire preuve d'une méconnaissance absolue des principes régissant le Droit Constitutionnel, qui ne se limite pas à la seule Ve République. [...] Le Droit Constitutionnel, ça inclut aussi et entre autres le préambule de la Constitution de 1946 et la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.
L'âge du départ en retraite, jusqu'en 2008, était fixé par convention collective de branche, c'est-à-dire négocié par les représentants des travailleurs avec les représentants des employeurs, puis validé par le vote des travailleurs et des employeurs. Démocratie directe, autodétermination, souveraineté, tout était parfaitement respecté.
À partir de 2008, réforme Sarkozy qui fait basculer les conditions de départ à la retraite dans le Code de la Sécurité Sociale plutôt que dans le Code du Travail. Le Code de la Sécurité Sociale ne permet plus aux salariés de décider de leurs conditions de travail, comme le prévoient pourtant les dispositions du préambule de la Constitution de 1946, puisque c'est désormais le Gouvernement qui en gère tous les aspects.
Inconstitutionnalité de la réforme, illégitimité absolue de l'action gouvernementale, mais tout passe crème malgré les protestations populaires.
Et donc on en arrive désormais à cette réforme de 2023, qui n'est ni légitime (décidée par un organe non élu), ni démocratique (imposée aux Assemblées, puis vote bloqué non sur la Loi mais sur la confiance au Gouvernement, deux choses qui n'ont rien à voir), ni constitutionnelle (puisque viole toujours le préambule de la Constitution de 1946).
Le Conseil Constitutionnel est un organe non élu, donc les représentants sont désignés pour partie par le Président de la République, pour partie par les deux Présidents des assemblées, eux-mêmes élus par les membres desdites assemblées. Le Conseil Constitutionnel n'est donc ni démocratiquement élu, ni garant de la Souveraineté du Peuple français dont il n'émane absolument pas. Il ne se saisit que sur décision politique, et peut même décider de ne pas statuer. Dans les faits, et c'est déjà arrivé, il peut noter des inconstitutionnalités mais valider quand même un texte.
Quiconque prétend que notre système est démocratique, et que notre système politique respecte la Constitutionnalité, est un baltringue qui méritera le même sort que ces foutus enculés qui prétendent nous gouverner.
Et histoire de bien finir de casser le débat, je vais sortir le quasi Godwin : en juin 1940, Pétain est arrivé au Pouvoir en toute légalité, selon les procédures prévues par la Constitution de la IIIe République. De Gaulle, lui, était un fuyard qui a abandonné son poste, appelait à renverser le gouvernement en place et à mener des actions violentes et de sabotage, et était condamné à mort pour ça par le régime. Qui est resté dans l'Histoire comme l'archétype du traître, et qui est vu comme l'incarnation de la Souveraineté du Peuple français ?
Parle-moi encore de légitimité, de constitutionnalité et de démocratie pour défendre la réforme des retraites, et ça va très mal se passer.