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17 mai 2023

Pourquoi cet étalage de blancs-becs en Occident ?

François Asselineau

Les individus à la tête des principaux pays occidentaux ont tous en commun d'être totalement dépourvus d'expérience. Cette aberration n'est pas le fruit du hasard, elle résulte de la volonté d'oligarques qui placent leurs pions aux endroits stratégiques. En faisant élire, par des stratégies de manipulation d'opinion, des jeunes gens sans expérience, ils s'assurent la docilité d'obligés qui conduiront des politiques favorables à leurs intérêts. François Asselineau analyse cette situation et dénonce les motivations des responsables de ce jeu de dupes dans lequel les peuples sont les grands perdants.


INDIGNATIONS EN CHOCOLAT

Gabriel Nerciat

Indignation totale, viscérale, cosmique, hesselienne contre l'agression de Jean-Baptiste Trogneux à Amiens hier.
Quelle idée !
C'est le président de la République que les Français veulent rouer de coups et décapiter, pas le petit-neveu de sa femme.
Toutefois, peut-être aurait-on dû suggérer préventivement à ce dernier de confectionner et de commercialiser des Macron en chocolat.
Même si la période pascale est terminée, le régicide anthropophage et symbolique pourrait être au final le meilleur garant de l'intégrité physique et corporelle de la famille Trogneux.


Le rift entre le peuple et ses dirigeants continue de croître

H16

Que c’est beau, une République en marche à pas cadencés, vers un futur qu’on imagine plein d’avenir et de discours aériens pour ne pas dire venteux d’Emmanuel Macron ! Chaque jour qui passe est l’occasion pour le pouvoir en place de mettre de nouvelles pierres à l’édifice de progrès bigarré qu’il entend construire, même et surtout lorsque le peuple, graduellement conscient que la direction pourrait ne pas être la bonne, montre des signes clairs de ralentissement.


Et dans ces nouvelles pierres, on pourra mentionner la discrète obligation de pavoisement des mairies de plus de 1500 habitants avec le drapeau européen : apparemment, la nouvelle loi a créé quelques intéressants remous dans l’hémicycle avant d’être fièrement votée par le croupion législatif actuel.

Eh oui : il semblerait qu’une partie du peuple ne soit pas tout à fait d’accord avec cette nouvelle obligation. Étrange, d’autant que ça occupe peu d’espace, et que tout le monde trouvera ça très bien une fois que ce sera en place.

N’est-ce pas ?

Oh, une autre pierre va s’ajouter alors même que les drapeaux n’ont pas encore eu le temps d’être hissés ! La République ne marche plus, elle trottine gentiment vers son futur de lait et de miel dans lequel la mixité sociale en milieu scolaire va être imposée par quelques lois bien troussées et quelques quotas bien calculés, ce qui, on s’en doute, remplira le peuple d’aise.

Et puis, même si, en pratique, la plupart des parents et des enseignants s’accordent plutôt pour dire que la priorité réside plutôt sur un retour rapidissime aux fondamentaux complètement sabotés alors que le niveau est passé de médiocre à alarmant en quelques années, cette introduction de la mixité au vérin hydrolico-législatif ne fera pas de mal : après tout, ça n’occupe pas tant d’espace que ça, et tout le monde trouvera ça très bien une fois que ce sera en place.

N’est-ce pas ?

On peut même aller plus loin : tant qu’à faire dans la mixité, autant l’importer directement et l’accueillir dignement (au frais du contribuable, ne mégottons pas), comme le peuple le réclame joyeusement…

Enfin presque : apparemment, cela ne se passe pas toujours bien dans certaines communes, et à St-Brévin, cela s’est traduit par des pressions sur le maire lorsqu’il a été question de déménager un centre d’accueil pour migrants à côté d’une école, puis par l’incendie du domicile de l’édile, poussant le maire à démissionner.

Démission qui a été fort bien relayée par les médias : alors que l’enquête sur cet incendie criminel vient tout juste de débuter, la presse et le gouvernement ont immédiatement désigné l’extrême droite et ont multiplié les déclarations de politiciens scandalisés par cet acte. Pourquoi pas ? Après tout, l’extrême droite peut être violente. L’extrême gauche tout aussi bien (et y compris dans ce contexte ou une exploitation politique est tout à fait envisageable), mais c’est l’extrême gauche, qui est au bon chasseur ce que l’extrême droite est au mauvais.

N’est-ce pas ?


Au passage, l’unanimité et la spontanéité de toute la classe politique et médiatique à réagir sur cette affaire interroge quelque peu l’observateur moyen : après tout, il s’agit de ces mêmes politiciens qui ont amplement démontré leur capacité de calme, de pondération et de respect dans toutes leurs actions ces dernières années, tout comme il s’agit aussi de cette presse qui a tant fait pour établir la vérité et la mesure de toutes choses pendant la même période, qui a tant contribué à apaiser les débats, à faire porter la parole des sans-voix (et des sans-dents) aux élus et aux leaders politiques et qui a permis à toute la France de s’écouter et aux dirigeants de continuer à dialoguer sereinement avec la base et réciproquement.

N’est-ce pas ?

Or donc, cette presse nous informe, unanime dans tous ses titres et ses formats, de la démission de ce maire, tout en oubliant parfois de mentionner que le centre en litige doit accueillir 120 hommes africains qui, pour y accéder, devront passer par la porte de l’école jouxtant le centre – détail sans importance probablement mais qui aurait gagné à donner du contexte quand on parle d’une opposition au projet puisque c’est cette opposition qui est hardiment désignée comme responsable de l’acte criminel contre l’édile…

Et cette même presse qui nous informe de cette démission s’est trouvée des pudeurs de gazelle lorsqu’il s’agissait de la démission de plusieurs centaines d’autres maires, ailleurs en France, pour des motifs souvent proches, à savoir la véritable démission de l’État et de ses dirigeants devant les réalités du terrain…

Cependant, au-delà de l’aspect spectaculaire de ce fait divers et de l’aspect spectaculaire de l’unanimité de la presse, on ne peut s’empêcher de noter que l’opposition à ces projets, de façon surprenante, est fort absente des débats ; la presse n’en parle que très peu, lorsqu’elle y est contrainte et lorsqu’elle le fait, l’amalgame est non seulement facile mais presque systématiquement fait avec une extrême droite dont le spectre n’a bizarrement pas cessé de s’étendre vers la droite. Coïncidence troublante : c’est le même schéma qu’avec d’autres amalgames pour d’autres sujets, depuis les complotistes jusqu’aux climatosceptiques, amalgames qui, tous, avaient pour le but de présenter cette opposition comme aussi illégitime qu’issue de factions minoritaires et dangereuses.

Et à mesure qu’à la violence réelle ou supposée de ces factions répondait la violence institutionnelle de plus en plus visible du pouvoir officiel, l’opposition réelle, argumentée, produite par des gens sains, équilibrés voire – soyons fous – respectables a rapidement disparu des médias à tel point d’ailleurs qu’elle n’existe plus non plus dans l’hémicycle parlementaire.

De fil en aiguille, médias et politiciens se sont nourris les uns les autres de ces mensonges par omission, gommant l’opposition, de cette fable selon laquelle une franche opposition aux discours ambiants (pro-migration, pro-écologie, liberticides, pro-interdictions et pro-obligations tous azimuts) ne pourrait être qu’extrémiste, menée par une frange aussi populiste que minoritaire de la population et donc, par nature, dangereuse.

À présent, ceux qui ont l’audace, l’impudence voire la folie furieuse de croire autre chose que les discours officiels et ceux relayés par les médias, ne sont plus dignes d’écoute. La classe jacassante a clairement défini ceux qui décidaient (facile, c’est eux), ceux qui devaient écouter et obéir (les autres, qu’ils appellent fallacieusement “le peuple”) et ceux qu’on allait pouvoir mépriser, faire taire et emmerder harceler de toutes les façons possibles (les factieux, les complotistes, l’extrême droite).

Le problème étant maintenant que ce dernier groupe est devenu largement majoritaire, et que la partie restante, congrue, s’en éloigne à grande vitesse, tout en continuant mordicus à tenir ses discours délirants et ses objectifs de plus en plus en butte avec le reste de la société française.

Ce n’est plus un décalage ou un simple écart qui existe entre le peuple et la classe jacassante, celle des politiciens des grandes villes et des quelques rédactions métropolitaines des médias de révérence référence ; c’est un véritable gouffre, un canyon, un rift tectonique.

Et à la violence institutionnelle croissante continuera de répondre une violence populaire croissante, l’une alimentant l’autre, agrandissant le rift.

Cela va bien se terminer, n’est-ce pas ?

16 mai 2023

IMMIGRATION : QUELQUES CHIFFRES ET UNE QUESTION DE FOND

Marc Amblard

Selon le démographe américain Stephen Smith :

1. La population africaine s’élève actuellement à 1,3 Milliards d’habitants
2. Elle doit doubler dans les 30 ans à venir (taux de fécondité : 4,6 enfants contre 1,6 en Europe)
3. La population européenne s’établit à 740 millions (en baisse)
4. 40% des adultes africains déclarent vouloir migrer en Europe (soit 520 millions actuellement puis le double dans 30 ans)
5. Les études de prospectives démographiques prévoient alors un flux sud-nord (Europe) de 200 millions de personnes au minimum dans les 30 ans qui viennent.
 
Alors osons poser LA question de fond : est-il illégitime pour les peuples d’Europe de vouloir sauver leur culture, leur façon de vivre, leur sécurité, leurs mœurs et, disons-le, leur civilisation sur leur territoire ? 16/5/2023

Communautarisme

Denis Collin

Dénoncer le communautarisme ? Soit. Le problème est d'abord de se mettre d'accord sur le sens du mot. La "polis", la cité grecque, est une communauté "politique". Nous vivons tous dans des communautés, professionnelles, amicales, locales, d'affinités d'idées. La république est une communauté. La négation des communautés est la société réduite à des individus menant des existences séparées, la "société liquide", la société qui n'est pas une société ("there no society" comme disait Thatcher). Ce à quoi nous avons affaire n'est pas la montée des "communautés", mais la société liquide : chaque individu excipe de ses particularités pour se soustraire à la communauté politique. Ce qu'on appelle "communautarisme" n'est, le plus souvent que l'exacerbation de la décomposition des communautés sous les coups de boutoir du mode de production capitaliste. Il y a aussi dans ce "communautarisme" une réaction contre ce même processus. Puisque la famille n'est plus cet ultime refuge dont parlait Lasch, il faut s'inventer des tribus avec leurs signes d'appartenance – la généralisation du tatouage est aussi un signe de ce tribalisme...

Et maintenant une « loi anticasseurs »

Jacques COTTA

Du président de la République à ses ministres en passant par quelques personnalités en vue, les déplacements provoquent à chaque fois une mobilisation sans mesure de forces de police et de gendarmerie pour isoler le périmètre vital du monarque et de ses sujets.

Ils ont peur des réactions suscitées par la haine qu’ils inspirent, voilà la réalité d’un pouvoir que rien ne peut sortir de son isolement. Des déclarations toujours méprisantes de Macron aux mesures démagogiques en direction paraît-il des « classes moyennes », les tentatives pour réduire cette fracture entre l’oligarchie et le peuple sont désespérément vaines.

La peur des dirigeants à la tête de l’État procède de la nature même de la crise. Sociale d’abord, démocratique ensuite, elle s’est muée en crise politique et en simple crise de régime qui menace de fait le monarque et les siens. La volonté majoritaire n’a pas faibli, scandée simplement durant les manifestations, « grève, blocage, Macron dégage ».

Il compte comme toujours sur la collaboration des directions syndicales et sur la faiblesse et les incohérences de son opposition politique pour tenir bon, en toute sécurité. Mais un fil s’est rompu et tous les efforts, d’où qu’ils viennent, ne peuvent lui apporter le sentiment de sécurité retrouvé.

C’est dans ce contexte qu’une « loi anticasseurs » est annoncée.

La provocation, ça paie

C’est sans grande originalité que le pouvoir tente de faire basculer la peur sur « le camp d’en face », sur les couches populaires, les ouvriers, les salariés, les jeunes, les retraités…

La recette est en effet datée.
La violence tout à coup fait son apparition.
Les poubelles, les abribus, quelques vitrines, ça ne suffisait pas pour regagner l’opinion.
Les portes de mairie incendiées passaient presque inaperçues ;

Il y a donc eu l’image en boucle de camions de gendarmerie brulant dans un champ, à Sainte-Soline. Les manifestants, en grande majorité des familles avec leurs enfants, étaient donc réduits à une bande d’incendiaires.
Il y a eu ce CRS atteint d’un pavé en pleine face en direct.
Ça ne suffisait pas ? Voilà donc un autre, brièvement en feu après qu’un cocktail molotov soit tombé opportunément à ses pieds.

La Liberté menacée

Après avoir remis en cause la simple liberté de s’exprimer dont sont par exemple jugés coupables deux enseignants de philosophie, Franklin Nyamsi et René Chiche, condamnés publiquement par le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye, suspendus de cours avec interruption des versements de leur salaire, après avoir fait condamner un retraité âgé de 77 ans pour avoir pendu une banderole sur son balcon hostile à Macron, les ingrédients permettant de justifier un durcissement au nom des casseurs contre le mouvement social en général étaient donc bienvenus.

Au choc des images venait s’ajouter le poids des mots. « Nous avons affaire à des tueurs de flics » se sont donc exclamés les responsables policiers et les commentateurs qui ont en commun la haine des mobilisations sociales qui ont dominé durant plus de trois mois.

Tout était donc réuni pour imposer ladite loi anticasseurs que doivent élaborer main dans la main le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et le garde des sceaux Éric Dupond-Moretti. Essentiellement elle comprend la possibilité « d’interdiction administrative de manifester » et « le délit de construction de barricade ».

De toute évidence, une telle loi totalement liberticide qui déjà avait été invalidée en 2019 ne concerne que fort peu les « casseurs » mais vise globalement tout opposant à la politique gouvernementale et au pouvoir en place. Tout citoyen suspecté pourrait devenir passible d’une peine de prison d’un an et de 15.000 euros d’amende. Serait en effet concerné tout individu « susceptible de commettre des exactions ». La notion est suffisamment vague pour être adaptable à la tête du client.

En décidant de remettre au gout du jour une telle loi « anticasseurs », le gouvernement se prépare aux réactions imprévisibles que peut provoquer sa politique après « l’épisode retraite » qu’il voudrait voir refermé. Pour convaincre les patrons étrangers d’investir en France, il minimise la situation, niant les mobilisations provoquées par sa politique, annonce une baisse des cotisations sociales donc une nouvelle dégradation des financements de services publics, déclare un soutien à Elisabeth Borne qui masque à peine la crise de personnel politique qui l’entoure. Et cerise sur le gâteau, il prépare le pire sur le plan international en annonçant la livraison de nouvelles armes à l’Ukraine et l’engagement à former ses pilotes pour larguer les bombes françaises. Il sait que tout cela ne pourra que provoquer de nouvelles réactions massives qu’il tente de réprimer avant même qu’elles aient eu lieu.

C’est à cela que « la loi anticasseurs » de Macron/Borne/Darmanin/Dupond-Moretti doit servir.

Mais est-ce bien raisonnable de vouloir combattre sa peur au moyen d’une simple loi ?

https://la-sociale.online/spip.php?article966

SUR LA VICTOIRE DU SULTAN

Gabriel Nerciat

En Turquie, victoire écrasante de Erdogan, qui dément tous les sondages plutôt catégoriques des semaines passées – même si le sultan, dont la coalition islamo-conservatrice a déjà remporté haut la main les élections législatives, va devoir pour la première fois et pour la forme affronter un second tour joué d'avance contre son adversaire kémaliste et atlantiste, Kiliçdaroglu.
C'était pareil pour Trump en 2016 (et en 2020), pour Orban et pour Netanyahou en 2022, pour Poutine avant 2014 et sans doute encore, après l'Ukraine, en 2024.
À Paris ou à Berlin, tout le monde a l'air surpris, d'autant que l'hyperinflation qui ravage le pays depuis plus d'un an, l'usure du pouvoir, la mauvaise santé du sultan, l'union à l'arraché de ses adversaires les plus baroques et les conséquences du tremblement de terre dans les régions proches de la Syrie semblaient promettre une défaite assez nette et sans bavure au fondateur islamo-nationaliste de l'AKP.
Faute de mieux, on se contente ici de ressortir les traditionnels boniments sur la fraude électorale (démentie par tous les observateurs de l'OCDE) ou sur le énième complot russe destiné à fausser les élections (ben voyons, comme dit l'autre : Poutine c'est Fantômas for ever).
Peut-être serait-il temps quand même que ce qui passe pour être l'élite éclairée du monde occidental parvienne à comprendre qu'un certain nombre de peuples, qui ne semblent pas encore gagnés par la furie du wokisme et du reniement de soi, préfèrent être dirigés par des chefs autoritaires et rusés plus qu'ambigus ou détestables voire brutaux, mais dont l'action parvient malgré des hauts et des bas à les remettre à la hauteur de l'Histoire – et ce, quitte à connaître des évolutions économiques moins fastueuses qu'aux débuts de la mondialisation et à susciter l'ire ou la détestation d'un certain nombre de leurs voisins.
À vrai dire, il suffisait de voir la gueule de Kiliçdaroglu brandissant son oignon dans sa cuisine, en suscitant l'admiration de tous les communicants à la noix du bloc occidental, pour comprendre que l'issue du scrutin ne serait pas exactement celle qu'on attendait à Istanbul et à Bruxelles. Franchement, qui a envie de voter pour un oignon ?
Les universitaires anglo-saxons parlent toujours des libéraux et des illibéraux, des cosmopolites et des souverainistes, etc.
Mais le vrai clivage qui divise et scinde en deux de façon irrémédiable la plupart des sociétés modernes se trouve peut-être ailleurs, ou plutôt au-delà : il discrimine et oppose ceux qui croient d'abord en la force de la société civile (une masse aléatoire d'individus dont les intérêts économiques et les droits positifs interagissent de façon perpétuelle, indépendamment des pesanteurs de l'Histoire ou des prégnances territoriales, dans le seul cadre de la compétition économique globale) et ceux qui croient en la permanence des nations et des peuples, au sein d'un monde où les antagonismes de puissance et d'identité redeviennent de façon universelle à peu près ce qu'ils étaient avant la fin des guerres mondiales et les illusions du multilatéralisme, parfois au détriment de leurs intérêts individuels.
La question de savoir si l'on aime ou non Erdogan et si l'on a raison de l'aimer ou de le détester n'a à mes yeux dans ce contexte pas grand intérêt : après tout, nous ne sommes ni Turcs ni Kurdes ni Alévis, et le sort des Grecs chypriotes ou des Arméniens semble nous émouvoir et nous intéresser beaucoup moins que celui des Ukrainiens (n'est-ce pas, Pascal Bruckner et Sylvain Tesson ?).
Autant se demander si l'on aime ou non une montagne.
Quand elle est là et qu'on ne peut pas la contourner, on est bien obligé de faire avec elle.

René Chiche

J’ai été exclu de mes fonctions pour une durée de trois mois par un arrêté du ministre de l'éducation nationale en date du 11 avril 2023 considérant que certains propos que j'avais tenus sur les réseaux sociaux, à la radio et à la télévision étaient contraire à « l’exigence d’exemplarité incombant plus particulièrement aux personnels enseignants » et « portaient atteinte à l'image et la réputation du service public de l’éducation nationale ». Ces reproches sont stupéfiants et nullement fondés.
J'ai donc décidé de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour faire annuler cet arrêté. J'ai confié au cabinet de Maître Jérémie ASSOUS le soin de défendre mes intérêts contre le ministère de l'éducation nationale, ainsi que par voie de conséquence celui de défendre la liberté d'expression contre un pouvoir exécutif qui a tendance à outrepasser ses prérogatives en ce domaine comme en tant d’autres. Au-delà de ma situation personnelle, cette démarche intéressera tout professeur, tout personnel de l'éducation nationale et plus largement tout agent public : elle permettra en effet au juge de dire si un agent de la fonction publique, et dans le cas d'espèce un professeur, peut encore en France exprimer ses opinions sans être inquiété.
Ce n'est pas tout. Le 7 mai 2023, au cours de l'émission Dimanche en politique diffusée sur la chaîne du service public France 3, alors qu’il était interrogé sur « l’affaire des professeurs de philosophie suspendus pour leurs tweets », le ministre Pap NDIAYE a qualifié mes propos d' « outranciers et de complotistes (sic) » tout en citant, de façon incomplète d'ailleurs, un tweet qui fait cependant l'objet d'une procédure judiciaire suite à la plainte que la députée Aurore BERGÉ a portée en cette qualité contre moi. La proximité affichée entre ces deux personnalités met en question la nature exacte des poursuites engagées contre moi et un possible détournement de la procédure disciplinaire pour des motifs politiques. Il se trouve que les conditions dans lesquelles cette procédure a été engagée sont obscures, pour ne pas dire suspectes. Je souhaite que toute la lumière soit faite à ce sujet. J'ai donc décidé de porter plainte également auprès du procureur de la République pour les multiples infractions pénales qui sont susceptibles d’avoir été commises lors de cette affaire, et j'ai donné mandat à Maître Ludovic HERINGUEZ pour ce faire.
Ces procédures ont un coût que je ne suis pas en état de supporter, et ce indépendamment de la privation de salaire pendant trois mois.
J’ai reçu d’innombrables messages de soutien sur les réseaux sociaux, par courriel, par courrier, par téléphone. Je remercie toutes les personnes qui me les ont adressés, qu’elles soient d’accord ou non avec les opinions que j’ai exprimées. Je leur demande de bien vouloir participer à la cagnotte que j’ai ouverte sur leetchi afin de me permettre de faire face aux frais de justice. Cette cagnotte n’a absolument pas pour but de compenser ma perte de salaire, car je compte bien gagner au tribunal ! Il s’agit uniquement des frais de justice et je rendrai compte sur ce site de l’utilisation de l’argent collecté en publiant toutes les factures d’avocat tandis que l’éventuel surplus sera reversé pour soutenir quelque action servant un intérêt public analogue à celui qui est ici en cause.
Tel est le premier objet du site internet renechiche.fr bricolé à la hâte et dont je confierai la construction et l'amélioration à un connaisseur. Ce site est également destiné à permettre à mes avocats de communiquer et de rendre publics sous leur responsabilité tous les documents qu’ils jugeront utiles de faire connaître. Ce site me permettra enfin de rectifier certaines inexactitudes lues dans la presse au sujet de cette affaire et de m’exprimer directement sur un certain nombre de sujets tels que le devoir de réserve, invoqué ici à tort, la liberté d’expression, qui est une conséquence de la liberté de penser, ou bien encore la place du professeur de philosophie dans la Cité ou l'instrumentalisation de la Shoah et tout autre sujet à propos desquels je désire livrer des réflexions utiles et contribuer à relever le niveau du débat public, actuellement au plus bas.
René CHICHE, 14 mai 2023

La dictature ? Mais enfin, quelle idée…

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

Darmanin conforte Macron dans son obsession d’interdictions tous azimuts. Bien entendu, la macronie et certains observateurs vont nous répéter que tout cela procède de la volonté de ne pas troubler l’ordre public et que nous ne sommes aucunement en dictature. La France, le seul pays à avoir interdit la plateforme Rumble, RT, à être en tête des demandes de censures sur les réseaux sociaux, tout cela pour l’ordre public et le bien-être de la population. Nous serions curieux de connaître la définition qu’il réserve à cette notion de trouble qu’il met à toutes les sauces, allant même jusqu’à user de dispositions anti-terroristes pour interdire les manifestations. On peut raisonnablement penser que le même flou entoure celle qu’il donne à l’extrême droite. Il est impressionnant de constater que toutes les mesures qu’il s’ingénie à prendre pour empêcher ce fameux désordre, produisent l’effet exactement inverse.

C’est un peu la marque de fabrique de la macronie, il suffit qu’elle attende un résultat pour obtenir son contraire. Si l’État français était un état de droit, les diverses manifestations qui ont déjà été sanctionnées par la justice auraient fait jurisprudence, or il n’en est rien. Dernière en date, celle de la marche des anciens militaires. La justice l’a pourtant autorisée, ce qui n’a pas empêché la maréchaussée de verbaliser les participants. Entre obsession et cynisme, Darmanin impose des arrêtés qu’il sait illégaux, mais qu’à cela ne tienne, il insiste. Il pratique l’autorité pour tenter de donner l’impression de maîtriser son sujet et veut protéger Macron d’une contestation qui ne disparaît pas et qui empoisonne tout le gouvernement. Bien entendu toute ressemblance avec une dictature serait foncièrement déplacée répétons-le.

Ce terme est réservé aux autres… oui mais à qui ? Quel pays industrialisé moderne, dans le monde, peut rivaliser à ce jour, avec autant d’interdictions et de répression ? Quelle nation peut soutenir une comparaison plus défavorable ? On nous parle de la Corée du Nord, même de la Chine et de son crédit social, certes mais doit-on nécessairement se reporter à la tête du classement pour se convaincre que chez nous c’est le paradis ? N’oublions pas que nous avons été épinglés comme démocratie défaillante, il y a déjà quelque temps et que le même observatoire ne saurait détecter aujourd’hui une quelconque amélioration, bien au contraire. Quand un pouvoir interdit des manifestations à priori, en fonction simplement de la composition imaginaire qu’il leur attribue, ou d’une étiquette qu’il leur accorde, sans réel fondement, on peut légitimement penser que cet État n’est plus juste et équitable mais prend des décisions purement politiques.

Ce régime est aux abois et ne parvient plus à maîtriser la colère du peuple, pas plus qu’il ne se porte garant du reste. Quand il évoque la préservation de l’ordre public, les faits divers le contredisent immédiatement. Darmanain a beau s’exténuer à lancer des arrêtés en cascade, le constat est implacable. Plus personne ne les respecte. Le Ministre est totalement dépassé. N’en déplaise au pouvoir, ses agissements sont ceux d’une république en perdition, ne pouvant plus compter que sur la répression et des lois toutes plus restrictives, pour écarter le peuple et le faire taire, aidé en cela par une police et une gendarmerie qui, malgré les interdictions juridiques répétées, persistent à verbaliser les faux contrevenants, sans risquer la moindre sanction. Dans ces conditions, le spectre d’un état devenu policier n’est plus un simple fantasme. Face à cette agitation permanente, que peut bien faire d’autre Macron ? On l’a vu, il vide les rues de ses habitants, s’entoure de centaines de policiers… est-ce un mode de gouvernance pérenne ? Certes tous les ministres voudraient que l’on passe à autre chose, ce serait tellement plus simple en effet. On oublie le passage en force, et on attend le prochain. Hélas pour eux ça ne se déroule pas comme ils le rêvent et les difficultés que l’ensemble des membres du gouvernement rencontrent, pour ne serait-ce que se déplacer, ne sont pas près de cesser. Peut-on dire aujourd’hui que nous n’avons plus qu’un semblant de gouvernement, une ombre glissante d’un pouvoir en perdition et que le navire France est devenu un bateau fantôme ? Si l’image est forte elle n’est peut-être pas si éloignée que cela de la triste réalité. Alors que faire, attendre que le naufrage nous emporte tous, ou débarquer le pseudo capitaine pour reprendre un nouveau cap ?

15 mai 2023

La France file un mauvais coton

Maxime Tandonnet


C’est un faisceau d’indices, comme disent les juristes. La foule refoulée aux cérémonies traditionnelles pour ne pas entendre les casseroles ; des professeurs de philosophie sanctionnés pour avoir exprimé leur opinion ; la plainte contre un livre qui déplaît à l’occupante de Matignon ; pour la première fois de l’histoire, une loi visant à rendre obligatoire l’affichage du portrait du président dans les mairies (ce n’était qu’une tradition républicaine) au mépris des libertés locales ; une intellectuelle dont la conférence est interdite à la Sorbonne… Ce glissement autoritariste, qui se perçoit sous des formes multiples, est sans doute facilité par les secousses récentes qui ont traumatisé le pays. La vague d’attentats islamistes à favorisé la quête de chef dans l’inconscient collectif. Puis la peur panique du covid19, entretenue par le pouvoir, a ouvert la voie à des mesures liberticides aussi inutiles qu’absurdes (tout le monde le sait aujourd’hui) comme l’interdiction des forêts et des plages. L’autoritarisme s’est ainsi banalisé. Ainsi semblent coexister deux France. Une majorité visible et silencieuse, celle qui a l’habitude de respecter la loi et subit la marche autoritariste du pays. Et puis une autre, à la marge, est absolument livrée au chaos, à la criminalité, le chaos, l’anarchie et la barbarie. Nous vivons une époque étrange de coexistence de l’autoritarisme – comme exhumé d’une autre époque – et de l’ensauvagement sanglant.