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9 mai 2023

Le président d’un pays vidé

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire


Macron, plus pathétique que jamais, nous a offert un 8 mai excentrique et désaxé. Il a commencé par descendre des Champs-Elysées vidés de la foule habituelle des commémorations, avec au niveau de l’Arc de Triomphe, un immense écran projetant son visage. Son culte de la personnalité dépasse tout ce qu’on pouvait craindre. L’homme s’invente une popularité dont il ne jouit plus et une ferveur imaginaire. Mais pourquoi se priverait-il de ces écarts, puisque le protocole suit ? Les images de cette avenue vide vont faire le tour de la planète, confortant l’idée que l’homme qui dirige la France est un mégalo, totalement hors sol, qui efface son peuple pour ne pas entendre sa colère. Se rend-il compte de la symbolique qu’il envoie au monde entier ? Certainement à contre-sens, comme tout ce qu’il fait, puisqu’il se vautre dans cette mise en scène grotesque.

L’indignité dont il fait preuve ne choque visiblement pas les journalistes subventionnés, toujours aussi prévenants avec lui, et morts de trouille à l’idée d’exprimer un commentaire négatif sur la personne du prince. Que penser des parlementaires, qui laissent ce délire s’accomplir, aux yeux de tous, sans broncher. Dans la foulée, le voilà à Lyon pour y célébrer la mémoire de Jean Moulin. Il voulait s’emparer de l’événement, pour redorer un blason qui ne cesse de se ternir, mais encore une fois il s’est trompé, et dans le thème et dans la façon de l’aborder. Il a tenté de récupérer l’héroïsme du résistant à son profit. Comme toujours il s’évertue, par une analogie aujourd’hui désastreuse, à s’accaparer les vertus des autres, en faisant croire qu’il les incarne toutes, à lui seul. Mais la supercherie ne prend plus, le prince est depuis bien longtemps nu et ne convainc plus personne, sauf lui-même et un dernier carré de courtisans. Il voulait se servir de cette commémoration pour retrouver des couleurs, mais la tâche est impossible, il s’enfonce. Quoi de plus choquant, que de le voir encenser cet ancien préfet résistant, ce haut fonctionnaire qui a dit non à Pétain, à ses ordres illégaux, lui qui ne tolère pas que l’on discute les siens.

Comment pourrait-il comprendre le refus de Jean Moulin d’obéir au pouvoir de Vichy ? Comment aurait-il accueilli lui, un tel frondeur, quand on voit comment il se comporte avec ses propres hauts fonctionnaires ? Macron ne supporte pas les résistants, il est l’antithèse de ce que Jean Moulin représente, ce n’est donc pas un hommage qu’il lui a rendu, il a tout simplement sali sa mémoire, comme celle de tous ces résistants, qui ont eu le courage de contester les injonctions d’un pouvoir qu’ils ont considéré comme illégitime, dès lors qu’il s’est allié au régime nazi. Cela rappelle étrangement tout ce que nous avons vécu depuis trois ans. Hier encore il fustigeait les soignants ayant refusé l’injection expérimentale et il vient sans honte faire l’apologie d’un homme, qui lui aussi a dit non. Lui que le bruit d’une casserole incommode, comment ose-t-il parader devant un homme que la mitraille n’a pas fait reculer ?

Macron est bien le personnage le plus mal placé pour parler de Jean Moulin. Il s’est terré dans le vestiaire, lors de la finale de la coupe de France, par peur de la réaction du public. Sans courage, il a vidé les Champs-Elysées, pour ne pas entendre une foule hostile lui crier sa colère et il prétend vanter les mérites de celui qui est mort sous la torture. Non, Macron est illégitime : il est l’anti-France à lui tout seul.

Les cent jours qu’il avait lancé comme un défi, tournent au cauchemar, sans qu’il ne s’en rende compte, puisque aucun journaliste n’ose traiter sérieusement le sujet. Si personne n’en parle, ça n’existe pas, selon la méthode macronienne, usée et éculée. Mais le calvaire se poursuit, il ambitionnait de se réconcilier avec les Français, il nous a prouvé une fois de plus que c’était impossible. Il n’en a ni la capacité, ni même la volonté. Que fera-t-il pour le 14 juillet, date à laquelle il est censé avoir rétabli la concorde ? Va-t-il maintenir un défilé sans personne et offrir aux chefs d’Etats, qui voudront bien venir, le désolant spectacle d’un régime dictatorial aux abois ? Qui acceptera de s’afficher à ses côtés, comme le veut la tradition ?

Mais dans ce concert de turpitudes, nos opposants restent étrangement muets. Qu’en pensent-ils de ce 8 mai et de cette démonstration clinique de la folie d’un homme qui possède les codes nucléaires ? Le peuple a été abandonné par tous, il devra s’en sortir seul, c’est une évidence qui s’installe de plus en plus. Aucun président, par le passé, n’aurait été maintenu en fonction après un tel comportement, mais en 2023, si. Lamentable opposition en carton pâte. Les motifs pour le destituer ne manquent pas, mais personne ne bouge, à croire que la lâcheté s’est emparée de tous, à moins qu’ils ne soient pétris de la même déviance, pour juger normale une conduite digne d’un dictateur. Si Macron a fait honte à la France hier, en remontant une avenue déserte et en saluant un imaginaire public, nos députés ne font pas mieux en laissant en place un homme très perturbé, aux commandes d’un pays qu’il ne peut plus traverser, sans le vider de ses habitants.
Radu Portocala

Il y avait quelque chose d’inquiétant, hier, quelque chose de redoutable, comme un mauvais présage, dans la progression de ce président honni le long de l’avenue déserte.
Certaines solitudes, chez ceux qui font l’histoire, ont une sorte de grandeur qui impressionne. Monsieur Macron ne fait pas l’histoire – il la subit avec l’aigreur de celui dont l’ambition a échoué. Chez lui, ce n’est pas de la solitude, mais une prudence mesquine faite d’un mélange de mépris et de peur. Et ce n’est non plus, au milieu de la place déserte elle aussi, du recueillement, mais le jeu mauvais, la posture guindée de l’acteur médiocre qui ne croit pas à son rôle, ne sait et ne peut l’incarner. Mais s’obstine à le jouer devant une salle d’où il a banni les spectateurs.
Eric Vial

« Non ! Le capitalisme du point de vue de l’Homme n’offre pas de solutions satisfaisantes. »
Puisque chacun s’exprime actuellement sur la crise en France, sur le capitalisme, sur le partage des richesses et sur la représentation syndicale, je voudrais, pour certains, leur remémorer les paroles du Général de Gaule en 1968 grâce aux images de l’INA.
Le Président de la République de l’époque passerait sans aucun doute pour un affreux gauchiste en 2023.
Ceux qui se réclament aujourd’hui de son héritage sont bien loin de ses idées ; ainsi que de l’organisation de la France qu’il avait imaginée et mise en place avec le Conseil National de la Résistance : un système participatif, protecteur et équitable pour tous les Français ; totalement à l’encontre du libéralisme des années 2020 qui divise la société et qui la paupérise.
Mais tout le monde n’est pas de Gaulle, je vous l’accorde.

https://www.facebook.com/eric.vial1/videos/614258687049922


8 mai 2023

Chazaud Anne-Sophie



LE GAG DU 8 MAI

Gabriel Nerciat

Tiens, il nous manquait, l'arsouille.
Notez bien ce qu'il dit, hein : le dernier chef d'État du continent qui a intégré des néo-nazis au sein de son état-major et de son appareil d'État (si on peut toutefois appeler État - souverain - l'entité ukrainienne) nous avertit que son armée de bleus et de mercenaires payée, octroyée et supervisée par les Anglo-Saxons va bientôt entrer à Moscou, sur la place Rouge, comme les armées de Joukov et des Alliés sont entrées à Berlin au mois de mai 1945.
Finalement, peut-être que le pétomane le plus célèbre des marches de la Russie n'a jamais cessé d'être un comique professionnel, adepte de certaines substances euphorisantes.
Quand il aura perdu la guerre, il pourra toujours aller se détendre dans la belle maison de Pierre Palmade près de Fontainebleau.
Ce sera une façon de rendre aux dealers parisiens une partie des millions passés des poches des contribuables français à ses coffres-forts des îles Caïman.

7 mai 2023

QUE VIVE LE ROI

Gabriel Nerciat

Hier j'ai trouvé que le sacre de Charles III dans l'ensemble était très beau et émouvant.
Non seulement à cause de la poésie millénaire des rites liturgiques et sacerdotaux qui ont été assez bien respectés (notamment celui, essentiel, de l'onction du saint Chrême sous le dais épiscopal), mais aussi parce qu'il y a dans le nouveau roi un côté un peu gauche, sensible, grave, patient et triste, d'autant plus visible sous l'or de la pompe monarchique, et qui me semble être la seule manière concevable et digne d'incarner un roi chrétien de droit divin en ce début de troisième millénaire d'une chrétienté européenne affaiblie pour ne pas dire exsangue.
A vrai dire, j'aurais même aimé que la cérémonie durât une heure de plus, comme à l'époque de sa mère Elizabeth.
Et puis, que ceux qui se moquent du roi d'Angleterre se rappellent quand même que nous, nous sommes contraints d'évoluer entre le détestable pape Bergoglio et un dérisoire président de la République haï par l'essentiel de son peuple, le banquier-technocrate Emmanuel Macron.
Alors, oui, ne vous en déplaise, mais hier, pendant trois bonnes heures, j'aurais vraiment aimé, malgré la quiche aux épinards, être un chrétien anglican apostolique (de la High Church).
Sorry, my dear.


La liberté, une valeur en perte de vitesse

Denis Collin

Les discussions auxquelles je participe sur FB, notamment à partir des sanctions prises contre deux professeurs de philosophie, révèlent à quel point est fragile l'idée de liberté. On trouve mille et une bonnes raisons pour sacrifier la liberté des professeurs, comme hier on trouvait mille et une bonnes raisons pour justifier les assassins de Charlie ou ceux de Samuel Paty.
La liberté est une valeur en perte de vitesse. Pris entre les administrations et les censeurs privés des divers groupes communautaires, on n'a plus le droit de parler, ou du moins ce droit se rétrécit dangereusement.
Voici encore un extrait ** La longueur de la chaîne ** (2011)
Résumons : la critique est interdite, de l’esclavagisme, de l’antiesclavagisme, du colonialisme et de l’anticolonialisme, du judaïsme, de l’islam, du christianisme, d’Israël, des États-Unis et des États arabes… Silence dans les rangs. Vous avez cependant le droit de dire tout le mal que vous voulez de Cuba, de l’Iran, de la Corée du Nord, et par un vieux réflexe vous pouvez même vous en prendre à la Russie ! Sans doute ces derniers pays méritent-ils d’être sévèrement jugés, mais on ne sache pas que les droits humains soient plus maltraités à Cuba qu’en Arabie Saoudite, que les droits des femmes soient mieux respectés dans les Émirats arabes qu’en Iran ou que la Corée du Nord soit vraiment plus dangereuse pour la paix que le Pakistan.
On pourrait ainsi multiplier les exemples, en nous tenant à la France : il n’est pas besoin d’aller aux États-Unis pour voir comment la pensée unique, le conformisme de masse, le puritanisme le plus ridicule et le plus tatillon exercent leurs ravages dans une démocratie transformée en jouet des groupes de pression et des oligarchies en tout genre. De la part de la droite française, cette hostilité à la liberté d’expression n’est pas vraiment surprenante. Seuls les jeunes gens peuvent ne pas savoir quel pesant conformisme faisait régner le gaullisme, à l’époque où l’adaptation, par Jacques Rivette, de La Religieuse de Diderot tombait sous les coups de la censure, à l’époque où François Maspero – en raison des ouvrages politiques qu’il publiait – et Jean-Jacques Pauvert – pour ses œuvres érotiques – croulaient sous les procès. Le « parti de l’ordre » est dans son rôle.
Plus inquiétant et plus étonnant semble le ralliement d’une partie de la gauche à la répression tous azimuts. Mais quand on y regarde de plus près, ce n’est pas si étonnant. Si la droite défend la propriété bien plus que la liberté, la gauche a été plus souvent qu’à son tour élitaire et autoritaire. Il n’est guère d’organisations aussi peu démocratiques que les syndicats et partis de gauche, mis à part les partis de droite ! Le succès français du « centralisme démocratique », ce produit d’exportation russe semblait peu compatible avec le tempérament qu’on dit volontiers frondeur et un peu anarchiste des Français. Pourtant, pendant plusieurs décennies, le Parti Communiste a réussi à imposer une formidable discipline des consciences à des centaines de milliers de citoyens, majeurs, indépendants, qui se sont essayés à la servitude volontaire. Il n’en va guère mieux avec le parti socialiste – sous ses divers avatars – qui, sans la force et l’efficacité du PCF, a une solide tradition de parti bureaucratique avec des mœurs semi-féodales.
Au fond, cette gauche française qui a renoncé depuis longtemps à secouer le joug du capital et de l’État et n’a rien d’autre à proposer que mettre des fleurs sur les chaînes de l’oppression et de la domination, est fondamentalement portée à mépriser la liberté. Tant que la droite et la gauche s’opposaient frontalement (selon la logique de la guerre froide), il restait à la liberté un espace dans ce conflit lui-même. Mais avec la fin des espoirs, des illusions ou des mystifications du « socialisme à la française », une fin qu’on peut faire remonter à l’automne 1981, pour ne pas dire au 21 mai de la même année, jour de la prise de fonction du président Mitterrand, l’exténuation du conflit droite-gauche conduit progressivement la vie publique au conformisme, au triomphe complet de la langue de bois. C’est ainsi qu’il est devenu impossible de distinguer par le style et le vocabulaire les textes des congrès des partis de droite de ceux des partis de gauche.

6 mai 2023

mélimélo

⬦ Imaginez que 10 millions de personnes descendent dans la rue pour protester et que tout se passe bien, qu’il n’y ait pas le moindre heurt, pas de black blocs, pas de casse, rien… que se passerait-il avec Macron ?
Rien.
Pierre Duriot

⬦ Au train où vont les choses en France, enseigner la philosophie et l'esprit critique sera bientôt interdit.
Je me prépare donc à prendre le maquis.
Message à la fois humoristique et sérieux, hélas !
René Chiche

⬦ Le monde n'est que rapport de force à tous les niveaux entre dominants et dominés. Tout le reste est accessoire.
Michel Rosenzweig

⬦ Ça fait un an que Macron a été réélu.
Le bilan est vite fait et sans nuances : totalement négatif, quel que soit l'angle de vision ou le thème abordé.
Même le barrage (pourtant très relatif) à l'extrême droite s'est transformé en tapis rouge.
Segundo Cimbron

⬦ Picasso n'a pas été monstrueux qu'avec ses femmes, il l'a été aussi avec ses enfants, ses petits-enfants, ses amis. C'était une personnalité à l'ego ibère-trophié.
Catherine Gaillard

⬦ Je n'avais jamais autant pris conscience du danger de la démagogie.
La démagogie, c'est la manipulation.
Le démagogue, c'est celui qui use de bonnes paroles et de belles promesses mais qui cache les intentions malhonnêtes qu'il y a derrière.
Malheureusement, beaucoup de gens tombent dans le panneau.
Véronique Faucheux

⬦ Ils ont inventé les attestations de sortie à se donner à soi-même, verbalisé ceux qui restaient assis tout seul à la plage, fermé les rayons chaussettes et petites culottes.
Ils inventent les interdictions de manifester, de distribuer des tracts, de casseroles et de petits cartons colorés.
Quand il s'agit d'être ridicule, leur imagination est sans borne.
C'est que leur trouille de l'expression populaire tourne à la panique.
Segundo Cimbron

⬦ Je me marre... les sorties du président, c’est le seul cirque où les clowns sont plus nombreux que les spectateurs.
Pierre Duriot

⬦ Le journalisme de connivence est le pire ennemi du journalisme. En un mot, c'est le fait de couvrir la doxa, laquelle n'est autre que le récit des puissants et de taxer de complotistes ceux qui informent le peuple, c'est-à-dire ceux qui font vraiment du journalisme.
Alexis Haupt

⬦ « Aujourd'hui il est très populaire, Édouard Philippe. » (Élodie Huchard, journaliste politique)
C'est quand même dingue, toutes ces choses qu'on ne savait pas, dont on n'avait aucune idée. Heureusement qu'on a de vrais "journalistes politiques" pour nous rappeler aux réalités du pays.
Catherine Gaillard

⬦ Un journaliste qui n'a pas été taxé de complotiste au moins une fois au cours de ces 2 dernières années doit se remettre en question de toute urgence.
Alexis Haupt

⬦ Je me demande comment qualifier un pays qui rejette le référendum depuis 2005, qui surveille, contrôle, diabolise, matraque, gaze, bâillonne, censure et criminalise ses oppositions et qui contourne tous les contre-pouvoirs. Je me demande ce qu'est un pouvoir en rupture qui n'entend plus et n'écoute plus le peuple qu'il gouverne. Si c'est la définition d'une démocratie, alors je n'y comprends plus rien.
Yann Bizien

⬦ Sur le service public de l'information, se référer à la révolution française est désormais assimilé à un appel à la violence...
Prochaine étape ? Remplacer le 14 juillet par le 9 thermidor comme Fête Nationale et la Marseillaise par "Maréchal nous voilà" ?
Segundo Cimbron

⬦ Quand je pense à ce que renvoie le nazisme pour moi, il y a :
- une inversion totale des valeurs
- le mensonge et la propagande
- la déshumanisation
- la perte de sens
- un cauchemar éveillé qui nous plonge dans l'horreur absolue.
Est-ce le monde dont nous voulons pour demain ?
Pourtant, c'est ce monde qui est en train de se construire, là devant nous.
Il va falloir se battre de plus en plus pour retrouver des valeurs justes, du sens et de l'humanité.
Véronique Faucheux

⬦ Leçon de totalitarisme pour les Nuls
Le totalitarisme, c'est mieux de le combattre quand on en voit les prémices et non une fois qu'il est bien ancré.
Alexis Haupt

⬦ Ce n'est pas avec ceux qui ont détruit l'école qu'on pourra la reconstruire.
Ce n'est pas avec ceux qui ont abîmé le contrat social qu'on pourra le réparer.
Ce n'est pas avec ceux qui rusent et qui mentent en permanence qu'on pourra avancer.
Un bon coup de balai d'abord.
Désolé d'être aussi franc.
René Chiche

5 mai 2023

Compostons !

H16

Le 11 février 2020, alors que le monde d’avant était sur le point de passer au monde d’Absurdistan d’après, une loi contre le gaspillage était votée (ENFIN !) permettant la mise en place d’un certain nombre de mesures obligatoires qui – chic alors – rentrent bientôt en application.

Ce fut une petite loi bien goupillée, passée complètement inaperçue, mais dont les conséquences seront sans nul doute importantes et qui mettront du baume dans le cœur des Français en ces périodes d’agitations sociales : il est maintenant question de mettre en place une vraie stratégie de lutte contre le gaspillage qui passe forcément par la mise en place de solution de compostage à domicile. Oui, vous avez bien lu : au premier janvier de l’année prochaine, les Français vont devoir composter, composter, composter comme si leur avenir en dépendait.


Vous vivez en appartement, ou votre maison ne dispose ni de balcon, ni de jardin ? Peu importe, le combat sera le même : vous allez joyeusement participer, d’une façon ou d’une autre, à ce compostage compulsif et entasser quelque part vos pelures de bananes religieusement, pour sauver Gaïa et votre portefeuille (des amendes qui pleuvront sur les récalcitrants). Car tout le monde le sait : le tri des déchets biodégradables permet de lutter contre le gaspillage alimentaire et produit un engrais biologique pour vos plantations, pardi !

Vous n’avez pas de plantation ? Ce n’est pas la question. On vous dit de composter, vous compostez sans barguigner car si ce n’est pas bon pour vos plantations inexistantes, c’est excellent pour l’environnement, l’économie, la lutte contre le gaspillage et la syntonisation du peuple avec la Nature.

Cette lutte contre le gaspillage n’est pas nouvelle. En pratique, cela fait même plus de dix ans que nos gouvernants se sont persuadés que la France se vautrait dans le gâchis le plus pernicieux. Poussée par ceux-là, l’ADEME a établi à 30 kilogrammes la quantité d’aliments jetés par Français et par an.

Quelle masse ! Une horreur. Quasiment un tsunami de gâchis ! 30 kilos par an, mes petits amis, ça fait une sacrée quantité qui, ramenée à la journée, représente … 82g.

Notons au passage que, de brumeux calculs en statistiques foireuses, les articles consacrés à la question font quant à eux état d’un solde subitement gonflé à 83 kg (soit 227 grammes par jour).

82 ou 227 grammes, on voit tout de suite l’ampleur de la catastrophe : enfer, damnation et tupperware mal fermé ! Entre les miettes tombées au sol et les épluchures un peu trop épaisses, sans compter le lait oublié dans la porte du frigo et le camembert un peu trop fait, les Français sont victimes de la société de surconsommation que même l’inflation galopante des prix ne semble pas entamer : non content d’éplucher leurs patates, ces riches Français bedonnants le font hardiment en laissant trop de nourrissant tubercule sur leurs pelures !

On voit à quel point une loi s’imposait.

Et puis il fallait agir : non seulement, les autres sujets sociétaux, politiques, économiques ou sécuritaires ont été brillamment traités et résolus (qui peut le nier ?) mais de surcroît, absolument tout le monde se plaint maintenant du volume insupportable de nos déchets alimentaires !

Oui, tout le monde. Les petits, les grands, les journalistes, les philosophes, les experts de plateau télé, les politiciens, les charcutiers, les facteurs et les retraités de Palavas-les-Flots. L’opinion est claire et n’en peut plus de ces montagnes perdues par le méchant gaspillage de ces adultes et de ces enfants qui ne mangent pas tout leurs légumes. C’est bien simple : les sondages sont formels, puisque 98,3% des individus sont contre le cancer, la pollution et le gaspillage alimentaire.

Il était donc absolument nécessaire de culpabiliser un peu les Français qui vivent trop souvent dans l’insouciance que l’opulence de notre pays leur permet un peu trop facilement. C’est dit : il va maintenant falloir manger *tous* vos légumes qu’on vous dit. Et si vous refusez, ne venez pas vous plaindre qu’on passe rapidement à la farine d’insectes pour tout remplacer, non mais.


Bref, on l’a compris : ça gaspillait à tout va, la loi s’applique, et à présent, l’obligation de composter va mettre de l’ordre dans tout ça.

On respire un peu mieux d’avoir évité le cataclysme éco-climatique, mais il reste quelques questions pratiques : comment tout cela va-t-il se passer ?

Ne vous inquiétez pas, tout a été prévu : ce sera à la fois simple et totalement pratique.

Où que vous soyez, vous devrez vous procurer un composteur ou, mieux encore, un lombricomposteur dans lequel s’égailleront de charmants vers de terre, dans lequel vous entasserez vos épluchures diverses pendant plusieurs mois selon les conditions de température et d’hygrométrie.

Les grandes périodes de chaleur (probable puisque le climat se réchauffe, vous assure-t-on), les périodes de froid intense (probable aussi puisque le climat se dérègle, vous assure-t-on aussi), les périodes pluvieuses, les périodes sèches se succèderont et votre compost va simplement vivre sa petite vie, à condition d’effectuer quelques opérations simplissimes (je cite l’article) comme bien mélanger les déchets en faisant des couches, en aérant le compost régulièrement, en contrôlant son humidité, en faisant une rotation avec de multiples bacs de compost, …

Vraiment, comment ne pas se réjouir à l’avance de ces nouvelles tâches ménagères qui n’attireront ni les mouches, moustiques et autres insectes rigolos, ni les rongeurs et les renards pour les composts des jardins ou des balcons ? Et comment ne pas exulter d’avance lorsqu’à la faveur de températures torrides, le compost parfumera le foyer ?


On imagine déjà tout le bonheur que seront les petits composts des uns et des autres en campagne et dans les petites villes tranquilles. Quant aux composts collectifs de grands ensembles dans les cités émotives, on peut gager qu’ils seront un nouveau point de passage de la citoyenneté renouvelée de ces quartiers créatifs ! La réussite est garantie !

L’aspect obligatoire de ces composts, avec des amendes à la clé (ni trop salées, ni trop sucrées, rassurez-vous) garantit que tout le monde fera un petit effort pour la nature. Il tarde déjà à l’observateur moyen de voir comment seront contrôlés ces composts, notamment dans ces cités riantes, tout comme on espère enfin la mise en place de vraies Patrouilles de Gaïa, avec tasers (exclusivement chargés à l’électricité verte) et gaz lacrymo (bio garanti sans bisphénol).

Les esprits chagrins se demanderont (in peto) pourquoi on leur impose la mise en place de quelque chose qui avait été progressivement banni des villes pour éviter la prolifération de la vermine et de certaines maladies. Les pragmatiques conserveront le silence en observant calmement que si ces composts sont si géniaux, ils ne devraient avoir aucun mal à s’imposer naturellement à tous et qu’a contrario, s’ils ont quelques défauts rédhibitoires, les imposer n’est probablement pas une bonne solution…

Le silence règnera donc devant ce qui apparaît une fois de plus comme une perte de liberté, notamment celle de ne pas avoir de détritus pourrissant pendant des mois dans son foyer. Moyennant quoi, les diktats verdolâtres continueront de s’étendre inexorablement.



4 mai 2023

[Covid]

Réintégration des personnels suspendus : une première victoire. Reste à obtenir le versement des indemnités.


Nicolas Dupont-Aignan