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16 mai 2023

Communautarisme

Denis Collin

Dénoncer le communautarisme ? Soit. Le problème est d'abord de se mettre d'accord sur le sens du mot. La "polis", la cité grecque, est une communauté "politique". Nous vivons tous dans des communautés, professionnelles, amicales, locales, d'affinités d'idées. La république est une communauté. La négation des communautés est la société réduite à des individus menant des existences séparées, la "société liquide", la société qui n'est pas une société ("there no society" comme disait Thatcher). Ce à quoi nous avons affaire n'est pas la montée des "communautés", mais la société liquide : chaque individu excipe de ses particularités pour se soustraire à la communauté politique. Ce qu'on appelle "communautarisme" n'est, le plus souvent que l'exacerbation de la décomposition des communautés sous les coups de boutoir du mode de production capitaliste. Il y a aussi dans ce "communautarisme" une réaction contre ce même processus. Puisque la famille n'est plus cet ultime refuge dont parlait Lasch, il faut s'inventer des tribus avec leurs signes d'appartenance – la généralisation du tatouage est aussi un signe de ce tribalisme...

Et maintenant une « loi anticasseurs »

Jacques COTTA

Du président de la République à ses ministres en passant par quelques personnalités en vue, les déplacements provoquent à chaque fois une mobilisation sans mesure de forces de police et de gendarmerie pour isoler le périmètre vital du monarque et de ses sujets.

Ils ont peur des réactions suscitées par la haine qu’ils inspirent, voilà la réalité d’un pouvoir que rien ne peut sortir de son isolement. Des déclarations toujours méprisantes de Macron aux mesures démagogiques en direction paraît-il des « classes moyennes », les tentatives pour réduire cette fracture entre l’oligarchie et le peuple sont désespérément vaines.

La peur des dirigeants à la tête de l’État procède de la nature même de la crise. Sociale d’abord, démocratique ensuite, elle s’est muée en crise politique et en simple crise de régime qui menace de fait le monarque et les siens. La volonté majoritaire n’a pas faibli, scandée simplement durant les manifestations, « grève, blocage, Macron dégage ».

Il compte comme toujours sur la collaboration des directions syndicales et sur la faiblesse et les incohérences de son opposition politique pour tenir bon, en toute sécurité. Mais un fil s’est rompu et tous les efforts, d’où qu’ils viennent, ne peuvent lui apporter le sentiment de sécurité retrouvé.

C’est dans ce contexte qu’une « loi anticasseurs » est annoncée.

La provocation, ça paie

C’est sans grande originalité que le pouvoir tente de faire basculer la peur sur « le camp d’en face », sur les couches populaires, les ouvriers, les salariés, les jeunes, les retraités…

La recette est en effet datée.
La violence tout à coup fait son apparition.
Les poubelles, les abribus, quelques vitrines, ça ne suffisait pas pour regagner l’opinion.
Les portes de mairie incendiées passaient presque inaperçues ;

Il y a donc eu l’image en boucle de camions de gendarmerie brulant dans un champ, à Sainte-Soline. Les manifestants, en grande majorité des familles avec leurs enfants, étaient donc réduits à une bande d’incendiaires.
Il y a eu ce CRS atteint d’un pavé en pleine face en direct.
Ça ne suffisait pas ? Voilà donc un autre, brièvement en feu après qu’un cocktail molotov soit tombé opportunément à ses pieds.

La Liberté menacée

Après avoir remis en cause la simple liberté de s’exprimer dont sont par exemple jugés coupables deux enseignants de philosophie, Franklin Nyamsi et René Chiche, condamnés publiquement par le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye, suspendus de cours avec interruption des versements de leur salaire, après avoir fait condamner un retraité âgé de 77 ans pour avoir pendu une banderole sur son balcon hostile à Macron, les ingrédients permettant de justifier un durcissement au nom des casseurs contre le mouvement social en général étaient donc bienvenus.

Au choc des images venait s’ajouter le poids des mots. « Nous avons affaire à des tueurs de flics » se sont donc exclamés les responsables policiers et les commentateurs qui ont en commun la haine des mobilisations sociales qui ont dominé durant plus de trois mois.

Tout était donc réuni pour imposer ladite loi anticasseurs que doivent élaborer main dans la main le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et le garde des sceaux Éric Dupond-Moretti. Essentiellement elle comprend la possibilité « d’interdiction administrative de manifester » et « le délit de construction de barricade ».

De toute évidence, une telle loi totalement liberticide qui déjà avait été invalidée en 2019 ne concerne que fort peu les « casseurs » mais vise globalement tout opposant à la politique gouvernementale et au pouvoir en place. Tout citoyen suspecté pourrait devenir passible d’une peine de prison d’un an et de 15.000 euros d’amende. Serait en effet concerné tout individu « susceptible de commettre des exactions ». La notion est suffisamment vague pour être adaptable à la tête du client.

En décidant de remettre au gout du jour une telle loi « anticasseurs », le gouvernement se prépare aux réactions imprévisibles que peut provoquer sa politique après « l’épisode retraite » qu’il voudrait voir refermé. Pour convaincre les patrons étrangers d’investir en France, il minimise la situation, niant les mobilisations provoquées par sa politique, annonce une baisse des cotisations sociales donc une nouvelle dégradation des financements de services publics, déclare un soutien à Elisabeth Borne qui masque à peine la crise de personnel politique qui l’entoure. Et cerise sur le gâteau, il prépare le pire sur le plan international en annonçant la livraison de nouvelles armes à l’Ukraine et l’engagement à former ses pilotes pour larguer les bombes françaises. Il sait que tout cela ne pourra que provoquer de nouvelles réactions massives qu’il tente de réprimer avant même qu’elles aient eu lieu.

C’est à cela que « la loi anticasseurs » de Macron/Borne/Darmanin/Dupond-Moretti doit servir.

Mais est-ce bien raisonnable de vouloir combattre sa peur au moyen d’une simple loi ?

https://la-sociale.online/spip.php?article966

SUR LA VICTOIRE DU SULTAN

Gabriel Nerciat

En Turquie, victoire écrasante de Erdogan, qui dément tous les sondages plutôt catégoriques des semaines passées – même si le sultan, dont la coalition islamo-conservatrice a déjà remporté haut la main les élections législatives, va devoir pour la première fois et pour la forme affronter un second tour joué d'avance contre son adversaire kémaliste et atlantiste, Kiliçdaroglu.
C'était pareil pour Trump en 2016 (et en 2020), pour Orban et pour Netanyahou en 2022, pour Poutine avant 2014 et sans doute encore, après l'Ukraine, en 2024.
À Paris ou à Berlin, tout le monde a l'air surpris, d'autant que l'hyperinflation qui ravage le pays depuis plus d'un an, l'usure du pouvoir, la mauvaise santé du sultan, l'union à l'arraché de ses adversaires les plus baroques et les conséquences du tremblement de terre dans les régions proches de la Syrie semblaient promettre une défaite assez nette et sans bavure au fondateur islamo-nationaliste de l'AKP.
Faute de mieux, on se contente ici de ressortir les traditionnels boniments sur la fraude électorale (démentie par tous les observateurs de l'OCDE) ou sur le énième complot russe destiné à fausser les élections (ben voyons, comme dit l'autre : Poutine c'est Fantômas for ever).
Peut-être serait-il temps quand même que ce qui passe pour être l'élite éclairée du monde occidental parvienne à comprendre qu'un certain nombre de peuples, qui ne semblent pas encore gagnés par la furie du wokisme et du reniement de soi, préfèrent être dirigés par des chefs autoritaires et rusés plus qu'ambigus ou détestables voire brutaux, mais dont l'action parvient malgré des hauts et des bas à les remettre à la hauteur de l'Histoire – et ce, quitte à connaître des évolutions économiques moins fastueuses qu'aux débuts de la mondialisation et à susciter l'ire ou la détestation d'un certain nombre de leurs voisins.
À vrai dire, il suffisait de voir la gueule de Kiliçdaroglu brandissant son oignon dans sa cuisine, en suscitant l'admiration de tous les communicants à la noix du bloc occidental, pour comprendre que l'issue du scrutin ne serait pas exactement celle qu'on attendait à Istanbul et à Bruxelles. Franchement, qui a envie de voter pour un oignon ?
Les universitaires anglo-saxons parlent toujours des libéraux et des illibéraux, des cosmopolites et des souverainistes, etc.
Mais le vrai clivage qui divise et scinde en deux de façon irrémédiable la plupart des sociétés modernes se trouve peut-être ailleurs, ou plutôt au-delà : il discrimine et oppose ceux qui croient d'abord en la force de la société civile (une masse aléatoire d'individus dont les intérêts économiques et les droits positifs interagissent de façon perpétuelle, indépendamment des pesanteurs de l'Histoire ou des prégnances territoriales, dans le seul cadre de la compétition économique globale) et ceux qui croient en la permanence des nations et des peuples, au sein d'un monde où les antagonismes de puissance et d'identité redeviennent de façon universelle à peu près ce qu'ils étaient avant la fin des guerres mondiales et les illusions du multilatéralisme, parfois au détriment de leurs intérêts individuels.
La question de savoir si l'on aime ou non Erdogan et si l'on a raison de l'aimer ou de le détester n'a à mes yeux dans ce contexte pas grand intérêt : après tout, nous ne sommes ni Turcs ni Kurdes ni Alévis, et le sort des Grecs chypriotes ou des Arméniens semble nous émouvoir et nous intéresser beaucoup moins que celui des Ukrainiens (n'est-ce pas, Pascal Bruckner et Sylvain Tesson ?).
Autant se demander si l'on aime ou non une montagne.
Quand elle est là et qu'on ne peut pas la contourner, on est bien obligé de faire avec elle.

René Chiche

J’ai été exclu de mes fonctions pour une durée de trois mois par un arrêté du ministre de l'éducation nationale en date du 11 avril 2023 considérant que certains propos que j'avais tenus sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision étaient contraire à « l’exigence d’exemplarité incombant plus particulièrement aux personnels enseignants » et « portaient atteinte à l'image et la réputation du service public de l’éducation nationale ». Ces reproches sont stupéfiants et nullement fondés.
J'ai donc décidé de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour faire annuler cet arrêté. J'ai confié au cabinet de Maître Jérémie ASSOUS le soin de défendre mes intérêts contre le ministère de l'éducation nationale, ainsi que par voie de conséquence celui de défendre la liberté d'expression contre un pouvoir exécutif qui a tendance à outrepasser ses prérogatives en ce domaine comme en tant d’autres. Au-delà de ma situation personnelle, cette démarche intéressera tout professeur, tout personnel de l'éducation nationale et plus largement tout agent public : elle permettra en effet au juge de dire si un agent de la fonction publique, et dans le cas d'espèce un professeur, peut encore en France exprimer ses opinions sans être inquiété.
Ce n'est pas tout. Le 7 mai 2023, au cours de l'émission Dimanche en politique diffusée sur la chaîne du service public France 3, alors qu’il était interrogé sur « l’affaire des professeurs de philosophie suspendus pour leurs tweets », le ministre Pap NDIAYE a qualifié mes propos d' « outranciers et de complotistes (sic) » tout en citant, de façon incomplète d'ailleurs, un tweet qui fait cependant l'objet d'une procédure judiciaire suite à la plainte que la députée Aurore BERGÉ a portée en cette qualité contre moi. La proximité affichée entre ces deux personnalités met en question la nature exacte des poursuites engagées contre moi et un possible détournement de la procédure disciplinaire pour des motifs politiques. Il se trouve que les conditions dans lesquelles cette procédure a été engagée sont obscures, pour ne pas dire suspectes. Je souhaite que toute la lumière soit faite à ce sujet. J'ai donc décidé de porter plainte également auprès du procureur de la République pour les multiples infractions pénales qui sont susceptibles d’avoir été commises lors de cette affaire, et j'ai donné mandat à Maître Ludovic HERINGUEZ pour ce faire.
Ces procédures ont un coût que je ne suis pas en état de supporter, et ce indépendamment de la privation de salaire pendant trois mois.
J’ai reçu d’innombrables messages de soutien sur les réseaux sociaux, par courriel, par courrier, par téléphone. Je remercie toutes les personnes qui me les ont adressés, qu’elles soient d’accord ou non avec les opinions que j’ai exprimées. Je leur demande de bien vouloir participer à la cagnotte que j’ai ouverte sur leetchi afin de me permettre de faire face aux frais de justice. Cette cagnotte n’a absolument pas pour but de compenser ma perte de salaire, car je compte bien gagner au tribunal ! Il s’agit uniquement des frais de justice et je rendrai compte sur ce site de l’utilisation de l’argent collecté en publiant toutes les factures d’avocat tandis que l’éventuel surplus sera reversé pour soutenir quelque action servant un intérêt public analogue à celui qui est ici en cause.
Tel est le premier objet du site internet renechiche.fr bricolé à la hâte et dont je confierai la construction et l'amélioration à un connaisseur. Ce site est également destiné à permettre à mes avocats de communiquer et de rendre publics sous leur responsabilité tous les documents qu’ils jugeront utiles de faire connaître. Ce site me permettra enfin de rectifier certaines inexactitudes lues dans la presse au sujet de cette affaire et de m’exprimer directement sur un certain nombre de sujets tels que le devoir de réserve, invoqué ici à tort, la liberté d’expression, qui est une conséquence de la liberté de penser, ou bien encore la place du professeur de philosophie dans la Cité ou l'instrumentalisation de la Shoah et tout autre sujet à propos desquels je désire livrer des réflexions utiles et contribuer à relever le niveau du débat public, actuellement au plus bas.
René CHICHE, 14 mai 2023

La dictature ? Mais enfin, quelle idée…

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

Darmanin conforte Macron dans son obsession d’interdictions tous azimuts. Bien entendu, la macronie et certains observateurs vont nous répéter que tout cela procède de la volonté de ne pas troubler l’ordre public et que nous ne sommes aucunement en dictature. La France, le seul pays à avoir interdit la plateforme Rumble, RT, à être en tête des demandes de censures sur les réseaux sociaux, tout cela pour l’ordre public et le bien-être de la population. Nous serions curieux de connaître la définition qu’il réserve à cette notion de trouble qu’il met à toutes les sauces, allant même jusqu’à user de dispositions anti-terroristes pour interdire les manifestations. On peut raisonnablement penser que le même flou entoure celle qu’il donne à l’extrême droite. Il est impressionnant de constater que toutes les mesures qu’il s’ingénie à prendre pour empêcher ce fameux désordre, produisent l’effet exactement inverse.

C’est un peu la marque de fabrique de la macronie, il suffit qu’elle attende un résultat pour obtenir son contraire. Si l’État français était un état de droit, les diverses manifestations qui ont déjà été sanctionnées par la justice auraient fait jurisprudence, or il n’en est rien. Dernière en date, celle de la marche des anciens militaires. La justice l’a pourtant autorisée, ce qui n’a pas empêché la maréchaussée de verbaliser les participants. Entre obsession et cynisme, Darmanin impose des arrêtés qu’il sait illégaux, mais qu’à cela ne tienne, il insiste. Il pratique l’autorité pour tenter de donner l’impression de maîtriser son sujet et veut protéger Macron d’une contestation qui ne disparaît pas et qui empoisonne tout le gouvernement. Bien entendu toute ressemblance avec une dictature serait foncièrement déplacée répétons-le.

Ce terme est réservé aux autres… oui mais à qui ? Quel pays industrialisé moderne, dans le monde, peut rivaliser à ce jour, avec autant d’interdictions et de répression ? Quelle nation peut soutenir une comparaison plus défavorable ? On nous parle de la Corée du Nord, même de la Chine et de son crédit social, certes mais doit-on nécessairement se reporter à la tête du classement pour se convaincre que chez nous c’est le paradis ? N’oublions pas que nous avons été épinglés comme démocratie défaillante, il y a déjà quelque temps et que le même observatoire ne saurait détecter aujourd’hui une quelconque amélioration, bien au contraire. Quand un pouvoir interdit des manifestations à priori, en fonction simplement de la composition imaginaire qu’il leur attribue, ou d’une étiquette qu’il leur accorde, sans réel fondement, on peut légitimement penser que cet État n’est plus juste et équitable mais prend des décisions purement politiques.

Ce régime est aux abois et ne parvient plus à maîtriser la colère du peuple, pas plus qu’il ne se porte garant du reste. Quand il évoque la préservation de l’ordre public, les faits divers le contredisent immédiatement. Darmanain a beau s’exténuer à lancer des arrêtés en cascade, le constat est implacable. Plus personne ne les respecte. Le Ministre est totalement dépassé. N’en déplaise au pouvoir, ses agissements sont ceux d’une république en perdition, ne pouvant plus compter que sur la répression et des lois toutes plus restrictives, pour écarter le peuple et le faire taire, aidé en cela par une police et une gendarmerie qui, malgré les interdictions juridiques répétées, persistent à verbaliser les faux contrevenants, sans risquer la moindre sanction. Dans ces conditions, le spectre d’un état devenu policier n’est plus un simple fantasme. Face à cette agitation permanente, que peut bien faire d’autre Macron ? On l’a vu, il vide les rues de ses habitants, s’entoure de centaines de policiers… est-ce un mode de gouvernance pérenne ? Certes tous les ministres voudraient que l’on passe à autre chose, ce serait tellement plus simple en effet. On oublie le passage en force, et on attend le prochain. Hélas pour eux ça ne se déroule pas comme ils le rêvent et les difficultés que l’ensemble des membres du gouvernement rencontrent, pour ne serait-ce que se déplacer, ne sont pas près de cesser. Peut-on dire aujourd’hui que nous n’avons plus qu’un semblant de gouvernement, une ombre glissante d’un pouvoir en perdition et que le navire France est devenu un bateau fantôme ? Si l’image est forte elle n’est peut-être pas si éloignée que cela de la triste réalité. Alors que faire, attendre que le naufrage nous emporte tous, ou débarquer le pseudo capitaine pour reprendre un nouveau cap ?

15 mai 2023

La France file un mauvais coton

Maxime Tandonnet


C’est un faisceau d’indices, comme disent les juristes. La foule refoulée aux cérémonies traditionnelles pour ne pas entendre les casseroles ; des professeurs de philosophie sanctionnés pour avoir exprimé leur opinion ; la plainte contre un livre qui déplaît à l’occupante de Matignon ; pour la première fois de l’histoire, une loi visant à rendre obligatoire l’affichage du portrait du président dans les mairies (ce n’était qu’une tradition républicaine) au mépris des libertés locales ; une intellectuelle dont la conférence est interdite à la Sorbonne… Ce glissement autoritariste, qui se perçoit sous des formes multiples, est sans doute facilité par les secousses récentes qui ont traumatisé le pays. La vague d’attentats islamistes à favorisé la quête de chef dans l’inconscient collectif. Puis la peur panique du covid19, entretenue par le pouvoir, a ouvert la voie à des mesures liberticides aussi inutiles qu’absurdes (tout le monde le sait aujourd’hui) comme l’interdiction des forêts et des plages. L’autoritarisme s’est ainsi banalisé. Ainsi semblent coexister deux France. Une majorité visible et silencieuse, celle qui a l’habitude de respecter la loi et subit la marche autoritariste du pays. Et puis une autre, à la marge, est absolument livrée au chaos, à la criminalité, le chaos, l’anarchie et la barbarie. Nous vivons une époque étrange de coexistence de l’autoritarisme – comme exhumé d’une autre époque – et de l’ensauvagement sanglant.

Yann Bizien

Dissoudre, réprimer et interdire. Ces mots sont à la mode au sein du pouvoir. Il faut dissoudre, réprimer et interdire tout ce qui le dérange, tout ce qui peut le remettre en question et tout ce qui peut lui faire perdre les prochains scrutins. Tout dissoudre, donc, y compris nos valeurs, la Patrie, l'État-nation, notre souveraineté, sauf l'Assemblée nationale. Trop de risques politiques. Au lieu de travailler pour le destin français, ce pouvoir s'occupe du sien. Il n'y a plus que son sort qui compte. Quand dissoudre, réprimer et interdire deviennent une politique, alors la tyrannie est juste devant nous.
Yann Bizien

« Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot. »
La propagande pro LGBT de ce Gouvernement me choque.
Les sportifs ne doivent pas devenir des agents de communication "LGBT" d'un exécutif dont la ligne politique principale est celle de la décadence des mœurs, Madame la Ministre des sports. Ils ne sont pas à vos ordres. Et vous devez respecter leurs convictions.
La vie privée des LGBT ne me regarde pas. Elle doit rester dans le périmètre, discret, de l'intimité. Nul besoin de la revendiquer de façon ostentatoire et subventionnée.
Ce Gouvernement entend nous priver de penser librement et d'être ce que nous sommes, avec nos idées.
Merci.


Dérive fascisante du macronisme

Anne-Sophie Chazaud

Chers amis,
Bien qu’assez peu présente actuellement sur ce réseau par manque de temps, je souhaite y faire part de ma vive préoccupation quant à la dégradation particulièrement préoccupante des libertés et de la démocratie dans notre pays.
Le régime dans lequel la Macronie plonge la France n’est certes pas la dictature mais ce n’est assurément plus la démocratie pleine et entière.
Depuis l’angle de la liberté d’expression, pour ne prendre que cet exemple, qui est celui sur lequel j’ai développé une certaine expertise au cours des dernières années, la situation s’avère extrêmement dégradée et cela de quelque côté que l’on regarde.
La liberté de manifester est lourdement malmenée, les arrestations arbitraires déjà massives lors de la répression du mouvement de révolte sociale des Gilets Jaunes n’ont cessé de croître au point que les observateurs et instances internationales s’en émeuvent.
Les interdictions d’appareils sonores portatifs et autres casseroles, pour grotesques qu’elles soient, traduisent néanmoins une dégradation tragi-comique de la situation.
Le spectacle lunaire d’un chef de l’État contraint de se protéger de son propre peuple par gilet pare-balles et transportant sa bunkerisation tel un escargot sa maison sur le dos dans tous les espaces publics où le malheur veut qu’il jette son dévolu pour déambuler, espaces transformés en déserts frappés d’interdits, véritables camps retranchés, vidés de leur population, en dit long sur la désintégration du climat démocratique qui ne devient plus qu’un lointain souvenir.
Pareillement, la condamnation d’un retraité pour affichage d’une banderole «emmerdant» Macron, pose question, outre la réactivation pathologique du délit d’outrage : en effet, quelle démocratie peut tolérer que le chef de l’État déclare vouloir «emmerder » une partie du peuple français, quand ce même droit est nié perversement en retour au peuple souverain ? Dès l’instant où l’obligation de respect n’est pas réciproque, nous sortons du champ démocratique pour entrer dans celui d’un régime à la fois illibéral, pathologiquement narcissique et tendant au culte de la personnalité.
Ce culte de la personnalité vient du reste d’être souligné avec la décision macroniste de rendre obligatoire la présence d’un portrait du Leader Maximo dans les mairies, lesquelles devront par ailleurs être désormais affublées du drapeau de l’Union européenne, comme un vaincu remettrait les armes de sa souveraineté aux pieds du tyran.
Parallèlement, les interdictions de rassemblement (hommages à Jeanne d’Arc, conférences, etc.) pleuvent, sous le prétexte fallacieux de l’ordre public, et, fait préoccupant, au détriment de la fameuse jurisprudence Benjamin qui depuis des décennies régissait la matière (je renvoie sur ce sujet aux lignes que j’y consacre dans mon essai jusqu’aux affaires Dieudonné – et quoi que l’on pense du personnage).
Je rappelle notamment que la liberté de se rassembler fait partie intégrante de l’usage collectif de la liberté d’expression, et qu’il appartient le cas échéant aux pouvoirs publics d’assurer par toutes diligences les conditions de l’ordre public afin que lesdites réunions se tiennent convenablement sans entraves.
Il s’agit là d’un recul extrêmement grave des libertés dans notre pays, et notons au passage qu’il suffit que l’ultra-gauche menace de troubler ledit ordre public pour que les rassemblements en question soient purement et simplement interdits : on donne donc des gages aux fauteurs de troubles tout en confisquant la démocratie. Ceux qui s’en réjouissent pour des motifs idéologiques ont tort car, tôt ou tard, dès lors que le principe est acté, leur jour d’interdiction viendra.
Dans le même temps, encore, le pouvoir tente de renforcer son contrôle des lieux d’expression que sont d’une part des médias déjà particulièrement soumis et qui ne mordent pas la main qui les nourrit, et d’autre part en tentant encore plus qu’auparavant d’arraisonner les lieux d’expression et d’information libres que sont les réseaux et médias sociaux. On a vu la Ministre de la Culture (du Ministère de la Vérité) participer à une curieuse réunion sous l’impulsion de zélés Reporters sans frontières, visant une nouvelle fois à mettre les médias au pas du discours propagandiste et promouvoir, je cite, « le journalisme constructif pour dépasser la négativité » : que sera une information non positive ? La critique du discours bien-pensant, naturellement, mais aussi et surtout, très vite, la critique de l’action de l’exécutif. On est loin, avec ces courroies de transmission gavées de subventions, du « couteau porté dans la plaie » d’Albert Londres.
Dans le même temps, la Commission européenne – qui s’arroge depuis des mois des pouvoirs qu’aucune élection démocratique ne lui a conférés – s’active en tous sens pour tenter de museler Twitter. L’affolement mais aussi la volonté inquisitoriale sont flagrants et extrêmement préoccupants.
Pour veiller à la besogne propagandiste, la lutte contre les pseudo-fake news est puissamment réactivée par des personnages le plus souvent douteux, dépourvus de toute légitimité académique et se caractérisant principalement par leur adhésion à l’action gouvernementale.
La disqualification des discours d’opposition, des discours critiques bat son plein dans un climat général où, de toute façon, lorsque par miracle certains parviennent à faire émerger un réel non propagandiste, l’environnement de post-vérité qui caractérise désormais notre société rend cette révélation inopérante : on peut sortir tous les scandales que l’on veut (fonds Marianne par exemple pour le plus récent), pointer vers toutes les injustices, démontrer par A+B que le réel n’est pas celui que le pouvoir donne à entendre, la plupart des citoyens, demeureront indifférents à ce dévoilement lequel n’emportera donc aucune conséquence, tandis que les Éveillés seront embastillés d’une manière ou d’une autre.
Les libertés académiques continuent pareillement de reculer comme le démontre la censure dont fait par exemple l’objet Florence Bergeaud-Blackler qui a dénoncé les réseaux fréro-salafistes.
De même, un enseignant de philosophie comme René Chiche est suspendu pour avoir tenu un discours ne convenant pas au pouvoir exécutif, et l’on s’appuiera ici pour le museler sur l’obligation de réserve dont on sait bien qu’elle n’est utilisée qu’à des fins idéologiques et de manière hémiplégique, commode prétexte à la police politique. L’on ignore s’il sera condamné à boire la ciguë.
Bref, je pense important, bien que j’avais hélas déjà dénoncé toutes ces dérives – je ne suis pas ici exhaustive – ainsi que la matrice structurelle qui les anime, dans mon essai sur la liberté d’expression, de camper le paysage particulièrement sinistré dans lequel la Macronie plonge notre démocratie un peu plus chaque jour.
J’affirme pour finir sans la moindre ambiguïté que cette dérive est de nature fascisante.


Sécheresse, sobriété, dépouillement… Misère.

H16

Même si cela peut être encore un peu confus dans l’esprit de certains, il n’y a plus guère de doute : les prochains mois seront, en France, l’occasion de difficultés évidentes car chacun va devoir faire preuve de retenue, de mesure, de simplicité.

Lutte contre le gaspillage avec l’introduction obligatoire du compost, sobriété imposée par des ajustements malins de taxes sur l’énergie au point de transformer habilement les déplacements automobiles en luxe du 1% privilégié (et du 0,1% qui a courageusement abandonné la voiture pour le jet privé), petits messages subtils à la radio, à la télé, dans tous les médias de révérence pour bien faire comprendre que, d’une part, on va manquer de tout (ou à peu près) et que, d’autre part, ce sera sous une chaleur écrasante sans aucun accès à la climatisation, les glaces vanille-fraise et un peu d’eau claire, bref, l’information est partout.

Car oui, maintenant, tout le monde le sait et c’est devenu parfaitement évident, surtout depuis ces derniers mois que l’eau a sa propre bourse, comme le pétrole : la sécheresse frappe, durement, des trouzaines de départements français qui en viennent à manquer d’eau. Les habitants, hagards, errent dans les rues, un verre (désespérément vide) à la main et la langue pendante, en attendant que les services de l’État viennent à la rescousse pour étancher leur soif catastrophique provoquée par le climat lui-même devenu méchant par la faute difficilement expiable de l’Humanité.

Et pire que tout, parfois, quand il pleut, il pleut beaucoup dans une sécheresse asymptomatique qui parvient à faire déborder les nappes phréatiques, comme en Vendée. Grâce aux explications de médias au taquet qui permettent de comprendre que cette pluie provoque méchamment la sécheresse partout où elle ne tombe pas, le peuple doit se résoudre à l’évidence : une violente sécheresse humide nous attend dans les prochains mois.


Heureusement, l’administration veille. Des hommes d’État, que dis-je, des Chefs voire, osons-le, de véritables Leaders se sont levés et commencent à prendre des mesures fermes pour – enfin ! – remettre un peu d’ordre dans ce pays au bord d’une soif mortelle.

C’est ainsi que, dans des Alpes-Maritimes d’une siccité inouïe ou quasiment (n’ergotons pas devant cette situation dramatique), le maire de la commune de Châteauneuf-Grasse a décidé d’alerter les pouvoirs publics devant la consommation d’eau irresponsable de certaines personnalités installées sous sa juridiction.

Pensez-donc : des riches se permettent d’arroser leur pelouse et utilisent jusqu’à 2000 mètres-cube d’eau (alors qu’une famille normale n’en utilise que 120). Pire encore : étant riches, ils peuvent payer leur facture sans problème, voire les amendes lorsqu’ils sont attrapés à arroser alors que c’est interdit. Il faut trouver une solution, même si – comme le reconnait le maire, gêné aux entournures – on peut fort bien être un gros consommateur d’eau tout en étant en même temps un protecteur de l’environnement, évoquant ceux qui veillent sur plusieurs dizaines d’hectares de nature dans leur parc privé et qui contribuent à sauver des espèces végétales.

Quelle solution peut-on trouver devant ce comportement honteux ?

Rassurez-vous : ce serait bien naïf de croire que nos édiles, nos politiciens et nos administrations n’ont pas déjà quelques épais dossiers d’idées proposées par l’un ou l’autre cabinet de conseil chevronné, payé par l’argent gratuit des autres. D’ailleurs, il suffit de voir les dernières innovations législatives pour constater que les petits rouages administratifs tournent déjà à plein régime : dans un décret paru le 25 avril 2023 dernier, on apprend ainsi qu’est suspendue l’utilisation de l’eau chaude des lavabos sur les lieux de travail.

Dans le cadre de cette pauvreté sobriété énergétique que le gouvernement nous impose pour compenser ses décisions de plus en plus lunaires sur à peu près tout en matière d’économie et d’industrie en France, il apparaît donc que les locaux professionnels vont devoir se passer d’alimenter leurs sanitaires en eau chaude. Pour le moment, les douches ne sont pas encore concernées. Pas encore. Puis, plus tard, ceux qui avaient l’idée forcément saugrenue de prendre une douche sur leur lieu de travail devront s’habituer à la prendre froide ou y renoncer complètement. Gain d’énergie, gain d’eau, tout le monde y trouvera obligatoirement son bonheur.

À quand les toilettes sèches pour tous ?


Il faut le redire : tout ceci est la conséquence évidente d’un réchauffement médiatique climatique qu’on doit sans douter attribuer aux agitations trop carbonées des pays riches, et absolument pas à l’impéritie des autorités dans leur gestion de l’eau en particulier, et de toutes les ressources disponibles (y compris énergétiques) en général.

Oubliez l’absence de maintenance régulière des canaux et de la tuyauterie. Oubliez les fuites, massives, dans les réseaux de distribution qui ne sont plus à la charge de personne, les responsables publics ayant le seul courage d’accuser les opérateurs privés dont les connivences avec les pouvoirs en place leur permettent à leur tour de renvoyer la balle aux mêmes responsables dans un ping-pong politique extrêmement productif. Ne considérez jamais les petits sabotages détendus sous couverts d’opérations de maintenance qui tombent à pic alors que les petits cris stridents sur le mode “sécheresse” se font entendre ici ou là.

Oubliez ça.

Oubliez aussi les taxations vexatoires de toutes les énergies pour financer les lubies politiques du moment, comme vous devez oublier l’impression frénétique de monnaie de singe qui aboutit maintenant à une inflation galopante se traduisant par des coûts énergétiques délirants. Oubliez les contraintes, interdictions et directions politiques débiles qui ont toutes abouties à rendre la production électrique prohibitive, alors qu’on sait faire beaucoup et pas cher.

Oubliez ça aussi.

Concentrez-vous plutôt sur le fait que cette sécheresse est la punition de la Nature contre les excès de l’Homme, et que cette pluie qui fait déborder les nappes ne sont que les larmes de Gaïa devant notre absence de syntonisation harmonieuse avec elle, de notre refus obstiné de retourner à la misère et au dénuement.