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7 mai 2023

La liberté, une valeur en perte de vitesse

Denis Collin

Les discussions auxquelles je participe sur FB, notamment à partir des sanctions prises contre deux professeurs de philosophie, révèlent à quel point est fragile l'idée de liberté. On trouve mille et une bonnes raisons pour sacrifier la liberté des professeurs, comme hier on trouvait mille et une bonnes raisons pour justifier les assassins de Charlie ou ceux de Samuel Paty.
La liberté est une valeur en perte de vitesse. Pris entre les administrations et les censeurs privés des divers groupes communautaires, on n'a plus le droit de parler, ou du moins ce droit se rétrécit dangereusement.
Voici encore un extrait ** La longueur de la chaîne ** (2011)
Résumons : la critique est interdite, de l’esclavagisme, de l’antiesclavagisme, du colonialisme et de l’anticolonialisme, du judaïsme, de l’islam, du christianisme, d’Israël, des États-Unis et des États arabes… Silence dans les rangs. Vous avez cependant le droit de dire tout le mal que vous voulez de Cuba, de l’Iran, de la Corée du Nord, et par un vieux réflexe vous pouvez même vous en prendre à la Russie ! Sans doute ces derniers pays méritent-ils d’être sévèrement jugés, mais on ne sache pas que les droits humains soient plus maltraités à Cuba qu’en Arabie Saoudite, que les droits des femmes soient mieux respectés dans les Émirats arabes qu’en Iran ou que la Corée du Nord soit vraiment plus dangereuse pour la paix que le Pakistan.
On pourrait ainsi multiplier les exemples, en nous tenant à la France : il n’est pas besoin d’aller aux États-Unis pour voir comment la pensée unique, le conformisme de masse, le puritanisme le plus ridicule et le plus tatillon exercent leurs ravages dans une démocratie transformée en jouet des groupes de pression et des oligarchies en tout genre. De la part de la droite française, cette hostilité à la liberté d’expression n’est pas vraiment surprenante. Seuls les jeunes gens peuvent ne pas savoir quel pesant conformisme faisait régner le gaullisme, à l’époque où l’adaptation, par Jacques Rivette, de La Religieuse de Diderot tombait sous les coups de la censure, à l’époque où François Maspero – en raison des ouvrages politiques qu’il publiait – et Jean-Jacques Pauvert – pour ses œuvres érotiques – croulaient sous les procès. Le « parti de l’ordre » est dans son rôle.
Plus inquiétant et plus étonnant semble le ralliement d’une partie de la gauche à la répression tous azimuts. Mais quand on y regarde de plus près, ce n’est pas si étonnant. Si la droite défend la propriété bien plus que la liberté, la gauche a été plus souvent qu’à son tour élitaire et autoritaire. Il n’est guère d’organisations aussi peu démocratiques que les syndicats et partis de gauche, mis à part les partis de droite ! Le succès français du « centralisme démocratique », ce produit d’exportation russe semblait peu compatible avec le tempérament qu’on dit volontiers frondeur et un peu anarchiste des Français. Pourtant, pendant plusieurs décennies, le Parti Communiste a réussi à imposer une formidable discipline des consciences à des centaines de milliers de citoyens, majeurs, indépendants, qui se sont essayés à la servitude volontaire. Il n’en va guère mieux avec le parti socialiste – sous ses divers avatars – qui, sans la force et l’efficacité du PCF, a une solide tradition de parti bureaucratique avec des mœurs semi-féodales.
Au fond, cette gauche française qui a renoncé depuis longtemps à secouer le joug du capital et de l’État et n’a rien d’autre à proposer que mettre des fleurs sur les chaînes de l’oppression et de la domination, est fondamentalement portée à mépriser la liberté. Tant que la droite et la gauche s’opposaient frontalement (selon la logique de la guerre froide), il restait à la liberté un espace dans ce conflit lui-même. Mais avec la fin des espoirs, des illusions ou des mystifications du « socialisme à la française », une fin qu’on peut faire remonter à l’automne 1981, pour ne pas dire au 21 mai de la même année, jour de la prise de fonction du président Mitterrand, l’exténuation du conflit droite-gauche conduit progressivement la vie publique au conformisme, au triomphe complet de la langue de bois. C’est ainsi qu’il est devenu impossible de distinguer par le style et le vocabulaire les textes des congrès des partis de droite de ceux des partis de gauche.

6 mai 2023

mélimélo

⬦ Imaginez que 10 millions de personnes descendent dans la rue pour protester et que tout se passe bien, qu’il n’y ait pas le moindre heurt, pas de black blocs, pas de casse, rien… que se passerait-il avec Macron ?
Rien.
Pierre Duriot

⬦ Au train où vont les choses en France, enseigner la philosophie et l'esprit critique sera bientôt interdit.
Je me prépare donc à prendre le maquis.
Message à la fois humoristique et sérieux, hélas !
René Chiche

⬦ Le monde n'est que rapport de force à tous les niveaux entre dominants et dominés. Tout le reste est accessoire.
Michel Rosenzweig

⬦ Ça fait un an que Macron a été réélu.
Le bilan est vite fait et sans nuances : totalement négatif, quel que soit l'angle de vision ou le thème abordé.
Même le barrage (pourtant très relatif) à l'extrême droite s'est transformé en tapis rouge.
Segundo Cimbron

⬦ Picasso n'a pas été monstrueux qu'avec ses femmes, il l'a été aussi avec ses enfants, ses petits-enfants, ses amis. C'était une personnalité à l'ego ibère-trophié.
Catherine Gaillard

⬦ Je n'avais jamais autant pris conscience du danger de la démagogie.
La démagogie, c'est la manipulation.
Le démagogue, c'est celui qui use de bonnes paroles et de belles promesses mais qui cache les intentions malhonnêtes qu'il y a derrière.
Malheureusement, beaucoup de gens tombent dans le panneau.
Véronique Faucheux

⬦ Ils ont inventé les attestations de sortie à se donner à soi-même, verbalisé ceux qui restaient assis tout seul à la plage, fermé les rayons chaussettes et petites culottes.
Ils inventent les interdictions de manifester, de distribuer des tracts, de casseroles et de petits cartons colorés.
Quand il s'agit d'être ridicule, leur imagination est sans borne.
C'est que leur trouille de l'expression populaire tourne à la panique.
Segundo Cimbron

⬦ Je me marre... les sorties du président, c’est le seul cirque où les clowns sont plus nombreux que les spectateurs.
Pierre Duriot

⬦ Le journalisme de connivence est le pire ennemi du journalisme. En un mot, c'est le fait de couvrir la doxa, laquelle n'est autre que le récit des puissants et de taxer de complotistes ceux qui informent le peuple, c'est-à-dire ceux qui font vraiment du journalisme.
Alexis Haupt

⬦ « Aujourd'hui il est très populaire, Édouard Philippe. » (Élodie Huchard, journaliste politique)
C'est quand même dingue, toutes ces choses qu'on ne savait pas, dont on n'avait aucune idée. Heureusement qu'on a de vrais "journalistes politiques" pour nous rappeler aux réalités du pays.
Catherine Gaillard

⬦ Un journaliste qui n'a pas été taxé de complotiste au moins une fois au cours de ces 2 dernières années doit se remettre en question de toute urgence.
Alexis Haupt

⬦ Je me demande comment qualifier un pays qui rejette le référendum depuis 2005, qui surveille, contrôle, diabolise, matraque, gaze, bâillonne, censure et criminalise ses oppositions et qui contourne tous les contre-pouvoirs. Je me demande ce qu'est un pouvoir en rupture qui n'entend plus et n'écoute plus le peuple qu'il gouverne. Si c'est la définition d'une démocratie, alors je n'y comprends plus rien.
Yann Bizien

⬦ Sur le service public de l'information, se référer à la révolution française est désormais assimilé à un appel à la violence...
Prochaine étape ? Remplacer le 14 juillet par le 9 thermidor comme Fête Nationale et la Marseillaise par "Maréchal nous voilà" ?
Segundo Cimbron

⬦ Quand je pense à ce que renvoie le nazisme pour moi, il y a :
- une inversion totale des valeurs
- le mensonge et la propagande
- la déshumanisation
- la perte de sens
- un cauchemar éveillé qui nous plonge dans l'horreur absolue.
Est-ce le monde dont nous voulons pour demain ?
Pourtant, c'est ce monde qui est en train de se construire, là devant nous.
Il va falloir se battre de plus en plus pour retrouver des valeurs justes, du sens et de l'humanité.
Véronique Faucheux

⬦ Leçon de totalitarisme pour les Nuls
Le totalitarisme, c'est mieux de le combattre quand on en voit les prémices et non une fois qu'il est bien ancré.
Alexis Haupt

⬦ Ce n'est pas avec ceux qui ont détruit l'école qu'on pourra la reconstruire.
Ce n'est pas avec ceux qui ont abîmé le contrat social qu'on pourra le réparer.
Ce n'est pas avec ceux qui rusent et qui mentent en permanence qu'on pourra avancer.
Un bon coup de balai d'abord.
Désolé d'être aussi franc.
René Chiche

5 mai 2023

Compostons !

H16

Le 11 février 2020, alors que le monde d’avant était sur le point de passer au monde d’Absurdistan d’après, une loi contre le gaspillage était votée (ENFIN !) permettant la mise en place d’un certain nombre de mesures obligatoires qui – chic alors – rentrent bientôt en application.

Ce fut une petite loi bien goupillée, passée complètement inaperçue, mais dont les conséquences seront sans nul doute importantes et qui mettront du baume dans le cœur des Français en ces périodes d’agitations sociales : il est maintenant question de mettre en place une vraie stratégie de lutte contre le gaspillage qui passe forcément par la mise en place de solution de compostage à domicile. Oui, vous avez bien lu : au premier janvier de l’année prochaine, les Français vont devoir composter, composter, composter comme si leur avenir en dépendait.


Vous vivez en appartement, ou votre maison ne dispose ni de balcon, ni de jardin ? Peu importe, le combat sera le même : vous allez joyeusement participer, d’une façon ou d’une autre, à ce compostage compulsif et entasser quelque part vos pelures de bananes religieusement, pour sauver Gaïa et votre portefeuille (des amendes qui pleuvront sur les récalcitrants). Car tout le monde le sait : le tri des déchets biodégradables permet de lutter contre le gaspillage alimentaire et produit un engrais biologique pour vos plantations, pardi !

Vous n’avez pas de plantation ? Ce n’est pas la question. On vous dit de composter, vous compostez sans barguigner car si ce n’est pas bon pour vos plantations inexistantes, c’est excellent pour l’environnement, l’économie, la lutte contre le gaspillage et la syntonisation du peuple avec la Nature.

Cette lutte contre le gaspillage n’est pas nouvelle. En pratique, cela fait même plus de dix ans que nos gouvernants se sont persuadés que la France se vautrait dans le gâchis le plus pernicieux. Poussée par ceux-là, l’ADEME a établi à 30 kilogrammes la quantité d’aliments jetés par Français et par an.

Quelle masse ! Une horreur. Quasiment un tsunami de gâchis ! 30 kilos par an, mes petits amis, ça fait une sacrée quantité qui, ramenée à la journée, représente … 82g.

Notons au passage que, de brumeux calculs en statistiques foireuses, les articles consacrés à la question font quant à eux état d’un solde subitement gonflé à 83 kg (soit 227 grammes par jour).

82 ou 227 grammes, on voit tout de suite l’ampleur de la catastrophe : enfer, damnation et tupperware mal fermé ! Entre les miettes tombées au sol et les épluchures un peu trop épaisses, sans compter le lait oublié dans la porte du frigo et le camembert un peu trop fait, les Français sont victimes de la société de surconsommation que même l’inflation galopante des prix ne semble pas entamer : non content d’éplucher leurs patates, ces riches Français bedonnants le font hardiment en laissant trop de nourrissant tubercule sur leurs pelures !

On voit à quel point une loi s’imposait.

Et puis il fallait agir : non seulement, les autres sujets sociétaux, politiques, économiques ou sécuritaires ont été brillamment traités et résolus (qui peut le nier ?) mais de surcroît, absolument tout le monde se plaint maintenant du volume insupportable de nos déchets alimentaires !

Oui, tout le monde. Les petits, les grands, les journalistes, les philosophes, les experts de plateau télé, les politiciens, les charcutiers, les facteurs et les retraités de Palavas-les-Flots. L’opinion est claire et n’en peut plus de ces montagnes perdues par le méchant gaspillage de ces adultes et de ces enfants qui ne mangent pas tout leurs légumes. C’est bien simple : les sondages sont formels, puisque 98,3% des individus sont contre le cancer, la pollution et le gaspillage alimentaire.

Il était donc absolument nécessaire de culpabiliser un peu les Français qui vivent trop souvent dans l’insouciance que l’opulence de notre pays leur permet un peu trop facilement. C’est dit : il va maintenant falloir manger *tous* vos légumes qu’on vous dit. Et si vous refusez, ne venez pas vous plaindre qu’on passe rapidement à la farine d’insectes pour tout remplacer, non mais.


Bref, on l’a compris : ça gaspillait à tout va, la loi s’applique, et à présent, l’obligation de composter va mettre de l’ordre dans tout ça.

On respire un peu mieux d’avoir évité le cataclysme éco-climatique, mais il reste quelques questions pratiques : comment tout cela va-t-il se passer ?

Ne vous inquiétez pas, tout a été prévu : ce sera à la fois simple et totalement pratique.

Où que vous soyez, vous devrez vous procurer un composteur ou, mieux encore, un lombricomposteur dans lequel s’égailleront de charmants vers de terre, dans lequel vous entasserez vos épluchures diverses pendant plusieurs mois selon les conditions de température et d’hygrométrie.

Les grandes périodes de chaleur (probable puisque le climat se réchauffe, vous assure-t-on), les périodes de froid intense (probable aussi puisque le climat se dérègle, vous assure-t-on aussi), les périodes pluvieuses, les périodes sèches se succèderont et votre compost va simplement vivre sa petite vie, à condition d’effectuer quelques opérations simplissimes (je cite l’article) comme bien mélanger les déchets en faisant des couches, en aérant le compost régulièrement, en contrôlant son humidité, en faisant une rotation avec de multiples bacs de compost, …

Vraiment, comment ne pas se réjouir à l’avance de ces nouvelles tâches ménagères qui n’attireront ni les mouches, moustiques et autres insectes rigolos, ni les rongeurs et les renards pour les composts des jardins ou des balcons ? Et comment ne pas exulter d’avance lorsqu’à la faveur de températures torrides, le compost parfumera le foyer ?


On imagine déjà tout le bonheur que seront les petits composts des uns et des autres en campagne et dans les petites villes tranquilles. Quant aux composts collectifs de grands ensembles dans les cités émotives, on peut gager qu’ils seront un nouveau point de passage de la citoyenneté renouvelée de ces quartiers créatifs ! La réussite est garantie !

L’aspect obligatoire de ces composts, avec des amendes à la clé (ni trop salées, ni trop sucrées, rassurez-vous) garantit que tout le monde fera un petit effort pour la nature. Il tarde déjà à l’observateur moyen de voir comment seront contrôlés ces composts, notamment dans ces cités riantes, tout comme on espère enfin la mise en place de vraies Patrouilles de Gaïa, avec tasers (exclusivement chargés à l’électricité verte) et gaz lacrymo (bio garanti sans bisphénol).

Les esprits chagrins se demanderont (in peto) pourquoi on leur impose la mise en place de quelque chose qui avait été progressivement banni des villes pour éviter la prolifération de la vermine et de certaines maladies. Les pragmatiques conserveront le silence en observant calmement que si ces composts sont si géniaux, ils ne devraient avoir aucun mal à s’imposer naturellement à tous et qu’a contrario, s’ils ont quelques défauts rédhibitoires, les imposer n’est probablement pas une bonne solution…

Le silence règnera donc devant ce qui apparaît une fois de plus comme une perte de liberté, notamment celle de ne pas avoir de détritus pourrissant pendant des mois dans son foyer. Moyennant quoi, les diktats verdolâtres continueront de s’étendre inexorablement.



4 mai 2023

[Covid]

Réintégration des personnels suspendus : une première victoire. Reste à obtenir le versement des indemnités.


Nicolas Dupont-Aignan

3 mai 2023

Vincent Verschoore

Moment difficile pour les covido-fascistes et leurs relais médiatiques, politiques, médicaux et institutionnels : la réintégration des non vaccinés covid (car vaccinés pour tout le reste) est un peu le clou final dans le cercueil de leur crédibilité.
Tant de corruption, tant de propagande, tant de mensonges et de mauvaise foi, pour en arriver là !
« Ainsi, [le Dr Mathias Wargon], devenu dans les médias l'un des fers de lance de la promotion du vaccin face aux doutes des récalcitrants », comme l’écrit Le Figaro, confie à RMC : « On a porté la campagne de vaccination, on s'est pris des seaux de matière fécale – pour être poli – sur la tête, sans grand soutien du gouvernement, [...] et d'un seul coup, on nous dit même pas merci et, finalement, on va les réintégrer, [...] on lâche, quoi. »
« On est profondément écœurés, et c'est un sentiment collectif ! » ajoute, de son côté, le Dr Jérôme Marty.
Pour ces propagandistes de Big Pharma, les notions de bénéfice-risque, de choix personnel, de taux astronomique d'effets indésirables (pour une vaccination en population générale face à une maladie non létale pour la majorité des gens) n'existent pas.
Pire, ils sont la cause d'une grande perte de confiance de la population envers l'institution dite de santé. Au fur et à mesure que sortent les différents aspects du scandale, les gens de bonne foi se rendent compte de l'ampleur de la manipulation.
C'est eux qui devraient être suspendus, à un rail de chemin de fer, et recouverts de goudron et de plumes.

Réforme des retraites, le chaos et le désastre

Maxime Tandonnet


Il faut le dire et le répéter. La réforme des retraites, en particulier les 64 ans qui provoquent la colère, est inutile et injuste. L’âge moyen d’entrée sur le marché du travail en France est de 22, 5 ans (INSEE). Le nombre d’annuité nécessaire pour toucher une retraite à taux plein est de 43. Dès lors l’âge moyen théorique de la retraite n’est pas 62 ans, mais plutôt 65,5 ans.

Les 64 ans ont en vérité pour objectif de faire travailler, au-delà de 43 annuités, les personnes, en minorité, entrées sur le marché du travail avant 21 ans, ayant fait peu d’études, notamment les travailleurs manuels. Dans la plus grandes opacité, plusieurs aménagements en faveur des carrières longues permettent à certaines classes d’âge d’éviter ce couperet, mais il reste des poches d’injustice non réglées grâce auxquelles le pouvoir peut se targuer de quelques économies, évidement infinitésimales au regard des 560 milliards de dettes accumulées par le pouvoir macroniste en deux ans (Cour des Comptes).

Alors pourquoi cette réforme ? Fondamentalement emblématique, elle symbolise la poigne jupitérienne et la mise en œuvre de la volonté présidentielle de « transformer la France ». Elle exprime la détermination du pouvoir macronien à faire plier une Nation qui refuse les 64 ans en raison de leur caractère injuste, visant les « sans-dents », les « Gaulois réfractaires », « ceux qui ne sont rien et ne peuvent même pas se payer un costume », les « fainéants » et les « illettrés ». Elle incarne la morgue et le mépris de la sphère dirigeante actuelle envers les gens, le peuple. Nous sommes dans une violente épreuve de force emblématique, une logique de guerre civile entre d’une part ceux « d’en haut » qui prétendent faire le bien du pays contre lui-même, c’est-à-dire l’équipe au pouvoir retranchée derrière les murs de ses palais dorés et les cordons des forces de l’ordre, et d’autre part la population de ce pays dans son immense majorité souvent en souffrance sociale, qui soutient la contestation à cette réforme.

Ce qui s’est passé le 1er mai est une honte absolue. Le pays a sombré une nouvelle fois dans la violence, le sang et les flammes. Plus de 100 policiers ont été blessés, dont un grièvement brûlé. Ces chiffres, qui s’accumulent depuis quatre mois, montrent la profondeur du chaos dans lequel la France a durablement sombré. l’image que donne la France à l’étranger est celle d’un pays dévasté. Évidemment les auteurs de ces abominations contre les forces de l’ordre sont des criminels. Mais ceux qui ont provoqué par autocratie, aveuglement et exubérance vaniteuse les circonstances de cette tragédie, sont eux aussi impardonnables.

Rarement, la politique française n’avait sombré dans un tel niveau de déchéance depuis 1945. Le pouvoir macroniste est évidemment le principal responsable de ce fiasco et de ce chaos. La gauche mélenchoniste n’a jamais fait que souffler sur les braises de la violence. La droite lepéniste – modèle de discrétion – se frotte ostensiblement les mains en espérant tirer les marrons du feu de cette calamité en 2027… Mais c’est loin 2027. La droite classique a choisi le camp macroniste de cette réforme absurde et injuste, contre le pays, manquant une occasion historique de se poser en protectrice du peuple.

Il reste une poignée de responsables politiques, dont Charles de Courson et d’autres, en dehors d’une logique partisane, qui ont montré le cap de la sagesse, de l’apaisement, du sens de l’État et de la vision historique. Evidemment sans être écoutée tant le climat est à l’aveuglement, au délire vaniteux, à la courtisanerie. Dans les périodes de trouble profond, le redressement part toujours d’une infime poignée de visionnaires. S’il reste une lueur d’espoir pour l’avenir de la France, certes faiblarde, elle est à chercher de ce côté-là.

https://maximetandonnet.wordpress.com/2023/05/02/reforme-des-retraites-le-chaos-et-le-desastre/

« Cela devient presque normal de passer deux jours au trou pour avoir manifesté »

Eric Vial

Arrestations durant les manifestations contre la réforme des retraites : 80 % des dossiers classés sans suite par le procureur, et les 20 % restant « ressortent libre en comparution immédiate ».
La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) vient de publier un rapport alertant sur les conditions de détentions des personnes placées en garde à vue en France dans le cadre de la contestation contre la réforme des retraites. La CGLPL s’inquiète de voir que des principes fondamentaux du droit français et européen ne sont pas respectés.
Elle constate dans l’immense majorité des cas des « arrestations arbitraires », des « interpellations violentes », des « procès-verbaux incomplets voire défectueux ». Pire la contrôleuse relate des incarcérations dans « des cellules indignes » et « des fouilles en sous-vêtements »…
Dans ce rapport de 30 pages, les officiers de police judiciaire interrogés par la contrôleuse reconnaissent ne pas connaître les raisons des interpellations des manifestants mais se disent « solidaires » de leurs confrères. Certains policiers expliquent « qu’ils avaient l’ordre d’interpeller des personnes présentes dans une zone », sans plus.
Dans Libération, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté raconte : « Pour la large majorité des personnes que nous avons vues, il n’y avait aucune preuve (…) Ce sont des sortes d’arrestations préventives, arbitraires ». Elle considère que si la Police « arrête les gens le samedi, elle est «tranquille» jusqu’au lundi ». Elle ajoute : « nous avons échangé avec des gardés à vue qui se plaignaient d’avoir été malmenés pendant leur interpellation. Je veux bien entendre que des policiers soient fatigués, qu’ils n’en peuvent plus de se faire insulter pendant des heures. Mais c’est contre-productif de brutaliser les gens, sans compter le fait que c’est illégal ».
La CGLPL constatant que le Droit des personnes n’est pas respecté a donné quinze jours au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin pour répondre et mettre fin aux « dérives » caractérisées et liberticides.


Sauver la peau du président ?

Pierre Duriot


Les analyses de la violence des manifestants et des policiers, sont assez simplistes, dans les médias, qui s’appliquent à nous servir le monde manichéen dont ils ont l’habitude. Les bons Ukrainiens, les méchants Russes, le méchant virus et le bon vaccin, le gentil démocrate incompris et la méchante d’extrême droite, le bon migrant et le méchant xénophobe. Tout cela tombe avec le temps, mais sur le moment ça marche et deux semaines après, il faut « passer à autre chose », nous disent maintenant les ministres, avec les mêmes rebonds dans la voix, que quand ils serinaient, « la seule solution, c’est la vaccination ». Et les pseudos journalistes de répercuter : « c’est inadmissible dans une démocratie », devant les images de policiers molestés.

La première des violences est bien la violence d’État, qui se comporte comme un père qui bat sa femme, tout en enseignant à son garçon, qu’il ne faut pas battre sa femme. L’État bat son peuple, le brime, le ruine, le confine, le tue au travail, l’empêche de se soigner, de se nourrir, d’avoir des loisirs, lui demande d’être économe, écologique, frugal et respectueux, tout en faisant l’exact contraire de tout cela. En faisant l’exact contraire, avec en plus, un effet d’affichage, d’arrogance même : oui, mais nous, on a le droit de ne pas respecter la loi qu’on édicte. Insupportable. Mais il va plus loin, il laisse mourir les entreprises, alors qu’il pourrait sortir des tarifs européens de l’énergie, pour sauver les emplois et l’activité : il ne le fait pas et tout le monde le sait. N’est ce pas d’une grande violence ? La population est à l’image de ses gouvernants, devenue violente, de manière systémique, puisque le pouvoir ne répond plus que par la violence, de manière systémique également.

On ne peut pas s’émouvoir du policier en feu, plus que du Gilet jaune amputé. On ne peut pas condamner le jusqu’au boutisme des casseurs et accepter le jusqu’au boutisme du 49.3. On ne peut pas expliquer qu’il ne faut pas manquer de respect au président, quand le président évoque ceux qui ne sont rien. Et les solutions à cette violence systémique passent par des mesures qui ne résolvent rien. Par exemple, le président du syndicat des petits commerces explique qu’il faut penser à des indemnisations pour les commerçants qui se font fracasser leurs vitrines, parce qu’ils sont sur les itinéraires des manifestations. Ou alors, il préconise qu’on change de temps en temps les itinéraires, pour mieux répartir la casse, sans doute ? Le mieux ne serait-il pas de supprimer la casse ?

Violent toujours, le gouvernement n’écoute que si on casse et encore. Imaginez que 10 millions de personnes descendent dans la rue pour protester et que tout se passe bien, qu’il n’y ait pas le moindre heurt, pas de black-blocs, pas de casse, rien… que se passerait-il avec Macron ? Rien. Avec cet homme là, violent systémique lui aussi, on aurait droit à son traditionnel « Les Français m’ont élu », synonyme pour lui de « Je fais donc ce que je veux ». Clairement, la France a quitté le groupe des démocraties pacifiques, parce qu’elle n’est simplement plus, de fait, une démocratie dans laquelle, quand le peuple revendique, on l’écoute, on discute, on amende. Il n’y a plus rien de tout cela, on envoie les policiers à la baston, parmi lesquels, beaucoup commencent à douter du bien fondé des ordres et des missions.

Mais l’État fait pire, il sait qui sont les casseurs, il sait où ils habitent, il en laisse même venir de l’étranger, peut-être même qu’il commande leur venue et il ne les arrête pas. Il les laisse faire, casser, piller, blesser les forces de l’ordre et invoque les blessures subies par les forces de l’ordre, pour justifier encore plus de violence, non pas contre les casseurs en question, mais contre le peuple. Et cet État se situe, en ce moment, exactement juste avant l’ordre de tirer sur la foule, à balles réelles, achevant ainsi de passer officiellement dans le camp des dictatures. Et expliquer qu’on peut le faire, parce qu’on est les gentils, qu’on n’est pas l’extrême droite, ne trompera personne. Il y a une incongruité quotidienne à expliquer que le danger de l’extrême droite, c’est les autres et à se comporter comme un gouvernement d’extrême droite, qui n’écoute pas, ne discute pas, mais passe son temps à cogner, parce qu’il s’autoproclame le camp du bien.

Il serait pourtant possible de faire cesser cette folie, qui se cristallise autour de la personne du président, qui voulait qu’on aille le chercher. Il sait qu’il en est proche et se barricade, pire qu’un dirigeant de Corée du Nord, pour aller au foot. Avec une procédure de destitution, les motifs ne manquent pas, les députés arrêteraient cette violence et sauveraient également, en même temps, la peau du président dont la seule mention, la seule apparition, hérisse désormais, le poil de toute la nation. Il s’agirait, dans le respect de la constitution, d’une exfiltration symbolique et salutaire, qui apaiserait les tensions, au moins quelques temps et permettrait de lever la soupape d’une cocotte minute sociale et économique, qui n’en finit plus de monter en pression.

L’impasse…

Gilles La Carbona


L’ONU épingle la France pour, entre autres, ses violences policières lors des opérations de maintien de l’ordre au cours des manifestations.

Les agissements de la Macronie sont désormais sous les feux internationaux. De nombreux pays choqués font entendre leur désapprobation, d’autres dont on aurait pu penser qu’ils ne viendraient jamais pointer des travers qui étaient les leurs, se permettent de nous tancer à présent. Même la Russie s’est autorisée à faire part de son inquiétude. Dire qu’il y a peu encore, la France accusait Poutine d’être un tyran. Macron qui se prétend ne pas en être un, aimerait avoir le même soutien que le président russe, qui dispose de 80% d’opinions favorables, selon un sondage US. Notre prince a presque le même score, mais pour un sentiment inverse. Bien entendu la représentante de la macronie à l’ONU a tenté d’expliquer qu’il n’en était rien, mais qui va la croire ? Elle n’est que le relais d’un pouvoir menteur qui n’a plus de légitimité et le monde entier s’en rend compte un peu plus tous les jours.

Il nous avait dit, depuis l’Élysée, qu’il se donnait 100 jours pour ramener le calme et la confiance. Mais comme tout ce qu’il entreprend sans pouvoir truquer le résultat, se solde par une catastrophe. Il y a d’abord ses déplacements et ceux de ses ministres, qui sont désormais impossibles sans une armée de CRS. Il y a eu ensuite la finale de la coupe de France, qui aurait pu lui permettre de tenter un coup de poker : il ne s’y est pas risqué. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire, n’est pas le Cid qui veut. Macron n’est pas Rodrigue et samedi soir, il a prouvé que du cœur il n’en n’avait pas. Il ne s’est pas précipité pour venger le déshonneur qui le suit et dont il ne perçoit pas les effluves, trop habitué à croire faux ce qui est vrai et vrai ce qui ne l’est pas. Habitué à une bouillie sémantique orwellienne, pour s’exonérer de tout, il est soudainement devenu inaudible. Muré dans son vestiaire comme dans sa folie, la peur l’a rattrapé. Il entendait se présenter comme un guide, c’est tout l’inverse qui s’est passé. Un chef au moment où il apparaît suscite le respect. Le silence s’installe, quand il parle, l’attention s’impose. Avec Macron c’est exactement tout le contraire qui se produit.

Sa vue, sa voix, tout dorénavant, provoque une réaction épidermique qui conduit à la colère. Ce 1er mai nous prouve que le calme qu’il voulait rétablir est irréaliste. Sa gouvernance est impossible, il n’avait plus qu’une solution, demander l’arbitrage des urnes, mais au vu de l’évolution de la situation, ce ne sera, c’est à craindre, plus suffisant. Son départ est désormais l’unique épilogue à ce triste épisode de notre histoire. Le fait qu’il se soit terré dans le stade lors de la finale n’a été que l’aveu de son impuissance à retrouver la confiance, ainsi que son incapacité à être ce qu’il prétend incarner. Il n’est ni Jupiter ni Napoléon, sauf à prendre le chemin d’un exil comme l’ogre Corse. Il n’a ni son génie, ni sa hardiesse. L’homme est désormais seul et nu, de plus en plus illégitime, il ne peut plus avancer sa réélection pour faire taire le peuple et justifier de ses actions. Il ne peut plus se contenter de cette défense, ni ignorer l’évolution des mentalités, des désirs. Il est resté bloqué en avril 2022, persuadé qu’après sa réélection, il ne pouvait être comptable de rien envers personne et qu’il disposait d’un chèque en blanc.

Ce qui était vrai il y a un an ne l’est plus aujourd’hui, le temps n’a pas joué pour lui et persiste à le pousser vers une fin qui pourrait s’annoncer dramatique. C’est à se demander si son élection a bien été juste et légale tant le revirement s’est fait avec rapidité et haine. L’homme apparaît comme un usurpateur, officiellement détesté par l’immense majorité d’un peuple qui n’en veut plus. Il est à craindre que, blessé dans son orgueil d’enfant gâté, il ne veuille se venger sournoisement comme il sait le faire. Mais comble de malheur, voilà que la note de la France vient d’être baissée, ce qui devrait entraîner des restrictions et des tensions supplémentaires sur le pouvoir d’achat. Bref les difficultés s’accumulent et la réforme des retraites, qui devaient être le gage d’un financement pérenne, n’aura servi à rien.

L’homme est fini, il ne reste plus qu’à le destituer pour retrouver le calme, s’il n’a pas compris que désormais son obstination s’oppose à celle d’un peuple qui ne baissera plus les bras, alors il n’a rien compris et sa chute sera bien plus dramatique qu’il ne le pense. Les députés, pour sauver le peu de dignité qui leur reste, devraient lui rendre ce service, à défaut de placer l’intérêt du pays au-dessus de tout. Vont-ils laisser la France dans la tourmente depuis ce 49.3 odieux et le non moins infâme jugement de ce Conseil constitutionnel qui devra tomber avec lui, si l’on veut afficher une respectabilité institutionnelle ? Les images de ce 1er mai, qui feront encore la une des journaux étrangers, affichent le chaos dans lequel Macron et ses complices ont mené notre pays. Il faut l’arrêter pour sauver le pays, et mettre à l’abri un homme que la colère populaire finira par emporter, si nos parlementaires persistent à attendre du peuple qu’il fasse ce dont ils refusent de s’acquitter : une destitution.

2 mai 2023

Affaire Ursula von der Leyen: quand les médias français méprisent le devoir d’informer

Chloé Lommisan - France-Soir

Ursula von der Leyen, le 19 avril 2023, à Belfast (Irlande du Nord)
NIALL CARSON / POOL / AFP

JUSTICE - Après une plainte pénale déposée en Belgique contre la présidente de la Commission européenne, l’affaire dite des SMS prend une nouvelle tournure. Le juge chargé de l’instruction devra maintenant avoir accès aux messages échangés en catimini entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla, le PDG de Pfizer. Du fait d’une suspicion de négociation “hors cadre” d’un méga-contrat d’achat de vaccins, ne pas livrer ces SMS considérés comme des documents administratifs constituerait une infraction pénale. Dans le cas de leur destruction, la présidente von der Leyen, en tant que dépositaire de l’autorité publique, devra s’expliquer devant la justice. Le rebond de cette affaire, qui pourrait révéler l’existence “d’un pacte de corruption”, selon l’avocate française Diane Protat, n’est aucunement évoqué dans la presse française, à de rares exceptions près dont France-Soir et l’Humanité. Mais où est passé le devoir d’informer ?

Certes, les contrats sur les vaccins négociés par SMS interposés entre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne et Albert Bourla, président du géant pharmaceutique Pfizer, ont fait couler beaucoup d’encre.

Plusieurs articles se sont préoccupés de détailler les méandres administratifs du dossier, lorsque des députés européens ont invité, à deux reprises et sans succès, le PDG de Pfizer à venir s’expliquer devant le parlement européen.

Conflits d'intérêt ? Corruption ?

Depuis octobre 2022, une enquête est en cours au sein même des instances européennes. Par la suite, en décembre, l’association BonSens a initié une procédure devant la Cour de l’État de New York afin d’obtenir la publication des fameux SMS, qui alimentent de lourds soupçons de conflits d’intérêts, voire de corruption à l’encontre de la présidente de la Commission européenne.

En effet, aucun document officiel ne relate exactement les conditions officielles de la négociation du gigantesque troisième contrat d’achat de vaccins Pfizer, portant sur 1,8 milliard de doses, pour un montant supérieur à 70 milliards d’euros.

Si cette démarche n’a pas été beaucoup relayée par la presse, le 25 janvier 2023, le New York Times  (NYT) attaquait en justice à son tour la Commission européenne, dans un objectif comparable.

Le 5 avril 2023, le lobbyiste Frédéric Baldan a déposé une nouvelle plainte, cette fois au pénal en Belgique, devant le juge d’instruction Frenay à Liège. Sa plainte concerne directement la question du troisième contrat d'achat de vaccins et le fait que, de façon manifeste, sa négociation a été menée en dehors du cadre habituel de négociation de ce type de contrat, en court-circuitant un comité de pilotage chargé d’évaluer les offres. Or, Ursula von der Leyen ne dispose d’aucun mandat qui l’autorise à intervenir dans ce type de marché.

Le droit belge bénéficie d’une particularité. Un dépositaire de l'autorité publique qui porte atteinte à un droit garanti par la constitution de façon arbitraire risque une peine de prison (article 151 du code pénal). En l’occurrence, le droit de laisser tout citoyen accéder à des documents administratifs.

Une plainte avec constitution de partie civile automatique (contrairement à la France, la décision d’une saisie du parquet par le juge n’est pas à attendre) est par conséquent enregistrée pour usurpation de fonctions, usurpation de titre, destruction de documents publics, prise illégale d'intérêts et corruption.

Cette affaire est un véritable séisme sur la scène politique européenne, déjà impactée par des soupçons de corruption à l’encontre de la commissaire européenne chargée de la santé, Stella Kyriakidou et le scandale du QatarGate.

Gabegie

Alors que les instances européennes n'ont pas voulu permettre aux citoyens de faire la lumière sur les conditions d’achat dispendieuses de vaccins, une solution judiciaire pourrait donc avoir été trouvée à l’échelle d’un Etat et de sa juridiction, en l’occurrence la Belgique.

Par ailleurs, une dizaine d’États européens, dont la Pologne et la Bulgarie, se questionnent désormais sur le prix d’achat des doses et s’inquiètent quant à l’obligation de devoir recommander des produits qui, au-delà de leur efficacité réelle ou non, ne servent plus à rien alors que le phénomène épidémique de la Covid-19 est terminé.

En France, 46 millions de doses restent sur les bras de l’administration de santé et vont être gaspillées. Ce sont plus de 30 millions de doses en Italie et plus de 10 millions en Belgique. Une vraie gabegie. Comment soutenir - ou avoir pu soutenir l’idée - de devoir alors racheter des doses supplémentaires sous peine d’être poursuivi pour non-respect d’un contrat commercial… que personne ne peut consulter ? Ou, pire, qui tiendrait d’un accord aussi secret que complice conclu au détour d’un envoi de SMS ?

Cette situation, tout à l’avantage de l’industrie pharmaceutique, et principalement de Pfizer qui a fait la razzia sur plus des trois quarts des contrats de vente, fait dire à la députée européenne Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Michèle Rivasi :

“On dirait que ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui ont tenu la plume au niveau de la Commission européenne”.

La députée a pu s’exprimer et détailler l’affaire chez nos confrères de l’Humanité, qui mènent notamment l’enquête sur leur chaîne YouTube depuis plusieurs semaines. Valeurs actuelles a abordé le sujet, dans une chronique de Patricia de Sagazan. Le site d’actualités européennes Euractiv a traité l’information. Sud-Radio a couvert cette actualité grâce à André Bercoff, en laissant la parole à Maître Protat et Frédéric Baldan.

Et c’est à peu près tout, à l’exception de France-Soir, bien évidemment, qui suit ce feuilleton judiciaire depuis le début.

Un silence désastreux pour la démocratie

Un feuilleton qui pourrait devenir un scandale judiciaire et politique majeur. En effet, la présidente de la Commission européenne, qui a déjà un passé agité avec la justice allemande lorsqu’elle était ministre de la Défense, a montré de nombreux signes d’amitié troublants envers Albert Bourla.

La nature des SMS échangés doit être exposée au public de façon à ne pas discréditer davantage les institutions européennes, court-circuitées par la seule volonté de von der Leyen à traiter unilatéralement cette affaire. Des institutions européennes qui souffrent manifestement d’un point faible structurel inquiétant, celui d’être trop exposées à la puissance des lobbys industriels et financiers.

Depuis le début de la crise sanitaire en 2020, les médias français montrent une désarmante inactivité sur ces dossiers. La déontologie relative à la charte de Munich, qui doit garantir aux citoyens une information objective et factuelle quant aux périls qui menacent la chose publique et l’intérêt commun, est oubliée.

Ce silence est grave pour la démocratie et la stabilité de la sphère politique en Europe. Alors que la défiance des citoyens envers les médias ne cesse d’augmenter en France, cette situation fâcheuse nuit aussi à l’image de la France, sans réaction face aux manquements des institutions supranationales qui la régissent désormais en grande partie. 25/4/2023

https://www.francesoir.fr/politique/affaire-ursula-von-der-leyen-quand-les-medias-francais-meprisent-le-devoir-d-informer